Regards dans le rétroviseur…

Le scandale a éclaté le 16 février 2017, avec la publication dans nos colonnes, de documents portant sur la vente, en novembre 2011, d'une très forte quantité d'uranium. Une transaction portée par Areva, mais dans laquelle est impliquée la Société de patrimoine des mines du Niger (Sopamin) et au centre de laquelle se trouvait l'ancien ministre des Finances, Hassoumi Massoudou, à l'époque directeur de Cabinet du Président Issoufou. Areva (devenue depuis lors Orano) a vendu une très forte quantité d'uranium à Energo Alyans, une société totalement inconnue dans les milieux du business de l'uranium au plan international. La société Energo Alyans a vendu à son tour cet uranium à la société Optima Energy, au Liban. Une société appartenant à Georges Hawa, un délinquant poursuivi au plan international pour escroquerie portant sur des millions de dollars. Le 12 décembre 2011, Hassoumi Massoudou, signataire d'un compte bancaire frauduleux ouvert dans les comptes de BNP Paribas au nom de la Sopamin, procède au virement bancaire de 319 millions de dollars, soit environ 200 milliards FCFA, dans un compte loge à Dubaï. Le bénéficiaire n'est autre qu'Optima Energy de Georges Hawa.

Mohamed Bazoum a déclaré récemment que l'uranium ne représente plus grandchose dans le budget du Niger ; un mythe pour l'économie nigérienne, particulièrement depuis 2011.

Areva n'a jamais contesté la véracité de la transaction frauduleuse. Au contraire, elle a fait des révélations époustouflantes tendant à montrer qu'il s'agit de l'uranium nigérien et que c'est bien l'Etat nigérien qui est le plus gros perdant dans cette affaire. " Il s'agissait d'une opération de trading dans le cadre d'une offre intégrée ", a déclaré Christophe Neugnot, porteparole d'Areva. " Dans ce genre de projet, l'opérateur veut de la visibilité et nous demande de sécuriser son approvisionnement futur en uranium ", explique- t-il. Or, " Quand nous cherchons de l'uranium, nous nous tournons vers ceux qui peuvent nous en fournir. Et, au Niger, où les Français extraient de l'uranium depuis les années 1960, Areva avance en terrain connu". Selon Christophe Neugnot, Areva aurait donc " demandé " au Niger de piocher dans le stock d'uranium qui lui revient, chaque année à hauteur de sa participation (environ un tiers des parts), conformément au pacte d'actionnaires qui les lie ". Sur combine d'années ? L'Inquiétude d'une transaction par laquelle le gouvernement nigérien a compromise ses parts sur de longues années n'est pas à exclure. L'hypothèse est d'école depuis que Mohamed Bazoum a déclaré récemment que l'uranium ne représente plus grand-chose dans le budget du Niger, quelques recettes fiscales Tout à fait dérisoires Aujoud'hui, l'uranium est un mythe pour l'économie nigérienne, particulièrement depuis 2011". Le hasard de calendrier est très troublant pour ne pas avoir un lien avec l'uraniumgate. En fin d'opération, Optima Energy s'en sort avec 17,6 millions de dollars et Energo Alyans, une société russe qui aurait disparu aussitôt, l'affaire bouclée, 82 millions de dollars. Des sommes astronomiques qui ont profité à plusieurs personnes. Lorsqu'on sait que c'est après ces affaires scabreuses que De Montessus a lancé de multiples affaires sur le continent,…

Laboukoye  

22 avril 2019
Source : Le Courrier