Votre site web Nigerdiaspora ouvre son site aux candidats qui veulent faire davantage connaître leur ambition et leur vision aux lecteurs à la veille des élections générales dans notre pays. Aujourd’hui, nous nous entretenons avec Monsieur Salifou Mayaki, député élu en 2016, dans la circonscription électorale de Dosso, sous la bannière de l’ANDP-Zaman Lahiya. Mayaki est candidat à l’élection législative de décembre 2020 au titre de ANEMA Banizoumbou, un parti nouvellement créé, toujours dans la même circonscription électorale. Il est également, depuis plusieurs années entrepreneur, très connu dans le domaine de la communication et de l’événementiel. Mayaki est à la tête d’une puissante Agence de Communication, Régie Pub.
Quelles sont ses motivations ? Et que défend-il ? Vous trouverez réponse à ces questions dans cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder justement dans son bureau à Régie Pub.
Honorable, vous êtes candidat à l’élection législative de décembre prochain. Nous aimerions savoir qui est Salifou Mayaki ?
Merci Nigerdiaspora pour l’opportunité que vous m’offrez de donner ma vision.
Je suis tout naturellement de cette génération de Nigériens qui, très tôt, a embrassé le monde des affaires. Chemin faisant la politique est rentrée dans le mouvement. Pour moi, si l’histoire était à reprendre, j’éviterais la politique. Parce que pour moi, le niveau de compréhension est très faible dans notre société. La perversion que certains hommes politiques entretiennent dans ce milieu, n’honore pas un citoyen qui voudrait contribuer au développement de son pays. Dans le domaine économique, il y’a des modèles de réussite qui ont créé des entreprises avec des milliers d’employés au Niger dont on entend rarement parler. Et qui vivent normalement bien, sans faire de la politique. Pour ma part, si je suis allé en politique, c’est parce que je trouve qu’il y a d’une part de l’injustice qu’il faut ramener à l’équité et, de l’autre, il faut que cette génération à laquelle j’appartiens qui, ailleurs, à la responsabilité de diriger des pays ou des instances, s’engage. Malheureusement, chez nous c’est le contraire. Nous sommes dans un cadre infernal où on a une dizaine, ou plus, de personnes qui, de l'avènement de la démocratie à ce jour, prennent en otage l'ensemble de la classe politique. C’est un des éléments qui m’ont motivé à me lancer dans la politique pour contribuer au changement. Changement, parce que quand on jette un regard sur l'évolution du monde aujourd'hui, on voit qu’il y a eu des avancées significatives un peu partout, et je pense que le Niger ne doit pas rester en marge de cette évolution. Il doit être mieux positionné que la position qu'il occupe aujourd'hui.
Ma région qui est Dosso tout naturellement, avec son potentiel humain, arrive tant bien que mal à s'en sortir, mais a besoin de personnes qui ont plus de visions et d'ambition pour la région en particulier et le Niger en général.
Je me suis lancé dans la politique aussi, parce que pour moi elle est noble. C'est aussi, un moyen de diriger pour changer positivement les choses, d’où le mot leadership. Il faut qu’il y ait quelqu’un devant qui tire, qui oriente, qui change, qui galvanise et qui propose pour que la base décide. Je suis de ceux-là.
Très jeune, on vous a remarqué au côté du père fondateur de l’ANDP Zaman Lahiya. Alors, dites-nous, quel est votre parcours politique ?
Très rapidement, j'ai pris en charge la communication du père fondateur feu Adamou Moumouni Djermakoye, qui est un parent je rappelle, sous les ailes duquel nous avons grandi. Il m'a appris certaines valeurs qui sont entres autres : communiquer beaucoup, échanger, tolérer et chercher le maximum de consensus possible. Malheureusement, il s'en est allé avec son consensus.
Nous avons tant bien que mal voulu préserver ce consensus, ça n’a pas été possible parce que simplement dans le groupe il y a des gens qui ne sont pas pro consensus, Ils sont des radicaux qui prennent des positions figées. Je crois qu'il faut avoir un minimum de niveau pour composer politiquement avec les autres. Adamou Moumouni Djermakoye est mon modèle, il m'a permis de savoir cultiver la tolérance, le pardon et la compréhension. Ce sont à mes yeux de grandes valeurs.
Maintenant, ce n'est un secret pour personne, vous savez ce que le parti a vécu, parce que le Général Issa Mounkaila à sa retraite, lui aussi ami de compagnon de feu Djermakoye, souhaitait être président du parti. Et, j’ai personnellement fait le choix de le soutenir. Choix qui m'a valu l'exclusion de l’ANDP, pour aller dans ANEMA Banizoumbou qui est le parti du Général. Je suis resté dans des bons termes avec mes anciens compagnons de Zaman Lahiya. Je profite d’ailleurs de l’occasion pour dire encore qu’il n'est jamais trop tard pour qu'on s'unisse et revenir sur des bonnes bases. Puisque, si on ne prend pas garde, nous serons surpris au lendemain des élections. Qu'est-ce qui va se passer ? L'ANDP, par le passé, avait un potentiel de 4 à 5 députés à Dosso. Les partis qui sont nés de l'ANDP sont au nombre de 4 ou 5 à Dosso. Chose qui est lamentable et regrettable selon moi. On va se retrouver certes avec 4 ou 5 députés, mais avec un député par parti politique. Vous connaissez la règle, si un parti vient à l’assemblée avec un seul député, qu’est-ce qu’il aura à dire ? On aurait pu se retrouver, ensemble dans une seule force politique pour ramener 5 à 6 députés et faire valoir nos droits. Malheureusement, ce n’est pas le cas, et j’attends que l’histoire nous édifie après les élections, et le monde entier saura qui a raison.
Je vais aux élections législatives avec la sérénité requise. Je peux échouer comme réussir, je n’exclus aucun cas. .
Quelles sont, selon vous aujourd’hui, les véritables attentes des populations de ta circonscription électorale ?
Au-delà de ma circonscription électorale, les attentes des Nigériens en général, et de ma région en particulier, c'est d'abord la gouvernance, une bonne gouvernance, l'équité et la justice. Quand vous vous retrouvez dans une situation dans laquelle le fossé est très large entre les riches et les pauvres, je me dis que ça ne peut pas marcher. Nous devons sortir de cette nécessité de manger et de se soigner pour pouvoir se développer. Aujourd’hui, le rêve de ma circonscription, c’est l'éducation, la professionnalisation des jeunes qui sont sans emplois, la réalisation de certains projets comme le port sec, avec tout ce qu'il y a comme dérivées, la modernisation de l'agriculture. À ce niveau, je pense qu’il est inconcevable de voir qu’au 21e siècle nous continuons toujours à cultiver avec la même hilaire, inventée par nos ancêtres, et fabriquée dans nos forges. Ma population rêve d'avoir des engins pour pouvoir faire une agriculture qui soit économiquement fiable, pas une agriculture pour juste manger et dormir.
Du point de vue santé, avec le phénomène de maladies très récurrentes comme le diabète ou la tension, ma population attend d'être éduquée, sensibilisée pour connaître les bonnes pratiques afin de prévenir que de tomber malade pour être soignée.
Pour revenir à la jeunesse qui est la frange la plus importante de cette population, le président Jacques Chirac l'a dit, lors d’une visite au Niger, si l'on ne prend pas garde ca sera un jour une bombe. Quand je vois les jeunes dans la rue, le phénomène de consommation de la drogue avec son corollaire de grand banditisme prendre de l'ampleur en pleine ville de Dosso, je me dis que d’ici 10 ans, si l’on ne prend garde, on risque de créer des Boko Haram. Que de dépenser des milliards pour payer des armes, je pense qu’il faut utiliser cet argent pour prendre en charge les problèmes de la jeunesse avec la création activités génératrices de revenus.
Aujourd'hui, il faut que l'économie tourne, les industries doivent se développer au lieu de succomber comme on le voit maintenant. Et pour que l’industrie se développe, il y a un préalable. Il faut régler le problème de l'énergie. Si on n’a pas d'énergie, on ne peut pas produire. Il faut que le potentiel que nous avons soit valorisé. Voilà en quelques mots ce que nos populations attendent. Pas seulement que de moi, mais de tout gouvernement et de tout parlementaire.
Est-ce donc des sujets que vous comptez défendre une fois réélu au parlement ?
Entre la réalité quand on est député et ce que nous voyons loin du terrain, il y a une nette différence. Je rends un hommage à l'ensemble des députés. À l’assemblée, certains ne voient que les discussions qui sont transmises à la télé. Alors qu'il y a un travail colossal qui est abattu en amont en commissions. Les discussions qui se font en commissions n’ont rien à voir avec les positions politiques des uns et des autres. Ils défendent les intérêts du peuple. Contrairement à ce que les gens disent.
Effectivement, ce sont des questions que je vais défendre. J'en ai débattu. Je suis allé jusqu’à proposer la fameuse loi sur la retraite pour qu’on arrête de faire des contrats à des retraités. J’estime que cela n’a pas de sens. Je pense que la retraite doit se préparer le jour où la personne commence à travailler. Vous ne pouvez, sous le couvert de votre position politique ou des relations, vous cacher derrière un contrat et réduire les chances de ces jeunes qui aspirent à des emplois. Et ça, c’est un problème. J’ai fait une proposition de loi dans ce sens qui n’a malheureusement pas passé. Et je compte, une fois réélu, la renouveler, pour que cette jeunesse puisse avoir sa place.
Vous êtes directeur général adjoint dans une entreprise ou une fonction, le directeur général, ayant fait valoir ses droits à la retraite, et au moment où vous aspirez à le remplacer, on lui donne un contrat de deux ans ou plus. Ce sont des comportements pareils qui expliquent la fuite des cerveaux. Une perte pour le pays. Quand vous partez dans des grandes entreprises à l’international, comme Western Union ou Visa, partout où vous allez, vous allez rencontrer des jeunes nigériens qui sont ou des présidents ou des vice-présidents ou des directeurs généraux pays de ces institutions. Des intellectuels qui partent par ce qu’ils se sentent frustrés. Tout ce potentiel au Niger, c’est sera une révolution économique.
Pour finir honorable, quel regard jetez-vous sur la 2ème mandature de la 7ème République qui prend fin ?
Le regard que je jette c'est cette belle transformation de la capitale. Pour moi c’est un succès qu’on ne peut pas nier. Aujourd'hui, il est clair que Niamey a changé de visage. Mais a quel prix? Je me dis que ce n’est pas l'essentiel, il faut le faire. Quand nous nous en tenons juste à manger et à boire, nous ne pouvons pas faire ce qu’on a réalisé. Et je pense que cette réalisation est un succès.
Le deuxième élément qui m’intéresse bien, c’est cette transition qui est entrain de se faire avec une première alternance au Niger, pour que le Niger soit classé définitivement parmi les pays démocratiques.
Maintenant, les fausses notes existent. Pour moi c’est au niveau de la gouvernance, la corruption qui a pris de l’ampleur. Malgré la HALCIA et toutes les batteries de loi et de juridictions existantes, nous ne sommes pas arrivés à les éradiquer. L’autre échec de cette mandature, c’est le changement de mentalité. Nous ne sommes pas arrivés à éduquer les nigériens pour qu’ils changent de mentalité, comme le chef de l’Eta l’a souhaité dans son discours d’investiture en 2011. Il dit : « Je veux un autre modèle de nigérien, un nigérien positif, qui voit grand, qui va de l’avant ». Je pense que cette mandature n’est pas arrivée à réaliser cet aspect. La gouvernance et le changement de mentalité sont les choses à revoir.
J'ai vu le président de la république procéder au lancement des travaux de la route Dosso-Gaya. Mon souhait et que ça se concrétise. Du point de vue infrastructures donc Alhamdoulilahi…
Je pense que cette mandature ne peut pas avoir le monopole du succès à 100%, ils ont réalisé des infrastructures, ceux qui viendront vont surement réaliser le projet de changement de mentalité.
Si on vous demande votre message à l’endroit des nigériens à la veille de ces élections, quel sera ce message ?
Mon message c'est de dire aux gens de penser à ce qui s’est passé dans des pays comme le Rwanda qui a connu la guerre civile, la Côte d'Ivoire et d’autres pays qui sont des amers souvenirs des crises postélectorales. Nous devons nous en tenir à une vision d’unité. Notre pays a un atout qui est cette question d’unité nationale. Nous devons tout faire pour que les élections se déroulent bien. Et pour qu’il soit ainsi, je crois qu’il faut de l’équité, d’élections transparentes et que nous respections le choix des nigériens.
Qu'au lendemain des élections, le perdant félicite le gagnant, et qu’il n’y ai pas de contestation. Et il n’y aura surement pas de contestation si les élections se déroulent dans des bonnes conditions.
Comme je l’ai dit lors du forum interparlementaire sur les technologies de l’information et de la communication, il faut beaucoup faire attention aux informations que l'on partage. Il faut que les gens restent sérieux et qu’on fasse preuve d’objectivité dans nos analyses concernant les informations que nous recevons.
Aux politiciens, je dirais de jouer fair-play quelle que soit l'issue des urnes.
Nous sommes réconciliés et c'est déjà un acquis qu'il ne faut pas perdre.
Réalisée par Boubacar Guédé