Billet Pourquoi le Niger demande aux États-unis d’utiliser des drones armés contre les djihadistes ?La fibre patriotique a vibré au fond du Nigérien lambda depuis l’annonce de l’autorisation du gouvernement de permettre l’armement des drones américains. Rien de plus normal. Aucun citoyen ne veut voir une armée étrangère mener des opérations militaires de grandes envergures dans son pays. Il est tout autant normal que l’on s’inquiète des bavures que les tirs des drones pourraient occasionner. Mais comme dans la realpolitik, il y a aussi, ce qu’on pourrait appeler, la real défense. Qu’est-ce à dire ? Le terrorisme a pris des proportions inquiétantes dans le monde. Malheureusement, ce fléau a atteint la région du Sahel déjà confrontée à une précarité de tous ordres : famine, pauvreté, bref, sous développement. Comment cette partie du monde peut-elle combattre et gagner une guerre contre le terrorisme que même les puissances du monde n’arrivent pas à contenir ? C’est partant de cette analyse pour le moins objective que l’on peut véritablement apprécier la décision du gouvernement Nigérien d’autoriser la présence militaire étrangère et l’armement des drones américains au Niger. Les drones ont cet avantage incomparable de limiter les pertes en vie humaine de nos soldats parce qu’ayant la possibilité de filmer et renseigner dans les moindres détails sur les positions ennemis et même de détruire ceux-ci sans qu’aucun soldat ne soit tué. C’est un avantage indéniable. Hélas, notre cher Niger ne dispose pas de cette technologie de dernière génération. Alors, comment faire ? Se cramponner au patriotisme et regarder nos soldats et nos populations se faire tuer ou accepter l’aide de ceux qui ont les moyens pour mieux nous protéger ? Toute la question est là. Certes, d’aucuns y voit un grand risque pour notre pays mais est-ce une raison pour ignorer tous les avantages que nous pouvons en tirer ?

C’est pourquoi sans reprocher à chacun d’avoir sa propre opinion sur la question, l’on peut dire que l’armement des drones américains et l’autorisation de tir donné ne sont pas en soi mauvais. Il reste que ceux qui sont chargés de manipuler ces engins doivent prendre toutes les précautions pour éviter les bavures tant redoutées. Mais une réalité demeure : qui ne risque rien, ne gagne rien.

Amadou Madougou

11 novembre 2017
Source : Le Monde d'Aujourd'hui