Mais c’est surtout en référence au second grief que le maire Sâadou Yahaya se sent humilié, car la notion d’activités louches peut englober beaucoup de choses. Et le pire dans tout cela, c’est que les conseillers n’ont pas daigné préciser de quelles activités il s’agit, laissant libre cours à l’imagination des uns et des autres. Or, il aurait fallu déterminer la nature exacte de ces activités pour permettre de les apprécier. Quant à l’accusation consistant à dire que le maire prend des décisions hors session, Sâadou Yahaya estime qu’une gouvernance, surtout celle de proximité, doit être interactive et pouvoir prendre en charge toutes les questions qui pourraient se poser pendant comme en dehors des sessions. Et comme on ne réunit pas un conseil à chaque instant, il faut bien que le maire prenne certaines initiatives pour résoudre les problèmes qui se posent ou même les anticiper.
Cependant, le maire Saâdou Yahaya soutient que les conseillers dépositaires de la motion sont manipulés par des mains invisibles, notamment par certaines personnalités politiques très influentes dans le département d’Aguié dont relève la commune de Tchadoua. Il s’agirait, selon le maire, du ministre Sani Mai Gochi et du député Sani Atiya. Le Maire affirme ainsi que la réunion préparatoire au dépôt de la motion s’est tenue au domicile du député Sani Atiya à Maradi et que c’est à partir de là que les conseillers ont échafaudé leur plan pour le débarquer. Mais Sani Atiya a rejeté ces accusations en disant n’avoir aucun intérêt à extirper le maire de son fauteuil et donc n’être lié ni de près ni de loin à la démarche des conseillers de Tchadoua.
Mais pour nombre d’observateurs, c’est en réalité la question de la construction du marché international des céréales qui continue à empester l’atmosphère du conseil. L’origine du problème se situe précisément sur l’emplacement de ce marché. Pour les uns, y compris le maire, le marché appartient à la commune de Tchadoua dont il porte du reste le nom. C’est donc à la commune, conformément aux intérêts de ses habitants, de décider du lieu où le marché sera installé. L’autre camp considère que le marché est appelé à devenir un des plus grands centres commerciaux de la sous-région. De ce fait, en l’installant dans une zone tampon entre les communes de Tchadoua et de Jiratawa, les retombées seront partagées entre Tchadoua, Sae Saboua et Jiratawa.
Ainsi, la question dépasse la dimension du seul conseil communal et fait apparaître d’autres enjeux, notamment coutumiers, très complexes. Le chef de Canton aurait exigé que le marché soit installé exclusivement sur le territoire de son entité, puisqu’il y a suffisamment d’espace pour l’abriter. Les autres communes, si elles le désirent, peuvent construire leurs propres marchés.
Garba Boureyma (Maradi)
21 août 2017
Source : La Nation