Interview
Le Niger et le Cameroun tentent de s’attribuer la paternité de cette fameuse escalope de viande séchée popularisée par les Haoussas. Seule sa reconnaissance transnationale pourrait permettre de désamorcer la crise qui couve.
Le kilichi est une très fine escalope de viande séchée, marinée, encore séchée et enfin grillée au feu de bois. Généralement fait à base de viande de bœuf, de chèvre, de dromadaire et d’une marinade composée de pâte d’arachide et d’épices, ce mets est une spécialité culinaire haoussa.
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Les Haoussas sont un peuple d’Afrique de l'ouest que l’on retrouve principalement au Nigeria et au Niger. Leurs qualités de grands commerçants se déplaçant sur de longues distances ont conduit, au long des siècles, à l’éparpillement d’importantes communautés au Cameroun, au Tchad, en Côte d’Ivoire, au Soudan, au Togo, au Burkina Faso, au Gabon, au Bénin et au Ghana. Cette dispersion de part et d’autre de l’Afrique a fortement contribué à ériger le haoussa en l’une des langues les plus véhiculaires du continent, selon l’Atlas des peuples, édition 2018.
Par Téguia Bogni
07 mai 2021
Source : https://www.jeuneafrique.com/1156833/politique/tribune-la-guerre-du-kilichi-aura-t-elle-lieu/
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«Ma conviction profonde est que la lutte traditionnelle, cadre de brassage par excellence des Nigériens (…) doit être préservée et perpétuée au fil des générations»
Monsieur le Gouverneur, la région d’Agadez accueille la 44ème édition du Sabre National de lutte traditionnelle sous le thème de « la Sauvegarde de la Patrie ». Quelles sont vos principales attentes ?
S’agissant de la 44ème édition du Sabre National, nous avons très tôt mis en place une commission régionale qui s’attèle sans relâche à l’organisation des préparatifs pour l’accueil des différentes délégations régionales. Comme vous le savez, cette édition est placée sous le thème de la sauvegarde de la patrie et à ce titre, elle constitue une édition spéciale qui doit refléter les aspirations profondes et les idéaux du CNSP comme l’unité nationale et la cohésion sociale. Au demeurant, le secteur du sport qui est un puissant facteur d’intégration nationale, de rapprochement et de compréhension entre les populations, constitue donc un levier important de cohésion sociale, indispensable au développement socio-économique et culturel de notre pays. Il n’est aujourd’hui, un secret pour personne, que la lutte traditionnelle reste et demeure le Sport-phare au Niger, qui mobilise les populations rurales et urbaines, et raffermit les liens d’amitié, de solidarité et d’entraide. Cela constitue un acquis fondamental et indéniable à sauvegarder et à renforcer davantage. Ma conviction profonde est que la lutte traditionnelle, cadre de brassage par excellence des Nigériens, cadre idéal de renforcement de l’unité nationale et de la cohésion sociale, doit être préservée et perpétuée au fil des générations. Nous prions Allah le Tout Puissant pour que cette manifestation soit une réussite totale et que le fairplay prévale tout au long des compétitions.
Le CNSP a abrogé la loi 036-2015, qui était la principale revendication des populations de la région d’Agadez. Avez-vous un message particulier à l’endroit de la population dans la perspective de la reprise des activités de transport et de convoyage des voyageurs ?
L’abrogation de la loi 036-2015 a été vécue comme une sorte de délivrance pour l’ensemble de la population d’Agadez. En effet, cette loi a essentiellement criminalisé du jour au lendemain le transport des migrants de la ville d’Agadez vers les pays du Nord, et beaucoup de concitoyens se sont retrouvés en prison avec des familles meurtries et une économie locale en perte de vitesse. Avec la perspective de reprise des activités de transport, il est très important qu’elles puissent être mieux encadrées et mieux contrôlées afin d’éviter certains drames que nous avons connu par le passé au cours de la traversée du désert du Ténéré. A cet égard, les services spécialisés des Forces de Défense et de Sécurité et les services communaux ont été instruits afin de veiller à ce que les véhicules de transport soient en règle et que des autogares bien spécifiés soient dédiés à ce type de transport. Au nom de cette laborieuse population de la Région d’Agadez, c’est le lieu de remercier Son Excellence le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef de l’Etat, qui a pris la décision salutaire d’abroger cette loi, qui était inhumaine, scélérate, injuste, et qui était en contradiction avec le Protocole de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes et des biens.
Mon Général, quelle appréciation faites-vous aujourd’hui de l’environnement sécuritaire de la région quelques mois après votre prise de fonction ?
L’environnement sécuritaire de la région d’Agadez demeure calme mais extrêmement volatile. La partie septentrionale de notre pays reste caractérisée par la menace des groupes armés non étatiques (GANE) animés souvent par des milices venant de certains pays frontaliers de la Région vers les zones d’orpaillage. A cela s’ajoute la menace des groupes armés terroristes (GAT) et des groupes criminels organisés (GCO) qui s’adonnent aux trafics divers (armes, drogues, cigarettes, êtres humains…) et le banditisme armé résiduel bien qu’en baisse, qui sévit encore sur certains axes de communication. Face à cette situation, les Forces de Défense et de Sécurité travaillent sans relâche pour assurer l’intégrité du territoire national et sécuriser les populations et leurs biens.
Nous suivons donc de près l’évolution de cette situation sécuritaire et il convient de remercier les plus hautes autorités nigériennes avec à leur tête Son Excellence Monsieur le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef de l’Etat, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Son Excellence Monsieur Ali Mahaman Lamine Zeine, Premier Ministre, ainsi que toute la hiérarchie militaire pour l’ensemble des efforts qu’ils ne cessent de consentir en vue d’améliorer les conditions de vie et de travail des Forces de Défense et de Sécurité. C’est également le lieu et l’occasion pour moi d’encourager nos vaillantes Forces de Défense et de Sécurité pour leur abnégation et leur sens élevé du devoir. Que le sacrifice ultime de ceux qui sont tombés pour la défense de la patrie et dont nous saluons la mémoire, ne reste pas vain et puisse nous inspirer pour l’accomplissement des idéaux du CNSP et l’aboutissement d’un Niger uni, prospère, indépendant et souverain.
Mon Général, vous avez eu beaucoup de rencontres de prise de contact avec les responsables des différents services pour évoquer le fonctionnement des services publics et vous avez initié des visites terrain pour échanger directement avec les agents. Que peut-on retenir à cet effet ?
S’agissant des services déconcentrés de l’Etat au niveau de la région d’Agadez, force est de constater malheureusement une insuffisance notoire de cadres et de personnels auxiliaires dans la plupart des directions régionales. Ce constat amer est essentiellement dû au fait que certains agents affectés par le passé n’ont jamais rejoint leurs postes ou se sont fait réaffecter en bénéficiant de certaines complaisances et d’autre part, certains agents de l’Etat atteints par la limite d’âge et ayant fait valoir leurs droits à la retraite, n’ont tout simplement pas été remplacés. Cette situation qui handicape beaucoup le fonctionnement régulier des services publics doit être revue et corrigée dans les meilleurs délais possibles. A cette insuffisance en personnel s’ajoutent également certaines difficultés liées à l’insuffisance de moyens logistiques essentiellement en capacités de transport et les problèmes liés au manque d’infrastructures pour certaines entités administratives.
Au-delà de tous ces aspects, nous avons également constaté et déploré l’absence totale de certains services de l’Etat comme celui des Impôts ou de la Justice pour ne citer que ceux-là, au niveau de certains départements comme Aderbissinat et Ingall. Il s’avère impératif que ces services puissent être rapprochés des contribuables et des justiciables. Par ailleurs, le découpage administratif de la Région doit être revu et corrigé. À titre d’exemple, nous pouvons citer le cas de la commune urbaine d’Agadez, chef-lieu de la Région, qui relève du département de Tchirozérine au lieu d’être un département à part entière avec plusieurs communes, compte tenu de l’importance croissante de sa population.
Malgré tout, les différents responsables en fonction s’acquittent honorablement de leurs missions régaliennes avec abnégation et professionnalisme. Nous tenons donc à les encourager et nous travaillons en étroite collaboration avec les différentes administrations centrales en vue de répondre à toutes ces difficultés, notamment en ce qui concerne le manque de personnel.
A votre arrivée, le secteur de l’or était mal organisé, l’Etat perdait beaucoup d’argent mais aujourd’hui ce secteur est l’un des plus contributeurs à la mobilisation des ressources financières de la région. Quel message particulier vous souhaitez adresser à tous les acteurs de ce secteur ?
De notre point de vue, le secteur de l’or est un secteur très porteur qui est en mesure d’apporter une contribution appréciable au développement économique et social de notre région, et au-delà de l’économie nigérienne, sous réserve bien entendu, de bénéficier d’un minimum d’encadrement et d’assistance de la part des différentes structures concernées. L’organisation de ce secteur permettra aux différents acteurs exerçant dans le domaine de l’orpaillage de se mettre en règle vis-à-vis des textes de l’Etat, et plus précisément vis-à-vis des lois et règlements régissant et encadrant le secteur de l’orpaillage en s’acquittant notamment du payement des droits, taxes et redevances vis-à-vis de l’Etat. Cette réorganisation permettra également d’accompagner et de faciliter le travail des différentes structures de l’Etat notamment des douanes, des mines, des impôts et de l’environnement entre autres, à s’acquitter convenablement de leurs missions régaliennes.
C’est dans ce sens que nous avions initié dès notre prise de fonction, des rencontres d’échanges et des visites sur le terrain pour sensibiliser les acteurs mais aussi pour les informer sur leurs obligations vis-à-vis de l’Etat. Aujourd’hui, d’après les informations qui nous sont remontées, notamment les différents rapports de la Direction Régionale des Mines, les recettes se sont nettement améliorées ces 5 derniers mois et nous allons continuer ce travail. Le montant global recouvré sur les taxes et les redevances avec l’arrivée du CNSP au pouvoir est quatre fois de plus important que celui recouvré antérieurement, malgré que certaines sociétés font leur versement directement au niveau central. A cela je salue le climat de confiance renoué entre les services de l’Etat et les sociétés d’orpaillage.
Monsieur le Gouverneur, vous avez entamé des missions de travail dans les départements d’Arlit, de Tchirozérine et d’Aderbissinat. Qu’est-ce qui a retenu votre attention au cours de ces contacts avec les populations ?
Ces missions en profondeur dans les départements avaient pour objectif principal d’aller au contact des populations et des différentes couches socioprofessionnelles afin de nous enquérir de leurs conditions de vie et d’être à l’écoute de leurs préoccupations. Ces missions nous ont permis également de constater de visu les conditions de travail des services de l’Etat au niveau départemental ainsi que le fonctionnement des collectivités territoriales et des services communaux. Cela nous a permis de mesurer l’ampleur de la tâche à accomplir et des actions à planifier à court, moyen et long termes avec en priorité les services sociaux de base tels que l’accès à l’eau, à la santé et à l’éducation.
Nous avions saisi également l’opportunité de ces différentes rencontres pour entretenir la population rurale sur les questions d’actualité. Ces déplacements ont permis à la population de se rendre compte véritablement des changements intervenus dans le pays et d’exprimer leur soutien au CNSP. Nous avons également invité la population à s’unir derrière les Forces de Défense et de Sécurité et à leur apporter tout le soutien nécessaire. C’est l’occasion pour moi, au nom de Son Excellence le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef de l’Etat, de saluer la forte mobilisation et le soutien de toutes ces populations aux FDS.
Ali Maman ONEP/Agadez
Source : https://www.lesahel.org
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« Mon espoir c’est de voir la nouvelle voie que nous nous sommes tracée nous conduire, avec ou sans la levée de l’embargo, à répondre aux attentes du peuple nigérien, l’espoir de vivre en paix et dans la prospérité »
Monsieur le Président de la République vos prises de paroles sont rares, certains estiment même que le CNSP et le gouvernement doivent communiquer davantage. Que répondez-vous à tous ceux qui soutiennent cette idée ?
Merci de l’opportunité que vous nous offrez pour nous adresser une fois de plus à nos compatriotes, au-delà de nos compatriotes aux peuples du Sahel, d’Afrique et du Monde. Permettez-moi d’avoir une pensée pieuse pour les martyrs civils et militaires du terrorisme dans notre sous-région, d’avoir également une pensée particulière envers les veuves et les orphelins, envers l’ensemble des peuples du Sahel qui souffrent le martyre depuis plus de dix ans, en particulier le peuple nigérien qui supporte non seulement les affres du terrorisme, mais aussi les affres d’un terrorisme étatique à travers l’embargo et les sanctions injustes à lui imposées. ‘’Que Dieu soubanahou wata Allah couvre de sa rahama’’ tous nos martyrs.
Pour répondre à votre question, la communication est l’art de transmettre un message. Les canaux à travers lesquels certains nous attendent ou attendent de recevoir nos messages ne sont pas ceux- là mêmes que nous utilisons. Mais la communication, elle est stratifiée. Trop de communications tue la communication, a-t-on coutume de dire. Mais, c’est pour cela qu’un Etat est organisé pour utiliser tous les vecteurs en vue de transmettre un message au peuple souverain, et ces vecteurs sont utilisés par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie. Nous ne passons pas certainement à longueur de journées à la télé ou à la radio, mais si c’était le cas on n’aurait pas pu exercer. C’est pourquoi nous sommes justement interpellés. Nous passons par plusieurs canaux, à commencer par le niveau local à travers les prêches qui transmettent des messages aux fidèles que ça soit dans les mosquées, dans les églises, à travers les chefs traditionnels lors des grands événements qui transmettent également les messages aux populations, à travers les interventions des ministres qui composent le gouvernement de transition, à travers le Premier ministre qui a intervenu à maintes reprises, à travers certaines interventions des membres du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie. Je crois que nous communiquons, c’est le moyen à travers lequel nous communiquons qui, peut-être, ne répond pas aux attentes des gens. Mais pour nous le plus important est que le peuple nigérien soit édifié de ce que nous faisons. Je crois que nous parvenons à le faire à travers tous ces vecteurs que je viens de citer.
Monsieur le Président, quatre mois après l’avènement du CNSP au pouvoir, les Nigériens attendent toujours vos orientations stratégiques, votre programme de gouvernement pour une vision d’ensemble sur toutes les questions d’intérêt national sur l’économie, le social et le politique, qu’en est-il exactement ?
Je suis surpris d’entendre cette question. Quand nous avons intervenu, nous avons dit notre premier souci qui est le souci sécuritaire, donc l’organisation de la défense. Effectivement nous avons réussi à réorganiser notre système de défense et à créer des structures dans le domaine de la lutte anti-terroriste, et ces structures donnent des résultats même si nous ne sortons pas souvent pour le dire, mais nous obtenons des résultats. Certes, il faut comprendre que c’est une situation qui a duré plus de dix ans, mais en quatre mois ce que nous avons obtenu comme résultat nous permet d’espérer que ce premier domaine qui est le domaine de la défense et le domaine sécuritaire à travers les actions sur le terrain, les actions diplomatiques qui nous permettrons de renouveler nos domaines de coopération avec certains pays qui nous accompagnerons dans le sens de prendre en main notre destin dans le domaine de la sécurité.
Je crois qu’à l’origine du terrorisme sur notre territoire, je citerai notamment la France. Vous ne pouvez pas combattre un incendie avec de l’essence. Et pour nous l’incendie, terrorisme tire son essence du soutien que la France lui apporte. Nous avons pu dénoncer les accords de coopération en matière de défense. C’est un grand pas, un pas sur une situation qui était là depuis plus 50 ans, nous sommes parvenus à le faire, Dieu merci. L’ambassadeur de France qui a voulu, au mépris des règles des relations diplomatiques, sous-estimer et mépriser les autorités nigériennes, a quitté notre territoire. Ce sont également des actions concrètes que nous avons posées dans le domaine du rétablissement de l’ordre sécuritaire. Dans le domaine économique, malgré l’embargo qu’aucun autre pays au monde n’a vécu, nous sommes parvenus, Dieu merci, à assurer le ravitaillement régulier du pays. Et ce ravitaillement régulier à travers un corridor sécurisé, nécessite une grande mobilisation des Forces de Défense et de Sécurité.
Nous avons réussi, toujours dans le domaine économique, à travers la bonne gouvernance, à instaurer un climat de confiance. Tous les Nigériens étaient unanimes sur la nécessité de rendre ce qu’on a soutiré des caisses de l’Etat et par rapport à cela nous avons pris des mesures pour mettre en place la Commission de Luttes contre les Infractions Economique, Financières et Fiscales (COLDEFF) qui est une réalité aujourd’hui, et qui va s’atteler en tout cas à ramener, au profit du peuple nigérien, tout ce qui a été spolié. C’est également, je crois, une démarche à saluer. Nous avons d’autres perspectives notamment dans le domaine alimentaire, voir comment, et déjà il y a un budget qui est prévu à cet effet, assurer le minimum dans le domaine alimentaire. Ce sont des grandes actions qui concernent des axes bien définis que peut-être les gens n’ont pas encore compris, mais ce sont des actions concrètes dans les domaines de la défense, de la bonne gouvernance, dans le domaine économique, et certainement politique avec d’autres actions que je ne citerai pas et qui sont en perspectives.
Monsieur le Président justement à quel niveau se trouve l’organisation du dialogue national inclusif nigérien qui a été annoncé depuis quelques semaines ?
C’est plutôt depuis quelques mois, le dialogue a été annoncé exactement au mois de Septembre, mais nous sommes des militaires, nous sommes prévoyants et nous prévoyons l’imprévu. Au moment où nous avons voulu initier le dialogue national inclusif, nous étions confrontés à une menace évidente qui est l’hostilité de la France qui avait sur notre territoire, on parle de 1.500 hommes, mais c’était plus de 2.000 hommes. Face à cette hostilité, organiser un dialogue national alors que 1.500 hommes sont sur la base aérienne de Niamey, serait un risque. Nous avons certes entendu les gens sortir dire que nous avons reporté le dialogue national, on ne sait même si c’est un dialogue sincère ou s’il aura lieu. Voilà une des raisons pour lesquelles nous n’avons pas organisé comme nous l’avons initialement voulu en Septembre. En plus de cette menace de la présence des troupes françaises sur notre territoire, où c’était un impératif pour nous qu’ils quittent notre territoire.
Malgré l’hostilité ouverte des autorités françaises, nous avons pu faire partir cette troupe. A l’étape d’aujourd’hui, il reste une centaine et ils vont partir. En plus de cela, vous savez que le Niger, même si c’est de façon télécommandée, faisait face dans la même période à une menace d’agression de la CEDEAO. Est-ce qu’il est rationnel pour nous qui sommes des militaires d’organiser un dialogue national en ce moment précis avec toutes ces menaces sans oublier les menaces terroristes qui bénéficiait bien du soutien de leurs sponsors. Toutes ces raisons, même si nous ne sommes pas sortis pour le dire ouvertement au peuple nigérien pour des raisons stratégiques, nous ont poussé à sursoir à ce grand rendez-vous à Niamey. Voilà les raisons pour lesquelles le dialogue national inclusif n’a pas eu lieu comme annoncé il y a de cela trois ou quatre mois, mais c’est une certitude que ce dialogue aura lieu et vous aurez l’occasion bientôt de connaitre les dates exactes retenues pour le dialogue national inclusif.
Monsieur le président, selon les informations à notre possession, la campagne agro-sylvo-pastorale n’a pas véritablement répondu aux attentes de nos populations. Quelles sont les solutions envisagées par le gouvernement pour faire face à cette situation ?
Effectivement la campagne agro-pastorale a été déficitaire à des proportions différentes. Pour ce qui est du domaine de la production agricole, elle est déficitaire à 39 %. Ce n’est pas aussi alarmant que nous le pensons. Sur 13.468 villages, 5343 villages sont déficitaires. Mais, même si c’est 10% des villages qui sont déficitaires, c’est une inquiétude pour nous. Pour ce qui est du domaine pastoral, nous avons un déficit de 53 % ; un besoin de plus de 18 millions de tonnes de matière sèche, donc c’est énorme comme déficit pour un pays dont l’économie repose notamment sur l’agriculture, mais surtout l’élevage.
Par rapport à ces inquiétudes nous avons initié des démarches qui consisteront à nous assurer les 840.000 tonnes de céréales dont les 5343 villages ont besoin et en termes de matière sèche c’est plus de 18 millions de tonnes. Et cela sera compensé par la mise en place des aliments bétail en quantité assez importante et l’approvisionnement des magasins OPVN en céréales diverses. C’est un souci, mais des dispositions sont prises, des fonds sont prévus pour cela et, In Sha’a Allah, nous traverserons cette épreuve de plus.
Monsieur le président cette autre question, est la vie chère que vivent les Nigériens dans leur chair suite aux sanctions inhumaines que la CEDEAO a imposé à notre peuple. Quelles sont les mesures prises par le gouvernement pour y faire face ?
Effectivement le peuple nigérien vit dans sa chair les affres de la vie chère. Mais ces affres de la vie chère se sont accentuées avec l’embargo qui a été mis sur notre pays. Avant l’embargo, c’est une crise mondiale que tous les pays connaissaient. Et toutes les denrées ont connu une hausse spectaculaire. C’était la survie. C’est à cette survie que s’est ajoutée pour le peuple nigérien l’embargo sauvage qui a rendu la vie des nigériens plus difficile. Mais nous ne restons pas les bras croisés, nous ne restons pas là à nous lamenter. Face à l’épreuve, il faut être imaginatif, il faut prendre des initiatives et ces initiatives se traduisent entre autres par la multiplication du partenariat dans le domaine diplomatique avec des pays qui sont sincères avec le Niger, même si nous ne sommes pas naïfs, nous connaissons que les relations internationales c’est des relations d’intérêts. Mais nous sauvegardons les intérêts du peuple nigérien, les partenaires sauvegardent leurs intérêts. Pour nous, le plus important c’est le peuple nigérien, comment à travers nos relations diplomatiques sécuriser des corridors, obtenir un accompagnement alimentaire dans le respect de la dignité.
Pour ce qui est des solutions au niveau local, nous avons multiplié la recherche de corridors pour assurer un ravitaillement dans des conditions sécurisées au peuple nigérien. Ces corridors que nous avons eu à prospecter sont le corridor du Burkina Faso, le corridor de la Guinée Conakry, le corridor de l’Algérie, et le corridor de la Libye. Sur certains corridors nous sommes très avancés et vous le remarquez avec le système de protection et d’escorte que nous avons mis en place. Avec ce système nous arrivons à maintenir une cadence régulière permettant d’approvisionner les marchés, non seulement de Niamey, mais aussi ceux de l’intérieur du pays. À titre de rappel, depuis le 28 novembre des camions sont en train de rentrer par un corridor ami. Et de façon ininterrompue plus de 4000 camions sont rentrés du 28 novembre à la date d’hier (9 décembre). C’est un effort colossal qui exige la mobilisation des forces importantes et nous allons le faire de façon soutenue pour que la vie chère liée à l’embargo soit atténuée. Il restera évidemment la vie chère liée à l’environnement économique mondial et ça certainement avec le temps d’autres solutions seront trouvées.
Monsieur le Président, vous avez procédé à l’installation de la CoLDEFF il y a quelques jours. Quelles sont les assurances et les garanties que la CoLDEFF ne sera pas comme toutes les institutions similaires dédiées à ce type de mission lors des transitions passées et qui ont eu somme toute des résultats mitigés ? Est-ce que cette fois la CoLDEFF aura véritablement les moyens de sa politique et quelles sont les garanties pour son indépendance et la réussite de sa mission ?
La commission de lutte contre la Délinquance Economique Financière et Fiscale (CoLDEFF) est l’émanation d’une volonté populaire. Je ne répondrai pas des résultats que les autres commissions ont eu à des périodes bien précises puisque je ne peux pas savoir ou imaginer le soutien dont elles ont bénéficié, ni des critères sur lesquels les personnes qui les ont composées ont été retenues. Pour ce qui est de la ColDEFF c’est une volonté populaire que les Nigériens ont manifestée. Face à cette volonté de justice et de voir que les biens de l’Etat soient considérés par tout responsable comme des biens sacrés, des biens communs, nous avons défini des critères des membres de la CoLDEFF. Parmi ces critères nous avons retenus d’abord l’intégrité. En plus de l’intégrité, nous avons retenu l’engagement, le dévouement à la cause nationale et enfin l’esprit de l’intérêt national, puisque tout ce que nous ferons sans cet esprit d’intérêt national, nous n’aurons jamais de résultats probants. Labou Sanni no ! Zantchan Kassa ne !
Plus de 10 millions de nigériens, certainement, remplissent ces conditions. Mais nous ne pouvons pas réunir une commission de milliers de Nigériens à plus forte raison de millions de Nigériens. C’est pour cela que nous avons trié après avoir constitué des CV des membres candidats à ces postes. Et si vous vous rappelez lors de mon intervention en langues nationales j’avais appelé les Nigériens à nous accompagner dans les choix des personnes qui vont animer cette commission. Dès l’annonce de la première liste ou du projet de liste des voix se sont élevées pour dire que l’enquête n’a pas été fructueuse. Il y a des personnes qui sont suspectées d’avoir posé des actes. Mais une suspicion reste une suspicion. Malgré tout, notre objectif étant de créer l’harmonie et la cohésion autour de la CoLDEFF nous avons remplacé ces personnes suspectées. Et nous sommes parvenus à avoir une liste qui fait le consensus, je ne dirai pas qui fait l’unanimité, puisqu’aucun domaine ne pourra faire l’unanimité. Cette liste de 35 membres avec un bureau va bénéficier de notre soutien total. C’est une garantie supplémentaire pour la réussite de la CoLDEFF. Ni les membres du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, ni les membres du Gouvernement, ni moi-même, n’allons interférer dans les décisions que la CoLDEFF aura à prendre.
Au contraire la CoLDEFF trouvera auprès de toutes ces structures un soutien indéfectible. Que tous ceux qui ont spolié les biens de l’Etat répondent de leurs actes. Zantchan Kassa ne, ce n’est pas une chasse aux sorcières. Il faut que le Nigérien apprenne et intégrer que le poste de responsabilité n’est pas synonyme de confusion avec le trésor national, la caisse de l’Etat. Les biens de l’Etat doivent être sacrés. Tout ce qui est à l’Etat et dont on vous a confié la responsabilité, la gestion doit être sacrée. Nous voulons que cela soit ancré dans l’esprit de tous les responsables qui sont actuellement en poste dans ce régime de transition. Et la CoLDEFF, comme je l’ai dit, aura certainement le soutien total de toutes les autorités. Elle aura l’accompagnement matériel et financier, mais à la mesure de nos possibilités puisque, comme vous le savez, notre pays, nous l’avons dit, traverse des moments difficiles. Les salaires il faut aller à 35, 40, de fois 45 jours pour finir. Mais Dieu merci, même si c’est après 45 jours jusqu’ici nous avons pu payer les salaires. Donc, la CoLDEFF doit s’inscrire dans cette logique : les moyens ne sont pas en abondance, mais les moyens nécessaires à son fonctionnement, ainsi que le soutien, ne lui feront pas défaut.
Monsieur le Président, personne ne sera épargné ?
Tout celui qui, de façon avérée, aura pillé les biens de l’Etat, aura détourné les biens de l’État, répondra à la CoLDEFF. Et la CoLDEFF a tout notre soutien. Je dis bien tout notre soutien puisqu’elle ne répond que du président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie. Elle aura tout notre soutien, c’est un serment, pour accomplir sa mission, restituer ce qui a été subtilisé à l’Etat. Nous ne ferons pas la chasse aux sorcières, la CoLDEFF ne fera pas la chasse aux sorcières, et c’est pourquoi nous inviterons tous les Nigériens qui ont des faits, je ne dirai pas des questions de personnes, mais qui ont des faits, qu’ils les soumettent à la CoLDEFF. Elle leur réservera le traitement approprié jusqu’à aboutissement. C’est une certitude, c’est une garantie, aucune personne dont la responsabilité sera avérée n’échappera au traitement que la CoLDEFF réservera au dossier la concernant.
Monsieur le Président, il y a aussi une question d’actualité qui intéresse les Nigériens : les nominations aux emplois supérieurs de l’Etat. Quelle réaction cela suscite chez vous ?
C’est comme la COLDEFF dont nous venons de parler. Nul n’est parfait et aucun acte ne sera parfait. C’est à nous de découvrir les imperfections et dans l’ordre approcher les responsables des actes posés pour porter les amendements. Les affectations sont une des prérogatives d’un gouvernement, d’un Etat. Ces affectations répondent à un certain nombre de critères ; des critères de compétences, d’intégrité et surtout des critères de haute compréhension de l’intérêt national. Quel que soit le poste que vous allez occuper, c’est l’intérêt national qui doit être la première priorité. Certes dans les affectations, il se peut que nous ayons affecté ou eu à affecter des personnes, peut-être, qui ne font pas l’unanimité. Mais donnez le temps au temps et jugez les gens en fonction des actes qu’ils posent. Les gens ont des problèmes de personne. Or c’est l’intérêt national qui nous a conduit à dire que ce que les gens ont eu à poser comme acte jusqu’au 26 juillet ne va pas dans le sens de l’intérêt national et que si nous restons les bras croisés, il n’y aura plus de Nation à défendre, à plus forte un Nigérien. Donc, il faut que les Nigériens, de la même façon que nous sommes sortis librement pour mettre fin à la dérive, qu’ils nous ont soutenu, qu’ils nous soutiennent dans toutes les désignations que nous aurons à faire. Et comme je l’ai dit, s’il y a des propositions, des recommandations. Mais, il faut que ça se fasse dans les règles de l’art. Un Etat fonctionne en fonction des règles, selon des règles connues des citoyens. Observons ces règles, donnons un délai de grâce à ces personnes pour en tirer les conclusions. C’est tout ce que je peux dire par rapport à ce domaine d’affectation ou d’occupation des postes qui font souvent l’objet de bruits. Malheureusement, les bruits sont souvent exagérés quand j’entends certains dire : non un tel ne mérite pas, si on ne le dégage pas, nous allons en guerre contre le CNSP. Or, certaines fonctions sont définies par des textes de loi qui disent quelles conditions remplir pour occuper tel poste et que certains compatriotes disent certaines choses sur la loi, je suis au regret d’entendre des propos comme ça. Nous sommes dans un Etat qui respecte les règles. S’il y a lieu d’agir pour que le respect des règles soit observé, alors nous agirons.
Excellence, l’exploitation du pétrole nigérien suscite une série de questions sur lesquelles nos compatriotes attendent de l’Etat des éléments de réponse. D’abord quels sont les principaux gisements que nous avons au Niger ?
Effectivement le domaine pétrolier, si vous vous rappelez, est un vieux domaine. Les premières prospections ont commencé déjà avant l’indépendance, dans les années 1959. Elles se sont poursuivies après les indépendances. A un certain moment, elles se sont arrêtées. Parce que notre pays n’a pas pu résoudre le problème de prospection, de recherche. Nous attendons toujours que des compagnies étrangères viennent prospecter, faire des recherches sur notre territoire. Alors que nous avons la capacité et les moyens de faire ces recherches nous-mêmes en nous organisant. Donc, à un certain moment, les recherches et les prospections se sont arrêtées. Il a fallu attendre l’arrivée de feu son Excellence Tandja Mamadou, que son âme repose en paix, pour relancer et de façon dynamique et irréversible l’exploitation. Je ne dirais même pas d’exploration mais d’exploitation. Nous avons quatre blocs. Il y a le bloc Agadem I et chinoise, où la CNPC a investi 540 milliards F CFA. Ces 540 milliards F CFA n’était pas un fonds au-dessus de la capacité de l’Etat nigérien. Ça veut dire que cette raffinerie aurait pu être nigérienne. Mais le Président Tandja Mamadou, que son âme repose en paix, a montré que c’est possible au moment où les gens pensaient que c’était une mer d’eau souterraine, plutôt que du pétrole. Il a cru au rêve, il a pu construire le premier pipeline de 462,5 km au Niger, il a fait construire la raffinerie, dont il a fait une condition pour tout contrat avec l’Etat du Niger. Dieu merci, cette raffinerie a été mise en exploitation depuis le 28 novembre 2011. Tandja avait déjà quitté le pouvoir. C’est pour dire que les Chefs d’Etat, leur devoir, leur responsabilité, c’est vis-à-vis du peuple. Aujourd’hui, ceux qui bénéficient des retombées de cette raffinerie, ce n’est ni Tandja, ni la famille de Tandja, c’est le peuple nigérien. Si les choses avaient été faites dans les règles, mais ça c’est un autre débat.
En dehors de la raffinerie Agadem phase II, c’est le pipeline de Koulele jusqu’aux rives de l’océan Atlantique à 1 950 kilomètres. Ce pipeline, à l’instar de la raffinerie et du pipeline de la raffinerie, a été effectivement réalisé, une fois de plus, sur un crédit, mais un crédit contracté par une compagnie chinoise qui a investi dans la réalisation de ce pipeline, 1 440 milliards de francs CFA. Le Niger aurait pu lever ce fonds sur le marché international si nous avons ou si nous avions une compagnie qui faisait la recherche et la prospection. Puisque ce sont les découvertes et les quantités découvertes qui permettront de contracter le crédit puisque c’est une garantie à laquelle les bailleurs de fonds ne peuvent opposer un refus. Mais, soit ! le pipeline est aujourd’hui une réalité, il a été lancé le 1er novembre de cette même année et sa production est de 90.000 barils par jour. Sur ces quatre-vingt-dix mille barils jour, j’entends souvent des calculateurs, des scientifiques nigériens, des mathématiciens dire que nous multiplions quatre-vingt-dix mille barils par soixante-dix-sept dollars le prix d’un baril. Un baril équivaut à 159 litres à peu près et nous avons les recettes journalières du Niger. Ce n’est pas vrai ! Sur les quatre-vingt-dix mille barils par jour, la part du Niger est de 25,4%. C’est sur la base de ces 25,4 % que vous aurez la part exacte par jour du Niger. Et multiplier cette partie par le cours du baril, vous aurez la part du Niger par jour, et ça dans les meilleures des conditions. Actuellement, le baril est en hausse. Nous espérons beaucoup parce que la production a déjà été achevée. Le transport est en cours jusqu’à l’océan Atlantique. Effectivement quand cette phase de remplissage des cuves dans l’Océan Atlantique sera achevée, en janvier prochain probablement, nous pouvons espérer les premières sorties des barils du brut nigérien qu’on a communément appelé le Melec.
Mais notre volonté n’est pas de commercialiser que du brut. Nous voulons aller vers le raffinage. Nous avons assez chanté que le Niger a été spolié depuis plus de soixante ans parce que tout ce que nous produisons est exporté de manière brute. Le Niger ne bénéficie pratiquement pas des ressources de son sous-sol parce que le Niger n’a pas initié une politique qui lui permette de maîtriser l’exploitation de ses ressources. Nous voulons aller vers une raffinerie qui va transformer le brut nigérien sur le sol nigérien et, In Sha’a Allah, nous le ferons avec des partenaires, pas des gens qui sont là pour nous exploiter. Cela pour que le partenariat gagnant-gagnant soit enfin une réalité, pour que le pétrole brut nigérien soit raffiné sur place en d’autres produits qui sont actuellement recherchés notamment le jet, l’essence que la raffinerie de Zinder (la SORAZ) ne produit pas à suffisance. Actuellement c’est un tiers de la production des 20.000 barils qui est transformé en essence, les deux tiers sont transformés en gasoil. Donc nous pouvons ravitailler les pays de la sous-région en jet pour les avions. Nous avons des pays qui, malgré l’embargo, continuent à coopérer avec nous et c’est l’occasion de les remercier, notamment le Mali et le Burkina Faso vers lesquels nous pouvons exporter le pétrole raffiné, que ce soit du gasoil, du super, du jet, du pétrole lampant ou du gaz selon la demande ou les demandes qu’ils feront. Mais, il faut que les Nigériens comprennent que dans le pipeline, sur les 90.000 barils, le Niger a 25 %. Si mes calculs sont exacts, ça fait 22 860 barils jour. C’est donc ça qu’il faut multiplier par le cours du baril. Un baril, ce n’est pas 200 litres, c’est 158,98 litres, à peu près 159 litres. Que les mathématiciens fassent le bon calcul et jugent en fonction du résultat de leurs calculs.
Monsieur le Président, vous avez récemment effectué une visite d’amitié et de travail au Mali et au Burkina Faso. Quel sens donnez-vous à cette visite dans ces deux pays ?
Pour nous le Burkina Faso et le Mali, ce ne sont plus des pays lointains. C’est l’espace de l’Alliance des États du Sahel. Et pour nous il est naturel de nous déplacer à Bamako, comme à Ouagadougou, dans l’esprit de l’Alliance des Etats du Sahel. Mais les raisons fondamentales qui m’ont conduit à initier ces déplacements sont de deux ordres. La première raison, c’est pour remercier les autorités de ces deux Etats de l’Alliance des Etats du Sahel, leurs gouvernements et leurs peuples pour le soutien indéfectible qu’ils ont apporté au peuple nigérien dans l’épreuve qui nous a été imposée par la CEDEAO. Comme vous le savez, le 30 juillet 2023, quatre jours après notre intervention, la CEDEAO s’est réunie à Abuja pour décider non seulement de l’embargo, mais comme si le désastre de l’embargo ne suffisait pas, déclarer également vouloir constituer une force militaire pour attaquer les Nigériens qui ont osé demander que la souveraineté de leur pays soit respectée. Face à cette menace d’embargo et d’agression militaire, le Mali et le Burkina Faso ont fait une déclaration conjointe, le lendemain du 31 juillet, pour d’abord s’opposer à cet embargo illégal et inhumain, mais aussi affirmer leur solidarité avec l’État du Niger et les autorités nigériennes, pour faire face à toute agression militaire aux côtés du Niger. Cette déclaration, comme je l’ai dit, a radouci beaucoup d’ardeur, a tempéré beaucoup d’ardeur. A côté de cette déclaration conjointe du Mali et du Burkina Faso, il y a l’engagement et la détermination du peuple nigérien qui s’est levé dès la déclaration de cette volonté de nous agresser pour dire non à l’embargo, et dire non à toute velléité d’agression. Je lui rends hommage, le remercie et l’encourage à continuer car le combat n’est pas fini. Je comprends que « Laabou Sanni No ! ». Mais des changements de régimes, des transitions, se sont succédés au Niger ; Ces transitions n’ont pas bénéficié du soutien populaire du peuple du Niger, ceux des États du Sahel, d’Afrique, et même du monde. C’est une raison de plus pour féliciter le peuple nigérien.
La deuxième raison de mon déplacement dans la même lancée de la déclaration conjointe du 31 juillet, c’est que le 16 septembre vous vous rappelez, nous avons signé la création de l’Alliance des États du Sahel. Cette alliance a pour objectif-puisque c’était le souci immédiat le domaine sécuritaire- le domaine de la défense. Dieu merci, nous avons mis nos moyens en commun et nous obtenons des résultats dans le domaine de la défense, de la sécurité, notamment dans la lutte contre le terrorisme. Parce que nous savons, nous sommes convaincus, et nous avons des preuves que ce terrorisme est un terrorisme importé. Quelles que soient par ailleurs les raisons que les gens ont voulu faire avaler aux Nigériens et aux États du Sahel, ce terrorisme est un terrorisme sponsorisé. Nous avons pu nous débarrasser de certains sponsors, et si vous le constatez au Niger, au Mali et au Burkina Faso, des résultats palpables sont obtenus dans le domaine de la lutte anti-terroriste.
Mais ceux qui sont armés ne sont pas les seuls terroristes. Nous avons le terrorisme des États de la CEDEAO qui ne font pas moins que ce que les terroristes font. Combien de Nigériens sont morts sur les lits d’hôpital parce qu’on manque de produits pharmaceutiques ; combien de Nigériens meurent sur leur lit d’hôpital parce que nous sommes privés de l’électricité qui est pourtant un partenariat entre deux entreprises privées. Donc quel est le sens du mot terrorisme quand on ignore que priver un pays du minimum en termes de produits pharmaceutiques, de produits alimentaires, pour obtenir un accord ou pour contraindre le pays à faire des concessions politiques ; c’est la même définition du terrorisme. C’est quoi le terrorisme ? C’est l’utilisation de la violence contre des personnes innocentes pour les contraindre afin d’obtenir des concessions politiques.
Et c’est ce que ces États de la CEDEAO font contre le Niger ; c’est ce que ce terrorisme sponsorisé fait contre les peuples des États du Sahel. Donc il était temps pour nous d’aller dans ces pays pour affirmer notre volonté. En plus du domaine sécuritaire, notre alliance doit évoluer dans le domaine politique et dans le domaine monétaire. Puisque cette alliance a, in fine, pour objectif de créer les conditions de prospérité pour nos peuples, pour les peuples du Sahel. Et c’est là, le deuxième motif de mon déplacement. Il s’agit aussi de renforcer en troisième ressort les relations diplomatiques. Là où nous n’avons qu’un Consulat, l’ériger en Ambassade. Donc voilà de façon synthétique les trois ou quatre domaines : la défense, l’économie, la diplomatie et le domaine socio-économique et monétaire. Si aujourd’hui nous faisons face à des pressions sauvages, c’est parce que peut être nous sommes restés très longtemps passifs dans certains domaines ; nous n’avons pas su nous assumer et assumer notre souveraineté à travers des décisions fortes. Ce sont ces décisions que j’étais parti demander aux chefs d’État ; de mettre nos efforts en commun pour avoir ce courage de libérer définitivement l’espace sahélien, l’espace des États du Sahel.
Justement, par rapport à la question de la monnaie, peut-on espérer avoir notre monnaie prochainement ?
Je ne me prononcerai pas. Je préfère laisser l’opportunité de la déclaration aux spécialistes. Je l’ai dit, l’État est stratifié, et chaque niveau à des domaines de compétence, et au moment opportun, ces domaines de compétence, ces experts, se prononceront.
Ce jour 10 décembre 2023, les Chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO se sont réunis à Abuja. Entre autres sujets importants, ils ont échangé sur la situation au Niger. Êtes-vous optimiste quant à l’issue de cette rencontre ?
Pour moi c’est l’intérêt national qui est au-dessus de toute considération. Nous avons demandé beaucoup de sacrifice au peuple nigérien. Le peuple nigérien bénéficiant des soutiens des pays frères et amis a supporté l’insupportable. Il est resté digne quatre mois durant, quatre mois de privation malgré nos efforts multiples pour alléger cette souffrance. Mais le peuple nigérien est resté debout, malgré cet embargo qui touche tous les domaines. Je l’avais dit l’embargo que notre pays a connu n’a jamais été expérimenté nulle part ailleurs. Certains se sont amusés à établir un tableau. Consultez ce tableau et vous comprendrez l’intention machiavélique qui a conduit à cet embargo contre l’État du Niger. Mais passer par des actes terroristes pour contraindre le peuple nigérien à céder c’est sous-estimer, c’est méconnaitre l’histoire. Le peuple nigérien est un peuple de guerriers ; nous sommes héritiers et dépositaires de ce que nos dignes prédécesseurs nous ont légués : la résilience dans l’épreuve ; la cohésion dans l’épreuve. Certes les temps ont changé, les hommes ont changé, les capacités ont changé. Mais malgré ces changements le Nigérien reste résilient. Mais ce n’est pas pour autant que nous allons demander au peuple, exiger au peuple de continuer à souffrir de cette situation. Mon espoir, c’est que l’embargo soit certes levé, mais mon espoir c’est aussi de voir la nouvelle voie que nous nous sommes tracée nous conduire avec ou sans la levée de l’embargo, à répondre à l’espoir du peuple nigérien, l’espoir de vivre en paix et dans la prospérité. Et je reste convaincu que ce nouveau partenariat que nous sommes en train de mettre en place avec de nouveaux partenaires, avec des partenaires qui comprennent la situation de l’État du Niger, qui comprennent les raisons de notre intervention, qui comprennent le caractère vital de notre intervention pour notre pays. J’ose espérer que dans un très proche avenir que ces partenaires nous accompagnent à rétablir l’équilibre. Et In Cha Allah, avec ou sans levée de l’embargo, ou des sanctions, et malgré la menace de reconduire l’agression le peuple nigérien sera debout dans le domaine que nous aurons choisi à travers ce nouveau partenariat que nous voudrons pour le bien de notre pays. On nous a assez muselés. Il faut que tout un chacun comprenne qu’il y va de l’intérêt de notre pays, intérêt qui a été spolié pendant plus de cent ans. Quand on parle de soixante ans, soixante-cinq ans, c’est se limiter aux indépendances. Le Niger a été spolié avant les indépendances, le Niger a continué à être spolié après les indépendances. Il est facile de constater le degré de spoliation dont nous avons été victimes à travers les accords que nous avons progressivement dénoncés, et que nous continuerons In Cha Allah à dénoncer pour le bien de notre peuple. Et cela, que personne n’en doute. Nous allons poser des actes dans les jours, les mois à venir In Cha Allah, qui affirmeront davantage la souveraineté de notre pays et la prospérité retrouvée.
Monsieur le président, pour finir cet entretien quel sera votre mot de la fin ?
Je tiens tout d’abord à dire une fois de plus mon admiration pour le peuple nigérien qui est resté debout. Je tiens aussi à dire mon admiration pour les forces de défense et de sécurité qui sont restées debout malgré les moyens limités, allant jusqu’au sacrifice ultime pour préserver notre pays. Merci à l’ensemble des pays qui ont compris le sens de notre démarche. Cette démarche de souveraineté. ‘’Laabu sanni no’’, ‘’Zance kasa ne’’ comme le disent nos compatriotes. Nous sommes là pour l’intérêt national et nous défendrons l’intérêt national quel qu’en soit le prix. Je saisis également cette occasion pour dire que le peuple nigérien, à travers ses autorités, a supporté l’insupportable à travers des accords qui ont entravé notre développement. Nous allons mettre tous les moyens qu’il faut pour les reprendre un à un pour le seul intérêt du Niger et de ses populations. C’est un serment et c’est une promesse. Quels que soient les sacrifices, tous les accords qui ont empêché à notre pays et à notre peuple de bénéficier ou de rentrer en possession de ce qui leur revient de droit, tous ces accords seront remis sur la table et renégocié. Il sera avec les mêmes partenariats mais dans un esprit de l’intérêt national et de celui de l’investisseur si le partenaire l’accepte. Ou ils seront rejetés si le partenaire estime qu’il ne peut satisfaire aux nouvelles conditions que nous allons exiger.
N’est-ce pas aberrant de découvrir que le Niger, pays classé toujours dernier de la planète, que ce pays renonce aux taxes et autres droits vis-à-vis des entreprises françaises qui exercent au Niger sous le fallacieux prétexte et accord que les entreprises nigériennes qui seront installées en France bénéficieront du même traitement. Est-ce qu’on a même des vendeurs à la sauvette qui exercent en France ! ça fait plus de 60 ans que cette situation perdure. C’est pourquoi quand j’entends des concitoyens dire que des actes n’ont pas été posés, je me dis que nous avons besoin de mieux connaître notre pays.
N’est-il pas tout aussi aberrant à l’état actuel, que ce soit le Niger qui paie les taxes aéroportuaires et douanières au profit des forces qui sont sur notre territoire ? c’est des milliards que l’Etat du Niger paie à Summa et à l’ANAC (Agence nigérienne de l’avion civile). Allez-y demander ce que nous devons payer. Là aussi, c’est une promesse, nous n’allons pas payer ces taxes. Que les Français qui doivent payer paient. Nous avons dénoncé l’accord. A partir de cet instant nous ne payerons plus rien au profit d’aucune force présente sur notre territoire national. C’est le summum de l’immoralité que ça soit le pauvre qui paie les charges du riche. Ne trouvez-vous pas cela aberrant ? Et comment nos dirigeant ont-ils accepté de tels accords ? La raison ne peut permettre de comprendre cet état de fait. Ce sont là des domaines sur lesquels nous allons revenir incha Allah. Il y’aura tant d’autres domaines. Les jours à venir seront édifiants pour nos concitoyens. Mais d’ores et déjà, les actes que nous avons posés ont remis en cause des situations qui ont duré 50 voire 60 ans et que tous les régimes qui se sont succédés n’ont pas osé attaquer. Nous les attaquerons et les remettrons en cause. C’est un serment. Les premiers actes que nous avons posés sont de nature à prouver que ce que nous disons, ce n’est pas juste de la communication. C’est une détermination, un serment et un engagement irréversible à protéger incha Allah les intérêts de notre pays et du peuple nigérien.
Script : ONEP
Source : https://www.lesahel.org
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« Les Nigériens doivent avoir confiance. Le Fonds est un outil des Nigériens par les Nigériens et pour les Nigériens »
Monsieur le secrétaire général du comité de gestion du Fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie, présentez à nos lecteurs le fonds.
Le Fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie est un fonds qui a été créé et mis en place compte tenu de la situation de notre pays. Les plus hautes autorités ont examiné et regardé la situation de notre pays sur ses différentes priorités. Les priorités actuelles sont d’abord et avant tout la sécurité des personnes et des biens, la sécurité alimentaire, l’éducation, la justice sociale et bien entendu la résilience de nos populations face aux sanctions injustement imposées. Alors, face à ces priorités, le CNSP a pris une ordonnance portant création du Fonds de Solidarité pour la Sauvegarde de la Patrie.
Quels sont les objectifs visés par le CNSP à travers la mise en place du Fonds ?
Les objectifs sont à plusieurs niveaux. Il y a des objectifs à court, à moyen et à long termes. L’ordonnance 23-13 du 11 octobre 2023 prévoit les objectifs immédiats. D’abord la mobilisation des ressources pour le financement des appuis aux renforcements des capacités de nos forces de défense et de sécurité engagées dans la lutte contre le terrorisme et l’insécurité en les dotant des moyens logistiques notamment du matériel de transport. Le deuxième objectif immédiat, c’est la participation à la prise en charge des citoyens qui sont victimes de déplacement forcé lié à l’insécurité et au terrorisme pour leur relocalisation, leur réinstallation et leur intégration ainsi que leur retour volontaire dans leur domicile. Le troisième objectif immédiat du fonds est la prise en charge de la population dans le cadre des actions citoyennes.
À moyen terme, le CNSP a une vision: celle de transformer, avant la fin de la transition, le FSSP en fonds d’investissement pour l’emploi des jeunes et des femmes. Vous constatez avec moi que depuis le 26 juillet 2023, les Nigériens se sont levés comme un seul homme pour sauvegarder la patrie, défendre la nation. Une fois cet objectif atteint, certainement que ces femmes et jeunes vont revenir vers le CNSP pour vouloir contribuer au développement de leur pays. C’est en ce sens que la vision du CNSP est de restructurer ce fonds en un fonds d’investissement pour l’emploi des femmes et des jeunes au Niger.
Comment sera constitué ce fonds ?
Ce fonds a essentiellement 7 ressources de ravitaillement. Premièrement, il y a les ressources qui sont liées aux prélèvements sur la structure des prix des hydrocarbures. Pour la première fois, le pétrole du Niger va servir directement les Nigériens notamment les jeunes et les femmes.
Deuxièmement, il y a un prélèvement de 10% sur les recettes provenant de la redevance annuelle versée à la l’Agence de Régulation de la Communication Electronique et de la Poste (ARCEP) par les opérateurs de téléphonie qui sont titulaires d’une licence ou d’une convention.
La troisième source de financement du fonds, ce sont les prélèvements de 10 F CFA sur chaque ticket de transport, sur chaque ticket de péage et 1000 F CFA sur les billets d’avion. Bien entendu après nos différentes consultations et concertations, les sociétés de transport ont décidé de prendre en charge les 10 F CFA sur les tickets de transport et se sont même engagées à prendre en charge jusqu’ à 20.000 tickets par mois sur une somme estimative de 200.000 F CFA par mois et par société de transport. Les Nigériens doivent se rassurer qu’aucun passager ne verra son ticket de transport terrestre augmenter de 10 F CFA. En clair, il ne s’agit pas d’augmenter le prix de ticket de voyage. Nous sommes en consultations avec les responsables des agences. Quant au fond d’entretien routier FER, la mesure est déjà mise en application.
La quatrième source du fonds, ce sont les prélèvements de 10 F CFA sur chaque appel téléphonique et sur chaque souscription au forfait. Mais je tiens à préciser que cela se fera avec le consentement du consommateur. A ce niveau, l’ensemble des opérateurs sont en train de prendre des mesures pour que cette mesure de consentement soit effective notamment en implémentant l’application qui permettra de le faire.
La cinquième source du fonds, c’est un prélèvement sur les nuitées d’hôtel. Les hôtels sont classés en deux catégories, d’abord les hôtels 3 étoiles vont contribuer à hauteur de 300F CFA par nuitée. Quant aux hôtels de plus 3 étoiles, le montant à prélever est de 500F CFA par nuitée.
La sixième source du fonds, c’est les contributions volontaires des populations, des entreprises publiques et privées, des ONG, des programmes de développement et toute autre structure qui souhaite apporter sa contribution à l’effort national pour la sauvegarde de la patrie.
Et enfin, la septième catégorie des ressources prévues par le fonds sont les contributions volontaires et financières et en nature de la diaspora. Vous n’êtes pas sans savoir que les Nigériens de la diaspora ont été les premiers qui ont marqué le geste par rapport à la mobilisation des ressources du fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie.
Quels mécanismes avez-vous adopté pour assurer la transparence des ressources générées ?
L’ordonnance créant le fonds prévoit un comité de gestion dont je suis le secrétaire général. Et ce comité a pour rôle d’élaborer le programme général d’intervention du fonds. Donc, comme vous le constatez, on a un programme d’intervention qui définit tout ce qui doit être fait de manière cohérente et traçable. Le comité doit élaborer le budget annuel du fonds, faire le suivi des recettes du fonds et déterminer les opérations d’éligibilité du fonds. Et, au-delà de ce comité de gestion, le fonds s’appuie sur les structures de l’Etat à travers les autorités locales, les chefs de village, les maires, les préfets et les gouverneurs. En dehors de cette structuration pour assurer la transparence, nous avons trois autres outils. En premier lieu, nous venons d’opérationnaliser en deux semaines une plateforme digitale qui permettra de voir toutes les contributions en numéraire et en nature sur la plateforme. Chaque franc qui sort, vous allez voir la destination au niveau de cette plateforme. La plateforme permettra aussi de contribuer que ça soit à travers les agences de transfert, les cartes bancaires. Toute personne connectée a la possibilité de voir le moindre franc entré ou sorti du fonds avec son objectif.
Le second outil de transparence, ce sont les communiqués radiotélévisés et dans les journaux de manière régulière pour informer les citoyens au jour le jour sur la situation de la trésorerie du fonds et les contributions enregistrées.
Le troisième outil de transparence du fonds, c’est qu’il est soumis aux procédures d’engagement, d’exécution, de contrôle et d’audit de la dépense publique.
Quelles sont les stratégies mises en place par le comité de gestion pour amener les citoyens qui sont encore hésitants à comprendre l’importance du fonds et à y contribuer en conséquence ?
Il faut comprendre que rien n’est de trop lorsqu’il s’agit de la souveraineté, jusqu’au sacrifice ultime. Pour le CNSP, ce fonds doit constituer un outil d’exercice de la bonne gouvernance. Les Nigériens ont soif de justice, d’équité et de transparence. C’est un modèle de participation citoyenne pour la conquête de la souveraineté, que ça soit la souveraineté alimentaire, économique, nationale dans la globalité. Pour le CNSP, ça sera l’un des instruments privilégiés, un instrument financier pour les Nigériens et par les Nigériens. C’est l’héritage que le CNSP entend léguer aux générations futures. Les Nigériens doivent avoir confiance parce que c’est un outil des Nigériens par les Nigériens et pour les Nigériens. Il ne servira que l’intérêt des Nigériens.
Expliquez-nous, comment se déroule la collecte des contributions pour alimenter le fonds.
Nous avons justement mis en œuvre tout un ensemble de possibilités et de mécanisme pour permettre à tout Nigérien de pouvoir contribuer. S’agissant des transferts mobile Money, il y a les plateformes de téléphonie mobile à savoir, Zamani cash, Airtel money, Moov Flooz. Il y a des syntaxes actuellement qui sont communiquées pour la contribution. Aussi, si vous avez une entreprise et que vous avez un compte, nous avons ouvert un compte au niveau des banques qui sont communiquées pour faire le virement de compte à compte. Pour la visibilité, vous pouvez contacter le fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie en venant nous rencontrer pour apporter vos contributions. Vous avez sans doute constaté que tous les jours, le comité de gestion du fonds organise des cérémonies médiatisées de réception des contributions de nombreuses structures.
En dehors de la capitale aussi, nous avons un mécanisme de collecte de contributions à travers tout le territoire national. Pour ceux qui sont au niveau des circonscriptions locales, les contributions sont réunies au niveau des chefs de village, pour la commune, c’est au niveau des mairies, pour les départements, c’est au niveau des préfectures et pour les contributions des régions, c’est au niveau des gouvernorats. A l’extérieur également, les ambassades sont les relais de réception des fonds en nature et en numéraire. Nous estimons qu’avec toutes ces possibilités offertes, les bonnes volontés n’auront pas de difficultés à apporter leurs contributions pour ainsi participer à l’effort national.
Réalisée par Fatiyatou Inoussa (ONEP)
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Monsieur le Ministre, depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023, notre pays fait face à des sanctions de la CEDEAO, qui ont eu comme effets la flambée vertigineuse des prix de certains produits alimentaires dont le riz, comment se présente la situation ?
Permettez-moi tout d’abord de vous remercier pour l’opportunité que vous ne cessez de m’offrir pour entretenir l’opinion nationale sur les questions d’approvisionnement et d’accessibilité des produits alimentaires sur nos marchés. Comme vous le savez, dès l’annonce des sanctions économiques et commerciales par la CEDEAO et l’UEMOA des dispositions ont été prises par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) pour faire face à cette situation. On peut citer, entres autres l’organisation d’une rencontre entre les membres du CNSP et les opérateurs économiques afin de parvenir à un prix de vente consensuel sur le sac de 25 kg du riz 25% et 5% ; la tenue de plusieurs rencontres entre le Ministre du Commerce et de l’Industrie avec la Chambre de Commerce et d’Industrie du Niger (CCIN), les importateurs, les transitaires, les consignataires, les transporteurs, etc ; l’accélération de la procédure d’obtention de l’autorisation d’importation du riz ; l’organisation des missions de plaidoyer en vue de faciliter l’acheminement de nos produits.
Par rapport à ce dernier point, une délégation que j’ai personnellement conduite composée de la Direction Générale des Douanes, de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Niger et de plusieurs opérateurs économiques s’est rendue à Ouagadougou au Burkina-Faso avec comme objectif de discuter avec les autorités et le secteur privé de ce pays ami sur les dispositions à prendre pour faciliter l’approvisionnement de notre pays en produits de première nécessité.
A l’issue de cette mission, les dispositions prises nous ont permis de mener des actions tendant à faire face aux différents obstacles. Actuellement, toutes les opérations de transit via le Burkina Faso se déroulent sans problème et des convois sont périodiquement organisés.
Comme vous le dites effectivement, malgré toutes ces dispositions prises, nous constatons un rehaussement du prix du riz. Cela est dû aux manœuvres spéculatives opérées par certains détaillants. A ce niveau, il faut rappeler que le riz étant l’aliment de base constitue véritablement notre préoccupation. Car bien avant la fermeture des frontières, certains pays producteurs comme l’Inde et la Chine ont pris des dispositions d’interdiction de sortie de riz ordinaire (5% et 25%) pour cause des catastrophes naturelles (inondations). A cela s’ajoute les difficultés d’approvisionnement en engrais liées à la guerre en Ukraine.
Il y’a quelques semaines, les populations de Niamey et même celles de l’intérieur du pays ont été confrontées à la non disponibilité du riz accessible au grand nombre sur les différents marchés. Vous aviez d’ailleurs entrepris dans ce sens une série de visites au niveau de certains opérateurs économiques, est-ce une vraie pénurie de cette denrée alimentaire ou un comportement lié à nos commerçants ?
Comme vous l’avez dit et suivi avec nous, nous avions effectué plusieurs visites au niveau de presque tous les magasins et entrepôts appartenant à ces importateurs. Lors de cette visite, nous avons beaucoup plus constaté la disponibilité en grandes quantités du riz basmati, des pâtes alimentaires, les huiles, les farines de blé, le sucre, etc.
Malgré la disponibilité de ces variétés, nous avons enregistré des entrées importantes en produits alimentaires dont le riz ordinaire consommé par la majeure partie de la population et cela, grâce aux dispositions prises par les plus hautes autorités de notre pays à commencer par le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef de l’Etat, S.E le Général de Brigade Abdourahamane Tiani et le Premier Ministre SEM Ali Mahamane Lamine Zeine afin d’approvisionner nos marchés. Aussi, d’autres dispositions sont en train d’être prises par le Gouvernement en collaboration avec le Burkina-Faso et le Togo pour l’organisation des convois réguliers.
Le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) a pourtant consenti d’énormes efforts pour faciliter aux opérateurs économiques l’approvisionnement du pays en produits alimentaires. Quelles sont les dispositions prises par le CNSP pour endiguer la spéculation des commerçants et rassurer les consommateurs ?
Effectivement le CNSP a consenti d’énormes efforts pour faciliter aux opérateurs économiques l’approvisionnement du pays en produits alimentaires. Je voudrais ici rappeler que le Gouvernement privilégie d’abord le dialogue avec les opérateurs économiques dans leur ensemble en vue de parvenir à l’approvisionnement régulier de nos marchés en produits de première nécessité.
Cependant, pour tout mauvais comportement ou toute manœuvre frauduleuse tendant à dissimuler les stocks, à augmenter les prix ou à fournir des produits de mauvaise qualité, nous avons instruit nos structures en charge du contrôle de prendre toutes les sanctions prévues à la matière. -A titre illustratif, dans le cadre du contrôle sur le terrain, nous avons constaté des manquements tels que la minoration du poids normal des sacs du riz ; le reconditionnement du riz de plusieurs types et d’origines différentes dans des sacs portant des logos appartenant à autrui ; la revente à des prix non officiels du riz du Niger par des détaillants et le reconditionnement des produits avariés pour la vente.
La société du riz du Niger (RINI) est la principale structure sur laquelle l’Etat compte pour booster la production rizicole, quelle est sa capacité réelle de production et les problèmes auxquels elle fait face ?
Actuellement en tant que société de collecte et de transformation du riz paddy, la société Riz du Niger a une capacité de transformation d’environ 60 tonnes/jour grâce à ses trois usines à savoir l’usine de Niamey, l’usine de Kollo et celle de Tillabéry. Avec les perspectives d’installation de la quatrième usine de Gaya, la production journalière pourrait atteindre les 80 tonnes/jour.
Cependant, cette capacité de production ne pourrait être atteinte que si toutes les conditions sont réunies notamment la disponibilité du riz paddy et celle de l’électricité de manière permanente. A ce niveau, les plus hautes autorités de notre pays ont pris des dispositions tendant à renforcer les capacités d’achat du riz paddy par la société Riz du Niger, en lui octroyant une subvention d’équilibre de plus de 690 Millions FCFA. Cette subvention a pour avantage de protéger la production nationale par l’achat de grande quantité du riz paddy et l’approvisionnement des régions. Aussi, des dispositions en fournitures d’énergie électrique ont été prises afin d’assurer à la société Riz du Niger la continuité de la production.
La production nationale du riz n’arrive pas toujours à combler les besoins des populations jusqu’à l’avènement du CNSP et les sanctions imposées par la CEDEAO, rendant ainsi difficile l’importation du riz. Comment les autorités actuelles envisagent la redéfinition de la politique rizicole dans la perspective d’atteindre zéro importation du riz à l’avenir ?
Afin de répondre aux besoins sans cesse croissants de la population, et disposant d’énormes potentialités en termes de ressources en eau et en terre cultivable qui doivent être exploitées, nous devons inciter les investisseurs tant nationaux qu’étrangers à investir dans le domaine agricole ; renforcer les capacités des structures étatiques concernées par la question notamment la société Riz du Niger, l’ONAHA, la CAIMA, l’OPVN, etc. ; encourager les femmes transformatrices à promouvoir et valoriser la production nationale.
La situation actuelle met en lumière la forte dépendance du Niger vis-à-vis du corridor béninois en termes d’importations des biens de consommation. Quelle leçon à tirer de cette épreuve ?
Nous avons pris conscience que le Niger ne devrait pas se limiter au seul corridor béninois. La situation actuelle nous recommande de diversifier nos ports de transit. D’ores et déjà, le Gouvernement est en train de renforcer le corridor Togo-Burkina-Niger et envisage également de recourir à d’autres formes de désenclavement.
Réalisé par Hassane Daouda (ONEP)
Source : https://www.lesahel.org/
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« En pareille circonstance, les Nigériens ont le devoir et l’obligation d’être solidaires avec leurs dirigeants actuels qui sont en train de gérer avec courage et détermination l’embargo économique »
M. le président, quelle lecture faites-vous de la situation actuelle du secteur de l’énergie depuis les sanctions illégalement infligées par la CEDEAO au Niger au lendemain du coup d’Etat militaire du 26 juillet 2023 ?
C’est un grand honneur pour moi de m’exprimer dans les colonnes de votre journal pour parler de ce problème qui nous concerne tous, parce que c’est de notre patrie qu’il s’agit. Effectivement, depuis les évènements du 26 juillet 2023, le Niger fait face à un embargo économique, commercial, financier et politique décidé par les organisations d’intégration sous régionales à savoir la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Aussitôt, le coup d’état perpétré par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp), ces organisations et leurs mentors internationaux ont brandi des menaces et pris de sévères sanctions contre le Niger. Sans nul doute, ces sanctions sont parmi les plus sévères jamais infligées à un Etat souverain et n’ont qu’un seul but : étouffer, asphyxier et isoler totalement notre pays.
Chose surprenante, certains chefs d’État se sont distingués par leur empressement dans leur application stricte. Le Nigeria voisin a, sans discussions préalables et sans préavis, déconnecté la ligne à haute tension transportant l’électricité vers le Niger au mépris total des accords qui régissent l’exploitation de cette énergie entre les deux pays, de telle sorte que des coupures d’électricité sont naturellement enregistrées dans les villes et villages de notre pays. Cette réaction disproportionnée se distingue aussi par l’empressement quasi-jubilatoire de nos partenaires d’hier à nous imposer ces sanctions inhumaines et irrégulières sans aucune exemption.
Nonobstant, la fermeture des frontières, la suspension des relations commerciales appliquées à l’ensemble des transactions, le gel des avoirs de l’État et des banques nationales auprès de la banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (Bceao), l’embargo sur les hydrocarbures, les produits pharmaceutiques et les denrées alimentaires, l’interdiction de visas à nos étudiants en France, constituent des châtiments qui sont de nature à mettre en péril la population nigérienne et son économie. Les motivations et les justifications qui sous-tendent leur application sont inacceptables et inadmissibles. Et comme si ça ne suffisait pas, on a envisagé un moment (et peut-être toujours en gestation dans des états-majors de pays hostiles) une intervention militaire ! Nous constatons avec satisfaction que la fourniture d’électricité s’améliore progressivement, comme le dit un économiste, « l’économie, c’est de l’énergie qu’on brûle », donc une mauvaise fourniture d’énergie est synonyme de sous-développement permanent. Mieux, le Chef de l’Etat s’implique d’une manière active dans la résolution du déficit énergétique.
Quel commentaire vous suscite la rupture unilatérale par le Nigeria de la fourniture de l’énergie électrique à notre pays malgré les accords qui unissent les deux sociétés d’énergie des deux pays ?
Cette situation de rupture de contrat aussi inédite qu’arbitraire est contraire aux pratiques entre deux États modernes. C’est une violation flagrante des accords commerciaux qui lient nos deux pays, et en même temps les fondements de la tradition africaine basée sur le respect de la parole donnée. A quelque chose malheur est bon serait-on tenté de dire si la situation n’était pas aussi grave, voire catastrophique, pour nos populations car, nos autorités et même les populations ont compris notre inquiétude de lutter pour notre indépendance énergétique puisque Dieu nous a offert des ressources naturelles pour cela mais comme on dit « le fruit mûr tombe mais pas dans la bouche ». Répétons-le, ces sanctions prises dès le 30 juillet violent délibérément le droit international, humilient leurs auteurs, démontrent leur égo surdimensionné, leur mépris et leur arrogance vis-à-vis du peuple du Niger en particulier et des peuples de la Cedeao en général. Quand je vous disais qu’il s’agissait ni plus ni moins que d’une jubilation ou une excitation fébrile à nous asphyxier.
En pareille circonstance, les Nigériens ont le devoir et l’obligation d’être solidaires avec leurs dirigeants actuels qui sont en train de gérer avec courage et détermination cet embargo qui, au-delà de son caractère destructif, donne à notre pays l’occasion de prendre son destin en main. Actuellement, les coupures d’électricité dont est victime le Niger sont les conséquences logiques de la violation des textes régionaux et internationaux. La communauté internationale doit retenir que l’avenir du Niger dépend en grande partie de son peuple. Les efforts que déploieraient les partenaires pour l’aider sont des contributions très insignifiantes. Certes, la possibilité d’imposer un embargo sur les armes est prévue par l’acte additionnel de la Cedeao de 2012, mais les sanctions de cette nature, qui sont contre l’accès aux biens et produits essentiels et l’acheminement de l’aide humanitaire, sont contraires aux textes de la Cedeao et de l’Uemoa. De même, en droit international, l’imposition d’un embargo total sans exemption humanitaire pour les biens essentiels parait difficilement compatible avec les obligations pesant sur les États.
D’autre part, l’Assemblée générale de l’ONU ainsi que le Conseil des droits de l’homme ont condamné à plusieurs reprises ce type de mesures, et ont demandé aux États de s’abstenir de les adopter ou de les appliquer. Mieux, le Comité des droits économiques, sociaux et culturels de cette institution a clairement souligné que « les habitants d’un pays ne doivent pas être privés de leurs droits économiques, sociaux et culturels fondamentaux parce qu’il a été déterminé que leurs dirigeants ont violé des normes relatives à la paix et à la sécurité internationales ». C’est pourquoi, la crise énergétique que traverse le Niger doit permettre aux Nigériens de ne plus considérer l’électricité comme un simple produit de consommation, mais un vecteur prioritaire dans l’amélioration des conditions de vie et de travail. Nous avons désormais un moyen d’atténuation qui est le barrage de Kandadji sur le fleuve Niger qui serait doté d’une centrale électrique de 130 mégawatts. Comme nous le disions tantôt, c’est le départ de notre indépendance énergétique qui nous est proposée par cette agression qui viole allègrement tous les instruments en matière de sanctions. Puisse ce vœu figurer en bonne place des résolutions fermes qui seront prises par le Conseil Consultatif National. Dès lors, notre pays ne doit nullement céder aux menaces qui ont pour objectif de compromettre son avenir. De ce fait, nous avons un grand espoir que depuis les événements du 26 juillet 2023, le Niger se lance sur la conquête de son indépendance énergétique.
En tant qu’expert en la matière, que conseillerez-vous aux autorités nigériennes pour que ce genre de situation préjudiciable à l’économie nationale soit définitivement évitée ?
Cette question touche une triste réalité. Il n’y a pas lieu de se décourager. Il faut garder espoir que la situation s’améliorera rapidement. Il nous faut trouver de vraies solutions. Il en est une que nous offre l’Alliance des trois Etats du Sahel (AES) (Niger, Burkina, Mali) si les promesses contenues dans les intentions venaient à s’exprimer dans les faits. Cela voudrait dire qu’il faut serrer les rangs en vue d’utiliser ensemble les sources d’énergies offertes pour minimiser les coûts d’exploitation et concomitamment mettre fin aux délestages et sécuriser les approvisionnements. Nous espérerions que des changements substantiels interviendront pour assurer la prospérité du secteur énergétique et la défense des intérêts des populations. Dans cette hypothèse, nous soutiendrons toute action tendant à revoir les méthodes d’exploitation et les contenus des contrats, l’édification d’un environnement sain autour des centrales électriques et la satisfaction des besoins des consommateurs. Pour l’instant, poser ces préoccupations majeures, c’est revenir à la source du problème, d’où notre appréhension qui vise à demander l’instauration de véritables bases de développement durable en matière énergétique. Nous apprécions le fait que les nouvelles autorités soient de plus en plus exigeantes par rapport à l’intérêt général et ambitionnent un mieux vivre au Niger. De ce fait, pour assurer la pérennité des exploitations énergétiques, les parties prenantes à savoir l’État, les délégataires de service public de l’énergie, les associations des consommateurs doivent faire preuve de flexibilité, d’agilité et de redevabilité. Cela mettra au goût du jour l’ambitieux programme électronucléaire du Niger. Nous osons espérer que personne ou presque ne s’y oppose. Il nous faut obligatoirement une énergie de substitution, d’où le choix du nucléaire civil. Un choix pertinent, et je pense que nos responsables politiques l’ont bien compris dans cette perspective. A la lumière des résultats extrêmement encourageants, le programme électronucléaire du Niger suscite l’admiration, et de nouveaux objectifs ont été fixés par l’AIEA, l’ARSN et la HANEA. Il s’agit d’un choix cohérent et déterminé par des facteurs internes et externes, plaçant de grands espoirs dans sa mise en œuvre. L’exécution d’un tel programme permet à notre pays d’acquérir un savoir-faire et une maîtrise des technologies dans ce domaine. Il s’agit d’analyser les choses objectivement, pour réussir et conduire des actions de développement, d’industrialisation et d’incitation dans les secteurs les plus prometteurs. En effet, l’électricité nucléaire est un sujet d’actualité permettant à notre pays d’être plus indépendant du point de vue de son énergie, c’est-à-dire qu’on ne puisse plus disposer de nous. Maintenant, notre préoccupation est comment finaliser notre programme électronucléaire (PEN) sur les problèmes de garanties et de risques.
Depuis le 1er novembre dernier le Niger est devenu un pays exportateur de pétrole brut. Quelle pourrait être la plus-value pour le pays ?
La mise en production de la phase II du bloc Agadem est une question de fierté légitime. Il est important de souligner que ce lancement est un moment historique pour notre pays, inscrivant le Niger parmi les pays exportateurs du pétrole brut. Ce qui semble être une bonne nouvelle. Je souhaite saisir cette occasion pour exprimer mes remerciements et ma gratitude à toutes les équipes qui ont contribué à un tel succès. De toute évidence, le pétrole brut est l’une des denrées les plus précieuses sur les marchés de la planète. Dans le même temps, les cours varient de jour en jour, et dépendent de toutes sortes de facteurs plus ou moins hors du contrôle des gouvernements et de l’industrie. Au nombre de ces facteurs : les taux de consommation et de production dans le monde, la santé générale de l’économie planétaire et la situation sociopolitique des pays acheteurs ou producteurs de pétrole et de ses dérivés. Difficile donc de déterminer le moment où l’on atteindra le point haut de la production. Sans aucun doute, si la demande venait à dépasser la capacité d’approvisionnement de l’industrie, il est probable que les prix connaissent une hausse. C’est à juste titre que cette phase promet de stimuler l’économie nationale pour contribuer à financer les projets de développement.
Le principal défi est de répondre aux préoccupations des consommateurs en agissant sur les prix du carburant, puisque la fermeture des frontières entre le Niger et le Bénin, n’a pas entravé le projet. Le pipeline, d’une longueur de près de 2 000 km, offrira à notre pays la possibilité d’exporter son pétrole brut sur le marché international, en utilisant le port de Sèmè, situé au Bénin. Dès lors, les caisses de l’État pourront connaitre une amélioration spectaculaire. Ce qui est sûr, cette situation créera de nombreux emplois directs et indirects pour les travailleurs d’autres industries et entreprises, contribuera à limiter l’immigration, stimulera les dépenses de consommation et exercera une influence indirecte sur d’autres secteurs de l’économie comme les infrastructures, la santé, l’éducation, l’agriculture, la recherche avec suffisamment de conviction. C’est dire que des signes de reprise économique sont visibles, ainsi qu’un soutien gouvernemental important pour atténuer les effets néfastes des sanctions. De ce point de vue, une croissance de l’emploi entraînera une hausse des dépenses, qui profiteront à d’autres secteurs de l’économie. Je suis convaincu que même si l’industrie pétrolière et gazière fait figure de nouvelle venue dans l’économie nigérienne, dans cette période de sanctions, elle en est vite devenue un élément clé de notre souveraineté, en témoigne la disponibilité et l’accessibilité des hydrocarbures partout au Niger.
Propos recueillis par Oumarou Moussa (ONEP)
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« Les Nigériens doivent désormais compter sur leur propre force dans le cadre de la relance économique à travers le développement à la base »
Très vite après les évènements du 26 juillet dernier et la reprise en main effective de sa propre destinée par le peuple souverain, certaines organisations régionales, sous la pression d’une puissance étrangère au continent, imposent des sanctions tous azimuts contre le Niger et son peuple. Contre toute attente, l’économie nigérienne montre une résilience satisfaisante face à ces actions hostiles qui ont pour but d’affamer les populations. Pour comprendre la résilience du pays et de son peuple, l’hebdomadaire Sahel Dimanche s’est entretenu avec Dr Siradji Chaiyabou, expert et consultant en économie et gestion des entreprises. Il est également coach en création et gestion des entreprises et membre de l’Union des consultants indépendants du Niger. Dr Siradji Chaiyabou est l’actuel Directeur Géneral de l’Institut IFAC et Président de l’association nigérienne des centres, écoles et instituts professionnels et techniques (ANCEIPT).
Docteur, depuis plus de trois mois, le Niger fait face à une série de sanctions adoptées par la CEDEAO, l’UEMOA et certains de ses alliés occidentaux. Comment s’organise aujourd’hui l’économie nigérienne ?
Ces sanctions prises par la CEDEAO, l’UEMOA et certains pays occidentaux sont d’ordre économique et financier. C’est une façon d’étouffer le Niger pays de l’Afrique de l’ouest à économie fragile suite à un coup d’Etat justifié et la prise de pouvoir par les militaires. Il me plait de rappeler l’objectif de la création de la CEDEAO, ainsi que de sa mission. Ainsi la CEDEAO aspire à promouvoir la coopération et l’intégration économique entre les pays membres. Partant de ce principe elle vise, à long terme, la création d’une fédération des Etats de l’Afrique de l’ouest avec un parlement, une cour de justice, un Secrétariat exécutif et un conseil économique et culturel. Dans cette perspective, les membres doivent accepter la suppression des droits et taxes à l’importation et à l’exportation, l’élimination des restrictions sur le commerce intracommunautaire, la mise en place progressive d’un tarif douanier et d’une libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux, l’harmonisation des politiques économiques, industrielles, agricoles, monétaires, et celles concernant les infrastructures. Elle a mission principale de promouvoir l’intégration économique notamment dans le domaine de l’industrie, le transport, les télécommunications, l’énergie, l’agriculture, les ressources naturelles, le commerce ainsi que les questions monétaires et financières, etc.
Sur le plan sécuritaire, de sa création en mai 1975, la CEDEAO a connu plusieurs dysfonctionnements, dont des cas de transition démocratique difficile en Guinée 2009 et en côte d’ivoire 2010, l’apparition de groupes terroristes qui constituent aux 21ème siècle la première menace sécuritaire de la région. Aussi, lorsqu’en 2012, différents groupes armés ont pris le contrôle du nord Mali, on a assisté à une réponse très lente de la part des Etats membres. Néanmoins un élan de solidarité a vu le jour. Ainsi des pays comme le Niger et le Tchad se sont battus aux côtés de l’armée malienne et de la France. Enfin, pour le cas du Nigéria, nous pouvons dire qu’aucune réponse militaire commune n’a été mise en place contre l’insurrection djihadiste du mouvement Boko Haram de 2009.
Paradoxalement nous assistons à un embargo sur les transactions commerciales que subit le Niger par certains pays de la CEDEAO et les avoirs du Niger se trouvant à la BCEAO sont gelés. Cela a provoqué une crise financière, une inflation sur le prix des produits de première nécessité et la rareté même de ces produits avec l’épuisement des stocks d’approvisionnement chez les grossistes. Face à cette situation notre première arme c’est le sacrifice que doit consentir tous les Nigériens dans la consommation des produits nationaux et le calcul des couts d’opportunité sur la consommation des autres produits venant de l’étranger, et à la recherche d’une solution pérenne afin d’assurer notre liberté et notre indépendance vis-à-vis de certaines menaces étrangères. Alors, le pays s’active, par la volonté de ses dignes patriotes, à trouver des solutions dans le domaine énergétique, tout en développant certaines activités agricoles et la production du riz du Niger, la recherche des nouveaux partenaires pour mener à bien la vente de nos ressources naturelles ainsi que pour d’autres transactions entre nos agents économiques résidents et non-résidents.
Quels sont les perspectives pour le pays au vu des actions de réorganisation entreprises pour aboutir à une gestion saine de la chose publique et des entreprises publiques et privées ?
Les perspectives sont de plusieurs ordres. Tout d’abord, il faut amener les Nigériens à une prise de conscience dans la mise en œuvre d’un système de création de richesse par la production nationale et la valorisation de nos ressources naturelles, ainsi que la gestion rigoureuse de nos entreprises publiques et privées. Le Niger doit développer des partenariats gagnants -gagnants à travers la diversification des partenaires. Il y’a lieu également de mettre en avant une politique protectionniste sur certaines productions locales afin d’encourager la consommation locale et de garantir l’indépendance économique.
Pour vous, quel(s) model(s) de gestion doit intégrer le pays et ses entreprises pour capitaliser l’expérience actuelle ?
Le Niger doit adopter un mode de gestion basé sur la planification des activités économiques. De façon spécifique, un changement de paradigme s’impose pour la production et la commercialisation des produits agricoles. Les Nigériens doivent désormais compter sur leur propre force dans le cadre de la relance économique à travers le développement à la base tout en évitant de se focaliser sur toute aide budgétaire sous contrainte.
Les nouvelles autorités ont créé un Fonds de solidarité chargé de mieux coordonner les contributions des populations en faveur des secteurs de la défense, de la sécurité, ainsi que de la réinstallation des déplacés internes. Ce Fonds « souverain » peut-il être présenté comme un exemple d’autofinancement du développement au Niger ?
A l’image des autres pays qui sont dans la même situation, comme le Mali et le Burkina, le fonds de solidarité peut être une solution car il doit servir d’un fonds d’aide, de solidarité envers les FDS, pour la relance des activités économiques et également pour le fonctionnement du budget de l’Etat et la création des revenus à certaines couches sociales défavorisées. Avec ce fonds, on peut soutenir le pouvoir d’achat de beaucoup de Nigériens issus de ces ménages de FDS tombées sur le champ d’honneur afin d’assurer les dépenses de souveraineté. Le fonds de solidarité vient en contribution pour renforcer la sécurité : il peut servir non seulement à entretenir nos forces de défense et de sécurité mais également à l’achat d’armements sophistiqués pour combattre sans grandes difficultés les ennemis du Niger.
Quelle peut être la contribution des experts et consultants indépendants nationaux dans la sauvegarde de la souveraineté du pays ?
La contribution des experts nigériens et consultants indépendants nationaux doit tout d’abord se faire sentir dans le cadre des réflexions à mener sur comment trouver des fonds d’investissement et la création des richesses à partir de nos propres matières premières. Ils doivent contribuer à rentabiliser la production agricole pour une production importante aboutissant à une économie d’échelle. Les experts et consultants indépendants doivent également penser à une contribution financière afin de participer à l’aide sociale à l’endroit de certaines couches vulnérables.
Quelle leçon faut-il tirer de l’expérience de la situation actuelle particulière sur le plan de l’approvisionnement du pays ?
Nous pouvons dire que cette situation peut être considérée comme un effet d’expérience et même d’apprentissage pour que dorénavant on assiste à un approvisionnement important en produits de première nécessité et la constitution d’un stock de sécurité abondant. Les Nigériens doivent cesser de croire à l’amitié de certains pays de la CEDEAO, mais également avec certains pays occidentaux, comme la France qui vient de nous prouver son fameux discours de tous les jours : la France n’a pas d’ami mais n’a que des intérêts.
Propos recueillis par Souleymane Yahaya (ONEP)
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« Nous demandons à tous les Nigériens de s’approprier ces installations surtout le pipeline qui traverse 5 régions de notre territoire sur plus de 1200 km »
Le lancement de la mise en production de la phase II du bloc d’Agadem est un moment historique pour le Niger qui sera désormais inscrit parmi les pays exportateurs du pétrole brut. Elle permettra à notre pays le Niger l’ouverture d’opportunités pour la création d’emploi à la jeunesse à travers des pôles d’activités économiques. Pour les communautés locales, la mise en production de la phase II du bloc d’Agadem aura certainement des impacts comme la connexion en énergie électrique pour développer les activités socio-économiques ; la construction des centres de santé ; l’approvisionnement en eau potable ; la construction des classes en matériaux définitifs. Dans cette interview, le directeur général des Hydrocarbures revient sur la portée historique de cet événement majeur ainsi que ses répercussions sur le plan économique et social.
Monsieur le directeur général, dans quelques instants les autorités nigériennes vont lancer officiellement la mise en production de la phase II du bloc d’Agadem, quelle signification revêt cet événement pour notre pays ?
En effet, je suis très fier de me tenir devant ce complexe gigantesque en compagnie des équipes avec lesquelles nous avons travaillé d’arrache-pied pendant trois (3) ans sinon plus, en collaboration avec nos partenaires de la CNPCNP pour faire naitre ce projet. C’est un projet gigantesque en ce sens qu’il est d’ailleurs le plus grand projet que nous réalisons au Niger. C’est un investissement de plus de six (6) milliards de dollars qui a généré des milliers d’emplois, d’où son impact sur le plan économique. C’est dire que l’événement est historique et je suis content que les autorités nigériennes puissent effectuer le déplacement de Koulélé pour l’inauguration officielle de la mise en production de la phase II du bloc d’Agadem, qui va désormais lancer notre pays sur une nouvelle aventure pétrolière. Le projet du boc d’Agadem a deux composantes majeures : la composante amont a consisté à forer et développer les différents puits qui vont assurer la production, réaliser les installations de surface et de production et la deuxième composante qu’est le pipeline dont le rôle principal est de transporter les quantités produites du pétrole brut d’Agadem au port de Semé (Benin). Ces deux travaux ont généré plus de 10.000 emplois (9.000 emplois sur la partie amont et 2.500 emplois sur la partie pipeline). Plus de 400 sociétés locales qui ont eu des contrats de sous-traitance pour un volume cumulé de plus de 700 millions de dollars.
La production du pétrole brut obéit à un processus de traitement pour s’assurer de la qualité du produit final, est-ce que toutes les étapes du processus sont scrupuleusement respectées afin que le pétrole brut nigérien soit compétitif sur le marché international ?
De 2008 à nos jours, le Niger a beaucoup appris de l’exploitation pétrolière. L’administration en charge du pétrole que nous représentons a beaucoup œuvré main dans la main avec nos partenaires pour que la qualité de la production et la qualité du produit soient assurées. Aujourd’hui, on peut dire sans hésitation au peuple nigérien que nous sommes en mesure de certifier que toutes les opérations réalisées sur les sites d’Agadem concourent à la préservation des intérêts de l’Etat du Niger. Nous donnons cette assurance parce que nous travaillons étroitement avec nos partenaires pour la qualité du travail accompli. Nous avons en permanence des agents sur le terrain, que ça soit en phase de construction ou en phase d’exploitation. A titre illustratif, sur le site de la station CPF de Koulélé, nous aurons en permanence sept (7) agents de l’Etat sur différents points stratégiques qui vont assurer les contrôles essentiels. Des inspecteurs pétroliers ont été formés par l’Etat. Ces inspecteurs ont été certifiés au plan international avec toutes les compétences pour superviser le processus de bout en bout. Actuellement, nous avons des opérations de métrologie qui sont en cours par l’Agence Nationale de Normalisation, de la Métrologie et de la Certification. Ce sont eux qui vont donner le quitus pour dire que les compteurs qui vont déterminer les quantités qui passent pour la commercialisation donnent les valeurs exactes. L’agence en a les compétences nécessaires pour la réalisation de travail. C’est dire que l’Etat sera le garant de toutes les opérations qui se font au niveau d’Agadem.
Sur les différents sites du bloc d’Agadem, les employés nigériens travaillent aux cotés des expatriés chinois de la société CNPCNP, quelles sont les dispositions qui ont été prises pour protéger l’emploi des Nigériens et améliorer leurs conditions de vie et de travail sur le terrain ?
Dans le cadre de la protection et de l’amélioration des conditions de vie des travailleurs sur les sites du bloc d’Agadem, plusieurs réformes ont été engagées depuis deux (2) ans. Vous pouvez d’ailleurs discuter avec les différents travailleurs de la CNPCNP pour en savoir plus. Nous sommes en train de travailler sur le transfert de compétences qui passe par la promotion des Nigériens. Ceux-ci ont de plus en plus des qualifications précises pour la protection de leur emploi. Il y’a des Nigériens dans cette phase II de la mise en production du bloc d’Agadem, qui vont être des superviseurs de site ; des supers intendants ; des responsables sur différents sites. Ce sont des discussions fermes que nous avons eu avec nos partenaires et nous avons pu obtenir cette implication des Nigériens. En ce qui concerne le coté recrutement, nous avons beaucoup amélioré le recrutement des Nigériens. A ce niveau, la plupart des opérateurs seront locaux et d’ici un (1) an, l’ensemble des opérateurs vont être Nigériens. Voilà entre autres des résultats tangibles auxquels nous sommes parvenus.
Comment se porte aujourd’hui le partenariat entre le Niger et la Chine par rapport à l’exploitation pétrolière ?
Ce partenariat est excellent. Aujourd’hui, la Chine est un partenaire privilégié pour le Niger dans le domaine de l’économie en général et dans le secteur pétrolier en particulier. La mise en production de la phase II vient consolider la phase I qui a démarré en 2011. Elle vient renforcer la position du Niger sur l’échiquier pétrolier international. Je tiens à dire que cette production qui passe à 110.000 barils par jour garantit à notre pays un niveau qui va au-delà de certains pays qui sont membres de l’Organisation des Pays Exportateurs du Pétrole (OPEP). Il faut que cela soit compris par les Nigériens. C’est un grand pas que nous faisons et nous avons d’autres projets qui seront développés avec notre partenaire chinois. Nous sommes confiants sur le fait que cette aventure ne fait que démarrer.
Lorsque le pétrole brut nigérien sera acheminé à travers le pipeline export jusqu’au port de Semé au Bénin, comment va s’effectuer la commercialisation ?
Je tiens à apporter cette nuance pour que les Nigériens comprennent le rôle de chacun. Nous sommes partenaires avec la CNPCNP avec laquelle nous travaillons sur ce projet. Mais c’est le Niger qui est producteur et qui a la propriété du pétrole brut. En effet, la société WAPCO à qui, l’Etat a confié à travers une autorisation de transport intérieur, la charge de construire et d’exploiter le pipeline n’est qu’un transporteur. Lorsque nous produisons, la société WAPCO va juste se charger de prendre le pétrole brut à partir de la station initiale de Koulélé pour l’amener à Semé au Bénin. Le travail de cette société est terminé à partir du port. C’est le Niger qui, étant producteur, va se charger de la gestion de la commercialisation du pétrole brut. A cet effet, il y a lieu de préciser que tous les mécanismes juridiques sont en train d’être gérés entre les trois parties. L’Etat du Niger connait ses quantités. Sur une production totale de 100.000 barils, nous avons les différentes taxes qui sont prélevées ; la part de notre participation dans le consortium. Ses quantités sont très bien connues et déterminées. Bref, tout le mécanisme de commercialisation est en train d’être déployé pour que l’Etat puisse tirer le maximum de bénéfice de cette commercialisation.
Quel message avez-vous à lancer à l’endroit de la population nigérienne à cette étape qui vient d’être franchie dans le domaine pétrolier ?
Le premier message adressé aux populations nigériennes, c’est d’être fières que nous puissions arriver à cette étape extrêmement importante dans l’histoire de l’exploitation pétrolière au Niger en dépit de toutes les contraintes auxquelles notre pays est exposé, particulièrement en cette période. Nous tenons par ailleurs à assurer les populations du Niger que toutes les dispositions sont prises par les autorités pour que cette ressource puisse profiter au maximum des Nigériens. C’est pourquoi, nous demandons à tous les Nigériens de s’approprier ces installations surtout le pipeline qui traverse notre territoire sur cinq (5) régions sur plus de 1200 km.
Hassane Daouda (ONEP), Envoyé Spécial
Source : https://www.lesahel.org/
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Le Samedi 23 septembre 2023, les autorités Nigériennes ont lancé une caravane nationale de vaccination Zoo-sanitaire. Cette activité s’inscrit dans le cadre de la réforme des activités de l’édition 2023 de la Cure Salée dont la tenue effective n’a pas été possible à cause principalement de la mauvaise campagne hivernale cette année. Ainsi, c’est dans le souci d’accompagner la résilience des éleveurs pasteurs et de préserver la santé du cheptel que cette caravane a été initiée par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie et le Gouvernement de Transition. Dans cet entretien réalisé à l’occasion du lancement de cette caravane à Ingall, le Président du Collectif des Associations Pastorales du Niger M. Boubacar Moussa a salué l’initiative et la tenue de cette activité, mais aussi formulé des recommandations dans le sens d’inviter le Gouvernement à accompagner davantage le monde pastoral. Le Président du Collectif n’a pas aussi perdu de vue le contexte actuel de notre pays.
Monsieur le président comment se portent les organisations pastorales au Niger ?
Les organisations pastorales au Niger essayent de jouer leurs rôles sur le terrain malgré le retrait ou le blocage de la plupart des partenaires financiers d’une part et d’autre part à cause des sanctions économiques imposées à notre pays à la suite des évènements du 26 juillet 2023. Malgré ces difficultés, le Collectif des Associations Pastorales du Niger (CAPAN) a, comme d’habitude, marqué de sa présence ce lancement de la campagne de vaccination Zoo-sanitaire ici à Ingall dans la région d’Agadez avec ses propres fonds.
Monsieur le président, cette année dans le cadre de la Cure Salée, le Gouvernement a apporté des reformes par l’initiation d’une caravane nationale de vaccination et de dépistage gratuit du cheptel. Plusieurs paramètres expliquent en effet cette réforme dont principalement la mauvaise campagne hivernale (une année très déficitaire dans la région d’Agadez). Comment les organisations pastorales ont-elles accueilli cette initiative ?
Les organisations pastorales ont favorablement accueilli cette façon de célébrer la Cure Salée compte tenu de la situation politique actuelle de notre pays mais aussi de la situation pastorale critique des régions d’Agadez et de Diffa. Cette initiative de lancer la caravane nationale de vaccination et dépistage du cheptel depuis Ingall est aussi bien accueillie par les organisations pastorales du Niger car elle met en avant la santé animale et à l’échelle de toutes les régions concernées. Nous encourageons cette manière de célébrer la Cure Salée et demandons que la vaccination et le dépistage soient élargis à d’autres maladies et à toutes les régions du pays pour une meilleure santé animale au Niger.
Monsieur le président vous avez pris part effectivement au lancement de cette caravane à Ingall. Quelles sont les principales attentes des éleveurs pasteurs aujourd’hui dans le cadre de cette caravane ?
Les principales attentes des éleveurs pasteurs sont que cette caravane de vaccination et dépistage puisse atteindre tous les éleveurs sans distinction aucune et quelle que soit leur position géographique dans les régions concernées c’est à dire Tahoua, Agadez, Maradi, Zinder et Diffa.
Monsieur le président l’une de vos missions c’est la défense des droits et intérêts des éleveurs pasteurs et de l’élevage au Niger. A ce sujet, vous avez évoqué la révision de la loi 61/005 du 26 mai 1961, peut-on savoir les raisons ou les motivations d’une telle option ?
La loi 61/005 du 26 mai 1961 avait tracé la limite nord des cultures de Ouallam (région de Tillabéri) à N’guigmi (région de Diffa) en passant par les régions de Tahoua, Maradi et Zinder. Aujourd’hui force est de constater que cette zone pastorale ainsi délimitée est largement envahie par le désert au nord et par les champs au sud sans parler de l’obstruction voire l’occupation des couloirs de passage et aires de repos des animaux dans la zone agricole. Face à cette situation, les éleveurs pasteurs qui possèdent des grands troupeaux sont de plus en plus obligés de se naturaliser avec leurs animaux dans les pays voisins qui sont de plus en plus exigeants. Cela constitue une grande perte pour l’économie Nigérienne. C’est pourquoi, la solution à ce véritable problème est, à notre avis, la révision de cette loi 61/005 du 26 mai 1961 dans l’intérêt de l’élevage et de l’économie du Niger.
Notre pays s’est engagé dans un processus de sa refondation depuis le 26 juillet 2023 sous la conduite du CNSP et du Gouvernement de Transition. Comment les organisations pastorales ont-elles accueilli cette action et quelle sera la contribution et le rôle des organisations pastorales pour la sauvegarde de la Patrie et l’indépendance réelle de notre pays ?
Les organisations pastorales membres du Collectif des Associations Pastorales du Niger (CAPAN) ont déjà pris position à travers un point de presse que j’ai moi-même animé le 13 Août 2023 à notre siège à Niamey. Point de presse au cours duquel nous avons pris acte du renversement du régime par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), dénoncé les sanctions économiques imposées au Niger et condamné l’attitude belliqueuse de la CEDEAO et ses alliés. Donc nous sommes pour la vraie indépendance de notre cher Niger. Les organisations pastorales sont plus que jamais déterminées à travailler pour garantir la souveraineté du peuple et une vraie indépendance du Niger.
Propos recueillis par Ali Maman ONEP/Agadez
Source : https://www.lesahel.org
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« En tant qu’IOB, je vais travailler activement à élargir l’accès au financement pour un éventail plus large de Nigériens, y compris les particuliers et les entreprises » M. Yayé Hima Hamani Intermédiaire en Opération de Banque
En quoi consistent vos missions en tant qu’Intermédiaire en Opération de Banque (IOB) ?
Je tiens à exprimer ma gratitude pour cette opportunité qui m’est offerte d’apporter des éclaircissements à vos lecteurs sur l’intermédiation en opération de banque. La mission principale de l’Intermédiaire en Opérations de Banque consiste à faciliter les opérations de banque entre les institutions financières ou établissements bancaires et les clients. « Un IOB est une personne physique ou morale autre qu’un établissement de crédit qui, à titre habituel, comme activité principale ou accessoire, met en rapport un établissement de crédit avec la clientèle en vue de la conclusion d’opérations de banque». Vous comprenez dès lors que nous proposons, conseillons et assistons des clients dans la recherche, la négociation ou la réalisation d’opérations de banque sans être un établissement bancaire en tant que tel. Il s’agit d’activités de recherche de financement et de négociation, que ce soit dans le cadre des banques commerciales traditionnelles ou du système bancaire islamique. Ces activités visent à aider nos clients à trouver les solutions de financement qui leur conviennent le mieux, tout en permettant aux institutions financières d’atteindre leurs objectifs commerciaux. En général, les clients « Entreprises » ou « Corporates » ressentent davantage le besoin d’être accompagnés par les IOB que les particuliers, car ils sont plus axés sur des crédits d’investissement que sur des crédits de consommation.
Pouvez-vous retracer les grandes étapes de votre parcours professionnel qui ont précédé l’obtention de cet agrément ?
Mon parcours professionnel a été jalonné de plusieurs étapes significatives. Après avoir terminé mes études supérieures, j’ai eu l’opportunité de participer à un programme de stage de formation au sein du Fonds Africain de Garantie et de Coopération Économique (FAGACE), une institution financière internationale spécialisée dans la promotion des investissements publics et privés, basée à Cotonou, au Bénin. C’est là que j’ai consolidé ma décision de poursuivre une carrière dans le domaine bancaire. Pendant ce stage, j’ai été encadré par des experts financiers très rigoureux qui, sans le savoir peut-être, m’ont transmis les compétences essentielles d’un banquier modèle. Travailler aux côtés de ces professionnels venus de divers pays et partageant une même exigence de professionnalisme a été une source d’inspiration pour des jeunes aspirant à une carrière financière.
À mon retour au pays, j’ai été chaleureusement accueilli par les banques, et j’ai débuté ma carrière à la Sonibank. Rapidement, j’ai compris que cumuler différentes expériences dans le secteur financier serait un atout précieux pour gravir les échelons. Même si mon parcours suscitait parfois des interrogations, mes objectifs étaient clairs. J’ai alors décidé de changer d’institution et de rejoindre une banque de groupe, plus précisément la filiale nigérienne d’ECOBANK, où j’ai travaillé pendant une dizaine d’années. Ensuite, j’ai eu l’opportunité de vivre une expérience d’assistance technique dans le secteur de la microfinance au Niger pendant deux ans. Cette expérience m’a éclairé sur les approches du microcrédit et de l’éducation financière, des compétences qui me sont aujourd’hui très utiles. Après cette période, j’ai rejoint la Banque Islamique du Niger, où j’ai occupé des postes de responsabilité jusqu’au 31 décembre 2021.
Pendant toutes ces années dans le secteur bancaire, je n’ai jamais abandonné ma passion pour la formation et l’enseignement. En tant que professionnel, j’ai toujours trouvé le temps d’animer des sessions de formation, aussi bien au Niger, au sein d’instituts et d’universités publics et privés, que dans toute la région de l’Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA). J’ai été recruté en tant que formateur par Finance sans Frontières au Togo et par le Bureau d’Information sur le Crédit (BIC) en Côte d’Ivoire, ce qui m’a conduit à dispenser des formations dans plusieurs pays de l’UMOA. Enfin, j’ai également été impliqué dans des projets de développement économique en tant que consultant financier, inscrit sur la liste des consultants de la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) depuis 2014. L’ensemble de ces expériences variées a, sans aucun doute, facilité l’examen favorable de ma demande d’autorisation d’habilitation en tant qu’IOB par les équipes de la BCEAO.
Comment a été perçue votre nomination en tant que premier Nigérien inscrit sur la liste des IOB agrées par la BCEAO au niveau de vos collègues et les acteurs du marché ouest-africain ?
Ma nomination en tant que premier Nigérien inscrit sur la liste de la BCEAO sous le Numéro NIG/00001/IOB/2023 a été accueillie avec enthousiasme tant dans le milieu bancaire nigérien, que par les acteurs du marché ouest-africain. Elle a été perçue comme une reconnaissance de mon dévouement envers le secteur financier et de ma capacité à apporter une contribution positive à l’amélioration du financement de l’économie nigérienne. Mes collègues ont exprimé leur fierté et leur confiance envers mon expertise, considérant que cette réalisation ouvrait la voie à une plus grande accessibilité aux services financiers pour les Nigériens. Les acteurs du marché ouest-africain ont également manifesté un vif intérêt pour cette nomination, y voyant une opportunité de renforcer les liens financiers et économiques au sein de la région. Par exemple, nous avons reçu des félicitations de la part de certains hauts dirigeants de banques renommées de Niamey. De même, plusieurs IOB de la sous-région ont exprimé leur joie en m’accueillant chaleureusement dans le cercle des professionnels agréés, manifestant ainsi leur intérêt pour une future collaboration et un échange d’expériences. Je tiens également à exprimer ma gratitude envers toutes les autres associations du Niger auxquelles nous sommes affiliés, telles que l’Ordre des Experts et Consultants pour l’Afrique (ODECA) continental et la Confédération Internationale des Diplômés de l’ITB (CIAD-ITB). Bien que je ne puisse pas les nommer individuellement, je tiens à les remercier sincèrement par le biais de vos colonnes.
Pourquoi les taux d’intérêt et les coûts d’assurance associés aux crédits au Niger sont-ils souvent perçus comme élevés ?
Le taux d’intérêt est le prix du loyer de l’argent. C’est le prix qu’il faut payer pour emprunter de l’argent, c’est aussi le prix que l’on reçoit quand on prête de l’argent. Ceci s’exprime sous forme de taux. Sachez que pour notre zone les banques ne fixent pas ses taux par leur propre volonté. C’est le taux directeur de la BCEAO qui sert de base à la fixation des taux pour les banques.
Les taux d’intérêt élevés et les coûts d’assurance associés aux crédits au Niger peuvent s’expliquer par plusieurs facteurs : Risques élevés : Le secteur financier peut être confronté à des risques élevés, ce qui peut se traduire par des taux d’intérêt plus élevés pour compenser ces risques. Coûts opérationnels : Les institutions financières doivent couvrir leurs coûts opérationnels, ce qui peut influencer les taux d’intérêt. Le manque de concurrence dans le secteur financier peut limiter les incitations à réduire les taux d’intérêt. La réglementation financière peut également avoir un impact sur les taux d’intérêt et les coûts d’assurance. En tant qu’IOB, l’une de mes missions est de travailler avec les institutions financières pour identifier des solutions de financement plus abordables pour les clients, tout en garantissant que ces solutions soient viables pour les prêteurs.
Quels sont les défis majeurs que vous envisagez de relever en tant qu’IOB pour apporter votre contribution à l’amélioration du financement de l’économie au Niger ?
En tant qu’IOB, les défis peuvent être importants pour contribuer à l’amélioration du financement de l’économie au Niger. Certains de ces défis incluent pour le secteur financier, l’éducation financière est essentielle pour aider les clients à comprendre les produits financiers et à prendre des décisions éclairées. On pourrait travailler avec les institutions à promouvoir l’éducation financière parmi les clients. En ce qui concerne l’accès au financement, nous pouvons garantir une équité d’accès au financement pour tous les segments de la clientèle représente un défi essentiel. De plus, il serait opportun de promouvoir l’expansion de l’accès au financement, en mettant particulièrement l’accent sur les secteurs stratégiques de l’économie qui éprouvent actuellement des difficultés à obtenir des financements, notamment les très petites et moyennes entreprises (TPME). Il pourrait être envisagé d’instaurer un programme structuré, impliquant des levées de ressources pour les banques en collaboration avec des bailleurs de fonds engagés dans cette démarche. Le secteur financier est soumis à des réglementations strictes. On pourra donner des conseils pour que toutes les transactions soient conformes aux lois et aux réglementations en vigueur. Le secteur financier est en constante évolution. Il faudrait être à jour avec les dernières innovations pour offrir les meilleures solutions à mes clients.
En tant qu’IOB, je peux aider l’État à mobiliser des ressources financières en facilitant la négociation de prêts et le placement d’obligations sur les marchés financiers. Le financement islamique sous forme de SUKUK aussi pourrait être envisagé. Et comme conseils en gestion de la dette on pourra guider l’État sur la structuration de sa dette, en optimisant les conditions de remboursement et en minimisant les coûts.
Quel est l’impact que votre accréditation d’IOB apportera au Niger et au secteur bancaire en général ?
Très modestement ceci pourrait contribuer à améliorer l’accessibilité au financement. En tant qu’IOB, je vais travailler activement à élargir l’accès au financement pour un éventail plus large de Nigériens, y compris les particuliers et les entreprises. Cela permettra de stimuler l’activité économique en favorisant la croissance des petites et moyennes entreprises et en facilitant l’accès à la propriété pour les citoyens. Nous pouvons contribuer à former les jeunes banquiers avec l’Investissement dans le capital humain. En effet l’investissement dans le capital humain est prioritaire pour l’ensemble de l’industrie bancaire au Niger. Il ne faut jamais penser faire des économies sur les formations du personnel. Aujourd’hui les investissements sur le capital humain ont un impact direct sur la productivité, la qualité de service, la réduction d’erreurs opérationnelles, l’adaptabilité des agents aux changements, et même la réduction du turnover.
Aussi s’agissant du renforcement de la conformité, en travaillant en étroite collaboration avec les institutions financières, on pourrait contribuer à renforcer la conformité à la réglementation financière et à promouvoir une culture de transparence et d’intégrité au sein du secteur bancaire. L’IOB apporte une perspective nouvelle et une agilité dans le secteur bancaire. On va encourager l’innovation dans la prestation de services financiers, y compris l’adoption de technologies financières, pour améliorer l’efficacité et la commodité pour les clients.
En stimulant la concurrence et en favorisant des conditions plus équitables pour les emprunteurs, on pourrait contribuer à rendre le secteur bancaire nigérien plus compétitif et à encourager les institutions financières à offrir des produits de meilleure qualité. Nous devons participer en tant qu’IOB à l’intégration régionale. En tant que professionnel agréé, on pourrait faciliter les transactions transfrontalières et en favorisant les investissements étrangers au Niger. Mon accréditation témoigne de mon engagement envers l’éthique et l’intégrité professionnelles. Cela contribuera à renforcer la confiance des clients et des investisseurs dans le secteur financier nigérien. En résumé, cette accréditation en tant qu’IOB apportera une contribution significative à l’inclusion financière, à la croissance économique et au développement du secteur bancaire au Niger, tout en favorisant la stabilité et la confiance dans le système financier. Aujourd’hui quelle que soit sa position on doit contribuer à l’effort de construction national. A l’heure actuelle la notion de patrie est une valeur irremplaçable. Pour paraphraser ce proverbe (luluwa) du Congo (Ex Zaïre) « Mon pays je l’aime, même s’il y sévit la famine ». Le Niger je l’aime pour l’honneur de la patrie !
Propos recueillis par Aïssa Abdoulaye Alfary (ONEP)
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« Au lieu que l’urbanisation court derrière l’urbanisme, c’est plutôt l’urbanisme qui court derrière l’urbanisation à Niamey »
Monsieur Younoussa, la ville de Niamey connait une urbanisation incontrôlée qui n’est pas sans conséquences sur la gestion urbaine de la ville, comment vous appréhendez cette problématique ?
Avant de rentrer dans le vif du sujet, permettez-moi d’abord de définir ce que c’est l’urbanisation qui est un processus de développement des villes et de concentration des populations dans celles-ci. Niamey, comme vous l’avez dit, connait certes une multiplication sans précédent des quartiers. On n’a pas besoin de sortir de chez soi pour constater la façon dont la ville de Niamey s’étend. Lorsque qu’on retourne un peu en arrière, jusqu’en 1995, la ville de Niamey ne dépassait guère la ceinture verte. Le premier projet de dépasser la ceinture verte, c’était le projet de Niamey 2000 initié sous le régime d’Ibrahim Baaré Mainassara. Le projet d’une cité Niamey 2000 avait pour objectif primordial de répondre aux préoccupations des futurs demandeurs en logement. C’est dire que jusqu’en 1999, la ville de Niamey n’était pas encore sortie de la ceinture verte. Depuis lors, on a l’impression que c’est une carte blanche qui a été donnée aux gens de se lancer dans la quête effrénée du toit. Le premier lotissement du projet Niamey 2000 a aiguisé les ardeurs d’un certain nombre d’acteurs en l’occurrence les lotisseurs privés qui se sont vus attribuer des agréments, tantôt sans que certains ne remplissent les critères définis en la matière. Ces nouveaux acteurs n’avaient pas tenu compte des facteurs qui permettent de réaliser un lotissement.
Justement qu’est ce qui est exigé par la réglementation en la matière ?
Pour opérer un lotissement, il convient d’abord de conduire une étude pour voir les besoins de la population donnée afin de dégager les besoins à court, moyen et long terme. Mais avec l’avènement des lotisseurs privés, on assiste à un lotissement sans pourtant aménager et viabiliser l’espace, encore moins s’assurer de mesures d’accompagnement notamment les services sociaux de base (l’eau, l’électricité, les caniveaux etc.). Il est bien vrai que la population des villes a augmenté même si cela est insignifiant lorsqu’on essaie de faire le ratio. Cet agrandissement de la ville n’est pas sans conséquences sur la capitale. En outre, tant que la ville s’accroit, il va de soi qu’il ait des gens qui ne vont pas rester en centre-ville par manque de moyens. Ces derniers vont se déplacer pour s’installer dans leurs propres parcelles. Et du coup, on est obligé de les compter parmi les citoyens de la ville. Comment maintenant accompagner tout ce beau monde qui s’est installé à la périphérie de Niamey sur leur propre terrain ? Il y’a lieu de voir le coût de transport, les mesures d’accompagnement (l’eau, l’électricité, l’aménagement des voies). Malheureusement lorsqu’on fait le tour de ces quartiers périphériques, on se rend compte que les infrastructures n’accompagnent pas cet agrandissement de la ville. Niamey s’est agrandie à travers les lotissements privés opérés par les agences immobilières sans que les mesures de base n’accompagnent cela. L’absence de ces mesures constitue un véritable frein au développement d’une communauté donnée. Bref, au lieu que l’urbanisation court derrière l’urbanisme, c’est plutôt l’urbanisme qui court derrière l’urbanisation à Niamey.
L’essentiel des problèmes de la ville de Niamey sont liés à la planification et à l’aménagement urbain de la ville, quelles sont aujourd’hui les pistes de redressement possible pour donner à notre capitale la dimension d’une ville vitrine ?
Même les quelques bases qui servent de premiers cercles de la ville de Niamey jusqu’à la ceinture verte, c’était dû au premier schéma directeur de la ville de Niamey qui était réalisé en 1984 et qui a atteint ses limites en 1996. C’est ainsi qu’à la même année, le régime d’alors avait demandé qu’une étude soit réalisée dans la perspective de faire un lotissement. Malheureusement, depuis ce temps-là, il n’y avait pas eu une étude de planification sur la ville de Niamey, ni un plan de référence urbaine, ni un schéma directeur. Toutefois, en 2005 il y avait eu une ébauche d’étude de plan urbain de référence qui, malheureusement n’avait même pas vu le jour parce qu’avant même qu’on ne finisse, l’étude était déjà dépassée par les dimensions de la ville. La capitale Niamey a continué sa progression sans aucune étude de planification parce que l’Etat avait décerné des agréments à des lotisseurs privés qui ont systématiquement procédé aux lotissements de l’ensemble des terrains appartenant à la ville de Niamey, mais au-delà même pour grignoter dans les communes environnantes.
Dans le cadre de la maitrise de l’urbanisation d’une ville, il est indispensable d’avoir un schéma d’aménagement urbain, quand n’est-il vraiment de notre capitale Niamey ?
Un schéma directeur est un outil de planification qui fixe les grandes orientations d’une ville, c’est-à-dire la répartition de différentes zones à savoir les zones d’habitations, les zones d’aménagement concerté, les zones industrielles et la voirie. Bref, un schéma directeur dégage tout ce qui est orientation du développement de la ville. C’est sur la base de ce schéma que les autorités locales doivent se baser pour le développement physique de la ville. Le schéma donne une claire vision de ce qui est prévu à tel endroit ou à tel niveau de la ville.
La problématique de l’hygiène et assainissement est toujours d’actualité à Niamey, alors que la ville a bénéficié d’énormes investissements ces dix dernières années qui n’ont pas véritablement endigué le problème. En tant que technicien comment expliquez-vous cette situation ?
Lorsqu’on essaie un peu de faire du recul sur les dix dernières années ou un peu plus, il y’avait eu beaucoup d’investissements dans tous les centres urbains du Niger dont Niamey. Mais malheureusement, on constate que beaucoup reste à faire parce qu’il n’y avait pas eu d’études au préalables. S’il y avait un schéma qui orientait les investissements, on pouvait savoir qu’est-ce qu’il faut faire et de façon prioritaire. On a juste agi selon ce qu’on veut et qu’on voit. A titre illustratif, lorsqu’on prend le domaine des infrastructures urbaines et routières. Au lieu de faire assez de routes pour la ville de Niamey, les autorités d’alors se sont permises de réaliser des ouvrages d’art tels que les échangeurs qui, non seulement ne sont pas des échangeurs par définition et ne répondent même pas aux critères d’un échangeur. Par définition, un échangeur est un dispositif de raccordement de plusieurs voies ou de routes sans intersection, c’est-à-dire sans arrêt. Malheureusement, ce que nous avons dans la ville de Niamey ne répond pas à cette définition dans la mesure où il n’y a pas un échangeur à Niamey où lorsque vous êtes dessus, vous n’allez pas freiner avant de descendre. C’est dire que les infrastructures de Niamey qu’on qualifie d’échangeur ne jouent pas le rôle de ce dispositif de raccordement d’une panoplie de voies ou de routes. Certes on voit que des investissements ont été réalisés à Niamey. Mais le problème, c’est qu’ils n’ont pas été bien faits. Les échangeurs dans la ville de Niamey ne sont que des prouesses architecturalement parlant, mais des catastrophes urbanistiques. Ils ne répondent pas aux attentes des populations de la ville de Niamey parce qu’ils n’ont pas réglé le problème de mobilité urbaine. En dehors des échangeurs, il n’y avait pas eu assez d’investissements dans le domaine de l’hygiène et d’assainissement à Niamey. Or, la ville de Niamey a besoin plus de l’assainissement que d’infrastructures routières.
Quels rôles les ingénieurs architectes, urbanistes et les aménagistes ont joué dans le cadre du processus d’urbanisation de la ville de Niamey ?
Les acteurs des BTP ont pour rôle, en fonction de la position qu’ils occupent, de conseiller et d’alerter. C’est ce que nous avons fait de tout temps. Nos confrères qui sont dans l’administration, je ne sais pas à leur niveau ce qu’ils ont pu faire parce que je ne suis pas dans l’administration publique. Mais des informations qui nous parviennent, ils disent qu’ils font de leur mieux. Quant aux acteurs qui sont dans le secteur privé, vous le constatez tout le temps à travers les médias qu’ils attirent l’attention des techniciens du public et des autorités. Nous mettons aussi l’opinion nationale à témoin de ce qui se passe. Notre rôle est d’informer et d’attirer l’attention des gouvernants par rapport à un certain nombre d’enjeux résultant du manque d’étude sur la gestion d’une ville. Ce rôle, nous l’avons toujours joué.
Quels sont les enjeux du processus d’urbanisation dans la ville de Niamey ?
A l’heure actuelle, la ville de Niamey connait un sérieux problème parce qu’elle s’est bien étalée au point qu’on ne sait même pas où sont les limites de la ville de Niamey. Il n’y pas un seul côté où Niamey n’a pas grignoté dans les communes voisines. La vraie urbanisation consiste à un développement de la ville avec des concentrations. La ville de Niamey s’est accrue sans peuplement ou concentration humaine. L’agriculture périurbaine ne pouvait plus se faire comme on le souhaite parce qu’on a loti les terrains. Les municipalités n’ont pas aussi les moyens nécessaires pour accompagner les habitants de la ville qui souffrent dans certains quartiers, du manque d’eau potable et d’électricité. Les services en charge de ces questions ne peuvent pas éteindre leur réseau jusqu’à ces populations qui sont à l’autre bout de la ville. En plus, il y a des zones qui sont même inaccessibles : pas de voie d’accès, ni en bitume ni même en latérite. Les voies qui mènent dans ces zones sont à l’état naturel. Il suffit d’une petite pluie, les habitants de plusieurs quartiers sont coupés du reste de la ville. En saison sèche, il y a aussi le sable qui ne permet pas l’accès facile à certaines zones. C’est dire qu’on assiste à Niamey à une urbanisation galopante, incontrôlée, sans compter la problématique de l’assainissement.
Quelles peuvent être les pistes de solutions pour redresser la barre et réussir un processus d’urbanisation dans la capitale ?
La principale piste de solution pour cette urbanisation galopante, c’est d’abord commanditer une étude qui permet de doter la ville de Niamey d’un outil de planification, un schéma directeur d’aménagement. J’ai vu que les autorités centrales ont commencé au niveau du Ministère de l’Urbanisme en lançant des concours. Cela est déjà une bonne chose si les autorités arrivent à aller jusqu’au bout. Seule l’étude permet de savoir qu’est-ce qui est prioritaire, qu’est-ce qui ne l’est pas et comment agir ? C’est dans cette étude qu’on aura forcément une analyse diagnostique et d’ébauche de solutions. En attendant l’outil de planification, les autorités municipales peuvent, ne serait-ce que, en cette saison de pluie soulager les populations en essayant de faire ressortir les pentes dans les quartiers où les eaux pluviales peuvent s’écouler pour aller se déverser dans le drain naturel. Au niveau des endroits qui sont devenus des cuvettes, il s’agit d’essayer de curer toute l’eau pour verser de la latérite afin d’aménager les grandes voies pénétrantes dans les quartiers. Cette action permettra aux habitants d’accéder à leur quartier sans difficulté.
Réalisée par Hassane Daouda (ONEP)
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« La France ne tient sa position de puissance mondiale que par la domination et l’influence qu’elle exerce sur nos pays qui lui permet un accès gratuit à nos ressources naturelles »
Le 1er septembre dernier vous avez organisé un sit-in au niveau du rond-point Escadrille, qui, il faut le rappeler, a drainé une foule importante. Parlez-nous de vos stratégies mises en place à cet effet ?
La lutte pour notre souveraineté, notre liberté et notre dignité a une portée nationale et doit par conséquent impliquer toutes les forces vives de la nation. C’est pourquoi, nous avons opté pour une approche inclusive et participative de toutes les différentes composantes de notre nation. De ce fait, le Cadre Unique d’Actions des Forces Vives du Changement – CUAFVC regroupe en son sein des leaders religieux, politiques, scolaires, de la société civile et des opérateurs économiques. Ainsi, lors de nos différents appels à manifestation, nous privilégions particulièrement une stratégie de proximité consistant à ce que chaque leader membre du cadre s’adresse particulièrement à une catégorie de citoyens chez qui il jouit d’une certaine notoriété.
Mais au-delà de toute considération, il est important de reconnaître que les événements du 26 juillet 2023 ont favorisé un élan patriotique au sein des populations qui nous facilite largement la mobilisation. En effet, l’avènement du CNSP au pouvoir est un ouf de soulagement pour l’écrasante majorité des Nigériens en témoigne les manifestations spontanées de soutien partout au Niger.
Votre cadre ne faiblit point en organisant des manifestations populaires par ci par là. Vous comptez appeler les populations à un sit-in géant le vendredi 15 juin. Comment se déroule les préparatifs pour ce grand rassemblement ?
La France, l’ennemi de notre souveraineté, de notre liberté et de notre dignité mène en ce moment et sur nos terres une lutte de survie. Aujourd’hui, ce n’est un secret pour personne que la France ne tient sa position de puissance mondiale que par la domination et l’influence qu’elle exerce sur nos pays qui lui permet un accès gratuit à nos ressources naturelles dont la plus stratégique est l’uranium. Et au vu de l’activisme des autorités françaises qui ont mis en contribution leurs réseaux d’influence pour punir le peuple nigérien à travers des sanctions illégitimes et inhumaines de la CEDEAO et certaines organisations internationales, nous pouvons sans risque de nous tromper affirmer que la France cherche l’affrontement vaille que vaille. Nous à notre niveau, nous cherchons un règlement à l’amiable. Notre conviction est qu’à l’étape actuelle de notre lutte nous devons faire preuve davantage de détermination et de courage. C’est pourquoi, nous allons continuer à mobiliser les patriotes jusqu’au départ définitif de l’armée française du Niger mais même au-delà puisque la lutte pour notre souveraineté est un chantier majeur qui s’inscrit dans la durée.
Nous voudrions bien connaître cette structure qui est le Cadre Unique d’Action des Forces Vives du Changement (CUAFVC), présentez-nous cette organisation et dévoilez nous ses missions?
Le CUAFVC est né dans le but de créer une synergie d’action des Forces Vives du Changement qui luttent pour la souveraineté et le bien-être de notre peuple. Le cadre est en cours de formalisation et se structure autour des cinq organes suivants : La Conférence des leaders qui est l’organe suprême qui élabore et met en œuvre les plans stratégique et opérationnel. Elle regroupe tous les leaders des différents mouvements et organisations membres du cadre. Le Conseil d’orientation qui est le principal organe de conseil qui vient en appui à la conférence des leaders et des autres organes. Il regroupe en son sein des experts chevronnés sur les questions de souveraineté. Les Commissions techniques forment la cheville ouvrière du cadre dans l’exécution des plans d’actions ; les Organes de relais régionaux sont la continuité et représentent le cadre au niveau régional. Sans oublier le Think Tank qui a pour objectif de produire de l’intelligence stratégique afin d’éclairer nos décideurs publics et privés sur les questions d’intérêt géostratégique pour notre pays et notre région. Des savants reconnus par leurs pairs seront mis en contribution. Les impérialistes font de la réflexion stratégique et produisent de l’intelligence et donc ils ont une capacité d’anticipation et de l’avance sur nous. Pour preuve, déjà en ce moment ils sont en train de préparer les élites qui gouverneront nos pays dans les décennies à venir. Tous nos jeunes talentueux, les plus brillants sont cooptés et sont liés à ces chancelleries occidentales. Pendant longtemps, nous avons péché dans ce domaine, maintenant il urge de corriger cela.
On voit que toutes ces manifestations drainent un nombre important de citoyens, comment expliquez-vous cet engouement pour exiger le départ des troupes françaises au Niger ?
Devant la menace existentielle relative à la montée en puissance du terrorisme à laquelle les pays sahéliens, notamment le Burkina, le Mali et le Niger, font face depuis plus d’une décennie et qui a entraîné le déploiement sans précédent des forces armées étrangères dans la zone, les opinions publiques réclament davantage d’autonomie stratégique pour leur pays. Il vous souviendra qu’en mars 2011, dans le contexte des contestations populaires appelées « Printemps arabe », une coalition militaire emmenée par les USA, la France et le Royaume-Uni lança une offensive militaire en Libye qui a eu pour conséquence la mort du guide libyen Mouammar Kadhafi et la chute de son régime. Cette situation a entraîné par la suite l’effondrement de l’État libyen qui, à son tour, a occasionné, avec la libre circulation des armes de tout genre, l’accroissement exponentiel des menaces terroristes, insurrectionnelles et la criminalité transfrontalière au Sahel, particulièrement au Mali, au Burkina et au Niger.
Ces pays, n’étant pas préparés pour faire face à ces nouvelles menaces, ont appelé la communauté internationale à l’aide. C’est ainsi que la France est intervenue militairement d’abord au Mali avec la mission Serval qui a eu le mérite de stopper la marche des djihadistes sur Bamako. Depuis lors, la France y a maintenu une présence militaire très forte et l’a étendue au Niger et au Burkina. Les Nations Unies aussi ne sont pas en reste, elles ont déployé une mission de maintien de la paix dénommée MINUSMA qui s’est investie à travers des programmes de Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS). De plus, d’autres partenaires extérieurs non des moindres, notamment les USA, ont installé des bases militaires dans la zone, particulièrement au Niger. Cependant, malgré la présence militaire très forte des partenaires extérieurs occidentaux en général, la crise sécuritaire, qui au départ était localisée sur une portion du territoire malien, s’est aggravée en se métastasant, affectant ainsi leur voisinage immédiat. Avec la présence militaire de ces partenaires, le Burkina, le Mali et le Niger, ont perdu davantage leur capacité souveraine de prendre des initiatives pour ramener la paix, en témoigne le refus catégorique des autorités françaises lorsqu’il s’est agi pour les autorités en place à l’époque au Mali, de négocier avec certains groupes djihadistes. C’est pourquoi, de plus en plus les opinions publiques sahéliennes sont favorables au départ des troupes étrangères et au renforcement de l’autonomie stratégique de leur pays.
Nous avons vu la diaspora, les leaders religieux, les acteurs de la société civile adhérer tous à ce changement, dites-nous comment arrivez-vous à coordonner tout cela ?
Nous nous battons pour une bonne cause au bon moment. Et tous les Nigériens et au-delà tous les patriotes africains sont conscients des enjeux de cette lutte pour la souveraineté pleine et entière de notre peuple. S’agissant de la coordination de nos différents rassemblements, nous avons opté pour un leadership collectif qui place chacun de nous devant ses responsabilités.
Quel est le message fort que vous avez à l’endroit des nouvelles autorités pour mener à bien la transition ?
Nous les appelons à se concentrer prioritairement sur la construction de notre souveraineté et la bonne gouvernance. Cependant, pour que la souveraineté de notre peuple soit durable, il va falloir aller vers une fédération avec d’autres pays frères. Pour nous donc, le chantier majeur le plus stratégique c’est la création d’un Etat fédéral réunissant au départ le Burkina, la Guinée, le Mali et le Niger. C’est pourquoi, nous appelons les autorités des transitions du Burkina, du Ghana, du Mali et du Niger à se concentrer prioritairement sur la création d’un Etat fédéral et à entreprendre de toute urgence les chantiers majeurs et actions prioritaires notamment la création d’une armée fédérale constituée des membres des armées des États cités plus haut ; la création d’une monnaie commune ; la refonte ou réforme du système éducatif ; le développement des réseaux ferroviaires, routiers et d’une compagnie aérienne commune ; la communication et la sensibilisation des masses populaires sur la défense des intérêts supérieurs de nos États et sur les enjeux géopolitiques mondiaux.
La population est acquise à cette cause depuis le 26 juillet dernier, quel appel avez-vous à lancer pour maintenir cette mobilisation et cette pression jusqu’à la conquête d’une souveraineté nationale totale ?
Le temps est venu pour notre pays de se libérer définitivement du néocolonialisme français. Dieu tout puissant nous offre, aujourd’hui, une occasion exceptionnelle de retrouver notre souveraineté, notre liberté et notre dignité. Jamais nous n’avons été si proches de la victoire. En effet, les contextes national, régional et international nous sont exceptionnellement favorables. Sur le plan national, nous avons la chance d’avoir à la tête de notre pays des patriotes, des courageux et braves. Aussi, la gravité de la situation actuelle de notre pays a eu le mérite de nous unir. Et, lorsque notre peuple est uni nous sommes plus forts. C’est un atout majeur. Sur le plan régional également le Burkina, la Guinée et le Mali ont entamé le processus de libération définitive du joug du néocolonialisme français. Les patriotes aux commandes de ces Etats frères nous ont témoigné de leur solidarité agissante. Et le communiqué conjoint des gouvernements du Burkina et du Mali annonçant que « toute intervention militaire au Niger sera considérée comme une déclaration de guerre à leur encontre » illustre parfaitement cette solidarité. Sur le plan international, l’ordre mondial dominé par le camp occidental est en cours de mutation et tout indique qu’on va vers un monde multipolaire plus juste.
Aïssa Abdoulaye Alfary (ONEP)
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Professeur, le Niger fait face à un blocus financier et aussi de mouvement de la part de la CEDEAO et de l’UEMOA à la suite des événements du 26 juillet 2023. Ces sanctions prises contre le pays et sa population se justifient-elles dans les chartes fondatrices de ses deux organisations ?
Avant de revenir sur les sanctions prises par la CEDEAO et l’UEMOA contre le Niger, permettez-moi d’abord d’évoquer le contexte dans lequel les événements du 26 juillet 2023 sont intervenus. Nous savons tous que le Niger fait face, depuis des années à une crise sécuritaire majeure due au terrorisme qui a d’ailleurs occasionné le déplacement massif des populations des zones affectées vers les grandes villes. Depuis plus de dix (10) ans en effet, le Niger est en guerre contre le terrorisme : d’abord à l’Est contre Boko Haram qui avait déstabilisé la région de Diffa, ensuite à l’Ouest, la zone des trois frontières dans la région de Tillabéri qui est devenue une zone de non droit où la population, laissée pour compte, est rançonnée, tuée et obligée de payer les impôts par des terroristes sans foi ni loi.
Pour revenir aux sanctions, il faut rappeler qu’elles ont été prononcées suite aux événements du 26 Juillet dernier, par la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) tenue le 30 Juillet 2023 qui a demandé aux militaires de restaurer l’ordre constitutionnel en rétablissant Mohamed Bazoum dans ses fonctions. Cette décision était accompagnée d’un ultimatum de sept jours (du 31 juillet au 06 Août 2023). Bien évidemment, il s’agit de sanctions inédites et d’une extrême gravité à divers égards contre notre pays. Elles sont illégales car dépourvues de tout fondement juridique. Au total, neuf (9) sanctions ont été prises en bloc parmi lesquelles on peut citer la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Niger; la suspension de toutes les transactions commerciales et financières et celles de service entre les Etats membres de la CEDEAO et le Niger. Non seulement, ces sanctions sont illégitimes, inappropriées et inacceptables, mais elles ont aussi des conséquences graves sur les populations durement éprouvées par des années d’insécurité. En plus elles n’ont pas été prises par graduation comme le préconise le protocole additionnel de la CEDEAO. Et d’ailleurs la CEDEAO est une organisation régionale qui œuvre pour la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux conformément à l’article 2, 3 et 6 de son Traité. Au lieu d’œuvrer pour la promotion de la suppression des obstacles entravant cette liberté de circulation, c’est elle-même qui entrave cette liberté. Cela constitue une violation du droit communautaire de la CEDEAO par la Conférence des Chefs d’Etat.
Y’a-t-il des solutions légales pour contourner ses sanctions financières ?
Il n’y a pas que les sanctions financières, il y aussi les autres sanctions notamment les suspensions des transactions commerciales et des transactions de prestations de service qui ont des conséquences graves sur la population.
Pour faire face dans l’immédiat aux diverses sanctions financières imposées par l’UEMOA et la CEDEAO, les autorités nigériennes devront penser à la création d’une monnaie locale virtuelle dans le cadre du Pan-African Payment and Settlement System (PAPSS) pour régler ses transactions. Il fait partie d’un marché régional et continental ouvert, il pourra donc utiliser cette monnaie virtuelle pour conclure des transactions.
Pour remédier dans l’immédiat aux suspensions des transactions citées plus haut, notamment la privation d’électricité car vous n’êtes pas sans savoir que le Nigeria a suspendu la fourniture d’électricité en méconnaissance du contrat de prestation de service qui le lie avec l’Etat du Niger, il est urgent d’avoir une politique locale de production de l’énergie alternative (solaire, électrogène) et inciter la population à réduire sa consommation en électricité. Parallèlement, les autorités doivent accélérer la finition du barrage de Kandadji et étudier la possibilité de construction d’une centrale nucléaire civile pour garantir aux générations futures une souveraineté énergétique.
Pour les produits alimentaires de première nécessité et les produits pharmaceutiques qui commencent à manquer, des solutions immédiates doivent également être trouvées et cela devrait commencer par la sécurisation des voies avec les pays voisins qui ont manifesté leurs soutiens au Niger notamment le Burkina Faso et le Mali afin de faciliter la circulation des biens et des personnes et donc l’acheminement de ces produits vers le Niger. La question de la sécurisation des voies dépendra des dispositifs sécuritaires mis en place de part et d’autre. Dans le même sens, les commerçants nigériens pourront faire passer leurs marchandises par le port de Guinée. Le Mali l’avait fait lorsqu’il était sous embargo.
‘’L’option d’une intervention militaire n’est prévue ni par le Traité révisé de la CEDEAO de 1993, ni par son protocole additionnel de 2001, en l’occurrence le Protocole A/SP1 :12/01’’
La menace d’intervention militaire brandie par certains pays de la CEDEAO est-elle défendable légalement au vue des textes qui fondent la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ?
L’option d’une intervention militaire de la CEDEAO contre le Niger n’est pas défendable du point de vue juridique. Car, faut-il le souligner, il s’agit d’une option illégale et inappropriée. Elle est illégale car elle n’est prévue ni par le Traité révisé de la CEDEAO de 1993, ni par son protocole additionnel de 2001, en l’occurrence le Protocole A/SP1 :12/01 sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance Additionnel au Protocole relatif au Mécanisme de Prévention, de gestion, de Règlement des Conflits, de Maintien de la Paix et de la sécurité du 10 Décembre 1999. Aussi, la CEDEAO aurait dû s’inspirer des sanctions contenues dans ses textes notamment l’article 45 du protocole précité qui dispose : « 1. En cas de rupture de la Démocratie par quelque procédé que ce soit et en cas de violation massive des Droits de la Personne dans un Etat membre, la CEDEAO peut prononcer à l’encontre de l’Etat concerné des sanctions.
2. Lesdites sanctions à prendre par la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement peuvent aller par graduation : l Refus de soutenir les candidatures présentées par l’Etat membre concerné à des postes électifs dans les organisations internationales ; l Refus de tenir toute réunion de la CEDEAO dans l’Etat membre concerné ; l Suspension de l’Etat membre concerné dans toutes les Instances de la CEDEAO ; pendant la suspension, l’Etat sanctionné continue d’être tenu au paiement des cotisations de la période de suspension ».
C’est dire ici qu’une intervention militaire ne fait pas partie des sanctions prévues par les textes de la CEDEAO. Au surplus, l’article 58 du Traité révisé de cette organisation fait obligation aux Etats d’œuvrer à la préservation et au maintien de la paix, de la stabilité et de la sécurité dans la région en privilégiant le dialogue, la consultation, la conciliation, la médiation et autres modes de règlements pacifiques des différends (cf. alinéa 2 (e) de l’article 58). En somme la voie diplomatique doit être privilégiée dans cette situation.
Quelles sont les moyens légaux dont disposent le Niger pour tenir responsables, devant les juridictions internationales, une organisation ou un pays qui intenterait à sa souveraineté ou à son intégrité territoriale ?
La CEDEAO est une organisation régionale dotée d’une Cour de Justice qui a notamment comme missions le maintien d’un environnement juridique favorable à la réalisation des buts et objectifs de la communauté et plus précisément la promotion de l’intégration socio-économique des Etats membres à savoir la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux. Les sanctions imposées par cette organisation au Niger asphyxient économiquement le pays. Il s’agit là d’une violation du droit communautaire qui ouvre la possibilité pour l’Etat du Niger d’engager des poursuites contre la Conférence des Chefs d’Etat pour les décisions qu’elle a prise, mais aussi contre les Etats membres appliquant ces sanctions. C’est l’article 9 du protocole additionnel A/P.1/7/91 de la Cour de Justice de la Communauté. Le Niger peut aussi engager des poursuites contre le Bénin et le Nigeria qui ont suspendu les contrats de prestations de service les liant à l’Etat du Niger. Dans ce sens la Cour Internationale de Justice peut être saisie. Mais si dans les contrats de prestations de service, les juridictions compétentes ont été désignées pour régler ces différents, ce sont ces juridictions-là qui seront saisies ; à défaut de choix, dans chaque cas d’espèce c’est le contrat qui nous renseignera sur la juridiction à saisir.
La posture adoptée par la CEDEAO aura-t-elle un impact sur la lutte contre le terrorisme et la protection des droits des civiles en zones de conflit ? Si oui, que faut-il faire pour préserver les droits des populations ?
Bien évidemment, la posture va-t’en guerre de la CEDEAO qu’on observe depuis quelques années ne résoudra aucun problème politique ou démocratique et n’aura certainement pas d’impact sur la lutte contre le terrorisme. Au contraire, une fois que la guerre aura éclaté personne ne pourra assurer la protection des populations civiles et pire le terrorisme profitera de cette situation pour prendre de l’ampleur. En somme, l’option d’une intervention militaire risquerait de plonger la sous-région dans une instabilité profonde avec des conséquences désastreuses et inestimables comme l’ont prédit la plupart des experts en sécurité. Et lorsque cette guerre sera déclenchée, on ne le souhaite pas, la CEDEAO ne contrôlera rien du tout. A ce moment-là certains pays viendront jouer les pompiers alors même que ce sont eux qui ont attisé le feu.
Professeure, Quel impact durable aura l’attitude des instances communautaires vis-à-vis du Niger sur l’harmonisation des textes et procédures légales en Afrique de l’Ouest ?
La première conséquence et le risque pour ces instances c’est de pousser le Niger et tous les autres pays d’ailleurs qui ont connu le même sort, à quitter cette organisation puisqu’au lieu de défendre les intérêts de ses Etats membres, cette organisation défend d’autres intérêts. Et pire encore, elle fait subir des souffrances atroces aux populations nigériennes. Sinon, comment comprendre cette volonté farouche des Chefs d’Etat de la CEDEAO de vouloir affamer et asphyxier le peuple pour faire pression sur les autorités militaires. C’est absurde. S’agissant de la légalité de ses textes, la CEDEAO doit tout simplement réviser ses textes et y inclure les actes qu’elle voudra appliquer dans l’avenir, il y va de sa légitimité.
Quel type de Gouvernance préconisez-vous pour surmonter cette période de crise au Niger?
Aujourd’hui, le Niger est en train d’écrire une page de son histoire, celle de reconquérir sa souveraineté, son indépendance effective et son autonomie stratégique vis-à-vis de l’impérialisme occidental et de celle-ci dépendra l’avenir du peuple nigérien dans son ensemble.
La Communauté internationale, les associations et ONGs nationales, sous régionales et régionales et les syndicats demandent le retour à un ordre constitutionnel normal. Il est primordial de rappeler ici la nécessité de respecter les principes fondamentaux de l’Etat de droit ainsi que le respect de la souveraineté et l’autodétermination du peuple nigérien. Ce qui implique alors une transition devant conduire au rétablissement d’un mode de gouvernance choisi et voulu par le peuple nigérien. Dans ce sens, il faut noter que le protocole additionnel de la CEDEAO de 2001 prévoit toujours en son article 45. 3 que cette institution « doit continuer de suivre, d’encourager et de soutenir tout effort de l’Etat membre suspendu aux fins de retour à la vie institutionnelle démocratique normale ». Il est important de souligner que depuis les événements du 26 juillet 2023, les autorités militaires bénéficient du soutien populaire et qu’aucune crise sociale n’a été constatée. Au contraire, les manifestations se sont multipliées en leur faveur. C’est dire qu’après la mise en place du gouvernement le 10 Août dernier, les autorités doivent aller vers une consolidation des instances nationales avec la mise en place d’un cadre de concertation national. Pour un retour à la cohésion sociale, il est important de rendre effectif le cadre de concertation national qui est le Conseil Consultatif National prévu par l’ordonnance n°2023-02 du 28 Juillet 2023, qui à mon avis devra être inclusif. Cet organe devrait réunir tous les fils et les filles du pays, toutes les corporations au sein d’un organe pour discuter et décider ensemble des solutions pour la remise sur les rails d’un Niger démocratique. Cette étape cruciale pour la consolidation des instances nationales doit être rapidement mise sur pied car comme on l’a vu, cette crise politique a mis à jour et le ras le bol de la société nigérienne face à la gestion autoritaire du pouvoir déchu.
Propos recueillis par Souleymane Yahaya (ONEP)
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« Tant que le transfert des compétences et des ressources financières et humaines n’est pas opérationnel, la décentralisation sera en difficulté dans sa mise en œuvre » Monsieur Mohamed Anacko, président du Conseil Régional d’Agadez .
Monsieur le président, la région d’Agadez s’est dotée d’un nouveau Plan de Développement Régional (PDR) pour la période 2022-2026 sur la base duquel, le Conseil Régional a organisé une table ronde pour la mobilisation des partenaires en vue du financement dudit plan. Quels sont les axes stratégiques contenu dans cet important document de politique régionale ?
Permettez-moi tout d’abord de féliciter et encourager votre organe de presse pour cette initiative qui consiste à donner de la visibilité aux actions pertinentes entreprises au niveau des régions de notre pays.
Il me plait aussi de rappeler que la région d’Agadez est à sa deuxième génération de Plan de développement régional, le précèdent PDR ayant couvert la période 2016-2020. Ceci témoigne de la volonté de notre pays de renouer avec l’exercice de planification à tous les niveaux. Le présent PDR est arrimé aux politiques et stratégies publiques nationales telles que formulées dans le PDES 2022-2026. Il tient compte des leçons apprises au cours de la mise en œuvre et de l’évaluation finale du PDR 2016-2020. A l’issue du bilan diagnostic régional, pour les cinq (5) prochaines années, la région d’Agadez articulera ses actions à travers les axes stratégiques du PDES-PDR 2022-2026 ci-après : Axe stratégique 1 : Développement du capital humain, inclusion et solidarité ; Axe stratégique 2 : Consolidation de la gouvernance, paix et sécurité ; Axe stratégique 3 : Transformation structurelle de l’économie.
Il y’a lieu de rappeler à vos lecteurs aussi que la vision de la région se fonde sur l’espoir de faire, à l’horizon 2035, de la « Région d’Agadez, un carrefour attractif, paisible, prospère, solidaire, bien gouverné dans un espace sain et sécurisé, à forte croissance économique et sociale, inclusive et durable ».
Quelles sont succinctement, les principales conclusions de cette table ronde ?
Il y’a lieu d’abord de se féliciter de la bonne tenue de cette table ronde qui a connu une mobilisation exceptionnelle à travers la participation de plusieurs membres du gouvernement, des députés nationaux, de l’ensemble des maires de notre région, les ambassadeurs de l’Union Européenne et celui de France, des chefs des agences de coopération des pays européens et du Système des Nations Unies, du secteur privé, la société civile etc. Je profite de votre journal pour remercier tous ceux qui ont fait le déplacement pour nous soutenir dans cet exercice, mais également tous les partenaires qui nous ont accompagnés dans l’organisation financière et matérielle de cet évènement.
Les principales conclusions qu’il faut retenir c’est la volonté de l’Etat et des partenaires d’accompagner la région dans sa marche vers le développement et la prise en charge des défis qui se posent à elles. Nous avions recueilli plusieurs annonces dont celles de la Délégation de l’Union Européenne, de la coopération Française, de la Coopération allemande, de la Banque Mondiale, du Système des Nations Unies et de certaines ONG à accompagner la région dans le financement de cet important outil stratégique de développement. Nous sommes présentement en train de faire le suivi de ces annonces pour les concrétiser en actes sur le terrain à l’horizon temporel 2026.
Quels sont les défis auxquels la région est confrontée et vos priorités dans la mise en œuvre de ce PDR ?
Le défi majeur de développement du pays en général et de la région d’Agadez en particulier reste et demeure l’instauration de la bonne gouvernance de tous les secteurs dans une dynamique de conjugaison d’efforts, de complémentarité et de synergie entre la déconcentration et la décentralisation en vue d’assurer la délivrance des services sociaux de base de qualité aux populations, de maintenir la paix et la stabilité gages d’un développement régional, local et communautaire harmonieux dans l’équité.
Le développement de la région d’Agadez est largement soumis à trois (3) contraintes majeures qui sont la mauvaise gouvernance qui englobe les préoccupations sécuritaires et migratoires ; l’austérité environnementale couplée au phénomène du changement et de la variabilité climatiques accentuant les crises et catastrophes et limitant les productions agro-sylvo-pastorales et enfin l’insuffisance de la promotion du capital humain. Aussi, vous comprendrez que la région d’Agadez, en plus des défis communs, qu’elle partage avec les autres régions, cette région dis-je, gère également la délicate question des flux migratoires mixtes.
Nos priorités dans la mise en œuvre du PDR 2022-2026 demeurent la mise en valeur de nos énormes potentialités agricoles et pastorales à travers des actions structurantes à même de booster l’économie régionale et nationale dans un objectif d’atteinte de l’autosuffisance alimentaire. La seconde priorité reste et demeure la valorisation du capital humain sans lequel aucun développement n’est possible à travers un accès aux services sociaux de base notamment l’eau, la santé, des meilleures conditions de vie, ainsi que l’épineuse question de l’éducation particulièrement celle en milieu nomade quand on se réfère aux spécificités de notre région. La création des opportunités d’emploi aux jeunes et aux femmes à travers la promotion du secteur privé constitue également l’une de nos priorités majeures quand on connait l’extrême jeunesse de la population de la région, cette frange ayant une nette prédominance sur les autres composantes de la société. Par exemple, en 2018, la frange dont l’âge est inférieur à 15 ans est de 46,5% des effectifs démographiques, alors qu’à l’inverse, celle dont l’âge est de 65 ans et plus n’excède pas plus de 2,3%.
Enfin, vous conviendrez avec nous que tous ces défis ne sauraient être relevés que dans un environnement de stabilité, de paix et sécurité, ainsi qu’une gestion concertée des flux migratoires mixtes.
La région d’Agadez est un excellent pôle touristique au Niger avec d’importants sites dont le désert du Ténéré, qui attend encore le retour du rallye Paris-Dakar. Quelle est l’ambition du Conseil Régional dans la relance de ce secteur pourvoyeur d’emploi ?
Comme vous l’avez si bien dit, la région d’Agadez a été une destination touristique privilégiée pour les opérateurs du domaine du tourisme. En effet, le patrimoine touristique dont dispose la région, conjugué aux activités culturelles, artistiques et artisanales, font de la région d’Agadez une zone d’attraction touristique par excellence qui contribue de façon incontestable à l’économie régionale. Malheureusement, cet important pan de notre économie a connu un point d’arrêt suite à l’instabilité qui s’est installée dans notre espace sahélo-saharien.
Néanmoins, le conseil régional en relation avec les professionnels du secteur poursuit son plaidoyer pour un retour progressif des touristes dans notre région. Cela a abouti récemment au déclassement de la ville d’Agadez de « zone rouge » par nos partenaires français, ce qui est encourageant et à saluer. Nous encourageons également la création de circuits sécurisées dans certaines zones notamment dans les oasis de l’Aïr et les dunes de sable à la bordure du Ténéré. Cela peut s’envisager à travers la création par exemple d’une ‘’Police touristique’’ pour sécuriser ces axes. Le conseil régional d’Agadez a également développé en 2018 une stratégie dite de l’éco-tourisme comme facteur de développement durable et de résilience au changement climatique dans la région d’Agadez, tout en faisant la promotion d’un tourisme interne pour que les Nigériens visitent leur propre pays. En conclusion, sans envisager un retour proche du Paris-Dakar dans la région, le Conseil régional mène un plaidoyer fort auprès de l’Etat et des partenaires pour un retour progressif du tourisme dans un environnement sécurisé et apte à offrir aux visiteurs les merveilles de notre patrimoine touristique.
Les collectivités territoriales sont des outils importants et les portes d’entrée de tout investissement en matière de développement local. Après plusieurs décennies d’expérience de la décentralisation au Niger qu’est-ce qui, selon vous, reste à faire ou qu’est-ce qui n’a pas marché pour atteindre l’effectivité de la décentralisation au Niger ?
Il me plait d’abord de rappeler que la Constitution de la République du Niger en son article 164 définit les principes sur lesquels repose notre administration territoriale, notamment celui de la décentralisation et la déconcentration. L’Ordonnance N° 2010-54 du 17 septembre 2010 portant Code Général des Collectivités Territoriales de la République du Niger définit également en son art 5 les missions des collectivités territoriales qui sont la conception, la programmation et la mise en œuvre des actions de développement économique, éducatif, social et culturel d’intérêt communal et régional.
Comme vous l’avez souligné dans votre question, les collectivités territoriales sont donc les porteurs des questions de développement à l’échelle régionale et communale, sous l’accompagnement et l’encadrement des représentants de l’Etat. Grâce à la volonté politique de tous les régimes qui se sont succédé dans notre pays, beaucoup d’efforts et d’avancées sont à noter depuis l’installation des premiers conseils communaux en 2004 et régionaux en 2011 pour rendre effective la décentralisation. On peut noter la tenue régulière (autant que le permet le contexte de notre pays) des élections locales pour le renouvellement des organes délibérants et exécutifs des collectivités. L’adoption par le gouvernement et les différents ministères sectoriels en 2016 et 2017 des décrets et cahiers des charges portant transfert des compétences et ressources de l’Etat aux Collectivités Territoriales dans les domaines de l’Education, de la Santé, de l’Hydraulique et de l’Environnement constitue aussi une avancée réelle dans la mise en œuvre de cette réforme.
Néanmoins, des difficultés persistent encore pour l’effectivité de ce processus de décentralisation, notamment à travers la lenteur dans la mise en œuvre de certaines réformes comme celle liée à l’opérationnalisation sur le terrain du transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux collectivités territoriales dans les secteurs ayant fait l’objet de transfert. La décentralisation financière constitue également un autre goulot d’étranglement à l’effectivité de la décentralisation en ce sens que les CT demeurent encore dépendantes des appuis de l’Etat, particulièrement les conseils régionaux, appuis qui restent aléatoires au vu des énormes défis auxquels fait face l’Etat, mais également de l’étroitesse voire la vétusté de l’assiette fiscale des CT.
Le respect du principe de la maitrise d’ouvrage par tous les acteurs constitue également l’un des points de blocage de l’ancrage de la décentralisation. Cela se manifeste par le non-respect par certains acteurs des priorités inscrites dans les outils de planification des CT, un montage institutionnel des programmes/projets qui ne respecte pas le rôle des CT dans le portage des actions de développement etc. Il est à noter aussi la faible performance de certaines structures en charge de l’accompagnement des CT notamment l’ANFICT, le CFGCT, la DGCT etc…
En somme, je dirais que tant que la maitrise d’ouvrage des CT sur les actions de développement n’est pas respectée, tant que le transfert des compétences n’est pas opérationnel, tant que les ressources humaines et financières ne sont pas mises à la disposition des CT, tant que la fonction publique territoriale n’est pas mise en route et enfin tant que les services techniques ne se mettent pas à la disposition des CT conformément à la loi, la décentralisation sera en difficulté dans sa mise en œuvre. Enfin, je tiens à préciser que la décentralisation est un long processus qui nécessite du temps, d’engagement politique fort et la volonté de tous les acteurs pour espérer son effectivité sur le terrain.
Propos recueillis par Ali Maman, ONEP/Agadez
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« Il faut nécessairement qu’il y ait une adéquation entre la croissance démographique et la croissance économique du pays pour enclencher la capture du Dividende démographique »
Monsieur le Directeur Général, l’Office Nigérien de la Population (ONP) a récemment été créé, voudriez-vous nous dire les missions assignées à cet office et qu’est-ce qui a guidé sa création ?
Merci de nous avoir donné l’occasion de parler de l’ONP dans les colonnes de l’hebdomadaire Sahel Dimanche. Avant de parler des missions, il faut d’abord préciser que l’Office Nigérien de la Population a été créé par décret présidentiel pris en conseil des ministres, en l’occurrence le décret N°2022-375/PRN du 27 avril 2022. C’est un établissement public à caractère administratif qui a pour principales missions de développer des stratégies de communication institutionnelle et de mobilisation sociale sur la planification familiale, le mariage précoce, la scolarisation des filles, les violences basées sur le genre communément appelées (VBG) et l’autonomisation des femmes. Il a aussi pour missions de veiller sur la qualité des statistiques de routine concernant la planification familiale, le mariage précoce, la scolarisation des filles, les VBG, l’autonomisation des femmes, les accouchements assistés, de suivre et analyser les indicateurs dimensionnels du dividende démographique. L’ONP a également la mission de concevoir, analyser, suivre et évaluer l’exécution des politiques et programmes en vue de la capture du dividende démographique. Pour savoir ce qui a motivé la création de l’ONP, il faut souligner que cette création matérialise un fort engagement politique au plus haut niveau de l’Etat afin de mieux traiter les questions de population et développement.
C’est d’ailleurs pourquoi l’ONP est directement rattaché à la Présidence de la République pour donner une impulsion et des orientations claires dans la mise en œuvre de toutes les actions concernant les questions démographiques.
Quelles sont les stratégies qui sont aujourd’hui mises en œuvre ou en voie de l’être par votre institution pour maitriser la croissance démographique et favoriser la capture du dividende démographique ?
La principale stratégie mise en œuvre est la promotion du changement social, d’attitudes et de comportement des populations sur les thématiques citées plus haut.
Cette stratégie est sou-tendue par la création de partenariat avec les acteurs locaux (chefs traditionnels, leaders religieux, femmes leaders, jeunes leaders, les enseignants, agents de santé, médias…). Nous avons aussi comme stratégie l’installation des comités consultatifs régionaux départementaux et communaux, la mise en œuvre des initiatives communautaires (Ecoles des maris, Distribution à base communautaire, clubs de santé scolaire.), la production des supports de communication adaptés à notre contexte socioculturel, la réalisation des études sur les comportements sociaux en lien avec les questions démographiques et la prise en compte des variables démographiques dans les plans, politiques et stratégies de développement.
Quels sont les grands défis que vous rencontrez, quand on sait que le Niger est l’un des pays avec le plus fort taux de fécondité qui est estimé à 7,6 enfants par femme ?
D’abord, retenez que le taux synthétique de fécondité a évolué au Niger. Il est aujourd’hui de 6,2 enfants/femme. Les principaux défis sont relatifs aux pesanteurs culturelles et aux mauvaises interprétations des préceptes religieux.
Comme vous le savez, au Niger la majorité de la population a un comportement pro nataliste; pour beaucoup de nos compatriotes avoir beaucoup d’enfants est synonyme de richesse et de considération sociale sans prendre en compte toutes les conséquences qui peuvent en découler en termes d’éducation, de santé, de nourriture, d’emploi, de logement décent…
Doit-on comprendre qu’une population nombreuse est un frein au développement d’un pays ?
Une population nombreuse ne constitue pas un frein au développement d’un pays. Toutefois, il faut que cette population soit en bonne santé, bien nourrie, bien logée, qu’il y ait des emplois décents pour les jeunes afin de booster le développement socioéconomique du pays.
C’est pourquoi nous disons qu’il faut nécessairement une adéquation entre la croissance démographique et la croissance économique du pays pour enclencher la capture du Dividende démographique qui n’est rien d’autre que l’amélioration des conditions de vie des populations. L’adéquation revenus/besoins constitue l’équilibre déterminant qui doit habiter l’esprit de chaque responsable d’une charge de gouvernance d’une communauté. C’est à ce titre que l’on peut prétendre obtenir le capital humain indispensable au bien-être familial et à la capture du dividende démographique.
Après un an d’existence, quels sont aujourd’hui les acquis ou réalisations à mettre à l’actif de l’ONP ?
Je tiens à préciser que l’Office Nigérien de la Population a été créé en avril 2022, soit 15 mois d’existence.
Pendant cette période, notre première tâche a consisté à l’installation de l’office avec la mise en place de l’équipe et l’élaboration du plan d’actions quinquennal. A cela, il faut ajouter la réalisation de quelques activités dont la mission d’identification des membres des comités consultatifs régionaux, l’organisation d’un atelier de plaidoyer pour le financement du dividende démographique, l’organisation d’un atelier sur la problématique de l’autonomisation et de l’éducation de la jeune fille dans la capture du dividende démographique au Niger.
Quels sont les partenaires techniques et financiers qui accompagnent l’Office Nigérien de la Population et quelles sont leurs contributions dans l’accomplissement de vos missions ?
A l’heure actuelle, nos principaux partenaires sont la Banque Mondiale, l’UNFPA, la CEA et d’autres ONG nationales et internationales intervenant dans le domaine de population et développement.
Nous continuons à ce sujet à mener des actions de plaidoyer afin de mobiliser d’autres partenaires susceptibles de nous accompagner dans l’accomplissement de nos missions car, les plus hautes autorités, notamment son Excellence le Président de la République Chef de l’Etat, accordent une place de choix aux questions démographiques.
Aussi, compte tenu du caractère transversal des questions de population, nous collaborons avec les ministères sectoriels tels que, le ministère de la Santé Publique, le ministère de la promotion de la Femme, le ministère de l’Education Nationale, le ministère du Plan, le ministère de la Jeunesse, le ministère de la Culture, le ministère de la Formation Professionnelle, le ministère de l’Emploi.
Propos recueillis par Hamissou Yahaya (ONEP)
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Mon Colonel, la saison pluvieuse s’annonce un peu mouvementée avec des séquences de vents forts constatées dès les premiers orages. Le GNSP est-il prêt à faire face aux demandes éventuelles de secours en de pareilles circonstances ?
Avec l’installation de la saison pluvieuse, toutes nos unités s’affairent, sont prêtes et toujours à pied d’œuvre pour répondre promptement aux interventions qui concernent généralement les inondations. C’est pour vous dire que nous sommes toujours prêts à intervenir n’importe où et n’importe quand. Chez les pompiers, le caractère même de notre service fait que nous nous exerçons régulièrement pour relever les défis de nos multiples et multiformes interventions. Quelle que soit la saison, nos hommes sont aguerris, ils sont entraînés pour intervenir pour faire face aux sinistres en vue de sauver des vies, de porter secours. Aujourd’hui, toutes les dispositions sont prises pour que les éléments des sapeurs-pompiers fassent le boulot qui est le leur pendant cette saison pluvieuse.
Le Groupement national des sapeurs-pompiers (GNSP) a-t-il tiré les leçons des dernières grandes inondations, en est-il mieux préparé aujourd’hui?
Nous avons une très grande expérience en matière de gestion des catastrophes et plus particulièrement, la gestion des grandes inondations. Notre pays est un pays qui a connu beaucoup d’inondations et cela a poussé nos services à se spécialiser dans leur gestion. Et aujourd’hui, l’accumulation des expériences pratiques fait que nous sommes effectivement prêts à prendre en charge les situations d’inondations.
Cette année encore, les pompiers ont dû faire plusieurs sorties sur le fleuve, à Niamey, afin de porter secours à des gens en détresse ou de rechercher des disparus. Qu’est-ce qui explique que chaque année les mêmes catastrophes se répètent ?
Vous n’êtes pas sans le savoir que le fleuve Niger connait d’énormes problèmes, surtout celui d’ensablement. Pendant la période de décrue qui arrive aux mois de mars à juin, les mois les plus chauds, les enfants et les jeunes sont tentés d’aller se baigner dans le fleuve pour se rafraîchir même si beaucoup d’entre eux ne savent même pas nager. C’est au cours de cette période qu’intervient la majorité des noyades. A chaque fois qu’il y’a un accident et que nous sommes alertés à temps, nous faisons tout ce que nous pouvons pour sauver les personnes noyées. Malheureusement, nous sommes alertés souvent très tardivement alors qu’il faut réagir très vite lorsqu’il s’agit d’une noyade. Dans notre cas, le temps et le délai d’intervention ne militent pas, pour l’instant, en faveur d’un sauvetage optimal. Malgré tout ça, nous avons aujourd’hui un maillage acceptable à Niamey qui nous permet d’intervenir en tout point du fleuve au niveau de la ville de Niamey. Les secours de proximité y sont devenus aujourd’hui une réalité. Lorsque vous appelez les secours, ils viennent dans un temps acceptable.
Est-ce que la mise en place de sites de surveillance aux endroits de baignade des jeunes, avec des maitres-nageurs issus du GNSP, peut aider à prévenir les noyades ?
Tout à fait ! C’est même l’idée première qui a guidé cette initiative. Dans le cadre de la montée en puissance des Forces de Défense et de Sécurité, il est prévu que le Groupement National des Sapeurs-Pompiers devienne une Brigade Nationale des Sapeurs-Pompiers, avec notamment un bataillon constitué par des unités spécialisées. Dans ce bataillon, nous aurons une compagnie d’intervention subaquatique dont la mission est d’intervenir promptement sur le fleuve. Nous disposons aujourd’hui de flotteurs et d’hommes qui sont capables d’aller sauver des vies. Et, d’ici peu de temps, il va avoir une compagnie qui est spécialement et spécifiquement dédiée pour les plans d’eau et qui est chargée de sauver ceux qui sont en risque de noyade dans le fleuve ou ailleurs. Car, il n’y a pas que le fleuve. Il y’a aussi ses affluents qui se remplissent pendant la saison pluvieuse et des noyades s’y produisent, ainsi que des rivières reparties sur le territoire national. Il y’a également des personnes qui tombent dans les puits et qui nécessitent une intervention en excavation.
Quels sont vos conseils pour éviter les noyades répétitives dans le fleuve?
Chaque année, nous sensibilisons nos concitoyens sur les risques qu’ils encourent lorsqu’ils partent se baigner dans le fleuve. Les noyades concernent souvent des enfants qui ne sont pas des riverains du fleuve et donc qui ne savent pas nager. Ils sortent souvent sans que leurs parents ne soient au courant. Nous déconseillons ainsi à ceux qui ne savent pas nager de se baigner à certains endroits profonds.
Et en cas de noyade ?
Lorsqu’il y’a une noyade, il faut prendre toutes les dispositions pour donner l’alerte, soit en envoyant quelqu’un dans la caserne la plus proche ou surtout en appelant le numéro 18 et dire exactement de quoi il s’agit : le nombre de personnes noyées et l’endroit exact de l’incident. En cas de noyade, ceux qui savent nager doivent rapidement porter secours et donner l’alerte en même temps. Mais lorsque vous n’avez pas la capacité physique et morale, ne prenez pas le risque de vouloir porter secours au risque de devenir vous-mêmes une victime supplémentaire.
En zones urbaines, les pompiers se plaignent des constructions pour usage public (école, administratif ou de commerce) qui ne respectent pas les normes de sécurité et qui compliquent les interventions. Quel est le minimum à respecter afin de s’assurer de la sécurité de ces immeubles et mêmes des habitations ?
Dans le cadre de la prévention, il y’a des dispositions en matière de construction qui doivent être respectées pour être aux normes. Nous avons une commission consultative qui, normalement, est au niveau de chaque commune et placée sous la responsabilité des maires. C’est cette commission qui délivre le permis de construire dans lequel toutes les normes de sécurité du bâtiment et des personnes sont fixées. Ce permis prend ainsi en compte toutes les dispositions règlementaires en matière de normes d’urbanisme, de construction, etc. Il faut donc s’adresser à l’ordre des architectes et aux spécialistes des BTP avant d’entreprendre toute construction. Les pompiers sont partie-prenantes de la commission de délivrance des permis de construire. Nous avons des préventionnistes chevronnés qui ont les compétences nécessaires pour étudier, avec les architectes, ce qu’il faut prévoir pour une construction, avant, pendant et après les travaux. Nos préventionnistes sont membres de toutes les commissions de délivrance de permis de construire en raison justement de leurs compétences reconnues.
Mon colonel, beaucoup de nos compatriotes ont tendance à réduire le travail des Sapeurs-pompiers aux interventions en cas d’incendie. Quels sont les autres domaines où les citoyens peuvent solliciter l’aide de vos services ?
Il est vrai qu’à l’origine les pompiers combattaient seulement le feu. Mais aujourd’hui, le feu ne représente que 8% de nos interventions. Les pompiers ont toute une panoplie d’interventions qu’ils assurent dont les secours à victimes qui font partie des interventions pour lesquelles nous sommes sollicités. Ces genres de sollicitations interviennent lors des accidents de circulation, ainsi que les accidents domestiques et industriels. Ce sont nos ambulances et nos médecins qui partent au contact de la population et assurent ces secours à victimes. Nous faisons aussi de la prévention en nous déployant dans les établissements recevant du public pour qu’ils ne soient pas des lieux de sinistres. Les pompiers sont également spécialisés dans certaines interventions pointues telles que les interventions liées à la radio activité grâce à nos spécialistes en sécurité nucléaire qui peuvent se déployer lors du déversement, par exemple, d’un produit contaminant. Nous sommes également spécialisés dans le cadre de la protection contre les éléments chimiques. Nous exécutons toute sorte d’interventions périlleuses pour sauver des vies, y compris dans des immeubles à plusieurs niveaux. Donc, nous ne faisons pas que le feu. Nous faisons également d’autres interventions qui ne sont pas souvent courantes.
Vous avez évoqué plus haut la montée en puissance des sapeurs-pompiers. Ce programme est-il la solution au problème de maillage territorial du Groupement National des Sapeurs-Pompiers?
Oui, tout à fait. Il faut d’abord retenir que nous sommes l’un des corps les plus maillés des Forces Armées Nigériennes. Nous sommes dans les plus petits départements du Niger avec 32 compagnies sur l’ensemble du territoire national et 8 groupements régionaux d’incendie et de secours. Nous sommes donc bien maillés par rapport aux autres. La montée en puissance du GNSP est liée à la montée en puissance des Forces Armées Nigériennes. Nous avons aujourd’hui 5 casernes pour défendre la ville de Niamey et la 6ème caserne est en construction. Grâce au programme de la Direction générale de la protection civile, nous aurons 10 casernes opérationnelles dans la ville de Niamey à l’horizon 2025. A l’intérieur du pays également, dans les régions de Maradi, Zinder et Agadez, de nouvelles casernes vont être construites et le maillage territorial va se poursuivre pour que le Groupement national des sapeurs-pompiers atteigne un niveau acceptable de couverture spatiale pour mieux sauver les vies de nos concitoyens.
Propos recueillis par Souleymane Yahaya (ONEP)
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Excellence, les pèlerins viennent de finir le Hadj 2023 ici même à la Mecque. Quelle est votre appréciation de l’organisation de 5ème pilier de l’Islam ?
Merci beaucoup ! Je suis très heureux d’être avec la presse nigérienne, et je voudrais vous remercier de l’occasion que vous me donnez de parler de ces questions-là. Je voudrais souligner que l’organisation du pèlerinage de façon générale est une activité gérée de bout en bout par le Commissariat à l’Organisation du Hadj et de la Oumra. Il faut noter pour s’en féliciter que cette année jusque-là les choses se sont déroulées généralement de façon positive. L’arrivée des pèlerins, en termes de transport, s’est déroulée dans des conditions acceptables, loin du stress des années passées, ainsi que les séjours à Médine, à la Mecque et sur les autres sites sacrés.
Sur le site de Mina, il y a eu quelques difficultés d’hébergement. Quelle est votre lecture de cette situation ?
Les difficultés qui ont été notées à Mina, sont des difficultés réelles. Il ne faut pas se faire d’illusion. Mais elles ne sont pas propres au Niger. Beaucoup de pays, et beaucoup de pèlerins en ont souffert. C’est exclusivement la faute des prestataires locaux. Les autorités saoudiennes en charge du Hadj et leurs prestataires locaux n’ont pas prévu des espaces suffisants pour accueillir les contingents des différents pays, principalement des pays africains. J’ai personnellement échangé avec beaucoup d’ambassadeurs, et nous avons tous noté la même difficulté. Et quand il y a des difficultés au niveau de l’hébergement, ils s’en suivent également au niveau de la restauration, et au niveau de toutes les autres prestations de service. Il faut remercier Allah SWT, que pour l’essentiel, les pèlerins qui ne sont pas là pour des voyages de tourisme, ou d’aisance, mais pour accomplir un rite religieux, ont géré ça avec beaucoup de grandeur et de bonté. Au finish, on peut noter que l’édition de cette année jusqu’à présent se déroule dans des conditions acceptables.
La phase de retour des pèlerins au bercail va bientôt commencer. Quel est votre souhait pour cette dernière phase ?
Ce qu’on peut dire pour l’instant, c’est qu’à la date d’aujourd’hui, les pèlerins sont encore là, hormis ceux qui ont commencé à partir par des vols réguliers. Pour les vols charter, le COHO est déjà en relation avec les transporteurs et les chefs d’agences. Ils discutent régulièrement de ces questions. Certaines compagnies ont annoncé des calendriers ; celles qui ne l’ont pas fait, le feront dans les jours à venir, et notre vœu est que tout ce processus se déroule dans de meilleures conditions.
Le Hadj est un rite religieux. Mais des gens à travers les réseaux sociaux font des commentaires souvent fantaisistes sur son déroulement. Quelle est votre lecture de cette attitude ?
Avant de parler de cela, je souhaite faire une observation particulière. Quand vous regardez le contingent de notre pays, vous constaterez qu’il y a beaucoup de personnes âgées, des personnes relativement faibles. Il est souhaitable que nos compatriotes prennent conscience que les personnes âgées, comme le recommande notre religion, ont besoin d’assistance pendant le pèlerinage. Donc ceux qui payent pour leurs parents, ou leurs grands-parents, doivent les accompagner de bras valides en mesure de les aider à accomplir ce rite ; sinon ce serait une peine perdue, et à la limite on pourrait obtenir le contraire du résultat qui est escompté au départ. C’est la première observation. La deuxième chose, c’est un appel que je lance à l’endroit de nos compatriotes : il ne faut pas chercher en tout que du négatif. Le Hajj est un rite religieux, et il a ses difficultés ; et la rétribution auprès d’Allah elle-même, est liée à la nature des difficultés, si ce sont des difficultés que personne n’a programmées. Pour le cas d’espèce, cette année, dans l’organisation du Hadj, aussi bien le COHO que les agences, chacun a rempli ses obligations. La difficulté a une autre source, une autre explication. Et nous l’avons signalé suffisamment à temps aux autorités saoudiennes. Mais avec l’affluence qui est celle du Hadj, dans un périmètre bien délimité, il était impossible de trouver une solution séance tenante. Il faut que les uns et les autres, surtout ceux qui exploitent les réseaux sociaux, et qui sont toujours à la recherche de scoop négatif pour ternir l’image du pays, qu’ils se remettent à Dieu, et qu’ils se disent que ce n’est pas le bon marché.
Excellence, le royaume d’Arabie Saoudite abrite une forte communauté nigérienne. Comment se passe la cohabitation avec le peuple saoudien ?
De façon générale, nos compatriotes qui résident ici vivent en parfaite harmonie avec les populations locales. Ce qu’il faut noter, c’est que nous avons pour l’essentiel des ressortissants nigériens qui sont venus depuis très longtemps ; certains se sont établis, d’autres ont même acquis la nationalité, mais la majorité est dans l’irrégularité. Donc il arrive que de temps en temps, on prenne certains pour les rapatrier. Mais de façon générale les Nigériens présentent une très bonne image en terre d’Arabie Saoudite.
Excellence quels sont les domaines dans lesquels les ressortissants nigériens font recours à la chancellerie ?
Nos compatriotes qui résident ici font recours au service de l’Ambassade et du Consulat Général, essentiellement pour des affaires consulaires : l’établissement des documents consulaires. Ceux qui peuvent être établis ici leur sont établis, et nous prenons toutes les dispositions pour que ceux qui doivent être établis au pays, le soient dans les meilleurs délais possibles.
Quelle est la température des relations entre le Niger et l’Arabie Saoudite ?
Les relations entre la République du Niger et le Royaume d’Arabie Saoudite sont des relations séculaires empreintes d’amitié, de fraternité et basées pour l’essentiel sur le ciment de la religion, l’Islam. Les dirigeants de notre pays ont de tout temps travaillé à les consolider, à les raffermir davantage, et l’Arabie Saoudite se compte aujourd’hui parmi nos partenaires privilégiés qui aident notre pays dans plusieurs domaines.
Propos recueillis par Oumarou Moussa (ONEP), Envoyé Spécial
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En prélude à la préparation des campagnes des cultures pluviales et irriguées 2023 qui vient de démarrer dans notre pays, le Directeur Général du Fonds d’Investissement pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (FISAN) a répondu à nos questions pour davantage éclairer la lanterne des citoyens sur les actions que mène cette importante structure dans l’amélioration des conditions de productivité et de compétitivité du secteur agricole nigérien.
Monsieur le Directeur Général, présentez-nous de manière succincte le FISAN ?
Le Fonds d’Investissement pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (FISAN) est un Etablissement Public de la catégorie Fonds Nationaux qui a pour mandat de promouvoir l’investissement public et privé dans le domaine de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle et du Développement Agricole Durable (SAN/DAD) en vue de renforcer la productivité, la rentabilité et la compétitivité des activités agrosylvopastorales et halieutiques (ASPH). Ce qui permettra à terme de booster la création des emplois décents en milieu rural, accroitre les revenus des acteurs des chaines de valeurs agricoles et améliorer durablement la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la population nigérienne.
C’est pourquoi, le FISAN se positionne comme un important outil de mise en œuvre de l’initiative 3N « Les Nigériens Nourrissent les Nigériens ». Il est structuré en trois facilités à travers lesquelles sont pris en charge le financement des sous projets des promoteurs privés (Facilité 1), le financement des sous projets d’infrastructures structurantes portées par les collectivités (Facilité 2) et le financement des sous projets de conseil agricoles et de recherche agronomique appliquée (Facilité 3).
Parlez-nous des contributions du FISAN dans la préparation des campagnes des cultures pluviales et irriguées 2023.
Dans le cadre du financement des activités liées aux deux campagnes pluviales et irriguées 2023, le FISAN, en collaboration avec les Institutions Financières partenaires (Banques et SFD) a engagé le financement de plusieurs portefeuilles à travers le mécanisme de subvention adossée au crédit couplé à une couverture partielle de garantie. Nous avons quatre principaux portefeuilles engagés que sont :
Six(6) portefeuilles régionaux sur ressources propres de l’Etat dont le processus a été lancé depuis l’année passée. A cet effet, 78 sous projets au profit de 363 bénéficiaires directs sont en train d’être financés dans les régions de Maradi avec la Banque Atlantique, les régions de Tahoua et Agadez avec la Banque Of Africa (BOA).
Il y a également le portefeuille du projet REEL MAHITA sur financement de la Coopération Belge avec 1285 sous projets du sous-secteur de l’élevage au profit de 6251 bénéficiaires directs dans la région de Dosso en partenariat avec les SFD Hinfani et Asusun Raya Karkara de Doutchi et dans la région de Tahoua avec Yarda Tarka Maggia de Madaoua. En plus, nous mettons en œuvre le portefeuille du projet NIG 028 sur financement de la coopération luxembourgeoise avec 180 sous projets de cultures pluviales, irriguées et transformation des produits agro-sylvo-pastoraux et halieutiques dans la région de Dosso avec les SFD Hinfani et Gomni. Nous avons enfin le portefeuille des sous projets spécifiques qui s’adresse à tous les sous-secteurs (fermes modernes, unités de transformation, Kits d’irrigation, etc) sur financement propre de l’Etat en collaboration avec plusieurs institutions financières.
A titre illustratif des sous projets spécifiques, on peut citer les sous projets de kits d’irrigation SAI AIKI financé dans le cadre d’un protocole d’accord regroupant la Plate-forme Paysanne du Niger (PFP/N) qui représente les coopératives des bénéficiaires, la Banque Agricole du Niger (BAGRI), le Centre Africain d’Agrobusiness (CAAB) et le FISAN. Un premier lot de 100 Kits solaires d’irrigation est engagé dans la région de Dosso, mais notre ambition est de mettre en place 25 000 kits sur l’ensemble des régions du pays.
Le FISAN a commencé à être opérationnel. Pouvez-vous nous parler du niveau d’adhésion des autres acteurs ?
Effectivement le FISAN s’opérationnalise progressivement à travers la mobilisation des ressources internes et externes et leur canalisation vers les bénéficiaires à travers les trois facilités. Tous les acteurs sont en train de jouer leur partition, même si de temps en temps nous observons une lenteur administrative tout au long du processus de mobilisation des ressources. Pour illustrer mes propos, la situation actuelle se présente comme suit. Il y a d’abord l’Etat qui accorde une subvention qui varie de 1 à 1,5 milliards de F CFA au cours des exercices 2022 et 2023. Cette enveloppe qui a connu un doublement par rapport aux exercices 2020 et 2021 mérite tout de même d’être significativement rehaussée afin qu’elle serve de levier pour la mobilisation des ressources externes. Ensuite, nous avons les Partenaires Techniques et Financiers qui commencent à faire confiance au FISAN qui est impliqué dans la formulation et la mise en œuvre d’une dizaine de projets PRADEL et REEL MAHITA/Enabel, NIG 028 et NIG 032/Coopération Luxembourgeoise, PRISAN/AFD, SOFIA/AICS, PAPI 2/Coopération Suisse/Danoise et MIIPAC/KFW/UE ainsi qu’avec le SRBC/UE, le PACIPA/BM, le PRECIS/BAD. Puis les partenaires de mise en œuvre notamment les Institutions Financières (Banques et SFD), la SAHFI, l’ANFICT, l’APCA et le SP/CNRA avec lesquels le FISAN a signé des conventions de partenariat qui ont permis de financer à date 1175 sous projets au titre de la Facilité 1, dix-sept 17 sous projets de la Facilité 2 et cinquante-sept (57) sous projets dans le cadre de la Facilité 3. Enfin, les bénéficiaires finaux que sont les promoteurs privés, les organisations paysannes et les entreprises agricoles apprécient fortement les interventions du FISAN car, les mécanismes mis en place de manière progressive ont un double effet, celui de réduire les risques liés aux activités agrosylvopastorales et halieutiques et d’inciter les promoteurs et les institutions financières à s’engager dans le financement agricole.
En conclusion, la méfiance entre les demandeurs du financement et ceux qui offrent le financement est en train de se dissiper car, au nom de l’Etat, le FISAN joue le rôle de trait d’union, de catalyseur, d’incitateur et de fédérateur des initiatives en matière de financement agricole.
Après les aspects opérationnels évoqués ci-dessus, de manière stratégique, quelle suggestion faites-vous pour booster le développement agricole ?
Le développement agricole a besoin d’une volonté politique qui s’exprime depuis l’avènement de l’initiative 3N, mais aussi une attention soutenue est nécessaire dans la mobilisation et la bonne affectation des ressources financières au niveau des actions centrées sur l’intensification et la diversification des productions agrosylvopastorales au profit des jeunes agri preneurs, des organisations paysannes et des entreprises agricoles engagées en visant le renforcement de la productivité, la rentabilité et la compétitivité des filières.
Par ailleurs, personnellement, je plaide pour que l’écosystème du développement rural soit doté d’un code des investissements agricoles spécifique à travers lequel toutes les facilités et les incitations que l’Etat offre aux opérateurs ruraux soient regroupées dans un seul document qui précisera les actions et les acteurs éligibles, les modalités et conditions d’accès aux opportunités de financements agricoles et les obligations des bénéficiaires. Ainsi, en plus des avantages fiscaux consignés dans le code des investissements en République du Niger et les lois de finances, le code des investissements agricoles traitera de tous les autres avantages offerts par l’Etat et les collectivités notamment les différentes formes de subventions, les lignes de crédits spécialisées, les couvertures de garanties, les primes, les aménagements structurants, les facilités d’accès au foncier , les divers types d’appuis conseils et la recherche agronomique appliquée, la protection des investissements, etc.
L’adoption d’un code des investissements agricoles permettra au FISAN et aux autres intervenants de canaliser les ressources publiques de manière plus harmonieuse, efficace et efficiente afin d’éviter le gaspillage et la mauvaise affectation observés actuellement. Aussi, en cas de non-respect des obligations par les bénéficiaires (détournement d’objectifs, refus avéré de mise en valeur, etc ), le code précisera les sanctions à prendre.
ONEP
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Mme la directrice générale, depuis plus de dix ans, le Niger a créé l’Agence Nationale d’Assistance Juridique et Judiciaire, pourquoi la création d’une telle structure ?
Merci de me donner l’occasion de parler de l’Agence Nationale d’Assistance Juridique et Judiciaire afin d’édifier nos compatriotes sur les raisons qui ont amené les autorités à la créer. En effet, au niger, toutes les études menées dans le cadre de la politique sectorielle du Ministère de la Justice ont permis de mettre en exergue le fait que l’accès à la justice était non équitable et non universel. Les principales causes relevées sont l’inadaptation du cadre juridique, l’éloignement des juriductions vis-à-vis des justiciables, le langage trop technique utilisé par les acteurs judiciaires, le coût des procédures, l’analphabétisme des populations, la concentration des avocats dans quelques centres urbains, la non mise en place des fonds prévus pour l’aide judiciaire.
Ainsi, dans le cadre de la réforme de son système judiciaire et en vue de renforcer la démocratie et l’Etat de droit, le Niger a adopté la loi n°2011-42 du 14 décembre 2011 fixant les règles applicables à l’Assistance Juridique et Judiciaire. Aussi, c’est dans cette dynamique et sur la base d’une étude menée sur l’accès à la Justice que fut créé par la même loi, un établissement public à caractère administratif dénommé Agence Nationale de l’Assistance Juridique et Judiciaire (ANAJJ).
Comment fonctionne l’agence?
L’ANAJJ a son siège à Niamey et dispose d’un organe délibérant (le Conseil d’Administration) et d’un organe exécutif (la Direction Générale) et des bureaux locaux qui sont au nombre de dix auprès des Tribunaux de Grande Instance (TGI) à savoir Agadez, Arlit, Diffa, Dosso, Konni, Maradi, Niamey, Tahoua, Tillabéry et Zinder qu’on appelle BAJJ (bureaux locaux d’assistance juridique et judiciaire).
Comment les citoyens peuvent bénéficier des prestations de l’ANAJJ?
Les citoyens peuvent bénéficier des prestation de l’ANAJJ en adressant leur demande à ces bureaux qui sont à Niamey et dans les autres TGI de l’intérieur. Pour rappel le bureau local est composé du président du TGI qui est le président du BAJJ, du greffier en chef qui en est le secrétaire, d’un représentant du ministère de la population, d’un représentant des associations de défense des droits de l’homme et d’un représentant des avocats ou des DCO(Défenseur Commis d’Office).
Les personnes détenues peuvent adresser leur demande par le biais du chef d’établissement pénitentaire pour bénéficier de l’assistance de l’agence.
Dans quels cas les citoyens peuvent-ils saisir l’ANAJJ ?
L’ANAJJ peut être saisie pour des besoins d’assistance juridique ou judiciaire par toute personne vivant sur le territoire de la République du Niger.
L’assistance juridique consiste en un ensemble de prestations destinées à améliorer la compréhension du droit, de la justice et de ses institutions, à prévenir les conflits et favoriser le règlement des différends. Elle est accessible à tous, sans distinction de nationalité, de sexe, d’âge ou de toute autre considération (riche ou pauvre). Elle est gratuite et applicable à tous les domaines du droit et peut être sollicitée en dehors de toute procédure judiciaire ou administrative.
L’assistance judiciaire, quant à elle, consiste en un ensemble de prestations apportées au cours d’une procédure judiciaire au profit de certaines catégories de personnes vulnérables ou de celles qui ne disposent pas de revenus nécessaires pour faire face aux frais d’un procès. Elle est applicable en toutes matières.
L’assistance judiciaire comporte donc l’assistance dans le cadre d’un procès y compris la défense par un avocat professionnel ou par un DCO et la prise en charge des frais afférents à la procédure.
L’assistance judiciaire s’étend aux différents stades de la procédure à savoir la première instance, l’appel et la cassation.
A vous comprendre Mme, c’est comme si les personnes de nationalité étrangère vivant au Niger peuvent aussi bénéficier de l’assistance de l’ANAJJ.
Oui, bien sûr. La loi ne fait pas de distinction dans la fourniture de l’assistance.
Est-ce que l’ANAJJ peut prendre l’initiative d’assister les personnes en cas de litige?
A ce niveau il faut nuancer. L’ANAJJ peut prendre l’initiative de fournir l’assistance juridique à travers des séances de sensibilisation, des journées portes ouvertes ou même des atelies de formation sur des thématiques bien précises.
Cependant, en cas de litige, l’ANAJJ doit être saisie pour fournir l’assistance judiciaire.
Lorsqu’un litige est porté devant les juridictions, l’Agence fournit-elle gratuitement de l’assistance aux citoyens qui n’ont pas les moyens ?
Oui, elle le fait selon les conditions définies par la loi.
Il faut distinguer deux (2) catégories d’assistances judiciaires à savoir l’Assistance Judiciaire sous condition d’indigence et l’Assistance Judiciaire d’Office.
L’assistance judiciaire sous condition d’indigence est gratuite. Elle est accordée à toute personne reconnue indigente, c’est-à-dire toute personne dont les moyens matériels et financiers sont insuffisants et ne lui permettent pas de faire face aux frais occasionnés par un procès.
L’Assistance Judiciaire peut être demandée au cours de l’instance. Elle est verbale ou écrite.
L’assistance judiciaire d’office est accordée sans exigence de production de preuve à certaines catégories de personnes considérées vulnérables.
Je précise qu’à ce niveau il s’agit des mineurs poursuivis pour crime, délit ou contravention ; des mineurs victimes devant une juridiction répressive, des personnes handicapées prévenues ou parties civiles incapables de se défendre du fait de leur handicap ; des personnes accusées comparaissant devant une cour d’assises à présent chambre criminelle.
Elle est également fournie aux femmes victimes de violences visées aux chapitres II, III, VI, VIII du titre III du code pénal (CBV) et autres crimes et délits volontaires, meurtres et autres crimes capitaux, attentat à la liberté individuelle, esclavage, violation de domicile et attentats aux mœurs et aux femmes sollicitant le paiement d’une pension alimentaire, la liquidation d’une succession ou la garde d’enfant.
Que peut-on retenir en termes de réalisations de l’agence?
Depuis sa création, l’ANAJJ a, à son actif, plusieurs réalisations. A titre d’exemple, de 2018 à 2022, 59 791 personnes ont bénéficié de l’assistance juridique et 6668 sont bénéficiaires de l’assistance judiciaire à travers nos bureaux locaux d’assistance juridique et judiciaire. En outre, plus de trente cinq (35) ateliers de formation ont été organisés et ont concerné deux mille cinq cent (2500) personnes composées des magistrats, des avocats, des défenseurs commis d’office, des acteurs des médias et des acteurs de la société civile.
Pour ses activités de sensibilisation, l’ANAJJ est appuyée par les animateurs des cliniques juridiques dans le cadre du Programme Spotlight. Ce programme est le fruit d’un partenariat entre l’Union Européenne et les Nations Unies, mis en œuvre conjointement avec le Gouvernement du Niger. Il contribue à l’élimination des violences sexuelles basées sur le genre, des pratiques néfastes et des obstacles à l’accès aux droits à la santé sexuelle et reproductive. Il couvre 300 villages des quatre (4) régions d’intervention que sont Maradi, Tahoua, Tillabéry et Zinder. Pour la période de 2021 à 2022, 168 075 personnes ont été sensibilisées en matière de Violence Basée sur le Genre (VBG).
L’ANAJJ est une jeune structure qui contribue énormément à l’effectivité de la jouissance de l’Etat de Droit au Niger, quels sont les défis dans l’accomplissement de sa mission et quelles sont les perspectives?
Comme difficultés et défis, nous pouvons relever l’insuffisance des ressources. Les allocations budgétaires au profit de l’ANAJJ restent en deçà des objectifs à atteindre. En effet, non seulement les montants ne sont pas toujours suffisants et en plus les 50% de ces montants sont systématiquement reversés au barreau. Ce qui handicape sérieusement l’exécution de certaines activités et qui explique que l’ANAJJ n’est présente que dans les dix TGI. Un autre souci, c’est la non fourniture de l’assistance judiciaire aux bénéficiaires dans les régions du Niger autres que Niamey par les avocats professionnels. En plus lorsque vous regardez le profil des DCO qui font du bénévolat, ils ne sont pas des juristes.
Comme perspective, je peux relever que l’ANAJJ dispose d’un plan d’actions 2023-2027 constitué de trois axes stratégiques. L’axe stratégique 1 est relatif à la redynamisation de l’Agence et partenariat, le second axe stratégique met l’accent sur l’amélioration des conditions d’offre et de demande de l’assistance juridique. Quant au 3ème axe stratégique, il porte sur l’amélioration des conditions d’offre et de jouissance de l’assistance judiciaire.
Ce plan d’actions s’appuie sur un buidget d’’un montant global de 5 485 900 000 FCA. Sa mise en œuvre contribuera à l’effectivité de l’accès à la justice de la population de notre pays.
Mme la Directrice générale, on constate que le travail est titanesque, les besoins sont énormes, est-ce que l’agence reçoit l’appui des partenaires ?
Oui, l’ANAJJ bénéficie de l’appui des partenaires techniques et financiers au titre desquels nous avons le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l’International Developement Law Organization (IDLO), l’Association du Barreau Américain, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), le Haut-commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, Eucap sahel.
Ces partenaires, en plus de l’appui en matériel de bureau et matériel informatique, interviennent aussi bien sur le volet assistance juridique que judiciaire.
Sur le volet assistance juridique, ces partenaires soutiennent les formations des acteurs, la tenue des séances de sensibilisation, le recrutement des coordonnateurs des cliniques juridiques et des parajuristes communautaires, l’organisation des journées porte-ouvertes etc.
Pour ce qui est de l’assistance judiciaire, certains partenaires dont IDLO principalement, appuient l’organisation et la prise en charge des dossiers lors des sessions des chambres criminelles, la prise en charge de certains frais de justice, le paiement des prestations des avocats ou défenseurs commis d’office et l’assistance aux victimes.
Il est à noter que l’appui des partenaires contribue fortement à l’atteinte des objectifs de l’agence.
Proposé par Zabeirou Moussa (ONEP)
Source : http://lesahel.org/
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Monsieur le Commissaire, l’acheminement des pèlerins en Arabie Saoudite se poursuit, quel est à la date d’aujourd’hui, le nombre de pèlerins nigériens ayant foulé effectivement le sol saoudien ?
Avant de répondre à cette question, permettez-moi de préciser que l’organisation d’un bon Hadj obéit à un certain nombre d’éléments indispensables et dont la maitrise ne doit souffrir d’aucune ambiguïté. Il s’agit entre autres du transport des pèlerins ; l’hébergement ; l’encadrement et la restauration. En effet, l’organisation du Hadj dans notre pays est une question nationale au regard de la place qu’occupe le pèlerinage dans la vie de nos populations et surtout eu égard à l’importance qu’accordent les autorités nigériennes à cet événement. C’est d’ailleurs dans cette optique qu’un forum a été organisé en janvier 2023 pour que le maximum d’acteurs se prononce sur la question. Sinon, de tout temps, c’est le Commissariat à l’Organisation du Hadj et de la Oumra et les chefs d’agences qui se prononcent. Chacun donne sa version des faits au point que la population a des difficultés à comprendre qui a raison ou qui a tort. Fort heureusement, la tenue de ce forum a permis à l’ensemble des acteurs de se prononcer sur les quatre aspects fondamentaux dans l’organisation du Hadj. C’est ainsi qu’à l’unanimité, les acteurs ont convenu de diversifier les partenaires. C’est pourquoi, d’un partenaire habituel, cette année, le COHO a identifié et retenu trois en l’occurrence Max Air ; Saura Flynas et Ethiopian Airlines. En outre, à la lumière de ce qui se passe actuellement et relativement aux points sur lesquels le forum a débattu, on peut dire sans risque de se tromper qu’il y a eu une nette amélioration dans l’organisation du Hadj au Niger et surtout par rapport au transport des pèlerins. Je profite de cette occasion pour dire qu’à la date du 17 juin 2023, le Commissariat à l’organisation du Hadj a transporté 8.527 pèlerins. C’est une grande performance et nous pensons que dans les jours à venir, nous allons épuiser le stock qui reste.
Et qu’en est-il de leur hébergement en Arabie Saoudite ?
S’agissant du second aspect lié à l’organisation du Hadj, notamment l’hébergement, nous voulons que les populations nigériennes soient édifiées davantage. De par mon expérience, le Niger est l’un des pays qui hébergent ses pèlerins dans des plus mauvaises conditions. Ce sont seulement les Nigériens qui étaient hébergés dans des bâtiments délabrés, exigus et entassés à grand nombre avec une seule toilette. Pour effectivement résoudre ce problème crucial qui ternit l’image de notre pays, le COHO n’a eu de choix que d’appliquer à la lettre l’une des résolutions du forum. Dans cette optique, le comité de pilotage du COHO a dépêché une mission de deux semaines en Arabie Saoudite, en collaboration avec les chefs de groupes d’agences afin d’identifier des bâtiments où les pèlerins nigériens seront logés. Cette équipe était composée des responsables du COHO ; de la Primature et du Ministère du Commerce. Elle a fait son travail sur place conformément aux critères retenus par le COHO. Le critère lié au choix de bâtiments est celui des bâtiments décents, propres avec des chambres qui peuvent prendre quatre (4) personnes avec une toilette. La mission a obtenu effectivement les bâtiments exigés par le COHO. Cependant, il n’est pas étonnant d’entendre des ratés parce que le nombre de bâtiments réquisitionnés à l’époque était d’une capacité d’accueil de 9000 pèlerins. Après, cette mission, le nombre des pèlerins est allé à 15.000 personnes. C’est dire que les chefs de groupes d’agences ont pris des bâtiments à l’absence du COHO. Ces ratés sont en train d’être corrigés sur place avec le Secrétaire général du COHO et son équipe. Il y a eu des chefs de groupes d’agences qui ont logés des pèlerins nigériens dans des situations inacceptables. D’ores et déjà, nous avons donné des instructions fermes au Secrétaire général de l’institution pour qu’il déloge ces pèlerins du bâtiment inappropriés pour leurs chercher un autre bâtiment.
Outre l’hébergement, la question de l’encadrement des pèlerins est aussi un aspect très important dans l’organisation du Hadj, quelles sont les reformes mises en œuvre par le COHO pour assurer à nos pèlerins un encadrement de qualité en terre sainte de l’Islam ?
Par rapport à l’encadrement des pèlerins, nous avons appliqué les résolutions du forum qui fort opportunément correspondent exactement au système saoudien qui est de 45 à 50 pèlerins pour un encadreur. C’est ainsi que pour la première fois, nous avons fait subir des tests aux encadreurs. Sinon par le passé, c’était des chefs de groupes d’agences qui choisissent leurs parents, amis et connaissances qui, pour la plupart ne répondent pas souvent aux critères. Nous avons décidé d’arrêter cette pratique en soumettant tous les encadreurs à un test devant un jury constitués à cet effet. Le jury a sélectionné à l’issue de ce test les bons encadreurs. L’encadreur a pour rôle principal d’être avec les pèlerins pour leur montrer les différents sites religieux. C’est l’exemple de la «Ziyara» à Médine où les pèlerins ont besoin d’un encadreur à la hauteur de la tâche. A la Mecque, il faut que le pèlerin soit encadré pour faire le «Tawâf» ; «Safâ et Marwâ», à Mina et à Arafat. Cette année, nous allons veiller à ce que ces encadreurs soient avec les pèlerins et que les rites se passent normalement.
‘’Je pense que si nous voulons organiser un Hadj sans stress, il faut que l’Etat du Niger se donne les moyens de sécuriser l’ensemble des frais du Hadj’’, déclare M. Ibrahim Kaigama
En ce qui concerne la restauration, le problème ne se pose pas. Les restaurateurs qui ont pris en charge les Nigériens l’année passée ont été reconduits au regard des témoignages faits par les chefs d’agences. Mais la particularité de cette année qui mérite d’être soulignée, c’est que le COHO a amené à la Mecque, un cuisinier professionnel qui connait très bien la cuisson des mets nigériens. La mission de celui-ci est d’encadrer les restaurateurs saoudiens afin qu’ils puissent produire des repas aux goûts de nos pèlerins. C’est une première innovation qui est extrêmement importante à relever. Bref, nous pensons avoir répondu à toutes ces exigences, et résolutions du forum qui sont par ailleurs les éléments qu’il faut réunir dans l’organisation du Hadj. Ce qui reste à faire, c’est la mise en œuvre.
Dans un communiqué émanant du COHO, en date du 12 juin 2023, votre structure a informé les chefs de groupes d’agences que la date butoir d’émission des visas a été fixée le 13 juin 2023 par les autorités saoudiennes. Est-ce que tous les candidats au Hadj ont effectivement eu leur visa ? Sinon comment vous comptez résoudre ce problème ?
Effectivement, nous avons tenu le 13 juin 2023, un point de presse pour informer l’opinion nationale que la date butoir d’émission des visas était fixée à cette date-là et que tout celui qui n’arrive pas à le produire à la date prévue allait se confronter à des problèmes. Ici, il me plait de relever qu’entre le COHO et les chefs d’agences, nous savons ce que nous faisons et nous avons le calendrier de toutes les échéances liées à l’organisation du Hadj. Ce calendrier, nous l’avons depuis février. Mais nous avons constaté que les chefs de groupes d’agences font semblant d’ignorer ce calendrier. La date butoir initiale était le 7 juin 2023. Les chefs de groupes d’agences le savent. A la veille de cette date, nous avions écrit aux autorités saoudiennes pour qu’elles puissent nous permettre une petite rallonge parce que les responsables d’agences n’étaient pas prêts. Voilà comment nous avons eu le report de 6 jours pour le Niger. A la date du 12 juin 2023, les Chefs d’agences n’ont pas accompli les formalités d’émission des visas. C’est la raison pour laquelle, nous avions organisé le point de presse pour alerter l’opinion pour qu’elle-même nous aide à faire la pression sur les chefs d’agences afin qu’ils puissent mettre les sous nécessaires pour l’obtention des visas. C’est ainsi qu’à la date du 13 juin 2023, quelques 1.399 pèlerins n’avaient pas eu de visa. Aussitôt le point de presse, nous avions rencontré la tutelle pour exposer le problème. Le Premier ministre, soucieux du danger lié à cette question avait personnellement appelé tous les Chefs d’agences. Fort heureusement, avec le bruit qu’on a fait et l’intervention du Chef du gouvernement, des résultats fort appréciables ont été enregistrés. A la date du 17 juin 2023, le nombre de visas non émis est de 514. Nous espérons que d’ici le 19 juin 2023, les chefs d’agences vont produire les éléments nécessaires liés à l’établissement des visas restants. Tant que ces visas ne sont pas émis, il n’existe aucun moyen d’effectuer le déplacement pour le Hadj. C’est le lieu pour moi de rappeler à l’opinion nationale que le rôle du COHO se limite à superviser et accompagner les agences du Hadj et de la Oumra. A priori, nous ne posons aucun acte dans l’organisation du Hadj. La seule chose que le COHO s’est arrogé comme acte principal, c’est le transfert des fonds des pèlerins. Ainsi, pour sécuriser les pèlerins, le COHO a ouvert trois types de comptes à la Banque Sahélo-Saharienne pour l’Investissement et Commerce (BSIC). Il s’agit notamment du compte lié aux prestations saoudiennes ; le compte transport et celui de l’hébergement. En ce qui concerne le compte transport, le COHO a pris pas moins de 18 milliards de FCFA des pèlerins pour régler les avionneurs. Pour l’instant, nous avons donné les 50% du montant prévu pour la phase aller et 50% à la phase retour conformément au contrat signé. Pour ce qui est des charges saoudiennes, c’est plus de 17 milliards 695 millions 813 mille 515 FCFA que le COHO a envoyé en Arabie Saoudite pour alimenter les comptes des Chefs de groupes d’agences. Le COHO ne gère pas l’argent. Chaque chef de groupe d’agences a son compte. Celui-ci est seul à faire les contrats de logement ; des bus ; de la restauration et des tentes. Cependant, sur les 9 milliards attendus par rapport au compte d’hébergement, les Chefs de groupes d’agences n’ont versé au COHO qu’un (1) milliard. C’est justement ce fonds qui cause énormément de problème au COHO.
Je pense que si nous voulons organiser un Hadj sans stress, il faut que l’Etat du Niger se donne les moyens de sécuriser l’ensemble des frais du Hadj (les charges saoudiennes ; le transport et l’hébergement). A l’endroit des pèlerins qui n’ont pas eu jusque-là leur visa, nous leur demandons de prier pour que d’ici demain, les responsables puisse produire assez de visas. Sinon tant que les chefs d’agences n’ont pas payé, je ne pense pas qu’ils puissent faire de la magie pour amener un pèlerin à la Mecque.
Par le passé, la pléthore d’agences du Hadj et de la Oumra avait rendu difficile la tâche au COHO. Avec les réformes engagées par l’Etat, est-ce que votre structure arrive à mener à bien son travail ?
Dans un passé relativement récent, le COHO enregistrait pas moins de 400 agences du Hadj et de la Oumra. Après les inscriptions, on se retrouvait avec 40 groupes d’agences. Cette pléthore d’agences ne facilite pas la tâche au COHO de vérifier les conditions d’hébergement et d’évaluer l’organisation du Hadj. C’est pour cette raison que cette année, un décret a été pris pour limiter le nombre de groupes d’agences. Ainsi pour être groupe d’agences, il faut avoir minimum 1000 pèlerins et justifier de 200 millions de caution. C’est ainsi que cette année, nous avons retenu 9 groupes d’agences qui ont convoyé les pèlerins et chacun s’est acquitté de sa caution. En effet, sur les 3.258.733 F fixés comme prix de hadj, le pèlerin paye 1.189.000 FCFA le billet d’avion ; les charges saoudiennes sont évaluées autour de 1.110.000 FCFA. En plus, sur chaque pèlerin, le chef d’agences a une marge bénéficiaire de 250.000 FCFA ; plus 90.000 FCFA pour l’encadrement ; ce qui porte le montant à 340.000 FCFA. Il y a aussi 619.000 FCFA pour l’hébergement. Ces montants cumulés qui font les 3.258.733 FCFA. Les frais de transport et les charges saoudiennes sont versés au COHO qui les sécurise pour les pèlerins. Ce sont les frais d’hébergement que les chefs d’agences gardent avec eux qui constituent le goulot d’étranglement pour le COHO dans la mesure où ils ne respectent pas les conditions d’hébergement édictées par notre structure une fois à la Mecque. Ils ne dépensaient pas 300.000 FCFA par le passé pour héberger les pèlerins nigériens pendant tout le séjour.
Dans les années antérieures, beaucoup d’agences du Hadj et de la Oumra avaient eu des problèmes liés à l’inscription des pèlerins, est-ce à dire que cette situation a été définitivement résolue ?
Le système d’inscription des pèlerins au Niger est l’un des meilleurs dans la sous-région ouest africaine. Au Niger, ces inscriptions se font en ligne et en toute transparence. Dès qu’on donne l’autorisation d’inscription, les chefs d’agences inscrivent à partir de leur bureau tous les pèlerins se trouvant sur leur liste. Le Commissaire à l’organisation du Hadj et de la Oumra ne peut rien. Il ne peut encore moins bloquer quelqu’un dans le cadre de l’inscription. Le système est tellement transparent que tout le monde peut suivre en même temps ces inscriptions. Un des chargés d’Affaires de l’Arabie Saoudite basé dans un pays africain a témoigné en disant que, le Niger a le meilleur système d’inscription des pèlerins.
Réalisée par Hassane Daouda (ONEP)
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Première femme Officier au sein de la Garde Nationale du Niger, corps qu’elle a intégré en 2008, Capitaine Ramatou Abdoulaye Hamadou a largement contribué à démystifier les préjugés portés à l’encontre des femmes qui servent au sein des Forces de Défense et de Sécurité au Niger. Cette ancienne pensionnaire de la prestigieuse Ecole de Formation des Officiers des Forces Armées Nigériennes (EFOFAN) est aujourd’hui un modèle pour beaucoup de jeunes filles qui veulent s’engager et faire carrière sous le drapeau. Depuis 2016, elle occupe le poste de Chef division affaires administratives à la direction des ressources humaines (DRH) de la Garde Nationale du Niger.
Mon Capitaine, qu’est-ce qui vous a motivé à choisir de faire carrière au sein des FDS ?
Servir sous le drapeau a toujours été une passion pour moi. Depuis mon jeune âge, je suis fascinée par la rigueur, la discipline, la loyauté, le respect des autres, et surtout le dépassement de soi qui caractérisent les forces de défense et de sécurité. C’est donc normal que j’intègre les Forces de Défenses et de sécurité. Porter la tenue et servir mon pays est en quelque sorte un rêve que j’ai caressé et qui s’est réalisé pour moi.
En quoi consiste votre travail et quel impact a-t-il sur le travail des autres directions, services et unités ?
Mon travail consiste à gérer tout le personnel de la Garde Nationale du Niger. Ma Division est chargée de l’établissement des différents papiers administratifs, notamment les messages radios, les décisions ainsi que les arrêtés et décrets. J’assure aussi la liaison avec tous les services pour des questions relatives au personnel, l’établissement d’un contrôle nominatif annuel de l’ensemble du personnel de la Garde Nationale du Niger et la planification des affectations. La Direction des Ressources Humaines est en quelque sorte la direction centrale du corps dans le sens où elle définit des stratégies de gestion des ressources humaines qu’elle fera valider par le Haut-Commandant.
Avez-vous l’impression que vous devez travailler plus que vos collègues masculins pour prouver vos compétences afin de faire taire les préjugés qui sont fréquents dans les groupes mixtes ?
Non, pas vraiment ! Car, les nominations au poste se font en fonctions des profils, des carrières et des compétences. C’est juste que, quelques fois, on doit savoir s’imposer dans certaines situations qui sont heureusement rares. Etant donné que la femme est perçue comme faisant partie d’une couche vulnérable dans la société en général, elle se doit de fournir plus d’efforts pour pouvoir s’affirmer.
Est-il facile pour vous de concilier vie sociale et vie professionnelle ?
Certes, parfois c’est assez difficile de le faire, surtout quand on occupe certains postes de responsabilité. Il faut sortir très tôt de la maison et y rentrer tardivement. C’est assez compliqué. Et surtout que de fois, il peut y avoir des missions inopinées. Mais avec un conjoint compréhensif, c’est bien possible de concilier vie sociale et vie professionnelle. On doit faire beaucoup de concession pour y arriver.
Après tant d’années de vie professionnelle, quelles sont les difficultés auxquelles vous avez eu à faire face ?
D’abord, être Garde National exige énormément de discipline et de motivation. Entre autres, il y’a le respect de la hiérarchie. Donc, il faut savoir être très obéissant. Je n’ai pas personnellement eu à faire à des difficultés mais plutôt à une discrimination positive par rapport à l’emploi et les désignations des missions dynamiques. En dehors de cela, je suis utilisée comme les masculins pour le service Garnison, en l’occurrence les permanences.
Quelle est la réaction de vos collègues masculins, en particulier lorsqu’il vous arrive de donner des ordres ?
Dans le cadre du commandement, les ordres sont stricts et chaque subordonné est en obligation de les exécuter, conformément aux dispositions du Corps. Il y’a toujours des brebis galeuses qui essayent, quelques fois, de se dérober pour ne pas les exécuter car, pour eux, être commandé par une femme est un signe de faiblesse. Dans ces cas de figure, on applique le règlement de discipline générale pour sanctionner les récalcitrants.
Quel est votre message à l’endroit de vos collègues féminins qui se sous-estiment face à la pression des tâches dans un environnement largement dominé par les hommes ?
Nous, féminins, nous ne devons pas nous laisser marginaliser par les hommes sur le plan du travail. Nous sommes aussi capables d’occuper des postes de responsabilité que nos confrères masculins. Parmi nous, il y’en a qui sont physiquement et intellectuellement plus aptes que les masculins. Donc, nous ne devons pas nous décourager. Nous devons plutôt faire nos preuves afin d’être acceptées et prises au même pied d’égalité que nos confrères masculins. Nous devons nous battre pour l’égalité des chances au travail.
Partant de votre propre expérience, que diriez-vous aux jeunes filles qui rêvent de faire carrière sous le drapeau ?
Pour les jeunes filles qui rêvent de faire carrière sous le drapeau, je leur dirai de ne surtout pas hésiter à tenter de faire de leur rêve une réalité. Je dirai à mes chères sœurs qu’elles sont capables et de ne pas se laisser décourager par ce qu’elles entendent sur les contraintes de la formation militaire. C’est certes un peu difficile, mais quand on veut ou peut. Je les encourage vivement à déposer leurs candidatures partout où il le faut afin d’intégrer les différents corps pour servir notre pays. Je leur confirme que le service militaire est un excellent moyen d’apprentissage et de développement de nouvelles compétences.
Quel est votre combat actuel pour soutenir vos sœurs?
Le thème qui me tient à cœur est la professionnalisation des femmes des armées. La mise en œuvre d’un tel concept permettra d’accélérer la féminisation et l’orientation des femmes dans les différentes spécialités. Elle permettra aussi de bien structurer leur insertion dans ce secteur où les contraintes du métier sont particulièrement exigeantes mais surmontables.
Propos recueillis par Souleymane Yahaya (ONEP)
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Le jeudi 27 avril 2023, le Ministre Algérien des Affaires Etrangères et de la Communauté Nationale à l’Etranger, M. Ahmed Attaf en sa qualité d’Envoyé spécial du Président de la République Algérienne Démocratique et Populaire, a effectué une visite de travail au Niger. Au cours de cette visite M. Ahmed Attaf a eu une séance de travail avec son homologue nigérien sur les perspectives prometteuses de développement des relations entre les deux pays. Plus encore de la concertation et de la coordination autour des questions régionales et internationales d’intérêt commun. En marge de cette visite, le chef de la diplomatie algérienne a accordé un entretien à notre journal dans lequel, il a expliqué le contexte dans lequel se situe sa visite ainsi que l’état de la coopération bilatérale entre le Niger et l’Algérie.
Monsieur le ministre, vous êtes au Niger dans le cadre d’une visite de travail et d’amitié de 24 heures. Pouvez-vous nous dire quel est le but de cette visite au Niger et dans quel contexte elle se situe ?
Merci beaucoup de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer dans les colonnes de votre journal, très intéressant avec des informations véridiques et très fiables. Ma présence au Niger s’explique par trois(3) raisons fondamentales à savoir, le point de la coopération bilatérale entre nos deux pays, le contexte régional de la stabilité sécuritaire du Sahel et le contexte continental de deux pays qui ont inscrit leurs actions dans une perspective d’intégration africaine. Vous n’êtes pas sans le savoir, le rôle central que joue le Niger de ces contextes surtout celui continental à travers l’ancien Président de la République, Issoufou Mahamadou qui dirige le panel de haut niveau sur la sécurité au Sahel. Aussi, il conduit le panel sur la zone de libre-échange continentale africaine ZLECAF et le Président Mohamed Bazoum, en personne, est désigné champion de l’Union Africaine pour l’industrialisation inclusive et durable et la transformation productive. Donc ces triples contextes encadrent ma visite sur lesquels nous avions eu des discussions, des évaluations et des résultats dans les bilans. Je crois pouvoir dire que sur l’ensemble de ces questions, il y’a eu une grande convergence de points de vue entre le Niger et l’Algérie.
Monsieur le Ministre comment se porte la coopération bilatérale Nigéro algérienne?
Le Président de la République du Niger, SE. Mohamed Bazoum avait effectué une visite de travail et de renforcement de la coopération bilatérale en juillet 2021 à Alger et une deuxième visite dans le cadre de la célébration du 60ème anniversaire de l’indépendance de notre pays. C’était un grand geste qui a profondément touché l’ensemble des Algériens. Les deux Chefs d’Etat ont, au cours de ces occasions, défini un cadre afin de tracer des perspectives pour nos deux pays. Si je m’en tiens simplement au premier contexte dont je viens de parler, celui de la coopération bilatérale, je crois qu’il y’a quelque chose de très substantiel auquel les deux Chefs d’Etat sont parvenus. Ils ont discuté des dossiers très importants qui sont en cours de réalisation à la demande de nos frères Nigériens dont un projet de centrale solaire qui a été accepté et devenu un projet courant dans nos relations. L’Algérie a également accepté la réhabilitation profonde du lycée professionnel qui porte le nom de Lycée de l’amitié Algérie-Niger. Les deux présidents se sont également entendus pour lancer un nouveau projet de construction d’un lycée professionnel financé par la partie algérienne dont il revient au Niger de décider de la dimension, des matières de formation et de la localisation. Il y’a aussi des dossiers particuliers et des projets structurés comme le Gazoduc. Ce projet est toujours sur la table, mais fait l’objet d’un suivi très vigilant de la part de nos pays. Il est d’une longueur de 4.128 km dont 1.037 km en territoire nigérian, 841 km au Niger et 2.310 km en Algérie. Ce gazoduc dénommé le Trans-Saharan Gas-Pipeline (TSGP) va relier les gisements gaziers du Nigeria, en passant par le Niger, à la frontière algérienne pour se raccorder au réseau algérien.
Il y a également d’autres projets importants. Par exemple, il y a celui de la dorsale de la fibre optique qui est aussi un très grand chantier en cours. D’ailleurs, les pays membres du comité de liaison de la dorsale transsaharienne à fibre optique se sont engagés à accélérer la réalisation de ce projet stratégique visant le développement de l’économie numérique régionale. Nous avons aussi beaucoup de dossiers plus ponctuels comme dans le secteur des hydrocarbures où une filiale est impliquée et elle doit commencer ces efforts d’exploitation. C’est vraiment un sujet très important etc.
Monsieur le ministre, à la fin des travaux de la session de la Haute Commission mixte nigéro-algérienne de coopération tenus à Niamey, les deux pays ont procédé à la signature de plusieurs accords dans divers domaines de coopération. Qu’en était-il de la suite ?
Ces accords concernent la coopération. Ils portent sur la grande commission mixte par exemple. A l’occasion de cette visite, nous en sommes convenus à la demande de la partie nigérienne qu’elle se tiendra à Alger au cours du premier trimestre de l’année 2024. Il y’a également un comité qui fait un travail remarquable dont on n’en parle pas beaucoup. C’est le comité bilatéral frontalier qui organise des relations entre nos populations, au niveau des frontières en terme de flux humains, d’échanges économiques dans la mesure où il a réussi à encadrer avec beaucoup de succès des échanges transfrontaliers entre les deux pays.
Ensuite la troisième réalisation qu’il ne faut pas sous-estimer, c’est celle de la création d’un conseil d’affaires nigéro-algérien qui regroupera la communauté des affaires des deux pays pour monter ensemble des projets. Là aussi, c’est un instrument complémentaire dont nous venons de nous doter et qui aidera notre coopération à aller vers d’autres sommets.
En novembre 2022, le président du Panel de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel, l’ancien président Mahamadou Issoufou a mis en avant l’importance de l’appui apporté par l’Algérie sur la situation sécuritaire et du développement dans les pays du Sahel, ainsi que les propositions formulées pour relever les défis auxquels est confrontée la région. Depuis lors, pouvez-vous nous dire l’essentiel des interventions de votre pays pour la stabilisation des pays du Sahel dans le cadre de la lutte contre le terrorisme?
En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, le crime transnational organisé et les autres formes de criminalité dans la région du Sahel, nous avons comme premier instrument, celui qui est bilatéral. Nous avons aussi des accords de coopération militaire, sécuritaire avec le Niger. Par exemple, les échanges d’informations, la dotation en équipements pour la lutte contre le terrorisme et les criminalités internationales organisées. Ce canal bilatéral entre nos deux Ministères de Défense fonctionne à la satisfaction des deux pays.
En plus, il y’a un cadre multilatéral qui est le Comité d’Etat-Major Opérationnel Conjoint (CEMOC) qui vient d’être présidé par le Niger et servant aussi de cadre de concertation et de décision dans la lutte contre ces phénomènes transfrontaliers, transnationaux. Le CEMOC est en train de faire l’objet d’une adaptation au niveau des faits actuels à travers des échanges d’idées avec nos frères nigériens. Je crois pouvoir dire que nous allons dans la bonne direction dans le sens où nous œuvrons ensemble à la redynamisation de ce comité dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité internationale.
Monsieur le ministre, la Route Transsaharienne (RTS) est un projet qui relie Alger à Lagos dont l’objectif est de desservir toute la sous-région du Maghreb et du Sahel sur une longueur totale de 9.400 km. Pouvez-vous nous parler de l’évolution de ce projet?
Ce projet est quasiment dans sa phase finale. Pour ce qui concerne l’Algérie, il y’a plus de 9.000 km qui ont été réalisés. Actuellement entre Asamaka et Arlit, un chantier de 225 km est en cours de réalisation par des entreprises nigériennes et algériennes qui travaillent en étroite collaboration, c’est très important. Ce chantier constitue un exemple de coopération effective diligente.
Le Niger et l’Algérie entretiennent une coopération depuis plusieurs décennies dans divers domaines, est-ce que le problème de migration a été évoqué lors de vos échanges avec les responsables nigériens surtout que l’Algérie continue d’expulser plusieurs dizaines de migrants nigériens et des ressortissants d’autres pays subsahariens installés de manière irrégulière sur son territoire ?
Je préfère parler de coopération en matière de prise en charge de l’émigration entre l’Algérie et le Niger. Quelles que soient les données du dossier, nous les réglerons toujours dans la confiance, l’entente et la compréhension. Il peut y avoir des situations sur lesquelles nous devons nous concerter. Tout ce qui se passe devra se faire avec concertation entre nos deux pays pour que ces dossiers pénibles pour l’Algérie comme pour le Niger soient bien traités. Je veux dire que ces dossiers devraient être gérés dans la manière la plus morale, éthique et respectueuse de la personne humaine. C’est la philosophie de notre coopération avec le Niger et c’est dans cet esprit-là que nous travaillerons avec nos amis nigériens quels que soient les problèmes que nous rencontrons dans ce domaine et il en existe, je ne le nie pas.
Un pays frère, le Soudan traverse actuellement une situation difficile, quelle est la position de l’Algérie face à la crise déplorable que connait ce pays ?
Comme tout le monde, nous avons vu et pris connaissance avec choc et regret qu’une profonde préoccupation se développe au Soudan endeuillant le pays. Nous regrettons ces affrontements fratricides. Le Soudan et le peuple soudanais frère ont besoin de stabilité, de sécurité, d’entente et de compréhension pour bâtir leur pays. Et voilà que leurs efforts viennent une fois encore d’être contrariés par ces affrontements fratricides. L’Algérie, à travers le Président Abdelmadjid Tebboune en sa qualité de président de la Ligue Arabe, a adressé des lettres écrites au Secrétaire Général de l’ONU, à l’Union Africaine pour leur proposer une action commune en direction du Soudan afin de contribuer à l’arrêt des hostilités, des combats fratricides et meurtriers pour ouvrir la voie d’un dialogue entre frères. Cela pourrait éviter au Soudan de s’enfoncer davantage dans la crise. Nous avons pris cette initiative comme d’autres pays. Nous formulons le vœu que ces appels à l’arrêt de la violence et des combats soient entendus et que la sagesse finisse par prévaloir de sorte que les Soudanais s’assoient autour d’une même table pour trouver une solution pacifique à leur différend quel qu’il soit.
Réalisée par Seini Seydou Zakaria (ONEP)
Source : http://lesahel.org/
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Mme la présidente, l’ARCOP a organisé récemment une session de formation pour les gouverneurs et les secrétaires généraux sur la commande publique. Pourquoi cette formation maintenant ? Qu’est-ce que la commande publique et qui commande quoi à qui ?
Merci beaucoup. Avant de répondre à votre question, je vais expliquer un peu comment l’Autorité de la Commande Publique est organisée. D’abord, l’ARCOP est créée en Décembre 2022. Elle remplace l’ancienne ARMP, l’Agence de Régulation des Marchés Publics qui est devenue donc Autorité de Régulation de la Commande Publique. Cela pour se conformer aux directives de l’UEMOA parce que nous sommes dans un cadre harmonisé des finances publiques de l’UEMOA. Donc, l’ARCOP va en fait, répondre dans sa globalité à tout ce qui concerne les achats publics. Commande publique, achats publics, tout ce qui concerne des commandes de produits, les grands travaux, les constructions… En matière de commande publique, nous avons celui qui achète et celui qui vend. Tous sont des acteurs. Le secteur privé, c’est-à-dire les entrepreneurs, les commerçants, ce sont eux qui donnent des prestations à l’Etat. L’Etat qui commande à travers notamment les collectivités territoriales et tous les autres démembrements de l’Etat. Ce sont eux qui passent la commande.
A quel niveau intervient alors le rôle de l’ARCOP Mme la présidente ?
L’ARCOP s’intéresse à tous les acteurs. Et c’est l’ARCOP qui élabore les textes, tous les textes relatifs à la commande publique, tous les arrêtés, les seuils des marchés, comment il faut faire les DAO (Dossier d’Appel d’Offres), comment il faut faire les avis à manifestations d’intérêt…et les mettre à la disposition de tous les acteurs de la commande publique. Conformément à ces textes, il y a au niveau de chaque Ministère, avec la réforme, un directeur des marchés publics qui s’occupe de l’élaboration des dossiers pour le lancement des commandes.
Et si un marché ne respecte pas les textes élaborés par l’ARCOP, Mme la présidente?
En cas de non-respect des textes, il y a des sanctions. Je rappelle qu’au niveau de l’ARCOP, nous avons trois organes : la Direction générale qui élabore les textes et les met à la disposition du conseil qui va valider. Concernant l’application, nous avons un comité de règlement des différends qui est aussi un organe. Des fois, si les soumissionnaires ne sont pas contents de l’offre, ils font un recours au niveau de l’ARCOP. Mais avant de faire ce recours au niveau de l’ARCOP, ils font un recours au niveau de la personne responsable des marchés qui a fait la commande. Il écrit pour demander pourquoi son dossier a été rejeté. Il y a d’abord une première réponse que le soumissionnaire reçoit. S’il n’est pas satisfait de cette réponse, il va faire un recours au niveau du comité de règlement des différends qui va siéger pour voir d’abord la recevabilité, ensuite étudier dans le fond pourquoi, le Monsieur a fait un recours. Avant de statuer sur le fond, quand le dossier est recevable, automatiquement, on suspend la procédure de ce marché. Le marché est donc suspendu, quelle que soit sa nature. Il faut qu’on statue. Si le recours est fondé, on reprend la procédure. Si le recours n’est pas fondé, on libère la personne responsable pour continuer la procédure. C’est ainsi que les acteurs, les soumissionnaires déclarent leur non satisfaction, s’il y a un dysfonctionnement.
Justement Mme la présidente, avez-vous eu à gérer au niveau de l’ARCOP des cas de dysfonctionnement ?
Oui, plusieurs cas. Au niveau de l’ARCOP, deux fois par semaine, tous les mardis et tous les jeudis, nous avons des recours. Et il y a toujours des recours quand les gens ne sont pas satisfaits. Il y a aussi des dénonciations qui sont déposées à la Direction générale. Le Directeur général peut répondre ou bien, les gens font des recours. Nous avons même créé une ligne verte que les gens peuvent utiliser s’ils ne sont pas satisfaits. Comme vous voyez, l’ARCOP c’est un peu comme la justice. Mais les gens pensent que c’est elle qui donne les marchés, non, l’ARCOP c’est comme un juge. Quand les gens n’appliquent pas correctement les textes ou bien quand ils ne sont pas satisfaits par rapport à une offre, ils sont libres de faire des recours. C’est le Code des marchés qui le dit. Il décrit toute la procédure et le Code donne latitude à tous les soumissionnaires de déclarer s’ils ne sont pas satisfaits. L’ARCOP doit regarder en fonction de tout cela pour juger si le recours est fondé ou pas.
A la formation des gouverneurs et des secrétaires généraux, on a parlé d’une nouvelle réglementation en la matière. Pourquoi une nouvelle réglementation ? Est-ce que cela signifie que l’ancienne n’a pas du tout donné satisfaction ?
En fait ce n’est pas une nouvelle réglementation en tant que telle. Il y a une nouvelle organisation qui remplace l’ancienne structure, c’est presque le même travail. Seulement à la différence de l’autre, il y a deux organes et cette autorité a trois organes et que le Code qui réglemente le marché public a été revu. Il y a un nouveau code qu’il faut vulgariser parce qu’il y a eu des changements et des nouveaux textes ont été ajoutés à ce code. C’est pourquoi, il est tout à fait normal, dès qu’il y a un petit changement au niveau d’un texte, de le vulgariser pour que les gens puissent s’imprégner du contenu afin de pouvoir bien gérer les marchés publics dans le cadre de la bonne gouvernance.
Mme la présidente quels sont les autres problèmes liés à la commande publique au Niger ?
Il y a beaucoup de points qu’on peut énumérer à ce niveau. Mais pour l’instant, je vous ai parlé des missions de l’ARCOP qui sont de préparer les textes et surtout de former les acteurs de la commande publique qui sont notamment la société civile, le secteur privé sur comment gérer les marchés publics dans la bonne gouvernance. Si ces gens ne sont pas bien formés, on ne peut pas bien gérer la commande publique. Le marché public, c’est toute une procédure. Au tout début, il y a la passation des marchés. Normalement chaque année, au plus tard le 31 décembre, tous les ministères ont déjà la programmation de leurs marchés appelés PPM (Plan de passation des marchés). Et ce sont ces PPM qui sont diffusés en début de chaque année. Dès que la loi des finances est votée, ces plans de passation des marchés sont diffusés. Chaque mois, si vous prenez le journal à la dernière page, vous allez voir des additifs de plans de passation de marché, additif PPM… C’est au vu de cette programmation et en fonction aussi des libérations des crédits que le Ministère des Finances livre au niveau de chaque ministère qu’ils vont faire leur commande. Mais le problème, c’est que vous avez fait votre plan de passation, mais le premier trimestre, vous n’avez pas eu la libération des crédits, le deuxième trimestre aussi, vous n’avez pas eu la totalité. Donc cela veut dire qu’il y aura un problème dans le circuit de la passation des marchés jusqu’à l’attribution, jusqu’à l’exécution, jusqu’à la réception ou la livraison. C’est un circuit composé du plan de passation, de la procédure de passation, de l’attribution des marchés, du début des travaux, de la construction et de la livraison. Normalement, si c’est le cas de la construction, vous construisez et vous livrez. Mais si on ne vous paie pas, vous ne pouvez pas finir et livrer. Et le problème se trouve à ce niveau-là. Vous voyez maintenant avec le budget programme. Pour les investissements, si par exemple, on doit faire tel investissement sur trois ans et que cette année, on vous donne tel crédit, vous devrez tout faire pour consommer ce crédit sinon l’année prochaine ça va tomber à l’eau et il faut encore la deuxième tranche. La troisième année, la troisième tranche. Alors, vous n’avez pas fini la première année, vous partez en deuxième année, déjà l’autre tranche n’est pas achevée, vous partez en troisième année. Est-ce qu’on peut livrer ainsi une construction si c’est le cas.
Quel message avez-vous à adresser aux différents acteurs de la commande publique?
Je demande à toutes les personnes responsables des marchés publics de s’imprégner et de bien se former sur la procédure de passation et les différents textes. Il faut que les gens maitrisent le Code. Surtout que pour chaque code, quand on dit qu’il y a un texte de lois ou un décret, il y a toujours des textes d’application pour faciliter la tâche. S’il y a un problème, l’ARCOP est là. On peut toujours faire appel à elle. Il y a un service technique qui peut toujours aider les différents acteurs dans ce sens.
Par Fatouma Idé (ONEP)
Source : http://lesahel.org/
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Première cause de la dégradation prématurée des infrastructures routières, la surcharge des véhicules augmente le coût d’entretien des routes, réduit la durée de vie des véhicules de transports, allonge les prix et délais d’acheminement des produits de consommation et, met en danger la sécurité des personnes et des biens. Sur instruction de M. Gado Sabo Moctar, Ministre de l’Equipement, le Comité National de suivi des recommandations du Forum National sur la charge à l’essieu, a effectué du 10 au 14 mai 2023, une campagne de sensibilisation à Dosso et Gaya. Pour en savoir davantage, nous avons approché M. Moustapha Kadi Oumani, Chef de mission, vu sa grande expérience dans le domaine de transport terrestre et aérien.
La Source : M. Moustapha Kadi Oumani, le Comité national de suivi des recommandations du Forum national sur la charge à l’Essieu a entrepris une campagne de sensibilisation à l’endroit des usagers et des autorités à Dosso et à Gaya sur la mise en oeuvre du Règlement 14 de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). Quels sont les objectifs visés à travers cette démarche ?
Avant de rentrer dans le vif du sujet, permettez-moi d’adresser nos sincères remerciements au Ministre de l’équipement, pour toutes les facilitations et l’engagement ferme qu’il a pris dans le cadre de la protection du patrimoine routier, au Directeur Général du Fonds de l’Entretien Routier (FER), grâce à qui, les deux rencontres ont été possibles, puis au Gouverneur de la Région de Dosso et au Préfet du Département de Gaya, qui n’ont ménagé aucun effort pour la réussite de cette mission et, enfin à tous les participants qui ont accepté de faire le déplacement. Revenons maintenant à votre question. Du fait de la surcharge routière, les pays membres de l’UEMOA ont hélas enregistré d’importantes pertes financières et des pertes en vies humaines. La persistance de la surcharge avec un taux moyen au-delà de 110 tonnes inquiètent les plus hauts dirigeants. Le Règlement 14 adopté en décembre 2005 par le Conseil des ministres à Bamako au Mali, limite à 76 tonnes (hydrocarbures et marchandises générales) et à 80 tonnes (conteneurs) le poids total des véhicules circulant dans l’espace communautaire. La démarche engagée par le Comité National vise à sensibiliser les principaux acteurs et utilisateurs des infrastructures routières. Il vous souviendra que les Ministres en charge des Infrastructures et des Transports des Etats membres de l’UEMOA, ont examiné, le 21 octobre à Lomé au Togo l’application du Règlement 14. Cette réunion a servi de cadre aux Ministres et à leurs délégations d’évaluer les progrès accomplis et les difficultés rencontrées dans la mise en oeuvre de la déclaration de Dakar de 2019. Les Ministres ont affirmé que l’application du règlement 14 est désormais obligatoire. Elle impose aux transporteurs le respect scrupuleux des dispositions normatives en évitant de surcharger les véhicules qui abiment les infrastructures routières construites à des coûts excessivement élevés. A cette occasion, ils se sont accordés sur les prochaines étapes dans l’application intégrale et concomitante du Règlement 14. A cet égard, ils ont dégagé des pistes de solutions qui permettront de relever les différents défis. Ensuite, ils ont reconnu que le système des transports routiers dans les Etats de l’UEMOA souffre de nombreux dysfonctionnements et ont soutenu que cette situation impacte négativement la performance des corridors de transit et de transport interEtats et, par conséquent les économies des pays. En parallèle, ils ont affiché avec fermeté, leur volonté d’instaurer un environnement favorable aux échanges intracommunautaires. Le Communiqué final a annoncé l’application générale du Règlement 14 à partir du 1er janvier 2024. Mais avant cette date, plus précisément à partir du mois d’avril 2023, une application du seuil de tolérance de 15% sera effective et les 5% de tolérance de la marge de fiabilité de l’équipement de pesage, sera étendue. D’autres mesures sont applicables à partir de février 2023. Dans un premier temps, il s’agit des amendes prévues par le Règlement 14 en ce qui concerne le PTAC (poids total autorisé en charge), la charge à l’essieu et le gabarit. En 2019, la réunion des Ministres, avait décidé l’application intégrale du Règlement N°14, au plus tard, le 1er juillet 2020. Sur le terrain, les Etats peinent à le faire à cause, de la résistance de certains acteurs de la chaîne des transports qui contestent le montant des amendes et les délestages de marchandises. En outre, tout transporteur ou conducteur de véhicule lourd de transport de marchandises qui enfreint aux dispositions est soumis au paiement de l’amende correspondante. Toute surcharge constatée au-delà des limites fixées par le Règlement 14 est aussi passible d’une amende, calculée sur la base de 20 000 FCFA par tonne supplémentaire au plan national et 60 000 FCFA par tonne supplémentaire en transport inter-états.
Au-delà des amendes, certaines pratiques indécentes ont court dans les pays de l’espace communautaire. Il s’agit par exemple de certaines pratiques qui tolèrent un chargement anormal sur les corridors. C’est pour cette raison que le Comité a jugé utile de conduire une campagne de sensibilisation et d’information pour préparer les usagers à une application intégrale et concomitante dans les pays membres, conformément aux décisions prises par les Ministres. Ainsi, les objectifs spécifiques de cette mission visent à :
- informer la population sur les nouvelles mesures prises dans le cadre de la mise en oeuvre du Règlement 14 ;
- prévenir les acteurs de la chaîne des transports (commerçants, importateurs, exportateurs, transporteurs, conducteurs, consommateurs, Forces de Défense et de Sécurité, (FDS) représentants de l’administration, Chefs coutumiers et religieux) de la fin du moratoire sur le contrôle de la charge à l’essieu au 31 décembre 2023 ;
- rappeler aux usagers de la route l’échéance fixée au 1er janvier 2024 ;
- constater de visu les différentes dispositions prises sur le terrain ;
- étudier les modalités pratiques de la mise en oeuvre du Règlement 14 au niveau national ;
- sensibiliser les acteurs pour leur éviter des pénalités qu’ils peuvent encourir ;
- recueillir les appréciations et contributions de l’ensemble des acteurs, afin de dégager des pistes de solutions aux problèmes qui assaillent le secteur des transports routiers au Niger.
A l’évidence, les responsables de l’administration, les représentants des Forces de Défense et de Sécurité, les syndicats des transporteurs, des conducteurs, des professionnels des médias, ainsi que tous les autres acteurs relevant du secteur des transports avaient été conviés à ces rencontres d’importance.
Nous savons que les infrastructures routières sont importantes dans le Plan de Développement Economique et Social (PDES) 20222026. Comment cette mission que vous avez présidée compte-t-elle amener les transporteurs à respecter les procédures de la charge à l’Essieu?-
Je dois peut-être dire, sur le conseil des hautes autorités, nous avons essentiellement une mission de sensibilisation et d’éducations des différents acteurs. Je dis ‘’essentiellement’’, car la participation volontaire de protection des infrastructures routières de nos pays doit être un acte citoyen, mais nous avons aussi le devoir d’informer nos compatriotes des mesures coercitives qui sont prévues en cas d’infractions. Dans un pays comme le nôtre, sans débouché littoral, les infrastructures routières occupent une place importante. Si le gouvernement prend des engagements pour la protection du patrimoine routier, il faut qu’à leur tour, les usagers de la chaine des transports, puissent prendre leurs responsabilités et qu’ils soient les véritables inspirateurs. De ce point de vue, les transporteurs doivent s’approprier de l’application effective du Règlement 14 pour contribuer massivement à la lutte contre les surcharges, première cause de dégradation prématurée des infrastructures routières. C’est ce travail de sensibilisation que le Comité national a effectué auprès des acteurs partout au Niger comme, il l’a fait hier dans la région de Dosso dans le but d’une prise de conscience du problème. Il vise à inciter des changements de comportement vis-à-vis des biens publics en général, et des infrastructures routières en particulier, de manière à inculquer dans l’esprit des citoyens usagers de la route que « les casseurs doivent être les payeurs ». Le but ultime est de promouvoir la recherche de solutions par le dialogue. Il faut retenir que plus des abus sont commis sur la route, plus les conducteurs sont amendés, mais cela n’arrête pas la dégradation de nos routes aussi longtemps que l’on jouera au gendarme et au voleur ; c’est une fuite en avant. En plus, cette situation entraine malheureusement des accidents très graves avec des décès ou des dégâts matériels très importants. Dans ce contexte, l’application du Règlement 14 constitue un facteur stratégique pour notre pays, où l’état de dégradation de certaines routes, a des conséquences économiques et sociales nuisibles, notamment l’augmentation du coût du transport, la réduction des échanges entre les différentes régions du pays et l’appauvrissement des populations rurales des Etats enclavés. Au demeurant, au cours de nos débats avec les professionnels du métiers la question centrale a été : « comment assurer la pérennité du patrimoine routier, sachant bien que les budgets disponibles au Ministère de l’Equipement, sont insuffisants, tant pour la remise en état du réseau que pour son entretien par l'Agence de Maitrise d'Ouvrage Déléguée de l'Entretien Routier (AMODER) ». De cette question, découlent deux autres : « comment rattraper le retard accumulé en matière d’investissements et d’entretien routier ? » « Comment répondre aux besoins croissants des routes pour accompagner le développement économique de notre pays ? De ces débats riches et variés les dernières zones d’ombres permettant aux participants de comprendre l’utilité et l’impérieux devoir de sauvegarder et de contribuer à la pérennité du patrimoine routier ont été levées, de l’avis de tous. A la fin, ces rencontres d’échanges ont fini par accoucher d’importantes décisions : les participants ont recommandé l’installation d’un poste de pesage à Gaya et le renouvellement du poste de pesage de Dosso pour bien contrôler le poids du chargement. Aussi, ils ont insisté sur les portiques de contrôle de gabarit en vue de freiner certaines tentations. De même, ils ont demandé aux services compétents de multiplier les contrôles inopinés sur toute l’étendue du territoire national, restaurer l’autorité de l’Etat dans la gestion et la construction des routes, implanter dans les chefs-lieux de région des panneaux publicitaires sur les risques de la surcharge routière, poursuivre la campagne d’information et de sensibilisation, envisager un meilleur entretien des réseaux routiers et l’application simultanée des normes et textes juridiques relatifs au patrimoine routier, entres autres.
Le non-respect de la charge à l’essieu est la cause de la détérioration avancée des routes. Quels sont les conséquences observées et les rôles dévolus au Comité National dans la pérennisation des infrastructures ?
La route est un élément vital pour le développement et l’intégration socioéconomique d’un pays comme le nôtre. La surcharge et le non-respect des normes par les véhicules des transports constituent des facteurs qui contribuent à sa dégradation. Par exemple, une étude de l’UEMOA indiquait que le niveau de la surcharge sur les routes occasionne une agressivité 5 à 7 fois supérieure à la norme admise par le règlement communautaire, avec pour corollaire une durée de vie moyenne de cinq ans pour des routes dimensionnées pour durer 15 à 20 ans. Le fléau de la surcharge, associé à d’autres facteurs naturels, notamment la pluviométrie et les dégâts humains constituent un danger majeur pour la survie de nos routes et quelle que soit la technologie utilisée lors de la construction et la valeur du montant injecté. Nos principales routes dont la RN1 et la route de l’uranium sont en dégradation avancée à cause de la surcharge qui est pratiquée au vu et au su de tout le monde. Cette pratique déséquilibre le patrimoine routier en entrainant des accidents mortels et la perte de la compétitivité. D’où la sensibilisation accrue de tous les acteurs face à l’effondrement du réseau routier. C’est ce qui a justifié notre présence sur le terrain en vue d’harmoniser l’application des normes et des procédures de contrôle. Comme vous le savez, le Règlement 14 est un accord adopté afin de sauvegarder les ressources investies dans la construction des routes pour soutenir les efforts de développement économique et d’intégration entre les huit pays de l’UEMOA, le Ghana et la Guinée. Au quotidien, les ravages de la surcharge sur nos routes nous font obligation de contrôler les charges à l’essieu au niveau des postes de pesage et plateformes manipulant 200 000 tonnes de marchandises par an qui, de ce fait, doivent se doter d’un dispositif de pèseessieu et non de pont bascule. Force est de constater que la mise en oeuvre pratique n’est pas totalement effective dans les pays membres de l’UEMOA. Les rôles que jouent le Comité National sont donc d’intensifier la sensibilisation des principaux acteurs du transport et du commerce, effectuer des visites à la Douane, s’assurer de la fiabilité des instruments de pesage, vérifier les poids paramétrés dans les postes de pesage et procéder à des tests desdits dispositifs avec des camions chargés. S’agissant du gabarit, les dimensions diffèrent d’un véhicule à un autre. On distingue des véhicules à moteur et des ensembles de véhicules autorisés. A ce titre, la largeur des véhicules de transport sous température dirigée ne doit pas excéder 2,60 mètres et 2,55 mètres pour les autres véhicules. La longueur des véhicules à moteur isolé à 12,00 mètres et celle des véhicules articulés 16,50 mètres. La hauteur de tout véhicule ne doit pas dépasser 4,00 mètres. Quant à la charge à l’essieu et des poids en charge des véhicules, les limites diffèrent d’un véhicule à moteur ou d’une remorque et semi-remorque. A ce niveau, la limite des essieux varie de 6 à 51 tonnes. A ce titre, les véhicules en infraction dont le gabarit, le poids total autorisé en charge ou la charge à l’essieu est supérieur au seuil de tolérance, sont passibles d’une amende. Cependant, il faut préciser que ces sanctions sont dissuasives. Le plus simple est le délestage et la correction de gabarit en cas d’infraction pour protéger nos routes. Pour les fautifs, c’est aussi le retard garanti dans la livraison du chargement et des amendes onéreuses à acquitter. Le Comité encourage les usagers à respecter le Règlement 14. Voilà, tout le sens des concertations qui ont lieu entre acteurs pour éviter une augmentation en cascade des prix des produits de première nécessité. De toute évidence, qui dit transport, parle de sécurité humaine. Par conséquent, les surcharges ne sont bonnes ni pour le goudron, encore moins pour le véhicule et non plus pour le conducteur lui-même. Aujourd’hui, nul ne peut contester que la surcharge routière soit l’agent causal de la dégradation de la route Bella-Gaya, région de Dosso. La détérioration de nos importants axes routiers, a provoqué l’usure de milliers de camions, qu’ils soient surchargés ou non, et a eu pour conséquence directe l’augmentation des coûts du transport, ce qui a contribué à réduire le commerce au moment où l’augmentation des coûts réduit la compétitivité des exportations et rend nos importations plus coûteuses. Grâce aux efforts du Gouvernement, les nids de poules, jadis transformés en vrais trous, voire des cratères, sont devenus un triste souvenir. Les années passées, quelle que soit la région où vous vous rendez, vous constaterez que les routes nationales se dégradent rapidement. Des nids de poule par dizaines. Dans certains endroits, accélérer son véhicule relève de l’inconscience pour les conducteurs, obligés d’avancer au ralenti, sans compter les menaces des coupeurs de route, dont les usagers sont quotidiennement victimes. Mais, grâce à nos campagnes de sensibilisation, le réseau routier national, dans sa globalité, est dans un état de praticabilité très appréciable. Les gros porteurs ont été identifiés à l’origine du mal. De ce fait, le phénomène de la surcharge nous interpelle. De façon générale, les routes aménagées pour supporter des poids donnés, les véhicules gros porteurs lourdement chargés réussissent à précipiter leur dégradation à force d’y passer. Un véhicule en surcharge ne se comporte pas de la même manière qu'un véhicule chargé normalement. C’est pourquoi, si les transporteurs et les commerçants acceptaient de réduire la surcharge de 30% seulement, ils diminueront de 60% le taux des routes dégradées au Niger. Le fait que les choses bougent n’est pas une impression. C’est la réalité, et les actions du Comité sont là pour l’attester.
La route Bella-Gaya est très importante dans le trafic routier au Niger, pourtant sa mise en valeur a été longuement retardée. Quelles sont les actions que le Comité National a entreprises pour protéger et rentabiliser cette route reprise à grands frais et qui est inaugurée le 17 mai par le Premier Ministre ?
Le Comité National a entrepris des actions de sensibilisation allant dans le sens de la lutte contre la corruption dans le domaine de transport routier et le respect du Règlement 14. Par ailleurs, il a multiplié les appels invitant les Forces de Police, la Douane et la Gendarmerie nationale à se mettre véritablement aux côtés du Gouvernement pour éradiquer la surcharge routière et les chargements hors gabarits sur nos routes.
Ce n’est un secret pour personne qu’au Niger lorsqu’un camion arrive surcharger à un poste de contrôle, certains agents indélicats sont tentés de prendre de pots de vin. Dans ce cas précis, le corrupteur est libre de continuer sa route. C’est pourquoi, nous avons décidé de faire appliquer les sanctions pour préserver les routes et mettre fin définitivement aux surcharges des camions grâce au système de contrôle inopiné de la charge à l’essieu. Le Comité ne peut plus continuer à accepter que des camions des autres nationalités circulent sur nos routes avec un dépassement de la charge, mais aussi du gabarit débordant 2 à 4 mètres au-dessus de la norme autorisée. En général, ces camions ont tendance à se renverser au niveau de certains virages et cassent les fils électriques à leur passage. Ce qui constitue un problème de sécurité humaine. Par exemple, l’article 14 du Règlement définit les sanctions en cas de non-respect des textes. Il stipule en son point 14.1.a). : « L’exploitant d’un véhicule non conforme, lors de son contrôle, par rapport aux normes de chargement édictées aux articles 4 et 5 du présent règlement, a l’obligation de se conformer à la réglementation avant de remettre le véhicule en circulation. b). Nonobstant l’acquittement des amendes encourues, l’exploitant du véhicule est tenu de faire décharger l’excédent de chargement du véhicule et/ou de réaménager le chargement du véhicule afin de ramener sa charge et son gabarit dans les limites autorisées. c). Les frais de déchargement, d’entreposage, de gardiennage et de rechargement des marchandises déchargées sont à la charge exclusive de l’exploitant du véhicule. d). Les opérations de déchargement, de mise en entrepôt et de rechargement, ainsi que le gardiennage, sont assurées par l’opérateur du poste de contrôle et sous sa responsabilité. L’opérateur facture l’exploitant du véhicule sur la base d’un barème de prix. L’établissement de ce barème relève de la compétence de l’Etat membre, en application des dispositions de l’alinéa a. de l’Article 135 exception faite des postes de contrôle juxtaposés. e). Dans le cas d’un véhicule assurant un transport sous le régime TRIE (Il s’agit d’un régime qui permet le transport par la route de marchandises d’un bureau des Douanes d’un Etat (Bureau de départ) à un autre (bureau de destination), sous le couvert d’un document unique, en suspension des droits exigibles), les opérations visées à l’alinéa d. ci-dessus sont effectuées sous le contrôle de la douane. f). Lorsque le véhicule en défaut de conformité est intercepté au niveau d’un contrôle mobile, le véhicule est conduit immédiatement au poste fixe de contrôle le plus proche. » Je manquerais à mon devoir si je ne mentionne pas qu’une traque est envisagée contre les récalcitrants pour permettre à notre pays de retrouver très rapidement les niveaux escomptés. Je sais qu’en la matière les attentes des acteurs restent nombreuses. Nos actions ont impliqué des réformes institutionnelles dont notamment l’adoption de la loi N°201832 du 24 mai 2018 déterminant le Patrimoine Routier National et fixant les règles de sa protection et son décret d’application N°2023316/ PRN/MEQ/MT du 6 avril 2023 portant modalités d’application de la loi N°201832 du 24 mai 2018, déterminant le Patrimoine Routier National et fixant les règles de sa protection. De ce point de vue, nous militons pour un dialogue franc et ouvert et une réorientation de l’entretien routier, car nous sommes unanimes qu’au Niger, les routes constituent un énorme pilier pour l'économie nationale, sans quoi, rien ne saurait être acheminé dans les marchés pour la consommation des populations. Dès lors, les propriétaires des camions et les chargeurs étant conjointement et solidairement responsables du non-respect des normes sur la voie publique, ont l’obligation de diminuer les charges en excès et de corriger les gabarits, conformément à la réglementation en vigueur. Une obligation est faite à toutes les plateformes (sociétés, fabricants, distributeurs, etc.) qui génèrent 200.000 tonnes de marchandises par an d’être entièrement équipées de pèse essieu. Le Comité National s’appuie sur la volonté et le patriotisme des acteurs directement concernés, afin de concrétiser la volonté de nos hauts dirigeants. Comme on dit, « la foi transporte les montagnes ». On observe déjà une mise en responsabilité accrue des acteurs et autres partenaires. Nous osons croire qu’à partir du 1er juin 2023, les acteurs de la chaine sont prévenus que les véhicules gros porteurs qui seront surpris avec un chargement supérieur à la norme autorisée subiront la rigueur de la loi. C’est à juste titre que les participants à nos campagnes de sensibilisation ont proposé des solutions aux problèmes qui se posent. Permettez-moi enfin de lancer un appel aux usagers et au-delà les inviter à prendre bien soin de nos routes, qui sont si chèrement acquises, en adoptant une attitude de veille citoyenne à partir du 1er janvier 2024. Un dicton nous enseigne, « le temps est un moyen de transport, nous y montons chacun à notre tour, c’est irréversible !
Interview réalisée par Amani Mounkaila B. (La Source)
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«Si les conditions équitables d’accès à l’éducation pour tous sont garanties, je suis certaine que les femmes peuvent être aussi compétitives que les hommes et on n’aura donc pas besoin de quota» Mme Allahoury Aminata Zourkaleini, Ministre de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant
Mme la Ministre, le 13 mai 1991, les Femmes Nigériennes ont battu le pavé pour aller au cabinet du Premier ministre afin de revendiquer plus de places au sein de la Commission préparatoire de la conférence nationale souveraine. Trente-deux ans après, comment appréciez-vous, en tant que femme d’abord puis en tant que ministre, le chemin parcouru dans ce noble combat ?
La journée nationale de la femme Nigérienne remonte à la date du 13 mai 1991 où les femmes ont revendiqué une meilleure représentation au sein de la commission préparatoire de la Conférence Nationale Souveraine. Le Pouvoir public, conscient de la légitimité de cette lutte a porté leur nombre d’une femme à cinq (5). Ce noble combat a été un déclencheur ayant abouti à un certain nombre de résultats tels que le rehaussement du nombre de femmes à la conférence nationale ; l’institutionnalisation de la journée du 13 mai par décret N°92-370/PM/MDS/P/PF du 25 Novembre 1992; l’institutionnalisation du quota ; le débat autour de thématiques variées débouchant sur une prise de conscience et des recommandations à mettre en œuvre ; la mobilisation des organisations féminines, des structures étatiques, des instituts de recherche, à travers tout le pays à l’occasion de cette journée.
L’une des avancées les plus remarquables en termes de prise en compte des femmes, c’est la question du quota que nombre de Nigériens critiquent. Pensez-vous qu’il faut en faire plus et réformer littéralement le principe du quota ?
Permettez-moi d’abord de faire un bref aperçu de quelques avancées enregistrées dans le cadre de la mise en œuvre de la loi sur le quota au Niger. 23 ans après l’adoption de la loi sur le quota, des progrès importants ont été enregistrés tant au niveau des postes électifs que ceux nominatifs. A titre illustratif, d’une (1) Femme Député sur 83 en 2000, soit 1,2%, le Niger compte aujourd’hui 51 Femmes sur 166 députés soit 30,12% au parlement. Au niveau des Conseils Communaux, nous sommes passés de 661 femmes Conseillères en 2004 à plus de 1000 femmes aujourd’hui. Pour les postes nominatifs, de 4 femmes Ministres sur 28, soit 14,28% en 2000, le Gouvernement du Niger compte actuellement 6 femmes sur 36 Ministres soit 16,66%. Au niveau des départements on compte aujourd’hui 3 femmes Préfets. Les Nigériens ont tort de critiquer la loi sur le quota car les femmes occupent plus de 50% de la population, il n’y a pas de raison qu’elles soient sous représentées dans les sphères de prise de décision et dans la vie publique en général. Aussi, nous devons plutôt nous réjouir et féliciter les autorités qui œuvrent pour corriger ces inégalités de genre.
Selon vous, quelle aurait été la place de la femme si ce principe n’était pas appliqué?
C’est notre contexte social qui ne favorise pas encore l’accès des filles à l’école. C’est pourquoi le gouvernement travaille à créer les conditions équitables d’accès à l’éducation pour tous. Si cette condition est remplie, je suis certaine que les femmes peuvent être aussi compétitives que les hommes et on n’aura donc pas besoin de quota.
Mme la ministre, contrairement à certains pays de la sous-région, on constate avec un pincement au cœur que les femmes nigériennes sont moins présentes sur la scène internationale, qu’est-ce qui explique cela et que compte faire le gouvernement pour promouvoir la Nigérienne à l’échelle internationale?
Au-delà de la femme, la question de la représentativité au niveau international concerne tous les Nigériens en général. En effet, comparé à beaucoup de pays de la sous-région, nous sommes moins bien représentées. Cette situation, à mon humble avis, s’explique par le retard accusé par le Niger sur le plan de l’éducation depuis la période coloniale. Toutefois, malgré ce retard, nous ne sommes pas si mal lotis. En effet, nous avons des Nigériennes que je me garderais de citer de peur d’en oublier d’autres, qui ont occupé des fonctions de haut niveau au plan international. Par ailleurs, il faut le dire, le gouvernement à travers le Ministère des Affaires Étrangères, développe des efforts importants pour promouvoir les Nigériens à l’international.
On parle beaucoup de l’autonomisation de la femme et l’on constate que les lignes bougent vraiment surtout dans les centres urbains ; qu’est-ce qui est en train d’être fait pour pérenniser et consolider les acquis ?
La lutte pour atteindre l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles constitue un enjeu et un défi de développement pour nos pays, particulièrement l’autonomisation des filles et des femmes en milieu rural. Pour relever ces défis, le Gouvernement du Niger, à travers le Ministère en charge de la Promotion de la Femme a élaboré la Stratégie Nationale d’Autonomisation Économique de la Femme et son Plan d’actions en vue de renforcer l’accès et le contrôle des moyens de production (terre, capital, intrants, technologie, temps) ; l’accès à l’information et aux formations ; l’accès au marché de travail formel et informel et l’accroissement de la scolarisation des filles et l’alphabétisation des femmes.
Quelle est la place des femmes dans les zones rurales dans l’agenda gouvernemental, notamment dans le plan de développement économique et social (PDES) ?
La place de la femme en général et en milieu rural en particulier, est prépondérante dans l’axe 7 de la Déclaration de la Politique Générale (DPG) du Gouvernement déclinée dans le Plan du Développement Économique et Social (PDES 2022 – 2026, axe 1 relatif au développement du capital humain, l’inclusion et la solidarité. A ce niveau, la réduction des inégalités de genre repose, sur la mise en œuvre des actions majeures comme l’atténuation du poids des pesanteurs socioculturelles sur les filles et les femmes ; la promotion de l’autonomisation économique des femmes et des jeunes filles, y compris celles en situation de handicap ; le renforcement de l’employabilité et de l’accès des femmes, des jeunes filles et celles en situation de handicap à des emplois décents et sécurisés ; la réduction des violences basées sur le genre et le renforcement de l’accès des femmes et des jeunes filles dans les instances de décision et de gestion aux niveaux national, régional et local.
Il est à noter qu’à travers ces actions, un accent particulier est mis sur les femmes des zones rurales, compte tenu de la disparité existant entre les zones urbaines et les zones rurales. On peut citer entre autres la mise en place des plates-formes multifonctionnelles, des moulins, etc., pour l’allègement des tâches quotidiennes ; la sensibilisation (accès à l’information, à la santé, accès à la terre) ; la formation, l’alphabétisation ; la mise en œuvre de certaines approches comme l’Initiative adolescentes «Illimi» qui a pour but de réduire le taux de mariage des enfants et de retarder les grossesses précoces ; la mise en œuvre du programme d’internat du Président de la République, pour favoriser l’accès des filles du milieu rural à l’éducation.
Pensez-vous, comme certains compatriotes, qu’il faille repenser le mode de célébration de la JNFN pour que cette journée dédiée ait plus d’impact et serve mieux les générations futures ?
La célébration du 13 mai est dans une dynamique d’innovation. Si vous avez remarqué, l’année passée, à la trente-unième (31ème) édition, c’est le Chef de l’Etat lui-même qui a présidé la cérémonie et pour cause. Il l’a fait pour faire passer un message qui n’est pas des moindres: il s’agit de la forte croissance démographique. En effet, on ne peut trouver meilleure cible que les femmes pour faire passer un tel message compte tenu de leur poids et leur position dans la famille. Ce message a suscité beaucoup de questionnements et a permis une prise de conscience sur ce phénomène. Cette année, par rapport à la thématique «Femme et développement», plusieurs activités ont été menées. On peut noter entre autre, la décoration des femmes pionnières qui est un bel exemple de réussite pour la jeune génération ; les conférences sur des thématiques pour réfléchir sur les avancées en matière de participation de la femme au développement. Par exemple «La femme nigérienne entre marginalisation imposée et marginalisation consentie» par l’Université Abdou Moumouni de Niamey, «Leadership des femmes» par la DGI, «Femme et aviation civile» par l’Association des Femmes de l’Aviation Civile du Niger, «Femme et Numérique» par les cadres du Cabinet de la Présidence, etc.
Ceci pour expliquer que le 13 mai est loin d’être une journée festive. C’est pourquoi, nous recommandons une couverture médiatique plus large et significative des différentes activités. Car le plus souvent, on ne montre que des femmes en train de danser alors que c’est juste pour joindre l’agréable à l’utile.
Je finis cet entretien par ce conseil : que chaque femme, avant de dire «je», «moi», regarde autour d’elle et se rende compte qu’elle n’est pas seule, qu’il y a bien d’autres capables de bien de choses. C’est ensemble que nous pouvons bâtir l’édifice et un édifice solide.
Propos recueillis par Zabeirou Moussa (ONEP)
Source : http://lesahel.org/
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Interview : Mme Salamatou Gourouza Magagi, ministre de l’Industrie et de l’Entreprenariat des Jeunes
Mme la ministre, le Niger célèbre le 13 mai prochain, la journée nationale de la femme nigérienne, édition 2023, dans un contexte marqué par de multiples défis. Quels sont les progrès enregistrés par celle-ci dans le domaine de l’entreprenariat féminin où vous êtes aujourd’hui la première responsable ?
Avant de parler de l’entrepreneuriat féminin, je voudrais d’abord rappeler que la Journée Nationale de la Femme Nigérienne est le résultat de la lutte des femmes nigériennes qui se sont senties marginalisées lors des préparatifs de la Conférence Nationale Souveraine des forces vives de la Nation de 1991. Ce mouvement, à lui seul, montre à quel point les femmes étaient absentes des sphères de décision. Et comme l’adage le dit, «seule la lutte paie». Aujourd’hui, les lignes bougent car, la femme nigérienne est présente partout où le devoir appelle les citoyens. Et cela sur toutes les questions qui touchent au développement socio-économique et politique de notre pays. Nous pouvons dire que le mouvement de 1991 a libéré les femmes, a libéré leur énergie à tous les niveaux, que ce soit au plan politique ou au plan économique.
Partant de cet état de fait, l’entrepreneuriat féminin a pris de l’ampleur ces dernières années, particulièrement dans le domaine agro-alimentaire. Nous comptons aujourd’hui, plusieurs femmes promotrices et chefs d’entreprises industrielles. Les femmes sont également présentes dans le secteur des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, dans le secteur de l’habillement, ceux des cosmétiques, de la restauration, du tourisme, de l’agro-business. L’entrepreneuriat des femmes touche également les secteurs sociaux comme l’éducation, la santé. Je n’oublie pas le secteur du commerce où les femmes occupent une place de choix.
D’énormes progrès sont enregistrés, tant en milieu rural qu’au niveau des centres urbains. Aujourd’hui, il n’y a plus de domaine réservé. Les femmes sont présentes et très actives dans tous les secteurs d’activités. Elles opèrent individuellement ou en groupe sous différentes formes : groupements d’intérêt économique, coopératives, associations etc. Un regard rétrospectif dans le secteur de la transformation agro-alimentaire permet de constater une amélioration sensible dans la conduite des entreprises dirigées par les femmes, en ce qui concerne le management, les processus de production y compris les questions liées à la sécurité sanitaire des aliments, les emballages et bien d’autres aspects de la vie des entreprises. Je voudrais également souligner qu’en milieu urbain, une profonde mutation est observée dans l’entrepreneuriat féminin, celle qui consiste à mettre en place des entreprises formelles, durables et créatrices d’emplois en lieu et place d’activités génératrices de revenu dont l’objectif principal est de contribuer à l’autonomisation des femmes. Tout ceci est le fruit des efforts conjugués de l’Etat du Niger et de ses partenaires, qui ont su mettre en place les conditions et les instruments nécessaires en vue d’accompagner l’entrepreneuriat des femmes.
Ces dernières années, on constate un fort engouement des femmes dans l’entrepreneuriat. Est-ce qu’il existe un mécanisme de promotion ou une stratégie qui permet de favoriser l’entrepreneuriat féminin ?
L’entreprenariat des femmes est fortement soutenu par l’Etat du Niger et ses partenaires. Plusieurs services de l’Etat, des partenaires bilatéraux et multilatéraux et des ONG contribuent à améliorer le cadre d’exercice des femmes entrepreneures. Les interventions concernent le renforcement des capacités, la fourniture de matériels et d’équipements de production, les échanges d’expériences, etc. La Stratégie Nationale de Promotion d’Entrepreneuriat des Jeunes adoptée par le Gouvernement prend en compte la dimension femme entrepreneure. Par ailleurs, plusieurs projets et programmes sont mis en place par l’Etat en vue d’encourager l’entrepreneuriat des femmes tant en milieu urbain que dans le monde rural. De plus, le Gouvernement a mis en place une Stratégie Nationale de la Finance Inclusive en vue d’améliorer les conditions de vie des populations pauvres. Ceci permet aux femmes l’accès au financement de leurs projets à côté du dispositif traditionnel. Enfin, le programme de certification des produits et services mis en œuvre par l’Agence Nationale de Normalisation, de Métrologie et de Certification contribue fortement à la promotion des produits fabriqués par les femmes transformatrices.
Beaucoup de femmes entrepreneures au Niger excellent dans la transformation agro-alimentaire avec des outils et des techniques artisanales. Or notre pays a accueilli en novembre 2022 le sommet de l’Union Africaine sur l’Industrialisation économique en Afrique. Quelles sont les perspectives qui s’ouvrent pour ces nombreuses transformatrices en vue d’une modernisation de la filière ?
Effectivement, l’entrepreneuriat féminin est plus présent dans la transformation agro-alimentaire. Les activités de transformation concernent toutes les spéculations agricoles, les produits de l’élevage, de la pèche, de la forêt. Il nous est loisible d’affirmer que les produits agro-sylvo-pastoraux et halieutiques du Niger font l’objet de transformation et à des degrés différents. Toutefois, comme vous l’avez souligné, les équipements de production et les processus sont le plus souvent artisanaux et les actions à prédominance manuelles. Ceci fait que la qualité des produits ne pourrait pas être totalement garantie, même si par ailleurs, ces femmes maitrisent bien les processus de production.
{xtypo_quote}Plusieurs projets et programmes sont mis en place par l’Etat en vue d’encourager l’entrepreneuriat des femmes tant en milieu urbain que dans le monde rural. Mme Salamatou Gourouza Magagi.
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Lors de la Semaine de l’Industrialisation de l’Afrique en novembre 2022 ici même à Niamey, mon département ministériel avait organisé des activités parallèles. Et fort du souci de voir développé l’entrepreneuriat au Niger, nous avons retenu un panel sur le thème «Les PME dirigées par les jeunes et les femmes : moteur de l’industrialisation de l’Afrique». Parallèlement, un forum des femmes transformatrices a été organisé sous le haut patronage de la Première Dame Mme Khadijatou Bazoum. Il est entre autres ressorti du panel que les PME jouent un rôle indéniable dans l’économie des pays africains à travers l’industrialisation. Elles génèrent près de 80% des emplois des jeunes et des femmes mais sont confrontées à des difficultés. Pour faire face à ces entraves, les PME doivent bénéficier d’un accompagnement pour les aider à avoir une vision claire de leur ambition, de bien gérer leurs affaires et avoir des compétences nécessaires pour la levée des fonds. Il faut aussi un engagement fort et une collaboration de toutes les parties prenantes dont : les pouvoirs publics, le secteur privé, les structures de financement, les partenaires au développement, les organisations non-gouvernementales, les organisations de la société civile et les médias. Les interventions ont également fait ressortir que le renforcement des PME dirigées par les jeunes et les femmes est à même de soutenir la croissance inclusive du secteur, de permettre l’accès à l’information (connaissance du marché, éducation à la recherche des opportunités, formations spécifiques) et à un certain nombre d’outils.
Au sortir de cette semaine et à l’issue du Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine du 25 novembre 2022, des décisions importantes ont été prises. En ce qui puisse concerner les femmes entrepreneures, l’on peut noter la création des parcs industriels durables avec des espaces dédiés aux PMI (Petites et Moyennes Industries), comme moyen de surmonter les contraintes actuelles des infrastructures industrielles. Il a été également convenu de renforcer la mobilisation des ressources nationales pour assurer le financement durable de l’industrialisation de l’Afrique, d’allouer un minimum de 5 % du budget national au développement industriel et investir dans la fabrication et la transformation des produits agricoles. Il a été également décidé d’accélérer la finalisation des normes et directives pour le Label « Made in Africa » et de réserver au moins 10 % des marchés publics aux entreprises locales, afin de renforcer le développement du secteur privé et l’industrialisation.
L’accès au crédit bancaire surtout pour les femmes est souvent invoqué comme principal frein à l’entrepreneuriat féminin ; quelles sont les solutions envisageables par l’Etat pour surmonter cet obstacle et permettre l’émergence d’un écosystème financier favorable à l’entrepreneuriat féminin dans notre pays ?
Je ne pense pas que les difficultés d’accès au crédit bancaire constituent le principal frein à l’entreprenariat féminin. Il y a tant d’autres obstacles. S’agissant particulièrement des questions de financement, notre pays a enregistré des avancées notamment avec la création et l’opérationnalisation de l’Agence de Financement des PME/PMI. En plus, sous l’impulsion de l’UEMOA, un dispositif de financement des PME a été mis en place et associe les banques commerciales, les établissements financiers et les structures d’appui et d’accompagnement. Ce dispositif permet de faciliter l’accès des PME aux crédits bancaires avec la facilitation de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Par ailleurs, l’Etat a encouragé la mise en place des structures de micro-crédit sur l’ensemble du pays à travers la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de la Finance Inclusive.
Outre l’accès au crédit, quels sont les autres freins à l’essor de l’entreprenariat féminin au Niger ?
En plus des difficultés des femmes à accéder aux crédits, il y a d’autres obstacles qui me paraissent importants. Je pourrais citer notamment : les pesanteurs socio-culturelles, l’accès restrictif au foncier, le manque de formation, l’accès au marché. Dans notre milieu, certains pensent que la femme ne doit pas être un acteur économique et que son rôle doit se limiter à s’occuper du foyer conjugal notamment les tâches domestiques, l’entretien et l’éducation des enfants. Dans certains cas, les femmes autorisées à exercer des activités économiques le font à l’avantage de leurs conjoints pour subvenir aux besoins essentiels de la famille. Les difficultés d’accès à la terre (on dit généralement que la terre appartient aux hommes) limitent également le rôle des femmes dans l’agro-business. En milieu urbain, les femmes entrepreneures ont des problèmes pour acquérir des sites de production, soit parce que les terrains coûtent excessivement cher, soit les frais de location sont exorbitants. Aussi, les femmes sont pleines d’initiatives, mais le plus souvent elles manquent de formations adéquates. Le renforcement de leurs capacités à gérer les entreprises est essentiel si tant est que leur participation à l’industrialisation du pays est recherchée. C’est aussi la voie pour accéder au marché avec l’appui des structures spécialisées de l’Etat.
L’entreprenariat est un domaine qui comporte beaucoup de risques et requiert un minimum de formation, quelles sont les actions entreprises par votre département ministériel pour encourager les femmes afin d’y faire carrière ?
Comme je venais de le dire, la formation est d’une très grande importance dans la vie des entreprises. Le Gouvernement est bien conscient de cela et c’est la raison pour laquelle il a mis en place des structures qui appuient au renforcement des capacités des entrepreneurs notamment des femmes. Tout ce qui est nécessaire à la bonne gestion des entreprises leur est transmis à travers l’organisation d’ateliers, de séminaires et de voyages d’étude. Tous les aspects qui touchent la vie des entreprises sont pris en compte dans les formations dispensées, à commencer par comment créer son entreprise, le leadership féminin, l’organisation du travail, les bonnes pratiques d’hygiène et de fabrication, le management de la qualité, les techniques de vente etc. Je voudrais assurer qu’au niveau de mon département ministériel, nous fournissons beaucoup de services aux entreprises notamment en matière de protection des droits de la propriété industrielle, de vulgarisation des technologies, d’élaboration des normes de certification des produits et des services d’accompagnement à la mise à niveau. Tout ceci concourt au renforcement des entreprises et à l’amélioration de leur compétitivité.
Par Réalisée par Hassane Daouda(onep)
Source : http://lesahel.org/
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La mise en œuvre du programme électronucléaire du Niger (PEN) est conduite par la Haute Autorité à l’Energie Atomique(HANEA). Dans cette interview, le président du Collectif des Organisation de Défense du Droit à l’Energie (CODDAE) revient sur les contraintes et les challenges d’une centrale nucléaire au Niger, mais aussi sur la prise de décision découlant de la réalisation d’un tel complexe industriel.
M. le président, l’énergie est une question prioritaire pour notre pays et le monde entier. Quelle est votre appréciation par rapport à l’engagement du Niger dans un Programme électronucléaire ?
J’apporte tout de suite une précision importante. Il s’agit ici du nucléaire civil ! Je pèse mes mots, compte tenu du contenu anxiogène, inné au mot «nucléaire». Etablissons ensuite la situation énergétique du Niger. Voici des faits remarquables et simples : le Niger est le pays africain qui consomme le moins d’énergie par habitant et paradoxalement, il dispose plus de 269.000 tonnes d’uranium et occupe le 4ème rang des producteurs mondiaux d’uranium. Vous remarquerez que notre pays produit du pétrole depuis le 28 novembre 2011, néanmoins, nous demeurons un petit producteur, et de toute façon c’est une énergie qui coûte encore chère ; en plus, les fluctuations mondiales des prix du pétrole créent un désordre qu’un pays aux ressources limitées comme le nôtre ne peut que subir.
Au rythme actuel, pour permettre au Niger d’atteindre un taux d’électrification d’au moins 80% en 2035, il est obligé de changer de stratégie. Notre pays doit s’orienter vers une énergie de substitution, ce qui lui permettrait sans doute de porter son choix sur le nucléaire civil. Dans cette perspective, il a lancé, le 16 mars 2011, son programme électronucléaire (PEN), qui est un vrai levier de croissance et qui répond aux nouveaux enjeux techniques et sociétaux. Dans ce contexte, le Niger coopère étroitement avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Cette coopération est le résultat d’une politique cohérente et réaliste. D’ailleurs, l’AIEA a fixé des objectifs à nos dirigeants. A la lumière des résultats très encourageants, le PEN suscite beaucoup d’admiration et de visibilité. En 2018, une équipe d’experts est arrivée à Niamey, afin d’examiner l’état d’avancement de l’infrastructure. Il s’agit de l’examen intégré de l’infrastructure nucléaire (INIR). Cette première mission reposait sur l’approche par étapes de l’AIEA, qui s’articule autour de 19 questions et se découpe en 3 phases et 3 étapes. Elle permet aux représentants des États membres de l’AIEA d’engager des débats approfondis avec des experts internationaux sur les expériences engrangées et sur les meilleures pratiques appliquées dans différents pays. L’équipe INIR avait observé que le gouvernement était fermement résolu à mettre en place l’infrastructure nucléaire. Dans ce cadre, le Niger a créé le Comité d’orientations stratégiques pour le programme électronucléaire et le Comité technique national pour le programme électronucléaire, placés sous la tutelle de la HANEA. Ces deux Comités forment l’organisme d’application du Programme d’énergie nucléaire (NEPIO). Ceci a permis à l’équipe INIR d’obtenir des informations complémentaires sur les 19 dossiers, accompagnés de la documentation nécessaire à la mise en œuvre de l’infrastructure électronucléaire. Des recommandations et préconisations qui ont montré l’intérêt de notre pays avec des étapes bien réfléchies, sont sorties de ces études. L’exécution du programme permet à notre pays d’acquérir un savoir-faire et une maîtrise des technologies diversifiées dans le domaine du nucléaire civil. Il s’agit d’un choix harmonieux et déterminé par des facteurs internes et externes, qui suscitent de grands espoirs dans sa mise en œuvre. Sa complexité tient à la géopolitique et aux intérêts protégés de certains pays du nord. L’ambition du Niger consiste à produire de l’énergie sur la base de ses besoins de consommation sans pour autant contribuer au réchauffement climatique et donc, en réduisant au maximum l’émission des gaz à effet de serre. Pour cela, une communication efficace est établie entre les différents intervenants et principalement avec la société civile. Actuellement, celle-ci travaille en étroite collaboration avec la HANEA et l’ARSN. Cependant, cette mission nécessite la création d’une synergie d’actions plus poussée et d’un consensus à l’échelle nationale pour sa réussite. Une fois que cette condition aurait été atteinte, le gouvernement doit mettre à la disposition de la HANEA et à l’ARSN des locaux supplémentaires et des ressources humaines en quantité et de qualité, car le site qui doit accueillir la centrale nucléaire est déjà proposé et dans les meilleures conditions la pose de la première pierre est prévue en 2025.
Dans une période comme celle que nous traversons, selon vous en quoi le secteur de l’énergie nucléaire civile, est-il important pour le Niger et l’Afrique de l’ouest ?
L’importance de l’énergie nucléaire civile n’est plus à démontrer. Ces 50 dernières années les technologies ont beaucoup changé. Le premier facteur déterminant est que le nucléaire a un atout exceptionnel pour tout développement économique et social. Néanmoins, toutes les énergies ont des avantages et des inconvénients. En faisant objectivement la part des choses, on se rend compte que pour le Niger, le choix du nucléaire peut procurer aux consommateurs une électricité à moindre coût, saine et sans émission du dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Le défaut de l’énergie nucléaire, est singulièrement le transport et le stockage des combustibles usés qui sont nocifs pour l’environnement, ainsi que pour la santé de la population, à cause de leurs substances radioactives qui sont aujourd’hui maîtrisables grâce aux nouvelles méthodes d’exploitation. En revanche, vu les dégâts considérables dus aux énergies fossiles par le fait de la pollution et du gaz à effet de serre, le Niger a les moyens de minimiser le risque d’accident. Cependant, la réalisation d’une centrale nucléaire est un processus lent qui nécessite un investissement pouvant engendrer un coût particulièrement élevé, le plus souvent insupportable par les ressources propres de l’Etat. Mais, grâce à son excellent rendement, dès sa mise en service, la centrale nucléaire permettra un retour rapide à l’investissement et un gain considérable en termes de taux d’accès et de couverture à l’électricité. Toutefois, la mise en œuvre du PEN est une question sensible que notre pays aborde en toute confiance et en toute transparence vis-à-vis de l’AIEA, en concertation avec la HANEA et l’ARSN. C’est pour dire que ledit programme est géré par le gouvernement avec une ferme conviction. La prétention de notre pays à disposer d’une centrale nucléaire civile et d’intégrer les grands pays disposant de cette énergie est parfaitement légitime et à sa portée. N’a-t-on pas coutume de dire, «la vie est une question de choix, soit on se lève en prenant son destin en main, soit on reste spectateur de la réussite des autres».
Comme vous dites, il est important de créer la confiance et la transparence dans le processus. Quelles actions comptez-vous mener pour convaincre du bien-fondé de ce choix historique et patriotique ?
Je trouve cohérent de mobiliser les acteurs qui comptent dans le pays, dont les ONGs, en concertation avec la HANEA et l’ARSN, deux institutions qui ont fait d’énormes progrès et qui ont démontré jusqu’à ce jour un savoir-faire remarquable en matière de gestion des différentes activités nucléaires. Il y a certes une offensive de certains pays et certaines institutions internationales qui cherchent à minimiser la décision de notre pays, classé pourtant 4ème producteur mondial de l’uranium. C’est pourquoi, les responsables du pays doivent avancer avec assurance et en toute lucidité dans la réalisation de cet important projet pour le Niger et l’Afrique de l’ouest, conformément à leurs bonnes intentions et à l’option du mix énergétique. L’Assemblée nationale et le Conseil économique, social et culturel (CESOC), peuvent se saisir de la question pour renforcer la détermination de l’Etat sur la base d’une information complète recueillie après audition de toutes les parties prenantes. Ensuite, ces institutions de la République doivent plaider pour que le choix du gouvernement, soit définitivement respecté et exécuté dans les délais prévus. Pour atteindre ce grand défi, il faut appeler à plus de mobilisation des leaders d’opinion, car le Programme électronucléaire, fait une place de choix aux acteurs de la société civile, plutôt que de susciter à tort l’hostilité des citoyens. C’est en ce sens que la réalisation du PEN permettra de tester la clairvoyance et la prévoyance des Nigériens. En d’autres termes, il faut avoir de la hauteur et du recul nécessaire pour aboutir à cet objectif.
Des incidents récents ont démontré que les centrales nucléaires présentaient des dangers. Que proposez-vous afin qu’au Niger les gens ne soient pas contre l’utilisation de l’énergie nucléaire pour produire de l’électricité ?
Effectivement, dans certains pays très avancés, les centrales nucléaires suscitent de la controverse. Des farouches écologistes pensent qu’elles sont trop audacieuses, tandis que d’autres groupes croient plutôt qu’il s’agit d’une solution de rechange sûre et propre aux autres modes de production de l’électricité. Croyez-vous que les mesures de sécurité et de sûreté nécessaires n’aient pas été prises dès le départ dans les pays où les accidents nucléaires se sont produits ? Atténuer les risques des accidents nucléaires, suppose que les gens reconnaissent que l’énergie nucléaire représente le meilleur moyen pour produire de l’électricité que les pays africains, dont le Niger, ont tant besoin. Il faut admettre que lors de la conception d’une centrale nucléaire, les dangers potentiels liés à la manipulation et au traitement chimique des éléments combustibles irradiés, font au préalable l’objet d’examens bien réfléchis et approfondis. Naturellement, certains débats sur les risques d’accident provoquent la méfiance et l’inquiétude des populations, mais lorsque les avantages nucléaires leur sont expliqués, leur adhésion s’accroit. Les études effectuées conduisent à la mise en place de dispositifs appropriés, qui permettent d’affirmer, en toute objectivité, que les travailleurs, les populations et l’environnement sont parfaitement protégés. C’est pourquoi, le gouvernement a tout intérêt de maintenir à un niveau plus élevé la confiance des populations et des partenaires, en même temps adopter des mesures renforçant leur efficacité. En revanche, si le Niger n’avait pas lancé ce programme, il aurait passé cinquante ans, soit dans des coupures d’électricité récurrentes, soit dans des pénuries énormes d’électricité, soit confronté à des investissements qui accroîtraient sa dépendance en électricité vis-à-vis du Nigeria. En conséquence, il faut établir de véritables perspectives, et défier toutes les idées préconçues. L’énergie nucléaire est une source sûre, non polluante, tournée vers l’avenir et, pour le cas du Niger, ne servira nullement à la fabrication d’armes nucléaires. C’est pour toutes ces raisons que la tâche de chacun de nous, réside dans sa contribution méthodique minime soit-elle à cet effort national de finalisation du PEN dans les meilleures conditions. Comme tout le monde le sait, le risque zéro n’existe dans aucun domaine humain. Nous avons une population très jeune et donc des besoins énormes pour les former et les encadrer en vue de produire une économie performante et dynamique. Comment réussir ce pari existentiel sans une énergie bon marché ? En tant qu’acteur de la société civile au plan national et international, je pense que le nucléaire civil est un choix intelligent et responsable, car comme on dit, «quand on veut aller au bain, on ne va pas au moulin.»
Propos recueillis par Oumarou Moussa
Source : http://lesahel.org/
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Revisiter notre patrimoine culturel est un devoir de mémoire qui nous incombe. Il est important de faire ce voyage à travers le temps pour immortaliser nos valeurs, une responsabilité qui nous interpelle pour ne pas perdre les traces des hauts faits de nos devanciers. Véritable instrument de cohésion sociale et de solidarité, le sultanat de l’Ader, reste toujours vivant en Afrique. En s’appuyant méthodiquement sur son organisation, il assurait dans les meilleures conditions la préservation de la dignité humaine, anticipait et prévenait les conflits, en privilégiant le dialogue et le règlement pacifique des différends. Au delà de sa dimension politique et historique, il a été arbitrairement rayé par la colonisation. Son créateur, Muhammed Agabba, battit avec courage et détermination son immense territoire, qui s’étendait jusqu’au Nigeria. Nous avons échangé avec Monsieur Moustapha Kadi Oumani, issu doublement de sa descendance, qui a accepté de répondre à nos questions.
La Source : Comment décririez-vous l’origine de Muhammed Agabba, sultan de l’Ader ?
Sans me prétendre historien, sur la base des fonds d’archives familiales issues de la chefferie d’Illéla et des nombreux écrits, notamment du Professeur Djibo Hamani, « L’Adar précolonial, contribution à l’étude de l’histoire des états Hausa », et dans l’ouvrage du Capitaine Yves Urvoy, « Histoire des populations du Soudan central » et, des manuscrits authentiques et inédits dont beaucoup ne sont pas disponibles en langue Française, Muhammed Aggaba créa le sultanat de l’Ader au XVIIème siècle. Il est le descendant du premier sultan de l’Aïr, Yunus, fils de Tagag Tahannazaneit, soeur de Ahinaç, d’origine turque. Selon les écrits, le sultan Ottoman Yildirim, premier Bayezid envoya son fils Yunus de la famille de Aghaïni et de Ta’azarete dans l’Aïr à la demande d’une délégation de cinq tribus Touarègues Sandales, parties à Istanbul demander au sultan Constantinople une protection. Sur autorisation du roi, son fils Yunus partit au pays A’aren çattafane, une ville du Fezzan (localité de Bilma) en compagnie de 400 guerriers pour prendre le contrôle de l’Aïr de 1405 à 1424. Il fut successivement remplacé par Ag Assane et ses frères, tous fils de Tagag Tahannazaneit. Le nom « Agadez » daterait de cette époque et dériverait de Tagadez, qui veut dire « visite ». Les premiers dirigeants menaient une existence nomade à Assodé dans le centre de l’Aïr, puis à Tadeliza qu’ils abandonnèrent pour s’établir à côté de la marre de Tin Chamane près de la ville d’Agadez. Les successeurs s’installèrent sur les territoires de l’actuel nordNiger et fondèrent le sultanat de l’Aïr. La région du Kawar, faisait partie du Sandjak du Fezzan dans l’empire Ottoman turc en 1400. Ce sont les descendants de cette lignée qui sont désignés « Istanboulawas ». Ils règnent de nos jours aux trônes des chefferies d’Agadez, Illéla, Doguéraoua et Tamasqué.
Comment Muhammed Agabba, était-il arrivé à conquérir le vaste territoire du farouche roi Kanta de Kébi, actuel nord-ouest du Nigeria ?
Avant le XVIIème siècle, l’actuelle région de Tahoua, fut appelée « région des Azna » ou « Aznan ramous », sous la domination du roi de Kébi (actuel Argungu du Nigéria), dirigée par Muhammad Kanta. Vers 1674, Muhammed Aggaba, conduisit une guerre victorieuse contre le souverain de Kébi. Le sultan Agabba, passa de statut de prince au héros de la guerre. Après cette victoire, le peuple Azna l’accueillit avec enthousiasme. « Nous sommes ravis que tu sois venu à nos côtés », clamèrentils.
Il accéda très jeune au trône. La région prit la dénomination de « Adel » qui signifie Adar, en Tamasheq (une zone ravinée géographiquement). Le jeune sultan Agabba régit son royaume qui s’étendait de Kébi à l’actuel Ader, de manière stratégique, et imposa la paix et la sécurité. Sa polyvalence et sa logistique permettraient aux cavaleries de s'adapter à tous les milieux. L’expérience guerrière de Agabba fut le fruit d'une participation active dans plusieurs guerres. Il eut pour objectif de travailler pour le progrès et le bienêtre de ses administrés, et fut l’un des rois le plus riche de la contrée. Il arriva à faire du royaume un modèle et un pôle d’attractivité économique. L’action de Muhammed Agabba dans le domaine militaire qu’idéologique eut durablement marqué la société touarègue. Son règne atteignit la prospérité du sultanat pendant plus de trois siècles. Il ne tolérait aucune défaite, aucune erreur. En 1689, commença un nouvel épisode de lutte contre les Gobirs, qui se termina par la victoire des Touaregs. Une importante caravane de KelAir, guidée par Saley, frère d’Agabba revenant du Kebbi, fut attaquée et pillée par les Gobirs, dans la localité nordouest de l’actuel Madaoua. Le désastre fut complet, et les Touaregs durent s’enfuir à pied avec leurs seuls vêtements dans l’Ader. Agabba partit luimême venger cet affront. « Dieu donna à Aggaba, contre (les coupeurs de route), une victoire complète ». Il détruisit leurs villages, pilla et ramassa toutes leurs richesses et emmena en captivité leurs enfants et femmes. Il leur fit ainsi plus fort et plus grand qu’ils en avaient fait à son frère Saleh. Le sultan Agabba envoya quelques uns des captifs vers les villes du Touat et d’autres au Fezzan. Il en garda le restant de ceux-ci dans sa cité. Après cette cuisante défaite, les Gobirs capitulèrent.
Pourquoi, est-il retourné au sultanat de l’Aïr après avoir dirigé le sultanat de l’Ader pendant trente sept ans ?
A la fin de la stabilisation du royaume qu’il érigea en sultanat de l’Ader, Muhammed Agabba décida de retourner à Agadez pour poursuivre ses expéditions. Après la mort de son père El Mobareck dans la nuit du dimanche, Mohammed Agabba, son fils ainé prit le pouvoir en cette même nuit avant l’apparition de l’aube. Il fut intronisé sultan de l’Aïr qu’il dirigea pendant trentequatre ans avant de repartir dans l’Ader gouverner le royaume pour une seconde fois. En 1702 et 1703, divers combats avaient éclaté à Chawwouzni, Eç.atour et Tazmak. En 1703, de nouveaux troubles éclatèrent obligeant Agabba à se retirer à InGall. La même année, un combat intervenait à Takarkar et un accord de paix fut signé à Anoumarane. Le combat de Djikat eut lieu en 1711 et celui d’InGall en 1712. La ville d’Assodé est prise par le sultan en 1713, les habitants s’étant soulevés. La vision de cet homme, très courageux et fort, l’inspira à envoyer le Fqih Ayyoub Ben Mohammed Baba, le Fqih ElDerfane, Ibn El Azmane, Abou’l Qasim Ben Moallam, et Abd El Kerim Ben Teloua, vers les Touaregs pour leur demander de faire la paix entre eux.
Cette paix fut acceptée dans la montagne des Tarouadjis. A l’époque, Muhammed Agabba eut l'une des armées les plus coriaces dotées d'une détermination démesurée. Une crise survint entre le palais et les notables. Un désaccord avec son frère vit le jour. En raison de son âge, Agabba fut renversé par son frère Mohammed El Amine, qui régna neuf mois, fut détrôné à son tour par son frère El Ouali, chassé lui-même au bout de quatorze mois par Mohammed El Moumine en 1724. Celuici, neuf mois après, en 17241725, fut remplacé par Mohammed Ag Aïcha, fils de Muhammed Agabba, qui régna pendant dix ans.
Comment le sultan Muhammed Agabba est-il retourné à la tête du sultanat de l’Ader après trente quatre ans d’absence ?
En 1721, intervient la destitution de Muhammed Aggaba du trône du sultanat de l’Aïr. Pour éviter le soulèvement des tribus dépendantes du sultanat, les sages recommandèrent aux deux frères de s’entendre sur l’héritage en suggérant à Muhammed Agabba de retourner s’installer dans l’Ader, pays qu’il avait conquis trente-sept ans auparavant et où les Itissines étaient installés. Il s’y rendit alors, en compagnie des tribus de certains groupes ethniques comme les Illissawans, Tawantakass et Tazgamawa qui lui sont restés fidèles. A son retour dans l’Ader, le Prince conquérant réorganisa son sultanat en quatre secteurs dans lesquels on retrouve les localités de Bouza, Keita, Déoulé, Tahoua, Illéla, Bambeye, Garhanga, Tamaské, Kalfou et une partie de Dogaraoua. Les quatre secteurs étaient structurés de la manière suivante : le secteur de KeitaTamaské, dirigé par les Illissawan (actuels cantons de Tamaské et de Keita). Le chef de secteur porte le titre de Amattaza, nom que porte l’actuel chef de canton de Keita ; le secteur d’Alamtei, dans lequel sont localisés les départements actuels de Keita, Tahoua et Bouza ; le secteur de Serkin Magori et de ses vassaux basés à Déoulé, ville des « Magorawa », située dans l’actuel département de Bouza. Le chef de canton de Déoulé porte toujours le titre de Sarkin Magori, et sa région s’étend jusqu’au département de Madaoua ; le secteur centre qui s’étend de l’ouest de Keita à l’actuel département d’Illéla et allant jusqu’à la zone de Guidan Idder, (Canton de Dogaraoua). Agabba créa de ce fait un Etat rival de l’Aïr, avec une nouvelle capitale Birni Ader, et un clan de privilégiés, les Lissaouanes. Il étendit son influence jusqu’à l’Aréwa et le Kourfeye. Dans un tel contexte, les alliances prennent toute leur valeur. Le sultan Agabba régna tranquillement sur son sultanat jusqu’à sa mort, en 1738. Son règne engendra une nouvelle dynastie des Sarki Ader. C’est ainsi que depuis la fin du XVIIème siècle, la lignée de Muhammed Aggaba, s’est installée à la tête de l’AderDoutchi qui prit comme capitale, dans un premier temps, Birni Ader, non loin de Dareye (actuel canton de Garhanga) et dans un deuxième à Azao (située à 10 km environ d’Illéla), et enfin dans un troisième à Illéla. Trois siècles durant, les membres de cette famille se sont succédés à la tête du royaume.
Attendiez-vous un jour à la réhabilitation du sultanat de l’Ader par le gouvernement Nigérien ?
Les héritiers de Muhammed Agabba avaient conscience de l’impact que pouvait avoir l’emprise des colons sur leurs territoires et, face à cette situation qui pouvait remettre en cause leur mode de vie, des mouvements de résistance contre la colonisation virent le jour, (refus de rencontrer les colons français, génocide à Libatan qui occasionna des milliers de morts). Face à la situation de crainte, les colons réquisitionnèrent toutes les armes du sultanat pour une destination inconnue. Une fois encore, un héritage national fut dilapidé. Le sultanat de l’Ader fut injustement réorganisé en canton en 1900 (une nouvelle appellation des colons Français), avec l’arrestation et l’emprisonnement du Sultan Attou Wachar, déporté à Tahoua. Voilà comment une civilisation millénaire, dont la culture et l’histoire font partie du trésor de l’humanité et la diversité et de notre patrimoine commun, fut arbitrairement supprimée. La raison avancée, est le refus de collaboration avec les représentants du colon dans le cadre de la constitution du stock alimentaire. A l’époque, une bonne partie des récoltes des céréales dont le mil, le sorgho, le maïs et le haricot devraient partir dans les colonies. Après quelques années, l’occasion est saisie par le colon pour destituer le Sarki Ader, Boubé Wachar, qui hérita du trône après la mort de son frère Attou Wachar. Toutes les pratiques traditionnelles et le grand territoire du sultanat de l’Ader sont modifiés et institutionnalisés par le Commandant du cercle. Plusieurs Chefs de cantons sont nommés dans le territoire du sultanat par l’autorité coloniale. Ils constituent des auxiliaires de l’administration et leur titre se transmet par héritage.
C’est pourquoi, tout homme raisonnable ne peut que s’étonner de voir un sultanat d’une telle envergure réduit à la mission d’un canton. Lorsque la colonisation étendit sa domination, c’est toujours avec la dynastie des Sarki Ader (descendants du sultan Agabba) qu’elle avait composé, parce qu’elle ne trouvait aucune alternative. Le Sarki Ader occupe aujourd’hui le territoire de deux départements : Illéla et Bagaroua, demeurant l’unique exemple au Niger où les frontières d’un canton sont confondues à celles de deux départements distincts. Depuis cette réorganisation, le canton a été administré par les Sarki Ader Attou Wachar, Boubé Wachar, Oumani Attou, Kadi Oumani, et Yacouba Habibou qui sont les arrières petits fils du sultan Muhammed Aggaba. Cependant, plusieurs tentatives de réhabilitation du sultanat ont été enregistrées : d’abord, l’une des choses les plus importantes, à mon sens ; sous le commandement du Capitaine Broun, une tentative de restauration du sultanat de l’Ader, fut proposée. A cette occasion, il avait été demandé au Sarki Ader, Oumani Attou, de désigner ses frères à la tête des nouveaux cantons qui seront créés dans le territoire qu’il dirige ; mais, en raison de son attachement à l’unité de son territoire, il rejeta catégoriquement l’offre. Le deuxième élément qui me parait important, au cours d’un important débat à la plénière de l’Assemblée nationale de la première République sur la création de la province de Tahoua, les 50 députés avaient estimé que, pour une question de bon sens, si le canton d’Illéla, berceau de l’histoire de l’Ader, n’est pas érigé en province, aucune autre localité ne pourrait l’être dans cette région. Ensuite, dans le cadre des dénominations des Lycées nationaux du Niger, certaines personnalités ont proposé de baptiser le Lycée de Tahoua : « Lycée Galabi ». L’Honorable Galabi étant le premier Chef de canton nommé par l’administration coloniale à Tawa (Tahoua), après l’abandon du Prince Adou, frère de Attou, qui dirigeait la ville de Tahoua et ses environs, pour se rendre à Azaou. En bon connaisseur de l’histoire du Niger, le feu Général Seyni Kountché avait demandé à l’assistance : qui a créé le sultanat de l’Ader ? La réponse fut sans équivoque : c’est Muhammed Aggaba.
Dès lors, le Lycée de Tahoua, prit définitivement le nom de Lycée National Aggaba. De plus, à l’amorce de la décentralisation, les débats ont montré que Ader et Maggia ont toujours formé un tandem. Si l’appellation « région de l’Ader » était maintenue, il va falloir transférer la capitale de la région de Tahoua dans la ville d’Illéla, afin de coïncider avec la référence historique. Là, également, rien d’étonnant, ledit débat a été abandonné pour s’accorder au maintien de la dénomination « région de Tahoua ».
Je terminerai sur un point qui me semble absolument majeur. Après la visite officielle du Président français, Jacques CHIRAC au Niger, il écrit, le 30 octobre 2003 à Elhadji Kadi Oumani, une lettre où il a témoigné au Chef de province de l’Ader « sa satisfaction pour l’accueil qui lui a été réservé et le témoignage d’amitié à l’égard de la France ». Le Président CHIRAC, se référant aux archives de l’administration française, a relevé que le Sarki Ader, était bien le Chef de province d’Illéla, selon la documentation de l’administration française. Il ressort de ces faits et événements que la transformation du canton d’Illéla en sultanat, n’est qu’un acte juste et une reconnaissance de nos valeurs ancestrales au moment où plusieurs pays africains s’inscrivent dans cette dynamique. L’histoire retiendra le souvenir de cette décision héroïque et les noms des restaurateurs de nos valeurs ancestrales. Une décision qui s’inscrira dans une tendance en cours dans de nombreux pays en Afrique, où des hauts dirigeants tiennent à ce que les citoyens n’oublient point les faits marquants de leur histoire. Dans le cadre de la réhabilitation et de la sauvegarde de son patrimoine socioculturel, le Président Ougandais, Yoweri Museveni avait pris la sage décision de restaurer un ancien royaume détruit par les colons anglais, il y a un siècle. Nous sommes convaincus qu’un jour avec une bonne volonté, le sultanat de l’Ader sera de nouveau réhabilité. Un dicton n’enseigne-t-il pas que, « nul n’a le droit d’effacer une page de l’histoire d’un peuple, car un peuple sans histoire est un monde sans âme ? »
Interview réalisée par Amani Mounkaila B.
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Monsieur le président, la journée mondiale de la liberté de la presse a été célébrée ce 3 mai avec la publication du rapport de Reporters Sans Frontières sur la liberté de la presse dans le monde qui classe le Niger à la 61ème place sur 180 pays classés, avec un score de 66,84 alors qu’en 2022, il occupait la 59ème place avec 67,80 points. Quel commentaire vous inspire le rang du Niger au moment où vous venez de prendre fonction à la tête du bureau du Conseil Supérieur de la Communication (CSC) ?
Je vous remercie de l’opportunité que vous m’offrez pour parler de cette journée mémorable de commémoration du 30ème anniversaire de la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse et d’apprécier l’état de la liberté de presse au Niger. Je considère tout d’abord que la publication du rapport de Reporters Sans Frontières sur la liberté de la Presse dans le monde nous permet de découvrir le regard que les autres portent sur l’état de notre presse, aussi bien sur les avancées que sur les reculs observés, sur l’exercice de cette liberté si importante pour le fonctionnement de la démocratie et le comportement des différents acteurs médiatiques.
Il est vrai que le Niger a été classé 61ème cette année, perdant ainsi deux rangs par rapport à l’année 2022 où il était classé 59ème. Pour nous, malgré l’appréciation faite de l’état de notre liberté de presse par cette Organisation Internationale, le Niger occupe un rang honorable, car si on relativise nous occupons la 8ème place sur le continent. Ce qui est fort appréciable.
«Dans le contexte actuel de défis sécuritaires, plus que jamais, les acteurs médiatiques doivent faire preuve de plus de responsabilité et de professionnalisme dans le traitement de l’information»
Comme je l’ai dit à l’occasion de mon message le 03 mai devant la presse, nous pouvons faire mieux. Nous avions par le passé occupé le 29ème rang mondial et le 4ème rang en Afrique. Nous continuons toujours à considérer que la promotion et la culture de la liberté de la presse n’est pas seulement l’affaire du Gouvernement. Elle est une œuvre collective qui concerne à la fois, l’Etat, les citoyens, les organisations socioprofessionnelles des médias et le régulateur. Nous avons le devoir de la consolider, chaque jour, et ceci pour le renforcement de notre démocratie et de l’Etat de droit.
En matière de promotion et d’exercice de la liberté de presse quel message avez-vous pour les acteurs des medias dans le contexte actuel marqué par des défis sécuritaires, économiques, entre autres ?
A l’endroit des acteurs des médias, je leur rappelle que le cadre institutionnel, législatif et règlementaire dont nous disposons aujourd’hui est l’un des meilleurs de la sous-région. Il offre des garanties non seulement pour la libre expression des opinions mais aussi pour la communication audiovisuelle, écrite, électronique ainsi que l’impression et la diffusion qui sont libres. Mais tout cela est encadré par la loi qui trace les limites à ne pas outrepasser, qui impose le respect de l’ordre public, de la liberté et de la dignité des citoyens. Les acteurs médiatiques doivent observer une grande rigueur dans le traitement de l’information qu’ils diffusent ou publient en respectant scrupuleusement les règles éthiques et déontologiques. Les journalistes nigériens doivent être jaloux des acquis relatifs au cadre institutionnel et règlementaire sur la liberté de la presse. Je me réjouis qu’aujourd’hui, aucun journaliste nigérien ne soit en prison ou inquiété par rapport à l’exercice de son métier. Les incompréhensions commencent à se dissiper.
Dans le contexte actuel de défis sécuritaires, plus que jamais, les acteurs médiatiques doivent faire preuve de plus de responsabilité et de professionnalisme dans le traitement de l’information. Ils ne doivent en aucun cas céder à la tentation de la propagande, à la facilité de relayer toute information sans vérification aucune. A mon sens, la liberté et la responsabilité vont de pair. J’appelle vivement tous les acteurs des médias à faire constamment montre de professionnalisme et de responsabilité pour consolider les acquis et faire bouger les lignes, ensemble, en ce qui concerne les défis et difficultés qui se dressent au secteur de la communication.
Le Conseil Supérieur de la Communication entend mettre en avant une approche dialogique en sollicitant la participation de chacun et de tous, dans le respect des lois et règlements de la République.
Le Conseil Supérieur de la Communication a compétence dans les domaines de la presse écrite et électronique, la communication audiovisuelle et la publicité par voie de presse. Parmi ces domaines y en a-t-il un qui constitue aujourd’hui une priorité pour l’instance de régulation ?
Les quatre domaines que vous venez de citer relèvent, tous, de la compétence du Conseil Supérieur de la Communication. Il n’y a donc pas un ordre prioritaire à déterminer. Tout est primordial pour nous. C’est un devoir pour le CSC de réguler tous ces secteurs sans exclusive. Nous procédons pour cela au suivi de tous les médias grâce au dispositif technique dont nous disposons. En fonction des manquements constatés ou de saisine du CSC, nous engageons des procédures légales au niveau de deux commissions d’instruction constituées de Conseillers membres du CSC, à savoir la Commission Ethique, Déontologie et Carte de Presse et la Commission Suivi des Cahiers de Charges, Accès Equitable et Publicité. En relation avec les services techniques du CSC, notamment la Direction du Pluralisme de la Déontologie et de la Publicité, la Direction des Affaires Juridiques et du Contentieux et la Direction des Infrastructures Techniques et des Autorisations, un rapport est produit par la commission saisie au fond et soumis à la plénière qui décide en dernier ressort de la décision à prendre.
C’est dire donc que nous essayons de couvrir l’ensemble de notre champ de compétence. Mais il faut dire que nous ne disposons pas des moyens humains suffisants pour assurer convenablement notre mission au regard du nombre des médias à suivre.
C’est vous dire en substance que chaque pan des domaines que vous avez énumérés constitue une priorité pour le CSC.
Monsieur le président comment le CSC aborde la question de la régulation des activités des géants du Web et les préoccupations qu’elles soulèvent, qui sont les sujets sur lesquels a porté la conférence internationale à laquelle vous venez de prendre part à Fès ?
La question de la régulation des activités des géants du Web ou plus particulièrement des plateformes du numérique est une grande préoccupation pour les régulateurs africains. C’est le nouveau défi qui se pose aux régulateurs des médias. Les débats qui se posent ont trait à la question de la responsabilité des plateformes numériques dans la diffusion en ligne d’infox et de contenus préjudiciables à la paix, à la cohésion des sociétés, au vivre ensemble, à la dignité humaine et à la santé publique. Ensuite en raison de la prolifération de contenus et de pratiques nuisibles sur les réseaux sociaux.
A Fès au Maroc, nous avions échangé avec les grandes plateformes numériques de notre responsabilité en tant que régulateur et de la nécessité d’une régulation garantissant à la fois les libertés fondamentales, respectueuse de l’ordre public dans ce nouvel environnement virtuel. Les différentes réflexions qui ont été développées tendent vers l’institution d’un système d’autorégulation et surtout l’initiation des citoyens à la culture du numérique.
Il faut noter que les régulateurs des médias membres du Réseau des Instances Africaines de Régulation de la Communication (RIARC) comme les plateformes numériques entendent poursuivre les réflexions et le dialogue en vue d’aboutir à un mécanisme consensuel de modération.
Monsieur le président, vous avez récemment exprimé la volonté de faire un plaidoyer pour le rehaussement du fonds d’aide destiné aux médias privés. Comptez-vous faire le même effort auprès du gouvernement en faveur des médias d’Etat dont la subvention est en baisse ces dernières années ?
Effectivement dans mon discours à l’occasion de la première session ordinaire de notre mandat, je me suis engagé à mener le plaidoyer nécessaire, partout où besoin sera, pour le rehaussement de la subvention accordée aux entreprises privées de presse. Je fondais mon argument sur le fait que, pour promouvoir des entreprises de presse productrices de contenus compétitifs et créatrices d’emplois bien rémunérés, il est indispensable de rehausser l’enveloppe du fonds d’aide à la presse. Pour le CSC, cela pourrait constituer une alternative en vue d’encourager les entreprises de presse à adhérer effectivement à la convention collective de la presse sur laquelle il y’a encore des hésitations.
Le deuxième argument qui plaide en faveur du rehaussement est que dans certains pays membres de l’UEMOA comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal, l’enveloppe allouée dépasse le milliard de FCFA, alors que de loin, la taille de notre paysage médiatique dépasse la leur. Je pense que ce ne serait pas de trop que de rehausser cette enveloppe en raison du service public que cette presse assure dans notre pays, notamment dans le renforcement de la Démocratie, l’Etat de droit et la promotion de la Bonne Gouvernance.
Nous ferons le même plaidoyer pour les entreprises de presse publiques. Le secteur de la presse et de la communication connait des mutations profondes qui nécessitent des adaptations et des réadaptations. Aujourd’hui, avec le numérique, les médias doivent être à la fois sur la TNT et le web. Il en est de même pour la presse écrite et les agences d’informations qui, en dehors des supports traditionnels, doivent être également sur l’Internet, disposer de site permanent d’informations en ligne. Tout cela est coûteux et plaide en faveur d’une subvention plus conséquente en faveur des médias publics. C’est pourquoi, je disais en amont que nous allons écouter tout le monde afin de nous enquérir de la situation pour voir éventuellement au cas par cas, comment booster la situation, dans les limites de nos compétences. En d’autres termes, nous sommes là pour les médias publics et privés. Ma porte est donc ouverte à tous.
Propos recueillis par Souley Moutari(onep)
Source : http://lesahel.org/
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Monsieur le Haut-Commissaire, après 11 ans (2012-2023) de mise en œuvre de l’Initiative les Nigériens Nourrissent les Nigériens (I3N), quel bilan exhaustif des actions coordonnées par l’institution peut-on dresser aujourd’hui ?
Je vous remercie pour m’avoir convié à cette entrevue portant sur la Stratégie de l’initiative 3N pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle et le Développement Agricole Durable (SANDAD). Permettez-moi d’abord de faire un bref rappel sur cette initiative, adoptée et mise en œuvre depuis 2012.
Il s’agit d’une approche innovante de lutte contre l’insécurité Alimentaire et nutritionnelle qui prône la synergie et la complémentarité des actions des Ministères et institutions qui interviennent dans le secteur de la SANDAD tout en articulant le travail de préparation et de réponse aux crises avec le travail d’investissement de long terme. Elle s’articule autour de 5 axes qui sont : accroissement de la production ASPH, mis en œuvre par les Ministères de l’Agriculture, de l’Elevage et celui de l’Environnement ; approvisionnement des marchés, avec les Ministères, du Commerce, de l’industrie et entreprenariat des jeunes ; l’amélioration de la résilience à l’Insécurité Alimentaire et Nutritionnelle avec le ministère de l’Action Humanitaire et le DNPGCA ; l’amélioration de l’Etat nutritionnelle avec le Ministère de la Santé et enfin la création d’un environnement favorable à la mise en œuvre de l’initiative 3N sous la responsabilité du HC3N.
Plusieurs autres institutions de la République sont directement ou indirectement engagées dans la mise de l’I3N. Les actions dans ces différents axes sont en harmonie entre elles, selon un diagnostic, une planification et un suivi conjoint.
L’axe V de l’initiative 3N porte sur la Gouvernance du secteur, c’est-à-dire la coordination multisectorielle, la mobilisation des ressources et l’impulsion des reformes. Cet axe est sous la responsabilité du Haut-Commissariat à l’initiative 3N, le HC3N. Après 10 ans de mise en œuvre de l’I3N, un bilan a été réalisé. Ce bilan relève des réalisations, tant physiques que financières très encourageantes. Nous pouvons à titre illustratif, donner quelques chiffres et descriptions qualitatives sur les réalisations physiques pour la période 2011-2020 par axe de la stratégie de l’I3N.
Pour l’axe 1 : des superficies irriguées passant de 95 000 ha en 2010/2011 à 208 000 ha en 2020, pour une augmentation du volume d’eau mobilisé de +44% sur la période ; la production agricole irriguée en équivalent céréalier qui a été multipliée par 6, passant de 169 166 tonnes d’équivalent céréalier en 2010/2011 à 1 032 023 tonnes en 2020 ; l’ensemble des autres productions ont connu des taux d’augmentation compris entre 25% et 60%, avec 26% d’augmentation pour les cultures de rente, 52% pour les cultures céréalières, 51% pour la production de lait et 60% pour la production de viande et les actions de régénération et de restauration des terres ont permis de traiter 65 000 ha de dunes, 433 000 ha de terres dégradées et 489 000 ha terres régénérés en RNA.
Pour l’axe 2 : l’approvisionnement des marchés a mobilisé un peu plus de 17% des montants totaux investis sur la période de 2012-2020. Les investissements ont couvert en particulier la réhabilitation et la construction d’infrastructures de soutien et de développement de certaines filières, tels que les marchés à bétail, les comptoirs, les aires d’abattage, les centres de collecte de lait, les marchés de gros et de demi gros de céréales, entre autres. Le nombre de ces infrastructures est passé de 370 à 5 200 en l’espace de 10 ans.
Dans le domaine de la commercialisation des céréales on note, au-delà des évolutions engendrées par les orientations des législations et normes régionales et continentales, l’élaboration et l’adoption de la Stratégie Nationale d’Achats Locaux des Aliments auprès des Petits Producteurs (SNALAPP) qui a permis d’agir sur le volume des achats institutionnels de céréales réalisés auprès des producteurs locaux ou par l’intermédiaire de leurs organisations et unions et non plus uniquement via des commerçants. Ainsi, avant même l’adoption formelle de la SNALAPP, les achats institutionnels pour la reconstitution de la Réserve Alimentaire Stratégique (par l’OPVN) et du Stock National de Sécurité (par la Cellule Crise Alimentaire) ont commencé à avoir recours aux achats directs. Pour exemple, les achats locaux par la CCA ont connu une hausse importante à partir de 2016.
Pour l’axe 3 : Le niveau de financement cumulé de l’Axe 3 sur la période 2011-2020 a atteint près de 860 milliards FCFA, en relation avec les Plans de Soutien annuels aux Populations vulnérables, une composante importante de cet axe mis en œuvre par le DNPGCA. Les distributions de céréales ciblées vers les ménages les plus vulnérables ont mobilisé un volume compris entre 20 000 tonnes et 100 000 tonnes selon les années, et les ventes de céréales à prix subventionné ont mobilisé entre 40 000 tonnes et 130 000 tonnes, avec un pic en 2012 année de grave crise alimentaire. Il s’agit là de 2 exemples d’instruments d’intervention auxquels s’ajoutent d’autres opérations comme les ventes subventionnées d’aliment bétail ou encore le paiement contre travaux d’intérêt collectif.
Pour l’axe 4 : Le niveau de financement cumulé de l’Axe 4 sur la période 2011-2020 atteint près de 220 milliards FCFA. Les taux de mobilisation, pour les 2 plans d’actions (2012-2015 et 2016-2020), ont été largement supérieurs à 100% ; le nombre d’enfants traités dans les centres de prise en charge de la malnutrition aigüe sévère, sur la période 2010-2020, a varié entre 330 000 et 430 000 selon les années. Les résultats de la prise en charge de la malnutrition dans ces centres présentent des taux de performance (taux de guérison, décès, abandon) supérieurs aux standards internationaux et en nette amélioration sur la période, même si les taux de prévalence des différentes formes de malnutrition ne montrent pas encore une tendance satisfaisante à l’amélioration et restent globalement stables à des niveaux trop élevés.
Pour l’axe 5 : le niveau de financement cumulé sur la période 2011-2020 a atteint 85 milliards de F CFA mobilisés sur une planification prévisionnelle d’environ 90 milliards F CFA pour l’ensemble de la période.
Ces ressources ont permis de mettre en place et maintenir fonctionnelles les instances de gouvernance aux niveaux central, déconcentré et décentralisé, d’impulser certaines réformes structurantes pour améliorer la performance du secteur et lever les goulots d’étranglement et de mobiliser des ressources sous diverses formes dont les projets. Le nombre de projets financés contribuant à la mise en œuvre de l’Initiative 3N a atteint 119 à l’issue du 2e Plan d’Action de l’Initiative 3N.
L’expérience de l’I3N est connue même hors des frontières du Niger. Mais concrètement, quelles sont les leçons apprises sur sa mise œuvre ?
L’expérience de l’i3N se fonde sur un engagement politique et est de conception purement endogène réalisée par des experts nigériens. Elle a en effet inspiré le monde entier et a été primée comme meilleure politique du futur. Elle a été elle-même conçue sur la base, des leçons tirées des politiques agricoles nationales et des longues années de lutte contre l’insécurité Alimentaire et nutritionnelle au Niger, de l’évolution du contexte sous régional et national, de notre potentiel et nos limites, enfin des évidences scientifiques disponibles.
Pendant la mise en œuvre de l’initiative 3N, le Niger a accéléré l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), notamment les OMD 1 et 7, en particulier la réduction de 50% du nombre de Nigériens souffrant de sous-alimentation. Ceci a valu au Niger les félicitations de la FAO, qui lui a décerné deux attestations de réussite en 2013 et 2015 pour son Initiative 3N. Grâce à cette Initiative 3N, le Niger a fait aussi partie des 7 pays distingués et lauréats du « Future Policy Award 2017 » et du 3ème Prix de Bronze décerné par le World Future Council (WFC) en collaboration avec le Secrétariat exécutif de la Convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification (UNCCD) dans la catégorie « restauration des terres dégradées et lutte contre la pauvreté ».
Entre autres leçons apprises dans la mise en œuvre de l’i3N, nous pouvons relever, la meilleure convergence des interventions et la redevabilité des intervenants dans le secteur de la SANDAD, ce qui représente une condition sine qua none pour assurer une Sécurité Alimentaire et nutritionnelle durable, les bonnes pratiques dans le cadre des interventions pilotes n’impactent l’insécurité alimentaire et nutritionnelle que lorsque celles-ci sont portées à l’échelle du Pays et la maitrise des financements via un mécanisme de fonds commun peut faciliter une orientation plus efficace et efficiente dans l’utilisation des ressources.
Les actions de votre institution concernent aussi les volets nutrition et transformation agroalimentaire. Pourquoi le choix de ces deux volets ? Quel est à ce stade l’importance des investissements des acteurs de la SANDAD dans ces deux domaines ?
Comme rappelé plus tôt, l’axe 4 de la stratégie de l’I3N est consacré à l’amélioration de l’état nutritionnel des Nigériens.
Cette question de nutrition est plus large qu’elle ne parait à première vue. Sur la base des évidences scientifique, nous avons piloté, conformément à notre rôle dans la gouvernance, l’élaboration d’une Politique Nationale de Sécurité Nutritionnelle (PNSN) qui est multisectorielle. Cette politique, au-delà du secteur de la Santé et de l’Agriculture, met aussi en avant l’apport et l’impact indispensables de l’éducation, de l’accès à l’eau hygiène assainissement, de la protection sociale, de la Communication et de l’environnement dans la nutrition.
Par ailleurs, pour que le secteur de l’Agriculture soit sensible à la nutrition, il faudra que la production agricole favorise une alimentation saine et diversifiée. Les aliments produits suivent tout un cycle avant la consommation. La transformation des Aliments locaux de consommation courante apporte une valeur ajoutée non seulement sur le plan santé et nutrition, mais aussi sur le revenu des producteurs. Sur le volet transformation des aliments, cela se fait actuellement sous forme d’accompagnement des acteurs de la transformation notamment les femmes transformatrices des produits locaux, mais également sous forme de projets de renforcement de capacité des acteurs de la transformation. Je peux citer entre autres, le Projet d’Appui à la Fortification des Aliments au Niger (PAFAN), piloté par le Ministère du Commerce, le Projet de Fortification des Produits Alimentaires de Consommation Courantes (FOPAT) piloté par le Ministère de l’agriculture.
Monsieur le Haut-Commissaire, après plusieurs années de mise en œuvre, quelles sont les principaux défis qui se posent aujourd’hui à l’I3N ?
Les défis qui se posent à l’i3N sont ceux liés au fonctionnement des systèmes alimentaires. Ce sont des préoccupations soulevées par les acteurs lors des diverses concertations, gouvernementales et indépendantes. Ces défis sont principalement stratégiques et opérationnels.
Au niveau stratégique : renforcer la redevabilité des acteurs et secteurs ; augmenter le volume de financement pour les Ministères et institutions de mise en œuvre de l’i3N ; impulser des réformes administratives et législatives assorties d’actes facilitant leur opérationnalisation ; au niveau Opérationnel ; Promouvoir les chaines de valeurs prioritaires des produits alimentaires à fort potentiel nutritionnel et commercial ; renforcer le Système d’information (Assurer des données statistiques de qualité et enfin renforcer les systèmes d’information et de suivi-évaluation sectoriels. promouvoir la vulgarisation et l’appui-conseil agricoles.
D’aucuns disent que l’I3N est dans la pratique absente sur le terrain, que répondez-vous ?
Les appréciations sont fonction de la compréhension et des attentes de chacun de nous. C’est malheureusement parce que certains ne comprennent pas l’I3N qu’ils ont tendance à simplifier leur point de vue en disant que l’I3N n’est pas sur le terrain.
Lorsqu’on comprend que l’i3N est une stratégie nationale faisant office de politique agricole nationale, mise en œuvre par plusieurs Ministères et administrations (Agriculture, Elevage, Environnement, Santé, Action Humanitaire, DPNGCA, HC3N, etc.) on dira plutôt que c’est tout ce qui se passe sur le terrain dans le secteur de la SANDAD qui est l’initiative 3N.
Quels sont vos rapports avec les organisations paysannes et certaines structures de l’Etat qui interviennent dans les mêmes domaines que vous ?
Le HC3N, dans sa conception, se trouve être la structure centrale et de convergence dans la coordination des interventions des différents acteurs de mise en œuvre de la stratégie de l’Initiative 3N. Ces acteurs sont étatiques (AE) autant que non étatiques (ANE). Les acteurs étatiques sont des ministères et des administrations Maitres d’Ouvrage, et leurs structures rattachées (Agriculture, Elevage, Environnement, Hydraulique, Commerce, Industries et entreprenariat des jeunes, Santé Publique, DNPGCA, Action Humanitaire et Gestion des Catastrophes, Promotion de la Femme et Protection de l’Enfant, etc.). A ceux-là il faut ajouter l’ensemble des autres acteurs impliqués, publics ou privés, nationaux et internationaux. Les acteurs non étatiques sont formés par les ONG, associations, organisations des producteurs et acteurs privés. A ce titre, L’Initiative 3N constitue une référence pour la collaboration entre l’Etat, les Partenaires Techniques et Financiers, les Organisations des Producteurs, les ONG/AD, le secteur privé, etc., dans le cadre plus général du Plan de Développement Economique et Social (PDES 2012-2015, 2017-2021 et 2022 -2026) dans lequel l’I3N constitue l’Axe « Sécurité alimentaire et développement agricole durable ».
Dans cette famille d’acteurs, les Organisations Paysannes sont des acteurs importants qui contribuent à la mise en œuvre de l’i3N. Elles sont aussi bénéficiaires de l’i3N telles que les facilités dans le crédit agricole, les investissements structurants, le conseil Agricole, etc….
Propos recueillis par Ali Maman(onep)
Source : http://www.lesahel.org
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Lentement et sûrement, le Taekwondo s’affirme de plus en plus au Niger. En effet, bien avant la grande et belle saga d’Abdoul-Razak Issoufou Alfaga, l’Association Nigérienne de taekwondo a toujours fait parler d’elle à travers d’excellents combattants nigériens qui ont su représenter dignement les couleurs du pays. Ces ex-combattants de cet art ne sont plus sur le tatami mais grâce à leur bon potentiel d’expérience, ils ont créé leurs propres clubs pour transmettre aux jeunes amoureux du taekwondo tout leur savoir-faire. Ainsi, pour mieux connaître la place de cet art martial et de sa contribution dans le développement du sport en général, au Niger, nous avons rencontré Maître Amadou Abdou Oumarou alias Cobra, Directeur Technique National/Adjoint de la Fédération Nigérienne de Taekwondo.
Maitre, la plus part des Nigériens qui vous ont connu sur le tatami, c’est sous le sobriquet de Cobra. Alors, qui est maître Cobra et pourquoi Cobra ?
Je me nomme Amadou Abdou Oumarou alias Cobra ou ‘’Beray-koy’’. Je suis né le 4 novembre 1964. Aujourd’hui, je suis âgé de 59 ans. Je suis marié à deux femmes et je suis père de 10 enfants ; tous mes enfants sont des pratiquants dont la majorité a le grade de ceinture noire. Je suis ceinture noire 5ème Dan Kukkiwon et 6ème Dan national. J’occupe plusieurs postes de responsabilité dans le domaine du taekwondo. D’abord je suis Directeur Technique National/Adjoint de la Fédération Nigérienne de Taekwondo ; président de la Commission kyorugi (C.K), puis secrétaire à l’organisation de la fédération nigérienne de taekwondo, et responsable de neuf (9) clubs affiliés à la fédération nigérienne de taekwondo. Je suis depuis 2015 un professeur d’éducation physique et sportive au CSP Nodou de Niamey. J’ai commencé à pratiquer le taekwondo le samedi 15 Novembre 1986 au club de la Maison des jeunes Djado Sékou de Niamey. Cobra c’est mon nom de combattant.
Qu’est- ce qui vous a motivé à choisir le taekwondo parmi tous les arts martiaux ?
Lorsque j’ai eu la chance d’assister pour la première fois au passage des ceintures noires au Niger organisé par le grand maître coréen Cho au Palais des congrès de Niamey. Après, cette cérémonie qui m’a émerveillé, je suis allé faire mon inscription. J’ai eu la chance d’être dans les mains des meilleurs maîtres de l’époque. C’est eux qui ont gouverné mes premiers pas en taekwondo. Il s’agit de Maitre Abdoul-Wahid Hassane dit wahido, Maitre Hassane Thogyéni, Maitre Alphonse Djibo Thogyéni dit ching-chang, et feu maître Hamidou Thonkoino dit Lee Kwan Young. Tous formés par le grand maître feu Issaka Thogyéni connu sous le nom de maître Urbain, paix à son âme.
Par la suite, j’ai eu l’ambition d’ouvrir mon premier club à Dosso en 1993 appelé «le bouclier de Dosso». Je suis un des pionniers du taekwondo à Dosso. A travers cette expérience j’ai aidé beaucoup de clubs de taekwondo, notamment dans le développement des jeunes. C’est l’exemple du «Tagour» de Gaya, le club de Djoundjou, le club du lycée Dan Baskoré de Maradi. A Niamey, je suis à l’origine de la création de plusieurs clubs également dont, le club Dragon d’or de SYNAPOSTEL, le club Wangari en 2001, le club Sirba, le club Baba’atou, le club Sabon Gari, celui de l’AS renaissance, le club du CSP Nodou, le Club Bayray, le club Mayaki et le club Martaba. Aujourd’hui, J’ai une grande ambition de créer un centre de taekwondo pour les enfants, et ainsi donner plus de chance à ceux qui désirent développer leur talent.
Le taekwondo occupe une place importante dans le développement du sport au Niger. Quelles comparaisons faites-vous de la pratique de cet art martial de votre temps à aujourd’hui ?
A notre temps, le Taekwondo était vraiment martial, la présence de la discipline, la concurrence positive dans l’entraînement et dans les compétitions. Les pratiquants sont reconnus précisément par leurs clubs ou par leurs maîtres. Aujourd’hui, c’est les athlètes qu’on connait et leurs palmarès qui comptent. A notre temps, nous étions dans les clubs toujours en Dobook (kimono) et ceinture bien nouée autour de la taille, par respect de l’art martial. Aujourd’hui, les jeunes Taekwondoïns sont habillés en short et t-shirt ou collant aux entraînements.
Pouvez-vous nous décrire votre palmarès en taekwondo ?
A notre temps nous n’avons que le championnat national une fois par an. Ainsi j’avais remporté une médaille d’or dans la catégorie senior moins de 54 kg ; deux fois médaillé d’or dans la catégorie senior moins de 58 kg et médaillé d’argent dans la catégorie senior moins de 62 kg. Dans les compétitions internationales : au Championnat Ouest Africain de Taekwondo (C.O.A.T) dans la catégorie senior moins de 58 kg, j’ai eu la médaille de bronze à Cotonou au Bénin en 1998. En 2000, à Niamey j’ai été médaillé (bronze) et à Bamako au Mali en 2002. J’ai été également champion Ouest Africaine de Taekwondo médaillé, où j’ai remporté l’or en poomsea (kata). C’est mon parcours qui m’a permis d’occuper plusieurs postes de responsabilité comme entraineur, sélectionneur et coach de l’équipe nationale du Niger. Je suis également directeur technique de la région de Niamey (DTR), Conseiller Technique de la commune 4 de Niamey, entraineur national de poom-sae, entraineur, sélectionneur et Coach de l’équipe nationale para-olympique du Niger.
Notre pays est dans une dynamique du développement du sport grâce à l’engagement et la volonté des plus hautes autorités. Avez-vous un appel dans ce sens ?
Pour développer le sport, il faut des moyens, notamment financiers pour permettre aux acteurs de se former. Malgré les difficultés auxquelles le pays fait face, nous croyons à cette volonté politique. Il faut créer les conditions pour offrir à cette jeunesse les opportunités pour qu’elle se forme et qu’elle soit capable d’apporter sa contribution au développement du pays. Les athlètes quant à eux doivent prendre conscience de cet enjeu et s’engager à faire parler de notre pays lors des compétitions internationales.
Qu’avez-vous gagné grâce au Taekwondo ?
J’ai tout gagné grâce au taekwondo ; le respect, la considération, la grandeur et je continue de gagner. Mes athlètes font ma fierté. A chaque compétition organisée par la fédération nigérienne de taekwondo et même à certaines compétitions à l’étranger ils remportent des médailles pour se faire plaisir et me rendre fier aussi. Certains de mes disciples sont devenus des fonctionnaires, des arbitres, des responsables de club et d’autres continuent toujours la compétition en battant des records et je suis fier d’eux. Mais parmi tant de bonnes choses que j’ai gagné, ce qui m’a le plus marqué, c’est la maison bien construite à Niamey à la «Cité du progrès» qui m’a été offerte par le Vice-champion olympique Abdoul-Razak Issoufou Alfaga qui m’en a fait cadeau par la grâce d’Allah. Dieu le lui rendra au centuple In sha Allah !
Réalisé par Assad Hamadou (Stagiaire)
Source : http://lesahel.org/
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Monsieur le Ministre, le Niger comme les autres pays du Sahel fait face au choc provoqué par la Covid 19, à l’insécurité et aux perturbations de l’économie mondiale liée à guerre Russo-Ukrainienne. Comment se porte l’économie nigérienne dans ce contexte ?
Le Contexte socioéconomique mondiale, régional et national est marqué ces dernières années par plusieurs chocs sanitaires, sécuritaires, climatiques et économiques notamment avec la hausse des prix de certains produits comme les céréales, les engrais, les biens intermédiaires et les hydrocarbures.
Malgré la persistance de ces chocs exogènes, on peut souligner que l’économie nigérienne se porte bien et la dynamique de sa croissance s’est poursuivie au cours des deux premières années du mandat de SEM. Mohamed BAZOUM à la tête du pays. En effet, de 3,6% en 2020 et après une légère décélération enregistrée en 2021 avec 1,4% de croissance, imputable aux mauvais résultats de la campagne agricole, l’économie nigérienne a rebondi en 2022 avec un taux de croissance réel de 11,5% du fait de la mise en œuvre des principales mesures de réformes et de politiques économiques portées par le Programme de Renaissance Acte 3, renforcées par la bonne tenue de la campagne agricole en 2022. Notre économie est actuellement l’une des plus dynamiques en Afrique et il n’est pas d’ailleurs exagéré d’étendre cet exploit à l’échelle mondiale, en attestent les classements et les analyses des institutions compétentes en la matière (CEA, Banque mondiale, FMI). Les mesures retenues dans le PDES 2022-2026 sont de nature à consolider cette dynamique et à la maintenir dans le temps en vue d’une réelle transformation structurelle de l’économie.
En s’intéressant à la demande, il ressort que la dynamique de création de la richesse, en forte croissance, est portée par les investissements. En pourcentage du PIB, le taux d’investissement brut s’est établi à 31,7 % en 2020 ; 34,2% en 2021 et 33,5% en 2022. Ce taux est largement supérieur à la norme de 24% préconisée par la Banque Mondiale pour amorcer une croissance économique permettant d’améliorer le bien-être de la population et de réduire significativement la pauvreté. C’est une dynamique à saluer et à consolider.
S’agissant de l’inflation, malgré son acuité à travers le monde, au Niger les opérations de ventes à prix modérés des céréales, de distributions gratuites des vivres et de cash transferts entreprises par le Gouvernement ainsi que l’amélioration de l’offre des produits maraichers ont permis de contenir le coût de la vie. Ces actions ont contribué à maintenir, malgré l’ampleur du déficit céréalier de 2021 et la flambée persistante des prix des produits importés, un taux d’inflation au Niger (4,2%) largement inférieur à la moyenne enregistrée dans l’espace UEMOA (7,4%) en 2022. La crédibilité de notre politique budgétaire est également passée par là.
Le cadre budgétaire demeure relativement stable, malgré le niveau élevé des dépenses pour renforcer la résilience de l’économie et la sécurité qui ont porté le déficit à 6,8% en 2022, après 6,1% en 2021. Grâce à la politique d’endettement prudent, le ratio de l’encours de la dette par rapport au PIB (50,8% en 2021 et 52,2% en 2022) reste en dessous de la norme communautaire de 70%. Notre pays dispose ainsi d’une marge confortable en matière d’endettement.
Relativement à la mobilisation des ressources internes, 1837 milliards de FCFA de recettes ont été mobilisées sur la période 2021-2022, soit une progression annuelle moyenne de 5%.
S’agissant de la mobilisation des ressources extérieures, 70 accords de financement ont été signés totalisant un montant de 2641,1 milliards de FCFA et un montant de 1209,3 milliards de FCFA décaissé sur la période sous revue. La crédibilité du Niger et de sa gouvernance fait du pays le pôle d’attraction des bailleurs de fonds multilatéraux, bilatéraux et des investisseurs privés extérieurs.
Vous avez conduit avec succès la Table Ronde du financement et des investisseurs dans le cadre du Plan de Développement Economique et Social (PDES) 2022-2026 qui a eu lieu à Paris en décembre 2022, avec des engagements de près de 45 milliards d’Euros. Qu’est-ce qui, selon vous, a conduit les Partenaires Techniques et Financiers à adhérer massivement à ce Plan ?
Effectivement, le Gouvernement a organisé avec succès, les 5 et 6 décembre 2022, la Table Ronde des Investisseurs et des Partenaires au développement pour le financement du PDES 2022-2026. Cet évènement a vu la participation de 1 300 investisseurs et PTF de haut rang provenant de 23 pays et 40 Institutions internationales et Organismes de développement. Il a été enregistré des annonces et manifestations d’intérêt de 45 milliards d’Euros pour des besoins de 29,6 milliards d’euros, soit un taux de couverture de 152%.
Ce succès peut être attribué à plusieurs facteurs dont :
• le portage politique de l’évènement par le Président de la République en personne qui a invité les Présidents des Institutions Internationales de financement et qui ont répondu favorablement avec de très hauts niveaux de représentation ;
• la présidence effective de l’évènement par le Chef de l’Etat et la mobilisation de l’ensemble du Gouvernement et de nos Représentations diplomatiques à travers le monde;
• la pertinence des Orientations stratégiques définies par le Gouvernement, qui ont suscité l’adhésion des partenaires techniques et financiers institutionnels et privés au PDES 2022-2026 en tant que cadre de référence de leurs appuis à la politique économique, financière et sociale du Niger ;
• les acquis démocratiques de notre pays et les opportunités économiques évidentes constituent également un atout.
En outre, la réalisation des études de faisabilité de plusieurs projets structurants, qui est une innovation par rapport aux précédents PDES, a été fortement appréciée par les investisseurs et les partenaires. La réalisation et la présentation, avec l’accompagnement de la SFI et de la Banque Mondiale, d’un diagnostic stratégique du secteur privé nigérien, mettant en évidence les opportunités, les atouts et les contraintes ainsi que les réformes pertinentes programmées pour améliorer le climat des affaires ont également facilité la prise de décision de nos partenaires.
Il me plait de souligner ici, pour m’en réjouir, que le succès de cette Table ronde fait aujourd’hui du Niger une école, une référence en la matière. Plusieurs pays sont d’ailleurs intéressés par un partage d’expérience avec notre pays, en liaison avec nos principaux partenaires notamment la Banque mondiale et la SFI. Les sollicitations enregistrées dans ce sens, lors de mon récent séjour à Washington dans le cadre des Réunions de Printemps du Groupe de la Banque mondiale et du FMI du 9 au 18 avril 2023 confirment ce leadership porté par SEM Bazoum Mohamed, Président de la République, Chef de l’Etat. Ce dernier est d’ailleurs très sollicité ces derniers temps pour porter le plaidoyer des pays bénéficiaires de l’IDA dans le cadre de sa prochaine reconstitution, dans le sillage de la réforme en cours de la Banque mondiale. C’est un motif de satisfaction et un honneur pour notre pays et sa diplomatie économique.
Monsieur le Ministre sur quoi s’articule ce programme et quels sont les impacts attendus après sa mise en œuvre ?
Le Plan de Développement Economique et Social 2022-2026, est la deuxième déclinaison quinquennale de la Stratégie de Développement Durable et de Croissance Inclusive (SDDCI) Niger-2035, après le PDES 2017-2021. A travers ce PDES, nous voulons apporter des réponses aux principaux défis identifiés pour maintenir une croissance moyenne de 9,3% sur la période 2022-2026 et accroitre de 7,7% le PIB par habitant. Le PDES 2022-2026 s’articule autour de 3 axes stratégiques, déclinés à travers 16 programmes. Il s’agit de :
• l’Axe n°1 : « Développement du capital humain, inclusion et solidarité » qui vise à agir sur la quantité et la qualité du capital humain, mais aussi à assurer équitablement sa pleine valorisation. Le développement du capital humain passera par l’éducation et la formation, la santé, l’accès à l’eau potable, l’hygiène et l’assainissement, la protection sociale, l’emploi, le genre, la jeunesse, les sports et la culture, la recherche et l’innovation au service de la transformation structurelle de l’économie. Les 6 programmes dédiés à cet axe sont relatifs notamment à l’éducation et la formation (avec un accent particulier sur l’éducation de la jeune fille et son maintien à l’école), la santé, l’hydraulique, le genre et la jeunesse ;
• l’Axe n°2 : « Consolidation de la gouvernance, paix et sécurité » vise à garantir la paix, la sécurité, la justice et les droits humains d’une part et, d’autre part, à accroître l’efficacité des interventions de l’État et de ses partenaires, en vue d’impulser de nouvelles dynamiques économiques et sociales. Cet axe a également 6 programmes relatifs à toutes les formes de gouvernance (économique, juridique et judiciaire, politique et administrative, sécuritaire, locale) et à la gestion de la migration ;
• l’Axe n°3 : «Transformation structurelle de l’économie » est centré sur le développement d’un secteur privé dynamique et sur la modernisation du monde rural dont les orientations reposent essentiellement sur la Stratégie Nationale de Sécurité Alimentaire et de Développement Agricole Durable (I3N). Cet axe permet également d’influer positivement sur la dynamique structurelle de l’économie, à travers les secteurs qui regorgent de fortes potentialités durables pour le développement économique et social. Il prend en compte les conditions générales favorables au développement économique, social et culturel à travers la préservation et la gestion durable de l’environnement et des ressources naturelles, ainsi que le renforcement des mesures d’adaptation aux effets négatifs du changement climatique afin d’assurer à long terme la sécurité alimentaire des populations et d’améliorer leur cadre de vie. Pour cet axe, 4 programmes ont été retenus. Ils sont relatifs au développement du secteur privé, la modernisation du monde rural et le développement de l’irrigation, la mise en place des pôles agro-industriels, l’exploitation des potentialités pétrolières et minières, l’environnement et le changement climatique.
En termes d’impacts de la mise en œuvre du PDES 2022-2026, il est attendu une croissance, forte, durable et inclusive de 9,3% en moyenne et un PIB par habitant de 7,7%. Cette croissance inclusive permettra la création d’emplois décents et l’existence d’une classe moyenne plus étoffée et dynamique. Finalement, il est attendu une amélioration des conditions de vie la population nigérienne dont le taux de pauvreté sera porté de 40,8% en 2019 à 35% en 2026.
Le début de la mise en œuvre du PDES 2022-2026 est très prometteur. Les engagements annoncés à Paris se concrétisent de plus en plus et la dynamique de développement du capital humain, cher au Président de la République, connait un début d’exécution remarquablement satisfaisant. Au fur et à mesure, les classes en paillotte (âgées de plus de 20 ans dans certains cas) cèdent la place aux classes en matériaux définitifs sur toute l’étendue du territoire. Des chantiers d’internats de jeunes filles poussent à un rythme accéléré. Le premier effort est porté par le budget national. C’est un fait. Mieux, en plus des contributions bilatérales au Fonds Commun, le nombre de dossiers de financement des infrastructures scolaires négociés, ficelés et bouclés avec nos partenaires traditionnels (principalement la Banque mondiale, la BADEA, la BID, la BAD, la BOAD, le Fonds Saoudien, le Fonds Koweitien, le Fonds de l’OPEP, etc.) permettra de porter à l’échelle ces premières réalisations qui font déjà la fierté des bénéficiaires jusqu’aux hameaux les plus reculés du pays. Sur ce registre, les années 2023 à 2025 marqueront particulièrement l’histoire du développement du Niger. Notre pays est tout simplement à un tournant.
Concrètement au cours de l’année 2023 qu’est-ce qui est attendu de votre ministère en termes de résultats ?
La mobilisation des ressources extérieures, la formulation des projets et programmes de développement, leur suivi et évaluation font parties des principales attributions du Ministères du Plan. Au cours de l’année 2023, nous allons poursuivre la mobilisation des ressources extérieures afin que les annonces et manifestations d’intérêts faites à la Table Ronde de Paris soient effectivement concrétisées. A cet effet, en plus des 11 études de faisabilités réalisées, nous sommes dans le processus de réalisation de 20 autres au titre de l’année 2023. Avec les différents partenaires techniques et financiers nous avons engagé le processus de formulation de nouveaux projets et nous apporterons les soutiens nécessaires aux Ministères sectoriels et Institutions de la République dans ce sens.
Pour les projets en cours d’exécution, l’organisation actuelle de mon département ministériel permet de faire un suivi rapproché de leur mise en œuvre afin d’apprécier leur performance. C’est dans ce sens que le Gouvernement a adopté une grille harmonisée de rémunération et des critères d’évaluation du personnel des Unités de Gestion des Projets. Ainsi, à la fin de l’année, chaque agent de l’Unité de Gestion de chaque projet sera évalué sur la base de sa performance et de la performance du projet en ce qui concerne le Coordonnateur. Notre ambition est de de booster la consommation des crédits et la performance des projets pour les aligner à nos efforts de mobilisation des ressources extérieures.
Aussi, est-il important de rappeler que le Niger organise en 2023, le 5ème Recensement Général de la Population et de l’Habitat sous la Direction du Ministère du Plan à travers l’Institut National de la Statistique (INS). C’est une importante opération dont les résultats seront déterminants dans la conception et la mise en œuvre des politiques publiques.
La forte croissance démographique et le système éducatif peu performant du Niger ont contrarié la mise en œuvre des précédents PDES. Comment comptez-vous vous y prendre pour éviter que ces deux facteurs n’anéantissent les efforts consentis ?
Les questions de démographie et d’éducation doivent être traitées de manière cohérente pour un développement harmonieux du Capital humain. Au Niger, le Développement du Capital humain est considéré comme la priorité des priorités. C’est pourquoi, le premier axe stratégique du PDES 2022-2026 est consacré à cette thématique. Les deux premiers programmes de cet axe : Programme 1 : « Amélioration de l’accès équitable à l’éducation et à une formation de qualité » et Programme 2 : « Amélioration de l’état sanitaire et nutritionnel de la population et des déterminants démographiques » ont été conçus en prenant en compte l’interrelation démographie et éducation.
Ainsi, au niveau du programme 1, un accent particulier est mis sur l’accès à l’éducation notamment pour les jeunes filles. Dans ce sens, l’ambition des plus Hautes Autorités du Pays porte sur la création d’internats dédiés aux filles et des collèges de proximité, en vue de promouvoir la scolarisation et le maintien de la jeune fille à l’école. Cette politique a un impact sur la démographie car les filles en cours de scolarisation ont moins de risque de se marier précocement et d’avoir une maternité précoce.
Au niveau du second programme, l’une des actions majeures porte sur l’amélioration de la santé de la reproduction et le renforcement de la disponibilité et de la capacité opérationnelle en planification familiale des formations sanitaires. A cet effet, en plus du renforcement des stratégies actuelles, les formations sanitaires et les sites de distribution à base communautaire seront régulièrement approvisionnés en intrants. Par ailleurs, il s’agira d’intensifier la mise en œuvre des actions ayant abouti à la baisse du mariage des enfants, mise en exergue par l’Enquête Nationale sur la fécondité (ENAFEME), notamment les programmes « Illimin», «Ecole des Maris» et «Ecole des Futurs Maris» qui ont contribué à cette avancée. La baisse des mariages des enfants est synonyme de baisse de maternité précoce et répétée et indirectement, une baisse de la demande supplémentaire des services de l’éducation. La création de l’Office National de la Population participe de cette dynamique.
On reproche souvent à notre administration une faible consommation de crédits. Avec les différents engagements pris par les partenaires techniques et financiers, c’est une moisson de plus de 152% du montant initialement prévu qui a été annoncée. Qu’est-ce que vous avez envisagé à ce niveau pour rendre l’administration nigérienne plus performante et efficace ?
Dans le contexte actuel où la crédibilité de notre pays se traduit par des volumes de financements concessionnels de plus en plus importants, le défi majeur demeure l’amélioration de la capacité d’absorption des ressources mobilisées aux fins du développement économique et social attendu par nos populations. Dans ce cadre, l’amélioration de la performance et de l’efficacité des investissements est une préoccupation constante du Gouvernement. A cette fin, comme indiqué à la question 4, le Gouvernement a instauré des contrats de performance pour tout le personnel des unités de gestion des projets et organise des revues annuelles conjointes de la performance des portefeuilles des Projets soutenus par les PTF de notre pays. Un dispositif interministériel de suivi des réformes est également institué.
La revue à mi-parcours prévue en 2024 permettra de rendre compte de l’état de mise en œuvre et de mettre à jour les prévisions économiques pour tenir compte des nouvelles opportunités économiques devant absorber toutes les ressources annoncées par les partenaires au développement.
Par ailleurs, le suivi et l’évaluation seront renforcés à travers la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de Suivi-Evaluation (SNISE), adoptée en janvier 2022. A cet égard, une plateforme informatique a été mise en place pour permettre de collecter et d’analyser, sur une base trimestrielle, les données et informations sur l’exécution des projets et programmes et des réformes.
Monsieur le Ministre, le Niger a reçu du 29 au 30 mars 2023, la visite du Président du Groupe de la Banque Mondiale M. David Malpass. Quels ont été les centres d’intérêts de cette visite et quelles retombées pour notre pays ?
Le Président du Groupe de la Banque mondiale, Monsieur David Malpass a effectué une visite dans notre pays du 29 au 31 mars 2023. Le Président du Groupe de la Banque mondiale a choisi notre pays pour prononcer son discours de positionnement en prélude aux réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI prévues du 10 au 14 avril 2023 à Washington. C’est la deuxième fois qu’un tel discours se prononce en Afrique, après le Soudan en 2018. Le choix de notre pays a été motivé, entre autres, par la qualité de sa gouvernance démocratique, les efforts fournis en matière de lutte contre l’insécurité et l’importance du portefeuille du Groupe de la Banque mondiale au Niger.
Les principaux centres d’intérêts de cette visite sont bien sûr les principaux messages passés lors de la cérémonie du discours de positionnement et des différents entretiens avec les plus Hautes Autorités de notre pays, notamment :
• la coopération entre le Niger et le Groupe de la Banque mondiale dont le portefeuille actif est composé de 35 projets pour un engagement global de de 4,68 milliards de dollars US. C’est l’un des portefeuilles les plus importants de la sous-région ouest-africaine après le Nigéria. Les trois secteurs de concentration dans les interventions de la Banque au Niger sont : l’énergie (25,25%), l’hydraulique (18,32%) et l’agriculture (10,52%) ;
• la mise en œuvre du plan d’actions élaboré le Gouvernement nigérien et la Banque mondiale pour améliorer la performance du portefeuille ;
• l’éducation avec la visite de l’Ecole Normale ;
• l’énergie avec la visite de la Centrale de Gorou Banda ;
• la réforme en cours de la Banque mondiale pour laquelle le Président Bazoum a fait un plaidoyer fort pour la prise en compte des attentes des pays africains en général ;
• le Changement Climatique et les enjeux énergétiques ;
• le secteur privé, la digitalisation, la sécurité alimentaire et les options de financement innovants.
En termes de retombées, plusieurs grandes opérations (d’un montant de 2121,6 milliards de FCFA) sont en cours de préparation et seront financées entre 2023 et 2025 par une partie des ressources annoncées par le Groupe de la Banque mondiale à la Table Ronde de Paris. Il s’agit, principalement :
• du Financement additionnel au projet LIRE (pour adresser immédiatement le problème pressant de construction des infrastructures scolaires, des internats et le remplacement des classes en paillote) ;
• du Projet cultures irriguées et productions animales pour réduire considérablement la dépendance de notre agriculture à la pluviométrie et accroitre ainsi sa résilience ;
• du Projet Education des filles pour donner un coup d’accélérateur à la construction des internats et aux autres dimensions de l’éducation de la jeune fille ;
• du Projet interconnectivité Sud et corridor (RN1) qui ambitionne de rénover complétement la Route Nationale N°1 de Niamey à Diffa y compris la construction des routes secondaires et pistes rurales pour relier les zones de production à la RN1 ;
• des appuis budgétaires consistants dont la souplesse cadre bien avec nos besoins urgents de financement des priorités de sécurité et de résilience économique.
Service Presse de la Présidence de la République
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Dans toutes les régions du Niger, le Conseil Régional joue un rôle actif dans la mise en œuvre des actions de développement. Dans cette interview, le président du Conseil Régional de Dosso M. Mamane Tourba se prononce sur les actions menées par l’institution au cours de ses deux ans de gestion.
Monsieur le Président du Conseil Régional de Dosso, après deux (2) ans de gestion, quel bilan pouvez-vous établir ?
Le Conseil Régional joue un rôle actif dans la mise en œuvre des actions de développement. Pour ce faire, il bénéficie de l’appui de plusieurs partenaires au développement. Par ailleurs, la mise à disposition des agents des services de l’Etat dont certaines compétences nous sont transférées facilite la coordination et la capitalisation des actions menées au niveau de l’ensemble de la région.
De 2021 à 2022, le Conseil régional a fait plusieurs réalisations. Ainsi, dans le cadre de l’environnement, 2 800 ha ont été restaurés sur 89 sites dans 22 communes en 2021, lors de la 3e phase de la récupération des terres agricoles dégradées ; 5 000 noix de rônier ont été semées dans huit rôneraies dégradées. On a procédé ensuite au reboisement de 25,5 hectares de forêts classées à travers la plantation de 8 325 arbres. 30 apiculteurs ont été formés et équipés avec des kits d’exploitation (ruche moderne, combinaison de récolte, gants, bottes et enfumoir) ; 20 vanniers ont été formés et équipés avec du petit matériel (coupe pour feuilles de rônier, pince, marteau, couteau). En outre, 159 jeunes ont formés et installés en technique de RNA ; 521 projets agricoles, en collaboration avec la BAGRI, GOMNI et HINFANI. 57% de ces projets sont portés par des hommes et 43 % par des femmes pour un montant total de 225 986 120 francs CFA. Dans le domaine de la formation professionnelle, avec l’appui des partenaires intervenant dans les secteurs de la formation et l’insertion professionnelles, 2 074 jeunes dont 1 040 femmes ont été formés à la pratique de métiers porteurs. Parmi ces 2 074 jeunes formés, 1 431 ont été appuyés à travers l’octroi d’équipements complémentaires en groupe ou en individuel.
Dans le domaine de l’enseignement secondaire, les réalisations se résument à la construction de 5 salles de classe équipées au CEG 3 de Gaya ; l’acquisition et la mise en place de 1 015 table-bancs aux CEG. 38 classes et 2 373 tables-bancs sont en cours de réalisation. Dans le domaine de l’hydraulique pastorale, sept (7) puits pastoraux et (2) stations de pompage pastorales ont été réalisés.
Dans le domaine de la Gouvernance locale, le Conseil régional dispose d’un manuel de procédures administrative, financière et comptable qui vise une meilleure collaboration de notre institution avec ses divers Partenaires ainsi que le bon fonctionnement du système de contrôle interne.
Monsieur le Président, quelle est votre appréciation sur le niveau actuel du processus de décentralisation au Niger ?
Le processus de décentralisation a fait l’objet d’évaluation qui a donné lieu à des recommandations permettant de rédiger « l’acte 2 de la décentralisation ». Les acquis remarquables de ce processus ont été : l’adoption par le Gouvernement du Plan de transfert des compétences et des ressources, l’adoption par l’Assemblée Nationale de la loi portant « Statut Autonome du personnel des Collectivités Territoriales », ainsi que son décret d’application par le Gouvernement, la révision du Code Général des Collectivités Territoriales, etc.
Disons que le contexte actuel est plus favorable à une opérationnalisation effective avec la prise en compte de la décentralisation dans les priorités du Plan de Développement Economique et Social (PDES) 2022-2026 adopté le 10 juin 2022. Aussi, faut-il le souligner, la territorialisation de ce PDES permettra, entre autres, le transfert concomitant des compétences et des ressources aux Collectivités Territoriales.
Quelles sont vos relations avec les autorités administratives et coutumières et les autres élus que sont les députés nationaux et les conseils municipaux ?
Pour l’accomplissement de sa mission, le Conseil Régional fait appel au concours des services techniques déconcentrés de l’Etat à travers le Gouvernorat de la région. Cette collaboration est exemplaire. Depuis son installation, aucun acte du Conseil Régional n’a fait l’objet de rejet de la part de la tutelle pour non-conformité à la réglementation. C’est l’occasion de remercier l’actuel Gouverneur de la Région de Dosso, Monsieur Albarchir Aboubacar pour sa forte disponibilité aux sollicitations de notre institution. Quant aux autorités coutumières, il faut noter que huit (8) chefs traditionnels sont membres de droit du Conseil Régional selon un quota fixé par la loi. Leur participation aux sessions (100% à chaque fois) est à saluer.
En outre elles sont impliquées systématiquement à toutes les activités de résolution de conflits ou tout autre problème en faveur des populations locales. Quant aux autres élus, je note que les 19 députés nationaux sont membres de droit et participent aux actions de développement régional.
Concernant les élus municipaux, nous animons entre organes exécutifs municipaux et régional un Cadre de Concertation des Collectivités Territoriales (CCCT) qui est pensé pour constituer un mécanisme institutionnel de concertation, de coordination et de suivi évaluation des différents acteurs intervenant au niveau de l’espace régional.
Quelles sont les perspectives de développement du Conseil Régional au profit des populations de la Région ?
Le Conseil Régional, doit créer un cadre propice en améliorant les conditions du développement économique régional pour stimuler la création d’emplois décents, la création de richesses et la fourniture des services économiques et sociaux de qualité au niveau local. L’objectif ambitieux de la Région de Dosso en matière de développement économique est de travailler conjointement avec tous les acteurs régionaux (population, élus, STD, PTF, OSC, secteur privé. En tant que collectivités territoriales, nous devons assurer le service public de qualité et avons pour missions, la conception, la programmation et la mise en œuvre des actions de développement d’intérêt communal et régional. Aujourd’hui, je peux dire que la région de Dosso s’engage honorablement à remplir cette mission. C’est dans cet élan que nous sommes constamment accompagnés par plusieurs partenaires techniques et financiers. Je saisis l’opportunité pour réitérer nos sincères remerciements à tous ces partenaires techniques et financiers pour leurs appuis constants.
Sur la base de nos potentialités naturelles et des opportunités de valorisation, les perspectives de développement sont portées par la vision de Dosso qui est celle d’« une région moderne, prospère, bien gouvernée, forte de sa diversité culturelle, qui assure la satisfaction des besoins de sa population citoyenne et solidaire dans un contexte apaisé, avec une économie dynamique, diversifiée, compétitive, durable et harmonieusement intégrée ».
Avez-vous un message à adresser à la population ?
Nous sommes convaincus que la décentralisation reste le chemin incontournable pour le développement local. Notre objectif ambitieux de la région en matière de promotion de l’économie locale nécessite une très forte implication consciente et engagée des acteurs au premier rang desquels la population de la région. Cette population constitue l’élément central du développement local car elle est au début et à la fin de toute action de développement. Je voulais rassurer cette population, que la cohésion des membres du Conseil Régional, la synergie et la pertinence des décisions prises permettront de conduire efficacement la réalisation des actions et l’acquisition d’importantes infrastructures à même de consolider les jalons du développement économique et social de la région.
Propos recueillis par Mahamane Amadou ANP-ONEP/Dosso
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En prélude à la deuxième réunion interministérielle sur le pipeline export Niger-Bénin qui s’est tenue du 9 au 11 mars 2023 à Agadem, le gouverneur de la Région de Diffa M. Smaine Youssousse avait entrepris une série de campagnes de sensibilisation dans le département de N’Gourti. Pendant ce périple, le gouverneur a échangé avec les communautés issues des villages, tribus, groupements et campements sur la sécurité, la cohésion sociale, le rapport entre les sociétés chargées de l’exploitation pétrolière et les populations locales, les questions de l’emploi des jeunes, de la santé, de l’hydraulique, de l’environnement etc. Dans cet entretien, le gouverneur de Diffa nous décline l’objectif de cette tournée de sensibilisation.
Monsieur le gouverneur, vous avez entrepris une série de campagnes de sensibilisation dans la partie nord du département de N’Gourti où se trouve d’ailleurs les installations pétrolières de notre pays, quel est concrètement l’objectif de cette tournée ?
Je vous remercie beaucoup de m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer par rapport à un sujet aussi important qui concerne la vie des populations particulièrement celles qui vivent là où les différentes sociétés chargées de l’exploitation pétrolière sont implantées. Cette visite a été initiée par le Ministère du Pétrole qui m’a contacté pour me demander d’effectuer une visite de terrain en prélude à la réunion interministérielle sur le pipeline export Niger-Bénin. Au regard de l’importance de cette visite conjointe Niger-Bénin, il fallait que je devance les ministres sur le terrain pour prendre contact avec les populations, les informer de l’arrivée de cette délégation à Agadem et leur présenter le cadre dans lequel se situe cette visite. C’est ainsi que nous avons profité de cette occasion pour sensibiliser les populations par rapport à la latitude qu’il faille avoir en contact avec les sociétés implantées dans la zone. En plus, j’ai expliqué à ces populations que les installations pétrolières sont les leurs. Elles doivent participer à leur sécurisation et leur protection. Ces sociétés pétrolières font quand même un excellent travail qui, à moyen et long terme, fournira de l’emploi aux jeunes.
Et quelle a été la réaction de la population au cours des échanges que vous avez eus avec elle ?
Les populations ont soulevé un certain nombre de préoccupations liées aux questions de l’eau, de l’éducation, de la santé (notamment les longues distances à parcourir pour l’évacuation des patients), de l’emploi des jeunes, de l’environnement etc. Nous avons échangé avec les différents hameaux; tribus et villages sillonnés. Je pense bien que nous nous sommes compris pour aller avec ces populations vers des solutions durables et des projets qui impactent véritablement la vie de ces populations. La zone pétrolière du département de N’Gourti, c’est-à-dire le bloc d’Agadem est une zone extrêmement difficile d’accès. Il s’agit justement de trouver des réponses efficaces à toutes ces préoccupations soulevées par les populations. D’ores et déjà, nous avons tracé une feuille de route avec les populations au cours des échanges. La substance de nos échanges avec les populations a été transmise aux différentes sociétés pétrolières et au ministre du Pétrole qui semble être attentif, soucieux par rapport à toutes les préoccupations qui concernent ces populations. Le déplacement du ministre du Pétrole avec son homologue du Bénin est une visite de haut niveau dans la mesure où ils sont venus voir de visu l’évolution de la construction du pipeline, échanger directement avec les responsables des sociétés, rencontrer les employés nigériens afin de s’enquérir de leurs conditions de travail et dégager les perspectives liées à l’exploitation du Pétrole. Le travail qui est en train d’être fait à Agadem va certainement permettre à notre pays d’amorcer un développement durable. Agadem est aujourd’hui une zone d’avenir et les jeunes de la Région ont des raisons d’espérer par rapport aux retombées et à l’impact de la présence de ces sociétés pétrolières et de l’exploitation.
Le chantier du pipeline est un ouvrage de grande envergure pour le Niger en général et particulièrement pour la région de Diffa, quel sera l’impact environnemental de ce projet sur les populations et leurs biens ?
L’impact environnemental est surtout perceptible au niveau des camelins qui constituent l’animal dominant de la zone, la reproduction des camelins, caprins et ovins. Aujourd’hui, par rapport aux chameaux qui sont la plus grande richesse au niveau de cette zone, on constate un ralentissement de la reproduction comparativement aux années antérieures. Avant, les chamelles se reproduisent annuellement. Ce qui n’est plus le cas ici. Une chamelle peut aujourd’hui faire quatre (4) ou cinq (5) sans mettre bas. Peut-être que cela est dû à la dégradation de l’environnement. Mais nous sommes en train de voir avec nos partenaires qui exploitent le pétrole sur place et le Ministère du Pétrole comment les populations qui vont être impactées seront appuyées afin d’atténuer les effets liés à l’impact environnemental. Cette année, la saison des pluies n’avait pas répondu aux attentes du monde pastoral dans cette zone. C’est la raison pour laquelle, nous avons demandé à ce qu’il soit mis à la disposition des éleveurs des aliments bétail afin que les animaux puissent supporter et traverser sans grande difficulté cette période de crise pastorale. Pour les populations, compte tenu des distances qui séparent les différents hameaux des marchés et autres, nous avons recommandé à ce que la vente à prix modéré soit effective partout dans la région afin que des populations puissent accéder aux vivres à des prix modérés.
Lors de la visite des différents chantiers du pipeline, vous aviez insisté sur le fait que l’électricité produite par les sociétés puisse bénéficier aux campements et villages environnants, est-ce que ce paramètre sera réellement pris en compte ?
Effectivement, notre souhait est que cela soit pris en compte. La production de l’électricité va attirer les populations vers les sites pétroliers. Les villages et hameaux vont vouloir venir s’installer tout autour. Ce scénario nous rappelle le peuplement de la ville d’Arlit qui avait commencé exactement dans les mêmes conditions. D’une petite ville, ce site va progressivement évoluer jusqu’à devenir une grande ville. Et les populations ont besoin d’un certain nombre de services tel que l’électricité qui fait partie de la sécurité. Je l’ai rappelé aux membres du comité interministériel sur le pipeline afin qu’ils puissent réfléchir de façon stratégique sur cet aspect qui est extrêmement important. Ce site ne restera pas toujours désert. Un jour, il sera une grande ville et toutes les populations qui viendront s’installer tout autour auront besoin de l’électricité. Cette dernière contribue au pouvoir économique des communautés qui profiteront pour faire du commerce.
Il y a eu récemment dans la ville de Diffa un regain d’insécurité qui s’est traduit par des enlèvements des personnes, quelles sont les dispositions qui ont été prises pour ramener la sérénité dans une zone déjà meurtrie ?
Ce sont des enlèvements des personnes qui n’ont pas prospéré parce que nous avons vite agi. Dès mon arrivée à Diffa comme Gouverneur, j’ai pris des arrêtés pour règlementer la circulation des tricycles à Diffa qui étaient impliqués dans les enlèvements. Nous avons juste demandé aux conducteurs des tricycles de se mettre en règle en ayant au moins les pièces nécessaires à la mise en circulation de ces engins-là. Ce qui est une bonne chose car, il est tout à fait normal que l’autorité marque sa présence en règlementant ce secteur pour qu’il n’y ait pas de pagaille, de désordre dans un contexte d’insécurité. Nous n’avons pas empêché aux tricycles de circuler, mais c’était juste pour ordonner les choses et faire en sorte que la loi soit respectée. Comment peut-on expliquer que des gens viennent dans la ville de Diffa enlever des personnes et qu’on dise que des tricycles sont impliqués ? Finalement, j’étais obligé d’immobiliser les tricycles au regard de la recrudescence des enlèvements. Actuellement, nous sommes dans le processus de filtrage de ces tricycles et de leurs conducteurs afin de s’assurer désormais que celui qu’on va autoriser à conduire dans la ville de Diffa soit discipliné et qu’il ne nous cause pas de problème par rapport à tout ce qui s’est passé auparavant. La situation sécuritaire de Diffa est calme parce que les Forces de Défense et de Sécurité maitrisent complètement la situation. La preuve, c’est que nous n’avons aucun élément de Boko Haram sur nos frontières. Les terroristes sont même en débandade.
Quel message particulier avez-vous à lancer à l’endroit de la population ?
Tout ce que je vais demander aux populations de la région de Diffa, c’est d’être patientes et résilientes parce qu’il y a de très belles perspectives. Il ne faut pas qu’elles se mettent dans le désarroi. Il faut qu’elles évitent de céder aux intoxications, qu’elles protègent les installations pétrolières qui sont les leurs. Les entreprises sont venues travailler ici, elles ont un contrat avec le Niger. Elles finiront par partir et la gestion de ces entreprises sera assurée par des Nigériens lorsqu’ils auront développés une expertise. C’est pourquoi, les populations ont intérêt à protéger ces infrastructures.
Réalisé par Hassane Daouda, Envoyé Spécial
Source : http://www.lesahel.org
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Roumana Garba Oumarou, est freelance. Célibataire sans enfants, elle est alumni du programme Yali Dakar session 4. Aussi elle est le point focal du Niger du mouvement des élites féminines d’Afrique francophone. Après avoir gravi tous les échelons, elle est présentement la Présidente Nationale de la JCI Niger. Avec son jeune âge frôlant la trentaine, Roumana sait là où elle va, ce qu’elle veut. Elle est conviée régulièrement à des conférences aussi bien nationales qu’internationales, où elle n’hésite jamais à prendre le micro et à défendre avec poigne les droits des femmes. Fille de terrain, elle parcourt des milliers de kilomètres à la rencontre de ses sœurs ; à la recherche des moyens pour améliorer la situation de ses membres par des activités génératrices de revenus.
Parlez-nous de vous, de ce club, de vos objectifs et différents domaines d’interventions, et des réalisations concrètes de cette organisation.
J’ai adhéré à la Jeune Chambre Internationale Niger(JCI) en 2016, intronisée en octobre de la même année pendant la convention nationale tenue à Arlit en tant que membre de la Jeune Chambre Internationale Maguina qui est une organisation locale de la JCI Niger regroupant des entrepreneurs et jeunes porteurs de projets où j’ai respectivement occupé les postes suivants : 2017, Vice-Présidente domaine affaires ; en 2018 : Vice-Présidente du domaine communautaire ; en 2019 : Vice-Présidente domaine individuel ; en 2020 : Vice-Présidente exécutive ; en 2021 : Présidente exécutive. En 2022 je passe à la nationale en tant que Vice-Présidente Nationale, et cette année je suis la Présidente Nationale de la JCI Niger.
Je suis pétrolière de formation plus précisément dans l’exploration et l’exploitation mais aussi j’ai des notions dans le domaine énergétique notamment solaire.
La Jeune Chambre Internationale est une organisation à but non lucratif, regroupant des jeunes âgés de 18 à 40 ans, et est présente dans plus de 120 pays à travers le monde. Elle a pour mission d’offrir aux jeunes des opportunités de développement du leadership en leur permettant de créer des changements positifs dans leur communauté. Elle a pour vision d’être le principal réseau de jeunes leaders. La JCI était présente au Niger depuis Feu Kountché mais a connu son apogée grâce à sa relance en 2003 et compte 12 organisations locales dont 3 en phase de création.
Nous intervenons dans quatre (4) domaines clés à savoir le domaine individuel : Le développement personnel de nos membres est au centre de nos actions. Au sein de la JCI, chacun a l’opportunité de se former, de découvrir de nouvelles compétences à travers nos modules de formation. Nous voulons que nos membres deviennent des jeunes Leaders pour répondre aux défis du monde.
Au plan communautaire : L’objectif est d’offrir des opportunités de développer des responsabilités sociales et d’avoir un rôle majeur dans la création des changements positifs à fort impact par le biais de la JCI Rise qui appelle les jeunes leaders entreprenants du monde entier à travailler ensemble pour rendre les économies et les effectifs plus résilients. Ou encore à travers des projets relatifs aux Droits Humains et à la participation des jeunes dans la gestion des conflits.
En ce qui concerne le domaine des Affaires : Le Business est au cœur de nos interventions dans le but de permettre à nos membres d’en profiter pour développer leur expérience Business en apprenant par l’action, et d’avoir un réseautage garni avec des entrepreneurs à succès. Les membres de la JCI et les jeunes peuvent apprendre à se développer en participant aux différents projets pour maîtriser le rôle de manager, de visionnaire, de leader et coach.
Au niveau du domaine Internationalisme : A travers les conférences internationales, les programmes d’échanges, les jumelages entre jeunes chambres, JCI offre des opportunités de développement global, des rencontres internationales et la force d’un monde uni et fraternel.
Le mandat 2023 de la JCI Niger est porté sur l’industrialisation au Niger dont l’objectif serait de pouvoir positionner les jeunes et femmes dans les chaînes de valeur industrielle. Mais aussi des actions dans la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes.
Notre plan d’action comporte notamment le projet Kokowa PITCH qui est un concours national dont le but est de créer le matchmaking entre les porteurs de projets (surtout à caractère industriel) et les potentiels investisseurs. Nous espérons faire le lancement d’ici fin avril, l’organisation d’un déjeuner débat sur « l’industrialisation au féminin « qui sera un cadre d’échange et de plaidoyer des femmes qui sont dans la transformation des produits ( agroalimentaire, artisanat…), la création d’une académie de leadership et des processus de création d’unités industrielles au Niger et la mise en place d’un TOYP qui est un programme de JCI visant à récompenser les 10 meilleurs jeunes d’un pays répartis dans 10 catégories différentes qui sont : Réalisations en matière d’Affaires, d’économie, et/ou d’entreprise Affaires politiques, juridiques, et/ou gouvernementales Leadership et/ou réalisation académique ; réalisation culturelle Leadership morale et/ou environnemental ; contribution aux droits des enfants, à la paix mondiale, et/ou aux droits de l’homme Leadership humanitaire et/ou volontaire ; développement scientifique et/ou technologique ; développement personnel et/ou réalisation personnelle ; Innovation médicale ; une formation sur l’éveil entrepreneurial aux jeunes des régions de Tillaberi et Diffa et la participation du Niger à la conférence de zone Afrique et Moyen-Orient au Zimbabwe du 17 au 20 Mai et au congrès mondial en novembre du 14 au 18.
Femme et dirigeante d’un club, quelle est la relation que vous entretenez avec vos amis hommes concernant la gestion de ce cadre?
Vous savez, quelque soit la position qu’une femme puisse occuper, dirigeante ou pas, elle sera toujours d’une manière ou d’une autre à devoir s’expliquer et prouver qu’elle est à la hauteur de ce qu’elle défend ou de son positionnement.
Effectivement, j’ai beaucoup d’amis hommes et également des femmes dont la plupart depuis mon adhésion à cette organisation ne cautionnent pas mon choix d’appartenir à ce genre d’association… Et d’ailleurs j’en ai perdu quelques-uns à cause de ça, mais j’ai su m’entourer aussi de quelques-uns qui m’ont soutenue tout au long de ma carrière Jeune Chambre et même en dehors du cadre associatif.
Dans toute entreprise il y a des hauts et des bas, comment arrivez-vous à surmonter les obstacles ? Et en tant que femme comment arrivez-vous également à concilier vie de famille et vie professionnelle ?
Il fallait surmonter les obstacles pour arriver où je suis aujourd’hui… C’était facile et difficile en même temps.
Facile parce que je m’étais fixée des objectifs ambitieux dès mon adhésion à cette organisation, je savais exactement où j’allais être dans les années futures donc il fallait juste de la détermination, être dynamique et persévérante. Et surtout j’avais et j’ai quelques amis qui me soutiennent inlassablement, c’est important.
Difficile parce qu’étant femme on a plus de challenges à cause des pesanteurs socio-religieuses. Dès qu’une femme se démarque et veut gravir les échelons, elle se fait chahuter de tous les côtés que ça soit au sein de l’organisation comme en dehors.
Étant célibataire pour le moment, j’arrive à bien planifier ma vie de famille et celle professionnelle. C’est vrai au début ce n’était pas facile avec les parents surtout concernant les nombreuses réunions, les activités et les voyages. Mais ils ont fini par accepter mes choix puisqu’ils ont vu l’impact positif que cela a engendré dans ma vie.
Quel regard portez-vous sur le leadership féminin au Niger, quelles sont les figures féminines qui vous impressionnent, susceptibles de vous booster ?
Je crois que le Niger d’aujourd’hui peut se vanter d’avoir de grandes figures féminines, des femmes leaders, des femmes politiques, des femmes entrepreneures…
Nous sommes dans un Niger où la femme a compris qu’il faut travailler avec elle pour faire avancer l’économie, l’éducation et autres domaines liés au développement du pays.
Il est vrai que jusqu’à présent la place de la femme dans la société est toujours discutable mais il y a eu de grandes avancées par rapport il y a 30 ans en arrière.
Parmi les figures féminines qui m’impressionnent, il y a d’abord ma mère, Mme Maidah Zeinabou qui est conseillère de mon mandat, Mme Gourouza Salamatou qui est marraine de mon mandat, Aichatou Mindaoudou qui a été mon idole depuis l’enfance… Bref, elles sont beaucoup.
Revenons aux mouvements associatifs qui œuvrent pour le développement de notre pays à travers beaucoup d’activités, en ce qui concerne les idées préconçues ( ce sont des sectes de la franc-maconnerie ) que les gens se font de ces plateformes, qu’avez- vous à dire à ce propos ?
Tout comme la plupart des associations au Niger, la JCI n’échappe pas à cette idée macabre de l’associer à une secte. Mais pas que cela, nous avons entendu du tout et des machinations de tout genre. Pour d’autres parce que nous portons une chaîne qui est portée exclusivement aux instances locales ou nationales (réservée uniquement aux présidents locaux et président national).
Et pour beaucoup d’autres à cause de la récitation de notre crédo qui est un guide, des valeurs que nous promulguons et que nous adoptons à nos comportements sociétaux. Mais il faut aussi dire la vérité, les meilleurs jeunes du Niger, qui font vraiment bouger les choses, font partie ou sont issus des associations de jeunes. Nous croyons en ce que nous faisons et nous continuons notre chemin.
Qu’est-ce que ce cadre a apporté de positif dans votre vie? Si vous avez un appel à lancer aux jeunes qui veulent adhérer à votre club ça serait lequel ?
Le mouvement associatif (je suis dans plusieurs, pas seulement JCI) a façonné la personne que je suis aujourd’hui, à travers les différentes formations suivies, et ma vision de voir les choses autrement.
Cela m’a aidé également à développer un sentiment de don de soi dans les actions communautaires à apporter mon aide et servir mon prochain, à valoriser l’être humain de toutes races qu’il soit, ethnies ou religions sans distinction. À développer un réseau relationnel assez élargi grâce aux différents voyages, mais surtout avoir fait la découverte ou la connaissance des personnes merveilleuses qui sont devenues des frères/sœurs pour moi.
Mon appel pour les jeunes désireux de rejoindre la JCI Niger est qu’il faut arrêter de spéculer et d’associer cette organisation à une secte, il faut attiser sa curiosité en venant voir et découvrir ce que nous faisons réellement.
Il faut noter que nous sommes présents dans les sept (7) régions du Niger hormis Diffa qui est en phase de création, nous serons ravis de les accueillir et d’en faire des leaders qui a leur tour vont apporter un changement impactant dans leur communauté. Ils peuvent nous écrire via notre page Facebook JCINIGER Events. Alors si vous aimez vraiment vos amis (es), faites les découvrir la JCI !!!!
Par Aïssa Abdoulaye Alfary(onep)
Source : http://www.lesahel.org
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M. le président, vous avez pris part les 17 et 18 mars au Palais de Luxembourg à Paris à un colloque international sur l’énergie. Pourriez-vous nous parler de la pertinence d’une telle rencontre pour le Niger et le monde entier ?
Effectivement, nous avions participé à ce colloque, dont le thème est «Energie : bien commun de l’humanité», organisé par la Fondation Gabriel Péri au siège du Sénat français. Comme vous le savez, la France et d’autres pays du continent africain traversent une crise énergétique sans précèdent dont l’ampleur est comparable à celle du premier choc pétrolier de 1973. Notre pays, le Niger est bel et bien affecté par cette crise et les conclusions du colloque l’engagent autant que les autres nations participantes. L’analyse réflexive a permis de dégager des recommandations visant à favoriser l’accès à l’énergie pour tous. L’opportunité d’un tel colloque pour notre pays, est qu’il était axé sur la recherche des voies et moyens par lesquels le manque de l’énergie sera comblé, en s’appuyant sur les apports du sud et connaissances du nord. Sa pertinence au plan mondial, est qu’il s’agit d’une rare initiative devant sensibiliser les acteurs publics et privés sur les enjeux énergétiques en s’appropriant les besoins et les innovations issues de la recherche. Il est apparu nécessaire de dresser un état des lieux des sources d’énergies disponibles pour limiter drastiquement le recours aux énergies fossiles. En ce moment, les prix du gaz et de l’électricité sont 15 à 20 fois supérieurs à leurs niveaux de 2019-2020. De cet état des lieux, il ressort que le continent africain regorge abondamment de sources d’énergies fossiles et renouvelables pouvant permettre d’alimenter les pays démunis. Parmi celles-ci, on peut citer les ressources primaires énergétiques comme l’uranium dont le Niger est le 4ème producteur mondial, le charbon fossile, le pétrole, le gaz naturel, le soleil (une denrée gratuite), les bassins hydrauliques, le vent, sans compter la biomasse, les déchets urbains, et les résidus de culture. Pendant deux jours, l’accès à l’énergie a été au cœur des débats, puisque sa disponibilité pose un certain nombre de défis qui vont des enjeux climatiques aux questions de paix et de sécurité. En outre, l’approvisionnement énergétique est devenu un facteur de conflit et de reconfiguration de la géopolitique mondiale comme en témoignent les conséquences de la guerre dans certaines parties du monde. L’enjeu du décor s’est posé en termes de menaces, pour celles et ceux qui manquent d’énergie en vue de vivre dignement, tout comme sur le plan des risques liés à sa production, sa distribution et son transport.
Pourquoi, selon vous dans la thématique centrale du colloque le choix de l’approche : «bien commun de l’humanité» ?
L’approche «bien commun de l’humanité» a été évoquée tout au long des discussions, parce qu’elle vise à rendre sensibles les décideurs et les représentants des institutions pour travailler à mieux concevoir les contours et les implications de l’énergie dans une démarche qui ne l’oppose pas à la notion de service public. A l’issue du colloque, la fameuse notion de responsabilité des pays développés, sous la formule de «responsabilités communes, mais différenciées», a été exposée. Ce qui renvoie à la formule qui consiste à veiller à ce que les solutions des uns ne soient pas les problèmes des autres. Dans cette vision, le colloque a rappelé les réalités et contradictions du droit à l’énergie, des inégalités d’accès, à l’enjeu des ressources (naturelles et technologiques) dans le but de remettre l’énergie au cœur des préoccupations politiques, économiques, sociales et environnementales. Les difficultés relevées sont d’autant plus prégnantes qu’urgentes pour les habitants de la planète. Cette nouvelle approche a permis de débattre des problèmes énergétiques en cinq points. La première séquence du colloque a posé la question de savoir si l’on peut extraire l’énergie de la guerre économique et la mettre au cœur de la gouvernance mondiale. La deuxième séquence a abordé la pertinence de la logique de marché pour répondre aux enjeux nationaux. La troisième séquence a discuté du régime de propriété, des critères de gestion et la maîtrise sociale de l’énergie. Dans un quatrième temps, le débat a porté sur le rôle de la France et ses entreprises pour renforcer la coopération internationale dans le secteur. La recherche et la technologie étaient au cœur de la cinquième et dernière séquence afin de déterminer les obstacles à lever pour partager les connaissances et mutualiser les savoir-faire.
Aujourd’hui, le problème de l’énergie sur le continent Africain se pose avec acuité. Quelle est votre analyse sur cette situation ?
C’est une question d’actualité, mais qui est très complexe, car si rien n’est fait, les problèmes énergétiques risquent de se poser encore avec plus de gravité. Vous comprenez bien que les situations énergétiques des pays du sud sont différentes de celles des pays du nord. Nous traversons des zones d’ombres, il nous faut trouver les vraies solutions avec nos partenaires traditionnels. Il en irait autrement si nous faisions face à des perspectives encore moins réjouissantes, face à l’indisponibilité et la hausse des prix d’énergie qui se profilent. La crise énergétique en Afrique préoccupe aussi bien la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) que l’Union Africaine. Face au contexte mondial actuel, il est recommandé aux Etats africains de serrer les rangs en vue de mieux utiliser ce qui existe comme sources d’énergies offertes aux consommateurs et minimiser les coûts d’exploitation pour concomitamment mettre fin aux incessants délestages et sécuriser les approvisionnements. L’enjeu est de taille. En pareille circonstance, l’utilisation pacifique de l’uranium doit être envisagée dans notre sous-région. Ce qui met à l’ordre du jour la question de transferts de technologies. Les chercheurs nationaux, les ingénieurs français, américains, russes, turcs et chinois peuvent prendre part à cet effort. Ceci contribuerait à redonner du sens à leur travail et à leurs recherches, trop souvent détournés vers la seule recherche du profit. Dans cette perspective, nos pays trouveront des ampoules à faibles coûts à leurs populations. Alors, vous me diriez peut-être, peut-on aller plus loin dans cette démarche ? Oui, car l’explosion démographique, les conflits, l’essor des classes sociales moyennes, la fin prochaine des énergies fossiles nous conduira inévitablement vers d’autres sources d’énergies propres. Le nucléaire, le gaz naturel, le soleil, on en parle partout dans les grands centres d’intérêts, puisque les populations veulent mieux vivre. Il y a certainement des risques que les grands pays industriels ont su contrôler sachant que le risque zéro n’existe pas dans ce domaine. Même en temps normal, le nucléaire fait peur dans beaucoup de parties du monde, notamment en Allemagne où des politiques sont mises en place pour fermer les centrales, j’en suis conscient. Comme on dit «ventre qui a faim n’a point d’oreilles». En ce sens, c’est une clairvoyance de n’avoir pas ignoré l’inquiétude dont je mentionnais, car c’est un vrai stress sous d’autres cieux. Cependant, ne mettons pas la poussière sous le tapis !
Que pensez-vous de la mutualisation des efforts dans la gestion de la crise énergétique ?
La mutualisation des efforts ne signifie pas d’étouffer un pays africain comme le Nigeria qui fournit son électricité, son gaz et son pétrole aux pays voisins à des prix compétitifs. Au colloque, nous avions plaidé pour la construction d’une centrale nucléaire au Niger en collaboration avec les sociétés françaises qui y extraient les minerais, comme les accords internationaux le prévoient. C’est pour remettre au goût du jour l’ambitieux Programme Electronucléaire du Niger (PEN). Après la phase I que la Haute Autorité Nigérienne à l’Energie Atomique (HANEA) espère clôturer en début de l’année prochaine, le gouvernement aura tous les éléments de prise de décision en vue de la poursuite ou non dudit programme. Nous avons pleinement confiance aux différents responsables qui ont montré leur dynamisme et leur grande capacité de résilience. Nous osons espérer que le programme se poursuive, car personne ou presque ne s’y oppose. Il s’agit là d’un gros challenge qu’on ne doit céder à n’importe quel prix. En effet, les pays qui maîtrisent les technologies les plus avancées doivent offrir aux autres dépourvus, des perspectives de développement dans l’accès à l’énergie. C’est là que l’Autorité de Régulation et de Sûreté Nucléaires (ARSN) pourrait pleinement jouer sa partition. L’ARSN est l’organisme national de réglementation, compétent en matière de radioprotection, de sûreté et de sécurité nucléaires ainsi que pour la mise en œuvre des garanties avec l’AIEA. Dans cette perspective, notre continent trouvera des opportunités qui lui permettront de produire et de fournir l’énergie à faibles coûts.
La question de l’exploitation de l’uranium a également été abordée lors de ce colloque. Quelles sont les attentes pour notre pays et pour les populations riveraines ?
Les attentes sont énormes, et nous avons une mission conjointe à laquelle nous tenons beaucoup. Sur la base des recommandations issues du colloque, nous espérerons que des changements substantiels interviendront pour assurer la prospérité du secteur et la défense des intérêts des populations. Dans cette hypothèse, nous soutiendrons toute action tendant à revoir les méthodes d’exploitation et les contenus des contrats miniers, l’édification d’un environnement sain autour des zones minières, la gestion des millions de tonnes de résidus radioactifs qui sont à l’air libre à Arlit et à Azélik, la gestion des poussières et des gaz radioactifs qui se dispersent facilement dans l’environnement jusqu’aux agglomérations urbaines, le suivi de la situation des mineurs affectés par les pathologies qui disparaissent souvent au bout de quelques années et parfois après quelques décennies, la satisfaction des besoins des consommateurs et la lutte contre le réchauffement climatique. Notre inquiétude réside au niveau de la formation des populations riveraines qui ne sont pas assez éclairées sur l’ampleur de l’exploitation de l’uranium, un produit très dangereux. Pour l’instant, poser cette préoccupation légitime, c’est revenir à la source du problème de l’exploitation de nos mines, d’où notre appréhension qui vise à demander l’instauration de véritables bases de développement durable au Niger. Depuis cinquante ans d’exploitation uranifère, les multinationales se la coulent douce, tandis que peu de gains sont récoltés par nos régies financières en termes de revenus tirés des ressources minières. Qui aurait pensé, que jusqu’à présent, cette situation demeurerait inchangée ?
Propos recueillis par Oumarou Moussa(onep)
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Le sous-secteur agricole demeure la source presque exclusive des aliments et nutriments consommés par les Nigériens. Malheureusement, la forte sensibilité des activités agricoles aux risques multiples fait que le Niger n’assure pas une alimentation suffisante à l’ensemble de la population. La performance du secteur agricole est instable du fait de sa forte exposition aux changements climatiques. Le Niger importe presque tous les produits de consommation pour subvenir aux besoins de la population. Et à certaines périodes de l’année, comme c’est le cas actuellement, les produits de première nécessité connaissent une hausse des prix sur les marchés. Dans l’interview qui suit, l’honorable Mahamadou Bachir Harouna Hambali nous parle de la dynamisation du secteur de l’agriculture, de la mécanisation agricole par la création d’unités de transformation des produits agricoles et le développement des chaines de valeur.
Honorable Chef de canton, la majorité de la population nigérienne considère l’agriculture comme un travail réservé aux paysans, sinon aux pauvres. Que pensez-vous une telle affirmation ?
On peut le dire oui ! Parce que l’agriculture paysanne propose des solutions afin que plusieurs paysans puissent vivre de leur travail et en retrouvent le sens. En effet, le paysan produit pour se nourrir et non pour des fins commerciales. Aujourd’hui, notre population évolue, nous devons abandonner la houe en faveur des technologies modernes, qui sont beaucoup plus efficaces. Il faut reconnaitre que, le secteur agricole est le vecteur potentiel d’énormes progrès sociaux en termes de réduction de la pauvreté. Au Niger, la saison des pluies s’étend de juin à septembre, soit seulement trois mois. L’accès à l’eau est donc un défi majeur pour les cultivateurs, qui doivent trouver d’autres façons d’exploiter leurs terres. Le soutien aux agriculteurs et aux agricultrices améliore la sécurité alimentaire, stimule les économies locales et renforce la résilience des communautés. Pour ce faire, l’Etat doit soutenir et appuyer les producteurs pour développer ce secteur.
Par exemple dans les années 1990, il y avait eu l’introduction de tracteurs en irrigué, mais 10 ans après, cette initiative était abandonnée à cause des petites superficies cultivées et par manque de maintenance. Par contre, en 2014, l’Etat a tenté d’intégrer la mécanisation mais sans succès, car la plupart des tracteurs sont utilisés pour la préparation du sol.
Je pense que cette fois-ci, l’Etat doit impliquer la chefferie traditionnelle pour montrer l’exemple et sensibiliser les paysans à aller vers les pratiques culturales modernes. Les niveaux de mécanisation des exploitations agricoles sont très faibles ou n’existent pas. Cela concerne toute l’Afrique subsaharienne. Selon les experts du Centre Africain pour la Transformation Economique basé au Ghana, le nombre de tracteurs varient de 1,3 par kilomètre carré au Rwanda à 43 en Afrique du Sud, contre 128 en Inde et 116 au Brésil. Selon également l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), spécialisée dans la lutte contre la faim, l’Afrique compte globalement moins de deux tracteurs pour 1 000 hectares de terres cultivées. Ce nombre est de 10 pour 1 000 hectares en Asie du Sud et en Amérique latine. Cela dit que, l’Etat doit encourager, la pratique de l’agriculture intensive et motorisée. La mécanisation de l’agriculture ne sert pas seulement à labourer la terre, mais aussi à planter, récolter, transformer et stocker des produits. Je tiens beaucoup à la promotion des chaines de valeur au Niger, en produisant, transformant, vendant et consommant les produits locaux.
Pour rappel, le Gouvernement a rencontré les opérateurs économiques du Niger au sujet de la cherté des produits de première nécessité à la veille du mois béni de Ramadan. Comment le Niger peut-il échapper à une telle situation et réduire les importations de certains produits ?
Vous savez, environ 80% de notre pays est sans littoral. Notre population est plus de 23 millions d’habitants vivant dans les régions du sud et de l’ouest propices à l’agriculture. Nous savons bien que la population est fortement dépendante des activités agricoles et de cultures de subsistance comme celles du maïs et du sorgho. Le réchauffement climatique accentue les difficultés que rencontre le paysan, faisant peser une menace permanente sur la sécurité alimentaire, le développement durable et la croissance économique.
Le Niger dépense par an, plusieurs milliards de Francs CFA dans l’achat des produits alimentaires, alors que nous pouvons produire au pays. La tendance doit changer. Nous devrions être le grenier de plusieurs pays de la sous-région. Je suis sûr que, ça va changer, si nous rendons notre agriculture mécanisée. Le seul problème, c’est que nos opérateurs économiques sont des importateurs, non des producteurs. C’est ce qui nous amène ce problème. Les commerçants doivent retrousser leurs manches pour se donner au travail de la terre. Ensuite l’Etat doit aussi penser à l’accès aux offres de financement des activités agricoles et les adapter aux contextes socioéconomique et agricole. On doit soutenir, l’émergence de nouvelles entreprises agricoles capables de relever les défis de la sécurité alimentaire et nutritionnelle répondant au développement économique du pays.
Par exemple, nous devons également valoriser l’agriculture intensive qui vise à produire le maximum sur un terrain restreint. Ce mode d’exploitation exige alors un travail acharné, des outils mécaniques efficaces et l’utilisation d’engrais et de produits chimiques variés. Ce type d’agriculture se pratique sur de très grandes surfaces divisées en sections.
Cette initiative fait partie du programme de renaissance acte III du Président de la République, Mohamed Bazoum. Pour rappel, lors de sa campagne présidentielle et récemment son dernier passage à Dioundiou, il a expliqué à la population qu’il va promouvoir l’agriculture dans cette zone. Je le cite ‘’: J’envisage dans le programme de renaissance acte III pour participer à transformer notre agriculture. Je tenais beaucoup au projet de canne à sucre et sa transformation à travers la promotion des chaines de valeur dont nous avons besoin pour faire en sorte que, tout reste dans notre pays. Nous produisons, nous transformons, nous vendons et nous consommons. Je pense également à la construction d’une route, absolument indispensable de Dioundiou à Bouremi pour écouler les produits’’. Fin de citation.
Pour me résumer, notre seule alternative est de nous mettre au travail de la terre tout en le modernisant.
Pensez-vous que, le développement des chaines de valeur agricoles dans notre pays peut-il pour répondre à l’autosuffisance alimentaire ? Peut-il concrètement créer d’emplois aux jeunes nigériens ?
Bien sûr que oui ! Le Niger doit mettre en place un plan national d’investissement dans la mécanisation agricole. C’est une étape cruciale pour accroître la productivité. Ainsi, nous devons promouvoir l’émergence d’un secteur privé qui soit pourvoyeur des emplois pour les jeunes, créer de la richesse et contribuer à l’autonomisation des femmes surtout en milieu rural, non seulement dans le domaine de la production, mais également de la transformation, et de la promotion des produits locaux. Si on met à la disposition des producteurs et promoteurs ruraux des infrastructures et des dispositifs cela permettra de mettre progressivement en place de véritables pôles d’activités en zone rurale. Avec ces genres d’initiatives, nous allons maintenir l’ambition de moderniser nos pratiques et de transformer non seulement l’agriculture, mais au-delà même les systèmes alimentaires pour s’adapter aux enjeux de l’avenir. Quand on développe les chaines de valeur dans ce domaine, il y aura une nette progression en matière de création d’emplois.
Le Niger dispose d’espaces cultivables, quels sont les produits agricoles qui peuvent aujourd’hui faire l’espoir des Nigériens, si leur exploitation est développée?
Les principales cultures pratiquées en saison pluviale sont le mil, le sorgho, l’arachide, le riz et le niébé. Quant aux cultures maraîchères, elles concernent les légumes (chou, poivron, laitue, oignon, tomate etc.), les tubercules (manioc, pomme de terre) et la canne à sucre. Parmi tous ces produits, seul l’oignon est exporté. On doit l’accompagner une fois de plus en utilisant de nouvelles techniques de production avec l’usage des machines, des insecticides et en favorisant une importante quantité de production. Tout en fournissant moins d’effort, l’agriculteur emblave beaucoup de superficies. Cela permet de booster le rendement pour se faire d’importants revenus.
Ensuite, la canne à sucre aussi peut se produire en quantité et se transformer en chaine de valeur pour que le Niger dispose de son sucre ‘’made in Niger’’. L’Etat doit redynamiser la transformation agroalimentaire à grand échelle. Avec une mobilisation de l’eau, l’agriculture nigérienne sera moins dépendante des aléas climatiques, la restauration des terres et la gestion durable de l’environnement pour contrer les effets du changement climatique. On doit penser aux plateformes de services intégrés de proximité pour les producteurs afin de réduire les vulnérabilités structurelles et conjoncturelles des populations. Il y a également, la promotion des techniques et technologies adaptées aux changements climatiques et l’exploitation des opportunités du développement pour transformer notre agriculture en portant surtout le choix sur des produits très consommés au Niger et à l’international.
Que pensez-vous de l’avenir des systèmes agro-alimentaires au Niger ?
L’agenda 2030 de l’Union Africaine pour le développement durable souligne la nécessité de mettre en place des systèmes alimentaires plus durables pour faire face à des défis tels que la malnutrition, la pauvreté, la perte de la biodiversité végétale, la dégradation des écosystèmes et le changement climatique. En développant la production agricole et les filières agroalimentaires, cela permettrait de stimuler la transformation de l’agriculture et la création d’emplois. Ce qui offrira aux jeunes des activités valorisantes dans des conditions décentes. La valorisation du système présente de faibles niveaux techniques. Or, le secteur agroalimentaire offre un potentiel substantiel pour la création de nombreux emplois productifs.
Ainsi, nous devons promouvoir l’émergence du secteur privé qui soit pourvoyeur d’emplois pour les jeunes et créateur de richesses. Comme le système encourage la transformation, et la promotion des produits. Notre pays pourra se positionner parmi les pays de la sous-région qui s’investissent dans les secteurs agro-industriels.
Quel appel avez-vous à lancer aux plus hautes autorités et aux populations au sujet de la modernisation et du développement de l’agriculture au Niger ?
L’appel que j’ai à lancer aux autorités, est de mettre en place des mesures incitatives au profit des opérateurs économiques pour faciliter l’industrialisation dans le domaine de l’agriculture et la transformation des produits locaux pour une meilleure compétitivité. Il va de soi de rendre compétitifs les produits par l’allègement du coût de production, notamment, la fiscalité, l’énergie, les équipements, l’hygiène sanitaire, l’emballage, la normalisation. Il faut aussi dynamiser le secteur privé à travers la mécanisation agricole à grande échelle avec la création d’unités de transformation des produits agricoles, et d’appui à l’émergence de prestataires de services en matière de mécanisation agricole.
Je demande aux bras valides de s’intéresser à l’agriculture. Nous avons de l’eau, il suffit de se donner au travail en créant des entreprises privées. L’Etat ne doit pas recruter tout le monde à la Fonction Publique. Les Chefs traditionnels, les ingénieurs agronomes, les opérateurs économiques, tout le monde doit se mettre au travail pour une l’agriculture performante et créatrice d’emplois au Niger.
Enfin, j’en appelle aussi aux partenaires et aux investisseurs à accompagner les producteurs. En ma qualité de Chef de canton, je puis assurer qu’au niveau du canton de Dioundou, nous sommes prêts à accueillir et même donner des terres à tous ceux qui veulent investir dans l’agriculture et produire sur place.
Interview réalisée par Seini Seydou Zakaria(onep)
Source : http://www.lesahel.org
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Le parc du parc du W Niger est au cœur d’un complexe naturel transfrontalier de plus d’un million d’hectares géré conjointement par le Bénin, le Niger et le Burkina Faso et protégé depuis des décennies suivant la convention de Ramsar. Au regard de l’importance de ce vaste domaine forestier, le parc national du W du Niger est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1996 et reconnu en tant que réserve de biosphère transfrontière depuis 2002 par l’UNESCO et MAB (Man And Biosphere). Le parc doit son nom à la forme en W d’une série de méandres du fleuve Niger en ces lieux. Mais la réserve naturelle du parc du W est malheureusement depuis un certain nombre d’années confrontée à une situation d’insécurité qui sévit dans la zone dite des « trois frontières ». Toutefois, des efforts sont en train être faits par l’Etat du Niger et ses partenaires pour le retour de la sérénité afin que cette réserve naturelle soit bien protégée conformément à son statut d’espace protégé et classé. Dans cette interview, le conservateur du parc du W du Niger, le lieutenant-Colonel des Eaux et Forêts, Issaka Maman Chamaoulou donne des informations détaillées sur cette réserve naturelle.
M. le conservateur, notre pays partage avec deux de ses voisins à savoir le Bénin et le Burkina Faso, un parc dont la renommée a dépassé les frontières de ces trois pays. Pouvez-vous nous présenter le parc régional w du Niger ?
Merci de nous donner l’occasion de parler du parc W du Niger, qui je rappelle a été découvert en 1926 par un explorateur français, Dr Fiasson. Il a été classé en Parc de refuge des animaux par un arrêté du 13 Mars 1937. S’en est suivi le déguerpissement de la population en 1938. C’est enfin le décret du 4 Août 1954 qui le classe en Parc national W Niger. Ce parc très important a plusieurs labels. C’est ainsi qu’en1987, il a été classé Site Ramsar, zone humide d’importance internationale. En 1996, il a été classé par l’UNESCO, Patrimoine Mondial de l’humanité. Au cours de la même année, il est classé Réserve de Biosphère du W par MAB et l’UNESCO. En 2002, il a été classé Réserve Transfrontalière de Biosphère du W avec les Parc W Bénin et Burkina Faso par MAB/UNESCO. Je précise que le classement du WAP (Complexe W avec le Parc d’Arly au Burkina et le Parc de la Pendjari du Bénin) en site naturel du Patrimoine Mondial en extension à la partie nigérienne a été effectif depuis 2017.
Par ailleurs, le parc du W est une grande réserve naturelle partagée entre trois pays en l’occurrence le Niger ; le Bénin et le Burkina Faso. Il faut préciser que c’est le Niger qui a la plus petite superficie par rapport aux deux autres pays (Burkina Faso et le Bénin). La partie W du Niger totalise une superficie de 220.000 ha. Le parc du W Niger est à 150 km de Niamey et est situé au Sud-Ouest dans la zone sahélo – soudanienne.
De quoi dispose aujourd’hui le parc W du Niger en matière de biodiversité ?
Le parc regorge de 80% de la biodiversité du Niger ; 500 espèces végétales ; 73 espèces de mammifères sur les 130 identifiées en Afrique de l’ouest ; 120 espèces de poisson sur les 140 identifiées au Niger : 367 espèces d’oiseaux soit les 2/3 recensés au Niger ; 112 espèces de reptiles et amphibiens. Le parc régional W Niger regorge également de plus de 100 sites archéologiques. Il possède des sites exceptionnels de grande beauté naturelle (belle vue, gorges de la Tapoa et de la Mékrou, sites de baobab, belles îles (16) dont la plus grande est celle de karey-kopto, Rivières Mékrou et Tapoa, la rôneraie du fleuve etc. Bref, le parc du W est un véritable joyau qui renferme des richesses énormes aussi bien pour le Niger que pour l’humanité toute entière. Pour la sauvegarde de l’équilibre écologique, la réserve naturelle du parc du W mérite plus d’attention afin que la biodiversité puisse participer pleinement dans l’amélioration de notre cadre de vie et de l’existence même de l’humanité. Pour y parvenir, nous devons travailler collectivement pour la sauvegarde de la biodiversité contre tous les actes illégaux qui portent atteinte à la conservation à travers des actions concrètes et aussi à réduire les effets néfastes du changement climatique.
L’insécurité qui sévit dans certaines localités du Niger, du Burkina Faso et du Bénin, n’a pas épargné le parc W. Quel est concrètement l’impact de l’insécurité sur le parc W ?
Avec l’extension de la menace terroriste dans la zone des trois frontières, cette réserve naturelle qui renferme 80 % de la biodiversité du Niger connait d’énormes difficultés liées à la protection des espèces qui y vivent. Je précise d’abord qu’au niveau du Parc W Niger, la situation sécuritaire s’est dégradée à partir de 2020 avec les deux premières attaques : L’attaque du 11 mars 2020 du poste de contrôle avancé de Prélegou et l’attaque de la base Tapoa du 04 décembre 2020. La crise sécuritaire a entrainé la désorganisation du système traditionnel de gestion ; l’instauration de l’Etat d’urgence ; l’insuffisance de patrouille dans certaines parties du Parc ; le ralentissement de l’économie (manque à gagner par la population riveraine suite à l’arrêt du tourisme et des travaux d’aménagement ; le déplacement de la population riveraine ; la destruction de la faune et de la flore.
Qu’est ce qui a été alors réalisé comme action pour préserver la faune et la flore du parc W Niger ?
Plusieurs actions ont été menées par l’Etat et ses partenaires. Je peux citer les stratégies en cours qui sont notamment le Plan d’Intervention Prioritaire (PIP) grâce au financement de certains partenaires UE, GIZ, ZSL. Il se dégage ici 3 axes principaux à savoir la sécurité-LAB ; le développement économique des communautés riveraines et la coordination des appuis des PTF pour la composante Niger du Parc. L’objectif principal visé par le programme était de créer les conditions nécessaires en vue d’assurer la surveillance continue des ressources naturelles à travers la lutte anti-braconnage sous toutes ses formes dans la Réserve de Biosphère du W Niger. Il y a la mission de patrouille mixte Eaux & Forêts et Forces Armées Nigériennes ; celle de surveillance secteur du fleuve du parc avec les rangers et forestiers issus de postes de contrôle périphérique du parc W.
En matière de patrouille, plusieurs camions de bois arrêtés dans la réserve de Dosso et vers Tamou ; 240 bidons de 25L d’essence fraudée saisis sur le fleuve à Korougoungou. Des éleveurs arrêtés dans le Parc W et à la sortie du Parc ; six braconniers arrêtés. Ainsi à travers des missions de suivi écologique plusieurs éléments de faune sauvage et des actes illégaux dans le parc ont été visionnés grâce à une technologie de pointe. En termes de perspectives, on peut noter la création de l’Office National de Gestion des Aires Protégées dénommé « Office National des Parcs et Réserves du Niger » (ONAPERN), le fonds fudiciaire pour le Parc W à hauteur de 200 000 000 FCFA mobilisable chaque année dans le cadre de la FSOA, le développement du périphérique par des activités alternatives génératrices de revenus et de restauration de l’environnement.
Par Hassane Daouda et Idé Fatouma(onep)
Source : http://www.lesahel.org
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Le Courrier. Il y a quelques mois, les Nigériens ont entendu parler d’un mouvement politique dénommé HAMZARI. Existe-t-il réellement une organisation de ce nom ?
Amadou Djoudout : Hamzari existe bel et bien, malgré la désinformation et les tentatives de discrédit venues, on sait d’où, qui font état de son avortement. Hamzari est non seulement là, mais ses membres sont plus que jamais convaincus de son bien-fondé. Ils travaillent d’ailleurs d’arrachepied pour porter dans les plus brefs délais Hamzari sur les fonts baptismaux.
Question : HAMZARI est-elle un parti politique non encore connu ou une association puisque ses textes restent encore inconnus des Nigériens ?
Réponse : Hamzari est un mouvement qui finira par assurer un rôle politique. Car, la plupart de ses animateurs sont des hommes et femmes politiques. Et si aujourd’hui, il ne l’est pas encore, c’est parce que nous sommes dans une phase d’élaboration des textes à soumettre pour l’agrément d’exercice. Tant que cette étape n’est pas franchie, nous n’avons pas le droit d’agir. Vous n’êtes pas sans savoir que la première des choses à respecter, c’est la loi. Je voudrais rassurer nos compatriotes qui attendent impatiemment de voir Hamzari sortir au grand jour que nous sommes sur la bonne voie et que rien ni personne ne saurait arrêter, Insha’Allah, notre élan.
Question : HAMZARI mène-telle quel combat pour quel objectif ?
Réponse : Hamzari mènera un combat politique. C’est un mouvement de soutien d’actions citoyennes d’où qu’elles viennent et quelque soit son porteur. Le Niger a payé un lourd tribut des inconséquences des hommes politiques et même de notre part entant que Citoyens. L’objectif du mouvement est d’amener les citoyens à savoir et pouvoir décider ensemble, de soutenir des actions loyales et rejeter les actes négatifs de tout bord ou acteur politique.
Question : En décembre 2022, le Pnds Tarayya a tenu son 8e congrès ordinaire. HAMZARI y a-t-elle trouvé ce qu’il vise en termes d’objectifs politiques ou a-t-elle plutôt été convaincue de poursuivre le combat pour lequel il a vu le jour ?
Réponse : En temps opportun, nous apporterons la ou les réponses à cette question. Question : Pourquoi les initiateurs de HAMZARI agissent-ils jusqu’à présent dans la clandestinité ?
Réponse : Hamzari n’est pas en clandestinité mais en gestation. Quand tout sera prêt, vous saurez de quoi et de qui il s’agit. Mais pour le moment, étant respectueux du cadre légal, nous restons à l’ombre jusqu’à ce que nous terminions les formalités administratives.
Question : HAMZARI a-t-elle la caution du Président Bazoum ?
Réponse : Hamzari a la caution de tous ceux qui, pendant trente (30) ans, ont vécu dans leur chaire les affres de la politique politicienne et qui, au fil du temps, ont constaté à quel point ils ont été abusés et trompés par des individus aux idéaux frelatés.
Question : Les Nigériens s’interrogent :pourquoi HAMZARI alors que le Président Bazoum dispose du Pnds Tarayya et de quelques alliés de poids tels que le Mnsd Nassara et le Mpr Jamhuriya ?
Réponse : Si Hamzari soutient le Président Bazoum, c’est et ce sera parce qu’il prône des actions louables pour le Niger et cela mérite d’être soutenu. Il est grand temps que les Nigériennes et les Nigériens se démarquent de cette situation que tout le monde dénonce et condamne et qui fait croire que le Président Bazoum est un otage aux mains de cercles vicieux d’hommes politiques sans foi ni loi qui ne mettent que leurs petits intérêts égoïstes en avant. Il faut que les Nigériennes et les Nigériens travaillent à le libérer de cette situation préjudiciable à l’intérêt général, entretenue par des hommes politiques qui, entre l’idéal qu’ils prônent et les actes qu’ils posent, il existe la mer à boire. Aujourd’hui, soutenir le Président Bazoum, c’est tout simplement aider le Niger à sortir des difficultés dans lesquelles il est plongé. Il faut que les Nigériens comprennent que le Président Bazoum, quelles que soient par ailleurs sa volonté et sa détermination, ne saurait changer les choses tout seul. Il faut que tous ceux qui pensent ou croient qu’il veut bien faire pour le Niger sortent de leur torpeur pour le soutenir afin qu’il arrive à réaliser son rêve d’un Niger décomplexé de certaines pratiques de gouvernance. Un Niger dans lequel le citoyen n’aura pas besoin de s’identifier à un clan ou à une personne quelconque pour être respecté et servi.
Interview réalisée par Ali Soumana
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Le Niger dispose désormais d’une Stratégie Nationale de Sécurité Intérieure (SNSI) qui, vise à faire de notre pays un espace de paix, de sécurité et de stabilité favorable au développement durable. Pour élucider et décortiquer cette stratégie nous avons échangé avec le Commissaire Général de Police Kaka Abdoulaye, inspecteur général de services de sécurité en mission à Tillabéri dans le cadre de la vulgarisation de la SNSI. Dans cet entretien, le commissaire général Kaka Abdoulaye évoque l’intérêt d’une telle stratégie dans un contexte marqué par l’insécurité grandissante ainsi que le rôle des différents acteurs.
Commissaire Kaka, vous êtes à pieds d’œuvre pour dévoiler les contenus des Stratégies Nationales de Sécurité Intérieure. Pourquoi ces stratégies ?
La stratégie nationale de sécurité intérieure est le cadre de référence général en matière de sécurité au Niger. Elle couvre tous les domaines de sécurité de manière générale. Elle a trois axes notamment l’adaptation des forces de sécurité intérieure aux nouvelles menaces, la consolidation des forces de sécurité intérieure et les relations de confiance entre les forces de sécurité et les populations.
Quelles sont les différentes activités prévues dans le cadre de la mise en œuvre de ces stratégies ?
Chacune des stratégies a, ce qu’on appelle, des plans d’actions. Ces plans d’actions sont déclinés en programmes et les programmes en actions avec des budgets pour pouvoir faire face à la situation. Le troisième axe que j’ai tantôt évoqué est si important, qu’il a été spécialement développé. En effet, les relations de confiance avec les populations, c’est-à-dire la stratégie nationale de la sécurité de proximité fait partie de la stratégie nationale de sécurité intérieure. Ainsi, mais compte tenu du fait qu’il s’agit d’une matière spéciale qui en fait une police locale, une police de proximité elle a été érigée elle-même comme une stratégie spéciale. La stratégie nationale de sécurité de proximité est, en d’autres termes, une stratégie de sécurité contextualisée adaptée au contexte de nos régions. Ce qui veut dire que chaque région aura son propre plan qui est adapté à ses réalités. D’une région à une autre, d’une commune à une autre, les plans ne seront pas les mêmes. Cette stratégie va nous éviter de travailler dans des généralités.
Quels sont les acteurs pour la mise en œuvre de ces stratégies?
Les acteurs c’est pratiquement tous les principaux responsables des Forces de Défense et de Sécurité, toutes les forces que ça soit de défense ou intérieures sont prises en compte. Il y a aussi les autorités administratives et politiques, les gouverneurs, les préfets, les maires, les responsables communautaires, les chefs traditionnels, les associations des jeunes, des femmes et des commerçants, les chefs religieux de toute obédience, les acteurs de la la société civile.
Dans quelle condition ces stratégies ont-elles été élaborées ?
C’est une méthode inclusive et participative.On n’a oublié personne. Tous les principaux acteurs dans une localité donnée sont pris en compte. C’est une nouvelle méthode qui est la coproduction de la sécurité.Désormais, la sécurité ne sera plus seulement une affaire de spécialistes traditionnels mais plutôt l’affaire de toute la population, de toutes les composantes de la société.
Mon commissaire, concrètement quel est l’intérêt de ces stratégies pour notre pays ?
L’intérêt c’est que désormais on a un document unique de référence en matière de sécurité. D’abord pour la SNSI, elle constitue cette fois-ci un cadre unique de référence. Chaque responsable en faisant sa programmation doit se référer à ce document unique. D’autre part, si nos partenaires extérieurs viennent, nous allons leur dire de se référer à ce cadre de référence alors qu’avant, ce n’était pas comme ça. Cette fois-ci on a une stratégie unique, précise pour tous les Nigériens. Le plus important est que cette stratégie a été érigée en loi, c’est-à-dire que tous les gouvernements qui vont se succéder vont se référer à ce document jusqu’à 2035. Cela va nous éviter d’aller de gauche à droite. Maintenant on a une vision claire et cohérente, une ligne bien tracée dans cette matière-là. Désormais, on n’aura pas besoin d’aller dans des éternels recommencements.
Quels sont les facteurs qui dégradent la situation sécuritaire dans notre pays ?
Nous avons identifié 11 menaces importantes qui dégradent la situation sécuritaire de notre pays. La menace numéro 1 et la plus importante qui plane sur notre pays c’est le terrorisme. Il y a aussi la criminalité transnationale organisée, c’est-à-dire les trafics du carburant, de drogue, de cigarettes, d’êtres humains, etc. Toutes les différentes formes de trafics sont des menaces pour notre sécurité, car ce sont ces activités qui alimentent le terrorisme ; c’est avec ces trafics que le terrorisme arrive à s’autofinancer. Il y a aussi les nouvelles menaces telles que la cybercriminalité, les menaces traditionnelles telles que les accidents de la route qui tuent énormément. Au-delà de ces menaces nous avons ce qu’on appelle les vulnérabilités, c’est-à-dire des faiblesses que nous avons.Parmi ces faiblesses, il y a l’immensité du territoire. Quand vous prenez la frontière avec l’Algérie, il n’y a qu’un seul poste de police à Asmaka. Quand vous prenez la frontière avec le Tchad vous n’avez qu’un ou deux postes. C’est extrêmement insuffisant pour contrôler le maillage et c’est ce vide-là qui est utilisé par l’ennemi. Il y a que 20% du territoire qui est dansement peuplé. Sinon les 80% sont désertiques. Il y a peu de population et les terroristes utilisent justement ces endroits vides pour pouvoir prospérer. Il y a aussi l’insuffisance des Forces de Défense et de Sécurité, parce que le ratio universel c’est un soldat pour 100 personnes. Au Niger, nous sommes à un soldat pour 600 personnes. Donc nous sommes très loin du ratio.
La SNSI propose-t-elle des solutions à toutes ces menaces et vulnérabilités évoquées ?
En effet! Cette stratégie a tout pris en compte. C’est pourquoi on va développer un maillage stratégique. Nous allons essayer d’occuper davantage le terrain. Ainsi, le Gouvernement s’est engagé à doubler dans les 5 ans à venir les effectifs des Forces de Défense et de Sécurité pour améliorer le maillage et aussi pour rapprocher la justice des justiciables. On va créer des nouveaux commissariats, de nouvelles brigades, de nouvelles unités, etc. Il y aura également beaucoup de tribunaux. Il faut que l’administration soit proche de la population, les services de base en matière de la sécurité vont être rapprochés des populations. Concernant les accidents de la route, nous allons faire en sorte que les infrastructures routières soient améliorées mais également travailler sur les comportements des Nigériens au volant.
Qu’est-ce qui est attendu des populations et des acteurs de mise en œuvre de ces stratégies ?
Nous plaidons pour le changement des mentalités sur les questions de sécurité et en général sur les comportements citoyens. D’abord, il faut que les autorités traditionnelles que sont les responsables des forces de défense et de sécurité puissent se rapprocher davantage des populations, parce que sans la population toutes les missions seront vaines. Il faut que les autorités locales fassent le nécessaire pour s’intégrer au comité de base et que les communautés de base à leur tour changent de comportement vis-à-vis de ces autorités. Nous sommes tous citoyens et frères. Les agents de forces de défense et de sécurité ne sont pas des gens venus d’ailleurs. Par conséquent ils sont là pour travailler au profit des populations. C’est dans ces deux sens-là qu’il doit y avoir un changement de mentalité. Il ne s’agit pas seulement de réclamer ses droits mais il faut accepter de faire face à ses obligations. Nous demandons un changement de comportement à tous les niveaux. Il faudrait que les citoyens s’approprient de ces différents textes.
Réalisé par Abdoul-Aziz Ibrahim, ONEP Tillabéri
Source : http://www.lesahel.org
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En 2020, le nombre d’artisans au Niger est estimé à 1,2 million de personnes, avec plus de 60% de femmes. Le chiffre d’affaires global est en moyenne de plus de 100 milliards de FCFA. Outre sa plus-value dans le développement économique et social, dans la région de Tahoua, la branche de confection d’objets d’art que constituent essentiellement la maroquinerie, la bijouterie et la cordonnerie contribue au rayonnement des cultures et traditions locales. Dans cet entretien, le Directeur régional du tourisme et de l’artisanat, M. Larabou Djibrilla Bangna présente le potentiel de l’artisanat de Tahoua, et explique l’évolution de la branche avec toute la situation d’insuffisance de débouchés à laquelle est confronté aujourd’hui le marché d’objets d’art.
Monsieur le directeur, quel est le potentiel de la région de Tahoua dans le domaine de l’artisanat ?
Merci pour cette occasion que vous nous donnez, de parler de ce secteur qui est combien important pour l’économie nationale et l’économie locale. Avant de répondre à votre question, j’aimerai d’abord définir la notion même de l’artisanat. Les métiers de l’artisanat se définissent par la maîtrise technique et le savoir-faire que requiert un apprentissage ou une formation assortie de leur pratique avec habilité manuelle. Au Niger, le secteur est le deuxième pourvoyeur d’emplois, après celui de l’agriculture et l’élevage, et contribue à 25% du PIB. Le secteur est régi par une politique nationale, c’est-à-dire la Politique Nationale du Développement de l’Artisanat, adoptée depuis le 7 juillet 1992. C’est sur cette politique que se basent toutes les actions, les activités mises en œuvre par le gouvernement, dans le cadre de la promotion et du développement du secteur, à travers notamment le ministère du tourisme et de l’artisanat qui est devenu maintenant ministère de la culture, du tourisme et de l’artisanat. Alors, qui dit artisanat, dit culture ; et qui dit culture dit tradition. Ce secteur est subdivisé en trois branches : l’artisanat de production, l’artisanat de service et l’artisanat d’art.
La région de Tahoua effectivement regorge beaucoup de potentiel, en matière d’artisanat. Nous avons des artisans qui sont là au niveau du centre artisanal, nous avons aussi ceux qui sont un peu éparpillés dans la ville, dans leurs ateliers, boutiques et kiosques mis à leur disposition. Ils travaillent et mettent à la disposition des populations locales et des visiteurs des produits artisanaux symboliques et diversifiés, pour le rayonnement de la culture et l’économie du terroir.
Cet artisanat de Tahoua est diversifié, aujourd’hui plus prisé par la population locale. Les 91 métiers du secteur recensés à travers le pays, nous les retrouvons dans la région de Tahoua. Ce qui fait vraiment un grand potentiel de cet artisanat-là.
Qu’en est-il spécifiquement des trois métiers d’artisanat d’art, qu’on retrouve exclusivement au niveau du Centre artisanal de la ville de Tahoua, à savoir la maroquinerie, la bijouterie et la cordonnerie ?
Ces trois métiers d’art, ce sont des métiers qui ont porté les valeurs de la région de Tahoua. Grâce aux représentations des symboles culturels, ils ont fait connaitre loin la région. Les bijoutiers, maroquiniers et cordonniers ont une expérience et un savoir faire qui valorisent le patrimoine culturel. Si vous prenez ne serait-ce que la maroquinerie, la fameuse Albai que nous portons, elle renvoie à une tradition, c’est une valeur sûre. Les ressortissants qui sont à Niamey ou à l’extérieur du pays s’y identifient, ils envoient de l’argent pour qu’on leur paie ces articles surtout à l’occasion de leurs festivités telles que les mariages et baptêmes et pour faire aussi des cadeaux. C’est pareil pour la balka que font nos cordonniers. Ce sont des produits très prisés par les touristes avant. C’est vrai aujourd’hui ils ne viennent plus. Ce qui a conduit d’ailleurs à la création, en 1995 de ce centre artisanal par le projet du développement de l’artisanat au Niger (DANI). Et dans ce centre vous remarquerez que c’est exclusivement ces trois métiers qui sont logés, parce qu’ils portent les valeurs traditionnelles, ils sont une valeur sûre. Cela ne veut pas dire que c’est juste ces métiers qui existent à Tahoua, mais c’est parce qu’ils symbolisent l’histoire, les traditions de la région.
En termes de statistiques, est-ce qu’on peut avoir une idée du nombre d’artisans officiellement reconnus ?
Les statistiques, c’est un point saillant, mais c’est vraiment le goulot d’étranglement de notre secteur. La situation officielle n’est pas aussi importante en chiffre. Au niveau du centre nous avons 138 artisans dont 28 femmes maroquinières. A la tannerie de Tahoua, ceux qui leur fournissent la matière, la peau, nous avons 48 tanneurs. En tout, nous avons quelques 300 artisans inscrits à la chambre des métiers de l’artisanat.
Monsieur le directeur, suite à notre passage au centre artisanal de Tahoua, nous avons pu constater que les clients se font très rares. Quelle lecture faites-vous de cette situation ?
C’est un point qui mine beaucoup notre secteur, à travers le pays en général et particulièrement à Tahoua. L’insuffisance de débouché est liée évidemment à la régression du tourisme. Mais ce n’est pas une fatalité, personnellement, je vois plus la baisse d’attraction vis-à-vis du marché local, la consommation par nous-même. Il y’a aussi une insuffisance de dispositifs commerciaux. Les artisans devraient, à travers leurs organisations multiplier les approches. Peut-être, de ne pas attendre que les foires périodiques, ils doivent être dans les coulisses des ateliers et séminaires qui s’organisent plus souvent, pour mieux vendre.
Cette situation de baisse de marché est due aussi au manque de partenaires pour le secteur, au plan national même, à plus forte raison au niveau des régions. Aujourd’hui, l’artisanat nigérien, en général, est délaissé à son sort. Ce secteur n’est plus appuyé par des partenaires. Il n’y a que les efforts de l’Etat. Dieu merci, l’Etat fait de son mieux, à travers l’organisation des foires. Par exemple le SAFEM qui se tient chaque 2 ans au plan national, permet aux artisans d’exposer et réaliser des bons chiffres.
Nos artisans font preuve d’une forte résilience, malgré la perte de vitesse du tourisme et le contexte de la pandémie qui les a durement impactés, en 2019-2020. Du reste, le plus important, c’est la consommation de nos produits locaux par nous-mêmes. Les artisans méritent le soutien de tous, les institutions publiques, les collectivités, les projets. Aujourd’hui si nous prenons juste l’exemple avec les meubles de bureaux que nous commandons de l’étranger, nos artisans en fabriquent localement de même standing et plus durables même. C’est pareil avec les marchés des sacs, cartables et autres objets de décoration.
A votre niveau, qu’est ce vous faites, comme actions dans le sens de la promotion de l’artisanat à Tahoua ?
Dans le cadre de notre plan d’actions, au niveau de la direction régionale du tourisme et de l’artisanat, nous avons sollicité, à travers des TDR et mini-projets, des partenaires, je vais citer au passage l’ONG Hed-Tamat ; nous avons aussi le Conseil régional de Tahoua qui, avec l’appui de la coopération allemande GIZ, nous a permis de réaliser une étude diagnostique du secteur au niveau local. Malheureusement, le projet dans le cadre duquel a été faite l’étude est arrivé à son terme. Le Conseil de Ville également fait de son mieux en permettant aux artisans l’acquisition des stands lors de leur participation à des foires, tantôt à Niamey ou au Burkina-Faso. Nous n’avons pas pu avoir de suite pour mettre en œuvre les activités et actions. En tous cas, nous essayons de mobiliser les partenaires à notre disposition pour aider les artisans. Nous suivons aussi les artisans et les accompagnons dans toutes les initiatives qui leur sont favorables, à chaque fois que le besoin est.
De manière globale, en quoi consiste la politique de l’Etat relativement à ce secteur ?
Elle est basée sur le document officiel qui est la Politique Nationale du Développement de l’Artisanat et aussi sur les différentes réglementations communautaires, en l’occurrence le Code communautaire de l’Artisanat de l’UEMOA. Ce dernier, c’est vrai, c’est un document qui régit le secteur sur l’ensemble de l’espace UEMOA, tout en se basant sur les différentes législations nationales mais, la Politique nationale elle est fondée sur 8 piliers. Ces volets vont du développement associatif jusqu’au financement du secteur, en passant par l’approvisionnement des produits ou bien des matières premières, la commercialisation, la formation des artisans et aussi l’appui-conseil à ces artisans. Dieu merci, aujourd’hui tous ces volets sont mis en œuvre, à l’exception du volet financement. Et c’est un volet très sensible. Disons qu’il ne dépend pas entièrement de l’Etat, les artisans aussi ont leur part de responsabilité sur ce plan. Parce que quand on appuie un artisan c’est sous forme de prêt et d’apport. Maintenant, les engagements ne sont pas souvent honorés par l’artisan. Mais l’Etat, à travers le ministère de tutelle cherche toujours à relever ce défi, pour développer plus ce secteur.
Par Ismaël Chékaré, ONEP-Tahoua
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«Sans une synergie d’actions, nous ne pouvons pas atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés pour le bien-être social, économique et politique de la femme au Niger»
Mme la députée, la journée internationale de la femme est célébrée chaque 8 mars dans le monde, quel regard portez-vous sur la situation de la femme nigérienne aujourd’hui ?
Merci beaucoup. C’est vrai la journée internationale de la femme est célébrée le 8 mars. La femme nigérienne n’est pas restée en marge de cet évènement. C’est une femme qui se bat dans un climat qui n’est pas toujours favorable à son évolution. Donc les femmes font de leur mieux aujourd’hui. Elles continuent de se battre et elles sont à saluer.
Malgré les progrès réalisés relativement à la situation de la femme au Niger, celle-ci fait face encore à des difficultés liées notamment à l’accès à la terre, l’accès au crédit bancaire…qui sont aujourd’hui des préoccupations majeures ?
C’est vrai, ce sont des grandes préoccupations, mais à plusieurs niveaux. Si vous prenez par exemple l’accès à la terre, c’est purement culturel. Dans certaines localités, les femmes n’ont pas droit à la terre, dans d’autres, elles ont parfaitement droit à la terre. Mais au moment de faire le partage ce n’est pas respecté parce qu’on se dit que les femmes ne vont pas cultiver. Or, dans certaines régions du Niger, la femme cultive la terre. Dans d’autres régions d’ailleurs, pendant la saison des pluies, les hommes sont absents, ils sont en exode et ce sont les femmes qui se débrouillent pour cultiver la terre afin de nourrir toute la famille. Dans ce cadre, il y a des lois que nous femmes, devrons tout faire pour les faire voter afin que les femmes puissent avoir accès à la terre. Les organisations féminines doivent vraiment voir de ce côté. Par rapport au crédit bancaire, au début, le premier problème était lié aux actes d’état civil comme les actes de naissance, les cartes d’identité nationale que certaines femmes rurales n’ont pas. Aujourd’hui, avec les groupements féminins, les ONGs et les associations, les femmes s’organisent pour résoudre ce problème. Mais il se pose encore le problème de caution. Et les crédits qu’on donne aux femmes, ne sont pas assez suffisants, c’est minime. Par exemple, on donne à la femme un crédit de trente mille (30.000) FCFA. Son enfant tombe malade. Qu’est-ce qu’elle va faire ? Est-ce qu’elle va faire une activité génératrice de revenus ou bien, elle va soigner son enfant ? Donc, il faut que les mutuelles et autres revoient l’assiette des crédits alloués aux femmes. Avec la cherté de la vie, même les matières premières coûtent chères. Ainsi le sac de farine de blé est à 55.000FCFA. Face à tout cela, nous sommes en train de voir comment aider les femmes, les sensibiliser pour avoir leurs actes d’état civil. Et il y a beaucoup de paramètres qui entourent ces deux activités.
Vous voulez dire que cette situation préoccupe beaucoup les représentantes des femmes à l’Assemblée?
C’est une véritable préoccupation pour nous femmes leaders. Parce qu’avant d’être députée, nous étions d’abord une femme leader. C’est vraiment une grande préoccupation pour nous et je pense qu’au niveau des villes, des communes, la situation est en traind’évoluer.
Relativement à la terre, à l’allocation de ressources pour exercer des activités, les femmes sont traitées autrement. Quand est-il au niveau de la représentation nationale. Est-ce que les femmes parlementaires ont les mêmes possibilités que les hommes ?
Si vous prenez le bureau de l’Assemblée nationale, aujourd’hui, il y a six vice-présidents dont aucune femme parmi eux. Seulement une femme est présidente d’une commission. Au niveau de chaque parti politique ou regroupement de partis politiques, vous n’avez également aucune femme comme présidente de groupe parlementaire. Les femmes sont dans les réseaux alors que le réseau n’est pas financé par l’Assemblée nationale. Les réseaux sont comme des Ongs, c’est des associations où les femmes qui sont présidentes doivent se battre pour monter des dossiers afin d’avoir des financements. Deuxième chose, le quota n’est pas respecté s’agissant des missions. C’est pourquoi, je pense qu’on doit changer de comportement, on doit s’imposer, les hommes ne nous donnent jamais une chose. Ils ne nous donnent jamais facilement les choses sur un plateau d’or. Il faut qu’on se batte, il faut qu’on montre que nous existons, il faut qu’on se dise que nous aussi nous avons droit. Le président de l’Assemblée fait certes beaucoup, mais il nous revient aussi de faire le combat.
Mais est-ce qu’une femme a la possibilité de proposer par exemple une loi, d’interpeller tel ou tel ministre comme les hommes députés ?
Oui, toutes les femmes ont le droit de faire des propositions de lois. Je crois qu’il y a des femmes qui ont même essayé. Les femmes peuvent faire tout ce qu’un homme député peut faire.
Quelles sont alors concrètement les difficultés que les femmes parlementaires rencontrent à l’hémicycle ?
La véritable difficulté des femmes à la représentation nationale est le manque de synergie d’actions. Tant que nous ne parlons pas le même langage, tant que nous ne regardons pas dans la même direction, nous allons toujours être confrontées à des problèmes. Plus précisément, il faut que le problème d’une femme soit celui de toutes les femmes. Nous devons aussi être très vigilantes. Avoir la cohésion, la synergie d’actions et nous devons être solidaires si nous voulons que tout avance, pas seulement au niveau de l’Assemblée, mais au niveau surtout de toute la lutte féminine.
Dans le domaine politique surtout, il semble que les femmes ont quelques soucis pour évoluer ?
Nous avons des problèmes qui, à mon sens, partent déjà des QG des partis politiques. Même le respect des quotas part de là-bas. Des fois tant que la femme n’a pas de parrain politique, elle ne peut pas évoluer. Je pense que la femme doit d’abord savoir qui elle est, pourquoi, elle fait la politique et avoir des objectifs bien clairs. Nous avons des problèmes au niveau des partis politiques où, il y a des décisions qui se prennent à 2H, 3 H du matin. Et en ce moment, les femmes ne sont pas là. En plus, rares sont les partis politiques où, vous allez voir une femme vice-présidente. Elles sont toujours reléguées au poste de présidente des femmes du parti, des postes créés uniquement pour la femme. Pourtant une femme peut diriger un parti politique. Pourquoi ne pas donner aux femmes des postes de responsabilité depuis le niveau des partis politiques ? Donc là aussi, il faut s’imposer. S’ils sont là jusqu’à 3 H du matin, puis que c’est un choix que nous avons fait, restons jusqu’à 5 H du matin pour que les décisions soient prises devant nous. Aussi, le parrainage politique freine beaucoup la femme. C’est-à-dire être dans le parti parce que le grand frère, le père, la famille a fait le parti. Il faut que les femmes commencent à regarder les programmes des partis politiques. Quel est le candidat qui a un programme en bonne et due forme pour la femme et l’enfant ? Tant que les femmes ne se mettent pas au niveau des prises de décisions, ça va être difficile, très, très difficile pour nous. Le combat est là, les femmes le font tous les jours, on évolue tous les jours. Par exemple à l’Assemblée, nous voudrons venir à la parité. Pour moi en tout cas, il nous faut la parité au Niger. Je suis contre le quota, mais sans le quota, il n’y aura pas de femme à l’Assemblée nationale parce que pour les hommes, à un certain âge, les femmes ne doivent pas faire de la politique. Alors qu’on sait que même pour garder une famille, il faut faire une politique, pour garder le mari, il faut aussi faire une politique.
En somme Madame la députée, on parle de progrès dans la situation sociale, économique et politique de la femme au Niger, mais apparemment, il reste beaucoup à faire ?
Il reste beaucoup à faire. Aujourd’hui au Niger, il n’ya pas une étude qui parle de l’apport de la femme dans l’économie du Niger. Pourtant nous avons des femmes qui font des affaires, qui investissent des millions et des millions dans le business.
Mais à qui la faute, quand on sait qu’au Niger, il y a beaucoup de femmes qui travaillent dans les ONGs, groupements et associations pour l’autonomisation des femmes ?
Bien sûr, comme vous l’avez dit, beaucoup de femmes travaillent et s’organisent pour l’autonomisation de la femme au Niger et c‘est vraiment à saluer ce qui se passe aujourd’hui dans ce domaine dans notre pays. Il reste seulement à rendre public cet apport combien important de la femme dans l’économie du Niger. Et je pense que ça va encore aller plus avec les autres actions parallèles menées en matière de scolarisation de la jeune fille, de création d’associations et autres structures des femmes et la détermination des femmes à faire toujours plus.
Justement avez-vous un message particulier à adresser aux femmes du Niger ?
Le message particulier que j’ai à adresser aux femmes, je répète, c’est la synergie d’actions. Sans une synergie,d’actions, nous ne pouvons pas atteindre les objectifs que nous nous sommes fixées pour le bien-être social, économique et politique de la femme au Niger. Les femmes leaders travaillent dans cet esprit et il est important que nous œuvrions ensemble dans l’atteinte de ces objectifs pour le bien de toute la nation nigérienne. Quand une femme a un problème, les autres doivent se mobiliser pour l’aider. Aujourd’hui, nous avons des femmes qui sont en prison, des filles mineures qui sont en prison, que devrons nous faire pour que cela ne se répète pas. Et tout ce travail incombe aux femmes leaders, aux femmes politiques, aux femmes ministres, aux femmes parlementaires, aux femmes ambassadrices. Déjà, nous avons créé le réseau des femmes ministres et ambassadeurs africaines et je pense que ce réseau peut faire beaucoup de choses.
Par Fatouma Idé(onep)
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En marge de l’atelier de vulgarisation de la loi n° 2019-33 portant Répression de la cybercriminalité au Niger organisé par le Conseil Supérieur de la Communication (CSC) à Diffa, nous avons rencontré Dr Kabir Sani, Président de l’Institution pour échanger sur les axes essentiels de ladite mission.
Quelle importance vous accordez à cette mission à la veille de la fin de votre mandat ?
Votre question est pertinente car elle englobe de manière générale l’axe central du thème de cette vulgarisation. En effet, la protection des plateformes numériques est devenue très fragile du fait des attaques incessantes des cybercriminels. Ces attaques constituent un frein énorme pour l’économie numérique des pays et pour l’économie de manière générale. Aussi, l’autre préoccupation que nous partageons avec les participants à cette rencontre en particulier les journalistes, c’est l’importance de la carte de presse du Journaliste Professionnel qui est le moyen le plus adapté pour faciliter aux journalistes l’accès à l’information. La carte est en effet peu connue ou peu utilisée par les professionnels des média. Son importance est aussi mal connue par les Administrations et les FDS.
Monsieur le Président, pouvez-vous décliner l’objectif de cette mission qui sillonnera toutes les régions ?
L’objectif principal de cette mission est donc de vulgariser la loi portant répression de la Cybercriminalité, ses textes modificatifs subséquents et la carte de presse du Journaliste professionnel. Il s’agira de faire connaitre la loi portant répression de la Cybercriminalité et ses textes modificatifs subséquents; de rationaliser l’utilisation des réseaux sociaux et des blogs; de réduire les plaintes contre les activistes des réseaux sociaux et des Bloggeurs; de faire connaitre l’utilité et les avantages de la carte de presse; de faciliter l’accès à l’Information aux journalistes ; et d’inciter les journalistes à se procurer la carte de presse.
Monsieur le président, quelle a été votre perception de l’intérêt qu’ont accordé les différents acteurs sur les thématiques que vous avez tantôt évoquées ?
Je voudrais souligner que malgré l’adoption par le Parlement en Juin 2019 de la Loi n°2019-33 portant répression de la Cybercriminalité au Niger, celle-ci est restée méconnue du grand public. Aussi, au Niger comme partout ailleurs dans le monde, la régulation des réseaux sociaux demeure un défi énorme face auquel les Etats poursuivent des réflexions en vue de l’encadrement de la liberté d’expression sur ce support. Je voudrais aussi dire que j’ai hautement apprécié la présence effective des acteurs clés de cette question à savoir les journalistes, les représentants des Organisations de la Société Civile, des ONG et des administrations civiles et militaires. Enfin, je voudrais rendre un hommage appuyé à l’ensemble des autorités régionales particulièrement au Gouverneur pour la qualité de l’accueil chaleureux et l’hospitalité légendaire dont nous avons fait l’objet tout au long de notre séjour.
Propos recueillis par Mato Adamou ONEP Diffa
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Le développement du capital humain, l’amélioration de l’accès aux services sociaux de base, la promotion de la bonne gouvernance et la transformation de l’économie locale sont les grandes lignes retenues par le Conseil Régional de Tillabéri pour répondre aux aspirations des populations. Dans cette interview, le président du Conseil Régional de Tillabéri, M. Oumarou Issoufou aborde plusieurs questions relativement à la vie de la région notamment les potentialités et les opportunités économiques, les défis actuels, les perspectives, etc.
M. le Président, quelles sont les grandes lignes du programme retenu par le Conseil Régional pour insuffler une dynamique de développement économique, social et culturel au niveau de votre région ?
Merci à l’ONEP pour cette opportunité ! Parler des grandes lignes du programme de développement de notre conseil m’amène effectivement à préciser que nous avons adopté notre plan de développement régional le 29 décembre passé. L’élaboration de ce document nous a permis de dégager des pistes devant aboutir à un mieux-être de nos populations. Ces pistes sont matérialisées en axe de développement. Avant l’élaboration de ce document, nous avons procédé d’abord à un diagnostic. Et il s’est avéré que ce diagnostic a relevé certaines difficultés et faiblesses notamment en matière d’accès aux services sociaux de base. Nous avons relevé assez de problèmes. Et l’analyse de ces problèmes et les réflexions qui ont été menées dans le sens de trouver des solutions, nous ont conduits à dégager quatre axes de développement que nous pouvons considérer comme des pistes allant dans le sens d’assurer ou d’insuffler une dynamique de développement durable à la région. Le premier axe est relatif au développement du capital humain. Le capital humain en réalité englobe le développement des infrastructures sociales dans les domaines de l’éducation, l’assainissement, la santé, l’hydraulique, etc. Comment améliorer l’accès de nos populations à ces différentes offres de services. Le deuxième axe, c’est la promotion de la bonne gouvernance. Pour que tous ces problèmes réunis en différents domaines puissent être résolus, il faut que nous pensions à améliorer la gouvernance. Le troisième axe porte sur la promotion de la paix et la cohésion sociale. Comme vous le savez notre région connaît depuis quelques temps une crise sécuritaire, Dieu merci aujourd’hui, on peut noter une amélioration de la situation. Mais nous nous sommes dits que le défi est là. Il faut que nous y pensions. Cet aspect sécuritaire est une spécificité de notre région que nous vivons. Et enfin le 4ème axe concerne la transformation de l’économie de la région. Comme je le disais tantôt nous avons relevé une mauvaise performance du secteur économique et nous avons pu identifier des actions allant dans le sens de dynamiser ces différents secteurs.
Quelles sont les potentialités et les opportunités économiques sur lesquelles vous comptez vous appuyer, au niveau du Conseil Régional, pour relever le pari de la relance de l’activité socio-économique dans la Région ?
Nous sommes en train de nous mobiliser pour effectivement contribuer à un retour de la paix dans notre région. La première condition pour rélancer les activités économiques, c’est l’amélioration de la situation sécuritaire dans notre région. Et nous nous y attelons avec les principaux acteurs, les autorités compétentes pour que la paix revienne. Cela dit, les principales potentialités sur lesquelles nous allons nous appuyer sont : les ressources naturelles, le capital humain pour travailler ces ressources, notre zone pastorale, etc. Nous allons faire de l’irrigation un levier de développement afin de favoriser ou accroître les revenus de nos populations. Le secteur de l’élevage constitue une de nos opportunités sur lesquelles nous voulons bien nous appuyer pour amorcer le développement de la région.
Quels sont les défis et les contraintes majeurs qui contrarient les actions de développement au sein de la région ?
Ce qui contrarie les actions de développement de notre région, c’est d’abord l’insécurité. Comme je le disais tantôt, aujourd’hui nous avons des marchés qui sont fermés, la mobilité est entravée. L’insécurité a porté un coup aux échanges commerciaux. Vous savez, aujourd’hui dans certaines zones il y a un vol d’animaux qui est devenu récurrent. Ce qui fait que le secteur de l’élevage a pris un coup. Il y a aussi certaines difficultés telles que le problème de la main-d’œuvre pour accompagner les politiques de développement notamment la main-d’œuvre qualifiée. Nous avons beaucoup de jeunes mais malheureusement qui ne sont pas qualifiés. Il va falloir que nous mettions l’accent sur la formation des jeunes, surtout la formation professionnelle. Il y a aussi un autre handicap, qui est l’insuffisance de la participation de la diaspora dans les activités économiques au niveau de la région. La diaspora ne participe pas dans le processus de développement de la région comme nous l’aurions souhaité. Et là, nous allons initier des actions et des activités allant dans le sens de mobiliser cette diaspora afin qu’il y ait un flux de capitaux pour essayer de dynamiser davantage les activités économiques.
Quels sont les principaux partenaires techniques et financiers qui viennent en appui aux actions de développement de la région, et quelles sont les initiatives prises pour mobiliser les investisseurs ?
Par rapport aux partenaires, Dieu merci nous en avons plusieurs, notamment des projets et programmes qui nous accompagnent tels que le Projet Communautaire de Relèvement et Stabilisation au Sahel PCRSS, le Projet d’Appui aux Réfugiés et Communauté d’Accueil, la Coopération Allemande. Nous avons le PICCT qui nous a dotés de ce siège. Je profite de l’occasion pour saluer cette coopération féconde entre la coopération allemande et le Conseil Régional de Tillabéri. Nous avons également la coopération française à travers l’AFD qui est un partenaire privilégié de la région. Mais nous avons pratiquement tous ceux qui viennent dans la région de Tillabéri parce que nous capitalisons les interventions de tout le monde conforment à notre vocation qui consiste à favoriser le développement socio économique culturel de la région.
Monsieur le Président, parlons de la décentralisation qui est considérée comme une alternative crédible au rapprochement de l’administration des administrés ainsi que pour le transfert de la gestion par les populations de leurs propres affaires. Quelle est votre appréciation sur le niveau actuel du processus de la décentralisation au Niger ?
Mon jugement ou mon appréciation sur le niveau actuel du processus de la décentralisation, je dirais que c’est un processus qui suit son cours. Il y a eu quand même des acquis notamment : la mise en place des différents conseils élus, l’alternance au niveau de différentes circonscriptions décentralisées, la mise en vigueur des dispositions juridiques régissant le processus de décentralisation à savoir les différentes lois, les décrets, etc. y compris le code général de la décentralisation. Ce sont des acquis indéniables ! Un autre acquis important qu’il faut souligner, c’est le transfert de certaines compétences aux communes et aux régions notamment dans le domaine de l’hydraulique, la santé l’environnement, l’éducation etc.
Quels sont les perspectives de développement que porte le Conseil Régional au profit de la population ?
Les perspectives je les ai déjà énoncées plus haut à travers les quatre axes du plan de développement régional. Maintenant tout ça est conditionné par le retour de la paix et la stabilité. Nous prions Dieu pour que la paix revienne dans la région de Tillabéri. Si les conditions les permettent nous avons des belles perspectives, notamment dans le domaine minier. Vous savez, il y a plusieurs permis miniers qui ont été octroyés au niveau de la région de Tillabéri. Notre région devrait même avoir une autre mine industrielle d’exploitation d’or avec le Turcs, mais malheureusement l’insécurité n’a pas permis le démarrage de cette exploitation. Nous avons le Barrage de Kandadji, un programme assez structurant, etc. à travers lequel beaucoup de nos villages et villes seront électrifiés, des aménagements hydro-agricoles et un sentier pour les hippopotames seront construits. Avec ce Barrage, nous aurons une stabilité du débit du fleuve Niger. C’est vraiment tout un écosystème nouveau qui va être créé au niveau de la région de Tillabéri. Nous avons également comme perspective, la création des zones économiques régionales dans le cadre du PDES et le développement de l’irrigation. Nous avons déjà des projets dans ce sens qui sont prêts à accompagner les populations. Il y a plusieurs autres projets pour redynamiser et moderniser le secteur de l’élevage. L’un dans l’autre, nous restons optimistes et nous pensons qu’avec le retour de la paix, il y aura un changement qui va améliorer les conditions de vie des populations.
Je voudrais rassurer la population de Tillabéri, qu’elle a élue des femmes et des hommes dévoués au développement de cette région. Ainsi, j’appelle la population à apporter sa contribution à aider l’État, les collectivités à travers l’information, et à ne pas se laisser abattre par cette situation qui sera un jour derrière nous. Et enfin j’appelle la population à rester debout pour tirer le meilleur profit des différentes interventions des projets et programmes qui sont en cours dans la région. Dieu merci il y a assez de projets qui interviennent et beaucoup s’annoncent. Maintenant il revient aux populations de se tenir prêtes pour pouvoir profiter et exploiter ces opportunités afin d’amorcer le développement durable de notre région et favoriser le changement pour une amélioration de leurs conditions de vie.
Par Abdoul-Aziz Ibrahim, ONEP Tillabéri
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Le Conseil Régional de Tahoua, est constitué à l’issue des dernières élections locales de décembre 2020, de 41 Conseillers élus, parmi lesquels on compte 11 femmes, dont la 2ème Vice-Présidente, contre 6 femmes en 2011. Parmi les 39 Conseillers membres de droit, 8 sont des chefs traditionnels et 31 des députés nationaux. Le Conseil Régional de Tahoua compte 6 commissions spécialisées qui jouent le rôle du personnel technique. Ces commissions siègent sous demande du Président du Conseil relativement à une ou des thématiques qui relèvent des compétences de chacune. Dans cet entretien avec Sahel Dimanche, le président du Conseil Régional de Tahoua explique les défis de son institution dans un contexte où le transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux collectivités territoriales n’est pas encore effectif.
Le processus de décentralisation est en marche au Niger, et monsieur le président, vous êtes à la tête du Conseil Régional de Tahoua depuis le 8 mai 2021. Que peut-on retenir de vos actions à ce jour dans le cadre de votre mission ?
Il est très tôt pour parler de bilan en moins de deux (02) ans, surtout pour une institution qui a un manque criard des ressources (humaine et financière). Mais, je peux souligner un certain nombre d’actions qui ont été entreprises en parfaite collaboration avec les partenaires techniques et financiers, notamment : la construction du siège du conseil régional ainsi que le mur de clôture ; la construction de la salle de conseil d’une capacité de 250 places ; l’équipement des bureaux (mobiliers, informatiques) ; la poursuite de l’élaboration du schéma d’aménagement foncier (SAF) ; l’évaluation de l’ancien PDR 2016-2020 et la re-planification du Plan de Développement Régional (PDR 2022-2026) avec arrimage au PDES 2022-2026 ; la confection de 3 425 tables bancs au profit des établissements secondaires en cours ; et le processus de construction et équipement de 23 salles de classe en cours.
Le contexte socio-économique du pays en général et de la région de Tahoua en particulier est caractérisé par entre autres, l’insécurité, la migration. Quels sont les principaux défis du Conseil Régional, à l’ère où le transfert de certaines compétences, les ressources avec, par l’Etat, n’est pas effectif ?
Les défis sont vraiment énormes. Mais nous pouvons vous citer les plus décisifs. Il est d’abord important de rendre effectif le transfert des compétences et des ressources. Nous sommes tenus ensuite de mobiliser les partenaires à travers des projets intégrés banquables, et de disposer d’un mécanisme de coordination des actions de développement de la région. C’est ainsi que nous pourrions valoriser et exploiter les potentialités de la région, saisir les différentes opportunités les plus pertinentes pour le bien-être des populations et le développement. L’autre préoccupation, c’est bien entendu, celle de maîtriser les données sur la migration et les fonds transférés par la diaspora ; cartographier et organiser la diaspora de la région ; orienter ses investissements vers les secteurs productifs, maîtriser et valoriser les compétences des migrants de retour, des arrivées et de transit avec séjour.
A l’interne, nous avons davantage besoin d’un personnel qualifié et d’un parc auto plus conséquent ; car l’insuffisance des moyens constitue un handicap majeur pour l’institution dans la conduite de ses activités. Il est important de noter qu’en plus de l’insuffisance du personnel et de la logistique, il y a la nécessité de renforcer les capacités du personnel existant sur plusieurs thématiques, telles que la gestion administrative, le montage et gestion des projets, le plaidoyer/lobbying, le suivi-évaluation, la gestion des archives, la comptabilité matière etc.
Le Conseil régional de Tahoua a adopté, en fin de l’année 2022 son budget au titre de l’année 2023. Quelles sont vos priorités en matière d’investissements ?
Nos priorités restent et demeurent dans les domaines sociaux à savoir l’Education, la santé, l’hydraulique afin d’apporter notre contribution à la réalisation du programme de renaissance Acte3 du Président de la République, SE Mohamed Bazoum. Chacun de ces domaines cités ci haut connaitra une amélioration significative parce que des prévisions budgétaires ont été faites pour conduire des actions concrètes.
Dans le domaine de l’Education, il sera procédé à la création/transformation des établissements scolaires, la construction/réhabilitation des infrastructures ainsi que la confection/réhabilitation des tables bancs au niveau des établissements secondaires de la région.
Dans le domaine de la Santé, nous allons travailler ensemble avec les acteurs du domaine à rendre plus efficaces les centres de santé régionaux (CHR, CSME, CRTS) à travers le renforcement de leurs capacités.
Concernant l’hydraulique, le défi est de continuer à assurer la fourniture régulière de l’eau aux populations et au cheptel en gardant les stations de pompage pastorales toujours fonctionnelles surtout dans le contexte sécuritaire actuel.
Quelles sont les contraintes qui entravent la bonne marche d’une institution comme le Conseil Régional ?
De même que les défis, les contraintes auxquelles la région fait face sont aussi nombreuses. Nous relevons celles-ci entre autres : les faibles capacités financières et logistiques de la région ; l’insuffisance de la région en personnel qualifié ; la faiblesse dans la coordination des actions de développement dans la région ; les difficultés d’accès aux données de certains partenaires et services techniques déconcentrés ; le manque de coordination des interventions de la diaspora de la région ; les difficultés à assurer le fonctionnement des cadres de concertation régionaux qui peuvent servir de déclic pour impulser la dynamique du développement de la région.
Outre vos propres investissements pour le développement de la région, le Conseil Régional de Tahoua est souvent acteur dans la mise en œuvre de certains projets soutenus par des partenaires au développement. Pouvez-vous nous parler de ces projets ainsi que de votre rôle dans ce partenariat ?
Exactement ! La bonne collaboration qui caractérise nos relations avec nos partenaires a fait que plusieurs projets ont vu le jour. C’est le cas du Projet de renforcement des capacités d’accueil et de séjour au CHR de Tahoua. Un projet initié par le Conseil Régional avec l’appui financier du Programme d’Investissement et de Capacitation des Collectivités Territoriales (PICCT). Il y’a aussi le Projet d’installation de systèmes d’exhaure hybrides autour de 14 stations de pompage pastorales de la région. Le projet va contribuer à réduire les taux de pannes des groupes électrogènes et augmentera le temps d’approvisionnement en eau. Il est mis en œuvre avec la collaboration de l’Association Internationale des Régions Francophones (AIRF). Nous avons aussi le Programme Agroalimentaire pour la Résilience Intégrée et le Développement Economique du Sahel (Pro-ARIDES) mis en œuvre avec le lead de la SNV.
Que pensez-vous particulièrement du processus de décentralisation ?
Nous voulons terminer par votre commentaire du début de l’entretien où vous disiez que le processus de décentralisation est incontestablement en marche au Niger et que les Conseils Régionaux sont aujourd’hui des maillons essentiels dans l’appropriation par les populations de leur propre développement. C’est bien cela. Mais dans cette marche, nous rencontrons énormément de difficultés telles que la non effectivité du transfert de compétences malgré l’existence des décrets n°2016-075 et 076 portant transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux collectivités territoriales. Cet état de fait a entrainé un sérieux problème de ressources financières au niveau des collectivités territoriales en général et des conseils régionaux en particulier. Pour y faire face, l’Etat doit accorder la dotation globale de fonctionnement et d’équipement aux régions ; ce qui rendrait les Collectivités Territoriales plus visibles sur le terrain et aptes à répondre aux aspirations des communautés à la base.
Par Ismaël Chékaré, ONEP-Tahoua
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Monsieur le Directeur général, il y a eu récemment le lancement d’une campagne concernant le déploiement du système de paiement électronique au Niger ; en quoi consiste cette initiative ?
Permettez-moi d’abord de présenter i-FUTUR qui est une fintech, une société intervenant dans les technologies financières. Dans ce cadre on travaille avec les banques, les sociétés de micro finance, les opérateurs de mobile money, les sociétés de transfert d’argent. Nous travaillons donc avec l’ensemble de cet écosystème-là, avec aussi l’ensemble des différentes technologies qu’on utilise, le développement d’applications web, l’intelligence artificielle, tout ce qui permet de fournir des services à valeur ajoutée autour de la finance. C’est un peu ça notre positionnement au Niger.
Comme vous l’avez constaté il y a de cela quelques semaines, on avait lancé une campagne de promotion qui vise à multiplier les points marchands où il est possible de payer électroniquement, parce que ces points manquent au Niger. En effet, souvent même si les boutiques, les pharmacies, veulent encaisser électroniquement, ils n’ont pas le dispositif. Cette campagne vise essentiellement à s’adresser à ces acteurs-là qui sont les petits commerces, les gérants des pharmacies et partout où il y a des achats. Cela va leur permettre d’accepter le cash, mais aussi de donner à la population la possibilité de payer électroniquement. Payer électroniquement, c’est payer à partir de son téléphone portable avec un compte Airtel money, Zamany money, moov, ou les cartes bancaires. Cela pour régler par exemple une facture, étant au Niger ou en déplacement à partir d’un lien de paiement en ligne (web) ou en mode hors connexion par USSD #789#. C’est cette valeur ajoutée que nous apportons aujourd’hui à l’écosystème. Ça peut être donc juste à travers des terminaux de paiement que nous avons et que nous mettons à la disposition des marchands, ou des dispositifs avec un code à scanner grâce à un téléphone et ainsi payer pour que le fournisseur de service ou bien encaisse directement.
Est ce que la population nigérienne est assez informée sur les procédures et les avantages du système de paiement électronique pour qu’elle puisse adhérer à cette démarche ?
Il faut dire qu’avant cette campagne, on a beaucoup de clients pour lesquels nous avons mis en place ces dispositifs de paiements. Parmi ces clients on a des institutions étatiques qui habituellement encaissaient, comme par exemple le service de l’organisation des examens du Bac, du BTS, et il fallait se déplacer pour payer certains frais prendre, le reçu physique à joindre au dossier. Il y a des candidats partout au Niger qui doivent faire cette formalité ou la faire par l’intermédiaire de quelqu’un. Pour ces institutions on a eu à digitaliser le processus et tous les paiements se font aujourd’hui à travers ces canaux-là. Les étudiants, les proviseurs d’écoles s’arrangent à disposer de l’argent sur un compte mobile money ou leur carte bancaire, ou dans une agence de transfert d’argent Al Izza, Nita pour faire le paiement dans la facilité. Les candidats n’ont plus besoin de se déplacer dans un centre à Niamey ou dans les centres régionaux, car les services sont digitalisés et les usagers utilisent le système de paiement à partir des contrées les plus lointaines.
Maintenant nous sommes en train d’aller vers d’autres étapes notamment au niveau des grandes surfaces où il y a beaucoup de transactions. Nous sommes actuellement sur ces aspects avec l’ensemble de ces marchands, comme on les appelle. Nous sommes sur de grandes campagnes de communication avec par exemple l’ONEP qui nous appuie ; nous avons également United Nations Capital Development Fund (UNCDF), une agence des Nations Unies qui nous accompagne pour la vulgarisation de ce que nous faisons.
Aussi, l’Etat à mis en place des dispositifs pour créer les conditions favorables d’une inclusion financière, pour que ça puisse toucher les populations rurales. C’est vrai que le citoyen lambda est habitué au cash, le nigérien tient beaucoup au cash et il faut une grande campagne de communication, de sensibilisation pour que les populations acceptent de changer, d’adopter le porte-monnaie électronique. Ça vient petit à petit, car des gens ont commencé à stocker l’argent sur des portemonnaies électroniques. Ça vient petit à petit, avec les opérateurs de transfert d’argent. Au lieu que ça soit du cash to cash, aujourd’hui on parle de dépôt, c’est-à-dire on encaisse l’argent sur son portemonnaie électronique pour le dépenser à sa guise. C’est vers ça qu’on veut faire converger les nigériens. Beaucoup d’opérateurs sont
entrain de converger vers ça, il s’agit de réduire au maximum le réseau cash to cash. L’Etat, les opérateurs privés, les Fintechs comme la nôtre, essaient d’apporter leur contribution pour que les nigériens commencent à adopter la monnaie électronique.
Vous avez dit il y a un instant que les nigériens tiennent beaucoup au cash, c’est peut être, entre autres raisons, ce qui explique le faible taux de bancarisation au Niger ; alors, avec cette situation comment, comptez promouvoir l’inclusion financière qui constitue le principal objectif visé à travers le système de paiement électronique ?
En ce qui concerne l’inclusion financière au Niger, les dernières statistiques de la BCEAO de 2020, montrent que nous avons un taux d’inclusion financière de 15,61%. C’est le taux le plus faible de la sous-région. Et si on rentre dans les détails pour voir les comptes actifs, ça va revenir encore à des chiffres plus faibles. Et c’est partant de ce constat que nous avons été amenés à repenser le modèle. Cela, parce qu’en plus de ce faible taux d’inclusion financière on a constaté également que la majorité de la population est en zone
rurale. Il faut donc adapter ce qu’on fait si réellement on veut faire rehausser ce taux-là. Dans ce sens nous avons eu à développer d’autres programmes avec ce qu’on appelle TerraFinance qui vise à faire l’inclusion financière en milieu rural à travers les groupements et les coopératives agricoles, parce que c’est plus facile d’adresser ces populations. Ces femmes qui sont souvent transformatrices appartiennent à des réseaux, elles sont de faibles capacités financières et suite à des études sur le terrain nous avons décidé de développer ce programme visant à amener ces groupements à accepter la digitalisation en leur mettant en place un système qui va leur permettre
d’enregistrer leur épargne et de l’orienter vers des institutions de micro finance qui couvrent leurs zones. Et, nous les FinTechs, c’est là souvent notre zone d’intervention, là où les banques et les institutions de micro finance ne peuvent pas fournir leur service, on vient en support pour mettre en place une technologie qui va faciliter la vie. Cela, que ce soit pour les citoyens ou les institutions bancaires. Ça permet à ces personnes vivant en zones rurales de sécuriser leur épargne, et on sait que pour avoir du crédit, pour augmenter ses capacités financières il faut qu’on constate l’épargne. C’est dans ce cadre que nous avons développé TerraFinance que nous sommes en train d’expérimenter avec les institutions de micro finance dans les zones de Doutchi et Maradi. Voici un peu comment nous sommes en train d’attaquer l’inclusion financière au Niger.
Le paiement électronique nécessite un minimum de moyens et conditions technologiques ; est-ce que la situation est favorable au Niger pour le déploiement de ce système ?
Ce qu’il faut retenir concernant l’environnement, puisque c’est de cela qu’il s’agit, déjà au niveau de la sous-région le ton est donné. Le système de paiement électronique a pris le devant. Au Niger aussi l’Etat fait des efforts ; il y a le secrétariat national de la finance inclusive que l’Etat a mis en place pour rendre l’environnement favorable à l’inclusion financière ; il y a le projet village intelligent qui œuvre également dans ce sens-là pour booster la connectivité en zone rurale et l’inclusion financière. Nous aussi, en tant que jeune entreprise, startup, nous sommes en train de jouer notre partition. J’ai parlé aussi des opérateurs de transfert d’argent qui se déploient pour créer les conditions favorables pour que la monnaie électronique soit acceptée. Chacun est en train d’apporter sa petite contribution et on pense qu’il y aura un boom à partir de 2023 parce que tous les acteurs s’accordent qu’on doit faire de la transformation digitale ; ce qui implique d’impacter aussi tous les systèmes de paiement. Pour les services publics, il faut le faire, parce que l’Etat perd énormément d’argent dans le réseau de collecte. Il y a des institutions avec lesquelles on a travaillé qui ont à peine 20% ; et quand on a digitalisé le service aucun franc ne se perd car vous ne pouvez pas faire les formalités sans associer ce mode de paiement-là qui part directement au trésor.
Comment envisagez-vous les perspectives concernant le déploiement du système de paiement électronique au Niger ?
Au sein d’i-FUTUR, nous travaillons pour lancer plusieurs activités de levée de fonds. Le marché est prêt, mais il nous faut plus de capacité pour avoir plus de ressources humaines, parce que c’est un travail intellectuel ; il faut avoir plus d’investisseurs qui vont financer ces activités parce qu’il s’agit souvent d’aller en zones rurales pour faire de l’éducation financière, créer des plates-formes qui vont faciliter la vie aux populations ; il faut aussi acquérir des terminaux. Tout cela demande des investissements…
Par Souley Moutari(onep)
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L’avancée de la désertification conjuguée au phénomène du changement climatique accentue la vulnérabilité de notre pays, notamment par rapport aux terres productives. Quelle est l’ampleur de ces deux facteurs sur la base productive, qu’est la terre ?
La Désertification est un processus de dégradation des terres dans les régions arides, semi arides et subhumides sèches sous l’influence des variations climatiques et des activités humaines. Quant au changement climatique, il faut entendre tous les « changements qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de l’atmosphère mondiale et qui viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de périodes comparables ». Le Niger, pays sahélien couvre une superficie de 1 267 000 km2 dont les trois quarts sont désertiques. Le rapport d’OXFAM intitulé « La faim dans un monde qui se réchauffe», classe le Niger parmi les dix (10) pays les plus vulnérables au changement climatique. Ce dernier se manifeste au Niger par : l’augmentation de la fréquence et la durée des sécheresses, la hausse et l’irrégularité des températures, l’augmentation de la variabilité interannuelle des précipitations, le raccourcissement et l’instabilité de la saison des pluies, la fréquence et l’intensité des inondations et aussi les vents forts. S’agissant des actions anthropiques on peut citer les cultures répétées sur plusieurs années sans jachère ni amendement organique du sol, l’utilisation des techniques et technologies inadaptées aux sols fragiles, le défrichement abusif des terres forestières à des fins agricoles ou de satisfaction des besoins en bois, surpâturage, les feux de brousse . Ces phénomènes des changements climatiques et de désertification ont eu comme effets : une perte de près de 200 000 ha des terres par an, dont plus de 100 000 ha de terres arables ; une diminution des superficies des forêts qui sont passées de 14 millions ha en 1970 à moins de 5 millions ha aujourd’hui ; l’aggravation du phénomène d’ensablement dans certaines localités du pays : cas des départements de Mainé soroa et Goudoumaria où la superficie affectée par l’ensablement est passée de 70 ha en 1975 à 342 000 ha en 2005.
La restauration des terres s’impose à notre pays comme une alternative pour atténuer les effets néfastes de la désertification et du changement climatique ; quelle est la politique du gouvernement en la matière ?
Face à l’ampleur du phénomène de désertification dans un contexte de changement climatique d’énormes actions intégrées, cohérentes et participatives sont en train d’être menées par les autorités du Niger avec l’appui des partenaires techniques et financiers dans le sens de pouvoir inverser cette tendance de dégradation des terres. Parmi ces actions, on peut citer : la récupération des terres dégradées, la fixation des dunes, la protection de la régénération naturelle assistée (RNA), le reboisement, la lutte contre les feux de brousse etc. La politique de l’Etat en matière de restauration des terres se résume ainsi au plan politique, par l’organisation d’un débat national sur la lutte contre la désertification en mai 1984. Un ensemble de mesures d’actions concrètes ont été prises et compilées dans un document, une sorte de plan d’actions dénommé « l’Engagement de Maradi ». Cette importante rencontre a permis de définir de nouveaux axes stratégiques. Il ressort de ces axes stratégiques que l’implication de la population dans la gestion des ressources forestières et naturelles est une exigence. Au plan institutionnel, on peut retenir entre autres la création d’un Ministère de l’Hydraulique et de l’Environnement en 1982 ; la création d’un Ministère de l’Environnement et de la Lutte Contre la Désertification en l’an 2000, 2007 et 2021 ; la création d’un Ministère de l’Environnement et du Développement Durable en 2016 avec des démembrements à tous les échelons (région, département, Communes et grandes agglomérations rurales) etc. Sur le plan législatif et réglementaire, il faut souligner qu’au niveau national, plusieurs textes de loi en faveur de la lutte contre la désertification ont été adoptés. Au plan international, le Niger a adhéré à plusieurs conventions, traités et autres accords dans le cadre de la lutte contre la désertification : la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), la Convention des Nations Unies sur la Désertification (CNULCD), la Convention sur la Diversité Biologiques (CDB), la Convention de Ramsar sur les zones humides etc. Sur le plan technique, le Niger s’est engagé à récupérer 230 000 ha des terres agrosylvopastorales dégradées par an ; vulgariser les foyers améliorés, promouvoir l’utilisation des combustibles de substitution au bois, etc.) ; lutter contre les feux de brousses.
Après des décennies d’actions dans le domaine de la restauration des terres, quelles sont concrètent les réalisations faites sur le terrain ?
A titre illustratif de 2016 à 2022 les réalisations physiques en matière de gestion durable des terres enregistrées sont entre autres : pour la fixation des dunes, 37 989 ha réalisées ; 258 730 ha des terres récupérées ; 744 513 ha des terres sur lesquelles il a été pratiqué la régénération Naturelle Assistée (RNA) ; 56 698 ha obtenus dans le cadre de la lutte contre les plantes envahissantes terrestres ; la réalisation de 141 467 kml de bandes pare feux etc. En ce qui concerne les effets des investissements de 2016 à 2022, on note la création de 150 000 emplois temporaires ; la réduction de l’exode rural ; l’investissement financier avec près de 100 milliards FCFA injectés pour la réalisation de ces activés d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques ; l’amélioration de la qualité nutritionnelle des populations ; la reconstitution du couvert végétal ; la maitrise par les producteurs des techniques simples de protection de l’environnement et d’amélioration de la production agro-sylvo-pastorale résiliente face aux variations et changements climatiques.
Les expériences en matière de restauration des terres au Niger n’ont pas eu les mêmes impacts sur le terrain, qu’est-ce qui explique selon vous l’échec des autres qui pourraient influer sur les superficies des terres récupérées ?
Dans les années 1985 à 2000 l’Etat du Niger a élaboré et mis en œuvre divers projets, programmes et stratégies pour la restauration des terres afin d’inverser la tendance à la dégradation des ressources naturelles. Ces ambitieux projets et programmes de Conservation des eaux du Sol (CES) et Défense et Restauration des Sols (DRS) sont conçus sans aucun préalable d’ingénierie sociale. La mise en œuvre de ces projets et programmes a permis d’une part une mobilisation massive de la population et un investissement important en « food for work » mais avec une faible responsabilisation des communautés locales. Ces projets et programmes bien que jugés très coûteux, ont abouti à des résultats qui restent mitigés, car le constat à la dégradation de ces ressources persiste. Cette dernière se traduit dans les faits par la diminution des superficies agrosylvopastorales et la glacification des sols.
Quelles sont aujourd’hui les approches novatrices susceptibles de produire des résultats concluants par rapport à la restauration des terres ?
Face à cette situation, pour la pérennisation de ces réalisations beaucoup d’initiatives sont menées par l’Etat et les communautés locales avec l’appui des partenaires techniques et financiers, notamment les plantations dans les lieux publics sécurisés et une forte responsabilisation des communautés pour la gestion durable des ressources naturelles à travers l’adoption de certains textes législatifs et réglementaires dont entre autres : le décret du 30 juillet 2020 réglementant la pratique de la régénération naturelle assistée au Niger ; le décret du 16 mars 2018 déterminant les modalités d’application de la loi no2004-040 du 8 juin 2004 portant régime forestier au Niger.
Pour une meilleure vulgarisation et appropriation de ces outils de gestion, près de trois cent (300) cadres régionaux, départementaux et agents communaux (de l’Environnement, de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Commission Foncière) ont été formés. Ainsi pour la pérennisation des actions de Gestion Durable des Terres (GDT) et une meilleure responsabilisation des communautés locales plus de cent (100) Plans d’Aménagement et de gestion des Sites Restaurés (PAGSR) ont été élaborés avec l’appui financier du PASEC, PAM, ProDAF, UICN, RFP/GDT/FAO etc.
Par Hassane Daouda(onep)
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On constate dans certains endroits de Niamey des jeunes filles qui s’adonnent à la délinquance avec notamment la prostitution et la consommation des stupéfiants. Mme la Commissaire Principale, quels sont les indicateurs qui attestent de l’ampleur de ce phénomène de dépravation des mœurs ?
Les indicateurs du phénomène de la dépravation des mœurs sont entre autres : les cas de harcèlement sexuel, de détournement de mineur (suivi parfois de grossesse), d’attentat à la pudeur, de proxénétisme et d’incitation à la débauche, les cas de viols concernant surtout les mineurs ; les cas de fugue des jeunes filles, etc. Plusieurs autres situations désagréables sont gérées au niveau de la Division de la Protection des Mineurs et des Femmes de la DSP. Ainsi, les statistiques générées démontrent nettement l’existence de ce phénomène à tous les niveaux et l’ampleur que ça prend au sein de notre société ces dernières années.
A titre d’exemple, on peut citer, 524 agressions sexuelles, dont 304 cas de viols, enregistrées à l’échelle nationale au courant de l’année 2022.
Tous ces cas de délinquance juvénile, enregistrés par la Division de la Protection des Mineurs et des Femmes constituent des indicateurs alarmants tout d’abord pour nous institution étatique et acteurs de protection de la jeunesse et ensuite pour toute la communauté Nigérienne. Sur la période allant du 1er janvier au 29 septembre 2022, nous avons enregistré 857 cas des mineurs impliqués dans différentes infractions pénales dont 16 cas de tentatives de viol, 48 cas de viol sur mineures et 137 cas de détournements de mineures. Ces chiffres sont alarmants et constituent une menace à la protection des mineurs et des femmes au Niger.
Quelles sont, selon vous, les causes de la recrudescence de ce phénomène de dépravation des mœurs ?
Les causes de cette dépravation de nos mœurs sont multiples, nous pouvons citer entre autres, la démission de certains parents : il n’est un secret pour personne que de nos jours plusieurs parents ou familles ont démissionné de leurs responsabilités d’éducation de leurs enfants. Ce sont, ces enfants-là qui sont toujours pris par la police dans les affaires de vol, de consommation des stupéfiants, d’agressions etc. La majorité des enfants en conflit avec la loi ou victimes, après investigations, sont des enfants non accompagnés par leurs parents se trouvant très souvent dans la rue. Ces derniers sont issus soient de parents, divorcés, décédés ou pauvres, n’ayant pas les moyens suffisants de subsistance. Ainsi des témoignages, recueillis auprès de ces enfants, il ressort que leurs parents profitent aussi des fruits de ces actions illicites ce qui les encourage à persévérer dedans.
Il faut aussi dire que la non pénalisation de la prostitution au Niger est un facteur déterminant dans cette dépravation des mœurs. Dans les dispositions du Code Pénal du Niger, la prostitution n’est ni prévue ni condamnée. C’est plutôt le racolage, le proxénétisme, l’excitation à la débauche, l’outrage public à la pudeur et l’attentat à la pudeur qui sont prévus aux titres des atteintes aux mœurs.
Il y a aussi l’analphabétisme et la pauvreté de certains parents : A travers les cas de détournement de mineure et des violences conjugales gérés par notre service, nous avons constaté que beaucoup des parents ignorent les défis de la vie en milieu urbain. Il y a également des milieux familiaux qui sont violents et ne favorisent pas l’épanouissement de l’enfant. Ce qui pousse l’enfant à la fugue pour chercher son bien être ailleurs. Il y’a aussi des parents qui exposent la fortune aux enfants puisqu’ils sont des familles aisées et les laissent faire ce qui leur semble bon. Nous avons interpellé plusieurs parents sur ces faits. Ces enfants qui s’adonnent à des activités de vol et de recel sont très souvent âgés de 13 à 17 ans. Cette situation montre l’absence de suivi des enfants à l’école et à la maison. La DPMF se déplace souvent pour chercher les parents des enfants afin de les sensibiliser sur leurs obligations à éduquer et à protéger les enfants.
Quelles sont les mesures prises au niveau des services de la Police Nationale pour combattre ce fléau social ?
S’agissant des mesures il y’a des actions de prévention d’une part et des actions de répression d’autre part.
Pour les actions préventives, la Police Nationale à travers la DPMF/DSP anime et conduit toujours des sensibilisations sur la délinquance juvénile et autres phénomènes qui mettent à nue la protection des personnes vulnérables.
C’est à cause de ces phénomènes de délinquance tels que la consommation des stupéfiants, la prostitution des jeunes filles, les détournements des mineurs, l’exploitation et la traite des enfants, la pornographie infantile, la pédophilie, le viol sur mineurs, les agressions physiques, etc. que la Police Nationale a réalisé une vaste campagne de sensibilisation sur la délinquance juvénile en milieu scolaire et dans les groupes des jeunes de la ville de Niamey « FADA ».
Outre cette vaste campagne de sensibilisation, nous avons la participation de la division aux débats radio télévisés pour sensibiliser la population sur la protection de l’enfant et autres formes de violences faites aux femmes dans nos communautés. Nous occupons le terrain à titre dissuasif lorsque nous remarquons des groupements de jeunes à des lieux de loisirs ou d’épanouissement en vue de signaler notre présence qui les dissuadent très souvent à adopter des mauvais comportements.
Les mêmes activités sont réalisées à l’intérieur du pays par les brigades de protection des mineurs et des femmes. La division compte à ce jour 100 brigades dont 17 à Niamey.
En ce qui concerne les actions répressives, il s’agit de la poursuite pénale des auteurs, coauteurs et complices de la commission des infractions à la loi pénale. C’est là qu’intervient notre rôle en tant que service d’enquête.
Pour appréhender les auteurs et leurs complices, nous organisons sur le terrain des interpellations, des opérations de rafles et descentes de police dans les lieux ciblés ou réputés criminogènes afin d’interpeller le maximum des personnes se livrant aux actes de délinquance. Il faut noter en ce qui concerne les mineurs, la garde à vue est le dernier recours. A cet effet, si les parents ou les assistants sociaux sont accessibles nous privilégions la mise à disposition pour une protection de l’enfant.
Quelles sont les difficultés auxquelles vous faites face dans la lutte contre la dépravation des mœurs ou la prise en charge des mineurs qui sont dans la délinquance ?
La division de la protection des mineurs et des femmes fait face à certaines difficultés dans l’accomplissement de ses missions, ce qui n’est pas sans conséquence sur les résultats.
Il s’agit entre autres de l’absence d’une brigade d’intervention propre à la division pour les interpellations rapides et promptes, la conduite des suspects ou mis en cause, le déferrement, etc ; l’insuffisance d’effectif et du matériel roulant pour toutes les interventions de terrain sur toute l’étendue du territoire national en vue de lutter efficacement contre la délinquance juvénile sous toutes ses formes ; l’insuffisance de la prise en charge des enfants égarés qui peuvent rester plusieurs jours au commissariat avant de regagner le milieu familial ; la complexité de gestion des cas concernant les enfants de la rue qui n’ont pas de domicile fixe et ne sont pas accompagnés de personnes adultes ; timidité des rencontres avec les autres acteurs de la chaine de protection comme les leaders traditionnels, les associations et ONG œuvrant dans le domaine de la protection de l’enfant, les directeurs des établissements scolaires… d’où l’insuffisance de la synergie d’action entre ces acteurs ; la réticence de la population par rapport aux dénonciations de certaines situations pouvant dégénérer et troubler l’ordre public en contribuant à la dégradation des mœurs.
Les missions de prévention et de répression de la Police Nationale sont limitées par certaines insuffisances dans la règlementation applicable (cas du mariage d’enfant), ce qui favorise quelque part cette délinquance.
Il nous faut une loi claire et précise qui ne laisse aucun vide dans son application sur toute l’étendue du territoire national pour bien réprimer la consommation de la CHICHA qui est très souvent à la base de la délinquance des jeunes nigériens. En ce qui concerne l’utilisation abusive des réseaux sociaux, il est important d’élargir expressément, par des dispositions particulières, la sanction à tous les autres actes de délinquance que commettent certaines personnes par voie électronique tel que le chantage, les appels et messages malveillants, etc.
C’est dans un cadre juridique bien défini et précis que la DPMF/DSP mène une lutte sans merci envers tous ces phénomènes de délinquance.
Que prévoit la loi pour combattre la prostitution et la délinquance juvénile ? Dans quel cas les dossiers concernant les personnes accusées d’actes de dépravation des mœurs sont transmis à la justice ?
Il faut savoir que le Code Pénal du Niger n’a ni prévu ni puni la prostitution en tant qu’infraction pénale. La loi pénale étant d’interprétation stricte et conformément au principe de légalité des délits et des peines, aucun fait ne peut être sanctionné s’il n’a pas été préalablement prévu par la loi ainsi que sa sanction. Face à ce vide juridique relatif à la prostitution, nous ne pouvons pas poursuivre les personnes se livrant à cette activité dans un endroit clos et inaccessible aux mineurs.
Par contre lorsque ces mêmes personnes se livrent à cette pratique sur la voie publique, nous avons plusieurs infractions y relatives pour les poursuivre mais la prostitution des mineurs est une interdiction.
En ce qui concerne la délinquance juvénile, la loi prévoit un régime juridique de protection des mineurs. Conformément à ce dernier, les enfants victimes des actes de délinquance par autrui sont protégés de manière efficace par la loi. Aussi, même les enfants auteurs des infractions de délinquance bénéficient d’un régime juridique spécial de prise en charge.
En effet, selon ces assouplissements de la procédure pénale impliquant les mineurs, ces derniers ne sont pas poursuivis comme les majeurs ayant commis les mêmes faits. Parmi ces spécificités de la procédure contre les mineurs nous pouvons citer entre autres, la mesure de la garde à vue qui est le dernier recours pour gérer leur situation. Ensuite, même si elle est prise à l’encontre d’un enfant, il doit être âgé de 13 ans à plus car l’enfant de moins de 13 ans est pénalement irresponsable. A l’expiration du délai légal de garde à vue, le mineur doit être soit déféré ou mis à la disposition d’un parent ou assistant social pour son suivi et sa protection.
Les cas dans lesquels les personnes mises en causes relativement à la dépravation des mœurs, peuvent être poursuivies et déférées au parquet sont les cas prévus au chapitre VIII du Code Pénal intitulé « ATTENTATS AUX MŒURS ».
Toute personne impliquée dans les infractions appelées atteintes aux mœurs peut être poursuivie et déférée au parquet selon le résultat de l’enquête sur les faits qui lui sont reprochés et lorsque des mineurs sont utilisés pour la commission de ces infractions, cela devient une circonstance aggravante pour la personne adulte qui les utilise.
Propos recueillis par Aminatou Seydou Harouna(onep)
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Mme la Directrice générale, l’INS va très bientôt procéder au lancement des opérations entrant dans le cadre du 5ème Recensement général de la population du Niger. Pourquoi encore un recensement général de la population ?
Merci de l’opportunité que nous offre le Sahel Dimanche pour échanger sur cette question hautement importante du recensement général de la population et de l’habitat. Les recensements sont les sources d’information les plus exhaustives sur la population d’un pays. Ces opérations se déroulent tous les dix ans. Le Niger prépare son 5ème recensement général de la population et de l’habitat après celui de 1977, le 2ème en 1988, le 3ème en 2001, le 4ème en 2012 et le gouvernement du Niger envisage la réalisation du 5ème recensement général de la population et de l’habitat en décembre 2023. Pour ce faire, il y a plusieurs étapes qui sont mises en œuvre. Pourquoi d’abord on fait ces opérations ? Comme je l’ai dit il y a un moment, c’est la principale source d’information pour des données exhaustives sur la population. C’est d’abord pour avoir l’effectif de la population, la photographie de la population comme on a l’habitude de dire. Mais on fait aussi le recensement pour avoir d’autres informations sur les conditions de vie des populations, l’accès aux services sociaux, l’accès à l’habitat, à l’eau, à l’énergie. C’est aussi des sources importantes particulièrement pour ce recensement, puisque c’est un recensement que nous comptons réaliser avec l’outil numérique. C’est aussi le moment pour nous d’avoir toutes les informations sur les infrastructures disponibles au fin fond du Niger. Que ça soit les écoles, les centres de santé, les puits, les marchés… tout sera recensé. On aura une des plus grandes bases d’information pour les politiques, les programmes, les projets d’investissement que ça soit public ou privé.
Est-ce que c’est la première fois que le Niger organise cette opération avec des outils numériques, Mme la directrice ?
Absolument, c’est la plus grande innovation. L’institut national de la statistique s’est engagé dans un programme important de modernisation de la collecte des données statistiques à travers le numérique, la digitalisation et c’est la première fois que nous allons faire cette collecte des données avec l’outil numérique. Cela nous donne plusieurs avantages. Le premier avantage c’est sur le temps de traitement des données, il n’y aura plus une étape de saisie des données. Directement, nous aurons les informations sur nos serveurs. Le deuxième avantage très important, c’est le géo référencement. A tout moment, on sait où se trouve les agents, s’ils sont allés dans les ménages, dans quelle localité ils sont, nous allons suivre cela en direct. Et ça permet d’avoir des données de qualité et de pouvoir corriger pendant même que les agents sont sur le terrain, d’identifier les limites et de corriger. Déjà même dans le questionnaire pendant que les questions sont posées, nous avons des mécanismes de contrôle à travers les logiciels. Cela va améliorer la qualité des informations. Au-delà de tout, cela va donner aussi plus de confiance sur la confidentialité des informations pour la simple et bonne raison que ce ne sont plus des questionnaires que quelqu’un peut prendre, utiliser et photocopier. Les données individuelles sont protégées. Avec l’utilisation des tablettes, ils n’ont pas la possibilité d’accéder aux données collectées qui sont directement envoyées dans les serveurs et l’agent recenseur ne peut même plus avoir accès à ces données c’est important pour la protection des données à caractère personnel en matière de statistique.
La première étape de l’opération va-t-elle concerner toutes les régions du Niger, ou bien il y a des localités qui sont ciblées en priorité ?
Cette étape est une étape pilote qui rentre dans la phase préparatoire du recensement général de la population et de l’habitat. 36 communes ont été recensées de manière raisonnée à travers tout le Niger. C’est une phase pilote. Au cours d’un recensement, nous avons deux grandes phases. Il y a d’abord une phase de cartographie et ensuite la phase de dénombrement. Donc la phase de cartographie qui démarre cette semaine permet de faire le découpage du pays en aire de travail, en zone de démembrement. Il s’agit au niveau de la superficie de pouvoir organiser le travail des équipes pour affecter des agents dans ces zones là et pouvoir les suivre. Il ne s’agit pas du travail de découpage administratif du pays, ce n’est pas notre mandat, c’est celui du ministère de l’Intérieur. Nous avons choisi 36 communes qui sont représentatives des huit régions du Niger.
Mais comment ces communes ont-elles été choisies ?
Elles ont été choisies d’abord pour les conditions sécuritaires. Il s’agit pour nous pendant cette phase d’aller dans les zones même d’insécurité parce que le recensement se doit d’être exhaustif. Nous testons notre capacité à intervenir dans ces zones d’insécurité. Les critères combinent encore le milieu rural et le milieu urbain. Il y a aussi des critères de densité de la population, d’accessibilité physique. Comme c’est une phase pilote, nous avons choisi d’aller dans les zones où l’accessibilité est la plus difficile, là où les routes sont impraticables pour que nous puissions tester notre organisation, nos délais et notre adaptation à ces routes (là où il faut par exemple laisser les voitures pour monter sur des chameaux). Il y a aussi le mode de vie et nous combinons le mode de vie nomade et sédentaire. Il s’agit aussi pour nous de tester les zones où nous avons la disponibilité du réseau électrique pour voir comment charger nos appareils et voir aussi la disponibilité du réseau internet afin de pouvoir prendre des dispositions alternatives. Nous avons aussi choisi des zones qui sont des zones transfrontalières où nous pouvons avoir des populations nigériennes et des populations étrangères. Je rappelle que le recensement concerne toutes les populations qui résident sur le territoire nigérien pendant la collecte des données. Qu’elles soient nigériennes ou pas, elles doivent être comptées, elles doivent être identifiées et on doit connaitre leurs conditions de vie. Le recensement concernera même les personnes déplacées que nous irons trouver dans leur commune de résidence mains nous leur demanderons des informations sur leurs communes d’origine afin de pouvoir les repositionner dans dix ans quand elles seront dans leurs zones. Au total nous avons donc 36 communes dont 3 communes à Agadez, 2 à Diffa, 6 communes à Dosso, 5 à Maradi, 4 à Tahoua, 8 à Tillabéri, 7 à Zinder et 1 à Niamey.
A vous entendre Mme la DG, on a comme l’impression que l’INS a pris toutes les dispositions pour réaliser cette opération dans les meilleures conditions ?
En tout cas, nous avons commencé la préparation depuis 2020. Nous avons fait plusieurs formations, plusieurs tests depuis deux ans. Nous sommes prêts normalement si nous avons la bonne collaboration des autorités administratives, des autorités locales, des populations à réaliser cette opération avec les meilleurs résultats vu les conditions. Nous avons également bénéficié d’un soutien important au niveau du gouvernement du Niger et de ses partenaires en particulier la Banque mondiale, l’UNFPA et l’Unicef. En tout cas toutes les conditions sont réunies pour finaliser cette phase pilote. Après ça, on se préparera pour la phase générale.
1977, 1988, 2001, 2012 et 2023, pourquoi Mme la DG, au Niger on met beaucoup de temps avant d’organiser un recensement des populations reconnu pourtant comme étant un outil important de développement ?
Les recensements sont des opérations lourdes en termes d’utilisation de ressources humaines et coûteuses. Et même les populations si chaque année, on doit aller leur poser des questions, c’est assez difficile. Pour cela des pays comme les notres en voie de développement, c’est dix ans entre deux recensements. Normalement le Niger aurait dû faire cette opération en 2022, mais, le gouvernement a jugé utile de reporter d’une année pour permettre d’avoir toutes les conditions relativement à la mobilisation des ressources, la gestion sécuritaire et la disponibilité des équipes.
Vous avez parlé de coût, les ressources financières, sont-elles vraiment disponibles pour permettre à l’INS d’effectuer cette opération, Mme la DG. Sinon quel message particulier avez-vous à adresser au gouvernement et aux partenaires pour mener à bien cette opération ?
Les conditions financières sont réunies pour cette phase pilote. Pour la phase de cartographie générale qui va suivre et les autres étapes, le processus de mobilisation des ressources se poursuit. Nous sommes en discussion avec les partenaires et le gouvernement s’organise progressivement pour mobiliser les ressources. Nous ne sommes pas inquiets. Nous avons eu beaucoup d’assurance, beaucoup d’engagement et nous pensons que nous pouvons tenir les délais. Je lance un appel aux autorités locales, administratives, aux populations, à toutes les personnes résidant sur le territoire national et particulièrement dans les 36 communes de faciliter la tâche aux agents cartographes qui vont être déployés sur le terrain, de donner toutes les informations et de donner les vraies informations parce que des informations dépendront toutes les décisions en termes de politiques sociales, économiques, culturelles, même sécuritaires. C’est aussi l’occasion de remercier déjà le gouvernement pour le soutien et les partenaires pour tous les appuis qu’ils nous ont apportés. Je lance aussi un appel à une mobilisation rapide des différentes ressources qui sont prévues afin que nous puissions réaliser l’opération dans les conditions pour pouvoir fournir des données de qualité pour les prises de décisions.
Je disais tantôt sur la particularité du recensement, c’est la seule opération qui à toutes les informations sur les populations. Son premier principe c’est l’exhaustivité. L’exhaustivité c’est que tout le monde doit être recensé que la personne vive en milieu urbain ou en milieu rural, qu’elle soit sédentaire ou nomade, qu’elle soit salarié ou en situation d’inactivité , qu’elle soit employé ou qu’elle soit employeur , qu’elle soit agriculteur ou éleveur, élève ou même femme au foyer. Qu’elle soit en bonne santé ou pas, qu’elle soit en situation de handicap, quel que soit le handicap, même les populations qui vivent avec des maladies à des déficiences mentales, que la personne soit nigérienne ou étrangère tout le monde compte et nous devons compter tout le monde. Et nous avons mis le recensement sous le thème ‘’des droits humains ‘’et le slogan que nous avons pris est : «je me fais recenser parce que le Niger compte pour moi». C’est ça le thème que nous avons choisi parce que je compte. Qu’on soit enfant, un adulte ou que l’on soit une personne âgée, tout le monde compte et tout le monde doit être compté.
Par Fatouma Idé(onep)
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M. le Conseiller, l’économie rurale est une des pierres angulaires de la Déclaration de Politique Générale du Gouvernement. Qu’est-ce qu’englobe ce terme et pourquoi l’économie rurale a autant d’importance pour les autorités ?
L’économie rurale, de manière générale, c’est l’ensemble des sciences sociales qui s’occupent, qui étudient la vie rurale et tout ce qui la rythme, l’anime. Et quand on parle de la vie rurale, il faut la situer dans l’espace, donc dans des territoires qui ont comme principales activités l’Agriculture, avec grand A. Donc, une vie autour de l’activité principale du pays qui est l’agriculture, mais également les autres activités connexes comme l’élevage, la pisciculture, l’apiculture, tout comme ça peut-être tout simplement des voies qui entourent les gens. En tout cas, c’est un cadre de vie qui est rural et qui est essentiellement garni de toutes les ressources naturelles.
Quand on parle d’une vie en pleine nature, avec autant de ressources naturelles, il y’a un besoin de les mettre en valeur, de les exploiter et surtout, de faire en sorte que ça crée une plus-value à l’être humain afin de lui permettre d’améliorer ses conditions de vie. Ces ressources se trouvent à l’état brut, donc elles ne sont pas mises en valeur. Alors, l’économie rurale, non seulement s’occupe de cette vie rurale et tout ce qu’il y’a dans ce monde rural, mais également elle va étudier les comportements des acteurs qui sont dans ce milieu et les relations qu’il y’a entre eux et tout ce qui va aller dans le sens de promouvoir ces relations. C’est cela qui donne aussi la possibilité à l’économie rurale d’aller étudier par exemple les différentes activités, les marchés, les relations entre les acteurs, que ça soit des relations de travail, commerciales, de complémentarité ou même de substitution.
Dans le cadre de la DPG, qu’est-ce qui est fait au Niger pour une plus grande résilience de l’économie rurale, surtout après les fléaux climatiques qui ont négativement impacté l’économie agricole du pays, premier secteur d’occupation des populations ?
L’économie rurale c’est avant tout 80 voire 85% de la population active qui est dans ce secteur. C’est la principale source de revenus d’abord, mais également de richesse pour les populations, les 85% de la population qui vit en milieu rural, qui est rurale, qui pratique des activités rurales.
Donc c’est tout à fait normal que les autorités lui accordent une place de choix dans leurs politiques, dans leur gouvernance. C’est en cela que les autorités actuelles ont carrément décliné un axe, d’abord c’est un grand chapitre dans le programme de renaissance acte III du Président de la République, Chef de l’Etat. C’est un grand chapitre qui est dévolu au développement rural et la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Ce chapitre a été décliné de manière opérationnelle dans la déclaration de politique générale du Premier ministre, Chef du gouvernement, et a un axe spécial, le numéro 4 qui vise la modernisation du monde rural. Donc, ça c’est vraiment la grande place qu’occupe l’économie rurale dans les grandes orientations, dans les grands cadres institutionnels de notre pays et de la gouvernance actuelle.
Pour être plus concret, dans cette Déclaration de politique générale, d’abord tout en consolidant et en avançant, nous avons 7 programmes phares. Ces programmes phares sont porteurs et ont des avantages comparatifs en termes de développement rural et de modernisation du monde rural. Ces 7 programmes phares sont le programme riz, niébé, canne à sucre, oignon, moringa et bétail/viande et volaille/pintade. Voilà les 7 grands programmes phares sur lesquels les autorités actuelles se basent pour la conduite de la gouvernance rurale, de la gouvernance agricole de notre pays pour ce mandat du Président de la République, Chef de l’Etat. Les autorités actuelles accordent beaucoup d’intérêt et d’attention au secteur du monde rural, un secteur précurseur, pourvoyeur de richesses, d’emplois, et surtout de prospérité pour nos populations, surtout les plus nombreuses qui sont les populations rurales.
En tant que chef du département économie et environnement au cabinet du Premier ministre, quelle appréciation faites-vous du développement des pôles agro-industriels en cours au Niger ?
C’est une variante de toutes les orientations données par les autorités actuelles. Les pôles agro-industriels par essence, c’est un certain nombre d’activités qu’on aimerait développer et qui vont inclure plusieurs maillons complémentaires qui permettent d’avoir une plus-value. Ici, l’ingénieuse idée est d’aller vers l’implication, à la fois des ruraux, mais aussi du secteur privé et de l’Etat qui va veiller à ce que les différents maillons à travers les différents acteurs, se complètent et mutualisent leurs expertises, leurs connaissances, et surtout leur savoir-faire pour développer des chaines de valeur et gagner en revenus, en bénéfices, en développement, mais surtout aussi de créer des cadres de vie meilleurs et des conditions de vie favorables à un développement durable.
Est-ce, pour vous, la réponse adéquate aux impératifs actuels et futurs de maîtrise et de modernisation des sols fertiles et des ouvrages hydro-agricoles au Niger ?
Bien sûr! Bien sûr! Mais il n’y a pas que ça. Les pôles agro-industriels, c’est d’abord le fait d’aller relever le petit producteur ou le petit éleveur dans ce qu’il a déjà comme résilience, dans ce qu’il fait comme activité. C’est de le relever et de le pousser à produire plus pour profiter au mieux de sa propre production. C’est aussi une manière de l’intégrer dans le circuit commercial. Aujourd’hui, vous savez très bien que nous ne devons pas nous contenter seulement de produire pour subvenir à nos besoins alimentaires. Nous avons besoin de faire une agriculture qui soit un métier, qui produise de la richesse et qui permet donc à celui qui la pratique de vivre dignement de ce qu’il fait comme métier.
Nous devrons aller vers une activité qui soit rentable à tout point de vue. Qu’elle soit rentable d’abord pour l’environnement, parce qu’il ne sert à rien aujourd’hui de perpétuer cette pratique d’agriculture extensive à la daba. Nous avons besoin de produire en qualité, mais aussi en quantité, non seulement pour satisfaire nos propres besoins, mais également dégager des excédents qui vont nous permettre de rentrer dans le processus de transformation, d’industrialisation, et faire en sorte que ce que nous avons dans nos terroirs, soit aussi recherché et soit envié par d’autres. Les pôles agro-industriels sont avant tout des ouvertures pour que nous incitions nos producteurs à transformer leurs pratiques agricoles.
Quelles sont les mesures prises pour faire bénéficier le monde rural, de ces investissements publics et privés surtout les zones affectées par la crise sécuritaire ?
Les zones qui vont être mises en valeur, de manière efficace, seront certainement des zones de grande sécurité. Les gens auront plus d’assurance à aller travailler que d’aller dans une zone où il n’y a rien comme activité. Donc, l’implémentation des pôles agro-industriels est certainement un élément qui va permettre davantage de sécuriser nos zones rurales. Bien sûr qu’à travers les zones agro-industrielles, nous avons peut-être besoin de gros investissements. Mais je pense que même sur la base des catégories de producteurs que nous avons actuellement, qui sont majoritairement des exploitations familiales, nous pouvons aussi mettre en place les premiers maillons agro-industriels. C’est de là qu’on peut partir en impliquant ces producteurs avec leur savoir-faire dans des mécanismes qui vont leur permettre de mutualiser leurs efforts et de créer de grands cadres. Ce qui permettra non seulement d’aller vers l’autosuffisance alimentaire, mais surtout et aussi de reverser l’excédent vers la transformation et le développement agro-industriel.
Quelle sera la principale orientation de l’économie rurale en général, et de l’économie agricole en particulier, en cette nouvelle année budgétaire 2023 ?
Ce qui est important c’est de voir comment est-ce qu’il y’a une anticipation par rapport à toutes ces perspectives heureuses et ce que les autorités ont inscrit dans leurs programmes. Je voudrai saluer ici les initiatives qui sont prises par le gouvernement en ce qui concerne, par exemple, l’importation de matériels agricoles et des intrants. Le dernier budget de l’Etat contient des mesures incitatives pour aller vers cette modernisation du monde rural avec des mesures de détaxation qui ont été prises. C’est salutaire parce que notre agriculture a besoin de gros investissements, surtout dans l’acquisition de matériels.
Par Souleymane Yahaya(onep)
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Pays sahélien, le Niger compte trois saisons, à savoir la saison sèche et froide, la saison chaude et la saison pluvieuse. Même si la saison chaude est la plus redoutée des sahéliens en général et des Nigériens en particulier, la saison froide n’en n’est pas moins redoutée avec ses spectres de froid, de poussières, de brumes et autres brouillards, qui impactent beaucoup sur les activités humaines. Dans cet entretien, le Directeur de la Météorologie Nationale, M. Katiellou Lawan Gaptia, décline les tenants et aboutissants de ces variations climatiques et météorologiques.
M. le Directeur, depuis quelques jours, on constate une baisse importante de température, sur presque l’ensemble du pays. Qu’est-ce-qui explique cette situation ?
Je dois tout d’abord dire que la baisse de température, en cette période, est un phénomène tout à fait naturel, car dû à l’inclinaison et l’exposition périodique de notre planète, la terre, par rapport au soleil. Avec un climat tropical, le Niger dispose de trois saisons dont la saison sèche et froide, une saison chaude et une saison pluvieuse. Il a une température variant généralement entre 17 et 41 degrés Celsius et est rarement inférieure à 15 degrés ou supérieur à 43 degrés Celsius au cours de l’année. Cependant on constate ces derniers jours à Niamey, une variation de température : basse la nuit et plus ou moins élevée le jour. Pendant les mois de décembre, janvier et février, la saison sèche froide persiste toujours. Donc c’est normal que nous puissions avoir ce changement brusque de temps au cours de la journée. Par rapport aux températures que nous sommes en train d’observer en ce moment, nous pouvons bel et bien dire que nous sommes dans une phase de transition entre la saison sèche froide et la saison sèche chaude. En effet, la saison sèche froide est une saison s’étendant sur 6 mois (Octobre à Avril). De décembre à février, les températures avoisinent les 30°C car le ciel est tout le temps dégagé et donc le soleil présent. Notons que, les températures des jours passés étaient en légère hausse par rapport à la moyenne nationale sur les régions de Dosso, Niamey et Tahoua. On sent déjà en cours de journée cette variation de température. D’ici fin février, début mars, nous allons vraiment constater que la température va changer et surtout la température de la matinée. Nous allons commencer à sentir un peu de chaleur et ça annonce véritablement l’installation de la saison sèche chaude. En hiver, ce qu’il convient d’appeler chez nous, la saison sèche-froide, il fait beau, même si le soleil peut être voilé par la poussière que soulève l’harmattan, une poudre fine qui rend le ciel blanc et pénètre partout. Le Niger du centre-sud est l’une des zones les plus touchées par l’harmattan de tout le Sahel.
Et comment se manifeste cet harmattan ?
Au Niger, l’harmattan s’installe progressivement à partir de novembre. Il est caractérisé par des températures froides (la nuit). Et, de jour comme de nuit, un vent sec accompagné de poussière souffle sur le pays. En fait, déjà que le sol est sec, les particules de sable sont suffisamment légères pour être entrainées dans l’atmosphère. Donc lorsqu’il y a un renforcement de vent en surface, c’est toujours accompagné d’un soulèvement de poussière. C’est ce qui explique notamment le fait qu’il y a beaucoup de poussière en suspension dans l’atmosphère et autre brouillard. Il faudrait également rappeler que cette poussière provient en grande partie de la dépression du Bodélé située au nord du Tchad. Aussi, cet harmattan souffle du centre du Sahara, soulevant des nuages de poussière et obscurcissant le soleil, surtout en janvier. Au sommet de l’Aïr, sur le mont Idoukal-n-Taghès, qui mesure 2.022 mètres de haut, les gelées nocturnes sont fréquentes. Cette dépression est tout simplement considérée comme l’endroit le plus poussiéreux du monde, car elle engendre plus de 120 millions de tonnes de poussière par an, selon les spécialistes. Dans le reste de l’année la chaleur règne dans le nord, au moins à basse altitude. Les maximales se situent autour de 40 degrés d’avril à septembre, et les records sont autour de 50 degrés.
En été, les heures de soleil diminuent un peu à cause de la mousson, et août est le mois le moins ensoleillé. À Niamey et dans d’autres endroits du sud, aussi les températures suivent un régime différent que dans le nord. L’hiver est plus chaud, si bien que les maximales dépassent les 30 degrés même en janvier, parfois il peut faire froid la nuit, bien que la température n’atteint pas zéro degré comme dans le nord, mais tout au plus 7/8 °C. Le réchauffement du printemps est rapide et intense, tant et si bien qu’en mars la température atteint les 40 degrés, et en mai elle peut dépasser les 45°C, mais ensuite la mousson, apportant les courants et les nuages de l’océan, abaisse les températures estivales, bien qu’au prix de l’augmentation de l’humidité : en août les maximales retournent à 33 degrés comme en hiver, même si les minimales sont plus élevées et le taux d’humidité rend la chaleur étouffante. Après la mousson, il est temps pour un retour de la chaleur torride, avec 37/38 degrés en octobre et en novembre, avant l’hiver, qui apporte un peu de fraîcheur, au moins pendant la nuit.
A cette situation s’ajoute des suspensions de poussières et de brouillard dans l’atmosphère. Quelles en sont les raisons ?
En effet, en plus du froid (baisse de température), en saison sèche-froide, on note la présence d’une brume sèche et de l’harmatan, un vent sec et poussiéreux qui vient du Sahara et qui souffle de fin novembre au mois de mars. C’est notamment le cas à Niamey depuis le début de la semaine passée avec la présence d’une suspension de poussière sur Niamey. C’est un phénomène qui touche toutes les régions du Niger du nord jusqu’au sud en passant par l’est et l’ouest du Niger. Donc celles qu’on a vu ces derniers jours, c’est de la poussière qui provient du nord, de la partie désertique du Niger. Nous sommes actuellement dans la saison sèche et froide, donc c’est une période où il y a la prédominance de l’harmatan. Un vent du nord qui descend vers la partie sud et jusqu’à l’ouest du Niger. Il faut noter que cette poussière n’est pas sans conséquences surtout sur la visibilité.
Jusqu’à quand, pensez-vous perdureront ces conditions de froid, de poussière et de brouillards ?
En effet, en cette période, la visibilité est réduite et de façon beaucoup plus notable sur la partie Est du Niger. Au nord vers Agadez et Bilma, la vision est réduite jusqu’à 800 mètres. A Niamey elle varie entre 600 et 800. D’autres vagues de poussière se sont soulevées à partir de l’Ouest du Tchad à partir du Mercredi (17 février), il y avait une 2ème couche qui s’est soulevée à partir de l’Ouest du Tchad. La couche de Bodélé qui s’est réactivée a soulevé de la poussière qui a déjà commencé à couvrir la partie Est de Diffa. La poussière est actuellement au niveau de Zinder et est en train d’avancer pour toucher déjà Maradi et Tahoua. Et la visibilité est passée à moins de 200 mètres. Pour les poussières elles peuvent perdurer jusqu’à jeudi prochain et globalement cette situation devrait normalement continuer jusqu’en février prochain. En attendant, les Nigériens se protègent comme ils peuvent.
Quelles sont les dispositions à prendre pour s’en protéger ?
Même si je ne suis pas spécialiste en matière de santé, je pense qu’il est nécessaire de prendre certaines dispositions pour se protéger de ces phénomènes, tout à fait naturels. Il faut absolument se protéger, parce que c’est dans la poussière qu’il y a les germes qui sont, par ailleurs, les principales causes des maladies respiratoires pendant cette période particulièrement chez les enfants et Les personnes âgées. Les maladies les plus craintes, en cette période sont notamment les difficultés respiratoires, le rhume, la toux, la fièvre persistante, pour ne citer que ceux-là. En fait, les enfants sont fragiles, ils sont les plus touchés par le froid et ont plus que jamais besoin de soins et de protection par leur parents. Je pense que, les parents doivent donner des soins particuliers à leurs enfants en ce moment de fraîcheur et de poussière. Pour mieux protéger les enfants contre ces maladies, il est indispensable de ne pas les laisser sortir de la chambre, d’éviter de les laver tous les jours, il faut utiliser de l’eau tiède pour leur bain, éviter de leur donner tout ce qui est frais et les couvrir avec des habits lourds et protecteurs (blousons, bonnets, chaussettes, etc.), bien les allaiter s’ils sont des bébés. Enfin, je pense que, dès que leurs progénitures présentent des signes de ces maladies, les parents doivent les amener dans les centres de santé les plus proches afin de recevoir, le plus vite possible les soins nécessaires.
Interview réalisée par Mahamadou Diallo(onep)
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En marge du double sommet de l’Union Africaine qui s’est tenu à Niamey le 25 novembre dernier, nous avons rencontré M. Amadou Hassane Mai Dawa, représentant permanent du Niger auprès de l’Union Africaine. Le diplomate nigérien qui assure également les fonctions d’ambassadeur en Ethiopie et représentant auprès de la Commission économique des Nations-Unies pour l’Afrique, revient sur le projet d’industrialisation et de diversification de l’économie en Afrique, la portée de l’offensive diplomatique continentale du Niger et le rôle de sa représentation diplomatique en Ethiopie.
Monsieur l’ambassadeur, quel est l’objectif du projet d’industrialisation du continent africain ? Et, quels efforts fournit le Niger pour y parvenir ?
Ce projet vise le développement de l’Afrique dans la mesure où il s’inscrit dans l’agenda 2063 qui fait de l’industrialisation de l’Afrique l’un de ses trois objectifs. C’est la recherche d’un héritage économique durable à laisser à la génération future dans la perspective du développement de l’Afrique. Pendant le sommet de Niamey, tous les panélistes et tous les intervenants ont insisté sur le fait que l’industrialisation et un bon cadre de distribution, la condition sine qua non pour un développement économique du continent.
Le Niger a tout fait pour servir l’intégration africaine et continuera dans ce sens. Ce n’est pas un hasard si Niamey accueille la semaine de l’industrialisation, mais également le sommet décidé il y’a deux ans de cela par les chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine de tenir un sommet extraordinaire pour prendre des décisions fortes, structurantes, dans les domaines de l’industrialisation de l’Afrique et de faire en sorte que ces décisions soient la base d’un développement industriel en Afrique. Je pense que c’est une fierté pour nous d’être, comme pour le cas de la zone de libre-échange continentale, le point de départ d’une politique continentale importante. Le succès que la ZLECAF a eu de manière retentissante au niveau de l’Afrique est tel qu’aujourd’hui, certains observateurs disent qu’ils n’ont pas vu de projet avec autant de succès et porteur d’espoir pour l’Afrique comme la ZLECAF. Il ne reste plus qu’à souhaiter que les décisions prises à Niamey rencontrent un cadre d’application qui soit celui attendu par les chefs d’Etat et de Gouvernement
Justement, par rapport au succès de la ZLECAF, peut-on dire que l’offensive diplomatique a permis de mieux positionner le pays au niveau continental?
Au Niveau continental, je pense que le Niger est aujourd’hui le pays le plus en vue, c’est à dire l’un des pays les mieux positionnés sur les questions africaines, sur la mise en œuvre des politiques phares de l’Union Africaine, la mise en œuvre de tous les moyens possibles pour l’atteinte des objectifs de l’agenda 2063. C’est effectivement parce que, ces 5 dernières années, sur toutes les questions majeures de développement relatives au climat, à la sécurité, au développement économique, à l’industrialisation et au commerce intracontinental, le Niger a toujours été le pays phare, porteur de beaucoup d’initiatives. Le Niger est aussi le pays qui fait preuve de don de soi en mettant à la disposition de l’UA et de ses Etats membres, ses moyens, ses ressources, son temps et tout ce qu’il possède pour que les politiques africaines puissent avancer dans le bon sens. Je pense bien que c’est un cadre qui a permis aussi à la diplomatie nigérienne d’être au centre de toutes les politiques continentales.
Bien que le sommet soit organisé par l’union africaine, dans quelle mesure la représentation du Niger en Ethiopie compte-t-elle œuvrer pour vulgariser au mieux les travaux de Niamey?
C’est avant tout le rôle de l’Union Africaine. A la suite des fortes déclarations des chefs d’Etat et de gouvernement à Niamey, il reviendra à la commission de l’UA de tout mettre en œuvre, sur le plan technique, pour que les différents cadres, les différents espaces, les différents moyens de la mise en œuvre des décisions, soient pris. Par contre, ce que la mission permanente du Niger en Ethiopie peut faire, c’est d’assurer en premier lieu un suivi a titre national car, il y’aura des espaces, des cadres et des rencontres dans lesquels les questions multilatérales seront discutées, les questions de la mise en œuvre de décisions des Chefs d’Etat et des Gouvernements de l’Union Africaine seront discutées. Et, c’est en ce moment précis que la mission permanente du Niger peut jouer pleinement un rôle de fusible en rappelant à tous les acteurs possibles que des décisions étaient prises à Niamey et elles concernent telles ou telles choses à mettre en place et nous tenons à ce que ces décisions soient respectées et mises en œuvre. Ça, c’est une première manière de faire en sorte que les décisions de Niamey puissent être mises en œuvre, très rapidement, à travers un suivi constant de la mission permanente
Plusieurs partenaires sont venus à Niamey pour le lancement de la semaine de l’industrialisation et de la diversification de l’économie et vont soutenir la mise en œuvre des décisions prises par les leaders africains. Notre deuxième axe de contribution consiste donc à garder les partenaires mobilisés, non pas seulement pour le compte du Niger, mais pour le compte de l’ensemble des Etats membres de l’Union Africaine et du peuple africain.
C’est principalement ces deux rôles que nous pouvons jouer et que nous allons jouer. En plus de ces deux charges, nous allons rester mobilisés en faveur de notre pays et des politiques nationales qui peuvent trouver échos dans d’autres cadres et programmes africains et faire en sorte que ces derniers puissent bénéficier à nos politiques nationales.
Quelle appréciation portez-vous sur la tenue de l’événement que le Niger a abrité ?
Je me réjouis que les travaux du double sommet de l’UA de Niamey se soient passés dans la paix, la sérénité et la sécurité. Je me satisfais également des résultats obtenus et du succès des travaux de Niamey, surtout pour notre pays, le Niger, qui se dépense tant, qui met beaucoup de moyens au service de l’intérêt commun africain. Nous apprécions également de voir que les choses avancent au plan africain parce que à la fin, c’est vraiment pour voir que les choses avancent en Afrique, que le Niger s’engage tant, que notre Gouvernement s’engage tant et donc le bénéfice certes au plan de la rente, au plan du développement est attendu et c’est pour cela qu’on travaille. Mais, le bénéfice aussi c’est faire en sorte que, sur l’ensemble du continent africain, les choses avancent sur les points particuliers sur lesquels le Niger s’engage énormément.
Réalisé par Souleymane Yahaya(onep)
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Vous venez d’être nommé Médiateur de la République pour un mandat de six (6) ans. Pouvez-vous nous rappeler le rôle du Médiateur de la République dans un pays comme le nôtre ?
Le Médiateur de la République est une Institution de veille démocratique créée pour la première fois en 1990 sous l’appellation «Médiateur National». Dissoute après la Conférence Nationale, l’institution a été réhabilitée en 2008 sous l’appellation «Médiateur de la République». Elle a été suspendue en 2010 suite au coup d’Etat militaire du 18 février 2010, avant d’être réinstaurée le 08 août 2011 avec l’adoption et la promulgation de la Loi N°2011-018/PRN du 08 août 2011.
L’intérêt et l’importance de cette Institution résident dans sa principale mission de médiation entre le citoyen et la puissance publique. En effet, l’institution du Médiateur de la République est une Autorité Administrative Indépendante chargée de la médiation institutionnelle, c’est-à-dire la réparation des torts causés aux citoyens par les pouvoirs publics et la réconciliation de ceux-ci avec l’administration incriminée. La médiation institutionnelle est un baromètre qui permet de mesurer le niveau d’acceptation, par tous, des règles du jeu démocratique et le degré de satisfaction des citoyens par rapport à la manière dont ils sont gouvernés à travers les actes et faits administratifs.
Ainsi, le Médiateur de la République reçoit dans les conditions fixées par la loi, les réclamations concernant le fonctionnement des administrations de l’Etat, des collectivités locales, des établissements publics et organismes investis d’une mission de service public, dans leurs rapports avec les usagers. Le Médiateur de la République peut être saisi des questions de la défense des droits de l’enfant et des personnes vulnérables. Il incite les services publics à rechercher l’esprit des lois dans l’application des textes et à accepter de prendre en compte l’équité dans leurs relations avec les citoyens. Il contribue, par ses propositions de simplification administrative ou de réforme à la modernisation des services publics. Le Médiateur de la République peut, à la demande du Président de la République, de l’Assemblée nationale ou du Gouvernement, participer à toute action tendant à l’amélioration du service public ou toute action de conciliation entre l’administration publique et les forces sociales et professionnelles. Enfin, il est chargé de la défense du droit d’accès à l’information publique.
De quels pouvoirs le Médiateur est-il pourvu pour mener à bien sa mission ?
L’efficacité des interventions du Médiateur est accrue par un pouvoir exceptionnel de contrainte qui lui est reconnu dans deux cas : lorsqu’il s’agit de mettre un terme au comportement manifestement fautif d’un agent ou lorsqu’il convient de mettre fin à l’attitude inacceptable d’un organisme public qui refuse d’exécuter une décision de justice. Dans le premier cas, un pouvoir de substitution est reconnu au Médiateur si l’autorité compétente se refuse à sanctionner un agent indélicat, en lieu et place il peut engager contre cet agent une procédure disciplinaire ou, le cas échéant, saisir d’une plainte la juridiction répressive. Dans le second cas, le Médiateur dispose d’un pouvoir d’injonction. Il peut en cas d’inexécution d’une décision de justice devenue définitive, enjoindre à l’organisme mis en cause de s’y conformer dans un délai qu’il fixe. Si cette injonction n’est pas suivie d’effet, l’inexécution de la décision de justice fait l’objet d’un rapport à titre de compte rendu.
Le commun des Nigériens s’interroge sur le mode d’accès à l’institution du Médiateur. Comment se fait la saisine du Médiateur de la République ?
La loi a énoncé limitativement ceux qui peuvent saisir le Médiateur de la République. Ainsi, sont habilitées à saisir le Médiateur de la République, les personnes physiques ou morales de quelque nationalité qu’elles soient, victimes d’un dysfonctionnement d’une administration de l’Etat, d’une collectivité locale, d’un établissement public ou d’un organisme investi d’une mission de service public.
Par ailleurs, le Président de la République, le Premier ministre, les Députés, les Présidents des Conseils Régionaux et Communaux et les Médiateurs des autres pays peuvent transmettre au Médiateur de la République les réclamations dont ils sont saisis par les citoyens. Quant aux ONG et associations, elles peuvent saisir le Médiateur de la République d’une réclamation, notamment pour les questions des droits des enfants et des personnes vulnérables.
Le Président de la République, l’Assemblée nationale et le Gouvernement peuvent directement saisir le Médiateur de la République pour demander une conciliation ou l’amélioration d’un service public. Enfin, le Médiateur de la République peut se saisir (autosaisine) des situations dont il a connaissance et qui relèvent de sa compétence, chaque fois qu’il a des motifs raisonnables de croire qu’une personne a été anormalement lésée ou peut vraisemblablement l’être par acte ou omission d’un organisme public.
Toutefois, la loi prévoit que le Médiateur soit saisi par écrit. La saisine est subordonnée à un recours gracieux préalable adressé à l’administration incriminée. Le Médiateur de la République peut être saisi le même jour où le réclamant a introduit son recours gracieux auprès de l’administration mise en cause. Sont joints à la lettre de saisine du Médiateur de la République tous les documents entrant dans le cadre de l’affaire en question. Compte tenu du taux élevé de l’illettrisme au Niger, le Médiateur reçoit les réclamants pour les écouter, les aider à formuler et à écrire leurs réclamations. Lorsque les réclamations n’entrent pas dans le champ des compétences du Médiateur de la République, les réclamants sont réorientés vers les services ou institutions compétents. C’est dire que le Médiateur a pour vocation de consolider et de renforcer l’Etat de droit et la bonne gouvernance. Le recours est gratuit, car il n’y a aucun frais à payer. Cependant, la saisine du Médiateur ne suspend pas les délais légaux dont on dispose pour engager une action en justice.
Réalisée par Oumarou Moussa(onep)
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Monsieur le directeur général de la STA, quelle est la pertinence de la création d’une société comme la vôtre au Niger où les entreprises sont confrontées à des défis multiples ?
En 2000-2001, la première promotrice de la société est Mme Fatchima Daddi Gaoh qui est pharmacienne de formation, fabriquait ou en tout cas vendait dans sa pharmacie une petite farine qui s’appelait Vitamil qui est une farine à base de mil, de niébé, de quelques intrants céréales qu’on trouvait au Niger localement et que des dames qui étaient handicapées faisaient dans le cadre d’une ONG qui s’appelait Caritas à l’époque. Malheureusement, à la fin de cette ONG, l’activité n’a pas pu survivre d’elle-même. Ce qui s’est passé, c’est que le produit qui était disponible dans les pharmacies pour les bourses faibles à même de se procurer des produits haut de gamme, il y avait en palliatif ce produit qui était accessible. Lorsque la subvention s’est arrêtée, les pharmacies se sont retrouvées en rupture et les personnes qui venaient acheter habituellement ce produit avaient commencé à se plaindre et même de s’inquiéter. Il n’y avait pas de solutions pour elles et surtout pour les enfants qui consommaient cette farine à l’époque. C’est ainsi que la promotrice de la pharmacie qui était Fatchima Daddi Gaoh s’est dit voilà un produit qui pourrait de par la portée qu’il a résoudre les problèmes nutritionnels dont souffrent les enfants au Niger. A chaque fois que ces dames venaient demander ce produit, elle avait du mal à dire qu’il n’y a pas. Cela lui donnait un pincement au cœur. Elle avait approché l’ONG pour avoir les raisons qui expliquaient pourquoi ce produit était en rupture. L’ONG a expliqué clairement à Fatchima Daddi Gaoh qu’elle était en cours de programme, plus de subvention et donc fin d’activités. Les responsables de l’ONG lui ont dit madame si cette activité vous intéresse, nous sommes prêts à vous vendre le fonds de commerce pour que vous en fassiez une activité commerciale. Voilà comment la STA a été créée en 2001 sur les méandres de cette petite activité de farine infantile. La crise alimentaire de 2004-2005 a été un grand tournant dans la vie de la Société de Transformation Alimentaire. Les acteurs qui étaient localement présents ont tardé sans pointer du doigt à faire intervenir l’urgence internationale. Lorsqu’une crise est déclarée, le moment où il faut passer les commandes, le transport, la logistique etc., le temps est très long et l’impact et l’incidence sont beaucoup grands. Ils se sont dit qu’on va trouver une solution de réponse locale en attendant que les gros moyens se déploient au niveau international. La question que ces acteurs se sont posées était de savoir est-ce que nationalement le Niger peut être capable de trouver des réponses sur des problématiques nutritionnelles rapides sur le marché. Voilà comment des organismes internationaux tels que l’UNICEF, Médecins sans Frontières le Programme Alimentaire Mondiale ont scanné l’environnement pour voir qui faisait quoi. C’est ainsi qu’ils sont tombés sur cette farine. Ils lui ont dit que cette farine est bien et qu’ils ont un aliment de traitement thérapeutique pour faire un produit nutritionnel pour les enfants parce qu’ils ont un besoin crucial au Niger.
Pouvez-vous présenter à nos lecteurs la STA et son évolution de sa création à nos jours ?
La société de Transformation Alimentaire (STA) voit le jour en 2001 et se consacre depuis à la production de solutions nutritionnelles destinées à traiter la malnutrition au Niger et dans la sous-région. Elle fabrique et commercialise les produits de la gamme Plumpy, en vertu d’un accord de franchise avec Nutriset, notamment Plumpy Nut (Aliment Thérapeutique Prêt à l’Emploi) destiné au traitement de la malnutrition aigüe sévère, et le Plumpy Sup (Aliment de Supplémentation Prêt à l’Emploi) pour la malnutrition modérée. Elle produit aussi le Vitamil qui est une farine de bouillie pour le sevrage des enfants à partir de 6 mois. Depuis 2009, ce sont pas moins de 2 170 000 enfants nigériens qui ont pu bénéficier de nos produit de traitement, et plus de 1 300 000 enfants qui ont bénéficiés de nos produits de supplémentation. La STA était arrivée dans une phase de forte expansion, avec l’installation de nouvelle technologie dans son processus de fabrication, ce qui lui a permis d’augmenter en conséquence sa capacité de production actuelle et la qualité de ses produits.
Depuis 2005, la STA fait partie d’un réseau de producteurs des pays du Sud unique en son genre : le réseau Plumpy Field. Cette alliance d’entrepreneurs repose sur un objectif commun : rendre accessibles des produits de traitement de la malnutrition répondant aux standards internationaux de qualité avec un mandat original : celui de l’autonomie nutritionnelle pour tous. En ce sens l’entreprise cadre parfaitement avec l’objectif d’un des axes défini dans le cadre de la politique des 3N.
En effet, l’engagement de la STA repose sur son activité qui est principalement dédiée aux programmes nutritionnels humanitaires et sociaux. Le but premier de la STA S.A est de répondre aux attentes des acteurs humanitaires et à celles de nos partenaires. Ainsi, la STA S.A s’est engagée à mettre en place, maintenir et développer un système de Gestion de la Qualité.
Par ailleurs, il faut dire que la STA est reconnue dans sa démarche qualité. Elle est l’une des premières entreprises dans ce domaine à être certifiée ISO 9001 version 2015, et la 1ère certifiée ISO 22000 version 2005 au Niger. Aussi, elle est auditée et validée chaque année par le système de qualité des Nations Unies dont le dernier passage remonte à Février 2018, avec des auditeurs de MSF et Save The Children pour leur compte.
Du point de vue organisationnel, la STA compte aujourd’hui 112 employés permanents. Elle emploie aussi des employés journaliers et des saisonniers (plus de 200 personnes) qui sont en majorité des femmes que l’entreprise inscrit dans le cadre des AGR (Activités Génératrices de Revenus), et impacte plus de 8000 producteurs d’arachide au Niger. En termes de capacité de production, il faut dire que la STA produisait 10 000 tonnes de produits commercialisés en 2020 et 2021 et 5 000 tonnes d’arachide locale transformée pendant la même période.
Quelles sont les principales contraintes auxquelles la société de Transformation Alimentaire est confrontée ?
Permettez-moi de faire marche en arrière pour parler des contraintes au moment où nous étions en production. Il faut que lorsqu’on produit on paie des droits de douane et des impôts sur les intrants qui constituent des produits utilisés pour faire la formulation du produit fini. Or lorsque vous comparez dans l’environnement, les aliments qui sont constitués et classés dans les segments humanitaires ne sont pas assujettis à la taxation d’autant plus qu’ils sont utilisés par des organisations et des institutions internationales qui ont des conventions de fiscalisation à cause de l’aide et de la nature du soutien qu’ils apportent au pays. Donc nous qui sommes localement basés, on a eu beaucoup de problématiques de compétitivité parce que lorsqu’on achète par exemple un complexe vitaminé qui est une composante de la formule finale, on paie de la TVA et du droit de douane. Cela veut dire qu’en termes de compétitivité au niveau des appels d’offre, on se retrouve pénaliser en termes de prix du fait de la cherté du produit qu’on propose comparativement à nos concurrents internationaux. Nous pensons que la fiscalité doit avoir une sorte de cohérence générale dans l’environnement. Lorsque les entreprises nigériennes sont compétitives, cela vaut plus de croissance, de richesses, de création d’emplois et plus de retombées dans les caisses de l’Etat. Nous avions eu aussi une tension de trésorerie parce que lorsque vous avez un conteneur de matières premières, le temps d’acheminement et celui de la transformation, il se passe quasiment six (6) mois avant que vous ne puissiez vendre et facturer.
Une autre difficulté à laquelle nous faisions face pendant l’activité, c’était le problème de laboratoire. On n’avait pas d’organe de vérification certifié dans l’environnement de la production agricole ou transformation agricole au Niger. Donc on s’est retrouvé obliger d’envoyer nos échantillons jusqu’à l’étranger notamment en l’Allemagne, en France en Belgique pour que les organes certificateurs vérifient le produit avant de le renvoyer avec bien attendu une certification. Cette étape prend énormément de temps sans compter le coût qu’elle induit dans le budget de fonctionnement de notre entreprise. On peut évoquer aussi les contraintes liées à la problématique des infrastructures routières. Il y a aussi le problème de la fiscalité et de façon générale lorsque vous regardez les impositions qui sont faites sur le transport interne qui n’est pas une imposition qui est faite sur le transport en dehors du cordon. Le code d’investissement qui a perdu un peu de sa substance.
Quels sont les principaux clients et partenaires de la STA ?
Le plus gros de notre activité est axé sur l’humanitaire. De ce fait, nos clients sont entre autres : Médecins sans frontières, Unicef et le Programme Alimentaire Mondiale. Nous avons également quelques gammes de produits qui vont sur le segment commercial. Elles sont moins importantes en quantité de volume, mais nous avons aussi des gammes des produits en plus de tout ce qui est de plumpy Nut et plumpy Nut sud. C’est le cas de la farine qui s’appelle vitamine plus qui est distribuée dans les canaux des pharmacies et au niveau de certains grossistes et point de vente. Nous avons aussi une autre gamme que nous avions lancée, il s’appelle grandit bien qui est un produit disponible au grand public. Il faut spécifier que les gammes qui sont uniquement à destination des organisations internationales ne sont pas des produits commerciaux, donc ces produits passent par des canaux qui doivent normalement suivre un circuit qui est spécifique à la règlementation nigérienne sur la prise en charge de la malnutrition et donc qui passe par les canaux du ministère de la santé jusqu’à l’accessibilité de l’enfant sur le terrain.
La Société de Transformation Alimentaire (STA) est une société spécialisée dans l’agro-alimentaire en l’occurrence la production et la commercialisation d’un produit communément appelé Plumpy Nut, un complément nutritionnel, quels sont vos moyens et capacités de production dans ce domaine où même si vous avez de la concurrence, elle n’est pas de taille ?
C’est que je peux dire, nous avons un outil de production quasiment de 3,5 milliards d’investissement en termes d’équipements uniquement. Nous avons un bâtiment qui n’est peut-être plus aux normes industrielles mais qui nous a coûté un peu en termes d’investissement. Nous avons une capacité de production de 7000 tonnes que nous avions produites en 2020 avec un chiffre d’affaires qui s’élevait jusqu’à 10 milliards. On a également un manuel de production de qualité qui complète l’outil de production et cela se fait via des certifications en termes de qualité, des certifications ISO9001, ISO22000. On a également la certification du certificateur du système des Nations Unies. C’est un système conjoint où le PAM, Unicef, Médecins sans frontières et d’autres organisations internationales mettent un pôle d’auditeurs qui vient valider chaque année l’outil de production et une usine de production avant de pouvoir vous dire que vous êtes validés et vous pouvez mettre le produit à la disposition de vos clients.
Quelles sont les perspectives qui se présentent aujourd’hui pour la STA ?
Je vous ai dit tout à l’heure que l’avenir était très assombri, on aurait eu cette interview, il y a à peine un mois et demi ou deux mois, je ne vous aurais pas tenu du tout le même discours parce que on était en train de discuter de la fermeture de l’entreprise. Malheureusement, on est passé avant d’arriver à ce stade du licenciement primitif économique parce qu’on ne peut plus tenir d’autant plus qu’on n’a pas produit depuis plus de 10 mois. On a encore un peu d’argent dans les caisses du trésor qu’on a du mal à recouvrer. Mais il y a un mois, il s’est tenu une assemblée extraordinaire de la STA où la majorité des associés ont décidé de ne pas laisser l’entreprise coulée. Ils ont décidé de permettre des moyens pour reprendre dans les plus brefs délais la production et les activités. On peut dire que nous nous acheminons vers la reprise des activités de la STA afin de contribuer au développement de notre pays. Toutes les équipes sont en train de présenter une stratégie auprès des institutions financières, des banques, des acteurs pour qu’on puisse les convaincre du bien-fondé de notre projet. La STA était l’un des plus gros fournisseurs mondiaux en termes d’intrant thérapeutique. La production mondiale est à peu près 50 et 60 tonnes l’année. La STA quand elle fait 7000 tonnes, c’est entre 10, 12, 13% de la production mondiale. Donc vous voyez ce que ça représente et c’est fait au Niger. Il n’y a pas plus d’une trentaine de producteurs mondiaux qui sont dans cette activité. Si la STA arrive au top de la liste de ces producteurs, c’est le Niger qui brille en quelque sorte. En plus, on est le premier pays hors pays développées qui ait commencé une production d’aliments thérapeutiques.
Quelles sont les solutions envisageables pour garantir la survie des unités industrielles au Niger ?
Je pense qu’il faut le dire de la façon la plus plate, les autorités doivent s’impliquer davantage sur la sélection et surtout sur la protection du tissu qui existe déjà. Il ne s’agit pas uniquement d’une question et d’une problématique de la STA. Je pense que c’est de façon générale dans l’environnement. Toutes les structures qui existaient depuis des années et aujourd’hui nous disent qu’elles souffrent de la mauvaise concurrence, d’un environnement oppressant, de la complexité des dernières années, de la capacité de pouvoir s’approvisionner dans d’autres environnements économiques. Elles souffrent de la compétition de nos voisins. C’est une question qui dépasse le cadre de la STA et il faut au-delà de la STA car on a besoin d’avoir le soutien, l’épaule et la bénédiction des autorités pour dire qu’il faut le sauver. On connait les solutions aujourd’hui et je pense qu’il est vraiment important que les autorités mettent rapidement en œuvre ces solutions.
Quel est l’espoir qui vous anime avec la tenue, à Niamey, du sommet de l’UA sur l’industrialisation en Afrique ?
Le fait d’organiser un sommet nous envoie à un signal des autorités qui disent qu’on sait qu’il y a un besoin, une problématique et on sait que le développement de nos pays ne peut passer que par l’industrialisation à l’échelle de tous nos environnements de production. A l’époque où on parle de ZLECAF, d’ouverture des frontières, un pays qui ne s’industrialise pas devient un pays consommateur vers lequel tout le monde vient déverser et il n’y a plus de valeur ajoutée à partir de ce moment-là. Les autorités ont conscience qu’il faut qu’on passe par cela pour que nous puissions adresser des problématiques qui vont être certaines dans les années à venir.
Par Hassane Daouda(onep)
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Monsieur le directeur, quel est aujourd’hui l’effectif du parc automobile national ?
Nous avons aujourd’hui environ 6700 véhicules administratifs et 3500 motos. Donc, nous avons un parc d’environ 10.000 véhicules, tous genres confondus, répartis dans les différentes structures de l’Etat, et les institutions. Nous ne comptabilisons pas les véhicules qui relèvent des autres sociétés, à savoir les sociétés d’Etat, les sociétés d’économie mixte, les établissements publics à caractère administratif, les établissements publics à caractère industriel. En somme, tous les véhicules qui ne sont pas immatriculés en série administrative. Aujourd’hui, nous pouvons vous dire que nous avons un parc important.
Mais comment vous gérez tous ces véhicules et précisément qui a droit à un véhicule administratif au Niger ?
Tout est cadré. C’est vrai que le texte est vieillissant, mais il y a le décret 86-324 du 11 septembre 1986 relatif à la gestion du parc automobile national qui cadre la nature des véhicules, leur affectation ainsi que les personnes qui sont autorisées à en disposer. D’après toujours ce décret, il y a des véhicules dits de fonction. Là, c’est lié à la fonction. C’est le ministre des finances qui affecte un véhicule de fonction.
En général, ce sont les Directeurs généraux, les membres du gouvernement, les grands chanceliers, les personnalités de rang ministériel, les directeurs de cabinet du Président de la République, du Premier ministre, les secrétaires généraux, le Secrétaire général du gouvernement et son adjoint, les inspecteurs d’Etat, les Secrétaires généraux des Ministères, le recteur, les présidents des différentes cours (cour d’appel, cour des comptes) le Procureur général, le directeur du protocole voilà ceux qui sont cités pour disposer légalement de véhicule de fonction. Donc tout ce que vous voyez au niveau de l’administration en général, c’est des usages non véritablement conformes à la réglementation.
Donc aujourd’hui cette disposition relative au décret précité n’est pas respectée ?
Elle n’est pas respectée malheureusement et il va falloir prendre des mesures soit pour une application stricte de ce décret, ou comme nous l’avons fait à un certain moment essayer de corriger, de proposer un autre texte qui puisse prendre en compte le contexte actuel. Donc compte tenu du développement de certaines structures de l’Etat et de certains démembrements et même des institutions de l’Etat pour pouvoir intégrer les nouveaux postes de rang qui ne sont pas pris en compte par ce décret. Nous avons fait ce travail et même introduit dans le circuit un projet de textes portant révision ou réglementation des véhicules de l’Etat. Malheureusement à cette date, ce décret n’est pas encore pris, mais je pense compte tenu aujourd’hui de l’importance de la question, il est important de réveiller ce dossier et de le mettre dans le circuit.
Mais concrètement quelle est la responsabilité d’un détenteur de véhicule de service ?
Ne regardez pas ce qui se passe dans la pratique courante. Il m’est arrivé de voir des responsables charger les véhicules de service avec des choses qu’ils ne devraient pas prendre et pendant les heures de service. Vous savez, quand on pose certains actes, on est conscient de leurs enjeux. En réalité, on ne parle pas de la légalité ou du respect de la réglementation en l’espèce. Les gens savent pertinemment que ce n’est pas normal, mais ils le font. Il nous arrive d’appeler les gens pour leur rappeler leur devoir civique. Le bien public est sacré donc on le respecte. Quand on vous donne un véhicule de fonction, vous devrez l’entretenir.
Nous avons déjà une structure : le garage administratif qui dispose de tous les cadres nécessaires et de tous les matériels techniques nécessaires pour prendre en charge toutes les questions nécessaires à l’entretien et à la réparation des véhicules de l’Etat. Il s’agit tout simplement en temps opportun de nous saisir pour entretenir ces véhicules. Beaucoup ne le font pas certainement parce que c’est un véhicule administratif. C’est dire que certains responsables ne prennent pas toutes les dispositions pour l’entretien.
Au-delà de l’entretien, que se passera-t-il en cas de perte d’un véhicule administratif ?
En cas de perte d’un véhicule administratif et tout naturellement, il y a les structures de l’Etat qui sont là pour assurer toutes les enquêtes nécessaires et situer la responsabilité. Ça peut aller jusqu’ au remboursement, au paiement intégral à travers l’AFE (l’agence fiduciaire de l’Etat) qui est une structure rattachée au ministère des finances. Si la responsabilité n’est pas bien située, alors l’Etat assure cette responsabilité.
Au Niger, l’usage des véhicules de service fait couler beaucoup d’encre et de salive. Ces véhicules de fonction sont devenus aujourd’hui des véhicules de transport d’enfants pour l’école, de marchandises… Que répondez-vous ?
Je vais d’abord rappeler que, du 20 au 25 novembre 2022, le Niger a accueilli un grand événement international. Il nous est arrivé d’adresser jusqu’à 686 demandes de réquisition. Parce que la présidence de la République nous a demandé de combler un écart assez important d’environ 400 véhicules qui doivent rentrer dans le cadre de l’organisation de ce sommet.
Les réquisitions sont arrivées au niveau des responsables, mais ils ont refusé d’obtempérer, de déposer les véhicules. Nous, on nous a demandé 400, nous sommes allés jusqu’à 686 en espérant tout compte fait, de combler cet écart. Mais, les gens ont refusé. Deux ou trois jours avant le sommet, on m’a notifié un gap assez important. J’ai fait le point, je n’ai à peine qu’une centaine de véhicules. J’ai été obligé de passer à la vitesse supérieure. C’est en ce moment-là que nous avons fait intervenir les forces de l’ordre pour obliger ces responsables à remettre les véhicules de l’Etat. Je crois que votre question appelle au sens du devoir de tout un chacun. L’Etat vous a doté d’un véhicule, ce véhicule-là ne vous appartient pas.
L’Etat prend en charge l’entretien, la réparation et l’Etat prend en charge aussi le carburant. L’Etat vous demande juste, à travers une réquisition qui est régulière, de remettre le véhicule pour juste un petit temps. Deux ou trois jours au maximum cinq jours et après, nous avons même dégagé un budget au cas où il y a des accidents au cours de cette opération. Nous avons pris l’engagement de remettre ces véhicules en état avant de les restituer à leurs propriétaires. Mais les responsables ont refusé. Moi je pense qu’il faut restaurer l’autorité de l’Etat !
Mais dans la réglementation, ces détenteurs de véhicules de fonction sont-ils obligés de les remettre chaque fois qu’il y a de telles opérations ?
Je vais vous citer un cas dont je me rappelle bien pendant le régime d’exception. Un responsable administratif qui avait refusé de remettre le véhicule à la suite d’une réquisition, le Préfet de la région a autorisé immédiatement la gendarmerie nationale de l’arrêter. Ils l’ont arrêté et ils lui ont pris le véhicule. Ça, c’est une disposition exceptionnelle. Mais je pense que lorsque l’Etat réquisitionne, même si c’est des biens privés, la loi fait obligation de remettre la clé.
En cas d’incidents, on ne le souhaite pas, on situe les responsabilités. Si c’est du côté de l’agent, la charge lui incombe et la loi lui fait obligation de réparation. Donc les dispositions réglementaires existent. En réalité, nous n’avons pas voulu aller jusque-là, mais nous avons juste voulu, pour les besoins du sommet, arrêté à travers les forces de police des véhicules dans la circulation que nous avons restitués juste à la fin. Certains ont nécessité quelques réparations, nous allons les réparer et les restituer.
Permettez- moi d’insister, Monsieur le Directeur, est ce que dans la réglementation, l’Etat attribue un véhicule à l’agent pour les besoins de la fonction seulement ou bien même pour l’usage familial ?
En réalité, c’est un véhicule de fonction, donc lié à l’exercice de la fonction. Il y a des véhicules de fonction et des véhicules dits de liaison. Les autres véhicules que vous voyez là en général, c’est des véhicules de liaison qui sont censés restés dans les administrations. Après les heures de service, vous les déposez et vous prenez votre véhicule, vous partez. C’est ce que dit la réglementation. Seuls les véhicules de fonction sont utilisables en dehors de heures de service et je vous ai cité les personnes qui en ont droit et qui peuvent les utiliser même en dehors des heures de service. Egalement, sauf les personnes de rang ministériel peuvent avoir droit à plus d’un véhicule. Mais en règle générale, les véhicules de fonction vous ne l’utilisez que pour la fonction et non pour prendre des marmites, des casseroles, et d’autres ustensiles lors des baptêmes et des mariages.
Mais concrètement Monsieur le Directeur, quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans la gestion du parc automobile au Niger ?
Les difficultés sont de différents ordres. Le premier ordre, c’est en général, les difficultés liées à l’allocation des crédits de fonctionnement. Compte tenu de l’importance de notre intervention, le budget qui nous est affecté ne nous permet pas de prendre en charge véritablement toutes les questions relatives à la réparation et à l’entretien des véhicules, mais néanmoins, nous faisons de notre mieux.
Il y a le problème du comportement de l’agent d’une manière générale. Certains ne respectent pas en effet leurs obligations et je pense qu’au-delà de la restauration de l’autorité de l’Etat, peut être que nous devons mettre l’accent sur la communication et l’information. On a beaucoup parlé de la responsabilité de ces agents de l’Etat qui détiennent les véhicules administratifs. Le dernier problème qui est aussi important, ce sont les structures qui dépassent outre le dispositif régulier de contrôle et commander des véhicules sans que nous, nous soyons impliqués. Quand vous prenez dans le circuit normal des dépenses de commande des véhicules de l’Etat, il y a ce qu’on appelle l’avis de conformité technique que nous donnons conformément au code des marchés publics. Mais il y a des structures qui passent outre. Au lieu que nous soyons saisis, elles arrivent à saisir d’autres structures parallèles.
Finalement, ces véhicules, deux ou trois mois après la réception, tombent en panne, parce qu’ils ne répondent pas aux normes administratives. Nous nous insistons sur les caractéristiques en général en tenant compte des dispositifs actuels de réparation et d’entretien que nous avons. Lorsque vous commandez des marques rares, compte tenu de leurs prix, il est difficile d’avoir des pièces de rechange de ces véhicules. Malheureusement quand ces véhicules tombent en panne, ces structures se réfèrent toujours à nous. Dans ces conditions, elles nous posent énormément de problèmes. Beaucoup de responsables et de présidents d’institutions ne comprennent pas l’enjeu, surtout quand on oppose notre refus de donner l’avis technique nécessaire pour que le dossier puisse suivre son cours normal de paiement.
Monsieur le Directeur quel message particulier avez-vous à lancer aux détenteurs de véhicules des différents démembrements de l’Etat ?
Je leur demanderai d’abord d’y prendre soin, car le bien public est sacré ! Lorsque l’Etat consacre énormément d’argent pour vous acheter un véhicule, vous avez le devoir de l’entretenir. On ne vous demande pas d’investir personnellement, mais lorsque ça nécessite l’entretien, vous avez un tableau de bord qui accompagne ces véhicules-là, revenez vers nous pour que au moins nous assurions l’entretien et la réparation de ces véhicules. L’Etat achète ces véhicules administratifs à grands frais, tous ceux qui les utilisent ont le devoir d’en prendre soin, notamment en suivant le délai d’entretien et de réparation. Le deuxième aspect, c’est le sens de la responsabilité et du devoir : ce que vous ne pouvez pas faire avec votre véhicule, pardon ne le faites pas avec le véhicule de l’Etat.
Par Fatouma Idé(onep)
Source : http://www.lesahel.org
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M. le ministre, notre pays vient d’accueillir, du 20 au 25 novembre dernier, la célébration de la Semaine africaine de l’industrialisation suivie de la tenue de deux sommets des Chefs d’Etat de l’UA ainsi qu’une série d’événements parallèles. Qu’est-ce qui justifie, selon vous, cette marque de confiance à l’égard du Niger pour accueillir ces grands évènements continentaux ?
Je pense que le déclic est parti du sommet de l’UA tenu en 2019. Dans le cadre de l’organisation de ce sommet, le Niger s’est doté d’importantes infrastructures pour l’accueil de conférences et d’autres évènements internationaux. On peut citer entre autres, l’Aéroport International Diori Hamani de Niamey qui a été complément rénové. Il y’a eu la construction de la voie Express qui lie l’Aéroport au centre-ville de Niamey et facilite la mobilité pour les usagers. Il y’a eu la construction des hôtels de grands standing dont trois de 5 étoiles. Il y’ a eu aussi la construction des villas présidentielles avec la cité de l’UA et des appartements. Bref, on a renforcé nos capacités d’hébergement dans la ville de Niamey. Le Palais des Congrès de Niamey a également été rénové et nous avons construit le Centrer International de Conférences Mahatma Ghandi.
Mais, est ce que La construction des infrastructures à elle seule suffit à justifier cet état de fait ?
En effet, au-delà du renforcement de nos capacités, nous avons également adapté nos infrastructures aux exigences de standards internationaux pour les évènements d’envergure. Je pense que tout est parti de là. Notre pays s’est doté d’infrastructures qui lui permettent d’accueillir de grands évènements internationaux. Nous avons également acquis un savoir faire avec la formation de milliers d’agents dans le domaine de la sécurité, du protocole, de la communication, de la santé, etc. Et puis les autorités ont eu l’ingénieuse idée de créer l’ANEC qui est une structure dédiée à la promotion de la destination du Niger et la coordination des événements internationaux. La mise en place de l’ANEC est une idée originale qu’on ne trouve pas dans la plupart des pays. Avec l’ANEC, les organisateurs ont un seul interlocuteur qui est l’ANEC. Ce qui facilite pour eux toute l’organisation. Ils n’ont pas besoin d’aller voir différents intervenants. C’est une sorte de guichet unique qui a été créé. Il y’a eu également avec l’ANEC une grande offensive de promotion de la destination du Niger. Il faut également ajouter à cela le leadership de nos plus hautes autorités qui font que le Niger est devenu aujourd’hui une référence dans la sous-région sur le plan stabilité politique, sécuritaire mais également une référence en termes de respect qu’inspirent ses leaders dans la sous-région. Tout ça a fait en sorte qu’aujourd’hui les gens pensent qu’ils ont tout ce qu’il faut pour venir organiser leurs évènements à Niamey.
Aussitôt après la fin des deux sommets le Président de la République vous a reçu, vous ANEC et les autres membres du Comité d’organisation. Qu’est ce qu’on peut retenir substantiellement des échanges que vous avez eus?
En février 2021 lorsque le Président de la République a manifesté l’intérêt du Niger à accueillir le sommet sur l’Industrialisation (et cela a été acceptée par ses paires), il s’est automatiquement intéressé aux dispositifs à mettre en place pour qu’il ait une bonne organisation de ce sommet. Régulièrement nous avons eu l’occasion de lui faire le point de l’avancement de la préparation. Quelques jours avant la tenue du sommet, le Président de la République a rencontré l’ensemble des acteurs concernés par la question de l’organisation. Je voulais parler des ministères, du gouvernorat, du Conseil de Ville de Niamey, de l’Agence pour la Modernisation des Villes et de l’ANEC pour pourvoir faire le point sur les derniers préparatifs. Le Chef de l’Etat a manifesté un intérêt pour le suivi des évènements. C’est donc tout naturel qu’à la fin des événements qu’il invite les mêmes acteurs cette fois ci élargis aux différents présidents de comités mis en place pour faire le point sur ce qui a marché et ce qui n’a pas marché. Le Président de la République a marqué sa satisfaction par rapport à l’organisation de ce sommet. Ça a été une réussite reconnue aussi bien par les participants mais également par tous les Nigériens qui avaient pris part aux différents événements qui se sont tenus. Le Chef de l’Etat a donc tenu à féliciter l’ANEC pour le travail qui a été abattu, le professionnalisme dont elle a fait preuve. Ces félicitations sont également allées aux différents ministères, services, structures et les présidents de comités pour leur engagement qui a permis la réussite du sommet. Le Président a également donné des orientations par rapport aux insuffisances pour des dispositions à prendre à l’avenir pour que nous puissions mieux organiser encore davantage nos évènements.
Justement, M. le ministre qu’est ce qui a mal fonctionné, je vais dire les insuffisances et quelles sont les idées fortes de la réussite de ces événements?
Je pense que comme vous l’avez dit globalement, le sommet de l’Union Africaine s’est très bien passé dans l’ensemble et comme je l’ai dit, il ne peut pas y avoir un évènement d’une telle envergure sans qu’il n’y ait de petits dysfonctionnements sur lesquels nous allons travailler. Et puisque le Niger s’est engagé dans l’économie des conférences, nous devons beaucoup travailler aujourd’hui à véritablement mettre en place un dispositif de prise en charge totale de ces questions. Par exemple, une des recommandations qui a été faite c’est de mettre en place une structure en termes de protocole et une autre structure sur la sécurité qui sont spécialisées dans la gestion des évènements internationaux de haut niveau parce que la gestion d’un sommet des Chefs d’Etat ou des hautes personnalités est différente d’une activité normale. Beaucoup de pays ont aujourd’hui des structures de sécurité ou de protocole spécialisées dans la gestion de ces genres d’évènements. Je pense que ce sont des choses sur lesquelles nous devons travailler davantage afin de les améliorer. Nous devons également prendre des dispositions pour que la mise en place des dispositifs soit alignée aux standards internationaux sur lesquelles nous travaillons beaucoup.
En termes de participation, (nombres de personnalités présentes, participants, nombre de pays et d’institutions présents, événements parallèles, etc.), quelles sont les principaux éléments qu’il faut retenir?
Le sommet de Niamey a enregistré la participation de la quasi-totalité des pays membres de l’Union Africaine, à l’exception des pays qui sont sous sanction de l’Union Africaine et qui ne participent pas aux activités de l’UA.
Nous avons enregistré une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement et des Vices présidents pour ce sommet. Selon les enregistrements que nous avons eus, plus de 3000 participants ont été enregistrés et nous avons eu 43 évènements parallèles pour lesquels plus de 1500 personnes se sont inscrites. Nous avions également l’exposition des femmes transformatrices pour laquelle 21 pays étaient présents et selon les statistiques données par les organisateurs 7000 visiteurs ont été enregistrés pour ces évènements. Nous avions également une quarantaine de partenaires, organisations internationales qui étaient à Niamey. Le sommet de Niamey est parti au-delà des attentes parce que dans ce mois de novembre, il y’a eu deux évènements internationaux des Chefs d’Etat notamment la COP 27 en Egypte qui avait mobilisé des chefs d’Etat et le sommet des chefs d’Etats de l’OIF qui s’est tenu en Tunisie qui a aussi regroupé des chefs d’Etat. C’est dire le sommet de Niamey était le troisième évènement dans ce même mois. Mais en dépit de cela nous avons eu une participation très satisfaisante et cela prouve une fois de plus l’intérêt que les gens accordent au Niger et également le respect et la considération que les gens ont pour les plus hautes autorités.
On se rappelle qu’en janvier 2020 quand l’ANEC a été créée cela procédait d’une réelle volonté politique de faire du Niger un hub de rencontres internationales. Est-ce qu’on est en train de gagner ce pari de faire du Niger, un pays de grande destination
L’ANEC a été créée le 10 Janvier 2020, au lendemain de la tenue du sommet des Chefs d’Etat et de gouvernements de l’Union africaine. Il y avait donc la nécessité de pérenniser les acquis de la conférence de l’Union Africaine (UA). On avait construit des infrastructures, on avait acquis un savoir faire et il fallait pérenniser ces acquis là. On s’est rendu compte qu’également à la faveur des fêtes tournantes du 18 décembre, nous avons doté les chefs lieux des régions d’importantes infrastructures d’accueils et d’événements. Donc il faut rentabiliser tout ces investissements qui ont été faits mais également comme je l’ai dit, il faut pérenniser les acquis. Et une des voies pour pouvoir pérenniser ces acquis, c’est de faire en sorte qu’il y ait beaucoup d’événements internationaux dans notre pays. Grâce aux événements, nous pourrons avoir un nombre important de visiteurs dans notre pays. Et le fait d’avoir beaucoup d’événements internationaux pour nous, donne deux opportunités au pays. La première, c’est améliorer la visibilité du Niger sur la scène africaine et internationale. Et cette amélioration de la visibilité, va également permettre de pouvoir dissiper certains préjugés que les gens ont sur le Niger. En effet, on est considéré comme un des pays, les plus pauvres sur l’indice de développement humain. On pense que le Niger est un pays dans un environnement d’insécurité, où on pense qu’il fait très chaud. Et aujourd’hui avec la mendicité, c’est une autre image négative que les gens ont du Niger. Mais lorsque les gens viennent au pays, ils découvrent qu’en réalité, ce sont des préjugés.
Malgré l’environnement d’insécurité, Niamey et même les principales villes du Niger sont aujourd’hui parmi les villes où les taux de calamités sont les moins élevés au monde. Aussi, le Niger est souvent confondu au Nigéria. Mais grâce aux grands événements que nous enregistrons des milliers de personnes arrivent dans notre pays dont pour certains, c’est la première fois. Et ca nous permet aujourd’hui d’améliorer notre visibilité et de pouvoir dissiper ces préjugés là.
Deuxième élément pour nous, c’est que, c’est une source d’emploi et de revenu pour le pays. Chaque personne qui vient à Niamey, dépense en moyenne entre 100.000f à 150.000f par jour dans l’hébergement, la restauration, les souvenirs, etc. Bref, ca fait partie de l’économie du pays parce que les statistiques ont montré qu’un emploi sur onze (11) dans le monde aujourd’hui est créé du fait des activités liées à l’économie des conférences et au tourisme. Et aujourd’hui, on le sent au niveau du pays.
Donc, l’ANEC a été créée pour pouvoir faire en sorte qu’on ait la promotion du Niger, la visibilité et pour également créer des emplois. Mais pour que cela continue, il faut que les événements que nous organisons soit des événements alignés aux standards internationaux et c’est pour ca qu’une des missions de l’ANEC c’est de coordonner les événements qui se passent au niveau du pays en collaboration avec toutes les structures publiques et privées concernées de manière à nous assurer que tous les événements qui se tiennent au Niger sont organisés conformément aux standard internationaux. Et un troisième rôle que l’ANEC doit jouer, c’est également faire la promotion du secteur privé. Il faut que nous ayons un secteur privé fort, avoir des agences événementielles dans tous les domaines pour qu’elles puissent prendre le relais. C’est à tous ces acteurs d’organiser des événements. Le rôle de l’ANEC, c’est de faire la coordination et de s’assurer que tout soit conforme aux standards internationaux.
Monsieur le ministre, vous avez parlé de l’économie des conférences, quelles sont, aujourd’hui, puisse que c’est des opportunités qui sont autour l’organisation des conférences, les principaux partenaires de l’ANEC ? Comment se traduisent vos partenariats ?
Le rôle de l’ANEC, c’est de coordonner l’organisation des évènements au Niger. Elle n’est pas seule. Elle le fait avec les structures étatiques et privées concernées. Nous faisons ainsi appel au ministère en charge des Affaires Etrangères pour assurer le protocole et les aspects diplomatiques ; nous faisons appel au ministère en charge de l’Intérieur pour assurer la sécurité de l’événement ; nous faisons appel au ministère en charge de la Santé publique pour assurer la couverture médicale des évènements ; nous faisons appel au COGE pour l’animation et la mobilisation ; nous faisons appel au ministère chargé du Tourisme. Bref nous faisons appel à tous les acteurs concernés, la RTN, l’ONEP, toutes les structures de médias publiques et privés. Nous avons un fichier par rapports aux partenaires comme les hôtels, les agences de location des voitures, les agences de communication. Aujourd’hui, vous voyez tout l’engouement que tout cela suscite.
Je me rappelle bien, certains de vos collègues avaient annoncé que le Niger avait dépensé 450 milliards de FCFA pour organiser le Sommet de l’Union Africaine de 2019. Je profite de l’occasion pour préciser que les 450 milliards ont été investis essentiellement par le secteur privé. L’Etat n’a pas mis un seul franc dans la construction des infrastructures en 2019 qu’ils soient l’Aéroport International Diori Hamani, les hôtels, le Centre International des Conférences Mahatma Ghandi, les villas présidentielles. Cela été fait par les privés ou avec les partenaires qui ont investi. Beaucoup ont pensé que c’était un luxe pour le Niger d’avoir un nouvel Aéroport, des hôtels etc.,. Aujourd’hui, tout le monde en tire profit. Tout le monde est fier de voir ce qui se passe dans le pays. Le regard des autres a changé à propos du pays. Notre fierté s’est renforcée par rapport à cela. Aujourd’hui, Niamey n’est plus considéré comme un village mais comme une ville moderne qui répond aux exigences de nos visiteurs.
Je pense qu’avec les partenaires tout se passe dans les bonnes conditions. Nous sommes ouverts et disponibles et nous collaborons avec tout le monde. Chaque fois que nous avons un évènement de grande envergure nous mettons en place des comités, des structures qui ont participé à l’organisation du sommet de l’UA de 2019. Et l’expérience acquise le prouve. Nous avons organisé un double sommet de l’UA pour lequel nous n’avons fait appel à aucune structure étrangère. En 2019 on a fait appel à une agence évènementielle à l’internationale qui nous a coûté des centaines de millions. Nous avons fait venir des gens de la Turquie, de la Côte-d’Ivoire, du Sénégal, du Maroc. Cette fois ci, tout a été organisé par les Nigériens. Nous renforçons nos capacités aujourd’hui, nous avons acquis des expériences et c’est quelque chose qui ne fait que renforcer et améliorer les perspectives de notre pays.
Monsieur le ministre à vous écouter, les actions de l’ANEC s’inscrivent dans une philosophie d’entreprendre des actions par des Nigériens et pour des nigériens. Cela devient une affaire qui engage aussi le public. Quel est le comportemment attendu du Nigérien pour qu’on dnne une belle image du Niger ?
Je pense que c’est dans notre nature. La chaleur humaine n’a jamais fait défaut à l’occasion des évènements internationaux au Niger. Les Nigériens se sont toujours mobilisés pour pouvoir réserver un accueil exceptionnel aux hôtes venus pour le sommet ou de simples touristes qui viennent nous visiter. Nous sommes considérés comme un peuple accueillant et chaleureux. Les Nigériens sont impliqués. Nous avons vu en 2019, des bonnes volontés qui ont donné leur maison pour héberger nos invités et même pour ce sommet nous avons eu des bonnes volontés qui ont mis des voitures à la disposition de l’ANEC, pour travailler de manière bénévole. Nous avons eu une centaine de jeunes bénévoles engagés avec nous pendant deux ou trois semaines pour pouvoir organiser cet évènement. Nous avons fait appel aux fonctionnaires de l’Etat qui nous ont aidés, sans aucune rémunération ou contrat, juste pour aider surtout que nous avons compris l’intérêt qu’on peut avoir à bien organiser cet évènement. Tout le monde gagne. Des centaines ou des milliers d’emplois ont été créés. Les gens ont amélioré leurs chiffres d’affaire pays à l’occasion des différents évènements internationaux, des nouvelles agences de communications évènementielles sont en train de voir le jour, les hôtels se construisent. Nous avons beaucoup de demandes de projets de construction d’hôtels de grand standing à Niamey.
Le Niger est devenu une destination, quelles sont les perspectives à court terme pour l’ANEC en d’autres évènements ?
Ce qui est d’abord intéressant, c’est la forte volonté des plus hautes autorités du pays. Le président de la République s’est engagé dans son programme de renaissance acte 3, à améliorer la visibilité du Niger pour en faire une destination préférée pour l’organisation des conférences internationales. C’est un acte fort que le président a pris, et cet acte s’est rapidement matérialisé. Le gouvernement a été mis en place en avril, au mois de juin déjà, il ya eu un séminaire gouvernemental qui a été présidé par le Premier ministre avec l’ensemble des membres du gouvernement présents à cette occasion pour expliquer le dispositif qui est mis en place pour le développement de l’économie des conférences et ce qui est attendu de chacun d’eux pour la pérennisation de ce dispositif.
Il y a eu par la suite une note circulaire qui a été envoyée à l’ensemble des différents ministères, institutions et démembrements de l’Etat pour leur rappeler le dispositif qui a été mis en place. Par la suite, il y a eu aussi une rencontre avec l’ensemble des ministères et institutions de la république pour les sensibiliser, leur expliquer le dispositif. Il a aussi été mené des campagnes intenses sur le plan diplomatique. Et le Président de la république en personne négocie des événements pour le Niger, et pratiquement chaque fois que le président se déplace pour un grand évènement international, il y’a une mission de l’ANEC qui est avec lui pour aller négocier des évènements internationaux et les ramener au niveau du pays. C’est dire qu’il a une implication forte du président de la république par rapport à ça.
Il y a eu également des fonds conséquents mis à la disposition à l’ANEC pour organiser des évènements. Donc, il y a cette volonté politique et un engagement total. Aujourd’hui nous sommes sollicités, tous les Ministères ont compris qu’il faut associer l’ANEC. Nous sommes à la limite débordés par rapport à cela. Notre objectif en 2022, c’est d’avoir une quarantaine d’évènement, nous sommes presque à une cinquantaine d’évènements aujourd’hui. Dans ce mois de décembre, nous avons une dizaine d’évènements qui sont programmés dont les plus importants en termes de participants sont la conférence des barreaux francophones du monde qui se tiendra à Niamey, suivie juste de la rencontre des ministres en charge de l’éducation des pays du Sahel organisée avec le Comité Inter-Etat de Lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS), la réunion annuelle du partenariat Ougadougou 2022, la 2ème édition des Awards des rires africains que notre compatriote Mamane le Goundouanais organise, la 5ème session des ministres de la Justice de l’OHADA et le Congrès de la jeunesse panafricaine. Cela est un signe fort.
Entre octobre et décembre on a eu pratiquement une vingtaine d’évènements internationaux. Durant le sommet qui vient de se passer, on a enregistré 43 évènements parallèles. Outre les deux sommets des Chefs d’Etat, il y a eu deux panels des Premières dames, les expositions et la semaine africaine de l’industrialisation. En février prochain, nous avons deux grands évènement d’envergure internationale à savoir le Forum des investisseurs Union Européenne-Niger, le forum régional africain du développement durable que le Niger organise avec les Nations Unies auquel 4000 invités sont prévus. Les acteurs ont compris que grâce aux dispositifs qui ont été pris avec la création de l’ANEC, nos évènements sont organisés dans les meilleures conditions. Je sais qu’à l’occasion des grands évènements souvent la population se plaint des perturbations en termes de mobilité dans la ville. Cela fait partie malheureusement du décor. Même les grandes villes comme New-York ne sont pas épargnées lors des Assemblées annuelles de l’ONU, c’est pratiquement des quartiers entiers qui sont bloqués pas des ruelles. Pratiquement c’est tout le centre autour de l’ONU qui est complément bloqué. Je pense que nos concitoyens ont commencé à intégrer cela en faisant preuve de patience. Je les invite encore à continuer à accompagner cette dynamique du Président de la République pour que les évènements se passent encore normalement. C’est dans l’intérêt de notre pays. Aujourd’hui, l’économie des conférences fait vivre les services. En effet, 70% du PIB des pays développés est lié aux services. Ce n’est pas l’industrialisation, c’est plutôt les services. Nous avons des grands pays en Afrique et dans le monde qui vivent de cela.
Quelles sont les perspectives pour l’ANEC ?
Nous avons comme souhait de continuer à faire des évènements internationaux et mettre en place des standards de qualité des plus élevés en matière d’organisation. A chaque fois nous tirons des conclusions et voir ce qui a marché et on essaie de renforcer cela la prochaine fois par des améliorations. Nous devons continuez à faire profiter les opérateurs économiques nigériens de cette dynamique. En moyen et court termes, nous envisageons de décentraliser les évènements pour les faire à l’intérieur du pays. Il y’a deux festivals notamment celui de l’Aïr, où nous enregistrons beaucoup de participants internationaux. Nous devons pouvoir organiser des événements à Dosso, à Maradi, à Tahoua, à Diffa qui ont des infrastructures qui peuvent accueillir des évènements. Et, une des conditions à améliorer ce sont les dessertes aériennes. Il faut juste que le Ministre de l’Intérieur et le Ministre des Transports travaillent sur ce point. Il faut aussi faire profiter les artistes, les artisans de notre pays de cette manne que génère l’économie des conférences. Nous devons travailler à améliorer nos capacités en termes de communication notamment dans le domaine de l’internet. Tous les acteurs sont mobilisés derrière le Chef de l’état pour faire davantage de notre pays un hub en matière de conférence, des évènements internationaux.
Réalisée par Assane Soumana et Siradji Sanda(onep)
Source : http://www.lesahel.org
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En visite de travail au Niger, le Vice-président de la Banque Mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale a accordé une interview exclusive à l’ONEP. Dans cet entretien à cœur ouvert, M. Ousmane Diagana évoque plusieurs thématiques dont la résilience de l’économie nigérienne, les différents programmes et projets financés par la Banque Mondiale au Niger dont le barrage de Kandadji, le financement du PDES 2022-2026, la justice climatique et la place du Niger dans le partenariat de cette institution avec les pays Africains. «Quand on regarde ce qui se passe au Mali, au Burkina Faso et même en Libye et au Tchad qui ne sont pas très loin, on se dit que le Niger est un îlot de stabilité. Et ce n’est pas quelque chose qu’il faut seulement observer et saluer, c’est quelque chose qu’il faut maintenir et créer les conditions pour sa pérennisation», a entre autres confié M. Diagana.
En juin 2021, vous étiez au Niger dans le cadre d’une mission de la Société financière internationale (SFI). Vous voilà encore à Niamey, quel est l’objectif de cette visite au Niger ?
Je suis venu cette fois-ci entant que Vice- président de la Banque Mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et centrale et ma visite a un triple objectif. Il s’agit en premier lieu de faire la revue des programmes que nous finançons au Niger avec à la fois des visites de terrain (à ce sujet j’ai été à Kandadji) mais également des discussions techniques avec les Ministères de tutelle et les structures responsables de l’exécution et du suivi de ces projets. Le deuxième objectif, c’est de m’imprégner davantage sur les priorités du gouvernement en matière de développement économique et social et voir dans quelle mesure la Banque Mondiale peut, dans le cadre de son partenariat avec le Niger, accompagner le pays. Parlant de vision, je tiens à souligner que cette visite se tient dans un contexte particulier avec l’organisation prochaine à Paris par le Niger, d’une Table ronde pour le financement de son Plan de développement économique et social (2022-2026). Le dernier objectif de ma mission est de visiter mes propres collègues au Niger. En effet, on a un très grand bureau au Niger avec beaucoup de staff. Il s’agit donc pour moi de voir leurs conditions de travail, de m’imprégner de leur situation ici et voir comment on peut toujours les accompagner pour qu’à leur tour travaillent dans des meilleures conditions possibles avec le Niger qui est un pays très important dans notre dispositif de partenariat avec les pays africains.
‘’Nous avons mobilisé plus de 400 Millions de dollars. Ce qui représente plus du tiers du coût total du barrage’’
Le Niger fait face à divers chocs (sécuritaire, climatique, sanitaire ainsi qu’aux conséquences de la guerre en Ukraine. Mais, l’économie nigérienne fait preuve de résilience. Que faut-il faire pour maintenir cet état de fait ?
En effet, le Niger à l’instar des pays du monde entier est frappé par ces crises multiples et qui se chevauchent. Il y a eu la pandémie et ensuite les crises, pas seulement celles qui sévissent dans la région du Sahel, mais aussi le conflit russo-ukrainien et la crise liée au changement climatique. Le Niger fait preuve de résilience. Le niveau de croissance économique, en terme absolu, est à saluer mais il est important qu’on accompagne le Niger surtout dans son contexte géographique à rester débout. C’est-à-dire pour qu’il puisse continuer à bénéficier de l’accompagnement technique et de l’accompagnement financier pour que l’économie puisse produire les emplois qui sont indispensables à l’amélioration des conditions de vie des populations pour que les services sociaux puissent être disponibles, solides et surtout accessibles aux populations. Je pense précisément à l’éducation, à la santé, à l’accès à l’eau potable et à l’énergie. Pendant cette mission, on a beaucoup échangé sur ces questions. On a surtout essayé d’être plus pragmatique en se disant qu’il y a de grands programmes de la Banque Mondiale dans chacun de ces secteurs. Il faut donc accélérer leur mise en œuvre pour que justement cet objectif de servir les populations partout où elles se trouvent puisse être atteint. Et je pense que c’est ça qui va renforcer la résilience, faire reculer la pauvreté mais aussi créer les conditions d’une reprise poste crise beaucoup plus importante.
Pour beaucoup de Nigériens, la construction du Barrage de Kandadji ressemble à un mythe. Après avoir visité le site du chantier, quelles sont vos impressions relativement à l’aboutissement d’un tel projet ?
J’ai eu la chance d’être moi-même en poste au Niger quand la première pierre de ce programme a été posée, il y a une quinzaine d’années. J’ai eu beaucoup de témoignages, appris beaucoup de choses sur l’histoire de ce barrage. La pose de la première pierre était déjà, à l’époque, une étape extrêmement importante qui a été saluée par les autorités et les populations nigériennes. J’ai été sur le site et j’ai constaté que les travaux ont repris. Ce qui m’amène à vous répondre de manière claire et précise : Le barrage de Kandadji verra bien le jour. On m’a dit que la date d’achèvement des travaux de génie civil, de mise à l’eau du barrage pourra avoir lieu autour du mois d’octobre 2025. Je pense qu’au vu de ce que, j’ai vu sur le terrain, il y a des raisons de rester optimiste en se disant que c’est une échéance qui peut être tenue. Mais si pour des contingences diverses pas toujours prévisibles, ce délai doit être revu, cela ne remettrait pas en cause la réalité du barrage. Ce d’autant que les financements sont mobilisés. Nous-mêmes en tant qu’institution financière, nous avons mobilisé plus de 400 Millions de dollars. Ce qui représente plus du tiers du coût total du barrage qui est d’un peu plus d’un milliard deux cent millions de dollars. Donc, les ressources financières sont mobilisées, les entreprises sont en train de travailler, l’Agence du Barrage de Kandadji (ABK) est dans son rôle. Le gouvernement, malgré le contexte difficile du moment, est en train de tenir tous ses engagements par rapport au barrage.
‘’En moyenne pour les trois années à venir, c’est près de trois (3) milliards de dollars additionnels que le Niger va obtenir de façon concrète’’
Dans son Projet de capital humain, la Banque mondiale insiste beaucoup sur l’autonomisation des femmes, des filles et des jeunes. Concrètement comment cela se traduit-il au Niger ?
Ce projet se traduit par des financements de plusieurs opérations dans le secteur de l’éducation avec un accent particulier sur l’éducation des filles mais également avec une attention très particulière sur le renforcement de la qualité du système éducatif pour que les Nigériens qui sortent du système puissent avoir les compétences qu’il faut pour être employés ou s’auto-employer. Ça se traduit également par un financement significatif en faveur du secteur de la santé. Pendant la Covid nous avons été, peut-être, en termes de financement pour l’achat de vaccins, la première institution. En plus de cela, nous avons été l’institution qui a dit que la crise sanitaire doit être une opportunité pour renforcer le système de santé dans son ensemble. Nous avons pour cela alloué de ressources financières importantes à ce secteur. Et finalement, ce projet se traduit par une augmentation de nos ressources pour le renforcement du système de protection sociale et le financement des programmes de Filets sociaux. Au Niger, l’Indice de capital humain est très bas. Il se situe aux alentours de 0,35, c’est à dire qu’à l’âge de 18 voire 20 ans, un Nigérien ne peut utiliser qu’à peu près 35% de son potentiel. Ce qui n’est pas suffisant pour que les populations puissent contribuer au développement de l’économie et en même temps s’épanouir à la fois physiquement et socialement. Donc les programmes que j’ai mentionné tantôt ont pour objectif de relever cet indice de capital humain et donc de créer toutes les conditions pour que les jeunes filles et garçons soient des acteurs économiques, des citoyens solides, bien formés, en bonne santé et capables de soutenir le pays dans l’atteinte de son objectif légitime d’économie émergente et d’un pays qui peut se développer.
La question de fonds disponibles se pose souvent pour assurer les financements des différents projets surtout dans le contexte mondial actuel. Il n’y a pas de souci à ce niveau ?
En effet, nous avons complété l’approvisionnement ou la reconstitution de l’IDA 20. Il y a, à peine quelques mois, c’est un montant de 65 millions de dollars qui avait été obtenu pour l’ensemble des pays africains et le Niger est bien positionné pour obtenir une part suffisante de ces ressources. Il a déjà commencé à obtenir des ressources à ce niveau là. En moyenne pour les trois années à venir, c’est près de trois (3) milliards de dollars additionnels que le Niger va obtenir de façon concrète. Et ceci va s’ajouter aux programmes importants dans plusieurs secteurs qui existent au Niger et qui financent des projets en cours d’exécution dont le montant global est de plus de 4,4 milliards de dollars américains.
‘’C’est une question de justice que d’appuyer les pays africains à s’adapter au changement climatique, ce n’est pas seulement une question économique ou sociale’’
L’adaptation au changement climatique est un enjeu majeur au Sahel et au Niger en particulier. Et la question du financement en particulier pour les pays africains est toujours d’actualité ainsi que le prouve les débats lors de la COP 27. Quel est votre point de vue sur ce sujet?
Les pays africains sont frappés par les effets du changement climatique et ils ne sont pas suffisamment bénéficiaires des ressources qui sont en train d’être promises ou même mobilisées pour les aider à s’adapter au changement climatique. C’est quelque chose d’injuste qu’il faut corriger parce que les pays africains contribuent très peu à l’émission des gaz à effet de serre et que par ailleurs ils absorbent une partie importante de ces pollutions qui sont générées d’ailleurs. Il y a donc nécessité de les aider à s’adapter aux effets du changement climatique et diminuer les pertes qu’ils enregistrent à cause de cela. C’est une question de justice, ce n’est pas seulement une question économique ou sociale. La Banque Mondiale se fait l’avocat des pays africains en mettant cette question sur la table dans toutes les négociations internationales. En même temps nous jouons notre rôle en finançant des programmes qui permettent aux pays africains de s’adapter au changement climatique. Lorsque je parlais tantôt de ce que nous faisons dans l’agriculture, l’énergie, l’eau, nous le faisons selon une approche qui permette à ces secteurs d’être encore plus résilients, qui tienne compte de l’impact du changement climatique sur les sols et sur la production ou la productivité agricole. Dans le domaine de l’énergie, nous plaidons pour que les pays, qui ont un potentiel important en matière d’énergie renouvelable comme le solaire ou l’éolien puissent utiliser ça pour créer les conditions d’un meilleur accès des populations à l’électricité.
Le PDES 2022-2026 a un coût de 30 millions de dollars dont 16,5 millions sont à rechercher. Etes-vous optimiste quant à l’issue de la Table ronde de Paris et qu’est ce qui justifierait cet optimisme?
Je ne peux parler que de la Banque Mondiale. Le Niger organise la table ronde avec l’ensemble de ses partenaires; mais pour nous à la Banque Mondiale, le Niger est un pays très important d’abord par rapport à sa situation géographique et les problèmes d’insécurité dans son voisinage immédiat. Quand on regarde ce qui se passe au Mali, au Burkina Faso et même en Libye et au Tchad qui ne sont pas très loin, on se dit que le Niger est un îlot de stabilité. Et ce n’est pas quelque chose qu’il faut seulement observer et saluer, c’est quelque chose qu’il faut maintenir et créer les conditions pour sa pérennisation. Pour cela, il faut des programmes structurants qui permettront aux jeunes d’avoir accès à un travail et à un travail décent; aux jeunes filles d’aller à l’école et d’en ressortir avec des connaissances qui leur permettent de contribuer à adresser le défi démographique. Tout cela demande des financements conséquents. Nous tenons compte de cela pour aider le Niger à bénéficier des ressources financières importantes. En plus, le Niger accorde une place extrêmement importante aux institutions ; des institutions qui sont solides, stables et crédibles. C’est une œuvre de longue haleine qu’il faut accompagner. Il y a aussi la résilience des populations nigériennes. Avec tous ces éléments, des institutions comme la Banque Mondiale ne peuvent qu’accompagner le Niger. Nous ne sommes pas qu’une banque, nous sommes une institution de développement. Et c’est à ce titre que nous regardons les facteurs qui peuvent contribuer à amener un pays d’une situation A aujourd’hui, à une situation B demain où les populations bénéficient de conditions de vie meilleures. Et cette situation B ne doit pas être un point d’arrivée définitif. Tous les pays cherchent à s’améliorer tous les jours. On ne peut pas dire que les Etats Unis et la France sont aujourd’hui des pays développés et doivent croiser les bras. Ils doivent maintenir les résultats en matière de développement, donc ils doivent se réformer en permanence, ils doivent interroger leurs politiques publiques, ils doivent approcher les programmes d’investissement d’une autre manière.
Quand je dis que nous sommes une banque de développement, c’est parce que nous apportons notre expertise technique et nos conseils au gouvernement pour que ses objectifs de développement puissent être atteints. Notre mission de banque devient ensuite un appoint puisqu’il faut mobiliser des financements pour à la fois contribuer à la réalisation d’un certain nombre d’objectif, mais aussi compte tenu de la crédibilité de l’institution que nous représentons, notre financement d’un dollar pourrait amener trois dollars de plus. Et c’est ça qui permet d’avoir un effet multiplicateur pour des résultats durables. Donc si le monde a la même lecture que moi, je peux être optimiste pour le résultat de la table ronde.
‘’Si le Niger d’aujourd’hui est mieux que le Niger d’il y a 5 ans, on peut en déduire mathématiquement que le Niger dans 5 ans sera meilleur qu’aujourd’hui’’
Est-ce que le numérique représente une bonne perspective de développement pour nos pays?
La réponse est oui. Pas seulement pour la Banque Mondiale, mais pour tout le monde. Si on est en mesure d’avoir cet entretien où chacun de nous va trier les éléments dont il a besoin et le partager avec ses auditeurs, lecteurs ou téléspectateurs, c’est grâce au numérique. Si la crise sans précèdent que le monde a connu et dont il continue de souffrir de certains de ses effets en l’occurrence la COVID-19, les économies et les populations ont appris à être résilientes, c’est à grâce au numérique. Quand les écoles ont continué à fonctionner dans pas mal d’endroits surtout pour ce qui concerne l’enseignement supérieur, quand les transferts monétaires ont continué à se faire au moment où les populations ne pouvaient pas bouger, c’est grâce au numérique. Oui, le pouvoir de transformation du numérique est sans précédent. Je le dis à beaucoup de mes interlocuteurs, l’analphabète de demain et je pourrais dire d’aujourd’hui n’est pas celui qui n’est pas allé à l’école, mais plutôt celui qui ne comprend pas ou qui n’utilise pas le potentiel du numérique.
Monsieur le président pour finir, je veux vous prendre au mot par rapport à une déclaration que vous avez faite dans l’interview que vous nous aviez accordée en juin 2021. ‘’ Je pense que dans les cinq (5) ans à venir, le Niger sera un pays en pleine transformation’’. Cette déclaration nous intéresse parce qu’on sait que vous êtes un observateur averti et attentif pour tout ce qui concerne le Niger et surtout pour y être resté pendant des années. Est-ce que cet optimisme reste encore de rigueur, un an après cette déclaration ?
Vous êtes mieux placés que moi pour dire où est-ce que le Niger se trouve par rapport à cette déclaration. C’est vous qui vivez ici. Moi, je viens pour passer deux ou trois jours. Mais ce que je sais c’est que le Niger d’aujourd’hui n’a pas grand-chose à voir avec le Niger d’il y a six (6) ou sept (7) ans. Le Niger d’il y a six (6) ans ou sept (7) ans n’a pas grand-chose à voir avec le Niger d’il y a dix (10) ans, ne serait-ce que sur le plan physique. Si le Niger d’aujourd’hui est mieux que le Niger d’il y a 5 ans, on peut en déduire mathématiquement que le Niger dans 5 ans sera meilleur qu’aujourd’hui. Je vous ai parlé de ce qui se passe avec le barrage de kandadji qui est en train de se réaliser. Ce barrage peut-être dans cinq (5) ans sera vraiment une réalité avec tout ce que cela va avoir comme résultats en termes de niveau de production de l’électricité, de développement de l’agriculture et de la maitrise de l’eau pour que les paysans puissent réaliser produire constamment avec un taux de rendement meilleur que les six (6) à sept (7) tonnes à l’hectare aujourd’hui. Dans cinq (5) ans, le Niger peut faire 15 tonnes à l’hectare. Ce qui veut dire le Niger sera absolument une solution, pas seulement à son propre problème d’insécurité alimentaire, mais le Niger peut aussi devenir un grenier pour toute l’Afrique de l’Ouest et que les pays africains ne soient pas affamés parce qu’il y a une guerre en Ukraine. L’Ukraine n’a que 40 millions d’habitants alors qu’en Afrique, on a plus d’un milliard quatre cent millions habitants. Il faut voir désormais les choses autrement. On a parlé du pouvoir de transformation du digital. Le peu que le Niger a aujourd’hui dans l’économie numérique ne pourra que s’augmenter au fil des années. Cela peut permettre aux étudiants de l’Université Abdou Moumouni d’avoir tous accès aux bibliothèques de Harvard ou toute autre Université au monde et avoir par conséquent sans bouger du Niger les mêmes chances d’accéder à un savoir qui s’est mondialisé et être compétitifs à l’échelle mondiale. On peut faire des hospitalisations et donner des soins de santé de qualité à travers le digital. C’est comme ça que demain se fera et il doit profiter à tous les pays. Oui, je suis vraiment optimiste et mon rôle en tant que partenaire du Niger est de faire en sorte que cet optimisme ne soit pas un optimisme béat, c’est-à-dire qu’on ne tient que dans le discours. Il faut qu’on soit dans l’action portée avec les Nigériens (les autorités gouvernementales; le secteur privé, la société civile et surtout les jeunes parce que le futur de l’Afrique se fera ou ne se fera pas qu’avec sa jeunesse.
Réalisé par Assane Soumana et l Siradji Sanda
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M le Directeur général, quel est le rôle que l’Agence Nationale de Financement des Collectivités Territoriales joue auprès des acteurs et entités du système de la décentralisation au Niger ?
Merci de l’opportunité que vous m’offrez de parler de l’Agence Nationale de Financement des Collectivités Territoriales (ANFICT) dans le paysage de la décentration dans notre pays. Créée par la Loi-2008-38 du 10 juillet 2008, l’Agence Nationale de Financement des Collectivités Territoriales (ANFICT), est un organe pivot du dispositif de décentralisation au Niger. Elle est à cet effet investie de la mission de service public de mobilisation et de répartition des ressources aux Collectivités Territoriales à titre de subvention pour leur fonctionnement et pour la réalisation des investissements sous leur maitrise d’ouvrage et en tenant compte de leur niveau de performance.
C’est donc un instrument qui permet à l’Etat de jouer pleinement son rôle de régulateur dans le domaine de la décentralisation en adéquation aux dispositions des articles 164 et 165 de la Constitution du 25 Novembre 2010 qui disposent que ‘’l’Etat veille au développement harmonieux de toutes les collectivités territoriales sur la base de la solidarité nationale, des potentialités régionales et de l’équilibre interrégional’’. A cet effet, l’ANFICT est appelée à assurer la péréquation des ressources nationales et des financements extérieurs qui lui sont confiés et à appuyer les Collectivités Territoriales dans la promotion et le développement de services publics de proximité…
Par ailleurs dois-je le rappeler, l’ANFICT est née au terme d’un large consensus de l’ensemble des acteurs de la décentralisation sur la nécessité de doter l’Etat d’un dispositif unique, pérenne, de statut public, subventionnaire, ouvert à l’ensemble des collectivités qui sera abondé et par le budget de l’Etat et par les aides des partenaires techniques et financiers.
C’est donc, un organe fédérateur qui allie la satisfaction des besoins des Collectivités Territoriales en terme de financement et ceux des pouvoirs publics et des partenaires techniques et financiers qui accompagnent le processus de décentralisation au Niger.
L’ANFICT œuvre ainsi aux côtés des Collectivités Territoriales en leur apportant financement et accompagnement technique dans le cadre de la mise en œuvre des investissements.
Est-ce que les animateurs des collectivités territoriales perçoivent bien la présence de l’ANFICT? Bénéficient-ils de ses appuis ?
Les premiers partenaires directs de l’ANFICT restent incontestablement les animateurs des Collectivités Territoriales qui sont constamment en rapport avec nos services, en particulier avec le niveau régional. Faut-il le noter, nous sommes présents dans les huit (8) régions du pays et partout les exécutifs des Collectivités collaborent positivement avec nos représentants qui leur apportent appui-conseil et encadrement.
A ce titre, les échos qui nous parviennent témoignent de l’internalisation de l’outil ANFICT dans le langage et le vécu quotidien des Collectivités Territoriales en ce sens que nous avons consacrés nos représentations comme étant les ‘’Maisons des Collectivités ‘’.
Des réflexions sont déjà en cours pour aménager des espaces aux seins des directions régionales pour mieux accueillir et offrir le service d’accompagnement de proximité. Cela est entrepris après le renforcement des capacités humaines et logistiques de l’Agence, le tout pour être plus présent et plus utile aux Collectivités Territoriales de notre pays pour lesquelles l’Agence est créée.
Lors de la session tripartite maires-ministres-partenaires au développement au sommet Africités à Kisumu(Kenya) auquel vous avez participé, les élus locaux africains ont insisté sur la nécessité des transferts des compétences et surtout des ressources. Monsieur le directeur général, que fait l’ANFICT au Niger concernant ces préoccupations ?
L’ANFICT joue sa partition « de force de propositions », dans le cadre de la mobilisation de ressources en faveur des Collectivités territoriales ‘’. Les efforts entrepris sont de plusieurs ordres. On peut noter les actions de plaidoyer au niveau National en lien avec les faitières des Collectivités Territoriales notamment l’Association des Municipalités du Niger (AMN) et l’Association des Régions du Niger (ARENI). Dans cet ordre d’idée nous avons été reçus par «le premier magistrat du pays’’, son excellence Monsieur Mohamed Bazoum, Président de la République, Chef de l’Etat qui a affirmé sa ferme volonté d’accompagner le processus de décentralisation avec un volume de financement conséquent à l’instar des autres pays de la sous-région et même de la Région Afrique.
Parlant de la Région Afrique, vous avez bien fait d’évoquer les Africités…L’ANFICT est membre du Réseau des Institution Africaines de Financement des Collectivités Locales ‘’RIAFCO’’ dont nous avons l’insigne honneur d’assurer la vice-présidence. Je peux affirmer que ces instances régionales constituent des véritables cadres de plaidoyer et de mobilisation des ressources au profit des Collectivités de notre pays.
Puisqu’il est question de financements, est ce que l’ANFICT a les moyens de sa mission ?
L’ANFICT est un instrument de l’Etat comme je l’affirmais plus haut, et pour ce faire, l’Etat en créant cette institution, l’a dotée des moyens juridiques pour lui permettre d’accomplir sa mission de financement des Collectivités Territoriales.
A cet effet, la flexibilité du dispositif et la gamme des ressources qui lui sont confiées constituent assurément des atouts pour cette institution. Il revient aux animateurs de ce dispositif que nous sommes de donner tous le contenu nécessaire à ces dispositions réglementaires pour pouvoir contribuer efficacement à la mission à elle confiée.
Néanmoins, après plus d’une décennie de mise œuvre certaines insuffisances sont apparues, ce qui a conduit l’ANFICT et ses partenaires à engager un processus de relecture des textes fondamentaux de l’Agence. Un des objectifs poursuivis à travers cette révision est d’accroitre les ressources et les possibilités de financement.
En tant que responsable d’un dispositif clé du système de la décentralisation, quelles appréciations portez-vous sur ce processus au Niger ?
Le processus de décentralisation est dans une dynamique qui laisse entrevoir beaucoup d’espoir pour notre pays. Nous avons d’une part des pouvoirs publics très engagés et d’autre part des Collectivités Territoriales qui s’affirment de plus en plus dans le paysage.
Ce contexte est marqué également par le processus de transfert des compétences et des ressources qui se trouve à un niveau très avancé et pour lesquels mon institution travaille d’arrache pieds pour offrir aux différents ministères sectoriels son offre de service pour la matérialisation financière de ce transfert.
D’ores et déjà, l’Agence joue un rôle de premier plan dans le cadre de transfert des compétences et des ressources dans le domaine de l’éducation à travers le Fonds Commun Sectoriel de l’Education (FCSE). Ainsi, l’ANFICT accompagne les Collectivités Territoriales dans la réalisation des infrastructures scolaires, les équipements et les subventions aux structures décentralisées des établissements scolaires et cela depuis 2018.
Par souley Moutari(onep)
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Comment avez-vous accueilli et vécu l’initiative de ce forum ?
C’est une initiative qu’il faut saluer et pour laquelle il faut féliciter les initiateurs en premier lieu le Premier ministre, Chef du gouvernement. C’est une occasion qui nous a été offerte de nous entretenir à bâton rompu. Je pense que nous nous sommes bien compris, nous avons exprimé nos préoccupations et les résultats sont là. Les uns et les autres ont pris l’engagement d’appliquer les recommandations qui sont issues de ce forum. Et nous pensons que quelque chose sera fait dans le sens d’améliorer la gestion des entreprises et établissements publics du Niger.
Globalement quelles sont les leçons que vous tirez de ce forum ?
D’abord je suis satisfait des échanges qu’on a eus. A un certain moment, ce n’était pas comme ça. En fonction des humeurs ou des usages, on vient dire que c’est une évaluation ou dire qu’on veut voir ce qui marche ou ce qui ne marche pas. Mais, le forum a adopté une autre démarche. Les échanges se sont déroulés à bâton rompu et il n’y a pas un jeu de cache-cache. C’est pourquoi, j’ai sincèrement apprécié la méthode et j’en félicite les organisateurs.
Les responsables des entreprises et établissements publics ont évoqué des préoccupations. Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez le plus souvent en tant qu’entreprises publiques?
Toutes les sociétés ont des difficultés. On a passé en revue ces dernières. Je pense que si la volonté y ait, ces difficultés trouveront désormais des solutions. Certes, d’une entreprise à une autre, les difficultés ne sont pas les mêmes. Pour notre cas à Niger Télécoms, nous l’avons dit, ces difficultés sont surtout l’accompagnement de l’Etat parce que nous évoluons dans un secteur et un environnement très concurrentiel. Nous ne demandons pas plus d’argent de l’Etat, mais nous demandons à ce que l’Etat garantisse certains engagements que nous prenons avec les partenaires. Si cela est acquis, nous serons un jour une entreprise qui sera comme une garantie pour l’Etat dans certaines opérations. L’autre difficulté à laquelle nous faisons face c’est l’assiette fiscale. Il faut l’examiner et voir si elle est réellement adaptée au secteur, ce dont je ne pense pas. Troisième chose, c’est que Niger Télécoms évolue sur un secteur concurrentiel, il faut lui assouplir les règles de passation des marchés publics pour faire face à cette concurrence.
Y a -t-il des options de solutions que les entreprises peuvent mettre en œuvre en attendant celles de l’Etat ?
Effectivement, c’est l’un des avantages de ce forum. Maintenant, les gens ont, grâce aux débats qu’on a eus, compris que ces entreprises ont la possibilité, à travers l’élaboration des manuels de procédure internes, de faire les choses un peu plus convenablement. Il y a aussi la synergie d’actions entre nous. Les dés sont maintenant jetés. On a pris des contacts et je pense qu’on saura comment améliorer nos relations et nos transactions entre nous-mêmes. Pour nous à Niger Télécoms, beaucoup de choses vont être améliorées du fait des services que nous fournissons aux établissements publics et sociétés d’Etat. Je suis certain que quelque chose va changer.
Propos recueillis par Siradji Sanda(onep)
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Monsieur le président, la Commission Nationale des Droits Humains que vous dirigez depuis une année vient de réussir brillamment son examen de ré-accréditation à Genève. Quel est le sentiment qui vous anime à l’issue de ce succès ?
Je suis animé par un sentiment de fierté et de grande satisfaction suite à la ré-accréditation de notre Institution au Statut « A » de l’Alliance Mondiale des Institutions Nationales des Droits Humains (GANHRI), à l’issue de l’examen d’évaluation passé le 06 octobre 2022 à Genève et dont les résultats nous sont parvenus le 11 octobre 2022 après les délibérations du jury. En effet, réussir, en un an de fonction, à conserver à la CNDH-NIGER ce statut tant convoité par les Intitulions Nationales des Droits de l’Homme (INDH) du monde entier était un défi majeur à relever. Cela est d’autant plus vrai que le statut « A » représente le plus haut niveau de crédibilité auquel aspire toute Institution de défense, de promotion et de protection des droits de l’homme. C’est une reconnaissance à l’échelle mondiale.
Notre succès à cet important examen est le couronnement d’intenses actions menées un (01) an durant par l’équipe en place à la Commission. Pour atteindre cet objectif nous avons travaillé en synergie avec les partenaires techniques et financiers, les organisations de la société civile et l’Etat.
Nous avons eu ce succès à un moment où une alternance démocratique est intervenue en 2021 au niveau de la Commission qui a vu le renouvellement de sept (07) Commissaires sur neuf (09) et la totalité des membres du Bureau Exécutif. Il a fallu à la nouvelle équipe que je dirige, de déployer beaucoup d’efforts pour capitaliser les acquis de l’équipe précédente qui a obtenu ce Statut « A » en 2017 assorti de six (06) recommandations. Il nous appartenait de faire suivre d’effets ces recommandations au nom de la continuité de service, tout en évitant, à travers de bonnes pratiques, de provoquer de nouvelles.
Dieu merci, à l’issue de l’examen de cette année nous avons réussi à faire lever quatre (04) des six (06) recommandations en obtenant la ré-accréditation au Statut « A » avec deux (02) seulement. Cela s’explique par le fait qu’aucune œuvre humaine n’étant parfaite, quelle que soit la qualité d’un dossier, son examen est susceptible de donner lieu à des observations.
Ce succès est l’œuvre de l’ensemble des Commissaires aux Droits Humains et du personnel administratif et technique de la CNDH qui se sont mobilisés comme un seul homme pour aboutir à ce résultat. Cet échange me donne l’occasion de remercier sincèrement toutes les parties prenantes pour cette belle victoire qui, au-delà de la Commission, honore le Niger tout entier. C’est en effet l’Etat du Niger qui est honoré à travers le maintien de ce statut. Avec cette décision, l’Alliance Mondiale « GANHRI » reconnait que le Niger fait partie des Etats qui sont soucieux de la promotion et de la protection des droits humains sur leurs territoires, œuvrant pour la jouissance effective de ces droits pour tous les citoyens.
C’est le lieu pour moi de saluer les appuis importants de l’Etat dont les efforts au profit de la Commission, ont contribué à obtenir cette victoire. A cet égard, c’est avec un réel plaisir que je rends un hommage mérité aux hautes autorités de la République particulièrement à Son Excellence Monsieur le Président de la République qui a toujours eu une oreille attentive vis-à-vis des préoccupations de la Commission qu’il a tenu constamment à accompagner dans l’accomplissement de ses missions au service des citoyens. J’associe à cet hommage les organisations de la société civile nigérienne ainsi que tous nos partenaires techniques et financiers dont les actions à nos côtés ont largement contribué à ce succès. Aux usagers de nos services, je leur dis merci de continuer à nous faire confiance car, leurs saisines et le traitement de leurs dossiers contribuent au rayonnement de la Commission.
L’examen de ré-accréditation au statut A est un examen difficile pour les Institutions des Droits Humains. Qu’est-ce qui fonde votre maintien à ce prestigieux statut au bout d’un an d’exercice de votre bureau?
C’est vrai que l’examen d’accréditation au Statut « A » de la GANHRI est particulièrement difficile pour les INDHs. Beaucoup d’INDHs des pays européens n’ont pas de Statut « A ». En Afrique très peu d’INDHs ont réussi l’examen d’admission à ce Statut. Cet exploit, après un (01) an à la tête de la CNDH, est dû au travail ardu accompli, pour la cause des droits humains, par l’équipe soudée constituée par le collège des Commissaires, les cadres et le personnel administratif et technique de la Commission. Au-delà de la consolidation des acquis de l’équipe à laquelle nous avons succédé qui a géré la Commission huit (08) ans durant en deux mandats, nous avons, dès notre installation le 11 octobre 2021 œuvré à exécuter immédiatement notre programme d’actions avec une vision prospective dans le respect de nos textes tout en privilégiant les bonnes pratiques de gestion qui nous ont valu la confiance de tous nos partenaires et de l’Etat. Avec peu de moyens gérés de manière rationnelle et transparente nous avons pu remplir notre cahier de charges à la satisfaction de nos concitoyens. Actuellement un audit organisationnel est en cours à la Commission dans le but d’engager des réformes de fond de nos procédures, nos pratiques quotidiennes, nos méthodes de travail et nos textes qui ont besoin de toilettage après dix ans de mise en œuvre. Toutes ces initiatives et actions salvatrices menées de manière inclusive avec rigueur et détermination ont, en si peu de temps, accru la notoriété et la crédibilité de la CNDH fondant ainsi le maintien mérité de ce prestigieux Statut « A ». Dans cette posture, la Commission est désormais revigorée et plus en mesure de prendre en charge convenablement les légitimes préoccupations de nos concitoyens en matière de jouissance effective de leurs droits et libertés consacrés par la Constitution et les instruments juridiques internationaux ratifiés par le Niger.
La défense et la protection des droits humains est une immense tâche dans un pays aussi grand que le Niger. Comment votre institution travaille-t-elle dans l’accomplissement de cette mission ?
L’immensité du territoire national n’est nullement un obstacle à l’exécution du mandat de la Commission qui a le devoir de réserver un traitement équitable à tous les citoyens d’Ayorou à N’Gourti et de Madarounfa à Madama pourvu que nous ayons les moyens de nos actions au service de la population. Pour ce faire, nous sommes entrain de créer les conditions de mobilisation davantage de moyens matériels et humains devant nous permettre d’atteindre les nobles objectifs de la Commission. Effectivement la défense, la promotion et la protection des droits humains dans un pays ayant une superficie de 1 267 000 Km² est un grand défi, surtout quand il fait partie des pays les moins avancés du monde et est confronté à l’insécurité due aux agissements des groupes terroristes qui sèment la terreur dans plusieurs régions. Cependant, comme notre mission constitutionnelle est la défense, la promotion et la protection des droits humains, nous ne saurons baisser les bras malgré les faibles moyens dont nous disposons. C’est ainsi que, pour être plus proche des citoyens qui n’ont pas les moyens de se déplacer jusqu’à notre siège à Niamey, nous avons mis en place cinq (05) antennes régionales et deux (02) points focaux qui sont quotidiennement à leur écoute.
En plus, comme les violations des droits humains se font le plus souvent loin des grandes villes, nous organisons des missions d’investigation sur le terrain jusque dans les zones les plus difficiles d’accès pour écouter les victimes et les témoins. En outre la CNDH effectue périodiquement des missions de monitoring c’est-à-dire de suivi et d’observation des lieux de privation de liberté dans toutes les régions. Elle organise également le monitoring des procès criminels pour s’assurer que les normes d’un procès équitable sont respectées. Ces différentes missions sur le terrain se font non seulement avec les moyens que l’Etat met à notre disposition, mais aussi grâce au soutien des partenaires techniques et financiers de la Commission.
Monsieur le président notre pays subit depuis quelques années des attaques terroristes sur certaines de ses frontières, avec souvent une persécution des populations civiles par les groupes armés. Comment dans un tel contexte assurer la jouissance des droits humains de ces personnes meurtries ?
C’est vrai que depuis quelques années, notre pays fait face aux attaques des groupes terroristes particulièrement dans certaines zones frontalières. Malgré cette situation d’insécurité la CNDH reste résiliente et continue à assurer ses fonctions de promotion et de protection des droits humains partout au Niger, y compris dans les zones affectées par les attaques des groupes terroristes. Nous arrivons à accéder à ces localités grâce à l’appui des forces de défense et de sécurité qui nous escortent chaque fois que de besoin.
Ainsi, en mai 2022, la CNDH a organisé en partenariat avec l’Institut Danois des Droits de l’Homme (IDDH), une étude sur l’impact de l’insécurité sur la santé et l’éducation dans les régions de Diffa, Tahoua et Tillabéry. Du 25 au 29 mai 2022, la CNDH a organisé en partenariat avec ABA-ROLI (financement USAID) une mission d’investigation dans les régions de Tillabéry, Tahoua et Diffa sur l’impact de l’insécurité sur le droit à la vie et l’accès à la Justice. Du 1er au 07 juin 2022, la CNDH a effectué une mission d’investigation sur l’effectivité de la jouissance par les populations déplacées internes (DPI) des départements de Torodi, Téra et Gothèye sur leurs droits fondamentaux. Cette mission a été réalisée en partenariat avec le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme des Nations-Unies (HCDH).
Monsieur le Président avez-vous un message particulier à l’endroit de vos concitoyens ?
J’en appelle à mes concitoyens d’avoir foi en la démocratie qui, dans tous les pays du monde est une conquête permanente. Au Niger, la vie politique et sociale se démocratise de plus en plus au point où pour la première fois dans l’histoire de notre pays, un Président civil démocratiquement élu a succédé en 2021 à un autre sur fond de passation pacifique du pouvoir d’Etat. Il nous appartient tous d’œuvrer à consolider les fondements du système démocratique qui, en dépit de son imperfection inhérente à toute œuvre humaine est meilleur à l’Etat de non-droit en ce qu’il est le seul susceptible de garantir aux citoyens la jouissance effective de leurs droits et libertés.
La Commission Nationale des Droits Humains ainsi que toutes les Institutions de la République sont des structures citoyennes au service de toute la population et à ce titre nos concitoyens doivent s’abstenir de les fragiliser par des actes d’intoxication et de désinformation car, seules des Institutions fortes sont en mesure de répondre aux légitimes aspirations des populations à la paix, à la sécurité et à la stabilité indispensables au bien être tant individuel que collectif. A titre illustratif je peux vous relater un cas parmi tant d’autres, relatif à l’actualité ambiante. En effet, le vendredi 07 octobre 2022 j’ai été réveillé vers 03 heures du matin par un message d’un citoyen me transmettant une lettre manuscrite relatant la situation critique d’un Officier de l’armée détenu gravement malade en état de détresse humaine.
J’ai immédiatement réagi en demandant de faire signer la lettre et la faire enregistrer à la Commission où en dépit de la descente du service, s’agissant d’un vendredi, elle a été traitée avec la saisine d’urgence des services compétents de la CNDH chargés de la mise en œuvre des actions à accomplir. Dès la reprise de service, le lundi une mission de la CNDH a été dépêchée au chevet du détenu concerné avec lequel elle s’est entretenue dans la salle de l’infirmerie de la prison où il est gardé. Dans la même veine, son médecin a été rencontré et un rapport circonstancié a été établi et soumis à l’appréciation de l’ensemble des Commissaires aux Droits Humains qui l’on approuvé. Immédiatement, l’autorité de tutelle des établissements pénitentiaires a été saisie par lettre N°418/CNDH/SG du 12 octobre 2022 adressée au Ministre de la Justice, Garde des Sceaux que j’ai aussitôt rencontré à ce sujet.
Présentement l’intéressé est pris en charge dans un établissement de soins adapté à son état. Malgré toutes ces prévenances et diligences, des individus mal intentionnés aux desseins inavoués dans une manœuvre malsaine de manipulation de l’opinion continuent d’inonder les réseaux sociaux de fausses informations tendant à dénigrer des Institutions de la République particulièrement la CNDH à tort accusée de léthargie voire d’inertie dans le traitement de ce dossier. A tous ceux qui me pressaient de leur répondre sur la toile j’ai expliqué que les Institutions n’ont pas vocation à traiter leurs dossiers à travers les réseaux sociaux, c’est pourquoi nous avons plutôt organisé un point de presse le jeudi 13 octobre 2022 à notre siège au cours duquel nous avons sacrifié au devoir de redevabilité consistant à rendre compte officiellement de notre action particulièrement sur ce dossier qui suscite tant d’émoi et de passion. Nous devons nous réjouir que le contexte politique actuel de notre pays soit favorable à l’accomplissement de la mission de la CNDH. En effet, les nouvelles autorités politiques montrent leur volonté de faire de la jouissance des droits humains par tous les citoyens une réalité dans notre pays. A cet égard, il convient de rappeler que le Niger a ratifié toutes les conventions et les traités internationaux relatifs aux droits humains.
Il faut également noter que la CNDH du Niger s’est fait distinguer de 2017 à nos jours par son expertise, son indépendance et son engagement à œuvrer dans la promotion et la protection des droits humains aussi bien au niveau national qu’international.
Au niveau national plusieurs actions phares ont permis à la Commission de mériter la confiance de beaucoup d’acteurs. Il s’agit notamment des partenaires techniques et financiers dont le nombre s’accroît de plus en plus et les organisations de la société civile avec lesquelles nous envisageons de créer un cadre de concertation qui va nous permettre de réunir nos atouts respectifs pour l’effectivité du respect des droits de l’homme au Niger.
Dans le cadre de la mise en œuvre de son mandat de promotion des droits humains, la CNDH a mené une série d’actions de sensibilisation et de formation de différents acteurs et cela a permis de préserver la cohésion sociale. Elle a effectué dans le cadre de son mandat de protection des visites aux détenus civils et militaires accusés de tentative de coup d’Etat militaire pour vérifier leurs conditions de détention. La CNDH a par ailleurs dénoncé dans ses rapports les violations des droits humains reprochés aux groupes armées non étatiques et même aux forces armées régulières engagées dans les opérations militaires. Au niveau international la CNDH du Niger est membre de plusieurs organisations régionales et/ou internationales de promotion et de protection des droits de l’homme. Jusqu’à une date récente elle a présidé certaines organisations (Association Francophone des Commissions Nationales des Droits Humains, Réseau des INDH du G5 Sahel). Elle a aussi accompagné plusieurs autres INDH par son expertise à savoir le Mali, le Burkina Faso, le Rwanda, le Togo, la Guinée et la Centrafrique. Tous ces efforts ont renforcé la crédibilité de la CNDH et lui ont valu l’attribution du mandat du Mécanisme National de Prévention de la Torture (MNP) suivant la loi 2020-02 du 06 mai 2020.
Par Oumarou Moussa(onep)
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Monsieur le président, le problème de l’énergie dans notre pays se pose avec acuité. Quelle est votre analyse sur cette situation?
Posons l’équation de la situation paradoxale de notre pays : nous constatons que le gouvernement travaille de manière accélérée à accroitre les capacités énergétiques avec le démarrage de la Soraz, des centrales de Goroubanda, de Istithmar, de la centrale solaire de Malbaza, du lancement de celles de Niamey et d’Agadez. Et dernièrement a eu lieu à Niamey le démarrage des grands projets comme Haské et la visite du Président de la République pour voir l’avancée des travaux du barrage de Kandadji. Le Niger exporte des hydrocarbures et du gaz. Ce panorama de la situation énergétique est censé nous mettre à l’abri des pénuries d’énergie de toute sorte. Mais, ce n’est pas le cas. Au contraire, notre pays doit relever d’importants déficits de production et de distribution de l’énergie. En plus, puisque nous sommes un état démocratique et donc respectueux de notre Constitution, nous y avons même mis l’accent sur cette énergie indispensable à notre souveraineté, l’article 147 stipule, à son alinéa premier «L’Etat s’attelle à développer son potentiel énergétique en vue d’atteindre la souveraineté énergétique, l’accès à l’énergie et la mise en place d’un secteur industriel, minier, pétrolier et gazier dynamique et compétitif, orienté vers la satisfaction des besoins nationaux et des exigences du développement». Cela veut dire que l’énergie n’est pas un problème exclusivement technique laissé aux seuls experts, mais elle est au centre de notre future, du futur de notre nation. Soulignons ensuite le second membre du paradoxe de cette équation qui est que disposer d’immenses potentialités énergétiques ne signifie pas une autonomie énergétique, même avec le soutien explicite de la loi. Sachez que 85% des ménages nigériens n’ont pas accès aux sources d’énergies modernes et continuent à utiliser du bois de chauffe prélevé sur un écosystème très fragile, menacé par l’avancée presqu’inexorable du désert. Nous assistons à des coupures intempestives et prolongées d’électricité qui nuisent aux activités économiques parce que comme le dit un économiste : «l’économie, c’est de l’énergie qu’on brûle», donc une mauvaise fourniture d’énergie, et j’y inclue son coût très élevé, signifie un sous-développement permanent… Si nous ramenons cet état de fait au niveau des ménages, ce sont des ressources alimentaires perdues, des produits frais jetés, parce qu’impropres à la consommation du fait de ces désagréments énergétiques, des équipements endommagés, etc. On ne peut parler de droit à l’énergie quand une frange importante de la population n’a pas accès à l’électricité et au gaz. On ne peut accéder aux avantages que donne l’énergie quand les coûts sont exorbitants pour la bourse des populations. Ensuite, on ne peut pas traiter différemment les habitants de la capitale des autres villes. C’est pour dire que l’électricité et le gaz sont les leviers de la croissance économique et la guerre en Ukraine le démontre aisément. Comment résoudre ce problème ? Comment résorber ce déficit énergétique ? La solution doit être une réorganisation en profondeur des moyens propres de production et dans le volet transport d’énergie. En outre, un plan de réduction des coûts pour les ménages et même les entreprises doit être adopté. Autre solution, beaucoup vont la trouver présomptueuse, voire audacieuse, c’est l’installation et l’exploitation d’une centrale nucléaire au Niger pour faire profiter beaucoup de pays de la sous-région. C’est aberrant que le quatrième producteur mondial du précieux minerai ne dispose d’aucun réacteur nucléaire. Ayons le courage patriotique d’aller dans cette voie en nous appuyant sur l’expertise des pays qui se servent de cette énergie depuis des décennies. Evidemment que la préservation de l’environnement doit être prise en compte au plus haut point.
Quelles sont les potentialités du Niger en termes d’énergie et comment faire pour les rendre exploitables ?
Il est difficile pour l’instant de répertorier avec exactitude l’ensemble des potentialités énergétiques dont regorge le Niger. Cela ne sera possible qu’avec des recherches et prospections minières approfondies. Pour l’heure, à titre illustratif, nos ressources primaires énergétiques déjà identifiées sont l’uranium, le charbon fossile, les hydrocarbures, le soleil, l’hydroélectricité, le vent, sans compter la biomasse et les déchets. L’exploitation des gisements d’uranium détectés dès les années 60, atteint déjà un cumul de production de près de 150.000 tonnes. Les réserves totales du pays se situent entre 400.000 et 500.000 tonnes. La SONICHAR, créée en 1978 qui exploite le charbon fossile, a implanté à Anou Araren, une mine d’extraction de lignite, (réserves estimées à 15 millions de tonnes) et une centrale électrique à vapeur de puissance 2 fois 16 MW, plus une ligne HT desservant en courant, la mine d’uranium d’Arlit et la ville d’Agadez. A Takanamat, près de Salkadamna dans la région de Tahoua, des réserves de 60 millions de tonnes de charbon de bonne capacité calorifique avoisinant les 7 000 Kcal/kg permettront la réalisation d’une centrale thermique à vapeur de 200 à 600 MW de puissance. Des études prospectives ont mis en évidence des réserves de 1.477.320.000 barils de pétrole équivalant à 261 Mtep et 10 milliards de m3 de gaz. S’agissant de l’hydroélectricité plusieurs études ont été conduites en 1960, indiquant le potentiel du fleuve Niger et de ses affluents en hydroélectricité et en navigabilité : six sites à grand potentiel de construction de mini-centrales ont été identifiés : Kandadji : 230 MW, Sirba : 4.4 GWh/an, Gambou : 122.5 MW, Gouroubi : 2.2 GWh/an, Dyodyonga : 26 MW, Dargol : 1.2 GWh. En ce qui concerne le soleil, au Niger, sur 2 km2 de surface, on peut collecter 9 kWh/j d’énergie thermique, convertibles en énergie électrique à l’aide de centrales à tour, à hautes températures, ou bien de centrales à moyennes températures à collecteurs cylindro-paraboliques ou à réflecteurs de Fresnel. Ces technologies, à présent disponibles sur le marché et bien maîtrisées sont mises en œuvre dans plusieurs pays comme alternatives non polluantes des centrales thermiques à fuel. Le Niger, inondé de soleil, dispose en abondance d’importants potentiels. De plus, avec la croissance continue des prix des hydrocarbures, le prix du kWh solaire déjà compétitif, le deviendra davantage. Le bois est l’énergie domestique de masse de la grande majorité des Nigériens qui continuent à transformer le pays en désert ! Les déchets qui encombrent les municipalités, méritent une prise en considération attentive, car ils constituent un potentiel énergétique non négligeable lorsque la chaleur qu’ils produisent par combustion dans des incinérateurs de qualité est valorisée dans une centrale thermique ou lorsqu’ils sont convertis en engrais pour accroître les rendements des cultures. Il ne faut pas ignorer la présence du vent, dans les régions de Tahoua, Agadez et Zinder où la vitesse de celui-ci atteint ou dépasse les 3 m/s. De ce point de vue, il y a lieu de se focaliser sur les défis de notre siècle en encourageant l’exploitation de toutes les ressources énergétiques, pour permettre à la majorité de la population d’accéder à l’énergie à moindres coûts. L’essentiel des infrastructures éducatives, sanitaires, hydrauliques et agricoles nécessitent d’être équipés en systèmes énergétiques modernes par l’Agence Nigérienne de Promotion de l’Electricité en milieu rural (ANPER).
L’ONG CODDAE que vous présidez a entrepris d’assister la population d’Arlit dans le cadre de l’accès à l’électricité. Pouvez-vous nous en faire la genèse ?
Sans énergie pas de développement, comme nous l’avons dit plus haut. Regardez la guerre de l’énergie (sans mauvais jeu de mot) dans la guerre qui se passe en Europe ; les prix de l’énergie flambent, des entreprises sont asphyxiées, d’autres ferment, les populations descendent dans les rues. L’énergie est la pierre angulaire de tout développement. Dans ce cadre, l’ONG CODDAE a apporté sa modeste contribution aux populations de la ville minière d’Arlit et, particulièrement aux personnes les plus économiquement faibles pour qu’elles puissent accéder à l’électricité. L’idée du projet est née de la conjonction de deux situations à savoir l’initiative de l’Association Mondiale Droit à l’Energie SOS Futur et l’ONG CODDAE qui avait mené des réflexions pour électrifier des villages dépourvus.
Le choix a été fait après appréciation des critères qui sont notamment, le poids démographique, la forte demande, la sécurité des personnes et les activités commerciales. De fortes inquiétudes ont été soulevées par le groupe Areva qui exploitait les mines d’Arlit, quant à l’extension des quartiers retenus vers les périmètres industriels des sociétés minières Cominak et Somair. Compte tenu de cette situation, les responsables de la commune se sont engagés à stopper toute extension des quartiers au-delà des limites de sécurité fixées tout autour des usines uranifères. Le projet concerne plus de 1.000 familles. Dans la logique de sa préparation, il s’inscrivait dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. Présentement, non seulement l’électrification des quartiers périphériques d’Arlit a changé le cadre de vie à travers le petit commerce, l’éducation, la santé et l’artisanat, mieux il a développé certaines infrastructures commerciales connexes.
Pour son originalité, le projet a été présenté à Genève au Secrétaire Général des Nations Unies, qui a d’ailleurs été très impressionné par la démarche participative mise en avant. Nous avions démontré, une fois que si les populations ont accès à l’énergie, elles goûteront à ses bienfaits et prendront les dispositions pour payer ce besoin essentiel. Tout au long de la mise en œuvre du projet, l’attention des usagers a été attirée sur la nécessité de s’acquitter du payement des factures d’électricité. Dans le cas contraire, l’opérateur national qui est la Nigelec est en droit de procéder à la suspension de la fourniture parce que sa production a un coût. C’est ainsi que le projet a conseillé aux usagers de cibler des activités génératrices de revenus leur permettant de prendre en charge leur consommation électrique. Aujourd’hui, l’engouement des populations à se brancher pour créer des richesses, a eu un véritable impact, et plusieurs opérations de branchements sociaux ont été organisées.
Depuis de longues années, notre pays dépend de la République sœur du Nigeria pour son alimentation en énergie électrique. Comment le Niger peut-il se passer ou du moins réduire sa dépendance énergétique ?
La réponse n’est pas simple. La population nigérienne dans sa grande majorité, vit dans le noir et environ 70% de la consommation électrique est importée du Nigeria voisin. Cet état de fait se justifie par l’insuffisance des moyens financiers de l’État et des entreprises œuvrant dans le secteur. A l’épreuve des faits, dans la recherche d’une solution globale à long terme, il est fondamental de promouvoir des moyens de production avec la promotion des énergies renouvelables en relation avec l’Agence Nationale d’Energie Solaire (ANERSOL), tout comme les autres sociétés en charge des activités énergétiques, doivent être mises à contribution dans l’atteinte de cet objectif. Autant de questions sur lesquelles le gouvernement va devoir faire face.
Monsieur le Président, que faut-il faire pour gagner le combat de l’énergie ?
Il faut dès à présent, chercher à résorber le déficit énergétique enregistré pour faire face à la demande en forte croissance. A ce stade, il y a lieu de se convaincre de l’impérieuse nécessité à garantir l’accès à l’électricité aux populations démunies dans plusieurs villes et campagnes. La réponse à cette question se trouve au niveau d’investissements intelligents sur les besoins d’infrastructures, donc dans la volonté affirmée du gouvernement d’accroître des projets d’offre énergétique dans l’espoir qu’une plus grande consommation puisse impulser l’amélioration des conditions de vie des populations. En conséquence, il y a lieu de tendre vers la diversification des productions énergétiques et la modernisation des unités de production existantes. Cette situation va contribuer à sécuriser les approvisionnements et à réduire la dépendance énergétique exclusive de notre pays.
Propos recueillis par Oumarou Moussa(onep)
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Les élèves ont repris le chemin des écoles. Monsieur le ministre de l’éducation Nationale, est-ce que toutes les conditions d’une bonne année scolaire sont réunies ?
En effet, le 3 octobre 2022, quelques 4.000.000 d’élèves et 101 692 enseignants du préscolaire, du primaire, du secondaire, 1er et 2nd cycles, ont repris le chemin des 22 543 établissements scolaires, tant du public que du privé, répartis sur l’ensemble du territoire national.
Concernant les conditions d’une bonne année scolaire, le gouvernement s’est acquitté de ses devoirs régaliens, à savoir : la tenue à Agadez du 5 au 7 septembre 2022 de la réunion annuelle des responsables des structures centrales et déconcentrées du Ministère de l’Education Nationale; les affectations des enseignants sont intervenues depuis le mois d’août pour permettre à chacun de se préparer à regagner son poste à temps ; la mise en place d’une importante quantité de fournitures scolaires pouvant couvrir les besoins des 6 premiers mois de l’année scolaire et une autre commande de fournitures scolaires lancée pour couvrir le dernier trimestre ; la tenue de la rencontre avec les partenaires sociaux pour partager les informations et mesures prises dans le cadre de cette rentrée ; le paiement à terme échu des salaires et des pécules des enseignants contractuels sur toute l’étendue du territoire national. Donc, je peux dire que toutes les conditions d’une bonne année scolaire sont réunies.
La disponibilité des infrastructures constitue un des engagements du gouvernement pour le secteur de l’éducation au Niger. Y a-t-il eu des avancées dans la prise en charge de cette préoccupation dans le cadre du programme de renaissance 3 ?
Le développement des infrastructures scolaires occupe une place centrale dans le programme de renaissance acte 3 du Gouvernement à travers son volet amélioration de l’accès à l’éducation et à la formation qui préconise entre autres de : trouver des modèles alternatifs pouvant réduire le coût moyen pour la construction des salles de classes au primaire et au secondaire ; intensifier la création des centres de regroupement au primaire et au secondaire afin de réduire les écoles à faible effectif pour optimiser l’utilisation des ressources ; travailler à un programme performant de construction de salles de classes en matériaux définitifs dans les deux cycles de base pour remplacer progressivement les salles de classes en paillotes qui ont un impact négatif sur le temps scolaire et la sécurité ; accélérer la construction des internats de jeunes filles ; poursuivre et généraliser la réforme des collèges de proximité en respectant la carte scolaire.
Depuis bientôt deux ans, le Ministère de l’Education Nationale s’investit à mettre en œuvre ces différentes mesures.
Ainsi, pour les constructions de salles de classe, en l’occurrence le remplacement des paillottes par des salles de classes en matériaux définitifs, elles seront lancées de plus belle en 2022-2023. A cet effet, le Gouvernement, à travers le Ministère des finances, a déjà accordé une dérogation spéciale pour alléger les procédures de passation de marché en la matière. Sur le budget national, ce sont environ18 milliards de FCFA qui sont votés au titre de 2022 et plus de 78 milliards sur le projet de budget 2023 sont proposés pour les constructions de salles de classes. A cela s’ajoutent les programmations de nos partenaires techniques et financiers ainsi que celles des initiatives « zéro paillottes » prises par certaines autorités décentralisées. Les constructions et le fonctionnement des internats des jeunes filles, vont se poursuivre à un rythme accéléré à la faveur des inscriptions de plus de 8 milliards de FCFA sur le projet du budget national 2023 et aussi à la suite des annonces de financement, notamment celles faites par la BADEA à l’occasion de la Table Ronde de New York en date du 22 septembre dernier. Au cours de cette année, au moins trois des internats déjà construits ouvriront leurs portes.
Quelles sont les mesures prises concernant les zones impactées par l’insécurité pour permettre aux enfants de continuer à aller à l’école ?
Afin de permettre aux enfants des zones impactées par l’insécurité de continuer à aller à l’école, le Gouvernement et ses partenaires ont trouvé des solutions alternatives, il s’agit : du placement des élèves au niveau des écoles d’accueil ; du regroupement des écoles touchées à travers la création des centres de regroupement dans des localités sécurisées ; de la création de classes passerelles pour récupérer certains enfants déscolarisés ou non scolarisés ; de l’organisation de cours de soutien aux enfants impactés ; de l’élaboration des fascicules de lecture et d’exercice pour les matières fondamentales de base ; de la prise en charge spécifique de la région de Tillabéri à travers des fora ; de l’élaboration d’une feuille de route pour l’opérationnalisation des centres de regroupement et des écoles d’accueil des enfants en rupture de scolarisation pour fait d’insécurité dans la région de Tillabéri.
Monsieur le ministre qu’en est-il du comité mis en place depuis plus d’un an par le gouvernement afin de statuer sur les frais de scolarité dans les écoles privées au Niger ?
Le 23 mai 2022, un arrêté conjoint (arrêté N° 0039/MC/MEN du 23 mai 2022), modifiant l’arrêté N°0045/MC/I/EJ/DGC/DCI/LCVC du 05 juillet2021, portant création, attributions, composition et fonctionnement du Comité Technique chargé de réfléchir sur les frais de scolarité dans les établissements privés de l’enseignement général a été pris. Ce comité a travaillé pendant dix (10) jours au cours desquels des propositions sur les différents prix ont été faites sur la base de la catégorisation de l’ensemble des établissements privés du Niger. Pour mieux apprécier le sujet et éviter toute erreur, une mission d’évaluation a été entreprise dans toutes les régions du pays afin de recueillir des informations complémentaires permettant d’enrichir les premières propositions.
Le 31 juillet 2022, le comité a remis les conclusions de son travail à Monsieur le Ministre du Commerce pour dispositions à prendre.
Aussi, en attendant la signature de l’arrêté portant sur la fixation des frais de scolarité dans les établissements privés, une lettre circulaire conjointe Ministre de l’Education Nationale/ Ministre du Commerce a été signée le 1er septembre 2022 pour instruire les fondateurs de surseoir à toute augmentation ou réduction des frais de scolarité.
Interview réalisée par Souley Moutari(onep)
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Dr Aboubakary Moukimou est, entre autres, président de l’Association Nigérienne des Experts Agréés(ANEXA), vice-président de l’Union Africaine Pluridisciplinaire des Experts Agréés (UNAPEA). Dans cet entretien il parle des processus de la mise en place de l’Ordre des Experts Agréés du Niger ; de l’Ordre des Experts et Consultants pour le Développement de l’Afrique ainsi que des objectifs poursuivis à travers ces structures.
Dr Aboubakary Moukimou, vous êtes à la tête de l’Association Nigérienne des Experts Agréés(ANEXA) et votre ambition est d’aboutir à la mise en place de l’Ordres des Experts agréés au Niger. Qu’en est-il de ce processus ?
Je suis effectivement le président de l’association Nigérienne des Experts Agréés en abrégé (ANEXA) couvrant toutes les compétences nigériennes pluridisciplinaires qui interviennent devant les Cours et Tribunaux du Niger. Au Niger nous avons eu la première liste nationale des experts judiciaires pluridisciplinaire depuis 2001. Nous travaillons activement pour sa mise à jour de temps en temps avec l’arrivée des nouveaux experts. Mieux, nous avons eu récemment avec le Ministre de la justice, M. Ikta Abdoulaye Mohamed son engagement et son accord pour la mise en place d’un ordre national des experts judiciaires du Niger. Le projet est actuellement en étude avec les services techniques du Ministère de la Justice. Nous pensons que très bientôt nous aurons notre ordre des Experts Agréés Nigériens.
Depuis plus d’un an vous êtes sur un vaste projet de réseautage visant à mettre en place l’Union des Compétences africaines où tous les experts africains peuvent être membres. En quoi consiste cette démarche ?
Pour mieux répondre, je dois vous parler de mon parcours professionnel d’expert au Niger et à l’international. J’ai prêté serment le 27 août 1993 près les cours et tribunaux du Niger en qualité d’expert en risques technologiques et assurance. Nous avons mis en place la première liste des experts judiciaires du Niger en 2001. Dix après, en 2011, les experts du Niger assermentés ont créé l’association Nigérienne des Experts Agréés ANEXA dont je suis président. En 2013, j’ai intégré l’ordre des Experts internationaux de Genève où j’ai obtenu mon titre d’expert international, diplôme de conférencier en risques technologiques et assurances à Genève (OEI) qui est devenu l’ordre mondial des experts internationaux dont je suis membre. C’est donc tout à fait logique pour moi qu’avec mes confrères africains, nous avons pensé à créer notre propre organisation africaine pluridisciplinaire.
Ainsi, le 15 février 2020 les associations nationales d’experts du Niger, d’Algérie, du Maroc et de la Tunisie ont créé à Hammamet l’Union Africaine Pluridisciplinaire des Experts Agréés (UNAPEA). Lors de cette rencontre le poste de vice-président chargé de la promotion de l’expert africain, de sa qualité et de son intégrité a été accordé au Niger, à travers ma personne. Le Niger était représenté par une délégation forte de 4 membres de l’UNAPEA : Dr Adiza Ousmane Bagnan Médecin spécialiste, Mahaman Moustapha Abdou Ali, Expert Automobile, Ahmadou Youssoufou Tidjani Expert en gestion des entreprises et organisations et moi-même. Ainsi chaque pays fondateur a 4 membres dans le bureau de l’UNAPEA mis en place et dont la présidence a été confiée au frère tunisien Mohamed Sebri.
Quelle est maintenant la suite du processus ?
Après l’UNAPEA nous avons jugé utile pour avancer et créer une Union des Compétences Africaines, qui va regrouper tous les experts. Au sein de cette Union nous allons également créer un Ordre des Experts et Consultants pour le Développement de l’Afrique (ODECA). Nous souhaitons qu’elle soit une ONG qui va s’occuper de la mise en place des ordres professionnels, de la formation, pour permettre à ce que les africains contribuent davantage au développement du continent. Je me suis déplacé pour la mise en place des bureaux de l’ODECA des zones Afrique de l’Ouest avec siège à Dakar ; Afrique du Nord avec siège à Nouakchott ; Afrique du Centre à Yaoundé ; de la Diaspora à Genève. Il reste les bureaux des zones Afrique de l’Est avec pour siège Addis-Abeba et Australe à Johannesburg où les contacts sont déjà pris. Pour le reste nous sommes en train d’avancer pour mobiliser et fédérer le maximum possible des personnes et de pays.
Une fois que tout cela sera fini, nous comptons mettre en place le bureau et la présidence qui sera tournante entre les membres fondateurs. Nous souhaitons avoir la confirmation de nos pairs experts et expertes de l’Afrique pour le siège du Secrétariat Permanent Continental de l’ODECA à Niamey.
Quel rôle vous comptez faire jouer à cette ambitieuse structure pour laquelle vous vous battez, dans le cadre du développement du continent, notamment dans le contexte de la ZLECAF ?
Si je me réfère au contexte dont vous parlez, je peux dire que c’est un projet qui vient à point nommé. Ça va faciliter les transactions. En cas de problème ou litige, il peut y avoir des experts médiateurs pour pouvoir les gérer. Nous aurons affaire avec des structures organisées ; si une société d’un pays a un problème avec celle d’un autre pays, on aura des experts qui peuvent intervenir pour gérer la situation au niveau arbitrage, médiation d’abord… Pour cela nous voulons à terme que chaque pays ait son Ordre d’Experts et Consultants pour le Développement. Nous pensons qu’avec les outils que nous avons on peut rapidement installer 35 ordres sur les 55 pays. Nous voulons une Afrique de compétences africaines. Pour cela nous faisons des efforts pour expliquer, sensibiliser, mobiliser les uns et les autres sur la démarche, les ambitions que nous portons.
Avez-vous, en tant que structure africaine des experts, des relations avec les pouvoirs publics dans les différents pays du continent ?
Nous travaillons avec des associations nationales d’experts agréés ; toutes les personnes engagées dans le processus sont des membres des associations reconnues dans leurs pays. Pour le cas du Niger, nous avons l’accompagnement du ministère de la justice, je l’ai dit au début de cet entretien.
Au niveau national quel sera l’apport de l’ordre des Experts Agréés Nigériens ou de l’ANEXA pour la formation, l’intégration des jeunes, bref pour le développement du pays ?
On intervient dans les cours et tribunaux, auprès des compagnies d’assurances et d’autres structures qui ont besoin d’expertise. Déjà de 2011 à ce jour, nous avons appuyé à travers l’information, des conseils, beaucoup de nigériens dans les cohortes qui ont été en Inde, en Chine pour des formations. Aussi, avec l’accord de partenariat que nous avons déjà signé avec l’ordre des experts internationaux américains nous comptons former les experts au niveau national et international. Il y a également la volonté de signer avec l’ordre mondial une convention de formation des formateurs. Nous voulons d’une Afrique développée par les africains pour occuper notre jeunesse, notre relève s’il plait à Dieu. Etant Commandeur de l’Ordre de Mérite du Niger et Chevalier de National, je suis engagé pour la promotion de la relève, et dans mes domaines d’expertise je fais beaucoup de bénévolat, notamment dans la formation.
Par Souley Moutari(onep)
Source : http://www.lesahel.org
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Au terme de sa visite de travail au Niger, Dr Isobel Coleman, Vice administratrice chargée des politiques et des programmes à l’USAID a accordé une interview à la presse, le 1er septembre dernier, dans laquelle elle a indiqué que l’USAID continue à appuyer le gouvernement afin d’accompagner le développement économique du pays. Dr Isobel Coleman a aussi souligné que la coopération avec le Niger est toujours dynamique. Elle a également réitéré l’engagement de l’USAID à poursuivre les efforts pour renforcer cette coopération qui date de 1961.
Parlez-nous du travail de l’USAID au Niger
C’est un plaisir de visiter le Niger. C’est ma première visite ici. C’est un pays merveilleux. Les autorités que j’ai eues à rencontrer m’ont réservé un accueil chaleureux. Je suis très contente de représenter l’USAID au Niger. Il est important de souligner que notre relation avec le Niger date de 1961. Jusqu’à nos jours, nous sommes le partenaire bilatéral le plus large. Suite au mémorandum signé lors de cette visite, nous espérons étendre cette relation pour les 5 prochaines années. Dans ce même cadre nous avons octroyé un financement de 500 millions de Dollars US et nous espérons continuer à travailler ensemble dans plusieurs secteurs dont l’agriculture, la bonne gouvernance, l’éducation, et aussi la question liée à la jeune fille. Nous reconnaissons ce partenariat avec le Niger et nous précisons également qu’il y a un financement supplémentaire de 58 millions de Dollars US et nous envisageons la poursuite et le renforcement de ce partenariat.
À l’issue de cette première visite au Niger, quelles sont vos impressions?
La visite que j’ai effectuée a été de courte durée. J’ai été dans la région de Maradi où j’ai pu rencontrer les autorités administratives à savoir le gouverneur et le maire. Nous avons effectué une visite sur un site de réaménagement de terres agricoles qui permet non seulement aux agriculteurs mais aussi aux animaux d’en profiter. J’ai également été à Kollo où j’ai rencontré le préfet et le maire. Nous avons tenu des réunions avec les dirigeants locaux ainsi que des responsables de la société civile. Ils travaillent tous ensemble dans le cadre de la bonne gouvernance, la redevabilité et la transparence et aussi sur l’inclusion dans le système de la gouvernance. J’ai échangé avec des responsables du gouvernement avec qui nous avons discuté des points très importants en matière de démocratie. J’ai rencontré des jeunes qui sont très motivés ayant des ambitions et des aspirations. Ils ont pu partager avec moi leurs rêves, leurs besoins de bénéficier des activités génératrices de revenus et aussi des opportunités de développer le marché de l’emploi. Ces jeunes sont prêts et actifs à partager les connaissances et les expériences acquises dans le cadre de la formation reçue pour faire face à la résilience et aux conflits ainsi que pour participer au développement économique de leur pays et en particulier des communautés dans lesquelles ils vivent.
Quel est l’état de la collaboration de l’USAID avec le Niger?
Cette collaboration est encore plus forte et profonde. Depuis plusieurs années nous travaillons ensemble à distance. Beaucoup de pays étaient impliqués mais cette fois-ci nous avons la volonté d’élargir et d’approfondir cette relation, raison pour laquelle, nous avons mis en place une mission complète au Niger pour continuer le travail commencé. Nous avons dans le même sens un financement de 100 mille dollars US par an et aussi un autre million de dollar par an destiné à l’aide humanitaire. Tout ceci va concerner les activités que nous allons mettre en œuvre au Niger. L’USAID travaille également pour promouvoir et développer certaines activités dans plusieurs secteurs. Nous travaillons et nous faisons en sorte que nos projets et programmes soient en conformité avec ce que fait le gouvernement nigérien. L’USAID travaille avec le MCA dans un volet qui cadre avec les priorités du gouvernement nigérien. Nous allons continuer cette collaboration et faire en sorte que le Niger puisse pleinement profiter de notre collaboration et mission.
Parlant de programmes et projets, quels sont les secteurs prioritaires de l’USAID au Niger?
Les secteurs dans lesquelles nous travaillons sont en conformité avec ce que fait le gouvernement. Nous faisons en sorte que ça puisse être profitable au Niger. Parmi ces secteurs nous avons l’agriculture, qui est l’un des secteurs les plus importants au Niger et ayant le plus de potentialités. Nous essayons d’apporter un soutien en termes de meilleures technologies et de formation. Nous travaillons également dans le secteur de la santé où nous avons 20 millions de dollars par an destinés à ce secteur. C’est aussi un secteur clé pour nous. Nous faisons en sorte que notre contribution soit présente dans la lutte contre le paludisme. Dans ce cadre, j’ai visité un hôpital à Maradi où j’ai rencontré des femmes qui sont actives dans des activités y compris l’accès à la nourriture, l’alimentation thérapeutique pour les enfants n’ayant pas les capacités de manger par eux-mêmes ; les soins prénatals et postnatals. Nous travaillons également dans le domaine de la gouvernance. J’ai eu à échanger avec les autorités locales et j’ai appris qu’ils reçoivent des formations de renforcement de capacités. Avec la décentralisation, cela va leur permettre de mieux équiper les services locaux afin de construire un climat de confiance entre eux et la communauté. Ce qui va favoriser la transparence et une bonne redevabilité dans le pays.
Quel soutient attendez-vous des dirigeants locaux pour la mise en œuvre efficace de vos programmes au Niger?
C’est une question très importante. Le travail que nous faisons est focalisé sur les efforts de l’État nigérien et aussi en fonction des besoins du peuple nigérien. Je peux dire que notre partenariat est encore plus fort. J’ai eu à échanger avec les maires et ils m’ont fait cas du travail qu’ils font avec la communauté ainsi que les responsables de la société civile. Au cours des échanges que j’ai eus avec le Président de la République, il a évoqué trois secteurs qui méritent notre attention à savoir le changement climatique, les conflits et aussi la question démographique. Le travail que nous faisons est focalisé en général sur les besoins du peuple nigérien et ceci pour lui permettre d’être plus résilient et de faire face aux difficultés et aux défias. Nous travaillons en fournissant des formations, en mettant en place des programmes qui vont permettre au peuple nigérien d’avoir plus d’activités génératrices de revenus, de diversifier leurs activités économiques. Nous les aidons également à faire des plaidoyers pour communiquer leurs besoins et aussi être en étroite collaboration transparente avec leur gouvernement. Nous travaillons pour faire en sorte que, le peuple nigérien puisse être plus fort, plus résilient.
Pouvez-vous nous parlez de l’engagement de l’USAID en Afrique sub-saharienne et plus largement de la stratégie des États-Unis envers l’Afrique sub-saharienne?
Nous travaillons dans 100 différents pays. La moitié des pays se trouve en Afrique. La stratégie que nous avons c’est la même que j’ai déjà mentionnée. C’est-à-dire, celle focalisée sur les secteurs de l’agriculture, de la santé, de l’économie et aussi des programmes destinés aux jeunes en essayant de voir comment leur créer des opportunités économiques qui peuvent leur permettre de générer de revenus. Nous avons également le MCA et le DCA qui travaillent et investissent en Afrique. Nous fournissons également des formations militaires. Donc le gouvernement américain essaie d’apporter son soutien également aux forces de défense et de sécurité et cette assistance a plusieurs faces. Le travail que nous faisons concerne également la démocratie. Nous veillons à ce qu’il ait une démocratie forte qui va être profitable aux communautés mais aussi qui va permettre aux pays de progresser.
Propos recueillis par Oumar Issoufou(onep)
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Organisée à Ingal dans la région d’Agadez, la cure salée est la rencontre annuelle des éleveurs nomades du Niger et des pays voisins, car à travers la transhumance qui la caractérise, elle permet aux éleveurs du sud de libérer les zones agricoles pendant l’hivernage, mais également aux animaux de faire leur propre cure de sel dans les généreux pâturages de la vallée de l’Irhazer. C’est aussi une manifestation culturelle. La rencontre reste et demeure au fil du temps, un véritable outil de culture de la paix, de renforcement de l’unité nationale, et de la cohésion sociale. A l’occasion de la 57ème édition de cet événement notre reporter a rencontré à Ingal le président de la plateforme paysanne, M. Bagna Djibo pour un entretien sur les objectifs et en enjeu de cette importante rencontre dédiée aux acteurs du secteur agro-pastoral.
M. le président, vous avez évoqué deux thèmes majeurs dans votre allocution à l’ouverture de la cure salée 2022. Pouvez-vous être plus explicite ?
L’objectif de la cure salée au départ, était que les éleveurs, après des mois de transhumance, reviennent pour permettre aux animaux de lécher le sel. Donc quand ils reviennent, c’est l’occasion pour que chaque éleveur, chaque producteur, puisse montrer le comportement de son bétail pendant l’hivernage. Soit la campagne a été bonne, et en regardant les animaux on a le signal, soit la campagne n’a pas été bonne, et là aussi, il donne les raisons. Donc ce retour est important car ils ont amené le cheptel du pays quelque part pendant des mois, il faut qu’ils rendent compte. Ça c’est le premier élément. Le deuxième élément, c’est que l’autorité profite de cette présence là pour échanger avec les éleveurs sur leur santé, sur le pâturage, sur beaucoup de sujets qui concernent la vie des éleveurs, et donner des orientations politiques du pays. Ces échanges-là permettent de prendre des décisions et à la fin, on se projette pour l’année suivante. Cela fait donc 57 ans que les gens sont en train d’organiser la cure salée. Quand vous regardez le site, notre analyse montre qu’il n’y a pas une grande évolution. Au contraire, il y a même une régression parce que de plus en plus, il y a moins d’implication des éleveurs dans l’organisation de la cure salée. La cure salée est devenue plus une fête politique qu’une fête des éleveurs proprement dite. Nous comprenons bien qu’il faut que ça prenne de l’envergure. Nous comprenons bien qu’il faut que l’Etat mette des dispositions pour que l’on discute, et que l’international puisse regarder ; mais nous avons besoin qu’on garde l’authenticité de cette fête-là qui est un brassage entre les différentes communautés, les différentes régions, et même les pays voisins. Nous voulons que les organisateurs, les gens qui tirent l’organisation soient les éleveurs. Nous savons que c’est au niveau du financement. Si on veut aujourd’hui pérenniser la cure salée, il faudrait que les éleveurs, les organisations, et le ministère puissent réfléchir sur le mécanisme de financement et le mécanisme d’organisation de la cure salée. Il ne faudrait pas attendre la dernière minute pour fixer la date de la tenue de la cure salée. La date doit être fixée dès maintenant pour qu’on ne soit pas pris au dépourvu. Une fois qu’on a bien fixé la date dans le temps, mis en place un mécanisme dans le temps, réfléchi dans le temps, on pourra réussir l’événement. Hier le Premier ministre nous a reçus en audience, et il était d’accord avec nous qu’il va falloir revoir le mécanisme avec le ministère de l’élevage, revoir l’originalité même de la cure salée pour qu’ensemble, éleveurs, ministère, et autorités locales, on puisse réfléchir sur les bonnes voies pour réussir l’événement.
Vous avez également évoqué la création d’un fonds pour soutenir les actions du monde rural. Comment comptez-vous rendre cela opérationnel ?
Après 57 ans, on ne peut plus continuer à attendre que l’Etat vienne donner les moyens pour organiser la cure salée. Nous sommes majeurs aujourd’hui pour commencer à réfléchir sur les mécanismes de financement de la cure salée. Par rapport au financement, ce que nous avons discuté, c’est que la BAGRI est une banque agricole qui a été créée pour accompagner le secteur rural. Et trois fonds devraient accompagner la création de la banque pour qu’elle soit effectivement cette banque agricole. Le fonds de calamités, qui, en cas de calamité pourrait prendre en charge les conséquences de cette calamité. Il y a le fond de garantie. Les taux de crédit au niveau des banques classiques sont élevés. Il faut que l’Etat mette en place un système qui permet de diminuer ces taux de crédit pour les producteurs. Du coup, ce fonds de garantie est aujourd’hui en train d’être alimenté à travers le FISAN qui est un fonds qui a été créé par l’Etat. Et nous pensons que ce fonds va être suffisamment alimenté par l’Etat pour qu’il soit capable non seulement d’assurer les calamités, les garanties, mais aussi les bonifications. Il y a un troisième fonds qui est le fonds de bonifications qui devrait venir pour permettre à la BAGRI de pouvoir fixer des taux, peut-être à un chiffre, pour les producteurs. Et mieux, au niveau de la plateforme nous avons réfléchi autrement. Nous avons dit qu’aujourd’hui la banque agricole a besoin de ressources, des ressources propres, nos propres ressources. C’est pour cela que nous avons pensé à ce qu’on appelle « Malfaré » ou cotisation, où chaque producteur peut contribuer à 1000FCFA. Nous avons fait le calcul, avec 85% de la population qui est rurale, (sur la base de 3.000.000 de producteurs en moyenne), on peut mobiliser 3 milliards FCFA par an. Si on a 3 milliards par an, donc en trois ans nous pouvons avoir les 10 milliards FCFA. Et la banque a été créée avec 10 milliards. Donc si on a 10 milliards au niveau de la BAGRI, nous pouvons demander à la BAGRI de financer les intrants, les engrais. Et même au niveau de ce site on va rendre compte devant le Président de la République de ce qu’on aura fait avec l’argent mobilisé. De la même manière qu’on peut soutenir la BAGRI, on peut soutenir d’autres sociétés qui sont en panne aujourd’hui. Nous ne pouvons plus continuer à attendre que l’extérieur vienne financer notre propre développement.
Propos recueillis à Ingall par Oumarou Moussa(onep)
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Le gouvernement vient d’adopter le Rapport de suivi de l’action gouvernementale au titre du 1er semestre 2022. Un Rapport qui fait ressortir les performances réalisées et les défis qui restent à relever. Dans cette interview exclusive accordée à la Radio Télévision du Niger (RTN), l’Office National d’Edition et de Presse (ONEP) et Niger Inter, le Premier ministre, Chef du Gouvernement, SEM. Ouhoumoudou Mahamadou, évoque les principaux aspects de ce Rapport. Le cadre macroéconomique, la lutte contre la corruption, la situation sécuritaire, la question éducative, la hausse des prix du gasoil, la reprise du dialogue avec tous les acteurs politiques ainsi qu’avec les partenaires, tels sont entre autres sujets traités dans cet entretien.
Monsieur le Premier, le gouvernement vient d’adopter le Rapport de suivi de l’action gouvernementale au titre du 1er semestre 2022. Quelles sont les performances à retenir de ce Rapport ?
Comme vous le savez, l’action gouvernementale au cours de ce semestre a évolué dans un contexte particulièrement difficile. D’accord nous avions enregistré une année 2021 déficitaire. Nous venons de sortir d’une crise sanitaire qui a affecté l’ensemble des pays du monde et nous sommes également confrontés à une crise internationale liée aux conflits entre la Russie et l’Ukraine. En plus de cela, vous savez aussi que nous évoluons dans la situation d’insécurité qui caractérise la région du Sahel. C’est donc dans ce contexte que l’action gouvernementale s’est déroulée au cours de ce premier semestre 2022. Malgré cela, les résultats appréciables ont été atteints. Et en termes de résultat, nous avons atteint 45% de nos objectifs.
Les crises géopolitiques constituent un élément important du contexte actuel. Quelles sont, monsieur le Premier ministre, les mesures prises par le gouvernement pour s’adapter à ce contexte et ensuite assurer la stabilité du cadre macroéconomique du pays ?
Dans des situations de ce genre, évidemment tous les gouvernements du monde, parce que c’est une crise mondiale, essayent dans la mesure du possible de stabiliser le cadre macroéconomique. Et c’est ce que nous avons fait au Niger. D’abord, pour que la crise ne se traduise pas par une forte détérioration du pouvoir d’achat, nous avons essayé de lutter contre l’inflation à travers les ventes à prix modéré de céréales et aussi à travers les négociations que nous avons eues avec les opérateurs économiques pour que certains produits soient détaxés. C’est le cas par exemple de l’huile alimentaire qui est un produit de grande consommation, de la farine de blé et du sucre. Donc, suite à la détaxation de ces produits, suite également aux actions massives de vente à prix modéré des céréales que le gouvernement a engagé, nous nous sommes retrouvés avec un taux d’inflation relativement faible comparé aux autres pays de la sous-région.
Monsieur le Premier ministre, votre gouvernement a initié des réformes pour améliorer la mobilisation des ressources internes. Pensez-vous que ces réformes ont porté leurs fruits et répondu à vos attentes ?
En ce qui concerne la mobilisation des ressources, les actions menées par le gouvernement concernent d’abord l’efficacité des services fiscaux, ensuite la lutte contre la fraude et contre le déversement mais également la lutte contre l’incivisme fiscal. Vous avez certainement tous attendu les réformes qui ont été introduites à la Direction Générale des Impôts, notamment l’introduction de la facture certifiée et celle du système informatisé de suivi des contribuables.
488 milliards FCFA de recettes fiscales internes mobilisées au 1er semestre 2022
Ces mesures ont porté leurs fruits et grâce aux efforts faits au cours de ce semestre, nous avons pu atteindre 42% de nos objectifs en matière de recettes pour le semestre. Ce chiffre de 42% est très appréciable, parce que dans les années précédentes, les réalisations tournaient autour de 35, 36 %. Ce qui se traduit, en termes de volume, par le recouvrement de 488 milliards FCFA, de recette fiscale interne lors dudit semestre.
Monsieur le Premier ministre, dans le domaine de la lutte contre la corruption, le défi est toujours énorme et l’opinion ne perçoit pas de réels progrès malgré les efforts de votre gouvernement. Qu’est ce qui plombe la lutte contre la corruption et l’impunité au Niger ?
Le Président de la République a réaffirmé dans son discours d’investiture que la lutte contre la corruption et les infractions assimilées constitue une grande priorité de son mandat. Il en est de même pour ce qui concerne le gouvernement dans la Déclaration de Politique Générale. C’est pourquoi, le Niger s’est doté de plusieurs organes de contrôle et de lutte contre la corruption, le détournement des deniers publics et les autres infractions. Ainsi, nous avons la Cour des Comptes, la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA), la CENTIF, qui lutte contre le blanchiment d’argent, l’Inspection Générale d’Etat, les Inspections des finances et les Inspections des services, l’Agence Judiciaire de l’Etat. Tous ces organes concourent à la lutte contre la corruption et les infractions assimilées.
Malheureusement, au niveau du public, on ne voit que l’aspect judiciaire, alors que la lutte contre la corruption et les infractions assimilées est une lutte multiforme. Elle comporte plusieurs aspects. Le premier aspect, c’est d’abord le cadre législatif et règlementaire, le deuxième aspect, c’est la sensibilisation et la formation des acteurs, le troisième est relatif au contrôle, en vue de détecter des fraudes et des infractions concernées et enfin le quatrième aspect est judiciaire.
Et, c’est sur cet aspect que les citoyens attendent le gouvernement. Que répondez-vous à ceux qui s’impatientent de voir certains dossiers rapidement traités ?
On a l’impression qu’on ne se focalise que sur l’aspect judiciaire, or vous savez que la justice est comme l’armée, c’est une grande muette. La justice ne parle pas. Les dossiers sont pendants à la justice mais les magistrats font leur travail et ils ne sont pas obligés de communiquer sur les dossiers qu’ils gèrent. En ce qui concerne le cadre législatif et réglementaire, le Niger est en avance sur beaucoup de pays, en matière de mise en place de ce cadre. Nous avons transposé tous les textes de l’UEMOA et de la CEDEAO, en ce qui concerne la lutte contre la corruption. Nous avons également transposé tous les textes de l’Union africaine, dans ce domaine-là. Nous avons aussi ratifié plusieurs conventions internationales dans ce domaine. Nous élaborons un rapport annuel à toutes ces Instances par rapport à ce cadre règlementaire. Concernant la sensibilisation, les organes que j’évoquais tantôt, ont tous des plans d’actions financés par le gouvernement et les partenaires.
Dans ces plans d’actions, la sensibilisation constitue un volet essentiel. Les informations régulières diffusées, d’ailleurs par vos organes, relatent l’organisation de plusieurs séminaires organisés par la HALCIA, la CENTIF, l’Agence de Régulation des Marchés Publics, pour justement former les acteurs et les sensibiliser sur la corruption et sur les infractions assimilées. En ce qui concerne les actions de détection des fraudes, nous conduisons beaucoup de missions d’inspection, au niveau des différents Ministères et des différentes entités qui reçoivent l’argent public. Ces missions permettent de mettre le doigt sur ce qu’il ne faut pas faire. C’est-à-dire qu’elles ont un double objectif. Le premier est pédagogique, c’est de détecter s’il y a des possibilités ouvertes de corruption ou de détournement. Ce qui conduit à la reforme de nos textes. En effet, pas plus tard qu’aujourd’hui, nous venons de réviser notre code des marchés, et cela, compte tenu des observations qui avaient été formulées par les précédentes missions de la Cour des Comptes et des différentes inspections des services.
En plus, lorsque les rapports sont élaborés, ils sont transmis à l’Agence Judiciaire de l’Etat (AJE), qui mène d’importantes actions de recouvrement, lorsqu’elle voit que l’argent public a été mal dépensé ou dépensé à des fins personnelles. Ensuite, les dossiers sont également transmis à la justice, sur lesquels, comme je disais, elle n’a nul besoin de communiquer, malgré le travail efficace qu’elle mène. Donc, c’est pour dire que c’est juste une affaire de perception. Les gens veulent le spectacle, malheureusement avec la justice, on n’a pas cette possibilité d’assister à ce spectacle, consistant à dire qu’on a arrêté x ou y, ou bien qu’il y a tel ou tel dossier en instruction.
«L’objectif de la lutte contre la corruption, ce n’est pas qu’il ait le maximum d’arrestations, mais plutôt qu’il ait le moins de cas possibles»
Car, justement la justice fait attention à la présomption d’innocence. Je peux vous réaffirmer que le Président de la République et le gouvernement sont fortement engagés dans la lutte contre la corruption et les infractions assimilées. Du reste, l’objectif de cette lutte, ce n’est pas qu’il ait le maximum d’arrestations, c’est le fait qu’il ait le moins de cas possibles. Aujourd’hui, on sent l’effet des actions qui sont menés dans ce combat contre la corruption et d’autres infractions assimilées. Prenez juste le cas des examens et des concours, on n’entend plus parler de fraude aux examens, ni de concours annulés, encore moins des épreuves de Bac ou de Brevet sur lesquelles on est obligé de revenir et cela parce que des dispositions ont été prises pour que la HALCIA suivent, pas à pas, l’évolution de ces dossiers, de la préparation jusqu’à l’exécution. Aujourd’hui, nous sommes très satisfaits des résultats qui sont donnés, particulièrement, dans le domaine de l’éducation.
Dans le domaine de la sécurité on constate une accalmie par rapport aux récurrentes attaques perpétrées par les groupes armés terroristes. Qu’est-ce qui explique cet état de fait ? Quelles sont les actions majeures du gouvernement qui ont permis de consolider les efforts en matière de paix et de sécurité ?
La question de la paix et de la sécurité est une question extrêmement fondamentale pour le gouvernement. Par ce que, s’il n y a pas de paix, s’il n y a pas de sécurité, il n’y a pas d’État. Notre objectif, c’est justement de construire un État démocratique mais un État fort et stable. Donc, l’objectif général de l’action gouvernementale dans le domaine de la paix et de sécurité, c’est d’abord de protéger nos frontières, de faire en sorte qu’il ne puisse pas avoir un pan du territoire national qui ne soit contrôlé par l’État. Et aujourd’hui, il est unanime de reconnaître que cet objectif est relativement atteint, à part les actions qui se passent à nos frontières et elles sont nombreuses en provenance des pays voisins, c’est notamment le cas pour ce qui concerne la zone du Lac-Tchad avec les activistes de Boko Haram, le Nord du Nigeria avec les bandits armés qui opèrent dans la région de Maradi, l’Ouest avec ce que nous connaissons avec comme phénomènes de l’EIGS et également d’Al-Quaida dans le grand Sahara. Mais nous faisons en sorte que toutes ces actions qui se déroulent au niveau de nos frontières, ne puissent pas rentrer à l’intérieur du pays.
Pour faire la guerre, il faut une armée de professionnels; aussi nous avons mis l’accent sur la formation de forces spéciales
Alors comment on est arrivé à juguler tout cela ? Nous nous sommes dit que pour faire la guerre, il nous faut une armée, et une armée de professionnels. Donc nous avons mis l’accent sur la formation de forces spéciales. Plusieurs unités de forces spéciales ont été formées grâce à la coopération internationale. Ensuite, au-delà, de la formation, il faut que ces forces spéciales soient équipées. Là également nous avons mis un accent sur l’équipement de nos forces de défense et de sécurité. En plus de l’équipement et de la formation, nous avons mis également l’accent sur les patrouilles pour que, à l’intérieur du pays et un peu partout qu’on sente la présence de l’État. Il est essentiel que dans quelque coin du pays que ça soit, qu’on sente la présence de l’État et c’est pour ça que pour nous le retour des populations dans leurs villages et dans leurs zones d’origine est une nécessité et nous mettons l’accent là-dessus. À chaque fois quand nous avons des populations qui fuient pour revenir dans les villes ou dans les grands centres, nous mettons l’accent sur la sécurisation de leurs zones afin de leur permettre d’y retourner. C’est ce qui s’est passé pour l’Anzourou, c’est ce qui s’est passé dans la zone du Lac-Tchad, dans la région de Diffa et c’est ce que nous faisons actuellement dans la zone de Téra. Donc il n’y a pas de miracle pour pouvoir réussir cette mission.
C’est d’abord l’anticipation, la préparation de nos hommes en effectifs, en armes et également en formation. En plus de ça, nous avons pris l’initiative de mutualiser nos forces avec les pays voisins. Si vous suivez l’actualité, vous verrez que dans la région du Lac-Tchad nous opérons en commun avec le Nigeria. Et également dans la région Ouest nous opérons aussi en commun avec le Burkina-Faso. Au-delà de la coopération avec les pays voisins, la coopération avec les pays amis sur le plan international nous a permis de former et d’équiper un grand nombre de nos forces spéciales. C’est notamment sans que je les cite de manière exhaustive, l’Allemagne, les États-Unis, la Belgique, l’Espagne, la France, etc.
Et pour anticiper toujours dans le sens de que je viens de dire, nous avons obtenu de l’Assemblée Nationale la possibilité que lorsqu’il parait nécessaire de recourir à l’appui d’une force étrangère qu’on puisse avoir cet appui dans le cadre des accords de coopération. Évidement ceci se déroule sous le commandement de nos forces armées, cela parce que nous voulons éviter qu’il y ait des éléments d’une puissance étrangère qui opèrent comme des électrons libres. Ils vont opérer à notre demande, de la façon dont nous le voulons et sous le commandement de nos chefs d’unités. Donc dans ce cadre, nous collaborons avec les pays amis dans le partage des informations parce qu’il est essentiel pour une force armée. Nous collaborons beaucoup aussi avec ces éléments dans le domaine de la couverture aérienne lorsque nous sommes en opération.
Monsieur le Premier ministre, l’autre question importante pour le gouvernement et pour les populations en général c’est l’éducation, qui on le sait, traverse des moments difficiles. Est-ce -qu’on peut dire aujourd’hui qu’il y a des progrès dans ce domaine? Est- ce- qu’il y a de réels espoirs pour le redressement de ce secteur?
Je rappelle que dans son discours d’investiture, le Président de la République avait affirmé qu’il fera de l’éducation une priorité au même titre que la sécurité. Dans ma Déclaration de Politique Général j’avais dit que l’axe ‘’Capital Humain’’ est un axe prioritaire pour lequel le gouvernement mettra beaucoup de moyens et portera une grande attention. Aujourd’hui quelles sont les problèmes de notre éducation ? Nous avons une insuffisance en infrastructure, nous avons une baisse de niveau et nous avons également un taux de rétention très faible. Et c’est l’ensemble de ces problèmes que nous sommes en train d’attaquer. En ce qui concerne les infrastructures, nous avons pris l’engagement que nous allons finir avec les classes en paillotte qui sont évaluées à plus de 30.000. Un programme sera mis en œuvre pour pouvoir mettre fin à ces classes en paillotte. D’ores et déjà, dès l’année 2022, plusieurs marchés sont en train d’être signés pour pouvoir commencer les constructions et remplacer ces classes-paillottes. Ce programme va continuer sur les années à venir.
En ce qui concerne la qualité, nous nous sommes dit que le premier élément de la qualité de l’enseignement, c’est l’enseignant lui-même. Si l’enseignent n’est pas de bonne qualité, il ne peut pas assurer un enseignement de qualité. Dans ce sens, nous avons pris la décision de relever le niveau d’entrée dans les écoles normales. Désormais l’entrée dans les écoles normales se fait avec le baccalauréat pour la formation des instituteurs. En plus de ça, nous avons mis l’accent sur le recyclage et la formation des enseignants qui sont actuellement en service.
«Plus de 3.000 enseignants permanents ont été recrutés en 2022 et le processus va se poursuivre»
A cela s’ajoute la fidélisation de l’enseignant, en faisant en sorte que la carrière d’enseignant soit attractive. Et pour que la carrière soit attractive, il faut que progressivement on mette fin à la contractualisation en recrutant des enseignants des enseignants permanents. D’ores et déjà, au cours de l’année 2022, plus de 3.000 enseignants ont été recrutés comme enseignants permanents et le processus va se poursuivre.
En ce qui concerne toujours l’amélioration de la qualité de l’enseignement et la rétention à l’école, nous avions un gros problème avec la scolarité des jeunes filles qui abandonnent l’école très tôt. L’une des raisons c’est l’absence de tuteur lorsqu’elles quittent leurs familles en ce qui concerne les collèges ruraux pour aller en ville ou dans les gros villages où se trouve l’établissement scolaire. Dans ce sens nous avons initié la politique d’internat pour les jeunes filles. Déjà un certains nombres d’internats pilotes sont ouverts. Vous avez vu celui de Kellé, celui de Moujia, pour ne citer que ces deux. Au cours de l›année 2023, beaucoup d’autres internats vont être ouverts puisque nous avons lancé un appel à la communauté internationale et d’ores et déjà il est annoncé le financement d’une centaine d’internats dans les collèges ruraux pour les jeunes filles. De cette manière nous allons améliorer le taux de rétention des jeunes filles à l’école ; retarder leur âge de mariage et éviter les grossesses précoces. Par la même occasion nous faisons d’une pierre deux coups. En effet, cette politique nous permettra d’agir sur la démographie dans notre pays qui connaît un taux de croissance qui est considéré comme l’un des plus élevés du monde du fait avec aussi un taux de fécondité tout aussi élevé. Voilà un peu ce que nous faisons en ce qui concerne l’éducation. Bien entendu à cela s’ajoute l’accent particulier pour l’enseignement supérieur pour lequel nous donnons les moyens nécessaires. Nous envisageons la construction des amphithéâtres et les infrastructures qu’il faut. D’ores et déjà, nous avons pris la décision d’augmenter le nombre d’enseignants en recrutant plus de 170 nouveaux enseignants chercheurs dans le secteur de l’enseignement supérieur.
Monsieur le Premier ministre, le 1er semestre de l’année 2022 a vu ce qu’on a appelé la crise de gasoil. Certains pensent que le gouvernement n’a pas fait montre de prévoyance du moment où le Niger est un pays producteur du pétrole et que l’augmentation des prix décidée par le gouvernement n’est pas justifiée. Aujourd’hui peut-on dire que cette parenthèse est définitivement fermée et que les objectifs visés sont atteints ?
L’augmentation des prix des produits pétroliers est un phénomène mondial, il ne concerne pas que le Niger. C’est un phénomène mondial qui a deux origines. La première origine, c’est la guerre entre la Russie et l’Ukraine. La Russie étant un grand producteur et exportateur des produits pétroliers. Et donc avec l’embargo que les pays européens ont mis sur la Russie, cela s’est évidemment traduit par une réduction des quantités qui sont mises en vente sur le marché et par conséquent l’augmentation des prix. L’autre aspect aussi, c’est la hausse du dollar.
Aujourd’hui à l’heure que je vous parle, le dollar est 700 FCFA alors qu’il était autour de 600 FCFA il y a quelques mois. Donc, de façon mécanique déjà, il y a l’augmentation des prix des produits pétroliers. La conséquence pour ce qui concerne le Niger, c’est que nous sommes victimes de la fraude et de l’exportation frauduleuse de nos produits en direction des pays voisins au moment où nos prix ne sont pas augmentés. Lorsque le litre du gaz oïl est à 450FCFA au Niger et à 700F au Nigéria, évidement avec plus 1500 km de frontière, vous pouvez imaginer ce qui peut arriver. Donc cette différence des prix pratiqués au Niger et dans les pays voisins a entrainé des sorties massives des produits pétroliers de notre pays vers les autres pays.
Nous avons essayé à travers les services douaniers, à travers la police, la gendarmerie et autres structures de contrôle de juguler cette fraude, cela n’a pas été possible. Cela s’est traduit par des pénuries parce que d’un seul coup l’augmentation de la consommation interne du Niger est devenue faramineuse. En un rien de temps on a doublé les quantités qu’on consommait et on se demandait comment ça se fait ? La raison fondamentale, c’est cette sortie frauduleuse des carburants. Nous avons essayé comme je l’ai dit de contrôler par tous les moyens mais vous connaissez comment sont les circuits informels. Et on est arrivé dans une situation où nous manquons du gaz oïl. Nous avons même interdit l’exportation officielle du gaz oïl vers les pays voisins pour pouvoir alimenter notre marché mais cela n’a pas suffi. On s’est trouvé dans des situations des pénuries et des ruptures des stocks.
La seule solution était de relever le prix du gaz oïl pour être au moins au même niveau que un ou deux pays voisins notamment le bénin et le Burkina Faso. Cela a été très positif. D’abord cela nous permis de protéger notre marché, nous avons réussi à juguler les ruptures des stocks, à augmenter notre stock de sécurité qui, au départ, était à peine de cinq jours. Maintenant nous sommes à, au moins, à trente jours. Nous avions dans notre calendrier l’arrêt programmé de la SORAZ pour entretien. Mais si nous n’avons pas de stocks comment est-ce que nous allons faire lorsque SORAZ va s’arrêter pour deux mois ? En plus de notre stock, nous avons, avec les économies qui ont été réalisées, la possibilité d’importer encore du gaz oïl pour pouvoir gérer la situation lorsque la SORAZ sera à l’arrêt.
L’augmentation du prix du gaz oïl a eu une autre conséquence positive, c’est celle de pouvoir assurer la production de l’énergie électrique. En nous n’aurions pas u maintenir le prix du kilowatt si la Centrale de Gourou Banda et celle de Goudel, fonctionnaient avec un gaz oïl au prix du marché. Nous sommes obligés de subventionner le gaz oïl pour qu’on puisse stabiliser le prix de l’électricité. Vous avez vu que malgré tout ce qu’il y a eu comme crise, il n’y a pas d’augmentation du prix d’électricité au Niger. Cela est lié aux efforts que nous avons faits dans ce domaine. Indépendamment de cela, nous avons le gaz qui est aujourd’hui entré dans les habitudes domestiques de nos consommateurs et la production du gaz par la SORAZ est même devenue insuffisante. Nous sommes obligés d’importer pour pouvoir faire le complément. Or, lorsque vous importez le gaz, vous l’importez 1070FCFA le kilo et on le revend aux distributeurs à 120 FCFA le kilo. Donc imaginez le volume de subvention qu’il faut. Si nous n’avions pas une marge qui nous permette de subventionner le gaz, comment nous allons faire ? Donc, les économies réalisées sur le gaz oïl nous permettent d’assurer les importations lorsque la SORAZ sera à l’arrêt, de continuer à subventionner le gaz dont les prix sont actuellement extrêmement élevés et également de sécuriser le marché national en assurant un approvisionnement régulier et en évitant les pénuries.
Du reste lorsque nous avions engagé les concertations avec les différents acteurs économiques concernés, les transporteurs et autres consommateurs nous ont dit que leur priorité, c’est que on évite les pénuries. Ce n’est n’est pas le prix. Ce qui est juste puisqu’il s’agit du transport international. En effet, lorsqu’ils vont à Cotonou, à Lomé ou à Abidjan, ils achètent le gaz oïl à un prix élevé. Donc le fait qu’ils arrivent au Niger et qu’ils l’achète au même prix qu’au Bénin, en Côte d’Ivoire ou au Ghana, cela ne doit pas induire une augmentation des prix des marchandises qu’ils transportent puisque ils ont déjà internalisé l’augmentation du prix du gasoil qui est devenue internationale.
« La hausse du prix du gaz oïl a été très bénéfique (…). Aujourd’hui, nous sommes fiers de pouvoir avoir un stock de sécurité»
Par contre, lorsqu’il y a pénurie, et même si le prix n’est pas augmenté officiellement, sur le marché noir il va augmenter. Donc les transporteurs seraient obligés de s’approvisionner au marché noir où le prix peut effectivement être supérieur même à l’augmentation de 130FCFA que nous avions annoncée.
Nous avons aussi pris les dispositions pour que le prix de l’essence ne change pas. Là vous pouvez constater que dans tous les pays de la sous- régions, à part le Nigéria, le prix a augmenté. Au Nigeria, le prix de l’essence est plus compétitif que celui de tous les autres pays parce que nous tenons à assurer la sécurité de nos consommateurs et parce que nous savons que ce qui intéresse le plus grand nombre de nos consommateurs, c’est le prix de l’essence plus que le prix du gasoil. Cela a été très bénéfique et cela a été très bien géré. Aujourd’hui, nous sommes fiers de pouvoir avoir un stock de sécurité de gasoil.
Monsieur le Premier ministre, vous avez annoncé, le 28 septembre dernier, lors des journées du Conseil national de la recherche agronomique (CNRA), que la campagne s’annonce prometteuse. Quelles ont été les mesures prises par le gouvernement pour aboutir à ces résultats qui s’annoncent bien? Et en votre qualité de président du CNRA qu’est-ce que le gouvernement est en train de faire pour moderniser l’agriculture?
Vous vous rappelez que nous sortions d’une campagne agricole (2020-2021) fortement déficitaire avec un déficit annoncé qui tournait autour de 40%. Face donc à cette situation, nous avions essayé d’aider nos producteurs dans le cadre de la campagne 2022 à travers notamment le Plan de soutien adopté par le gouvernement. Cet appui vise premièrement à permettre aux producteurs d’avoir les semences appropriées. Deuxièmement, il s’agit de leur permettre, en cas d’attaques d’ennemis de cultures, de sauver leurs productions parce que nous avons un stock de produits phytosanitaires. Ensuite, il fallait leur permettre d’avoir l’accès aux engrais lorsqu’ils ont besoin d’amender leur sol.
Toutes ces mesures ont été prises par anticipation, c’est à dire bien avant le démarrage de la campagne. Et aujourd’hui, tout le monde est unanime pour dire que la préparation de cette campagne est l’une des meilleures que notre pays ait réalisée parce que les semences et les produits phytosanitaires ont été mis en place à temps. Et avec la libéralisation du marché de l’engrais, le produit était disponible à temps.
Mais, il faut savoir comment sortir de cette situation de dépendance de la pluviométrie. Et nous avons une politique agricole qui s’appelle l’Initiative 3N dont le premier objectif est, au moins, de permettre à ce que les Nigériens nourrissent les Nigériens. Mais notre objectif va même au-delà, nous voulons même nourrir les non Nigériens. Et pour y parvenir, il faut moderniser notre agriculture. Cette modernisation passe d’abord par la modernisation des techniques agricoles notamment la maîtrise de l’eau. Ainsi au lieu de compter sur les pluies qui sont souvent aléatoires, nous voulons encourager les producteurs à faire une agriculture domestiquée et d’année en année nous allons augmenter le nombre de barrages, de seuils d’épandage et celui de périmètres irrigués.
«Le Niger sera au rendez-vous de la ZLECAf et qu’il pourra lui-même exporter des produits agricoles»
A cela s’ajoute l’incitation à une culture mécanisée et à l’amélioration des espèces végétales. C’est dans ce sens que ce que nous faisons avec les chercheurs est fondamental. Nous avons des recherches sur plusieurs variétés de cultures tant pour les céréales que pour les cultures de rente comme l’oignon, le niébé. Les chercheurs sont à pied d’œuvre pour nous trouver des variétés qui résistent à la sécheresse et des variétés plus productives. Les résultats qui nous ont été présentés à l’occasion de ces journées de la recherche agronomique sont assez impressionnants. Donc avec la mise en œuvre de l’Initiative 3N nous sommes sûrs que le Niger sera au rendez-vous de la ZLECAf et qu’il pourra lui-même exporter des produits agricoles.
L’axe 7 de la Déclaration de Politique Générale du gouvernement (PDG) traite notamment de la solidarité nationale. Et ces derniers temps, les populations ont fait face à divers chocs (climatique, sécuritaire, humanitaire, etc); Quelles sont les réponses apportées par le gouvernement pour atténuer l’impact de ces chocs et aider les populations à se relever?
Lorsqu’on a annoncé un déficit de 40% de la production agricole de l’année dernière avec une estimation de deux millions et demi de personnes en situation de vulnérabilité extrême et plus de quatre millions en situation de vulnérabilité modéré, tout le monde se posait la question de savoir comment est-ce que nous pouvons faire face à cette situation. Donc immédiatement dès le mois de novembre 2021, nous avons mis en place un plan urgence estimé à 160 milliards de FCFA qui a été suivi d’un plan de soutien dès le mois de mars estimé à 280 milliards de FCFA. A travers ce plan de soutien et ce plan urgence allié au plan d’action d’aide humanitaire de nos partenaires, nous avons pu faire face à la situation. Qu’est-ce que nous avons entrepris comme action ?
Premièrement, nous avons lancé les ventes à prix modérés dès le mois de février et elles ont été régulières jusqu’au mois de septembre. Au total, c’est 110.000 tonnes de céréales que nous avons vendu à prix modéré. Ce qui a permis de casser les prix et d’assurer l’approvisionnement des marchés. Il n’y a eu aucune pénurie, aucune rupture de stocks sur l’ensemble de la période. Deuxièmement, nous avons initié les distributions gratuites et ciblées dans les zones où l’approvisionnement est difficile, où les populations sont extrêmement vulnérables et où elles n’ont pas les moyens de pouvoir s’acheter les produits. Ensuite, nous avions ce que nous appelons les distributions de cash transfert que nous faisons à travers un projet appelé ‘’Filets sociaux’’. Dans le cadre de cette distribution de cash transfert où on cible les familles les plus vulnérables à l’intérieur des villages, nous avons distribué au moins 7 milliards de Franc CFA. A cela s’ajoutent les ventes à prix modérés d’aliments de bétail. Là également, c’est 80.000 tonnes d’aliments bétail qui ont été mises sur le marché pour permettre aux populations de sauver leur cheptel parce que le déficit fourrager annoncé était extrêmement important. Compte tenu de toutes ces mesures, nous avons réussi là où tout le monde pensait que ça aller être la catastrophe. L’axe 7 dont vous parlez a été celui qui a fait le plus de réussite au cours de ce semestre parce que le taux de réalisation dépasse les 60% comparé aux autres secteurs où on tourne de 30% ou 40.
Sur le plan de la gouvernance politique, la reprise du dialogue entre les différents acteurs politiques, lors de la récente réunion du Conseil National du Dialogue Politique (CNDP) a été unanimement saluée. Etes-vous satisfait de ces retrouvailles et des échanges qui en ont découlé ? Quelle suite le gouvernement entend donner à cette dynamique de dialogue avec l’opposition politique ?
Le dialogue politique a été annoncé au nombre des priorités par le Président de la République dans son discours d’investiture, et également dans ma Déclaration de Politique Générale. Nous voulons améliorer le dialogue politique de manière générale. Notre objectif est de faire de notre pays un Etat démocratique, stable et fort ; fort parce que les acteurs s’entendent bien, parce que l’Etat est en mesure d’assurer la sécurité, et parce que toutes les institutions démocratiques fonctionnent normalement. Dans ce sens, c’est une grande priorité pour nous. En 2021, nous n’avions pas pu réunir l’organe de dialogue politique qu’on appelle le CNDP (Conseil Nationale du Diadoque Politique) parce que, comme vous le savez, nous avions des actions judiciaires en cours où certains candidats contestaient la victoire du Président de la République. Aussi, nous avons dit que nous n’allons pas convoquer une réunion du CNDP où certains acteurs vont dire qu’il y a un problème quant à définir qui est l’opposition et qui est la majorité.
Et lorsque tous ces cas ont été épuisés, nous avons estimé que maintenant que la situation est normalisée, nous pouvons donc convoquer le Conseil National du Diadoque Politique, et c’est ce que nous avons fait. A travers la convocation de ce conseil de dialogue politique, nous voulons amener les acteurs à regarder dans le même sens sur les questions essentielles qui concernent la vie de notre nation. Au cours de cette première réunion, nous avons abordé deux sujets importants. Le premier point concerne l’élection des Nigériens de la diaspora afin de compléter le processus électoral qui a été engagé, en faisant en sorte que les députés de la diaspora puissent être aussi élus avec l’accord et le consensus de tous afin de ne pas déboucher à des élections contestables. Le deuxième point porte sur la question de la sécurité qui est un aspect fondamental pour notre pays. Nous ne pouvons pas accepter qu’on joue avec la sécurité ; ce n’est pas un thème pour lequel, parce qu’on est de l’opposition, on peut faire du marchandage ou du populisme. Aujourd’hui, tout le monde doit soutenir nos forces de défense et de sécurité, et le gouvernement dans le combat qu’il mène pour que tous les Nigériens puissent vivre en sécurité et dans la paix. Cette réunion du CNDP a permis de déboucher à une déclaration dans ce sens-là.
Le dialogue politique, c’est un aspect important dans la marche de la démocratie.
La normalisation des rapports avec l’opposition ne s’arrête pas seulement au Conseil National du Diadoque Politique. Nous avons une loi qui définit le statut de l’opposition, et cette loi avait prévu qu’il ait un leader de l’opposition qui est le responsable du parti ayant le plus grand nombre de députés de l’opposition. Nous avons tenu à ce que cette loi soit appliquée correctement, et dans ce sens un leader de l’opposition politique a été nommé. Et lorsque nous avons constaté que cette loi accusait quelques insuffisances, sachant qu’il ne suffit pas de nommer le chef de file de l’opposition, il faut aussi lui donner des moyens d’action, nous avons alors apporté des correctifs pour qu’il puisse disposer d’un cabinet et d’un budget lui permettant de fonctionner normalement.
Aujourd’hui, ce leader de l’opposition est reçu par le Président de la République et par le Premier ministre ; il a la possibilité de venir vers des institutions étatiques, soumettre les préoccupations de l’opposition par rapport à la marche de l’Etat. Donc, pour nous, c’est fondamental et nous allons continuer dans ce sens, car le dialogue politique, c’est un aspect important dans la marche de la démocratie.
On observe également une accalmie sur le front social. Quel est le secret de cette stabilité sociale retrouvée, et comment se présentent vos rapports avec les partenaires sociaux ?
Il faut dire que, de la même façon que nous voulons un dialogue permanant et franc avec l’opposition, nous voulons aussi instaurer un dialogue permanant et franc avec les structures syndicales. Le Président de la République, lui-même, a donné le ton de cette volonté de dialogue en recevant directement les représentants des structures syndicales, et il les a rassurés de sa disponibilité à régler tous les problèmes à travers le dialogue. Nous avons au niveau de l’Etat un certain nombre d’organes de dialogue dont le Conseil national du travail, le Conseil national du dialogue social, le Comité interministériel de négociation qui examine le cahier des doléances que les travailleurs annoncent chaque fête du 1er Mai, et nous avons fait en sorte que tous ces organes fonctionnent normalement.
Nous nous inscrivons dans une perspective de dialogue permanent…
Le conseil national du travail est présidé par le ministre en charge de la question, nous avons tenu des réunions régulières et tous les points inscrits à l’ordre du jour de ce conseil font l’objet d’un suivi et d’un traitement diligent. De même, lorsqu’il apparait nécessaire que les structures syndicales soient reçues par rapport à des préoccupations qu’elles ont avec leurs responsables, nous sommes tout à fait ouvert à les recevoir, et très souvent on arrive à des très bonnes conclusions à travers le dialogue.
Donc, ainsi que je l’ai dit, nous nous inscrivons dans une perspective de dialogue permanent. Nous avons un pays fragile, un pays qui a besoin que tout le monde se mette au travail. Vous avez vu que par le passé, quand on parlait d’indice de développement humain, on dit toujours que le Niger est le dernier ; aujourd’hui, nous avons fait d’énormes progrès et nous sommes en train d’avancer. Nous ne sommes plus le dernier, ni l’avant dernier, nous avons un rang supérieur qui va d’ailleurs s’améliorer car l’un des points qui nous handicapaient était l’éducation, et avec les actions que nous sommes en train d’engager dans ce domaine le rang du Niger va davantage s’améliorer en matière d’indice de développement humain. Et par rapport à cela nous avons besoin de la paix, en termes de sécurité, de dialogue avec la classe politique et avec les syndicats, pour que tout le monde se mette au travail.
Script : ONEP
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Monsieur le Ministre, l’édition 2022 de la Cure Salée est prévue se tenir du 22 au 24 septembre prochain à Ingall dans la région d’Agadez. Où est ce que vous en êtes pour les préparatifs ?
Comme vous le savez, la Cure Salée, est une véritable vitrine des activités pastorales et culturelles des éleveurs de notre pays. Il faut aussi souligner que, cette importante rencontre annuelle du donner et du recevoir des éleveurs de notre pays, et de ceux des pays voisins (Mali, Algérie, Tchad, Nigeria, Libye) constitue l’évènement majeur du Secteur de l’Elevage et offre un cadre unique d’envergure pour renforcer les échanges et consolider la coopération entre les pays de l’espace Sahélo-Saharien.
Et pour revenir à votre question, notamment en ce qui concerne les préparatifs de l’édition 2022 de la Cure Salée, il faut dire que pour une réussite de la fête, mon département ministériel et les gouvernorats de régions de Tahoua et d’Agadez ont mis en place des comités d’organisation à tous les niveaux (national, régional, départemental et communal). Ces comités sont chargés chacun en ce qui lui concerne de veiller à la bonne organisation de la fête. Pour ce faire, un état de lieu du site abritant les manifestations de la cure salée a été fait lors d’une mission préparatoire dépêchée sur le terrain pour la circonstance. Actuellement, toutes les infrastructures au niveau du site sont en cours de réhabilitation.
Aussi, les différents comités d’organisation sont également à pied d’œuvre pour la mobilisation des moyens afin de donner un cachet particulier à l’évènement. Mon département ministériel a également engagé la communication sur l’évènement afin d’informer les différents acteurs de la tenue de la cure salée à partir du 22 septembre 2022 autour du thème : «sécurisation alimentaire du cheptel et cohésion sociale des pasteurs et agropasteurs».
Quelles sont les innovations apportées ou attentes lors de cette édition ?
Pour la présente édition de la cure salée, le Ministère ayant fait le point de l’édition passée, attend apporter des améliorations et innovations sur des aspects comme, la vaccination des animaux, la course de chameaux et des chevaux et les défilés âniers. oncernant, nos attentes au cours de cette édition, il faut dire qu’au-delà de la forte mobilisation des éleveurs attendue et souhaitée, il est attendu une forte implication de tous les acteurs pour la réussite de la manifestation afin de continuer à renforcer la consolidation de la paix et de la cohésion sociale dans notre pays.
Parler de la Cure Salée c’est incontestablement de la santé animale. Comment se présente l’état général du cheptel nigérien actuellement ?
Il faut noter qu’au plan national, la situation sanitaire du cheptel est calme et est sous contrôle. Cependant, il faut toutefois signaler quelques foyers de Charbon bactéridien au niveau des régions de Niamey, Tillabéry et Tahoua et pasteurellose des Petits et Gros ruminants qui ont été rapidement pris en charge par les services vétérinaires. A l’occasion de la présente édition de la cure salée, une caravane zoo sanitaire de vaccination sera organisée et va démarrer avant le début de la cure salée. Elle permettra de déparasiter et de vacciner des animaux contre la PPCB et la PPR. L’objectif étant de pouvoir vacciner les animaux ayant échappé à la grande campagne de vaccination du cheptel.
Le Niger a enregistré au cours de la campagne pastorale 2021 un important déficit fourrager. Quel a été l’impact du déficit fourrager sur les éleveurs et comment cette épreuve a-t-il été surmontée par eux ?
La campagne pastorale 2021-2022 a enregistré un déficit fourrager global de plus de 15 millions de tonnes de Matière sèche, soit 46% des besoins du bétail séjournant sur le territoire national. A ce déficit, il faut ajouter des cas de feux de brousse et quelques apparitions de sautériaux, dévastant plusieurs hectares de pâturage. Plus de 1.460.000 éleveurs, répartis dans 22.188 ménages ont été concernés par ce déficit au plan national. Cette situation a engendré une descente précoce des éleveurs en zone agricole (situation pouvant créer des conflits entre agriculteurs et éleveurs) ; un mauvais état d’embonpoint ayant entraîné une détérioration progressive de la santé des animaux ; une baisse du prix des animaux compte tenu de leur état d’embonpoint, des cas de mortalité surtout chez les gros ruminants.
Face à cette situation, le Gouvernement a accompagné les éleveurs à travers la mise en place des quantités importantes d’aliments pour bétail. Aussi, toujours pour augmenter le disponible fourrager national, les points d’eau des zones pourvues de pâturages ont été réhabilités pour permettre aux animaux de profiter de ces pâturages. Les cultures fourragères dans les zones favorables ont été également promues et des actions de valorisation des résidus de récolte ont été entreprises à travers la mise en place des broyeurs de résidus de récolte. Des efforts de couverture sanitaire (campagnes de vaccination accompagnées de déparasitage systématique) et de sensibilisations préventives ont été également entrepris. Enfin, les éleveurs ont augmenté l’ampleur de leur mobilité interne au niveau des zones accessibles, fournies de pâturages.
Ces dernières années, l’élevage notamment transhumant fait face à de sérieux défis liés à l’insécurité dans le sahel : quelles initiatives prises par le Gouvernement pour aider le secteur à être résilient ?
Comme vous le savez, de façon conjoncturelle, notre pays se trouve depuis quelques années en plein cœur de la zone affectée par l’insécurité sévissant dans l’espace sahélo-saharien. Dans ce contexte, l’élevage transhumant s’est vu profondément affecter. Cependant, en matière de sécurisation du territoire, les capacités stratégiques et opérationnelles ont été renforcées. Ces efforts ont permis d’assurer la défense de l’intégrité du territoire, la sécurité publique et de préserver la cohésion sociale.
Particulièrement dans le domaine de sécurisation de la transhumance, le Gouvernement avec l’aide de ses partenaires, a entrepris des mesures parmi lesquelles, la création et l’animation de cadres de concertation entre les Etats aux niveaux régional et transfrontalier sur la transhumance apaisée et la mise en œuvre de projets transfrontaliers pour renforcer la résilience des éleveurs et faciliter la transhumance transfrontalière.
Quelles sont les attentes du Gouvernement vis-à vis de ce grand évènement qu’est la Cure Salée ?
Comme vous le savez, l’importance de la cure salée réside dans le brassage qu’elle occasionne entre les différents groupes ethniques. Et par la grande mobilisation humaine qu’elle engendre, elle renforce de ce fait la cohésion sociale entre pasteurs. Cette mobilisation sociale exceptionnelle cimente l’esprit de concorde et de solidarité qui a toujours prévalu au sein des communautés pastorales, depuis la nuit des temps.
Les attentes du Gouvernement vis-à-vis de la Cure Salée est qu’une dynamique nouvelle soit insufflée afin de faire de la Cure Salée non seulement un outil de consolidation et de la paix et de cohésion sociale, mais aussi, un évènement international de grande envergure à l’image des manifestations sous régionales telles que le FESPACO, le SIAO, etc.
Réalisé par Siradji Sanda(onep)
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L’écrivaine nigérienne, Mme Aminata Bâ, a présenté le 20 juillet dernier au public son deuxième ouvrage intitulé «L’histoire de la Micro-Finance au Niger ». Ce livre s’articule autour de 4 chapitres et un chapelet de suggestions pour un meilleur développement de la micro finance au Niger. A travers cet ouvrage, Aminata Bâ, économiste de formation ayant cumulé plus de 30 ans d’expérience dans le domaine de la micro-finance, l’économie, etc. retrace minutieusement l’histoire de la Micro-Finance au Niger. "Le livre retrace l’histoire, de la naissance de la micro Finance à nos jours. Il retrace une trentaine d’années d’expérience professionnelle dans le domaine de la micro finance", a-t-elle expliqué.
Mme Ba Aminata, vous avez publié un livre sur la micro-finance, quelles sont les motivations qui vous ont poussée à l’écrire ?
Comme son titre l’indique, le livre traite de l’histoire de la Microfinance au Niger. Je l’ai écrit pour partager ma longue expérience avec tous les intervenants actuels ou futurs dans le secteur ; comme l’a dit Feu Amadou Hampâté BA, « en Afrique, tout vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle ». C’est vraiment cet adage qui m’a inspirée.
De par son titre, l’on se rend compte que cet ouvrage retrace l’histoire de la Micro-Finance dans notre pays. Dites-nous comment la micro-finance est née et a évolué au Niger ?
La microfinance est née au Niger à la faveur des projets de développement qui voulaient soutenir les communautés rurales dans leurs efforts à aspirer à sortir de la Pauvreté. Certaines banques et institutions financières n’étant plus en activités ou dont les procédures n’étaient pas adaptées aux personnes à faibles revenus et pour la plupart analphabètes, les projets se sont substitués à elles.
Mais il faut souligner qu’une forme traditionnelle de microfinance existe depuis la nuit des temps, la tontine ou « adaché ». Elle est très répandue dans nos communautés rurales comme urbaines. Mais s’opérant dans l’informel, elle n’est pas comptabilisée dans les pratiques de microfinance.
Comment le système de la Micro-Finance nigérienne se présente actuellement?
Le secteur de la microfinance ne se porte pas bien ; en témoigne la faillite des Systèmes Financiers Décentralisés. Les autorités monétaires déploient beaucoup d’efforts pour les sauver malgré leur état de dégradation afin de préserver les intérêts des épargnants.
Lors de la présentation de ce livre au grand public, vous avez démontré que la micro finance est un outil de lutte contre la pauvreté. Alors le contenu de ce livre donne-t-il des pistes pour promouvoir la micro finance au Niger ?
Dans mon livre j’ai cité l’exemple du système ‘’Mata Masu Dubara’’ au Niger et celui de la Grameen Bank du Bengladesh qui ont démontré leur contribution dans la lutte contre la pauvreté en s’intéressant même aux couches les plus vulnérables. Ces exemples peuvent inspirer nos politiques nationales.
De retour du Bengladesh, j’ai même produit un document de projet dans ce sens ; avec un groupe d’amis, j’ai créé une ONG dénommée REGELFA (Réseau Genre et Leadership Féminin en Afrique) dont la demande d’agrément d’exercice déposée depuis le 21 novembre 2021 est encore en instance au Ministère de l’Intérieur.
Dans le livre, j’ai aussi formulé des suggestions à l’ensemble des acteurs du secteur : Pouvoirs Publics, Partenaires Techniques et Financiers, Systèmes Financiers Décentralisés ; structures d’appui, banques, bénéficiaires des services financiers etc. Les efforts conjugués des uns et des autres permettront un développement significatif du secteur.
Au Niger, le taux d’épargne est très faible et l’essentiel des acteurs œuvrant dans les AGR évoluent dans l’informel. Cette situation est-elle favorable pour la Microfinance au Niger ?
L’évolution dans l’informel rend difficile la mobilisation de l’épargne, or l’épargne est le premier fonds de commerce des Systèmes Financiers Décentralisés. C’est grâce à l’épargne mobilisée qu’ils financent les projets de leurs groupes cibles ; les dépôts étant faibles, ils empruntent auprès des banques. La marge bénéficiaire obtenue est parfois insuffisante pour couvrir leur fonctionnement. Et lorsque les prêts sont mal remboursés, les profits diminuent ce qui fragilise à terme l’institution.
Les responsables des Systèmes Financiers Décentralisés devraient être proactifs et faire preuve d’ingéniosité pour concevoir des produits d’épargne attractifs pour leurs membres.
Dans beaucoup de cas, l’on voit les initiatives liées à la micro finance s’étouffer juste après les départs ou la fin des projets. Qu’est ce qui explique cet état de fait ?
Cela s’explique par la faible appropriation des acteurs locaux des règles de fonctionnement de l’institution. Cela veut dire que le transfert de compétences n’a pas été suffisant. D’autre part, cette faillite peut s’expliquer également par la qualité intrinsèque des hommes qui l’animent ; au-delà des compétences techniques, il faut une bonne dose d’intégrité, de rigueur et un engagement fort pour développer toute entreprise.
Dans ce livre vous avez évoqué la question de la finance inclusive. De quoi s’agit-il exactement. Et comment l’on est arrivé à ce stade ?
La finance inclusive est celle qui prend en compte toutes les couches sociales de notre société : riches/pauvres, ruraux/ citadins etc. La micro finance inclusive est aussi celle qui intègre dans ses offres de services, l’assurance, le transfert d’argent etc.…Donc au-delà de l’épargne et du crédit d’autres services sont offerts.
Avez-vous un message à l’endroit de tous les acteurs de la Micro-Finance au Niger ?
Mon message est que nous devons redoubler de beaucoup d’efforts pour réduire l’écart qu’il y’a entre notre pays et ceux de la sous-région (UEMOA) ; pour cela, nous devons faire preuve d’engagement, de réactivité et surtout d’intégrité.
La Stratégie Nationale de Finance Inclusive adoptée par les Pouvoirs Publics et appuyés par les Partenaires Techniques et Financiers, pourrait permettre de développer le secteur si tous les acteurs impliqués jouent véritablement leur partition.
Toutefois, il faut également que nous changions progressivement de paradigme en comptant sur nos propres ressources.
Par Abdoul-Aziz Ibrahim(onep)
Source : http://www.lesahel.org/
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La population du Niger manque cruellement d’accès à une éducation secondaire de qualité, surtout dans les milieux ruraux et nomades. Lors du Sommet sur l’Education à New York en septembre 2022, le Président Bazoum rencontrera les bailleurs de fonds pour présenter sa vision d’investissement dans le capital humain. Il s’agira de soulever des questions de fonds pour construire 100 internats dans un premier temps sur les cinq prochaines années. L’objectif de ce projet d’envergure est d’offrir une éducation secondaire de qualité aux filles et de les maintenir à l’école. Indirectement, cette stratégie aura le potentiel de prévenir les mariages et grossesses précoces et de rompre le cercle vicieux combinant pauvreté, haute fertilité, mortalité maternelle et infantile.
Une équipe du Fonds des Nations Unies pour la Population s’est entretenue avec le Professeur Natatou pour discuter des tenants et aboutissants de ce projet. Cet article relate les points saillants de ses propos.
Monsieur le Ministre, présentez-nous s’il vous plaît la faisabilité de ce projet d’internats.
Le projet de construction des internats de jeunes filles dans les collèges ruraux est une émanation de l’engagement pris par SEM Bazoum Mohamed, Président de la République, Chef de l’Etat dans son programme de renaissance Acte 3.
Le premier internat pilote, d’une capacité de 144 places, est implantée à Kellé dans la région de Zinder et il est fonctionnel depuis un an. Sur les 129 filles admises à la rentrée scolaire 2021-2022, aucun abandon n’a été enregistré. En ce moment, les élèves sont en vacances et des travaux d’extension sont en cours pour augmenter sa capacité d’accueil.
Suite au bilan établi par mes services compétents, je peux vous dire que cet internat fonctionne très bien et qu’une prise de conscience a été observée au niveau des jeunes filles qui se préoccupent de leurs études même pendant les congés de Noël et de Pâques.
Toutefois, dés la rentrée scolaire 2021-2022, l’internat de Kellé a atteint sa capacité après avoir accueilli 129 filles admises en 6ème. C’est pour cela, que nous avons entrepris des travaux d’extension pour accueillir les nouveaux élèves de 6ème au titre de l’année scolaire 2022-2023.
Pourquoi se concentrer sur la formation des filles ?
Au prime abord, nous pouvons noter que mon pays, le Niger, est l’un des pays qui a le taux de fécondité le plus élevé du monde (6,2%). Aussi, comme vous le savez, Il a un taux de croissance annuel de plus de 3.9%. Cette forte croissance démographique, combinée à une forte représentativité numérique des femmes dans la population nigérienne et au poids économique qu’elles représentent, font qu’un focus particulier doit être fait sur la formation des filles et des femmes.
Cependant, cette formation des filles au niveau des collèges ruraux est assujettie à plusieurs contraintes.
Aujourd’hui, on constate que tous les gros villages ont des écoles primaires mais qu’il n’y a pas assez de Collèges d’Enseignement Général (CEG) dans ces villages. Donc les élèves se déplacent parfois sur plus de 5 kilomètres pour se rendre dans un collège et revenir à la maison. Ou bien, ils sont obligés de se déplacer de leur village à un autre village là où aussi il faut chercher un tuteur pour les accueillir.
Au regard des différents risques liés aux navettes ou au séjour hors de la cellule familiale auxquels les élèves sont exposés, en premier lieu les filles, beaucoup de parents préfèrent garder leurs filles avec eux. Une fois, ces filles retirées de l’école, elles restent généralement à la maison à ne rien faire et à l’âge de 14 ans-15 ans, elles contractent leurs premiers mariages pour avoir 4 ou 5 enfants autour de 25 ans.
Il est donc urgent de mettre en place au niveau de nos collèges ruraux, un cadre qui puisse donner des garanties suffisantes aux parents pour laisser leurs filles continuer les études.
Pour nous, les conditions de vie et d’études mises en place au niveau d’un internat, font que l’internat est ce cadre tant recherché pour fidéliser les parents, sécuriser et éduquer tous le élèves.
Pour cette première phase, nous avons choisi les internats de jeunes filles parce que, tout simplement, les filles sont plus vulnérables que les garçons. Si l’expérience est concluante et que nos moyens s’améliorent, notre souhait est d’étendre le projet aux garçons.
Si nous arrivons à faire fonctionner correctement ces internats de jeunes filles dans les villages, ce serait une bonne chose car cela nous permettra d’aller vers une transition démographique. En effet, les conditions de vie et d’encadrement au niveau de ces internats favorisent l’épanouissement des jeunes filles et leur réussite scolaire à l’école. Ce qui les éloignerait du spectre des mariages précoces et qui les préparerait à leur futur rôle de pilier de la famille. C’est aussi un autre moyen de lutte contre le poids démographique et une façon intelligente de maîtriser la démographie car on jouera sur les perceptions et les comportements de la communauté éducative en générale et des filles en particulier sur le plan de l’éducation et de la procréation. Ce qui permettra d’améliorer la rétention des filles et de gagner au moins quatre à cinq ans par rapport à une fille qui n’est jamais allée à l’école ou qui a été déscolarisée.
Une amélioration de la scolarisation et du maintien des filles va booster de façon significative tous nos indicateurs scolaires, c’est à dire le taux brut de scolarité, le taux brut d’admission, le taux d’achèvement, etc., parce que toutes les statistiques sont en défaveur des filles. Donc pour nous, il n’y a rien de plus honorable et de plus légitime que ces internats de jeunes filles au Niger car c’est l’éducation qui fait la différence entre les pays. Un pays ne peut pas se développer sans système éducatif performant. Vous venez de l’Asie, vous dites [ndlr : un des interviewers vient du Vietnam], par exemple, le Japon a des ressources minières limitées, mais aujourd’hui le Japon, c’est une grande puissance économique du monde, et c’est dû à l’éducation (…)
C’est important pour montrer aux bailleurs de fonds et aux personnes intéressées que ce modèle est bénéfique. C’est vraiment une anecdote très forte que les filles refusent de rentrer. Au niveau financier qui soutient les finances ? La gratuité des cours est-elle assurée pour la communauté ? Combien est ce que la communauté doit payer ? Cet aspect est fondamental car il faudra présenter un projet avec un budget. Les bailleurs de fonds vont demander quel est le coût de tout ça et quels sont les bénéfices à court et à long terme.
Pour ce qui est du coût des infrastructures, il est déjà chiffré, à travers nos services compétents. Nous avons fait trois modèles d’internat : les modèles qui vont prendre 250 places, ceux qui vont prendre 300 et des modèles qui vont prendre 350 places. Chaque modèle a été chiffré. Ces modèles chiffrés accompagnés des plans de masse et des superficies nécessaires sont disponibles au niveau de nos services compétents. A titre d’exemple, la construction d’un internat de 350 places coûte environ 394 991 926 FCFA. La prise en charge au niveau des internats est gratuite pour toutes les filles. Dans le cadre de la décentralisation et de la participation communautaire, les collectivités territoriales et les parents d’élèves soutiennent de façon volontaire ces internats.
Très bien. Si on continue à parler de Kellé, l’expérience est-elle positive ? Quels seraient les éléments négatifs ? On sait par exemple que les grandes barrières telles que l’accès géographique, l’accès financier, la qualité des cours des enseignants, le contenu des cours et le système d’examens sont un problème, pas seulement pour le Niger, mais dans la région en général. Comment est-ce que ces problèmes-là sont traités dans le système d’internat ?
Comme vous l’avez constaté vous-même, nous sommes d’accord que les acquisitions scolaires des élèves sont faibles au niveau de nos pays comme l’atteste le rapport PASEC 2019 et les résulta des examens scolaires. Par exemple, cette année, en ce qui nous concerne, le taux de réussite au BEPC est de 27,18% et celui du Baccalauréat est aussi inférieur à 30 %. Cela démontre clairement la pauvreté des apprentissages dans notre pays.
Pour renverser la tendance, plusieurs réformes sont envisagées.
La première réforme concerne l’enseignant car nous sommes conscients d’une chose : le moteur de l’école c’est le maître. Quand le maître n’est pas bon, les élèves ne peuvent pas être bons. S’agissant de la formation des maîtres, le Niger a opté pour un relèvement du niveau de recrutement. C’est-à-dire que les enseignants qui vont enseigner dans les jardins d’enfants et les écoles primaires, seront désormais recrutés non pas à partir du BEPC mais à partir du BAC. Cette disposition a été mise en application depuis la rentrée scolaire 2021-2022 et nous venons de lancer le processus de recrutement de la deuxième promotion.
La deuxième réforme concerne les programmes d’enseignement.
Actuellement, aux niveaux préscolaire et primaire, nous sommes en train de faire une réforme curriculaire dont le point d’entrée est l’enseignement de nos langues nationales et pour laquelle, nous avons produit les supports du préscolaire et des quatre premières années du primaire (CI, CP, CE1 et CE2).
Pour soutenir notre entrée par les langues nationales, je vais vous donner un exemple — c’est une anecdote. A l’école primaire, on a appris des chansons, des récitations comme « vive l’eau ». A l’époque, quand on demande à un élève c’est quoi « vive l’eau », il ne sait pas ce que cela veut dire. Mais il reconnaît la consonance, il récite sans connaître la signification. C’est seulement arrivé au collège ou au lycée qu’il comprend la signification. Et c’est pourquoi, nous allons privilégier l’entrée par nos langues. Plus on avance, plus la langue administrative, le français, est introduite et prend la relève. Comme vous le savez aucun pays au monde ne s’est développé avec une langue étrangère. Par exemple au Japon, on parle le japonais, au Vietnam on parle le vietnamien, en Angleterre on parle l’anglais, etc. Nous devrions également avoir cette vision. Nous avons 5000 écoles, qui sont en train d’expérimenter ce système de bilinguisme et les résultats sont meilleurs que ceux des classes où on enseigne uniquement en français, pouvant aller du simple au double.
Dans cette vision holistique, les programmes des écoles normales sont en train d’être arrimés aux programmes du préscolaire et du primaire axé sur les langues nationales.
Au niveau des universités, écoles et instituts de formation des professeurs de l’enseignement secondaire général, nous avons entrepris en collaboration avec le ministère de l’Enseignement Supérieur, un vaste chantier d’harmonisation de leurs programmes d’enseignement.
En effet, en dehors de l’Ecole Normale Supérieure de Niamey, les facultés des sciences de l’éducation de Tahoua et de Zinder forment des enseignants du collège et du lycée.
Tous ces établissements recrutent des bacheliers qu’ils forment en trois ans et leur délivre une licence professionnelle. Ces enseignants sont utilisés au niveau des collèges ù ils enseignent généralement deux disciplines.
Désormais, il ne s’agit plus de former pour le plaisir de former. La formation professionnelle de nos enseignants a été définie à partir d’un besoin. Nous savons quel type d’enseignants nous voulons. Il faut que ces centres de formation d’enseignants s’adaptent à nos besoins.
Au courant de ce mois, une réunion est prévue entre tous les directeurs de ces écoles et les doyens de ces facultés avec les responsables du ministère de l’Education Nationale et ceux du ministère de l’Enseignement supérieur, pour dégager un profil type de ce qu’on appelle un enseignant du collège, du lycée. Le président de la République en est informé. C’est lui-même qui a suscité cette réunion.
Au delà de cette harmonisation des programmes de formation des professeurs de collège et lycée, nous sommes entrain d’envisager d’autres alternatives pour la formation de nos enseignants du secondaire.
Par exemple, pour la formation des professeurs de collège, les étudiants des facultés de lettres et de sciences, après un enseignement fondamental de deux ans dans leurs facultés, vont passer un concours pour accéder à l’école normale supérieure ou aux facultés de sciences de l’éducation, là où ils vont suivre des cours de pédagogie et de didactique pendant un an. Ce qui leur conférerait un niveau de licence professionnel conformément au système LMD (licence, master, doctorat), auquel le Niger est inscrit depuis 2007.
Pour ce qui est des enseignants du lycée, l’école normale supérieure et les autres centres de formation d’enseignants vont recruter à partir de la licence des étudiants qui vont suivre l’enseignement pédagogique pendant deux ans. Cela correspond au grade de master en respect au LMD.
Maintenant, c’est donc bilingue ?
Oui. Cet enseignement bilingue sera appliqué au préscolaire, au primaire et dans les écoles normales afin de faire progresser les acquis scolaires des élèves.
Nous allons progressivement et de façon raisonnée étendre l’enseignement bilingue à toutes les écoles préscolaires et primaires du Niger. Déjà une feuille de route a été élaborée cet effet.
Si je comprends bien, les internats s’inscrivent dans une grande réforme générale sur le curriculum au niveau du bilinguisme, sur la formation des enseignants et vous l’avez très bien décrit. Revenons aux internats à Kellé. Est-ce que ces changements ont déjà été mis en place à Kellé ou Kellé est sur l’ancien système ? Dans la mise en œuvre des internats, est-ce qu’on aura au Niger la masse critique d’enseignants pour enseigner à chaque niveau ?
Notons d’abord que les internats des filles que nous envisageons, ne sont pas des services isolés. Ce ne sont pas des services destinés à dérouler un curriculum d’enseignement particulier. Ils sont créés au niveau des collèges pour soutenir la scolarisation des filles en améliorant leurs conditions de vie et d’étude.
Pour ne pas perdre les dividendes de ces internats, nous avons déjà mis à la disposition du premier établissement à internant un nombre suffisant d’enseignants capables d’aider tous les élèves à progresser. Toutefois, au regard de l’impact négatif de la contractualisation sur le rendement des enseignants et pour satisfaire nos besoins, nous avons lancé un recrutement de 2150 enseignants et enseignantes du secondaire et un autre recrutement de 344 enseignants scientifiques pour combler le gap d’enseignants.
La réorganisation de nos centres de formation des enseignants du secondaire nous permettra de faire face à nos besoins.
Quels sont les autres avantages si vous deviez promouvoir ces internats auprès des bailleurs de fonds ? Par exemple au niveau de la sécurité ou de la nutrition ?
Nos internats de jeunes filles ne seront implantés que dans les zones sécurisées. Sur le plan sécuritaire, toutes les dispositions nécessaires sont prises avant de créer un internat. Pour le moment, il y a suffisamment de centres ruraux qui correspondent à ce profil de sécurité. À la rentrée scolaire 2022-2023, plusieurs internats dont Moujia, Jiga, Tesker, Belbédji ouvriront leurs portes. Pour le fonctionnement de ces internats, nous avons défini des normes pédagogiques, sécuritaires et de gestion.
Au niveau administratif, une équipe assermentée sera mise en place pour gérer l’internat et des mécanismes de suivi-évaluations seront instaurés.
La réussite de ce projet d’internat est fortement liée à l’adhésion des communautés locales et à leur participation à la gestion de l’internat. Il s’agit de démontrer à la population que l’internat et au-delà l’école ne relèvent pas que de l’Etat. L’internat doit être compris, comme un cadre partenarial entre l’Etat, la collectivité et la communauté pour soutenir la scolarisation de la jeune fille. Déjà, à Kellé, premier internat type, la collectivité et la communauté participent à l’alimentation des élèves. Pour les internats programmés à ouvrir, la collectivité et la communauté sont prêtes à accompagner l‘Etat par rapport à l’alimentation des élèves.
Donc il semble qu’il y ait une demande sur la base de votre expérience à Kellé. Pourriez-vous élaborer un peu plus sur cette demande ? Quels seraient les avantages perçus par les familles et quelles seraient les barrières ou les résistances, y compris le prix qu’ils doivent payer?
Comme je vous l’ai annoncé dans les points précédents, l’expérience de Kellé a été une réussite.
Mais pourquoi ?
Pour mieux comprendre, les raisons, intéressons-nous à la question : « Qu’est ce qui empêche les parents dans les villages de laisser la fille aller un peu plus loin dans l’éducation. » et quels rôles pourrait jouer l’internat ?
Dans un premier temps, il y a ce problème de sécurité. Si la fille doit parcourir en aller-retour huit kilomètres pour aller à l’école ou bien cinq kilomètres, elle peut être vulnérable. Et même si ce n’est pas ce cas, si elle se déplace complètement pour vivre chez un tuteur, un parent ou une connaissance, les conditions ne sont pas toujours réunies pour son plein épanouissement. Il faut aussi savoir qu’un tuteur n’est généralement pas comme un père biologique et parfois, il n’est pas dans les conditions pour accueillir des élèves. Très souvent, la fille devient alors vulnérable. Mais si les parents savent que la fille est dans un environnement sécurisé où il y a la restauration, où elle est logée où elle a toutes les commodités de vie, je vous assure, les parents n’hésiteront jamais à laisser les filles aller à l’école.
Deuxièmement, Il ne faut pas voir l’internat comme un simple bâtiment physique. Il faut voir l’aspect psychologique des choses. C’est quoi l’aspect psychologique ? D’abord il y a ce regroupement qui va permettre à ces jeunes filles de sympathiser, de cultiver le nationalisme, c’est-à-dire l’appartenance à un même pays, à une même communauté de destin. Cela va convaincre les parents qui sont encore réticents d’envoyer leurs filles à l’école.
Au niveau financier, les parents n’ont aucun engagement, hormis, les engagements volontaires pris dans le cadre communautaire ou associatif. Pour certaines familles, le seul prix à payer sera le coût d’opportunité lié à la scolarisation de la fille.
C’est votre perspective pour combattre la démographie galopante. Mais comment vous le transmettriez aux familles, aux communautés pour leur mettre l’eau à la bouche. Quels seraient quelques messages clés ?
Nous avons des centres d’intérêt au niveau de ces internats. Au delà des activités académiques qui se dérouleront désormais dans des classes en matériaux définitifs construits en priorité selon un modèle alternatif, nous allons faire aussi la promotion des activités professionnelles. Par exemple, les filles vont apprendre à faire la couture et d’autres métiers. Cela va leur permettre d’avoir une autre activité qu’elles pourront pratiquer. Même si demain, elles finissent effectivement leur cycle à l’école, elles ont, en dehors de leur bagage intellectuel qui est bien formaté à l’évolution de la société, appris à pratiquer des activités professionnelles. Ce sont des femmes qui ne vont jamais être des « femmes-bras-croisés », c’est-à-dire qui attendent tout de la nature ou de leurs maris. C’est notre vision pour les internats que nous comptons mettre en place. L’internat est un lieu sûr, sain et sécurisé qui va permettre aux filles d’avoir des apprentissages professionnels à coté des apprentissages académiques. Cela est très bénéfique pour notre société.
Quelles sont vos expériences en matière de ce que les familles doivent mettre sur table ? Est-ce que ces familles contribuent aussi ?
Pour l’internat de Kellé en expérimentation, les familles, à travers les structures communautaires ont effectivement contribué de façon volontaire à l’alimentation scolaire des élèves par des dons de vivres. C’est le conseil régional et la mairie de Kellé qui ont apporté l’essentiel de l’accompagnement nécessaire pour le bon fonctionnement de l’internat. Mais, au regard de notre ambition de vulgariser le projet, il faut que nous puissions convaincre les parents pour qu’ils s’impliquent activement dans la gestion des internats, contribuer à leur financement et changer de comportement face au dénier publique. C’est cela notre stratégie.
Je vais vous raconter une anecdote. Il y a un village qui dispose de classes en paillote construites avec des tiges de mil. En période de sécheresse, les ânes partent brouter ces classes en paillote. Un paysan de passage, ayant vu l’âne brouter la classe, ne l’a pas chassé mais il s’est plutôt rendu chez le chef de village pour l’informer de ce qu’il a vu.
Ce genre de comportement met en lumière le fait que la communauté ne se sent pas concerné par les problèmes de l’école et pour elle, ceux-ci concernent uniquement le chef de village qui représente l’Etat. Ce n’est pas une école communautaire, mais plutôt une école d’Etat. Mais si le paysan sait que lui-même, il a contribué, s’il voit un âne, il ira lui-même le chasser. C’est une anecdote qui est un peu révélatrice et c’est cette anecdote que nous visons à enrayer. Donc, ce ne sont pas que des classes, mais ce sont des classes derrière lesquelles il y a une philosophie. Il faut que la communauté s’approprie tous les investissements faits à son profit
Vous avez parlé de modèle alternatif. Est-ce que les bailleurs de fonds vous ont demandé de proposer des internats ? Est ce qu’il y a d’autres modèles que vous avez considérés ?
Pour remplacer nos 36 000 classes en paillottes, nous avons opté en priorité pour un modèle alternatif de construction de classe. C’est une structure évolutive de construction de classe. Par exemple, l’Etat ou un partenaire va effectuer les tâches de terrassement, de fabrication de poteaux et d’élévation de murs jusqu’à une hauteur de 1 mètre. Il va aussi fournir les toitures en tôles. Après, la communauté en fonction des matériaux locaux disponibles prend en charge les accessoires et les murs de remplissage.
Par exemple, à Zinder, Maradi et Dosso, le banco peut être utilisé et à Tahoua, des pierres taillées pour achever les classes.
Avant, l’adoption du modèle alternatif, une classe classique de 9 m sur 7 m, soit 63 m2 nous coûte entre 11 à 12 millions. Aujourd’hui le modèle alternatif le plus cher avec le travail des communautés est autour de 5 millions. Donc, le coût d’un modèle classique peut nous permettre de construire deux classes en modèle alternatif. En plus c’est deux fois plus pédagogique parce que tout simplement la communauté a intervenu et a compris que l’école appartient à tous et pas seulement à l’Etat.
La Banque mondiale est prête à financer ce projet parce que c’est un projet intégré. A la fin du projet, les parents, la communauté, vont comprendre que l’école n’est pas seulement l’affaire de l’Etat, c’est pour eux d’abord et qu’ils doivent contribuer à l’éducation de leurs enfants. Ils auront ainsi une compréhension beaucoup plus nette de l’école. L’École doit être un contrat social entre l’Etat, les collectivités et la communauté. Les organismes internationaux ne peuvent qu’accompagner l’Etat, ce n’est pas à eux de faire cette politique de l’éducation.
D’ici cinq ans, dix ans, dans les milieux ruraux, au niveau collège, quelle serait votre vision des choses ? La proportion de l’internat, la proportion de classe de modèle alternatif. Comment vous voyez la distribution de ces différents modèles ?
Notre souhait le plus absolu, est que dans les 5 ans de ce régime, de 2021 à 2026, que nous puissions construire au moins 100 internats de jeunes filles et au moins 36 000 classes, en modèle alternatif dans le milieu rural.
Pour cette année, nous avons programmé la construction de 2050 classes en modèle alternatif et nous allons le faire. Dans moins de trois semaines, les chantiers vont commencer. Notre budget de 2023 a augmenté de 37 % et le volet le plus important, est celui des infrastructures. A coté de cette volonté manifeste de l’État à changer radicalement l’éducation, mon espoir est que les partenaires que vous êtes le FNUAP, le PAM etc., accompagnent l’Etat dans cette politique.
Dans les grands centres urbains compte tenu de la densité de la population nous allons construire des classes en modèle classique ; pas toutes classiques, il y aura même à Niamey quelques classes en modèle alternatif mais pas aussi important que dans les villages. Notre espoir, c’est qu’avant 2026 nous ayons ces 36000 clases en modèle alternatif. Mais attention, je suis un scientifique. Compte tenu du taux de natalité qui est de 6,9 enfants par an, si aujourd’hui, par miracle du ciel, on se retrouve avec 36 000 classes disponibles, je vous assure qu’à la rentrée prochaine, il nous faut encore des classes en paillote, parce que chaque année, il y a un delta qui varie entre 120 000 et 150 000 élèves de plus. Et même si on considère 50 apprenants par classe, il nous faut 3000 nouvelles classes, il faut en tenir compte. C’est pourquoi je prévois toujours large car je sais qu’il y a cet écart. En termes de besoins je les évalue à 40 000 ou 45 000 classes pour tenir compte de ce gap.
Au sujet de la transition démographique, le taux de fécondité qui était à 7,6 il y a cinq ou six ans est aujourd’hui tombé à 6,2. Nous avons espoir qu’il va baisser à 5,4. Si ce taux continue à baisser, et si la construction des classes en matériaux définitifs se poursuit, un jour viendra où nos deux courbes vont se croiser. C’est suite à cela et pour maîtriser la croissance démographique que le Président a créé ce qu’on appelle l’Office National de la Population.
Et les internats ? Les 100 internats, où les mettriez-vous en particulier ?
Les 100 internats, seront créés en priorité dans les collèges ruraux, c’est à dire dans les villages. Le cycle des collèges est un cycle de 4 ans et si possible nous allons les étendre plus tard au lycée, jusqu’à ce que les filles aient l’âge de 18 ans.
Quelle est la proportion du budget de votre département pour l’éducation par rapport au budget national et quelle est la proportion exacte de la distribution ?
Il est important de noter que le président de la République, Chef de l’Etat, SEM BAZOUM Mohamed a promis d’améliorer la part du budget de l’éducation et de l’amener à pratiquement 25 % du budget. Je vous assure que nous sommes pratiquement aux alentours de ce taux. Cette année, nous sommes aux alentours de 22 % du budget national pour l’ensemble des ministères en charge de l’éducation. Et moi, je suis convaincu d’une chose : si le Niger n’était pas en guerre, nous allons amener le budget de l’éducation à 40 %. J’en suis convaincu.
Il y a cinq ans, quel était le taux par rapport au budget ?
La part du budget de l’éducation était aux alentours de 15% du budget national, il y a cinq ans de cela. Aidez-nous à arrêter la guerre, quand on va l’arrêter, ce taux sera à 40% (…) Aujourd’hui, le Niger a la chance d’avoir à son sommet un Président de la République qui croit à l’éducation par le seul fait qu’il soit enseignant. Et donc, il sait qu’un pays ne peut pas se développer sans un système éducatif performant. Ce qui se passe au ministère de l’Education nationale, chaque jour le président en est informé. Pour vous dire moi-même en tant que ministre, dans certains domaines, il est plus informé que moi. Certaines informations, c’est de lui-même que je les reçois. En 2026, à la fin de son mandat, l’un des principaux points sur lesquels, on va le juger, c’est l’éducation. C’est pour cela qu’Il a fait de l’éducation la cheville ouvrière de son programme et nous, notre mission c’est de mettre en œuvre son programme.
Qu’est-il de la déscolarisation forcée des élèves mariées ou enceintes, est-ce que cela va changer ?
Notons d’abord que si la fille est maintenue à l’école dans un environnement très sûr, elle ne va jamais accepter de se marier très tôt. Le mariage devient une charge pour elle. Elle va se marier, mais plus tard et elle prendra soin de sa vie intime car dans les curricula, il y a des aspects d’éducation à la santé de la reproduction qui l’aideront dans ce sens.
Au cas contraire, si elle n’est pas allée à l’école, si elle ne dure pas longtemps à l’école, qu’est ce qui va se passer ?
À l’âge de treize ans, quatorze ans, elle sera déjà mariée. Mais à quatorze ans, c’est encore une mineure. Si elle est mariée avant quinze ans, à seize ans, elle aura déjà deux enfants et à 25 ans quatre ou cinq. C’est pourquoi on trouve des femmes qui ont onze, douze, treize enfants. C’est la conséquence du manque d’instruction car elle ne pas programmer sa vie intime. Ainsi, elle ne fait pas d’espacement des naissances et peut contracter une grossesse pendant qu’elle est en train d’allaiter.
Mais si elle est maintenue au moins jusqu’au collège, elle va atteindre l’âge de18 ans, et à 18 ans elle est majeure et a acquis des compétences de vie courante qui lui permettront de gérer sa vie conjugale. Elle courra donc moins de risques au cours de son mariage.
Nous pensons qu’à travers l’application correcte de nos textes en matière de scolarisation de la jeune fille et toutes les mesures d’accompagnement préconisées, nous serions en mesure de garder les filles à l’école.
C’est ce qu’on souhaite avoir avec le système d’internat. Mais présentement, celles qui se retrouvent enceintes à la rentrée, qu’est-ce que les politiques disent ? Vont-elles dire : tu es enceinte, donc tu ne peux plus continuer ta scolarité ?
Le Niger à banni le renvoi des élèves filles enceintes depuis longtemps, Avant, c’était en vigueur mais il y a eu des arrêtés et des décrets qui ont été pris et qui indiquent que même si une fille est enceinte, elle peut continuer sa scolarité. J’ai eu à présider des jurys de BAC où il y avait des filles qui allaitaient leurs bébés. Elles se font accompagner par les nourrices.
Pour les filles qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école, il existe également des dispositifs de formation professionnelle et de prise en charge psychosocial tels que les espaces sûrs les foyers et autres.
Dans le cadre des internats de filles, nous avons mis en place des normes pour protéger les filles contre toute forme de violence et des sanctions disciplinaires et pénales sont prises à l’encore des contrevenants.
Dans des pays tels que les pays du Sud-Est de l’Asie, l’éducation a joué un rôle très important. D’autant plus important que ces personnes instruites ont accès à un marché du travail. Vos filles maintenant ont achevé le brevet ou même le bac. Que vont-elles faire ? Il y a eu la prévention de leur mariage pour éviter qu’elles ne tombent enceintes à l’âge de treize, quatorze et quinze ans, quelles sont les perspectives professionnelles ? Quelle est la stratégie pour faire suivre l’éducation avec l’accès au marché du travail afin de contribuer à l’élan économique ?
Il y a plusieurs stratégies dans ce domaine.
En premier lieu, il faut bien regarder les faits, nous sommes au MEN (Ministère de l’Education National) qui s’occupe de la formation du préscolaire jusqu’au niveau lycée en passant par le primaire et le collège. A partir du collège et lycée, les élèves vont aller soit dans des écoles professionnelles – dans ce cas c’est le ministère de la Formation Professionnelle qui prend la relève, soit dans l’enseignement supérieur – dans ce cas, aussi c’est le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche qui prend la relève. Le Niger a des textes très clairs par rapport à cela même dans le système politique : il y a un quota de 25 % qui est réservé aux femmes. Même au niveau des nominations de l’État.
Deuxièmement, nous voulons développer la formation professionnelle et qu’en 2026, nous voulons que 40 % des jeunes qui auront le bac soient orientés vers des formations professionnelles. Il y a dix ans de cela, le taux était inférieur à 5 %. Pour atteindre les 40 % d’orientation vers la formation professionnelle au Niger aujourd’hui, il y a des systèmes de Petites et Moyennes Entreprises (PME) et des Petites et Moyennes Industries (PMI), mais avec des micros finances qui permettront de financer des petits projets innovateurs. Par exemple, une jeune femme qui s’y connaît très bien en tresses, elle peut trouver un financement dans le domaine des tresses pour qu’elle puisse faire des tresses beri-beri ou autres. Ce programme est aujourd’hui très bien développé au Niger. En plus les foyers qui seront implantées dans les internats vont permettre d’asseoir cette culture professionnelle en dehors même du système (…).
Mais aussi il faut bien comprendre que ces internats de jeunes filles, c’est pour accueillir les filles du milieu rural. Il n’y aura pas d’internat de jeunes filles à Niamey pour le moment, ni à Zinder, ni à Maradi etc. Ma conviction, c’est qu’en dehors même des internats, si nous voulons améliorer certains indicateurs du système éducatif nigérien tels que le taux brut de scolarité, le taux brut d’admission, le taux d’achèvement, il faut que nous contrôlions la santé et l’alimentation scolaire. Il faut que chaque enfant au niveau du village puisse manger à la cantine aux heures indiquées. Et si cela se poursuit pendant 1, 2, 3 ans, les indicateurs vont s’améliorer, parce que même dans les pays développés comme les Etats-Unis, la France, le Canada etc. tous les enfants mangent en cantine aux heures indiquées. Cela représente un intérêt pour nous car il va nous permettre de bien asseoir le système de journée continue et d’améliorer le temps scolaire. En effet, si le système fonctionne, lorsqu’un un parent dépose son enfant à l’école, il ne le reprendra que vers 16h ou 17h étant donné qu’il va manger à la cantine.
Propos recueillis le 4 août 2022 par le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP/UNFPA) au Niger
Source : http://www.lesahel.org/
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M. le président, le 3 septembre dernier à Cotonou, le Mena A’ s’est qualifié pour le Championnat d’Afrique des Nations (CHAN 2023) en étrillant les Eperviers du Togo sur le score de 3 buts à 1. Quelles sont les impressions qui vous animent à l’issue de cette belle qualification ?
Merci pour cette occasion que vous m’offrez de me prononcer par rapport à cette qualification du Mena A’ le 3 septembre dernier à Cotonou. Comme tout nigérien, c’est un sentiment de satisfaction qui m’anime. En tant que président de l’union nationale des supporters, je suis plus heureux encore. Comme vous le savez, à chaque déplacement du Mena, nous essayons d’aller pousser l’équipe à la victoire. Nous nous débrouillons pour envoyer un grand nombre de supporters, même si par ailleurs ce n’est pas suffisant compte tenu des difficultés financières. Je peux vous dire donc que, c’est vraiment un sentiment de satisfaction qui m’anime, et au-delà de ma modeste personne, l’ensemble du peuple nigérien qui est content de cette prouesse. Si vous vous rappelez, le CHAN est, à sa septième édition, et nous sommes à notre quatrième participation. Incha Allah, nous allons continuer à être contents de la prestation que, le Mena fera en Algérie.
Il y a eu beaucoup de supputations à l’occasion du match aller perdu par le Mena locaux à Lomé. Pouvez-vous nous dire ce qui s’est réellement passé?
Le point d’orgue de la défaite du Mena à Lomé, n’est rien d’autre que, l’exclusion des joueurs pour cause de COVID-19. Huit joueurs étaient concernés dont quatre titulaires. Donc c’était une aubaine pour l’équipe togolaise qui malgré tout, n’a pas pu nous battre comme elle l’aurait voulu. Nonobstant l’absence de ces huit joueurs, c’était un score étriqué d’un but à zéro. Mais depuis Lomé, nous avions bel espoir que le Mena allait remonter parce que, les tests anti- COVID se feront à Cotonou d’une manière commode, responsable, avec des cabinets responsables. Vous avez vu que ce qui s’est passé à Lomé ne s’est pas passé à Cotonou. Et puis le problème à Lomé, est que, comment comprendre que huit de nos joueurs aient été testés positifs, alors qu’aucun joueur Togolais ne l’était. Donc, ce sont ces genres de supputations qui ont émaillé la rencontre- aller au Togo. Mais, cela n’a pas empêché à nos vaillants ambassadeurs de se battre pour chercher un match nul. Compte tenu de tout ce qui s’est passé, je pense que le score de 1 but à 0, était un bon score pour nous. Vous avez vu qu’au match retour, nous avons pu rapidement remonter le score et les battre par 3 buts à 1.
M. le président, quel a été l’apport de votre association dans le succès du Mena à l’issue de cette double confrontation ?
L’apport des supporters est un apport ordinaire. Comme dit l’adage, le public c’est le douzième homme. A ce titre, nous essayons à chaque fois que, le Mena joue, de nous mobiliser en tant que supporters et d’aller lui prêter main forte. C’est un apport conséquent parce que quand nous supportons depuis les tribunes, ils nous entendent, et ils nous suivent. C’est vrai que, les déplacements sont un peu difficiles, mais à ce niveau l’Etat met la main à la poche à travers la fédération, qui nous a toujours épaulés pour nous faire déplacer. Ce n’est pas suffisant parce que le nombre de supporters n’est pas très important, mais je pense qu’avec les échéances qui arrivent, l’Etat va prendre cet aspect en compte, et essayer de nous appuyer pour faire déplacer beaucoup de supporters.
Le regroupement d’Algérie nous attend, et je remercie le Président de la République SE. Mohamed Bazoum qui n’a pas hésité à mettre les moyens derrière cette équipe. Il faut dire que depuis son avènement au pouvoir, il fait de bonnes choses dans le domaine du sport en général et pour le football en particulier. A trois reprises, il s’est rendu au stade Général Seyni Kountché. Ce qu’on n’a pas vu depuis une vingtaine d’années. Cela veut dire qu’il y a indubitablement un regain d’intérêt pour le sport au plus haut niveau de l’Etat. Je pense qu’il va continuer de supporter l’ensemble du sport nigérien, et en l’occurrence le football qui est le sport le plus populaire et qui peut hisser le Niger au firmament des nations africaines.
Le Niger sera l’année prochaine à sa 4ème participation au CHAN après celles de 2011 au Soudan, 2016 au Rwanda et 2021 au Cameroun. Comment votre association entend-elle préparer le tournoi d’Algérie qui se tiendra du 13 janvier au 4 février 2023 ?
L’année prochaine on va se déplacer en Algérie. Nous entendons être présents à ces phases finales pour aller supporter le Mena. Nous allons nous préparer conséquemment. Nous sommes en train de nous organiser pour voir comment pouvons nous, en dehors de l’Etat et de la fédération, à notre niveau, mobiliser des ressources qui nous permettront d’aller supporter le onze national. Il ne faut pas toujours attendre tout de l’Etat et de la fédération. Nous sommes une association et nous saurons comment faire pour amener les bonnes volontés à travers un cadre approprié à nous aider et en contrepartie vendre l’image des sociétés et institutions qui voudront bien nous appuyer. Voilà comment nous comptons procéder. C’est vrai nous sommes au Niger, les gens sont un peu sceptiques par rapport au sport en général, mais le sport c’est un levier pour la promotion d’un pays.
Etes-vous optimiste pour Alger 2023, après les quarts de finale de Khartoum 2011 ?
C’est vrai depuis Khartoum 2011, pendant les deux éditions qui ont suivi, nous n’avons pas fait bonne mine. Je pense qu’en Algérie nous devons essayer de faire mieux que Khartoum 2011. En 2011, le Mena était sorti en quart de finale après les tirs au but contre le pays hôte qui est le Soudan. Mais cette fois-ci avec la motivation, le talent des joueurs, et l’appui de l’Etat, le Mena pourrait mieux faire qu’en 2011. C’est ça mon souhait et celui de l’ensemble des Nigériens. Je pense qu’on peut le faire.
Propos recueillis par Oumarou Moussa(onep)
Source : http://www.lesahel.org
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Le 10 août dernier, les pays africains ont célébré la 5ème Journée africaine de l’enregistrement des faits d’état civil et des statistiques de l’état civil. A cette occasion, Sahel Dimanche a invité le directeur général de l’Etat Civil, des migrations et des réfugiés au ministère de l’intérieur, M. Malangoni Ibrahim. Dans cet entretien, plusieurs points ont été évoqués notamment le rôle que joue l’état civil dans la marche de nos Etats dans la vie quotidienne des citoyens. Il a aussi abordé le point sur le processus de modernisation de l’état civil nigérien visant à doter le Niger d’un système d’état civil digital fiable.
M. le Directreur général, voudriez-vous nous définir ce qu’est l’état civil et son importance ?
L’état civil est un droit citoyen d’une importance capitale pour l’Etat, pour le citoyen lui-même, mais que beaucoup de personnes ignorent. L’état civil, c’est un ensemble de qualités inhérentes à la personne humaine que la loi prend en compte pour lui conférer des effets juridiques. Avant l’avènement de l’état civil dans sa forme moderne d’aujourd’hui où on délivre des documents écrits pour identifier une personne, les gens avaient leurs façon d’identifier les êtres humains comme les noms, l’ethnie, des signes faciaux ou autres identifiants. Aujourd’hui ces qualités qui permettent d’identifier une personne, c’est son prénom, le nom de son père, celui de sa mère, son lieu et année de naissance etc… Comme vous le voyez, on rattache la personne à sa filiation, à ce que font ses parents comme activités. Ces éléments aident à avoir une sphère d’informations qui permettent de dire par exemple que M x est bien M x et non quelqu’un d’autre. La loi confère une valeur juridique à ces qualités qu’on prend en compte pour délivrer à cette personne ce qu’on appelle l’acte d’état civil. Et il y a plusieurs formes d’actes d’état civil.
Justement, quelles sont les pièces qui ont valeur d’actes d’état civil ?
Une pièce d’état civil, c’est un document sur lequel on retrace tous les événements importants de la vie d’un individu. Il y a l’acte de naissance( le premier document qui justifie que la personne existe juridiquement), l’acte de décès, l’acte de mariage, de divorce ou de répudiation. L’état civil suit et prend en charge chaque événement qui survient dans la vie d’un individu pour le fixer. De nos jours, ces actes sont délivrés soit par le maire, soit par un juge exerçant sur le territoire de la survenue de l’événement.
Quels avantages confèrent les actes d’état civil à une personne qui en dispose?
Je vais d’abord commencer par parler des inconvenients de ne pas disposer d’actes d’état civil pour mieux faire remonter en surface les avantages. Aujourd’hui lorsqu’une personne se déplace d’un point A à un point B et qu’elle n’a pas de carte d’identité, qu’est-ce qui lui arrive ? On l’arrête ou on l’amende. Lors des patrouilles, la police arrête des personnes qui n’ont pas de carte d’identité nationale. Or, pour se faire établir cette carte d’identité nationale, on a besoin de l’acte de naissance, donc de l’acte d’état civil. Pour circuler librement, bien que la libre circulation est un droit, un individu doit porter et présenter au besoin un document qui prouve que c’est bien lui et non personne d’autre. Si on prend l’exemple de l’enfant qui nait, pour qu’il entre à l’école, on a besoin de son acte d’état civil en l‘occurrence l’acte de naissance ou le jugement supplétif d’acte de naissance, pour bénéficier de certaines prestations sociales, c’est pareil. Mais certains citoyens oublient ou négligent de déclarer les naissances, d’autres ignorent même qu’il faut déclarer une naissance ou qu’il y a un délai pour faire cette déclaration. On trouve ces cas de non déclaration dans les zones réculées et parfois même dans les milieux urbains. Cela fait que les gens sont obligés de faire recours aux tribunaux pour obtenir ces documents parce que les délais de déclaration sont dépassés au niveau des services de l’état civil. Actuellement, le délai de déclaration d’un fait d’état civil est de 60 jours contrairement aux années passées où c’était de 10 à 30 jours. Aujourd’hui la loi l’a harmonisé et rallongé à deux mois pour mieux prendre en compte certaines contraintes, certains paramètres. On estime qu’en 60 jours, la personne a le temps matériel pour faire la déclaration.
Où peut-on déclarer un événement pour obtenir un acte d’état civil ?
La déclaration des faits d’acte d’état civil se fait dans les centres de santé et au niveau des villages administratifs et tribus auprès des chefs, qui sont de facto des responsables des centres de déclaration pour tous les actes, qu’il s’agisse de la naissance, du décès, du mariage, du divorce. Les faits de répudiation sont par contre déclarés auprès des autorités coutumières ou religieuses. La déclaration d’un événement quelconque est reçue puis transférée à la mairie où elle est transcrite dans les régistres d’actes d’état civil. Après l’authentification par le maire, on enlève un extrait qu’on remet au déclarant.
De manière spécifique, quelle est l’utilité d’un acte de naissance, de divorce ou de décès ?
Nous vivons dans une société où il y a beaucoup de conflits, que ce soit dans le cadre du mariage ou du décès pour les questions d’héritage ou autre situation connexe. Les documents font office de preuve d’un divorce ou d’un décès ou répudiation. Pour l’Etat, c’est important d’avoir des statistiques fiables. Cela permet de faire des analyses, des projections sur la croissance démographique, sur les besoins sociaux qui s’en suivront ou encore de savoir pourquoi il y a, par exemple, tant de divorces à tel ou tel endroit et conséquemment d’envisager des solutions. Si tout est documenté, il suffirait d’exploiter les données pour savoir combien de divorces ou répudiations il y a dans un intervalle de temps donné. Les actes d’état civil sont également nécessaires dans le traitement des litiges familiaux car, ils permettent d’identifier les protagonistes. Si nous prenons l’exemple d’acte de naissance, il est le document sur lequel repose toute la vie d’une personne et atteste de son existence juridique.
Malgré tous les avantages, force est de constater que beaucoup de nigériens ne disposent pas encore de pièces d’état civil, à quoi cela est dû et qu’est-ce qui est fait pour inverser la tendance ?
C’est vrai, il y a encore une bonne partie de la population qui ne possède pas encore d’actes d’état civil. Nous n’avons pas une étude formelle qui permet de connaitre la proportion des personnes dans cette situation. Mais en ce qui concerne les déclarations de naissance dans les délais, elles sont de l’ordre de 55 à 60%. Les raisons de cet état de fait sont diverses. Il y’a les cas de l’ignorance. Heureusement que de nos jours, il y a de moins en moins des gens qui ignorent l’importance de l’acte d’état civil. Mais il y a aussi le fait que certaines personnes ne perçoivent pas l’utilité immédiate de ces actes. Et donc, ils ne se bousculent pas. C’est lorsqu’elles font face à une contrainte juridique ou d’ordre pratique, comme un examen, une inscription d’un enfant que ces personnes courent pour aller au tribunal afin d’obtenir un jugement déclaratif, avec tout ce que cela comporte comme corollaires et risques. Nous sommes en train de faire le maximum que nous pouvons, avec le soutien des partenaires de l’Etat, pour sensibiliser la population à ce sujet. Grâce à la loi de 2019 sur l’état civil et le projet PAREC financé par l’UE et l’UNICEF, nous sommes en train d’améliorer notre système d’état civil. Nous allons mettre en œuvre une campagne de communication et de sensibilisation pour un grand nombre de nos compatriotes à comprendre l’enjeu de l’état civil pour eux même. Nous avons fait beaucoup de choses par le passé qui nous a permis de progresser et d’atteindre le niveau appréciable de l’ordre de 55% à 60% de déclaration de naissances actuellement. Nous sommes en train de renforcer les capacités des collectivités territoriales, des directions régionales et départementales de l’état civil. Nous avons un maillage territorial assez renforcé pour assurer le travail, même s’il y a des soucis pour certaines localités.
Notre pays fait face à l’insécurité dans certaines régions, comment procédez-vous pour permettre aux personnes vivant dans ces régions d’avoir les pièces d’état Civil quand on sait qu’il y a des personnes déplacées?
Dans ce sens, la loi de 2019-29 a innové pour pouvoir faire en sorte que ces zones ne soient laissées pour compte ou en marge du système. Tous les lieux de regroupement forcé des populations sont systématiquement érigés en centre de déclaration. Nous avons choisi des personnes pour enregistrer tous les faits d’état civil qui surviennent, nous les avons formés et leur avons donné tous les matériels nécessaires. Donc, nous faisons en sorte que l’état civil suive les populations déplacées où qu’elles soient.
Et que faites-vous pour les zones isolées ou les régions à faible taux d’enregristrement ?
Nous avons créé des équipes mobiles d’état civil pour récolter les déclarations dans les zones les plus réculées. Nous avons également un autre moyen d’enregistrement d’actes d’état civil : les audiences foraines. Celles-ci par contre , sont une solution ultime déployée dans les zones à faible taux de déclaration. Elles consistent à aller vers les population en vue d’enregistrer toutes les personnes qui n’ont pas été déclarées. Actuellement, nos équipes sont dans la région de Zinder. Et c’est des opérations que nous menons dans toutes les régions où nous constatons ce faible taux. L’Etat, appuyé dans ce travail par les partenaires, a organisé ces audiences lors des échéances électorales. Beaucoup de nos compatriotes ont pu disposer de ces documents pour se faire enrôler dans le fichier électoral. L’UNHCR, l’OIF, l’UNICEF, la GIZ nous accompagnent encore dans ce travail de lutte contre l’invisibilité juridique de nos concitoyens.
Depuis plusieurs années, on parle de la modernisation de l’état civil nigérien et on a l’impression que ça piétine. Où est le projet de digitalisation annoncé ?
Nous sommes engagés dans le processus de modernisation de notre état civil et cela depuis plus de trois ans. A l’heure où je vous parle, le processus d’informatisation du fichier d’état civil, lancé par le ministre d’intérieur, suit son cours normal. Nous avons lancé une grande réforme légale de nos textes pour permettre l’utilisation des TIC dans le système d’état civil nigérien. Il s’agit de la loi 2019-29 portant régime de l’état civil au Niger et de son décret d’application. Cette loi a institué un régistre national de l’état civil biographique des populations qui comporte désormais les données biométriques de toutes les personnes vivant au Niger. Dans le cadre de ce travail, le gouvernement a recruté un cabinet qui est en train de déployer la solution informatique nécessaire qui va permettre à toutes nos collectivités territoriales, à nos ambassades d’être interconnectées pour prendre en compte tous les faits d’acte d’état civil. Et cela grâce à une application et data center installés au sein de la direction générale de l’état civil qui nous permettra de suivre en temps réel tous les enregistrements des faits d’état civil. Nous allons alors les comptabiliser instantanément. C’est un système qui génère les statistiques et nous permet de savoir avec exactitude ce qui se passe partout. Cette informatisation va aboutir à l’interconnexion de toutes les directions générales, départementales, communales de l’état civil et même nos ambassades et consulats. Pour la phase pilote de cet immense chantier, nous allons d’abord déployer la solution digitale dans les cinq arrondissements communaux de Niamey. Nous sommes déjà en train de travailler avec l’ACN4 qui a toutes ses infrastructures fin prêtes. Lorsque nous aurons implementé cette phase pilote à Niamey et que nous l’aurons testée, nous allons passer à l’échelle nationale. Je puis vous asssurer que tout est pratiquement acquis pour le délpoiement de la solution digitale de notre fichier d’état civil nigérien sur l’ensemble du territoire national. Mais il nous faut d’abord l’implementer au niveau de Niamey, voir les difficultés éventuelles, les corriger avant de la mettre à l’échelle pour nous permettre d’avoir la situation dans notre base des données. L’un des avantages de ce fichier d’état civil est que les données ne se perdront plus, les usagers ne vont plus se fatiguer pour faire des copies d’actes d’état civil. En cas de perte d’un document, il peut être repris à partir de la base de données. Mieux, nous sommes allés loin. Désormais les actes seront faits sur du papier de très bonne qualité et sécurisé. Très bientôt, les actes seront transcrits sur du papier, en plus d’être de bonne qualitén sécurisé mais infalsifiable.
Pensez-vous que cette digitalisation peut aider à l’amélioration du fichier électoral ?
Absolument. Je disais tantôt qu’il a fallu faire des audiences foraines pour permettre à des milliers de nigériens de se faire enrôler dans le fichier électoral, lors des dernières élections. Si nous améliorons le système, nous le digitalisons, nous allons récupérer aussi toutes les autres données pour les mettre à jour. Ce n’est pas seulement les nouveaux événements d’actes d’état civil qui seront enregistrés et digitalisés. C’est y compris les anciens actes d’état civil qui le seront. Nous allons reprendre tous les actes d’état civil pour les reverser dans le système digitalisé. Nous allons attribuer à chaque nigérien un numéro d’identifiant unique national qui va le suivre toute sa vie durant. Pour faire le lien avec le fichier électoral, une fois le fichier d’état civil informatisé implementé, la CENI n’aura plus besoin d’engager des sommes importantes et des moyens colossaux pour l’enrôlement des électeurs dans le fichier électoral. La base de données du fichier d’état civil sera mise à jour de manière permanente. Grâce à cela, notre pays aura en temps réel une idée très proche de la réalité de sa population, des personnes en âge de voter. A titre illustratif, pour un enfant qu’on a enregistré il y a 18 ans, dès que nous interrogeons notre base de données, le système nous sortira la liste de toutes les eprsonnes qui ont 18 ans, donc en âge de voter que nous allons juste remettre à la CENI. Les personnes décédées par contre ne figureront plus sur le fichier des personnes existant sur le territoire ou même ailleurs. Si le système d’état civil est fait de manière digitale, il va marcher par addition et soustraction pour fournir des données très proches du réel, en ce sens que chaque enregistrement est automatiquement pris en compte par notre data center. L’Etat, les collectivités territoriales, les partenaires au développement, les ONG auront des données plus fiables pour faire leurs projections.
Y a-t-il un lien entre l’état civil et l’apatridie dont on dit qu’il y a 200 millions d’apatrides au monde?
Le lien qui peut exister est évident parce que le premier document qu’une personne existe juridiquement, c’est l’acte d’état civil et qui lui permet de prétendre à une nationalité, même si on sait que ce n’est pas l’acte d’état civil seul qui suffit à octroyer la nationalité à une personne. Il y a le droit du sang ou du sol selon qu’on soit dans un pays ou dans un autre qui entre en ligne de compte ou encore un autre motif comme la demande de naturalisation. Mais il faut d’abord au préalable avoir l’acte d’état civil, fusse-t-il d’un pays autre que celui dans lequel la personne vit. L’acte de naissance est l’élément fondamental pour avoir la nationalité, il est la preuve de l’existence juridique d’une personne. Sans acte de naissance, une personne est en situation de risque d’apatridie. Au niger, nous n’avons pas des statistiques sur l’apatridie, mais des études ont relevé qu’il y a des personnes à risque d’apatridie à cause des déplacements. A titre d’exemple, un nigérien né au Ghana qui n’a jamais été déclaré à l’état civil, ne peut pas être déclaré au Niger. La question de déclaration est territoriale, ce qui veut dire qu’n événement doit être déclaré là où il est survenu. C’est difficile de pouvoir lui délivrer l’acte de naissance. Mais la nouvelle législation( loi de 2019-29) a pris en compte cet aspect de l’apatridie et a donné la compétence aux tribunaux de grande instance et des tribunaux de grande instance hors classe pour pouvoir, dans ces circonstances-là, délivrer des actes d’état civil à l’enfant qui, autrement, ne pourrait pas en avoir dès lors qu’il est né à l’extérieur du Niger et qu’il n’a pas été déclaré dans l’état civil du pays d’où il vient. Au Niger, nous n’avons pas des personnes apatrides mais nous avons plutôt des personnes à risque d’apatridie pour les raisons que j’ai évoquées.
Par Zabeirou Moussa(onep)
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« Au cours de la période du 12 au 13 août, l’Unicef a organisé une campagne de distribution de la MILDA. Plus de 128 000 élèves ont bénéficié de cette action dans les départements d’Illéla et de Madaoua »Dans le cadre de ses appuis au gouvernement nigérien, l’Unicef a organisé en début du mois d’Août un voyage de presse dans les régions de Tahoua et Agadez. Au cours de cette mission, l’équipe de Tahoua s’est entretenu avec le gouverneur de cette région, M. Issa Moussa. Des échanges axés essentiellement sur le paludisme au sujet duquel le gouverneur nous a fait part de la situation dans son entité en évoquant notamment les différentes actions menées par les services compétents avec le soutien des partenaires. Au nombre de ces actions, la sensibilisation de la population pour le respect des règles d’hygiène et l’utilisation des moustiquaires surtout en cette saison pluvieuse. Par ailleurs, le gouverneur Issa Moussa a invité les partenaires de continuer à appuyer notre pays pour l’amélioration des conditions de vie des populations.
M. le gouverneur, le paludisme constitue une préoccupation majeure dans le monde, en Afrique subsaharienne et au Niger. D’ailleurs, le Niger est cité parmi les pays qui enregistrent un fort taux de mortalité. Quelle appréciation faites-vous de cette situation dans votre région?
Je vous remercie infiniment de m’offrir cette occasion de m’adresser à la population de notre pays en général et surtout à la population de Tahoua en particulier que j’ai la lourde et exaltante mission de diriger. Comme vous le savez, le paludisme est une maladie tropicale causée par un moustique qu’on appelle l’anophèle. Cette maladie a une haute prévalence surtout en cette période de pluies propice au développement des moustiques. En effet l’eau qui ruisselle laisse des flaques et favorise la pousse des végétations un peu partout et cela combiné au manque d’hygiène donne les meilleurs gites larvaires au moustique, agent causal de cette maladie. Le taux d’humidité, la cohabitation hommes animaux d’élevage en milieu urbain, les caniveaux qui ne sont pas régulièrement curés, tout cela concoure à la prolifération des moustiques et par ricochet la forte prévalence du paludisme.
M. le gouverneur, quelles sont les dispositions que vous êtes en train de prendre pour lutter efficacement contre cette maladie dans cette région?
D’abord, nous organisons des campagnes de sensibilisation à l’endroit de la population sur le respect des règles d’hygiène. A travers cette campagne nous rappelons à la population les règles de prévention comme le fait de contribuer à la disparition des flaques d’eau dans leurs concessions et aux alentours, puis d’évacuer les tas d’immondices de leurs habitations et aux alentours. Compte tenu de la présence des moustiques en dépit de toutes ces actions, nous recommandons aux populations d’utiliser les moustiquaires pour se protéger et protéger les enfants. C’est conscient du danger que le gouvernement fait de son mieux dans cette lutte. Les partenaires l’accompagnent dans ce sens. Le paludisme continue certes à faire des ravages en gardant sa première place en termes de mortalité dans notre région, toutefois, l’on enregistre ces dernières années un certain recul de cette maladie grâce aux efforts de l’Etat et de ses partenaires.
Pour abonder dans le même sens, nous remarquons que beaucoup de partenaires interviennent dans cette lutte contre le paludisme en particulier l’Unicef. Quel commentaire faites-vous des appuis de ces partenaires ?
Nous apprécions positivement leurs actions en faveur de la population de notre pays. Si je prends l’exemple du Fonds des Nations unies pour l’Enfance ou UNICEF, nous remarquons que cette agence de l’Organisation des Nations unies (ONU) mène un combat intéressant dans la lutte contre le paludisme. C’est ainsi qu’au cours de la période du 12 au 13 août, l’Unicef a organisé une campagne de distribution de la MILDA. Plus de 128 000 élèves ont bénéficié de cette action dans les départements d’Illéla et de Madaoua. Nous espérons que ce geste est à son début et sera suivi par d’autres actions. Nous souhaitons aussi qu’à partir des résultats enregistrés de cette expérience, d’autres départements seront concernés. Ce geste permettra de sécuriser nos élèves de cette maladie. Nous sommes tout à fait satisfaits des appuis de l’Unicef et de bien d’autres partenaires qui nous soutiennent comme le Programme alimentaire mondial (PAM) dans le cadre de la protection des enfants.
M. le gouverneur, la région dispose d’une zone pastorale et agricole, quelle différence peut-on observer entre ces zones en termes de taux de paludisme ?
Bien sûr, la région de Tahoua est repartie en deux grandes zones. Nous avons une zone pastorale qui est au nord où la pluviométrie n’est pas tellement abondante. Dans cette zone, il ne se forme pas beaucoup de flaques d’eaux. Donc, les moustiques sont moins endémiques dans cette zone. Tandis que dans la zone sud notamment dans les départements regroupant les départements d’Illéla, de Konni, de Bouza, de Malbaza, de Madaoua jusqu’à Keita où l’on enregistre une forte pluviométrie, le paludisme est très prégnant.
Quel message particulier avez-vous à lancer à l’endroit de votre population bénéficiaire de l’appui en MILDA offert par l’Unicef?
L’appel que j’ai, c’est surtout à l’endroit des parents d’élèves de faire une bonne utilisation de ces moustiquaires imprégnées. De préférence, dès le coucher du soleil, il faudrait installer ces moustiquaires, puis faire en sorte que dès que l’enfant a envie de dormir, on l’introduit dedans. Par ailleurs, ceux qui n’ont pas eu cette chance d’avoir cet outil je leur conseille d’en acheter dans le but de protéger leur progéniture de la piqûre des moustiques. Je rappelle que le paludisme est une maladie très dangereuse qui, lorsqu’elle se complique, peut conduire à l’anémie. Or, il n’est pas toujours évident que le patient trouve du sang conforme surtout pour certains groupes sanguins. Nous souhaitons aussi que les autres partenaires du Niger continuent à nous appuyer en fonction de nos besoins et de nos priorités.
Par Mamane Abdoulaye(onep), envoyé spécial
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Monsieur le Président de l’Association Nigérienne des Délégués Médicaux, quel rôle joue concrètement un délégué médical dans le domaine de la santé ?
Je vous remercie pour cette opportunité que vous me donnez pour parler de notre profession. Tout d’abord, il y a lieu de noter que l’industrie pharmaceutique est une industrie à part entière aujourd’hui. Elle produit des biens de grande consommation qui concerne la santé des gens. Qui parle d’industrie, parle aussi de la commercialisation de ses produits mais aussi la promotion du secteur. Ce qui nous amène donc à parler du rôle du délégué médical dans le domaine de la santé. Il est l’intermédiaire entre le laboratoire et les nombreux praticiens du secteur médical ou para-médical (médecins, pharmaciens, etc.). Il vise à ce que les professionnels de ce secteur prescrivent davantage les produits qu’il représente. Bien sûr, il garantit aussi l’optimisation des ventes surtout que la concurrence est rude entre les laboratoires. Mais je tiens à préciser que le délégué médical n’est pas un vendeur, il fait le lien entre le laboratoire et le médecin pour lui présenter les nouveaux médicaments. Sa mission consiste à informer et à démontrer l’efficacité du produit pour convaincre les médecins à le prescrire aux malades.
Quelles sont les conditions à remplir pour faire carrière dans ce métier ?
Le délégué médical doit avoir certaines qualités nécessaires pour mener à bien sa mission. C’est un métier difficile. Il doit avoir au moins un diplôme BAC+1 et doit être tenace et organisé dans la conduite de son travail. Il doit avoir également le sens de la communication et le bon contact humain parce qu’il sera en contact avec beaucoup des praticiens médicaux. Le délégué médical doit être un informateur médical c’est-à-dire qu’il parcourt la zone cible qui constitue son secteur pour présenter les nouveaux médicaments aux médecins dans les hôpitaux ou les cliniques. Même s’il n’est pas vendeur, il doit avoir les qualités d’un bon commercial. Il doit connaître toutes les techniques de communication et se rendre pratiquement tous les jours, auprès des médecins généralistes ou spécialistes en vue de leur présenter les produits que met sur le marché le laboratoire qu’il représente. Il expose de façon précise et détaillée les avantages du nouveau médicament en décrivant la composition, les contre-indications, les effets secondaires et le mode d’emploi. Pour cela, de par sa formation, il lui faut un certain bagage scientifique pour mener à bien ses activités. Voilà pourquoi nous sommes organisés en Association Nigérienne des Délégués Médicaux (ANDM) en vue d’organiser notre cadre de travail et assurer entre autres, la promotion des délégués médicaux parce que la profession exige qu’ils soient à jour des informations relatives aux médicaments. Ils doivent donc suivre des formations continues, des séminaires ou encore d’autres activités liées au domaine.
Dites-nous les relations qui lient les délégués médicaux, les professionnels de la santé et le Ministère de la Santé ?
Les délégués médicaux sont au cœur du système de santé. En effet, ils sont d’abord en contact direct avec le laboratoire fabricant mais également avec les médecins, les pharmaciens, les grossistes répartiteurs. Nos relations avec tous ces professionnels de la santé consistent à promouvoir la prescription ou la dispensation des produits des laboratoires que nous mettons à leur disposition en leur expliquant leurs caractéristiques. Quant au Ministère de la Santé, il est notre autorité de régulation. Dans le cadre de l’enregistrement des produits médicaux, nous lui soumettons nos dossiers en vue d’homologation des médicaments afin de permettre leur disponibilité auprès des prescripteurs et des vendeurs. Par conséquent, notre travail se fait dans le respect de la législation et de la règlementation en vigueur.
Monsieur le Président, souvent les gens se plaignent du fait que les délégués médicaux rendent visite aux professionnels de la santé aux heures de consultation, ils prennent tout leur temps pour faire la promotion de leurs produits sans se soucier des patients qui attendent. Que répondez-vous ?
Nous avons conscience que beaucoup de gens méconnaissent le métier de délégué médical et nous nous efforçons à travers l’ANDM de corriger cette situation. L’encadrement des délégués médicaux s’assure de l’optimisation de l’organisation, de la planification et de la fréquence des visites. Ils doivent respecter le rythme et les horaires de visites souhaités par les médecins et l’échéance à laquelle celui-ci souhaite les revoir. Ils s’attachent à ne pas perturber le bon fonctionnement du cabinet médical ou de l’établissement de santé visités. Vous voyez, nous avons aussi une déontologie et nous tenons à la respecter.
Concernant les patients par exemple, le délégué médical est soumis au secret professionnel et ne doit rien révéler de ce qu’il a pu voir ou entendre dans les locaux du cabinet médical ou de l’établissement de santé lors de la visite médicale. Il doit observer un comportement discret dans la salle d’attente et respecter le médecin et les patients ainsi que la relation du médecin avec les patients. Nous ne sommes pas là pour déranger mais bien au contraire pour apporter notre contribution dans la guérison des malades en faisant la promotion de nouveaux produits encore plus efficaces.
Il semble que les produits que vous recevez des grandes firmes pharmaceutiques servent de test ?
Les produits que nous recevons des laboratoires sont des échantillons sous diverses orientations. Nous avons des échantillons destinés à l’enregistrement afin d’avoir ce qu’on appelle une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) que délivre le Ministère de la santé publique. Ils sont transmis aux services de l’Homologation à la Direction de la Pharmacie et de la Médecine Traditionnelle (DPH/MT) pour être analysés par les experts afin de confirmer leur conformité ou non aux normes requises par les textes en vigueur au Niger et les textes communautaires. Par ailleurs, dans le respect de la règlementation, des échantillons gratuits de certains médicaments peuvent être fournis aux prescripteurs pour leur permettre de se familiariser avec les produits.
Qu’attendez- vous des autorités et de tous vos partenaires ?
Comme vous pouvez le constater, le délégué médical est aujourd’hui au cœur du secteur de la santé. Voilà pourquoi l’ANDM sollicite la compréhension et la bienveillance de tous les partenaires afin d’atteindre ses objectifs. Nous attendons en particulier de notre Ministère de tutelle, plus de diligence dans la gestion et le traitement des dossiers soumis dans le cadre de l’enregistrement des produits médicaux. Plus de facilités dans la fourniture d’informations par rapport aux dossiers nous permettront d’aller de l’avant. En effet, il y a des dossiers dont nous attendons les autorisations de mise sur le marché (AMM) depuis 2017.
Nous souhaitons par conséquent que le processus d’homologation des médicaments soit revu et allégé afin de permettre la disponibilité de nouveaux médicaments. Nous comprenons la vigilance de l’Etat qui est garant de la mise à disposition de médicaments dont la qualité, la sécurité et l’efficacité ne doivent faire l’objet d’aucun doute. Mais nous sollicitons la promptitude dans l’examen de nos dossiers et plus de communication avec les délégués médicaux.
Par Aïchatou Hamma Wakasso(onep)
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Monsieur le Maire, pouvez-vous nous présenter votre commune ?
Permettez-moi d’abord de vous souhaiter la chaleureuse bienvenue à vous et votre équipe dans la commune urbaine de N’Guigmi, et de vous remercier au nom de la commune et à mon nom propre pour cette occasion que vous m’offrez, en vue de faire un tableau de la commune dans toutes ses dimensions. Il faut savoir que la Commune Urbaine de N’Guigmi est créée par la loi n° 2002-014 du 11 juin 2002. Elle est située à 128 km à l’Est de Diffa, chef- lieu région. Elle est limitée à l’Est par la République du Tchad, au Sud par la Commune Rurale de Bosso, à l’Ouest par la Commune Rurale de Kabléwa et enfin au Nord par la Commune Rurale de N’Gourti.
La population de la Commune Urbaine de N’Guigmi est estimée à environ 78.824 habitants selon le dernier recensement administratif de la population organisé en Mai 2022 par la commune. Plusieurs groupes ethniques composent cette population à savoir, les Kanouri, les Peuls, les Arabes, les Toubous, les Boudoumas et les Haoussas. La commune urbaine est composée administrativement de 262 quartiers, villages administratifs, tribus et hameaux qui lui sont rattachés.
Depuis les élections de décembre 2020, le Conseil municipal de N’Guigmi est composé de quinze (15) conseillers dont cinq (5) femmes, avec comme personnel, un Secrétaire général, un Receveur municipal, un Secrétaire municipal, deux manœuvres, un hygiéniste, une bibliothécaire, un planton, deux gardiens, deux agents de la police municipale et un chauffeur. Les activités économiques de la commune tournent autour de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, des activités forestières et halieutiques, du commerce et de l’artisanat.
Quelles sont les actions que vous avez pu réaliser en 2021 ?
Depuis notre installation en Mai 2021, nous avons entrepris et réalisé plusieurs actions dans les différents domaines conformément à notre Budget et au Plan de Développement Communal, avec le concours de l’Etat et des partenaires techniques qui interviennent dans notre commune. Ainsi sur le plan administratif et organisationnel, nous avons organisé un recensement administratif de la population afin d’avoir une idée claire de la situation démographique et ses variables. Dans le domaine de l’hygiène et de l’assainissement, nous avons initié des journées citoyennes de salubrité dans la ville, ce qui nous a permis de rendre la ville propre mais aussi d’inculquer le civisme à la population.
Dans la même lancée, nous avons nivelé plusieurs rues de la ville et rendu praticables celles qui ne le sont pas pendant la saison hivernale. Sur le plan économique, et dans le cadre de l’accompagnement de la politique du Président de la République nous avons rouvert le marché de poisson en permettant la commercialisation et le transport du poisson vers les pays voisins, ce qui concourt à la relance économique de la commune mais aussi réduit considérablement le chômage.
Nous avons aussi, avec l’appui des partenaires, appuyé 4.663 personnes réparties dans 53 villages en cash AGR. Sur le plan social, il faut dire que plusieurs ménages vulnérables ont bénéficié d’appui alimentaire dans le cadre de la distribution gratuite et ciblée des vivres. Avec l’appui de l’Etat 225 caprins et 75 boucs ont été distribués à plusieurs groupes des familles vulnérables. Sur le plan éducatif, nous avons clôturé avec l’appui des partenaires le collège d’enseignement général de N’Guigmi.
Dans le cadre de l’amélioration des soins de santé, nous avons pu transformer avec les partenaires le CSI de N’Guigmi qui est de type 1 en CSI de type2 et réhabilité certains centres des villages administratifs. Dans le domaine de l’hydraulique, nous avons pu réaliser plusieurs infrastructures : les postes autonomes de Mayambou peulh, Oudi Kanori, Lanti Arabe ; des puits pastoraux à Talatache Moussa Sabour et Kaya ; la réhabilitation des forages de champs de captage de la ville de N’guigmi ; la réhabilitation des PEA de N’gortogol, etc.
Monsieur le Maire, quelles sont les perspectives d’avenir pour votre commune en termes d’actions et de réalisations ?
Dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie des populations, nous avons prévu au cours de cette année la réhabilitation de quinze classes de la commune ; la construction et l’équipement d’une classe à Birhilal ; l’achat et la réparation de 800 tables bancs ; la clôture du centre de santé 2 de Nguigmi ; la mise en œuvre du projet de l’autonomisation des jeunes et des femmes ; la réhabilitation des infrastructures hydrauliques au niveau des sites maraîchers de Maboutou et Garin dolé ; l’extension d’eau dans plusieurs villages de la commune ; et le processus de jumelage avec des communes et villes françaises dans le cadre de la coopération décentralisée.
Qu’en est-il de la situation sécuritaire dans votre commune ?
La situation sécuritaire est relativement calme, malgré quelques actes isolés commis par des individus sans foi ni loi. Cette situation connaît une évolution positive avec la volonté affichée des plus hautes autorités de notre pays, notamment le Président de la République Chef de l’Etat SEM Mohamed Bazoum, qui a fait de la lutte contre le terrorisme son cheval de bataille pour donner un sourire à la population de la région de Diffa en général et celle de la commune urbaine de Nguigmi en particulier.
Sur le plan socioéconomique, nous avons enregistré une amélioration des conditions de vie des populations à travers le programme du Président de la République dans le cadre de la distribution gratuite et ciblée des vivres et de la vente à prix modéré. Et avec la levée de l’interdiction de la commercialisation des poissons, la situation économique connaît une nette amélioration.
Monsieur le Maire, avez-vous un message particulier à l’endroit de l’Etat ou de vos administrés ?
Permettez-moi une fois de plus vous remercier et, à travers vous, toute la Direction générale de l’ONEP. Je profite de vos colonnes pour exprimer toute notre gratitude à l’endroit de plus hautes autorités de notre pays à la tête desquelles SE. Mohamed Bazoum, Président de la République Chef de l’Etat, Chef suprême des Armées pour sa détermination dans le cadre de lutte contre le terrorisme et sa politique pour le retour des populations dans leurs villages d’origine. En effet, cette volonté du Président de la République concourt à la stabilisation de la région et à sa relance économique. C’est pourquoi, je lance un appel d’abord à l’endroit des populations pour adhérer pleinement à ce processus, et à l’endroit des partenaires techniques et financiers pour accompagner ce processus pour une stabilisation régionale réussie.
En outre, il faut rappeler que la campagne agro-sylvo-pastorale 2021 était déficitaire mais avec la ferme volonté du Président de la République, à travers sa politique de distribution gratuite des vivres et la vente à prix modéré de plus de 100 tonnes de vivres dans notre commune, cela a permis à la population d’être résiliente. C’est l’occasion pour moi de remercier les partenaires techniques et financiers pour les interventions multiformes au bénéfice de notre commune.
Enfin, j’implore Allah le Maître des Cieux et de la Terre pour qu’il fasse descendre Sa Clémence et sa Grâce sur notre pays, qu’il nous gratifie d’un hivernage fécond et que la paix règne sur le Niger en général, dans la région de diffa et la commune urbaine de Nguigmi en particulier.
Réalisée par Mato Adamou ONEP/ Diffa
Source : http://www.lesahel.org
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M. Mansour Adamou, vous êtes SG de la fédération Nigérienne de scrabble, quand est-ce que la FENISCRABBLE a été créée et quelles ont été les motivations qui ont poussé à sa création ?
La FENISCRABBLE a été créée par arrêté N° 218 /MI/DAPJ du 05 novembre 1993 et les motivations qui ont poussé à sa création se résument à la volonté des premiers animateurs de cette structure de conformer le Niger dans le concert des Nations et institutionnaliser la pratique de ce jeu, mondialement reconnu comme un sport, mais du sport cérébral.
Comment cette fédération est-elle organisée ?
Structurellement parlant, nous avons des statuts et un règlement intérieur sur lesquels repose la fédération. Et administrativement, nous avons un bureau national de 11 membres dirigé par le président Mamane Ousmane alias DOUL.
Est-ce qu’il y’ades ligues régionales ou des clubs à l’intérieur du pays ?
Nous avons huit (8) ligues régionales en pleine vitalité et une centaine de clubs fonctionnels. Nous envisageons de mettre en place les districts au niveau des chefs lieux des départements.
Organisez-vous régulièrement un championnat national ?
Nous avons organisé notre premier véritable championnat national en 2015 avant de retomber dans la première léthargie qu’a connu la fédération et par la grâce de Dieu et la volonté des hommes, particulièrement celle du nouveau président Ousmane, nous avons pu organiser le deuxième championnat en 2019. Cependant, il a fallu 2021 pour organiser le troisième championnat et on projette d’organiser le quatrième championnat national de scrabble le 13 septembre prochain.
Quelles sont les autres types de compétitions que vous organisez ?
En tant que fédération, nous n’avons pas encore organisé directement des compétitions outre le championnat, mais des ligues organisent des tournois régionaux et même inter-régionaux.
Est-ce que votre fédération est affiliée à d’autres fédérations internationales ?
Au niveau continental, le FENISCRABBLE est affilié à la Confédération Africaine de Scrabble Francophone CASF et au plan mondial, nous sommes affiliés à la Fédération Internationale de Scrabble Francophone FISF.
Quelles sont les compétitions auxquelles vous avez déjà participé ?
Avant la renaissance de la FENISCRABBLE, feu Abdou Djibo (paix à son âme) participait dans ses frais aux championnats du monde de scrabble, mais depuis la renaissance, nous avons pris part d’abord au FISFAO (festival international de scrabble francophone de l’Afrique de l’Ouest) à Abidjan en 2015, puis aux différents championnats Africains de scrabble (CHAMPAS). Il faut tout de même reconnaitre qu’après la renaissance, on n’est jamais allé au championnat du monde en tant que structure, mais on a quelques compatriotes comme Rissa Katté, président de la ligue d’Agadez et vice-président national qui a été à l’un des CDM.
Quels sont les moyens dont dispose la fédération ?
La FENISCRABBLE n’a rien comme moyen. On organise toujours nos championnats sur la base des TDRs que nous soumettons aux autorités notamment le ministère de la jeunesse et des sports et celui en charge de la culture qui nous accompagnent lors de cet événement ou pour représenter le Niger aux compétitions internationales. En plus de ces deux principaux partenaires, nous tendons parfois la main à la primature, à des sponsors comme la SONIBANK, la BAGRI, SATU SA et d’autres personnalités pour leur penchant pour la discipline ou simplement pour leur patriotisme. Je vous dis que certaines dépenses relatives au fonctionnement sont prises en charge par le président de la fédération dans sa poche.
Est-ce que la fédération bénéficie de la subvention de l’Etat ?
En dehors de ce que j’ai énuméré plus haut, on ne bénéficie pas d’une autre subvention.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans le cadre du fonctionnement de cette fédération ?
Elles sont nombreuses et multiformes, mais ont un même dénominateur commun que sont les moyens financiers. Figurez-vous que nous sommes l’une des rares fédérations sportives à ne pas disposer de siège malgré notre titre encore en vigueur de champion d’Afrique ! Nous voudrons mettre en place les districts, mais nous sommes limités, nous voudrons organiser des compétitions en dehors du championnat national, mais on n’y arrive pas, nous voudrons préparer la relève, mais on n’a pas l’accompagnement nécessaire, nous souhaiterons prendre part à tous les CDM (championnats du monde de scrabble).
Par Rahila Tagou(onep)
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M. Djibagé Mamane Sani, qu’est-ce qui justifie l’initiative de relecture, d’adaptation du code pénal et du code de procédure pénale du Niger?
Merci bien de nous donner l’occasion de parler de cet important chantier que nous avons entrepris depuis le 9 février dernier. En effet, c’est par un arrêté pris par le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, en date du 26 janvier 2022 que le comité que je dirige a été créé. Il est chargé de la relecture et de l’adaptation des deux textes sus-indiqués. Vous me demandez pourquoi le gouvernement a pris cette initiative portée par le ministre de la Justice ? Figurez-vous que les deux textes en question, nous les avons hérités de la colonisation. Mieux, le code pénal et le code de procédure pénale datent respectivement de 1806 et de 1810. C’est depuis le règne de Napoléon que ces textes ont été élaborés. Une fois indépendant, le Niger a hérité de ces textes. En 1961, une loi a été prise qui fait de ces textes notre code pénal et code de procédure pénale du Niger. Depuis plus de 60 ans nous travaillons avec. Vous convenez avec moi que la loi évolue avec la société. La société a changé, la criminalité a changé de forme, mais il se trouve que chez nous les textes n’ont pas assez bougé. Et pour cause, les deux textes n’ont subi qu’une vingtaine de modifications somme toute légère, pas en profondeur. Seuls quelques articles ont été changés. Il se trouve qu’il y a de nos jours des dispositions devenues caduques, inadaptées à nos réalités socioéconomiques et culturelles. Il y a des articles qui sont devenus carrément anachroniques en 2022 par rapport à l’évolution de la société. Vous voyez et convenez avec nous qu’une refonte s’impose. C’est cela qui a poussé le ministre de la Justice à vouloir refondre complètement le code pénal et le code de procédure pénale. Le travail n’est pas une simple modification d’articles, c’est une refonte totale. Un nouveau code pénal et un nouveau code de procédure pénale seront issus de nos travaux.
En quoi consiste ce travail de relecture et d’adaptation et quelle en est la finalité?
D’après l’arrêté qui l’a créé, le comité a une longue série de charges. Le comité a pour tâche de relever toutes incohérences ou inadaptations contenues dans ces deux textes, et qui sont souvent à la base des dysfonctionnements et des difficultés constatés dans la marche de l’appareil judiciaire et d’y remédier. Les incohérences dans les textes actuels sont nombreuses, sans compter les articles non adaptés ainsi que des fautes de toutes sortes. Le comité a pour tâche l’agencement interne desdits textes. En lisant les deux codes, on remarque par exemple que la numérotation d’articles n’est pas correcte, ne se suit pas. Donc là nous allons procéder à une nouvelle numérotation. Une de nos tâches et non de moindre, c’est d’intégrer toutes les modifications contenues dans des lois éparses, étant donné que ces codes ont fait l’objet de quelques modifications durant les 60 années de leur existence. Alors nous allons rassembler toutes ces lois dans un seul document pour chacun des codes. Et nous avons le travail d’intégrer dans le code pénal et le code de procédure pénale toutes les dispositions pertinentes des instruments juridiques internationaux auxquels le Niger est partie. Un Etat, lorsqu’il ratifie un document international, a l’obligation de l’intégrer dans sa législation nationale. D’ailleurs, il faut souligner que la constitution dit que les traités, les conventions ont une force supérieure à la loi nationale. Cela veut dire que si le Niger a une loi qui n’est pas conforme à ces conventions ou traités internationaux, c’est notre loi qu’il faut modifier pour qu’elle s’adapte. Or, le Niger a ratifié beaucoup de conventions, traités dont la plupart n’ont pas eu d’intégration dans le corpus juridique interne. Nous avons donc l’obligation de répertorier tous ces textes ratifiés par notre pays afin de les intégrer pour celles qui exigent une internalisation dans nos deux textes. S’agissant des nouvelles formes d’infractions, il est demandé au comité de proposer toute modification utile. Cela veut dire qu’on peut créer de nouvelles infractions, supprimer certaines qui ne sont plus d’actualité.
Comment fonctionne le comité ?
Pour parler de la méthodologie adoptée, je dirais que nous avons d’abord élaboré et adopté un règlement intérieur qui définit le mode de fonctionnement. Pour répondre bien à ce qui nous est demandé concernant les deux textes, nous avons opté pour une lecture intégrale, nous examinons article après article pour décider ce qu’il faut en faire. Sachez que par exemple le code pénal a 408 articles, le code de procédure pénale a plus de 700 articles.
Chaque décision est prise par consensus, ou par vote et en cas d’égalité, c’est la voix du président qui est prépondérante. Avec cette formule, on ne peut pas être bloqué.
Le ministre avait souligné le caractère inclusif du comité. Quelles sont les catégories socioprofessionnelles représentées?
Le caractère inclusif du comité ne fait pas de doute. Il n’y a qu’à voir sa composition pour s’en convaincre, se rendre compte qu’il est effectivement inclusif et participatif en plus. Il a une composition pluridisciplinaire. Je peux vous citer les différents membres. Nous avons l’Assemblée Nationale avec deux représentants, la Cour de Cassation avec deux représentants (parquet et siège), la Présidence de la République (un représentant), un représentant de la CNDH, un du cabinet du Premier ministre, un de l’Inspection Générale des services pénitentiaires et judiciaires, le secrétaire permanent du Conseil Supérieur de la Magistrature, le Procureur général de la Cour d’Appel de Niamey, le Président du TGI Hors Classe de Niamey, le procureur de la République. Il y a également un représentant des services pénitentiaires, un de l’ordre des avocats, un de la chambre des notaires, un de la chambre des huissiers de justice. A ceux-là s’ajoutent les représentants du ministère de l’intérieur, de la défense nationale, de la promotion de la femme et de la protection de l’enfant, un des enseignants chercheurs, deux représentants des syndicats du secteur de la Justice (SAMAN et SNAJ). Nous avons deux représentants de la société civile, deux des médias publics et privés et un représentant d’EUCAP Sahel, notre principal partenaire. Surtout nous avons une ouverture qui nous a été faite par l’arrêté et permet au bureau de faire recours à toute personne ressource qui peut nous aider en raison de son expertise. Mieux, nous venons justement d’organiser une rencontre de trois jours avec l’ensemble des acteurs et partenaires concernés par les questions de droit pour recueillir leurs contributions. L’exercice a été d’une grande utilité puisque nous avons recueilli beaucoup de propositions pertinentes. Donc, vous convenez avec moi que le comité est vraiment inclusif et participatif.
Est-il possible que des citoyens ordinaires apportent leurs contributions?
En effet, oui. Tout citoyen qui le souhaite peut aussi apporter sa part de contribution. Le comité a créé une ligne verte pour les appels gratuits. C’est le numéro 115. Il est accessible à partir d’un téléphone fixe et de Niger télécoms pour le moment, en attendant que la possibilité d’appel soit offerte par les autres opérateurs. Nous sommes en négociations.
D’ores et déjà, nous avons reçu beaucoup d’appels de nos compatriotes qui nous ont donné leurs avis, leurs suggestions en vue d’améliorer les deux textes dont beaucoup de nigériens pensent qu’ils sont à la base des certains dysfonctionnements ou difficultés de l’appareil judiciaire de notre pays, comme la lenteur judiciaire, les détentions qui doivent être une exception et non une règle.
Voulez-vous bien nous faire le point des travaux du comité de son installation à ce jour?
Le comité a été installé le 9 février 2022. Nous nous sommes mis à l’œuvre aussitôt. Nous avons doté le comité d’un règlement intérieur et l’élaboration d’un programme d’activités pour six mois. Nous tenons deux sessions par mois et nous sommes à notre sixième session. Pour le moment, nous sommes sur le code pénal et avons parcouru environ 200 articles, presque la moitié. Il faut noter que c’est un travail méticuleux qui exige qu’on aille avec la plus grande minutie, article par article, même les ponctuations ne sont pas négligées. C’est important en droit. Vous vous rappelez de la virgule qui a tué. C’est pour cela que nous sommes en train de travailler et de progresser lentement mais sûrement. Dans le cadre de ce travail, nous ne sommes pas restés qu’à Niamey, mais aussi à Agadez et Zinder. Nous y avions réunis tous les magistrats de ressort des deux Cours d’Appel (Tahoua et Zinder), ainsi que les Officiers de police judiciaire, les antennes régionales de la CNDH, des OSC et échangé avec eux. Eux qui sont des praticiens sur le terrain pour qu’ils nous disent ce qu’ils pensent par rapport aux textes et les problèmes qu’ils rencontrent. Nous avons recueilli leurs observations que nous avons soumises à la plénière du comité. A Niamey, nous avions réuni les mêmes acteurs du ressort de la Cour d’Appel pour le même exercice.
Mieux, nous sommes allés dans les établissements pénitentiaires pour rencontrer les détenus pour nous dire les problèmes qu’ils ont constatés par rapport à l’application du code pénal et du code de procédure pénale. Ils nous ont surtout parlé des faits comme la libération conditionnelle qui est difficile d’application dans sa forme actuelle. Ce sont des conditions de 1961. Le ministère de la Justice encourage les demandes de liberté conditionnelle. Mais telles qu’elles sont posées, ces conditions-là, c’est difficile pour un détenu de bénéficier de cette libération conditionnelle. C’est entre autres questions qu’ils ont soulevées. Ceux qui ne sont pas encore jugés déplorent la lenteur dans le traitement de leurs dossiers dont une bonne partie est imputable aux textes qui ont des défaillances. Nous avons pris tout cela en compte et transmis au comité pour qu’on propose des textes pour avoir des procédures judiciaires plus courtes, plus efficaces.
Peut-on espérer la remise du rapport des travaux dans le délai prescrit ?
Nous ne sommes pas confinés dans un délai. L’arrêté qui a créé le comité n’a pas déterminé un délai précis. D’autres pays, qui ont suivi le même cheminement que nous ont mis, pour certains, deux ans voire trois. Figurez-vous, le code pénal a 408 articles, sans compter les lois éparses à examiner et y intégrer. Le code de procédure pénale a environ 700 articles qu’il va falloir examiner. Donc, ce n’est pas un travail à finir en quelques mois, mais plusieurs mois ou années. Surtout qu’au regard de la qualité des membres du comité, les discussions sont longues mais fructueuses. Nous travaillons dans le respect de notre timing afin que le travail soit fini dans un délai raisonnable.
Par Zabeirou Moussa(onep)
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Madame la Ministre, notre pays célébre le 03 Août 2022, date anniversaire de la Proclamation de l’indépendance du Niger, la 47ème édition de la Fête Nationale de l’Arbre (FNA). Quelle sera la particularité de cette édition 2022 dont le lancement officiel des activités commémoratives se déroulera à Tillabéri?
Je voudrais, tout d’abord, commencer par rendre grâce au Tout Puissant, le Clément, le Miséricordieux pour nous avoir permis de commémorer le 62ème anniversaire de la proclamation de l’indépendance de notre pays, anniversaire consacré, vous le savez, depuis Juillet 1975 à la célébration de la Fête Nationale de l’Arbre.
Dans le cadre des festivités prévues au titre de cette édition, nous poursuivons résolument la décentralisation de l’organisation de l’évènement région par région de notre pays ; et partant, l’accompagnement du Programme d’embellissement de nos capitales régionales.
Cette année, c’est la région de Tillabéri, capitale du Fleuve, bénéficiaire du «Programme Tillabéri Tchandalo», qui aura l’honneur d’accueillir la 47ème édition de la Fête Nationale de l’Arbre, qui consacre le lancement officiel de campagne nationale de reboisement placé sous le Haut Patronage de Son Excellence Monsieur MOUHAMED BAZOUM, Président de la République, Chef de l’Etat.
Pour répondre à votre question, l’Edition 2022 de la Fête Nationale de l’Arbre est marquée par plusieurs innovations que vos lecteurs auront tout loisir de découvrir au fur et à mesure du déroulement des activités programmées. Je voudrais à titre d’exemples en citer juste quelques-unes:
– Une des spécificités porte sur le Concours national sur la lutte contre la désertification. Cette année les prix sont attribués par catégories de promoteurs d’actions de lutte contre la désertificateurs à savoir : les promoteurs privés ou individuels, les organisations communautaires, les collectivités territoriales, et enfin les autres acteurs qui regroupent les services publics, les écoles, les centres de santé, les lieux de culte, les casernes militaires, etc.
– Une autre spécificité que je souhaite partager avec vos lecteurs réside dans le choix des espèces forestières qui seront plantées. Il s’agit essentiellement d’espèces locales qui sont en voie de disparition. L’idée ici est de disposer dans un proche avenir d’arbres semenciers issus de ces espèces menacées de disparition, en vue de leur réintroduction. Il s’agit aussi de constituer une sorte d’arboretum régional qui contribuera utilement à l’éducation environnementale des jeunes.
– Il faudrait également noter en termes de spécificité, qu’en plus du camp de la Gendarmerie nationale où se déroulera la cérémonie officielle de plantation, plusieurs autres sites notamment ceux des Sapeurs-pompiers, et du Bureau de la Brigade de Douane DE Tillabéri feront l’objet de plantation.
– En outre, nous avons renouer avec la distribution gratuite de plants forestiers et fruitiers aux populations locales pour leur permettre de planter des arbres dans leurs concessions ou exploitations agricoles. En somme, le 3 Août 2022, c’est toute la ville de Tillabéri et ses environs qui seront transformés en chantiers de reboisement.
– Pour terminer sur les particularités de cette Edition, je vais citer aussi la forte mobilisation des jeunes à travers les scouts de l’environnement. Un camp de jeunes de scouts de l’environnement de plusieurs nationalités sera installé à Tillabéri pour poursuivre les opérations de plantation dans le cadre de la Grande Muraille Verte.
Cette année le thème retenu pour la célébration de la Fête Nationale de l’Arbre est « Lutte contre l’ensablement des cours et plans d’eau : une voie pour le relèvement et la résilience des communautés locales ». Qu’est-ce qui justifie le choix de ce thème, et comment se traduit la relation entre le phénomène de l’ensablement des cours d’eau et le niveau de résilience des communautés ?
Comme vous le savez, les actions du gouvernement en général et singulièrement celles de mon département ministériel, s’appuient sur les documents cadre d’orientation et de planification stratégiques nationaux dont : le Programme de la Renaissance acte III, la Déclaration de Politique Générale du Gouvernement, le Plan de Développement Economique et Social, la Politique Nationale en matière d’Environnement et de Développement Durable, la Contribution Déterminée au niveau Nationale, le Plan d’actions 2021-2025 de l’Initiative 3 N, le Cadre Stratégique de Gestion Durable des Terres etc.
Dans pratiquement tous les documents que je viens de citer il ressort, en termes de diagnostic que les cours et plans d’eau de notre pays sont menacés par l’ensablement réduisant ainsi les possibilités de leur mise en valeur par les différents usagers. De manière spécifique, il ne vous échappera sans doute pas que le Programme de la Renaissance acte III «consolider et avancer», au sujet de la diplomatie environnementale, a mis l’accent sur le désensablement des cours et plans d’eau.
En luttant contre ce phénomène à travers des travaux à haute intensité de main d’œuvre, rémunérés en cash, nous créerons des opportunités de génération de revenus supplémentaires aux communautés locales. Il sera ainsi possible de développer de nombreuses activités agrosylvopastorales et halieutiques intenses et diversifiées, du fait que ces écosystèmes aquatiques renferment d’énormes potentialités susceptibles de booster le développement des cultures alimentaires et fourragères ainsi que de rentes, à travers l’irrigation et l’aquaculture.
Pour y parvenir, il faudra en amont notamment, restaurer les terres dégradées, lutter contre l’ensablement et le déboisement anarchique des plateaux et bassins versants qui alimentent ces cours et plans d’eau. L’exploitation des arbres et des forêts pour les besoins de bois de service et d’énergie pour être durable, doit s’inscrire dans le cadre d’un aménagement agrosylvopastoral. Particulièrement en ce qui concerne le bois de cuisson, nous encourageons nos concitoyens à utiliser les énergies alternatives et les équipements permettant de faire des économies de temps de travail, de bois et de ressources financières.
Parmi les techniques que nous encourageons pour lutter contre l’ensablement figure la fixation des dunes au moyen d’ensemencement de graminées pérennes et des plantations.
Nous préconisons également le traitement mécanique et biologique des koris et des ravins. En somme, il s’agira, de mon point de vue, de traiter le mal à sa racine par un reboisement massif des zones de départ et de traversée du sable charrié par les eaux de pluie et le vent.
Madame la Ministre, désensabler les cours et les plans d’eau, c’est entre autres, maitriser les effets de l’écoulement des énormes volumes d’eau charriés par les affluents et des autres cours de ruissellement. Quelles sont les actions entreprises dans ce volet ?
La lutte contre l’ensablement, ne se limite pas seulement au désensablement assimilé au curage, dragage qui sont en fait des actions curatives, on le sait, très coûteuses. Ainsi que je le disais plus haut, nous préconisons de traiter le mal à sa racine ; autrement dit, il faut mener en amont des activités de nature à atténuer les apports de sable dans les plans et cours d’eau.
C’est tout un ensemble d’opérations de protection et de sécurisation, dans la plupart des cas à titre préventif, incluant le traitement des bassins versants à travers les techniques de Conservation des Eaux des Sols et de Défense et Restauration des Sols (CES/DRS), la fixation des dunes, les plantations de protection, la Régénération Naturelle Assistée.
Sous l’impulsion du Gouvernement, plusieurs partenaires tant bilatéraux que multilatéraux, à travers des projets et programmes de développement, se sont mobilisés aux côtés de l’Etat pour faire face au phénomène d’ensablement des écosystèmes aquatiques et terrestres.
C’est le lieu de les remercier et les inviter à un engagement plus accru et des investissements conséquents pour inverser la tendance. Mon intime conviction est que la préservation de ces écosystèmes est assurément une des voies pour aller vers la sécurité alimentaire et nutritionnelle durables.
Parlant de cours d’eau, nous pensons tout d’abord au fleuve Niger dont le lit s’amenuise au fil des années du fait justement du phénomène de l’ensablement. Qu’en est-il des vastes actions de désensablement du fleuve entreprises, il y a quelques années, à travers le Programme de Lutte Contre l’Ensablement dans le Bassin du Fleuve Niger (PLCE) ?
Vous faites bien de rappeler que notre pays dispose d’une solide expérience en matière de prévention et de lutte contre l’ensablement des cours et plans d’eau, à travers notamment la mise en œuvre du Programme de Lutte Contre l’Ensablement dans le Bassin du Fleuve Niger (PLCE). Ce projet a fait des réalisations considérables, du reste visibles aujourd’hui, en matière de fixation des dunes et de traitement des bassins versants.
Les résultats obtenus par ce projet ont d’ailleurs permis de négocier et obtenir une phase de poursuite et d’extension à travers le Programme Intégré de Développement et d’Adaptation au Changement Climatique (PIDACC/BN) qui intervient dans plusieurs pays du Bassin du Niger ; et dont l’objectif est de contribuer à l’amélioration de la résilience des populations et des écosystèmes dudit bassin, par une gestion durable des ressources naturelles.
Au Niger, en plus de la Région de Tillabéri, la zone du PIDACC a été étendue aux régions de Dosso et de Tahoua.
En dehors du PLCE et du PIDACC, il y’a lieu de noter, entre autres partenaires, le Programme Kandagi de Régénération des Ecosystèmes qui déploient beaucoup d’efforts en matière de traitement des bassins versants et de lutte contre l’ensablement du fleuve Niger.
En matière de lutte contre l’ensablement j’aimerais aussi citer, l’exemple du Projet Lutte Contre l’Ensablement des Cuvettes Oasiennes et le Projet de Gestion Durable des Terres qui ont engrangé des résultats satisfaisants dans les régions de Diffa et de Zinder.
A propos toujours du désensablement du fleuve Niger, la réalisation d’un tel projet présente d’énormes avantages pour notre pays, aussi bien sur le domaine de l’environnement que dans celui des transports où on peut espérer un grand apport dans le développement des transports fluviaux. Finalement, qu’est-ce qui entrave ce projet ?
Il s’agit d’une préoccupation majeure à laquelle le Gouvernement apporte des réponses appropriées. Au demeurant, je voudrais relever que la mise en œuvre du Programme Kandagi de régénération des écosystèmes, dont le barrage est une composante, contribuera significativement à diminuer les apports de sable dans le fleuve Niger.
Le gouvernement en général, et les ministères sectoriels concernés en particulier, ont pris plusieurs initiatives pour mobiliser les partenaires autour de cette préoccupation.
Le Niger fait partie des pays qui tirent d’énormes ressources de l’exploitation des eaux du bassin du Lac Tchad. Malheureusement, ce cours d’eau est gravement menacé du fait des actions anthropiques et des effets du changement climatique. Comment comptez vous assurer la préservation de cet écosystème ?
Effectivement, le lac Tchad, ce plan d’eau que nous avons en partage avec les pays de la CBLT est très menacé, en témoigne la réduction de sa superficie qui est passée de 25 000 km2 en 1970 à 14 800 km2 en 2013 selon des sources crédibles. Concernant ce plan d’eau, en plus de l’ensablement, il nous est revenu que son envahissement par Prosopis juliflora et Prosopis chilensis est une autre préoccupation des communautés locales.
Cette situation préoccupe tous les pays partageant ce patrimoine commun. Au Niger, dans le cadre de la préservation de cet écosystème d’importance, plusieurs programmes et projets sont mis en œuvre, au nombre desquels :
• le projet de la gestion durable des terres Diffa/Zinder qui mène des vastes actions de lutte contre l’ensablement (PGDT/Da/Zr);
• le programme de renforcement de la résilience dans la région du Lac Tchad ;
• le programme de renforcement des écosystèmes dans le bassin du lac Tchad ; etc.
Madame la Ministre, étant désormais établi qu’investir dans l’environnement, (donc la préservation les cours et les plans d’eau), c’est investir dans le développement des communautés locales, quel appel lanceriez-vous ici, à l’endroit des autorités, des partenaires au développement et aux communautés elles-mêmes ?
Les problèmes environnementaux sont énormes, divers et variés et se posent à l’échelle planétaire. Les effets de changement climatique, y compris la sécheresse et la désertification avec leur cortège d’érosions hydrique et éolienne et la dégradation des terres, illustrent à plus d’un titre l’énormité et l’ampleur des problèmes.
Nous ne pouvons pas, j’allais dire nous ne devons pas, regarder impuissant ces cours d’eau disparaitre au fur et à mesure. Les générations à venir nous en voudrions, si cela devait être le cas. Il nous faut agir vite et bien pour préserver ces écosystèmes aquatiques, sources de vie.
Aussi, il va sans dire qu’il s’impose une meilleure prise de conscience et une prise d’action à tous les niveaux ; car de la survie de nos écosystèmes dépend celle de l’être humain tout court. Tel est l’appel que je lance à l’endroit de tous les acteurs de développement.
Réalisée par Assane Soumana(onep)
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Le 18 juillet 2022, le Réseau Progrès et Développement Humanitaire du Niger (REPRODEVH-Niger) et de la Coalition Nigérienne contre la Peine de Mort avec le soutien de leurs partenaires ont célébré au Niger la journée mondiale des détenus sous le thème : ‘’Humanisation des maisons d’arrêts et lieux de détention : vers la reconstruction de la vie à travers la lecture en milieu carcéral’’. Au cours de cette journée, les acteurs ont organisé des activités culturelles et sportives à la Prison Civile de Niamey. En marge de cette journée internationale dédiée à Nelson Mandela, nous nous sommes entretenus avec M. Almoctar Garba Illou, président de la Coalition Nigérienne contre la peine de mort sur la situation carcérale dans notre pays et les actions que le Réseau Progrès et Développement Humanitaire du Niger (REPRODEVH-Niger) est entrain de mener pour l’abolition de la peine de mort et la torture et toutes infractions assimilées au Niger ainsi que les efforts accomplis par le Gouvernement.
Monsieur le président du Réseau Progrès et Développement Humanitaire du Niger (REPRODEVH-Niger) et de la Coalition Nigérienne contre la Peine de Mort, le 18 juillet 2022, à l’occasion de la Journée Internationale des détenus, votre réseau a organisé au camp des mineurs de la Maison d’Arrêt de Niamey des activités culturelles et sportives. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste cette journée et son objectif?
La communauté internationale a, comme chaque année, célébré la journée internationale dédiée à Nelson Mandela le 18 juillet. Nelson Mandela est né ce jour et c’est l’occasion de rendre hommage au combat de l’ancien Président de l’Afrique du Sud, qui a passé 27 années de sa vie derrière les barreaux durant l’Apartheid. Il s’agit au cours de cette journée de magnifier le travail du personnel pénitentiaire, et de rappeler que les personnes détenues font partie intégrante de la société, et doivent, en tant que telle, recevoir un traitement compatible avec la dignité humaine et les droits humains.
Au Niger, selon les dispositions du Chapitre II, du Décret n° 99-368/PCRN/MJ/DH du 03 septembre 1999, déterminant l’organisation et le régime intérieur des établissements pénitentiaires en son Art. 120– je cite : ‘’Les détenus peuvent s’adonner pendant leurs loisirs, à des activités récréatives ou culturelles propres à les maintenir dans les conditions mentales et morales satisfaisantes et à développer en même temps leurs facultés’’. D’où la motivation de notre organisation à aller vers l’humanisation des détenus selon les politiques du pays.
Pourquoi le choix est porté sur le camp des mineurs de la Maison d’Arrêt de Niamey ?
Permettez-moi de rappeler que depuis des années, le Niger, à travers le Ministère de la Justice, s’est engagé dans une profonde réforme de son système pénal et pénitentiaire. Les réformes du système pénal et pénitentiaire engagées, ont certes permis d’aboutir à des résultats probants, mais beaucoup reste à faire. Il me plait aussi de rappeler qu’une politique pénitentiaire et de réinsertion a été initiée par les autorités compétentes. Cette politique s’articule autour de trois (03) axes principaux à savoir ; la réforme de l’Administration Pénitentiaire et le Renforcement de la Gouvernance ; l’humanisation des conditions de détention et la Réinsertion et Productivité. Cette action salvatrice du Réseau Progrès et Développement Humanitaire du Niger (REPRODEVH-Niger) et ses partenaires œuvre pour le bien-être des populations carcérales du Niger.
Cependant, la promotion de la pratique sportive par les détenus femmes, hommes et mineurs d’une maison d’arrêt, déclenche le processus de socialisation globale. Le loisir, devenu un élément central de la vie sociale actuelle, doit aussi pénétrer la prison surtout les mineurs ayant la chance d’y évoluer. Le Sport, appliqué au régime pénitentiaire, prend la signification d’activités récréatives et culturelles afin de participer au bien-être physique et moral des détenus. L’activité de loisir rejoint l’activité éducative, fondement du régime pénitentiaire contemporain.
Cet évènement cadre parfaitement avec les politiques nationales des autorités nationales du Niger, dont en premier lieu SE. Mohamed Bazoum, Président de la République, Chef de l’Etat, dans son programme de renaissance acte III.
Les mineurs de la Maison d’Arrêt de Niamey sont dans une bonne posture pour être accompagnés, d’abord au vu de leur encadrement de très bon niveau par le responsable de cette maison et ses partenaires, ensuite la disponibilité des infrastructures, la question résolue de la sécurité très élevée à Niamey, la croissance rapide du taux très élevé de détenu (e) s mineurs en ce jour, au nombre de 89 en date du 18 juillet 2022 et la distance pour accueillir cette activité.
Justement le thème de la célébration de la journée était : ‘’Humanisation des maisons d’arrêts et lieux de détention : vers la reconstruction de la vie à travers la lecture en milieu carcéral’’. Quel est le message que vous voulez véhiculer à travers ce thème ?
Le choix de cette thématique n’est pas fortuit. Il est d’une importance capitale car très souvent « au début des longues incarcérations, la lecture est souvent un réconfort dans un nouvel univers, une nouvelle organisation sociale. Elle aide le détenu d’oublier le monde extérieur, à le réconforter et à l’amener à découvrir un autre monde imaginaire. Lire en prison, c’est sortir des 9m2 dans lesquels on est enfermé.
La classification et la gestion des détenus doit prendre en compte les contraintes liées à la capacité d’accueil. Quels sont les efforts que votre réseau en partenariat avec le gouvernement est en train de mener à la Maison d’Arrêt de Niamey, qui d’après son régisseur est surpeuplée ?
Il faut profiter des colonnes de votre journal pour féliciter vivement les autorités du Niger à travers la Commission Nationale des Droits Humains (CNDH Niger) et le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux pour les efforts fournis. En effet, nous sommes permanents sur le plaidoyer qui a porté ses fruits par la volonté manifeste des autorités du Niger à aller vers l’humanisation des maisons d’arrêts et lieux de détention contre le surpeuplement. En témoigne : la promotion de l’hygiène et l’assainissement en milieu carcéral ; le décret de commutation des peines capitales à des peines à vie depuis 2014 ; la révision du code pénal et code de procédure pénal du Niger, disons même la refonte totale de ces deux codes ; le rehaussement significatif des primes alimentaires et les AD dans la gestion des centres pénitentiaires du Niger depuis l’arrivée du nouveau ministre de la Justice Garde des Seaux ayant bien voulu continuer sur les acquis déjà existants ; l’engagement des autorités nigériennes à construire une nouvelle maison d’arrêt répondant aux normes internationales ; la réduction significative des restrictions de la prison de haute sécurité de Koutoukalé et bien d’autres choses etc.
Monsieur le président, qu’est-ce que votre coalition fait dans l’élaboration et la mise en œuvre des programmes de préparation à la réinsertion et l’humanisation des conditions de détention en partenariat avec les autorités du Niger ?
Notre coalition n’invente pas la roue, à travers l’Observatoire des Lieux de Détention du Niger (OLIDE-NIGER) et le mouvement abolitionniste nigérien, nous accompagnons les efforts et politiques sectorielles de l’Etat dans ce domaine à travers des initiatives louables. Il s’agit par exemple de la visite et suivi des conditions de détention des personnes condamnées à mort. Le suivi des 248 recommandations acceptées par le Niger lors de son Examen Périodique Universel en 2021 ; le monitoring des maisons d’arrêts et lieux de détentions
Votre coalition est membre de celle mondiale contre la peine de mort, qui réunit des organisations non gouvernementales, des associations d’avocats, des syndicats et des éducateurs. Est-ce qu’au Niger, la peine de mort est abolie ? Parlez-nous de sa situation ?
Le 18 décembre 2020, dix-neuf personnes ont vu leur peine de mort commuées en peine de prison à perpétuité par décret présidentiel portant remises gracieuses de peines. En 2021, on comptait cinq personnes condamnées à mort qui n’ont pas vu leurs peines commuées, dont une femme depuis mai 2019 (maison d’arrêt de Tillabéri) et quatre hommes (dont un à la maison d’arrêt de Say, un à Ouallam, un à Kollo et un à Tillabéri). Depuis le condamné à mort de la maison d’arrêt de Ouallam a vu sa peine commuée en une peine de prison à vie en mai 2022. Cependant quatre nouvelles condamnations à mort ont également été prononcées en 2022. La première a été prononcée par la Cour d’assises de Dosso le 2 janvier 2022 pour assassinat. Trois autres condamnations ont ensuite été prononcées par la Cour d’assises de Tillabéri pour meurtre, tentative de vol de nuit en réunion avec une arme et viol suivi de vol. Le nombre de condamnés à mort au Niger est actuellement à 8.
Quelle sont en perspectives les actions que vous comptez mener dans le cadre de la lutte contre la peine de mort, la torture et toutes infractions assimilées au Niger ?
L’idée pour nous est d’accompagner les efforts du Niger sur la problématique de l’abolition à travers un plaidoyer efficace pour sensibiliser les parlementaires, les pouvoirs publics et l’opinion publique nationale sur la nécessité d’abolir la peine de mort en se conformant aux dispositions de la constitution de la 7ème République du Niger (articles : 10, 11 et 12). Ainsi, le forum national des abolitionnistes nigériens sur la peine de mort tenu le 10 et 11 octobre 2021 dans la salle des conférences du SNAD Niamey a fait plusieurs recommandions qui nous serviront de levier à actionner et d’axes stratégiques.
Il y a l’abrogation pure et simple des articles 242 et 243, et toutes dispositions du code pénal et code de procédure pénale nigérien entrainant a la sentence capitale et la révision du code pénal pour une prise en compte par le gouvernement nigérien.
Nous encourageons l’Etat nigérien à voter en faveur de la résolution des nations unies sur le moratoire des exécutions en décembre 2022. Le respect des engagements nationaux et internationaux que le Niger a plaidé auprès des Etats parties ayant adhéré à l’OP2. Nous soutenons également davantage les campagnes de plaidoyer pour l’abolition de la peine de mort au Niger et la vulgarisation de la loi sur le Mécanisme National de Prévention de la Torture (MNP) en collaboration avec la CNDH NIGER et le ministère de la Justice.
Par Seini Seydou Zakaria(onep)
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Monsieur le secrétaire général, quel rôle joue concrètement la Fédération des Organisations Patronales du Tourisme et de l’Hôtellerie du Niger (FOPATH-NIGER), dans ce secteur d’une importance capitale pour notre pays ?
La Fédération des Organisations Patronales du Tourisme et de l’Hôtellerie du Niger (FOPATH-NIGER) est une structure associative patronale qui regroupe plusieurs associations patronales du secteur du tourisme et de l’hôtellerie qui sont : l’Association
Patronale des Etablissements d’Hébergement, de Restauration et d’Evènementiel (APEHRE-Niger), comprenant les hôtels, les autres formes d’hébergement, les restaurants, le tourisme et les évènementiels ; l’Association Patronale des Etablissements de Loisirs et de Divertissements (APELD-Niger) comprenant les bars, les boites de nuit, les salles des jeux et les casinos et l’Association Patronale des Etablissements de Voyages de tourisme et Location de Voitures (AP/EVOLOV-Niger), comprenant les agences de voyage et de location de voitures, les concessionnaires de chasse et de pèche et les Associations de guides. Le rôle de notre Fédération est d’assurer la défense des intérêts matériels et moraux des entreprises membres des associations qui la composent. Ainsi, elle assiste les associations patronales du tourisme et de l’hôtellerie du Niger en leur apportant un appui technique qui les mettent en valeur, en favorisant leur développement économique. FOPATH-NIGER représente, promeut et défend les intérêts des acteurs, initie et renforce les relations de coopérations touristiques entre les organisations professionnelles des autres pays.
Elle fournit également aux organisations patronales nationales les services et informations nécessaires pour faciliter de bonnes prises de décision en faveur des intérêts de la profession ; mutualise les moyens et actions de promotion touristique du pays sur les marchés émetteurs de touristes ; défend auprès des pouvoirs publics nationaux, de l’UEMOA et des autres Institutions Communautaires et Internationales les intérêts de la profession dans les domaines de la fiscalité, la normalisation, la règlementation et soutenir la mise en œuvre de politiques d’investissements adaptées à l’activité. Aussi, elle encourage au niveau de chaque région, l’organisation de campagnes d’information, de sensibilisation et d’éducation des populations d’accueil dans le cadre du tourisme durable, promeut les valeurs économiques et sociales du tourisme, comme facteurs essentiels d’intégration régionale et sous régionale, la densification de l’économie nationale, de circulation de biens et services et faire du Niger un pôle touristique attractif en Afrique et crée un cadre de concertation, de dialogue, d’échange, d’initiative et de proposition pour prendre en charge collectivement l’ensemble des problèmes liés au développement et à la promotion du tourisme durable sur toute l’étendue du territoire national, dans un contexte international caractérisé par la mondialisation et la globalisation des échanges. Elle crée, initie, administre et finance ou subventionne des activités à caractère touristique ou professionnel.
La pandémie de la Covid-19 a perturbé certains secteurs d’activité notamment celui dans lequel vous exercez à savoir le tourisme et l’hôtellerie, quel est l’impact de cette pandémie sur ce secteur ?
A l’échelle mondiale, le secteur du tourisme et de l’hôtellerie reste celui qui a été le plus durement et massivement touché, et son impact découle de la mise en œuvre des nombreuses mesures de restrictions que notre pays à l’instar des autres pays du monde a été amené à prendre notamment : fermetures des frontières (terrestres et aériennes) ;
Interdictions des rassemblements (réunions, séminaires, ateliers, etc….) ; fermetures des lieux publics (restaurants, bars, bars dancing, etc…) ; Interdictions de voyager ; état d’urgence sanitaire. Les conséquences de toutes ces mesures se sont traduites par une diminution voire un arrêt de travail des entreprises du secteur.
« L’accompagnement de l’Etat a consisté à mettre en place une ligne de crédit de 150 milliards au niveau de certaines banques de la place ; mais les conditions d’accessibilité à ces fonds ont fait que la grande partie du montant est resté au niveau de ces banques »
Monsieur le secrétaire général, quelles sont les actions que vous avez entreprises en tant que professionnels du domaine pour faire face à cette situation ?
Bien sûr, pour faire face à cette situation, plusieurs solutions ont été expérimentées par les chefs d’entreprises du secteur, les solutions envisagées dans un premier temps sont celles tendant à réduire aux maximums les charges d’exploitations des entreprises notamment : les charges salariales, en optant pour la mise en chômage technique d’une certaine catégorie du personnel des entreprises. Puis, la pandémie perdurant et l’aide de l’Etat se faisant toujours attendre, d’autres ont préféré purement et simplement procéder à la fermeture de leurs établissements. Devant un tel drame, en tant que structure associative, nous avons adressé un mémorandum en quatre points au Premier Ministre pour sauver le secteur, dont le plus important et sur lequel nous avons fondé nos espoirs et qui de la part même des spécialistes peut sortir le secteur du creux de la vague est le point relatif à une subvention à apporter aux entreprises du secteur. A la place de cette subvention, l’Etat a plutôt mis en place deux lignes de crédits, l’une de 50 milliards pour les petites et moyennes entreprises et l’autre de 100 milliards au profit des grandes entreprises. Mais, là où la mise en œuvre de cette mesure a échouée, c’est que ces 150 milliards, appelés aussi fonds COVID ont été placés dans des banques commerciales de la place qui ont fixé des modalités à leurs accès conformément aux conditions qui caractérisent leur gestion. A la fin de l’opération, même le tiers de ces fonds n’a pu être consommée et aujourd’hui, toute notre bataille vise à ce que l’Etat reprend en main cette opération et fixe des conditions plus favorables de sorte que ces fonds soient accessibles aux entreprises du secteur.
L’Etat a promis d’accompagner certains secteurs durement affectés, qu’en est-il de cette promesse au niveau de votre secteur?
Comme je l’ai dit tantôt, l’accompagnement de l’Etat a consisté à mettre en place une ligne de crédit de 150 milliards au niveau de certaines banques de la place ; mais les conditions d’accessibilité à ces fonds ont fait que la grande partie du montant est restée au niveau de ces banques. Toutefois, l’Etat a pris aussi deux (02) importantes mesures d’accompagnements dont l’une consiste à réduire le taux de la TVA de 19% à 10% dans le secteur et à rehausser le taux d’amortissement des investissements hôteliers (base de calcul de la taxe immobilière) de 2% à 5% dans le secteur.
Comment se porte aujourd’hui le secteur de l’Hôtellerie et du Tourisme avec l’allègement des mesures restrictives?
Comme vous le savez, pendant que le secteur se trouvait dans le creux de la vague, nous assistons de plus en plus, dans notre sous-région, à une recrudescence de l’insécurité qui affecte considérablement la mobilité des personnes et donc du tourisme d’affaire et leurs regroupements. Cette situation a complètement mis un frein au peu d’embellie qu’a suscitée l’allègement des mesures de restrictions et plombe une deuxième fois le secteur du tourisme.
Peut-on alors affirmer que les perspectives sont désormais bonnes ?
Au contraire, les perspectives sont très mauvaises, en témoignent les menaces en contentieux que subissent la plupart des entreprises touristiques de la part des banques de la place pour incapacité de payement de leurs créances. Et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle, la Fédération dans une lettre du 18 juillet 2022, adressée au Président de la République, a sollicité son implication personnelle pour qu’une partie du reliquat des fonds COVID soit affectée au rachat par l’Etat des créances des entreprises du secteur auprès des banques de la place.
Par Aïchatou Hamma Wakasso(onep)
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Monsieur le Haut-Commissaire, votre institution est un organisme public de réflexions et d’appuis-conseil en matière de réformes de l’Etat. Vous êtes actuellement à DIFFA où vous conduisez personnellement une mission composée de plusieurs experts en vue de dispenser une formation pratique aux Directeurs Régionaux des services déconcentrés de l’Etat (STD). Pouvez-vous nous préciser les thèmes et les objectifs de cette formation ?
Avant de répondre à votre question, je dois vous dire que j’apprécie à sa juste valeur l’opportunité que vous me donnez pour entretenir les Nigériennes et les Nigériens sur les activités que nous menons sur le terrain dans le cadre des appuis aux administrations déconcentrées de l’Etat. L’objet de notre mission en cours dans la Région de DIFFA est d’organiser une formation des Directeurs Régionaux des services techniques déconcentrés de l’Etat (STD) sur l’élaboration, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des politiques publiques basées sur des données probantes. Notre objectif est de renforcer les capacités des Directeurs Régionaux à assumer convenablement leurs missions dans le contexte actuel où les autorités de la 7ème République, accordent la primauté à la promotion du développement local. Il s’agit d’une formation sur une approche moderne, donc récente, utilisée pour assurer la qualité en matière de formulation, de mise en œuvre et de suivi et évaluation des politiques publiques dans notre pays et même dans la conduite des activités classiques. Cette approche repose sur la production et l’utilisation des données et informations fiables, remplissant les exigences de validité interne et externe d’une part et d’indépendance, d’objectivité et de vérifiabilité d’autre part.
Monsieur le Haut-Commissaire, peut-on savoir pourquoi ce regain d’intérêt pour la qualité des données et informations destinées aux décideurs ?
Dans ce contexte particulier où le Niger est entré de plein- pied dans l’approche programme basée sur les résultats de développement, il est tout à fait justifié que notre pays cherche à améliorer la qualité des choix des politiques publiques, la pertinence des orientations stratégiques et l’efficacité dans leur mise en œuvre. Dans cette perspective, nous recherchons une amélioration de la disponibilité et de la qualité des informations et données produites de manière à mieux renseigner l’évaluation des progrès dans l’atteinte des objectifs de développement et à améliorer la qualité de la gouvernance. Ceci est d’autant plus logique que notre pays s’est doté, depuis 2019, d’une politique Nationale de l’Evaluation. C’est seulement à cette condition que notre pays pourra améliorer la qualité des indicateurs d’effets et d’impacts particulièrement l’indice de développement humain (IDH). N’oublions pas que les données probantes sont des données qui procurent une confiance relative en la véracité d'une proposition qui ne peut ni être logiquement prouvée, ni directement démontrée par l'observation empirique. Ce sont donc des leviers importants de la promotion d’une gouvernance de qualité.
Nous voulons créer chez les managers Nigériens des temps modernes le réflexe de rejet des simples opinions et déclarations ou affirmations caractérisées par la subjectivité et la partialité au profit de l’utilisation des données et informations de qualité prouvée dans la prise des décisions. En définitive, cette formation a pour objectif général de contribuer à l’amélioration des capacités des administrations déconcentrées de l’Etat à concevoir et à mettre en œuvre des politiques publiques grâce à l’utilisation des données probantes. Il s’agit plus spécifiquement de donner aux directeurs régionaux les outils techniques dont ils ont besoin pour améliorer leurs capacités opérationnelles en matière d’élaboration, de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation des politiques publiques basées sur les données probantes.
L’équipe mobilisée pour remplir cette mission semble multidisciplinaire. Quelle est sa composition exacte ?
Fidèle à notre approche participative et à notre ferme conviction sur l’importance de créer un climat de collaboration entre les institutions publiques pour faire face aux grands défis qui se posent à notre administration, nous avons pris soin de mobiliser toutes les parties prenantes intéressées par les objectifs présentés plus haut. Il faut préciser que la session de DIFFA est la sixième d’une série de formations programmées après celles de Maradi, de Dosso, de Niamey, de Zinder et d’Agadez. Outre les experts mobilisés pour animer ces formations, les équipes comportent des cadres de haut niveau provenant des ministères et institutions comme le Ministère du Plan, le Ministère de la Fonction publique et de la Réforme Administrative, le Cabinet du Premier ministre, le Ministère chargé des Relations avec les Institutions, le Ministère de l’Aménagement du Territoire et du Développement communautaire, le ministère en charge du Tourisme et de l’Artisanat etc..
Quelles sont vos attentes à la fin de la formation ?
Nous attendons en particulier que les Directeurs Régions acquièrent les connaissances qui leur permettront de produire et d’utiliser des données probantes dans le cadre de leur travail principalement dans la gestion des processus d’élaboration et de mise en œuvre des politiques publiques. Au vu de leurs hauts niveaux de compétence et d’engagement responsable, nous pouvons déjà affirmer qu’ils seront capables d’appliquer les méthodes et outils dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre des politiques publiques basées sur les données probantes. Ils sauront par ailleurs identifier les opinions et autres susceptibles d’influencer négativement leurs ambitions et particulièrement le processus de formulation et d’évaluation des politiques publiques tout en demeurant exigents quant à la démarche qualité dans la production et l’utilisation des données probantes.
Réalisé par Mato Adamou ONEP /Diffa
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Comme on le sait, la SONICHAR, dont vous assurez les fonctions de Directeur Général, est un maillon important du dispositif énergétique de notre pays. Pour créer cette société de grande envergure, il a fallu une volonté politique affirmée, mais surtout des investissements colossaux. Comment se présente aujourd’hui la SONICHAR, après plus de quarante ans d’existence?
D’abord, je vous remercie de l’opportunité que vous m’offrez pour parler de SONICHAR. En effet la SONICHAR, comme vous l’avez si bien dit est une société très importante et stratégique pour le pays car étant la seule source d’énergie fiable dans la zone Nord du pays non connectée du réseau électrique national.
Rappelons que sa création en 1975, procède d’une vision et d’une volonté politique extraordinaires, d’autant plus qu’à l’époque l’énergie électrique produite par les groupes électrogènes coutait beaucoup moins chère. C’est un complexe industriel comportant une mine à ciel ouvert de charbon et une Centrale thermique à charbon de deux tranches de 18,8MW chacune. La première tranche a été mise en service le 27 avril 1981 et la deuxième tranche le 4 octobre 1982 ; le tout conçu pour une durée de vie de 25 ans. Précisons qu’en raison de la qualité médiocre de son charbon, la Centrale SONICHAR est un prototype construit pour consommer ce charbon de teneur faible. Ce complexe a couté 65 Milliards FCFA comme investissement initial. Cette dette rétrocédée aurait pu être épongée n’eut été la dévaluation de 1994.
Pour répondre précisément à votre question, vos constatez aisément que cette Centrale a plus de 40 ans de fonctionnement alors que conçue pour 25 ans d’où sa très faible santé mécanique. Elle est donc vétuste aujourd’hui et peut s’arrêter à tout moment. Elle tient grâce à l’expertise de son personnel qui est 100 % Nigériens et un plan de maintenance et d’entretien très rigoureux.
Du point de vue santé financière, après avoir traversée des années difficiles durant lesquelles, elle a vu son capital social de 19,730 millions FCFA s’effondrer pratiquement de moitié, SONICHAR depuis 2012 a reconstitué complétement ce capital et a commencé à payer les dividendes à ses actionnaires pour la première fois de sa vie et aussi à primer son personnel à partir de 2013. Actuellement, ses capitaux propres sont passés de 18 milliards FCFA à plus de 25 milliards FCFA de 2011 à fin 2021.
Quels sont les résultats réalisés de nos jours par la SONICHAR en termes d’exploitation du gisement de charbon et de production d’énergie électrique?
Pour produire l’énergie électrique, nous utilisons 3 matières premières : le charbon, l’eau et l’air. Ainsi de 1980 à 2021, 7 577 569 tonnes de charbon et 66 141 589 mètres cube de stérile ont été extraits, 108 717 614 mètres cubes d’eau ont été consommés dont 49% par la Centrale et 51% gratuitement par la population, le maraichage et l’élevage pour une production de 6 590 997 MWh d’électricité avec une disponibilité des tranches thermiques supérieure à 97%.
Quelles sont les difficultés majeures qui entravent le fonctionnement à plein régime de la SONICHAR?
En effet, face à une demande d’énergie en constante évolution et face au vieillissement de la centrale actuelle qui est hors limite d’âge, la difficulté majeure réside dans la continuité à assurer la production d’énergie électrique dans la Zone Nord du Niger non interconnectée au reste du réseau. À cela s’ajoutent : l’arrêt de la COMINAK en Mars 2021, un client majeur qui faisait 40% de son chiffre d’affaires. Bien que la mise en œuvre du plan de sauvetage 2021-2023 conclu entre l’Etat, les Miniers (SOMAIR, COMINAK), NIGELEC et SONICHAR, ait été bien respecté en 2021, il demeure fragile pour les années 2022 et 2023 en raison de la flambée des prix des pièces de rechange et des matières ; la difficulté d’approvisionnement et la hausse significative des coûts des pièces de rechange et de certains produits du fait de la pandémie de la COVID-19 et de la guerre en Ukraine.
Il y a aussi d’autres difficultés liées au problème sécuritaire de la région et la COVID19 qui limitent la venue des prestataires étrangers dans le cadre des révisions annuelles programmées des installations ; à la saturation des deux (2) lignes de 20 kV de NIGELEC alimentant la ville d’Agadez en énergie électrique ; au renouvellement des installations actuelles dû à la difficulté de trouver le financement pour les projets d’accroissement de la capacité de production composés de la construction d’une centrale thermique au charbon de 2 x 25 MW et de la construction d’une centrale photovoltaïque de 10 MW dont les études de faisabilité ont été achevées respectivement en 2013 et en 2017. Ces difficultés de financement sont liées aux considérations environnementales dont notamment la COP21 à Paris (2015), le sommet du G20 à Rome (2021) et la COP26 à Glasgow (2021).
La SONICHAR doit sa création à un besoin réel de faire profiter notre pays de ses énormes potentialités en charbon, notamment au niveau du gisement d’Anou-Araren. Quel est l’état du potentiel de charbon dont renferme son sous-sol nigérien?
Les réserves prouvées de charbon sur la concession de Tefereyre (SONICHAR) sont estimées au 31 décembre 2021 à environ 15,46 millions de tonnes. Ce qui permettra encore à SONICHAR de fonctionner pendant plus de 60 ans au rythme actuel de production. À ces réserves viennnent s’ajouter des réserves probables de 9 millions de tonnes du périmètre Tarouadji5 concédé par l’Etat. Il y’a également des indices prometteurs de charbon de bonne qualité à Asoloumi à quelques 20 km au Nord-Est de Anou-Araren, mais qui n’ont pas fait l’objet d’exploration donc d’évaluation.
Quelle estimation peut-on faire aujourd’hui des richesses générées par la SONICHAR en termes d’apport pour l’économie nationale?
A défaut de vous donner des chiffres, on peut qualitativement citer les points suivants : la valorisation des ressources minérales et l’allégement de leur coût de production; la contribution à l’indépendance énergétique et l’amélioration de la balance commerciale; le transfert de technologie ; la création d’emplois directs et indirects et la maîtrise d’une technologie de pointe ; la contribution à l’amélioration du taux de couverture à l’accès à l’électricité ; des appuis significatifs pour la consolidation de la paix et de la sécurité ; la lutte contre la déforestation par l’utilisation domestique du charbon carbonisé produit par la société SNCC à Tchirozérine.
S’ajoutent aussi des appuis aux secteurs sociaux de bases dont la construction des salles de classe pour l’éducation et la prise en charge gratuitement des populations pour la santé (environ 80% des coûts par an soient plus de 329 millions FCFA en consultation, examens, soins, hospitalisations et évacuations) ; fourniture gratuite de l’eau à la population urbaine de Tchirozérine, aux villages et campements environnants, aux maraîchers pour le jardinage et aux éleveurs pour leurs troupeaux à travers 10 abreuvoirs sur une distance de 30 kilomètres (51% de la production totale en eau) ; des appuis multiples à l’administration et collectivités ; contributions aux activités culturelles et sportives.
En conclusion, les dépenses relatives à la responsabilité sociétale de SONICHAR s’élèvent en moyenne par an à plus de 895 millions FCFA durant les 10 dernières années.
Monsieur le Directeur Général, le contexte international n’est plus favorable à l’exploitation du charbon, avec à la clé l’interdiction de tout investissement dans ce domaine. Pensez-vous qu’avec tous les défis énergétiques auxquels notre pays est confronté, et au regard des toutes les potentialités dont il dispose, il serait possible pour le Niger de tourner la page de cette énergie fossile?
En effet, le contexte international marqué par les enjeux environnementaux pénalise grandement les activités de SONICHAR surtout dans la mise en œuvre des projets d’accroissements de la capacité de production dont je parlais tantôt. Au vu des énormes potentialités de charbon que possède le Niger et de la compétitivité qu’offre l’énergie thermique à charbon par rapport à l’énergie produite par les groupes électrogènes, il serait difficile pour le Niger de se priver de cette source d’énergie fiable et disponible. Les énergies renouvelables présentent des alternatives intéressantes, mais sont des sources d’énergie intermittentes et dépendent beaucoup des aléas climatiques. D’ailleurs, nous notons que les positions à l’échelle mondiale sont en train d’évoluer avec la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui secouent les Etats Européens, qui aujourd’hui sont obligés d’utiliser les énergies fossiles pour atténuer les effets de cette crise énergétique.
Quelles sont, aujourd’hui, les perspectives et les solutions qui se présentent pour la SONICHAR ?
La reprise du marché de l’Uranium va permettre l’installation de nouvelles sociétés minières dont GLOBAL ATOMIC, GOVIEX et IMOURAREN qui viendront se connecter sur le réseau électrique dont déjà la demande est supérieure à l’offre.
La seule solution à court terme pour SONICHAR est la mise en œuvre rapide des projets d’accroissement de sa capacité de production. Ainsi les besoins de NIGELEC et des sociétés minières seront satisfaits à travers ces projets qui consistent à l’hybridation de la centrale actuelle et à mettre l’accent sur le mix énergétique et sur les énergies renouvelables.
Par conséquent, les projets de construction d’une centrale thermique à charbon de 2 x 25 MW et d’une centrale photovoltaïque de 10 MW dont les études de faisabilité ont été faites, seront remplacés par une centrale photovoltaïque de 50 MW et une tranche thermique à charbon de 32 MW. Il serait suicidaire pour SONICHAR, voire même pour notre pays, d’abandonner brutalement et totalement la production de l’électricité à partir des énergies fossiles. Actuellement, la zone Nord isolée ne peut pas se passer de SONICHAR à court terme pour son développement, car n’ayant aucune unité de production d’énergie d’origine non fossile.
Quel plaidoyer voudriez-vous lancer en faveur d’une relance des activités de la SONICHAR?
Le principal plaidoyer que nous voulons lancer:
- À l’endroit de l’État et des partenaires techniques et financiers : le financement rapide des projets SONICHAR pour remplacer et ou renforcer la capacité de la Centrale actuelle vétuste en vue de satisfaire les besoins en énergie électrique de la région d’Agadez ;
- À l’endroit de la NIGELEC : la construction d’une ligne de 132 kV Anou-Araren-Agadez et des lignes MT permettant le raccordement de la ligne 132 kV Anou-Araren-Arlit aux nouvelles sociétés minières en instance d’exploitation dans la zone ;
- À l’endroit de la population de la région d’Agadez : l’accompagnement et la compréhension de SONICHAR dans la réalisation de sa mission stratégique de producteur indépendant d’énergie qu’elle assure depuis sa création.
Par Assane Soumana(onep)
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Monsieur le Maire pouvez-vous nous présenter la commune rurale de Tirmini et nous faire un peu son historique ?
La commune rurale de Tirmini est située dans la partie Est du département de Takieta. Sa superficie est estimée à environ 2000 km² et avoisine celle du département de Kantché tout entier, à titre illustratif. Elle est limitée à l’Est par le IVème arrondissement de la Ville de Zinder et de la commune de Dakoussa, à l’Ouest par les communes de Garagoumsa et Ouarafane (Tessaoua), au Sud par les communes de Droum (Mirriah) et Icihrnawa (Kantché) et enfin au Nord par les communes de Gangara, Falenko et Olléléwa.
Le village de Tirmini, chef-lieu de la Commune sis à l’Ouest de la Ville de Zinder à 21 km sur la RN1 est situé entre 8°39’ et 38 de longitude Est 13°46’’ et 59’’ de latitude Nord. Son relief est marqué par un affleurement du socle granitique dans la partie sud et un plateau parsemé de dunes de sables et de buttes du continental Hamadien au centre.
La population de la commune est estimée à environ 161 000 habitants selon les projections de l’INS (2021). Sur le plan éducatif, la commune rurale compte 118 écoles primaires à la rentrée 2021-2022. A la même date, le nombre des établissements secondaires est de 7 dont un CES à Tirmini.
Du point de vue socioéconomique, les réalités sud-nord se distinguent parfaitement par les activités exercées par la population et leur mode de vie. Les habitants vivant au nord mènent une vie typiquement rurale et ne se distinguent pas de ce point de vue à la vie que mène la population du Damergou et celle du sud, proches de Zinder mène une vie à l’image de la Ville.
L’histoire de Tirmini ne se distingue pas nettement de celle de Damagaram décrite par Pr ANDRE SALIFOU. La famille royale serait issue de sultanat de Zinder et y réside depuis avant l’indépendance du Niger. Une des grandes guerres contre la pénétration coloniale avait eu lieu à Tirmini, d’où le nom que porte la commune dont l’origine vient du verbe « terminer » en français. Récemment l’histoire de Tirmini aurait dû prendre un autre tournant décisif suite à la découverte, par un chercheur archéologue, de ce qu’il considère comme « pyramide ». Il y avait des tentatives de recherches scientifiques dans ce sens, jusqu’à la cessation des activités, les hypothèses sont affirmatives. La découverte des squelettes d’hommes de longueur mesurant des mètres et bien d’autres objets constitueraient des prémices à la justification de l’hypothèse avancée par le chercheur. Quant à l’espace communal, son peuplement est, bien sûr, dû à la migration de la population qui serait venue de tout bord dont celle d’origine kanourie est majoritaire. L’influence du commerce a aussi favorisé le déplacement d’autres ethnies sur l’espace dont notamment les haoussas et les Touaregs. Mais il existe aussi une forte présence des peulhs dissimulés partout sur le territoire communal avec leur organisation traditionnelle et culturelle.
Quelles sont, M. le maire, les principales activités économiques de la population de Tirmini ?
Les principales activités de la population de la commune rurale de Tirmini sont l’agriculture, l’élevage, le commerce et l’artisanat. L’agriculture occupe la majorité de la population active. Elle est pratiquée non seulement sous pluie, mais aussi en irrigation. En ce qui concerne cette dernière, la commune rurale de Tirmini dispose des potentialités inestimables dans certaines localités comme Tiss, Maijirga Agali, Baboul, Foura Guirké où les points d’eau pourraient permettre un maraichage conséquent pouvant rehausser le niveau de vie de la population. Dans ce sens, si les partenaires peuvent appuyer, j’estime que les résultats seraient appréciables et pourraient réduire les vulnérabilités de la population. En ce qui concerne l’agriculture traditionnelle, elle est pratiquée sur l’ensemble de la commune et se heurte aux problèmes habituels liés à sa pratique (raréfaction de pluies, moyens traditionnels, l’amenuisement des terres …). La pression démographique a de plus en plus un impact sur la production de cette dernière. La population augmente et les terres diminuent en conséquence. Ce problème crée actuellement un tâtonnement dans la mise en œuvre des stratégies de survie par la population de la commune. La population se contente, comme moyen de survie, de l’exode rotatif et de la mendicité féminine qui se développe de plus en plus vers les centres urbains proches (Zinder et dans les centres urbains secondaires). Selon une étude menée par l’ONG ACMEF en collaboration avec le Conseil régional en 2020, beaucoup de femmes qui se trouvent dans les rues de la Ville de Zinder sont originaires de la commune de Tirmini compte tenu de la proximité entre les deux localités et certaines raisons, qu’il est difficile de relater ici.
En ce qui concerne l’élevage, malgré les défis auxquels il est confronté, il est en train de bénéficier d’un regain de la population. Je crois beaucoup, en tant qu’autorité, à la façon dont la population maitrise et s’intéresse à l’élevage. Mieux, le programme du président de la République pour la redynamisation de l’élevage à travers la vente à prix modéré d’aliments bétail cette année à suscité davantage un grand engouement autour de la pratique de l’élevage dans la commune rurale de Tirmini. Puisqu’il est difficile de résoudre l’éternel problème de l’agriculture, je fonde beaucoup l’espoir sur la pratique de l’élevage surtout si les partenaires s’y impliquent. Dans ce sens, la commune rurale de Tirmini a déjà signé des engagements avec certains partenaires pour le développement de cette filière. Nous profitons également de cette occasion pour lancer un vibrant appel à toutes les bonnes volontés qui veulent nous appuyer dans ce domaine.
Le commerce et l’artisanat vont de pairs, en pratique, dans la commune rurale de Tirmini. Le commerce exercé dans la commune rurale de Tirmini se résume essentiellement à la satisfaction des besoins primaires même si des cas isolés se distinguent çà et là dans la commune. Nous avons à cet effet une dizaine des marchés (petits et moyens) où les habitants exercent leurs activités. Il existe comme partout ailleurs ceux qui pratiquent le commerce à domicile et dans les boutiques dans nos différents villages de la commune. D’autre part, certains villages se distinguent dans la pratiquent de l’artisanat, c’est l’exemple de Kalgo-Tiss où la population est connue par son génie créateur en fabrication des chaussures, des ceintures, des cartables et d’autres objets y afférents en peaux. Le village de Gariga lui se spécialise en fabrication des canaris en pot.
On constate aussi que la population majoritairement jeune s’intéresse de plus en plus au domaine du transport. Les jeunes de la commune s’activent aussi dans le domaine de transport inter-villages à l’aide des tricycles. Ils connectent nos villages à la ville de Zinder surtout ceux situés non loin de la route RN1.
Comment se portent les indicateurs sociaux de base de votre commune ?
Comme je vous l’avais dit, la commune rurale de Tirmini est l’une des plus grandes communes de la région de Zinder, sinon du Niger j’allais dire. De ce fait il serait difficile de maitriser les indicateurs sociaux. Ils se portent probablement dans les mêmes conditions que ceux de la région. Nous avons un espace vaste sur lequel 118 écoles sont créées, les unes distantes des autres. Le terrain d’accès est difficile car sablonneux. Donc pour vous dire que les indicateurs relatifs à l’éducation méritent véritablement d’être améliorés. Selon les évaluations académiques de fin d’année en fin 2021, la commune a été classée dernière du département. Des efforts ont été fournis par la commune, sur fonds propres, en construisant des classes, en redynamisant les structures éducatives et en dotant tous secteurs pédagogiques (ils sont au nombre de quatre) en moyens roulants. Nous avons également au début de l’année acheté des fournitures scolaires (ce qui est rare pour les communes), mais je sais que les défis restent encore énormes. C’est pourquoi, nous avons véritablement besoin d’un soutien dans ce sens pour améliorer les indicateurs y afférents.
Dans le domaine de l’hydraulique, l’Etat a fourni beaucoup d’efforts en dotant la commune d’une dizaine de systèmes hydrauliques (mini AEP, postes d’eau…). Le besoin étant important, nous avons, depuis l’année passée, engagé la réhabilitation des forages et des puits cimentés dans la commune. Nous avons à la date d’aujourd’hui soit modernisé ou réhabilité une vingtaine d’ouvrages cités. Il est vrai qu’il est difficile pour une commune de satisfaire un peu plus de 160 000 habitants, mais les indicateurs dans ce sens sont nettement améliorés comparativement aux besoins passés. Mais cela ne signifie pas que le problème est résolu, le besoin reste actuellement grandissant. Le problème en eau potable reste et demeure en tête des demandes de la population. Je constate partout où je passe les femmes et les enfants dans la corvée de recherche d’eau dans un mécanisme purement traditionnel.
Dans le domaine de la santé, nous disposerons d’une vingtaine de cases de santé et six centres de santé intégrés (CSI). La couverture sanitaire est assez bonne me semble-t-il. Je le dis ainsi puisque je reçois moins de demandes dans ce sens. Ces centres de santé sont relayés par deux ambulances qui assurent les évacuations en cas de nécessité, l’une placée à l’extrême nord à Ingnéloua, et l’autre au sud à Tirmini. Nous venons de finaliser la maintenance de ces véhicules. Nous avons également construit, sur fonds propre, un centre de santé à Effadalan où nous avons constaté une forte concentration de la population et le terrain très sablonneux ne permet pas l’accès facile vers les centres de santé. Le recrutement des agents sera lancé très bientôt pour rendre ce centre opérationnel. Cependant, l’une des plus grandes préoccupations pour améliorer les indicateurs relatifs à la question sanitaire est la fréquentation de ces centres. A cette problématique viennent s’ajouter un taux de malnutrition relativement élevé (ce qui a conduit d’ailleurs le ministère de la santé à diligenter une étude dans le département dont les résultats sont disponibles et que des dispositifs, en lien avec les communes, sont en train d’être mis sur pied) et la mauvaise fréquentation des femmes pour les consultations post et prénatales sont au centre des préoccupations. C’est pourquoi, nous encourageons une fois de plus la transformation des cases de santé en des centres de santé intégrés.
Voilà en quelques mots l’état de quelques indicateurs sociaux de la commune que vous pouvez cerner de façon qualitative. Mais à travers le programme du président de la République son excellence Mohamed BAZOUM, certains indicateurs connaitront une avancée significative, j’ai parfaitement confiance. Et nous au niveau des collectivités, nous sommes en train de nous rallier dans la droite ligne du programme du gouvernement pour qu’on puisse ensemble relever le défi.
Par le passé (2004- 2005), la commune de Tirmini a connu une crise alimentaire, comment se porte la situation aujourd’hui ?
Oui justement par le passé notamment en 2004 et 2005, la commune de Tirmini a connu une crise alimentaire comme d’autres communes du Niger. Mais depuis lors le gouvernement a pris des mesures qui consistent à casser le prix des céréales sur le marché suivi par la distribution gratuite aux familles vulnérables. Pour accompagner ces mesures nous avons voté au cours d’une de nos sessions la réhabilitation de certains magasins villageois. En plus de la vente à prix modéré, la commune rurale de Tirmini a également contribué dans ce sens. Mais malgré tout, compte tenu des aléas climatiques, nous enregistrons chaque année un certain nombre de villages vulnérables. Pour l’année 2021, la cellule crise alimentaire a validé 39 villages. Les ménages vulnérables de ces villages ont bien reçu des semences de la part de l’Etat et la vente à prix modéré continue dans ces mêmes villages. Cependant, même si les productions agricoles arrivent à terme sans problème, elles sont insuffisantes car l’évolution des terres et de la démographie sont en déphasage. Il faut absolument, j’espère bien, penser à une alternative qui va permettre à combler ce déficit. Je crois que c’est dans ce sens que le gouvernement est en train d’implémenter la culture du riz dans la région de Zinder. La prise de contact avec les acteurs concernés à déjà commencé.
Quelles sont les potentialités dont regorge la commune rurale de Tirmini ?
Les potentialités dont regorge la commune rurale de Tirmini sont énormes. L’une des potentialités de la commune est sa richesse plus ou moins importante en cours d’eau de surface dans certaines localités comme Tiss, Angoual Gogé, Baboul, Maguirami, Foura Guirké. Dans ces zones, la population pratique le maraichage de façon traditionnelle même si d’autres sont encore réticents et les terrains restent inexploités, ce qui mérite véritablement une sensibilisation et un accompagnement. Un autre avantage de la commune rurale de Tirmini est sa position par rapport à la ville de Zinder. Je veux dire l’histoire du village qui rime avec celle de Damagram mérite d’être immortalisée. En fait je rêve de la construction d’un patrimoine monumental qui retrace l’histoire de Damagaram. Je pense que ce site touristique ajouté à ce qui est considéré comme « pyramide » pourrait bien faire de Tirmini une vraie entrée de Zinder en beauté. Nous sommes en train de réfléchir, si les moyens nous permettent, comment concrétiser cette idée.
Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous êtes confrontées dans la gestion de cette commune ?
Les principales difficultés auxquelles nous sommes confrontés sont celles relatives à la compréhension même des principes de la décentralisation. Les acteurs avec lesquels nous travaillons au niveau local ignorent les textes régissant la bonne marche des collectivités. Ils pensent que tout est possible n’importe comment et n’importe quand. J’essaie de faire de mon mieux pour que les textes soient respectés et que les choses se passent règlementairement, mais je ne suis pas, le plus souvent, compris. Cela me prend beaucoup du temps d’explications pour que les gens essaient de faire un semblant de compréhension. Je constate que les normes officielles et les normes pratiques sont en désaccord total dans la gestion de la commune. Souvent cette situation nous met en conflit latent souvent même ouvert avec les acteurs y compris les autorités traditionnelles. Il existe dans les représentations sociales de la population des préjugés souvent nourris par certains hommes politiques à des desseins y afférents. Une autre difficulté à laquelle nous sommes confrontés dans la gestion de notre commune est celle de répondre à certaines questions relatives aux critères de sélection des villages vulnérables. Les gens ne se fient pas à l’expertise des agents techniques, ils pensent que le choix est opéré par le maire surtout qu’il est difficile pour un paysan de faire le distinguo entre les concepts vulnérabilité et pauvreté. Aussi, compte tenu des moyens modestes des collectivités, il est quasiment impossible de répondre à toutes les sollicitations de la population. Pourtant, les problèmes sont réels.
La plupart des communes du Niger vivent un problème un problème d’incivisme fiscal, comment se présente la situation à Tirmini ?
Dieu merci dit-on. Dans ce sens nous avons un chef traditionnel dynamique dans la mobilisation. Vous l’avez dit que la majorité des communes ont ce problème, mais la situation me semble mitigée à Tirmini. Si je compare le taux des autres communes de la région à la mienne, je peux sans risque de me tromper dire que la situation chez nous est acceptable. J’ai dirigé la collecte pour l’année 2022, j’estime que le taux de payement avoisine 60%, ce qui est à mon sens encourageant. La population commence à comprendre mais des stratégies sont intensivement utilisées.
Quelle est l’évolution du taux de recouvrement fiscal à Tirmini ?
En tout cas j’ai constaté que le taux de recouvrement évolue quand même. Si je compare le résultat de l’année 2022, il est plus performant que celui de 2021. La situation me semble similaire pour les années antérieures. Cependant, beaucoup reste à faire dans la sensibilisation des acteurs car il existe toujours des nouveaux qui cherchent à déjouer la bonne marche du processus. Nous sommes gênés à faire pression sur les citoyens, mais souvent elle s’impose.
tés, nous sommes en train de nous rallier dans la droite ligne du programme du gouvernement pour qu’on puisse ensemble relever le défi.
Par le passé (2004- 2005), la commune de Tirmini a connu une crise alimentaire, comment se porte la situation aujourd’hui ?
Oui justement par le passé notamment en 2004 et 2005, la commune de Tirmini a connu une crise alimentaire comme d’autres communes du Niger. Mais depuis lors le gouvernement a pris des mesures qui consistent à casser le prix des céréales sur le marché suivi par la distribution gratuite aux familles vulnérables. Pour accompagner ces mesures nous avons voté au cours d’une de nos sessions la réhabilitation de certains magasins villageois. En plus de la vente à prix modéré, la commune rurale de Tirmini a également contribué dans ce sens. Mais malgré tout, compte tenu des aléas climatiques, nous enregistrons chaque année un certain nombre de villages vulnérables. Pour l’année 2021, la cellule crise alimentaire a validé 39 villages. Les ménages vulnérables de ces villages ont bien reçu des semences de la part de l’Etat et la vente à prix modéré continue dans ces mêmes villages. Cependant, même si les productions agricoles arrivent à terme sans problème, elles sont insuffisantes car l’évolution des terres et de la démographie sont en déphasage. Il faut absolument, j’espère bien, penser à une alternative qui va permettre à combler ce déficit. Je crois que c’est dans ce sens que le gouvernement est en train d’implémenter la culture du riz dans la région de Zinder. La prise de contact avec les acteurs concernés à déjà commencé.
Quelles sont les potentialités dont regorge la commune rurale de Tirmini ?
Les potentialités dont regorge la commune rurale de Tirmini sont énormes. L’une des potentialités de la commune est sa richesse plus ou moins importante en cours d’eau de surface dans certaines localités comme Tiss, Angoual Gogé, Baboul, Maguirami, Foura Guirké. Dans ces zones, la population pratique le maraichage de façon traditionnelle même si d’autres sont encore réticents et les terrains restent inexploités, ce qui mérite véritablement une sensibilisation et un accompagnement. Un autre avantage de la commune rurale de Tirmini est sa position par rapport à la ville de Zinder. Je veux dire l’histoire du village qui rime avec celle de Damagram mérite d’être immortalisée. En fait je rêve de la construction d’un patrimoine monumental qui retrace l’histoire de Damagaram. Je pense que ce site touristique ajouté à ce qui est considéré comme « pyramide » pourrait bien faire de Tirmini une vraie entrée de Zinder en beauté. Nous sommes en train de réfléchir, si les moyens nous permettent, comment concrétiser cette idée.
Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous êtes confrontées dans la gestion de cette commune ?
Les principales difficultés auxquelles nous sommes confrontés sont celles relatives à la compréhension même des principes de la décentralisation. Les acteurs avec lesquels nous travaillons au niveau local ignorent les textes régissant la bonne marche des collectivités. Ils pensent que tout est possible n’importe comment et n’importe quand. J’essaie de faire de mon mieux pour que les textes soient respectés et que les choses se passent règlementairement, mais je ne suis pas, le plus souvent, compris. Cela me prend beaucoup du temps d’explications pour que les gens essaient de faire un semblant de compréhension. Je constate que les normes officielles et les normes pratiques sont en désaccord total dans la gestion de la commune. Souvent cette situation nous met en conflit latent souvent même ouvert avec les acteurs y compris les autorités traditionnelles. Il existe dans les représentations sociales de la population des préjugés souvent nourris par certains hommes politiques à des desseins y afférents. Une autre difficulté à laquelle nous sommes confrontés dans la gestion de notre commune est celle de répondre à certaines questions relatives aux critères de sélection des villages vulnérables. Les gens ne se fient pas à l’expertise des agents techniques, ils pensent que le choix est opéré par le maire surtout qu’il est difficile pour un paysan de faire le distinguo entre les concepts vulnérabilité et pauvreté. Aussi, compte tenu des moyens modestes des collectivités, il est quasiment impossible de répondre à toutes les sollicitations de la population. Pourtant, les problèmes sont réels.
La plupart des communes du Niger vivent un problème un problème d’incivisme fiscal, comment se présente la situation à Tirmini ?
Dieu merci dit-on. Dans ce sens nous avons un chef traditionnel dynamique dans la mobilisation. Vous l’avez dit que la majorité des communes ont ce problème, mais la situation me semble mitigée à Tirmini. Si je compare le taux des autres communes de la région à la mienne, je peux sans risque de me tromper dire que la situation chez nous est acceptable. J’ai dirigé la collecte pour l’année 2022, j’estime que le taux de payement avoisine 60%, ce qui est à mon sens encourageant. La population commence à comprendre mais des stratégies sont intensivement utilisées.
Quelle est l’évolution du taux de recouvrement fiscal à Tirmini ?
En tout cas j’ai constaté que le taux de recouvrement évolue quand même. Si je compare le résultat de l’année 2022, il est plus performant que celui de 2021. La situation me semble similaire pour les années antérieures. Cependant, beaucoup reste à faire dans la sensibilisation des acteurs car il existe toujours des nouveaux qui cherchent à déjouer la bonne marche du processus. Nous sommes gênés à faire pression sur les citoyens, mais souvent elle s’impose.
Par Oumar Issoufou
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M. le Directeur général du Patrimoine culturel, des Arts et de l’Economie Culturelle, l’art culinaire fait partie du patrimoine culturel immatériel. Parlez-nous du potentiel de la gastronomie nigérienne.
L’art culinaire est partie intégrante de nos pratiques sociales, et donc du patrimoine culturel immatériel riche et diversifié au Niger. C’est un moyen de communication et d’expression des savoirs et savoir-faire de la gastronomie culinaire. Au Niger, la gastronomie est un art qui va au-delà du goût, et intègre le choix des aliments et ingrédients, la manière de cuisiner, la présentation, les couverts, le cadre etc.
Au regard de la diversité de nos traditions, de nos pratiques sociales et de nos habitudes alimentaires, la gastronomie culinaire occupe une place de choix dans les activités familiales et sociales mais aussi économiques dans notre pays.
Existe-t-il un répertoire des différents mets traditionnels qui composent l’art culinaire nigérien ?
Je n’ai pas connaissance de l’existence d’un répertoire formel de mets traditionnels nigériens, mais, il faut souligner que le patrimoine culinaire a fait l’objet de plusieurs travaux d’étude pour mieux cerner le potentiel gastronomique du Niger. Aujourd’hui, beaucoup reste à faire d’où la nécessité de poursuivre le travail d’identification, d’inventaire et de documentation des éléments de notre patrimoine culinaire.
Au Niger, il existe une diversité de mets traditionnels, témoins de notre identité culturelle, entretenus et développés au sein de différents groupes et sous-groupes ethniques dans notre pays. On peut citer en exemple : Le Tchoukoubouss qui est une boule traditionnelle à base du mil, des dattes et du fromage par les femmes touarègues de l’Aïr ; Le Taguilguilé, un met à base de niébé d’origine touareg ; le Touyo ou pâte préparée à base de plusieurs céréales mil, sorgho, riz, maîs, etc.), l’Alkaki, biscuit traditionnel à base de mil et du sucre en milieu haoussa, le Kilichi, viande séchée ; le Brabouskou chez les Kanouri, etc.
Aujourd’hui, l’art culinaire crée de l’emploi. Avez-vous une idée de l’apport de ce secteur à l’économie du Niger ?
Aujourd’hui, à travers le monde et au Niger, l’industrie gastronomique constitue un domaine qui contribue fortement à la création d’emplois directs et indirects et donc au développement social et économique dans nos pays. Une étude s’avère nécessaire pour déterminer à travers de données fiables, le nombre d’emplois créés en lien avec la gastronomie au Niger.
Il y a beaucoup de retombées économiques autour de l’art culinaire.
Existe-t-il un cadre réservé aux professionnels de la gastronomie au niveau de la tutelle pour valoriser l’art culinaire nigérien afin de booster l’économie nationale ?
Au Niger, l’existence des Restaurants du tourisme, l’Agence Nigérienne de Promotion du Tourisme et de l’Hôtellerie, ainsi que les différents hôtels agréés, constituent de notre point de vue, des outils qui concourent à la promotion de l’art culinaire et à la création de richesse dans notre pays. A cela s’ajoutent les concours, les festivals et autres rencontres qui sont régulièrement organisées pour la promotion et la valorisation de la gastronomie nigérienne.
La consommation de produits alimentaires importés est une réalité au Niger avec la floraison de restaurants spécialisés dans des plats des autres pays. Est-ce qu’il existe des initiatives au niveau de la tutelle pour valoriser l’art culinaire nigérien et en quoi consistent-elles concrètement ?
Pour véritablement promouvoir l’art culinaire nigérien, notre pays doit mettre en œuvre une stratégie axée sur la communication, la sensibilisation et la formation, pour le développement de la gastronomie culinaire et favoriser la consommation des mets traditionnels au Niger. L’inscription de certaines spécialités nigériennes au patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme le Thiéboudienne du Sénégal ou le repas gastronomique des français, pourrait être une opportunité pour sauvegarder et valoriser durablement l’art culinaire nigérien.
Avez-vous un message particulier à l’endroit des professionnels de l’art culinaire et de la population en général ?
Les nigériens doivent croire et investir pour développer l’entreprenariat gastronomique pour la promotion de l’art culinaire nigérien, facteur de création d’emploi et de revenus appréciables au profit des acteurs concernés. La gastronomie est un domaine porteur aux effets multiples, qui mérite le soutien et l’investissement de l’Etat et du privé pour sa transmission aux générations et son rayonnement dans notre pays.
Abdoul-Aziz Ibrahim(onep)
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Une mission composée de Conseillers Spéciaux à la Présidence de la République, à savoir Messieurs MAI ABDOU MAI SALE et DIAOUGA HAMIDOU respectivement Conseiller à la Cellule Gouvernance et Conseiller Spécial à la Cellule Agriculture et Elevage de la Présidence a séjourné dans la Région de Diffa du 27 au 30 Juin 2022. La mission a eu une rencontre avec les Directeurs Régionaux en présence du Gouverneur, du 1er Vice-Président du Conseil Régional, des Secrétaires Généraux du Gouvernorat, du Préfet, du 1er Adjoint au Maire. En marge de cette rencontre, notre Correspondant s’est entretenu avec Monsieur MAï ABDOU MAï SALE, Conseiller Spécial à la Cellule Gouvernance de la Présidence sur l’objectif de la mission, les différents acteurs concernés par le message et aussi les dispositions prises pour une parfaite opération de distribution, de vente à prix modéré des divers produits.
Quel est l’objectif primordial de votre mission dans la région ?
L’objectif de notre mission est de s’assurer que la confiance placée au Préfet par le Président de la République dans le Cadre de la Gestion de la Crise Alimentaire est bien méritée. Et cela à travers les opérations de vente à prix modéré de céréales, de sucre et d’aliments bétail et les opérations de soutien de la CCA Kit Caprin récupération de terre, fixation de dunes. Voilà le cahier de charge de la mission confiée à nous par les plus hautes autorités de la République.
Votre message s’adresse à quelle catégorie d’acteurs impliqués dans ces opérations ?
Le message est d’abord destiné aux Responsables de mise en œuvre, les membres des Comités Sous-Régionaux à leur tête les Préfets des Départements. Au cours des différentes rencontres, nous avons expliqué clairement avec des vocables appropriés les tenants et aboutissants de ces opérations qui sont d’une haute valeur aux yeux des Autorités de la 7ème République au premier rang desquelles Son Excellence Monsieur MOHAMED BAZOUM, Président de la République, Chef de l’Etat.
Quels sont les mécanismes prévus pour garantir la parfaite réussite de ces opérations ?
Les mécanismes prévus pour la réussite des opérations, c’est d’abord le respect de la note de cadrage du dispositif, ensuite le respect des règles de fonctionnement de l’Administration.
Avez-vous une appréciation particulière au sujet de votre mission Monsieur le Conseiller Spécial ?
Je voudrais tout d’abord remercier l’Office National d’Edition et de Presse (ONEP) à travers vous pour cette bonne opportunité que vous m’offrez de m’appesantir sur l’objectif de notre mission. Aussi, je voudrais dire que la mission est satisfaite des prestations faites par les Responsables régionaux et elle continuera dans les chefs-lieux des Départements pour les éventuelles vérifications.
Enfin, je voudrais saluer, remercier les Autorités Administratives pour leur forte implication dans l’organisation des différentes rencontres apportant ainsi un précieux appui à la Mission .
Propos recueillis par MATO ADAMOU / ONEP DIFFA
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La COP 15 vient de se tenir à Abidjan en Côte d’ivoire. Quels sont les thèmes phares qui ont été débattus au cours de cette rencontre ?
Permettez-moi de prime abord, de vous remercier de l’occasion que vous m’offrez pour entretenir le grand public sur la COP15 de la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre Désertification (CNULCD). Je voudrais en profiter pour relever cette redondance pour dire que « COP » est une abréviation de l’expression anglaise « Conference Of Parties » en français « Conférence des Parties » en abrégé « CdP ». Le mot partie désigne tout pays ayant signé et ratifié la Convention. Le chiffre 15 indique le nombre de fois que la COP/CdP s’est tenue depuis la mise en œuvre de la Convention. Cela vaut la même chose pour les Conventions sur les Changements Climatiques, la Diversité Biologique et autres Accords Environnementaux Multilatéraux.
Ceci dit, pour vous répondre, l’une des premières questions à traiter lors d’une COP est le bilan de la mise en œuvre de la COP précédente, ensuite viennent d’autres sujets d’intérêts majeurs. Pour le cas présent, il s’agit entre autres des prochaines étapes pour faire progresser la neutralité en matière de dégradation des terres (NTD) en tant que solution importante pour le développement durable pour tous et dans le contexte de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes ; des sécheresses : l’évolution du programme de lutte contre la sécheresse de la CNULCD ; les outils de soutien technique et financier, cadres politiques/juridiques, collaboration interinstitutionnelle et orientations scientifiques et politiques ; du renforcement du lien entre la mise en œuvre de la Convention et les mesures visant à lutter contre les changements climatiques, la perte de biodiversité, la sécurité alimentaire, les liens entre zones urbaines et rurales, la création d’emplois et la consommation et la production durables ; des ressources notamment financières pour la préparation et la mise en œuvre de la Convention notamment les cadres stratégiques efficaces et efficients de lutte contre la désertification et les sécheresses ; du genre, particulièrement la feuille de route pour la mise en œuvre du plan d’action sur le genre de la Convention et la poursuite de l’intégration de la dimension de genre dans les activités de la désertification, la dégradation des terres et les sécheresses (DDTS) ; du régime foncier notamment les engagements volontaires à intégrer les considérations relatives au régime foncier dans les projets et plans de la DDTS en plus de la sensibilisation et l’orientation pour l’intégration des considérations foncières dans les activités de la DDTS ; des tempêtes de sable et de poussières tellement importants pour la santé, la sécurité alimentaire et nutritionnelle, etc., la mise au point d’outils et la collaboration pour lutter contre ces phénomènes à l’échelle nationale et régionale ; des voies pouvant faciliter davantage la participation des Organisation de la Société Civile (OSC) et le développement d’une stratégie jeunesse pour la mise en œuvre efficace de la Convention ; de la participation du secteur privé dans la mise en œuvre de la Convention : mise en œuvre continue de la stratégie du secteur privé ; de la promotion d’emplois décents liés à la terre; de la promotion de l’utilisation durable des terres et des chaînes de valeur.
Le Niger a marqué sa présence de manière significative à cette rencontre, avec notamment une allocution du Chef de l’Etat. Quelle importance revêt ce rendez-vous pour notre pays?
Ce rendez-vous revêt une telle importance pour notre pays qu’il a suscité le déplacement de Son Excellence Monsieur MOHAMED BAZOUM, Président de la République, Chef de l’Etat. Plus que nous, le Président de la république a décrit les enjeux pour notre pays dans son discours prononcé à Abidjan le 9 mai 2022 lors de la COP15. En effet, le Président de la république disait à l’occasion : « Le thème central de la COP15 à savoir « Terre. Vie. Héritage : de la rareté à la prospérité », appelle donc de notre part à plus d’engagement et de prise de conscience, pour adopter des modes de production et de consommation solidaires et durables afin de léguer aux générations futures des terres fécondes, productives et porteuses de vie. Mon vœu le plus ardent est de voir le présent Sommet proposer des solutions outillées en vue de donner plus de sens et de contenus opérationnels à la « Décennie de la Restauration des Ecosystèmes 2021-2030 » adoptée par les Nations Unies. L’Initiative de la Grande Muraille Verte, à cet égard est une opportunité pour contribuer efficacement à la réalisation des ambitions de la « Décennie de la Restauration des Ecosystèmes 2021-2030 » et de la Table Ronde de Paris de janvier 2021. A cet effet, j’encourage fortement la mutualisation des efforts de l’Agence de la Grande Muraille Verte et de la Commission Climat pour la Région du Sahel, que le Niger a l’honneur de présider, dans le cadre de la lutte contre la désertification, le changement climatique et de préservation de la biodiversité. »
La dégradation des terres est une préoccupation planétaire. Quel est l’ampleur de ce phénomène au Niger?
Effectivement la désertification, la dégradation des terres et les sécheresses demeurent une préoccupation planétaire. Ce sont des problèmes d’envergure mondiale aux dimensions naturelles et humaines qui menacent un tiers de la superficie des terres émergées du globe soit plus de 4 milliards d’hectares, et pourraient affecter les moyens de subsistance d’environ 1.2 milliard de personnes (soit 20% de la population mondiale) qui dépendent de la terre pour la plupart de leurs besoins et qui appartiennent aux classes sociales les plus pauvres et les plus vulnérables au monde.
On observe actuellement une tendance haussière de l’ampleur de la désertification avec presque 12 millions d’hectares qui sont perdus annuellement à travers le monde (ce qui correspond à 23 hectares chaque minute). Ce qui génère d’énormes pertes financières qui s’estiment à une valeur égale à 42 milliards de dollars américains par an. Aussi, on prévoit dans les décennies à venir la migration forcée de près de 200 millions de personnes sous les effets combinés de la dégradation des terres et les changements climatiques avec pour corollaire le déclenchement des rivalités et conflits ainsi que l’aggravation de l’insécurité.
C’est dans ce sillage que les débats se sont déroulés durant la COP 15 et se sont articulés autour du thème « Terres, vie et patrimoine : de la rareté à la prospérité », avec une attention particulière sur la lutte contre les sécheresses et la réhabilitation des terres dégradées.
Selon certaines données scientifiques, notre pays perd chaque année environ 100 000 hectares de terres cultivables. Cette perte est principalement causée par l’ampleur de la croissance démographique qui nécessite une augmentation sans cesse de la surface d’occupation du territoire conjuguée à d’autres phénomènes pernicieux comme la désertification, les sécheresses et les changements climatiques.
Quelles sont les solutions que la COP15 envisage pour remédier à ce problème de dégradation des terres?
En résumé la COP15 de la CNULD a adopté 38 décisions pour améliorer la résilience aux sécheresses, réduire la dégradation des terres et investir dans les efforts de restauration des terres. Plus spécifiquement, les parties se sont accordées à accélérer la restauration d’un milliard d’hectares de terres dégradées d’ici 2030 grâce à l’amélioration de la collecte, de la surveillance et de la communication des données ; à renforcer la résilience à la sécheresse en améliorant un nouveau modèle de partenariat pour les programmes d’investissement intégrés à grande échelle dans le paysage ; à améliorer les politiques nationales et l’alerte précoce, le suivi et l’évaluation, en particulier en ce qui concerne les tempêtes de sable et de poussière et la sécheresse ; à améliorer les efforts autour du renforcement des capacités, du partage des connaissances et des leçons, et de la coordination de ces efforts au niveau régional ; à établir un groupe de travail intergouvernemental sur la sécheresse pour 2022-2024 afin de soutenir le passage d’une gestion réactive à une gestion proactive de la sécheresse ; à améliorer la participation des femmes à la gestion des terres en garantissant un régime foncier sûr et en collectant des données ventilées par sexe sur les impacts de la désertification, de la dégradation des terres et de la sécheresse ; à élaborer des politiques visant à réduire l’impact et l’occurrence des tempêtes de sable et de poussières grâce à l’alerte précoce, à l’évaluation des risques et à la réduction des causes d’origine humaine ; à assurer de plus grandes synergies entre les trois Conventions de Rio, y compris des complémentarités dans la mise en œuvre de ces traités grâce à des solutions fondées sur la nature et à la définition d’objectifs au niveau national et à renforcer la participation des organisations de la société civile et des jeunes aux travaux et aux réunions de la CNULCD.
D’autre part, une Déclaration dite Initiative d’Abidjan a été adoptée lors du Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernements tenu le 9 mai. Cette Déclaration qui s’articule autour de quatre axes, vise à mobiliser 1,5 milliard de dollars américains sur cinq ans afin de lutter contre la déforestation, restaurer les forêts dégradées et promouvoir l’agroforesterie ; d’assurer la sécurité alimentaire par une intensification durable de la production alimentaire ; de rendre les chaînes de valeur existantes plus durables sans désertification et d’identifier de nouvelles chaînes de valeur résilientes au changement climatique.
Qu’est-ce qu’il faut faire au niveau local pour endiguer ce phénomène ?
Au plan national, le Niger a élaboré plusieurs documents de politique, stratégies, plans et programmes conformément aux Accords Multilatéraux sur l’Environnement (AME). Au niveau local, ces initiatives se traduisent par la mise en œuvre des programmes, projets et actions de développement, de la résilience socio environnementale à travers l’amélioration de la production agrosylvopastorale et halieutique et de restauration, de conservation et de sécurisation foncière des terres.
Pour être plus concret, le Président de la République, Son Excellence Monsieur MOHAMED BAZOUM a manifesté une forte volonté politique, a tracé le cap et fixé les indicateurs : planter 500 millions d’arbres chaque année et de restaurer 1 million d’hectares de terres dégradées, en vue de séquestrer 2,5 millions de Tonnes Equivalent Carbone.
Aussi, notre pays a signé la lettre politique en matière de Neutralité de la Dégradation des Terres (NDT) dans laquelle il s’engage à atteindre d’ici à 2030, la NDT, à réduire les superficies dégradées de 9% à 5% et augmenter de 17% à 19% la couverture végétale en vue d’améliorer de façon durable les conditions de vie des populations. De manière spécifique, il s’engage à restaurer 44% (4 440 000 ha) sur environ 10 760 000 ha de terres dégradées ; à réduire à 2% (252 000 ha) la superficie des terres cultivées présentant une tendance négative de productivité primaire nette ; à réduire de 1% (100 000 ha) à 0% le taux annuel de conversion des forêts/savanes/zones humides en d’autres types d’occupation ; à mettre un terme à l’ensablement et l’érosion hydrique (ravinement) le long du fleuve Niger ; à séquestrer 292 000 tonnes de carbone dans le sol et/ou la biomasse par les bonnes pratiques agro-forestières (brise vent, haies vives, régénération naturelle assistée, banque fourragère, banque alimentaire, etc.).
Par Oumarou Moussa(onep)
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Depuis juillet 2018, vous présidez aux destins du Réseau Africain des Institutions et Fonds de Formation Professionnelle (RAFPRO). Quel est son but et de quels moyens d’action dispose-t-il ?
Il faut d’abord rappeler que le RAFPRO a vu le jour en 2006 à Cotonou suite à la volonté de certains pays, appuyés par le Bureau international du travail, de se mettre ensemble pour échanger sur la question de la formation professionnelle. Mon élection en 2018 comme président de ce réseau, faut-il le rappeler, est intervenue alors que j’étais à la tête du FAFPA-Niger depuis 2014.Ceux qui connaissent un peu le Fonds à l’époque savaient qu’il était embryonnaire et qu’il fallait mettre toutes les soupapes en marche pour qu’il soit un Fonds digne de ce nom. C’est ce bond que le FAFPA a connu au Niger qui a émerveillé les autres pays membres de ce réseau, des pays francophones d’Afrique centrale et occidentale, qui ont jugé utile de chercher quelqu’un qui a une expérience et qui a eu des résultats dans son pays, de me proposer pour la candidature à la présidence du réseau. Et c’est ainsi qu’en juillet 2018 à Dakar, j’ai été élu avec une majorité écrasante président du réseau pour la première fois.
Très rapidement, nous nous sommes mis au travail avec les différents acteurs, c’est à dire les fonds et institutions membres du RAFPRO, les partenaires techniques et financiers, et les employeurs privés qui sont les acteurs locaux. On a fait en sorte que tous les acteurs se retrouvent autour de la question de la formation professionnelle et de l’employabilité des jeunes. Ainsi, pour la première fois au niveau du réseau, nous avons mis en place en 2018 un plan stratégique pour le développement de la formation professionnelle des pays membres, mais aussi des outils qui permettent d’assurer le développement dans les pays membres.
En plus de tout cela, il y’a eu aussi la création d’une filière au sein du RAFPRO pour la formation des conseillers en formation parce que, dans tout ce que nous faisons, tant que le capital humain n’est pas à la hauteur de la tâche, alors nous ne pouvons pas avoir des résultats. C’est grâce à tous ces aspects que notre premier mandat a connu des résultats positifs et des succès, et c’est aussi à cause de cela qu’en 2021 à Cotonou, les autres pays m’ont renouvelé leur confiance en me choisissant pour un deuxième mandat de 3 ans comme président du RAFPRO.
A la suite de votre élection à la tête de cette structure panafricaine, plusieurs séances de formations sous régionales ont été réalisées. Peut-on dire que le RAFPRO est désormais opérationnel et que cela va s’inscrire dans la durée ?
Il est opérationnel dans la mesure où, aujourd’hui, nous avons au sein de ce réseau un groupe d’experts de la formation professionnelle qui se retrouvent régulièrement pour travailler, y compris à distance, pour élaborer certains outils qui visent un meilleur développement de la formation professionnelle dans nos pays. C’est ce qui a fait encore que plusieurs partenaires techniques et financiers nous ont rejoint, surtout lors de notre dernière rencontre de Sali au Sénégal, pour que nous discutions ensemble des modes alternatifs de financement de la formation professionnelle. Il est vrai que nos Etats, pris individuellement, ne peuvent pas prendre en charge à eux seuls la question du financement de la formation professionnelle qui coûte excessivement chère. Ce mode alternatif de financement doit être accompagné par de bonnes stratégies. C’est devenu une réalité aujourd’hui, le réseau des Fonds est en train de faire un travail gigantesque et il y’a déjà des partenaires qui se sont annoncés, comme la coopération Suisse et l’UEMOA, à agir au sein du RAFPRO pour soutenir la question de l’employabilité de la jeunesse africaine.
Concrètement, quel rôle joue le Réseau Africain des Institutions et Fonds de Formation Professionnelle dans le paysage de l’employabilité des jeunes du continent ?
Pour répondre aux exigences de ce monde en perpétuel changement, il y’a d’abord l’élaboration d’outils innovants dans le cadre de la gestion de la formation professionnelle, surtout que suite à la pandémie de COVID-19, nos pays se sont retrouvés isolées et bloqués. Il fallait donc s’adapter rapidement et mettre en place un autre dispositif de suivi de la formation professionnelle. C’est ainsi que le RAFPRO et les partenaires techniques qui l’accompagnent ont opté pour une dynamique de la digitalisation du réseau lui-même, et de la digitalisation de la formation professionnelle.
Un deuxième défi au niveau du RAFPRO qui va toujours dans ce même sens, c’est d’écraser les frontières au niveau continental quand on parle de la formation professionnelle. Il faut que le même plombier qu’il y’a à Brazzaville et le même plombier qu’il y’a à Niamey ou bien à Ouaga, que ce soit les mêmes rudiments qu’ils utilisent pour être formés afin d’avoir les mêmes compétences et il suffit à ce niveau de faire en sorte que le RAFPRO joue son rôle. Un autre aspect qu’il faut valoriser davantage est la mobilisation des ressources. De façon individuelle, il serait très difficile pour nos pays de mobiliser assez de ressources pour la question de la formation professionnelle surtout, et de l’employabilité des jeunes en particulier. C’est aussi parce qu’il n’y a pas une synergie d’actions que l’Afrique n’arrive pas à donner des réponses précises à la question de l’émigration.Mais avec des structures sous régionales ou bien régionales comme le RAFPRO, nous sommes aujourd’hui à même de dire qu’il y’a des partenaires qui sont en train de soutenir le réseau pour que des réponses précises soient apportées au problème de l’émigration et à celui de l’employabilité des jeunes parce que seule la formation professionnelle peut donner des solutions adéquates à ces problèmes.
Le RAFPRO tient à partir de ce mercredi 25 mai à Niamey les travaux de sa 13ème Assemblée Générale ordinaire. Est-ce l’occasion tant attendue d’appeler à la mobilisation générale des dirigeants des pays membres autour de la thématique de la formation professionnelle sur le continent ?
Le choix de ce thème que nous avons retenu pour la 13ème assemblée générale du réseau n’est pas fortuit car il faut d’abord voir en cela l’objectif de l’employabilité de la jeunesse. C’est faire aussi le lien direct Formation-emplois des jeunes-insertion des jeunes. Cette thématique est aujourd’hui générale à tous les pays d’Afrique qui sont membres du réseau, et aussi à ceux qui sont entrain de rejoindre le réseau comme Madagascar et le Cap-Vert qui vont se prononcer officiellement à Niamey.
C’est l’occasion aussi de faire en sorte que les dirigeants africains prennent à bras le corps ce problème puisque les Fonds des pays membres sont des structures généralement étatiques, mais qui ont un fort lien avec les structures privées avec lesquelles nous développons un véritable partenariat public-privé à l’intérieur du réseau. Et, on ne peut pas faire un bon partenariat public-privé tant que les dirigeants ne sont pas associés. C’est l’occasion pour nous de lancer cet appel pour que tous nos dirigeants africains parlent d’une même voix et accompagnent les Fonds membres de ce réseau pour une meilleure solution en faveur de la jeunesse en Afrique.
En votre qualité de président du RAFPRO, quelle vision avez-vous pour l’Afrique dans ce secteur ?
La vision est partagée puisque nous avons des objectifs qui sont bien connus compte tenu de l’évolution de la technologie, du contexte actuel de pandémie et du contexte sécuritaire dans certains pays membres. Tout cela nous impose de nous adapter.
Le grand défi, c’est de faire en sorte que, dans le cadre des perspectives et quelle qu’en soit la situation, nos pays continuent à s’occuper de cette jeunesse qui en a tant besoin. Il y’a aujourd’hui des jeunes qui ont des diplômes et qui ne savent pas quoi faire, tout comme il y’a des jeunes qui n’ont pas été à l’école et d’autres qui sont déscolarisés. La seule solution à portée de main, c’est le développement des compétences qui permettra à chaque jeune de se prendre en charge lui-même, de prendre en charge une partie de la communauté et d’être utile pour son pays. C’est cela la réponse qu’il faut et c’est pour cela que nous disons au RAFPRO que le développement est une affaire de compétence.
C’est donc donner de l’espoir aux jeunes pour les maintenir dans leurs terroirs et leur permettre d’exploiter leurs compétences individuelles ?
Tout à fait! Il y’a assez d’opportunité dans nos pays, des gites de développement qui n’attendent que d’être exploités et on ne peut le faire qu’en ayant la volonté. Aujourd’hui, vous avez beau chercher à faire du bien dans un pays ou à une classe de la jeunesse, tant que la volonté n’y est pas, ça ne peut pas aboutir. C’est pour cela que nous continuons dans notre démarche, dans notre plaidoyer, dans notre sensibilisation, de faire en sorte que les jeunes viennent avec nous pour prendre le relais du développement de nos différents pays. C’est ça la réponse qu’il faut pour la jeunesse de notre chère Afrique.
Par Souleymane Yahaya(onep)
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Monsieur le Secrétaire Général, veuillez nous présenter votre fédération à travers notamment sa vision, ses objectifs et ses domaines d’intervention ?
Je vous remercie tous d’abord de l’attention accordée à la Fédération Nigérienne des Sports pour Sourds et Malentendants (FENISSOM). C’est un grand plaisir pour moi de parler ici de la Fédération Nigérienne des Sports Pour Sourds et Malentendants (FENISSOM). Notre fédération a vu le jour le 13 août 2020. C’était au départ une Association Sportive pour Sourds du Niger (ASSN) créée en 2004 et transformée en fédération, à l’image de la Fédération Nigérienne des Sports pour Personnes Handicapées (FENISPHA) la structure faitière principale. Elle a pour mission l’organisation, la promotion et le développement de la pratique du sport adapté pour les personnes sourdes et malentendantes au Niger. Sa vision est de faire du sport un outil de développement et de lutte contre le chômage et la pauvreté au profit des personnes sourdes et malentendantes au Niger.
La FENISSOM s’est fixée comme objectif le contrôle de la pratique sportive des structures affiliées ; l’animation des structures chargées de son encadrement (Clubs, Districts, Ligues) et la lutte contre la discrimination raciale, ethnique, religieuse et celle liée au genre. A cet égard, elle intervient dans tous les domaines et activités sportifs concernant les personnes handicapées en général et les personnes sourdes et malentendantes en particulier.
Qu’est-ce qui a motivé la création de cette fédération ?
Plusieurs raisons ont motivé la création de la FENISSOM. D’abord il y’a la volonté de développer plusieurs types de sports chez les personnes sourdes au Niger. Avant la transformation de l’ASSN et FENISSOM, nous disposons de quatre clubs (4) sportifs en football, en taekwondo, en athlétisme (course de vitesse, endurance) et en basketball. Par manque d’encadrement et d’appui technique, certains clubs ont été contraints de disparaitre à l’exception du football et du taekwondo.
Ensuite, il y’a la volonté des sourds de participer à l’image des autres fédérations et associations sportives à accompagner et soutenir les actions gouvernementales en matière de pratique sportive adaptée aux besoins de personnes handicapées car la pratique du sport de qualité constitue une des priorités du gouvernement.
Et enfin, il y’a la volonté de créer de clubs sportifs incluant le genre (homme et femme), car nous sommes convaincus que nous serons en mesure de contribuer au développement du pays grâce à notre participation. On peut par exemple représenter le pays à des rencontres sportives nationales et internationales de haut niveau.
Quels sont vos rapports avec les autres structures sportives des personnes handicapées et avec les autres fédérations sportives ?
On peut dire, qu’au Niger nous sommes regroupés autour d’une seule fédération, la FENISPHA et qui contrôle et accompagne toutes les fédérations sportives pour personnes handicapées. La FENISSOM a déjà son affiliation à l’Union sportives des Sourds de l’Afrique de l’Ouest (USSAO). Actuellement, nous sommes en train de nous préparer pour nous affilier au Comité National Paralympique, à la Confédération Africaine de Sports Paralympiques, à la Fédération Internationale du Sport pour Sourds et à toute autre organisation ou Fédération poursuivant les mêmes buts.
Votre fédération projette d’organiser une activité de football pour sourds. Pouvez-vous nous dire plus sur cette activité ?
La FENISSOM projette d’organiser la 1ère édition du tournoi interrégional des sourds du Niger qui se tiendra du 17 au 21 de ce mois à Niamey. C’est un championnat jamais organisé depuis la création de l’ASSN et sa transformation en FENISSOM. Ce championnat sera l’occasion pour les équipes des 8 régions du pays de se rencontrer sur un même terrain pour discuter la coupe nationale prévue à cet effet. Un comité technique sélectif sera mis en place pour sélectionner les meilleurs joueurs et monter l’équipe nationale représentative du Niger aux compétitions nationales et internationales.
Qu’est-ce qui a motivé cette initiative ?
L’idée est née du souci de recadrer les contextes de la pratique du sport des personnes handicapées en général et les personnes sourdes et malentendantes en particulier ainsi que les attributions des fédérations Sportives au Niger. Aussi, la Fédération Nigérienne des Sports pour Sourds et malentendants (FENISSOM), principal levier de développement du sport pour sourds et malentendants au Niger, a initié un championnat National de jeunes sourds dénommé : «Tournoi interrégional des Sourds du Niger ».
Ce Championnat a pour but de favoriser le brasage des jeunes sourds, sans distinction de race, de genre, de religion ni d’appartenance politique en s’attelant à relever les défis tels que la création d’une équipe nationale ; l’autofinancement et la pérennisation des compétitions de jeunes sourds ; la détection des talents, l’aiguillage et le suivi des jeunes qui se distinguent au football d’élite.
Avez-vous déjà réalisé d’autres activités ? Quelle appréciation faites-vous de l’intérêt accordé à ces activités sportives par les concernés ?
La Fédération Nigérienne des Sports Pour Sourds et Malentendants a auparavant mené des multiples activités qui l’ont amené à l’extérieur du pays (Ghana, Mali, Mauritanie, Côte d’Ivoire et au Burkina Faso). On s’en félicite de ces efforts. Cette fédération a des représentations (ligues) dans toutes les huit (08) régions du pays. Ce qui donne à cette fédération une assise nationale.
Quel est l’avantage de la pratique sportive pour les sourds ?
Les actions des mouvements des clubs des jeunes sont aujourd’hui considérées comme un outil concret de médiation sociale. L’activité sportive est un moyen pour la dynamisation, l’épanouissement, la socialisation et la promotion des jeunes sourds. Elle est un facteur de développement. Le sport peut être un atout politique d’insertion sociale. En effet, l’impact du sport est grand auprès du public. Le sport est un moyen de contact avec les jeunes et notamment des publics défavorisés. Outil irremplaçable de prévention et de socialisation, il est l’occasion de renouer un dialogue quelquefois rompu.
Quelles sont vos ambitions au niveau de la FENISSOM ?
Nos ambitions sont multiples. On ne peut que citer quelques-unes : d’abord après la mise en place de l’équipe nationale nos projets se focaliseront sur les autres clubs. Cela nous permettra d’avoir dans chaque catégorie des clubs, une équipe nationale et la FENISSOM se voit doter d’un siège et d’une subvention de fonctionnement. Ce qui nous permettra d’attirer des partenaires techniques et financiers.
Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous-êtes confrontés ?
Comme toutes les fédérations et associations, la FENISSOM est confrontée à d’énormes difficultés. Son caractère à but non lucratif fait que la FENISSOM ne dispose pas de fonds de fonctionnement. Ce qui fait qu’on se penche sur le Ministère de la Jeunesse et du Sport (MJ/S) pour nous appuyer dans la mise en œuvre de nos activités. Le manque d’accompagnement technique, financier et matériel, l’impossibilité de participer aux activités sportives de grande envergure sont parmi les principales difficultés auxquelles la FENISSOM est confrontée.
Monsieur le Secrétaire Général avez-vous un appel à lancer ?
Je lance un appel à l’Etat et aux partenaires techniques et financiers de se mobiliser pour faire du sport des personnes handicapées en général et des personnes sourdes en particulier une référence dans les mouvements sportifs au Niger et à faire preuve de disponibilité à l’égard des fédérations de sports pour personnes handicapées.
Réalisé par Ali Maman(onep)
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M. le Président, quelles sont les missions dévolues au Conseil régional d’Agadez ?
Les missions dévolues aux collectivités territoriales en général et à la région d’Agadez en particulier découlent des dispositions de l’article 5 du Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT) en ces termes : ‘‘la commune et la région règlent par délibération les affaires relevant de leurs compétences’’. ‘‘Elles ont pour mission la conception, la programmation et la mise en œuvre des actions de développement économique, éducatif, social et culturel d’intérêt communal et régional. Elles concourent avec l’Etat à l’administration et à l’aménagement du territoire, au développement économique, social et culturel ainsi qu’à la protection de l’environnement, à la mise en valeur des ressources naturelles et à l’amélioration du cadre de vie’’. Toutefois, ‘‘les collectivités territoriales exercent leurs compétences sous le contrôle de l’Etat, dans le respect des lois et règlements en vigueur ». En outre, elles « exercent leurs compétences dans le respect des sujétions imposées pour les besoins de la défense nationale’’. A cet égard, ‘‘l’Etat dispose, en tant que de besoin, des services des communes et régions, de leurs groupements et de leurs établissements publics’’. Par ailleurs, dans l’exercice de ces missions, ‘‘les actes pris par les autorités des collectivités territoriales sont susceptibles de recours pour excès de pouvoir devant le juge administratif’’ d’une part et ‘‘sont susceptibles d’engager la responsabilité de la collectivité’’, d’autre part. L’article 104 du CGCT, consacré aux compétences générales de la région collectivité territoriale, dispose que «le Conseil régional règle par ses délibérations les affaires de la région, dans le respect des compétences des autres collectivités territoriales. A cet effet, il prend les mesures nécessaires pour promouvoir le développement économique, social, éducatif, sanitaire, scientifique, culturel et sportif de la région. Il peut, en outre, faire des propositions et émettre des avis sur toutes les questions d’intérêt régional relevant de la compétence de l’Etat ou de toute autre personne morale de droit public».
Parlez-nous du transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux régions collectivités territoriales. Est-ce que tout se passe bien ?
En effet, c’est le Décret N°2016-075 /PRN/ MISP/D/ACR/ MEP/A/PLN/EC /MH/A/ MESU/DD/ MSP/ ME/F/ MEP/T/ MFP/RA, du 26 Janvier 2016, qui a précisé le transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux régions collectivités territoriales dans les domaines de l’Education, de la Santé, de l’Hydraulique et de l’Environnement. Disons-le directement, même si l’Etat fait des gros efforts pour nous accompagner, nous faisons face à de nombreuses contraintes liées au fonctionnement des Conseils Régionaux.
« Les enjeux ici sont pour nous la promotion d’un développement régional inclusif et équilibré pour la satisfaction des besoins de la population »
Quelles sont ces contraintes pour le Conseil régional d’Agadez ?
Pour celui d’Agadez, ces contraintes sont, entre autres: l’insuffisance des ressources humaines, matérielles, logistiques et financières ; les insuffisances liées au transfert de compétences et des ressources ; l’irrégularité dans le versement de la dotation globale de fonctionnement et d’équipement à la région collectivité territoriale ; le faible niveau de mobilisation des ressources internes et externes par le Conseil Régional ; la faible rétrocession par l’Etat de certains impôts et taxes dus au Conseil Régional ; l’accaparement de la maitrise d’ouvrage du développement régional et local par les représentants de l’Etat et leurs démembrements tant au niveau national que régional et local ; la non prise en compte voire l’exclusion du Conseil Régional des procédures de signature des protocoles de mise en exécution (PME) des programmes et projets, des Organisations Non Gouvernementales (ONG) et Associations de Développement (AD) est un sérieux handicap pour nous; l’irrégularité de la tenue des sessions et des réunions des commissions spécialisées du Conseil Régional; l’inexistence d’un dispositif adéquat de suivi et d’évaluation du plan et programmes du Conseil régional ; faible mise en œuvre du plan de communication du Conseil Régional ; les difficultés dans la coordination des interventions des partenaires techniques et financiers; l’insuffisance dans la maitrise par le personnel et les élus du Conseil régional, des compétences et missions à eux dévolues ; insuffisance dans la définition du cahier des charges du personnel ; insuffisance dans la gestion du matériel et de la logistique; insuffisance des ressources pour les divers cadres thématiques de concertation ; faible écoute à tous les niveaux des recommandations émises par le Conseil Régional ; faible consultation du Conseil Régional par les représentants de l’Etat sur les questions touchant à la vie de la région conformément à la loi ; insuffisance du partenariat avec les Communes, les Sociétés d’Etat publiques, parapubliques et privées ; l’absence de certains outils de planification et d’Aménagement du Territoire tels que le Schéma régional d’Aménagement du Territoire (SRAT) et le Schéma d’Aménagement Foncier (SAF).
La région d’Agadez est réputée être une région minière. Quel est l’apport de ce secteur au développement ?
La région d’Agadez renferme d’énormes potentialités minières et géologiques, dont la mise en valeur rationnelle pourrait constituer un atout important pour le développement durable du Niger en général et de la région en particulier. Les ressources minières sont légion dans la région comme l’uranium, l’or, le charbon minéral, le tungstène, le pétrole, l’étain, le cuivre, le sel, le natron, les pierres et métaux précieux et semi précieux notamment l’émeraude, la tourmaline, le grenat, l’agate, le béryl, la topaze, le vanadium, le wolfram ou wolframite, le zirconium, la barytine, l’améthyste, le colombo-tantalite, le tantale, le marbre, le quartz, etc. La production de l’uranium et du charbon est très forte, plaçant ainsi la région comme un des poumons industriels du Niger. Mais il faut citer comme difficultés liées à ce secteur la non maitrise par l’Etat et les collectivités territoriales du potentiel existant ; la méconnaissance du code minier par les populations; l’absence de transparence dans l’extraction, l’exploitation et l’exploration des sites miniers ; la non-implication des Collectivités dans la délivrance et la gestion des permis miniers ; le non-respect des lois et règlements par l’Etat et ses partenaires du sous-secteur minier ; la faible capacité de la population et des collectivités territoriales à exploiter de façon rationnelle les potentialités existantes ; la faible organisation des artisans miniers ; l’absence d’un laboratoire d’analyse ; l’absence d’un marché structuré national et sous régional ; la réduction des espaces pastoraux due à l’octroi de permis miniers ; la violation des espaces de réserves naturelles par les exploitations minières. Mais malgré tout, nous voulons relever les défis de créer les conditions de la promotion d’un développement économique et social inclusif à l’échelle de la région ; d’avoir une institution décentralisée fonctionnelle et performante; et de créer les conditions d’une meilleure application des dispositions de la décentralisation et de la déconcentration par tous les acteurs. Les enjeux ici sont pour nous la promotion d’un développement régional inclusif et équilibré pour la satisfaction des besoins de la population de la région mais aussi l’implication et l’alignement des partenaires dans la mise en œuvre du Plan de Développement Régional PDR.
Quelles sont alors pour vous les pistes de solutions pour gagner le pari du développement ?
Pour gagner ce pari du développement comme vous le dites, il faut que soient respectés les principes de redevabilité, de reddition des comptes, la promotion de la transparence et l’équité; renforcer les capacités du personnel et des élus du Conseil régional sur ses compétences et ses missions ; élaborer et mettre en œuvre une stratégie régionale de mobilisation des ressources ; élaborer un manuel de procédure de gestion administrative et financière ; élaborer et mettre en œuvre une stratégie de communication. A notre humble avis, il faut doter l’institution en ressources humaines, matérielles, logistiques suffisantes; assurer un plaidoyer auprès des Ministères Techniques pour l’effectivité du transfert de compétences et des ressources; de respecter les échéances dans le versement de la dotation globale de fonctionnement et d’équipement à la région collectivité territoriale; assurer un plaidoyer auprès des Ministères Techniques pour l’effectivité de la maitrise d’ouvrage du développement régional et local par le Conseil Régional. Il faut aussi réviser les dispositions de l’arrêté relatif à la signature des protocoles de mise en exécution (PME) des programmes et projets, des Organisations Non Gouvernementales (ONG) et Associations de Développement (AD) pour prendre en compte le Conseil régional dans sa compétence territoriale. Pour être en phase avec les textes, faire en sorte que se tiennent régulièrement les sessions et les réunions des commissions spécialisées du Conseil Régional; élaborer et présenter annuellement la situation socioéconomique de la région aux populations. Il nous faut voir comment concevoir et mettre en œuvre un dispositif adéquat de suivi et d’évaluation des plans et programmes de la région; définir de façon claire le cahier de charges pour chaque poste de responsabilité du Conseil Régional, conformément au statut du personnel des Collectivités Territoriales ; de créer un mécanisme adéquat de gestion du matériel et de la logistique du Conseil Régional; appuyer les divers cadres thématiques de concertation en ressources humaines, matérielles et financières suffisantes. Développer le partenariat avec les Communes, les Sociétés d’Etat publiques, parapubliques et privées. Et voir comment doter la région d’outils de Planification et d’Aménagement du Territoire tels que le Schéma Régional d’Aménagement du Territoire (SRAT) et le Schéma d’Aménagement Foncier (SAF). Voilà à mon avis quelques pistes de solutions pour parler véritablement de développement sur le plan régional.
Rien de grand ne peut se construire sans sécurité dit-on, qu’en est-il de la région d’Agadez ?
S’agissant de la paix et de la sécurité, elles constituent des préalables nécessaires à toute action de développement, à quelque échelle territoriale que ce soit. L’insécurité et l’absence de paix sont en effet des facteurs limitant toute action de développement.
Dans la région d’Agadez, des efforts remarquables et forts louables ont été fournis, aussi bien par l’Etat, les partenaires, que par les autorités régionales, départementales et locales, en vue de consolider la paix et de renforcer la stabilité sur toute l’étendue du territoire régional. Ces efforts ont été surtout renforcés du fait de la décentralisation qui a permis une responsabilisation des populations à travers la gestion par des élus locaux des entités décentralisées. Toutes les mesures ainsi prises doivent être poursuivies pour renforcer davantage le climat de quiétude sociale dans la région, malgré un environnement sahélo-saharien fortement perturbé.
D’aucuns indexent la migration comme un facteur d’insécurité ! Qu’en pensez-vous ?
Non, peut-être, juste relever que la migration mixte demeure une préoccupation importante dans le schéma de développement de la région. Elle concourt à la création des déséquilibres en matière de gestion et de planification tant des populations que des infrastructures et de l’accès aux services sociaux de base. Si elle a constitué ailleurs une source de progrès, dans le contexte d’Agadez elle génère plus de conséquences qu’elle n’offre d’opportunités. En effet, malgré les appuis de la coopération internationale, notamment de l’Union Européenne et les mesures règlementaires prises par l’Etat, la gestion des conséquences de la migration mixte reste une préoccupation majeure en dépit du caractère résilient de la région. S’agissant du phénomène migratoire, la région d’Agadez est devenue un corridor pour les candidats à la migration, ressortissants des régions ouest africaines et du centre désirant rejoindre l’Europe. A cette migration internationale de transit s’ajoutent diverses formes de migrations dont les plus importantes sont la migration circulaire, la migration interne, la transhumance, les réfugiés et les demandeurs d’asile. Ceci pose des défis et enjeux à la fois aux administrations en charge de la gestion des flux migratoires et aux populations locales. Ces dernières en particulier sont appelées à partager les infrastructures de base avec les migrants, ce qui occasionne des pressions énormes sur les services et infrastructures dont le rythme de dégradation est accéléré avant le terme raisonnablement prévu. C’est pourquoi, ces mouvements migratoires doivent être largement maîtrisés et bien contrôlés. D’où sa justification dans la formulation de cet axe. Aussi, la question de la consolidation de la paix et la création des meilleures conditions de sécurité sont des défis majeurs dont la région fait face et qui constituent les conditions sine qua none pour l’amorce de tout développement. Compte tenu du contexte géopolitique actuel et des menaces sur la stabilité dans le sahel, la prise en compte de cette préoccupation en lien avec la gouvernance comme premier axe stratégique est justifiée.
M. le Président, quelles sont les missions dévolues au Conseil régional d’Agadez ?
Les missions dévolues aux collectivités territoriales en général et à la région d’Agadez en particulier découlent des dispositions de l’article 5 du Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT) en ces termes : ‘‘la commune et la région règlent par délibération les affaires relevant de leurs compétences’’. ‘‘Elles ont pour mission la conception, la programmation et la mise en œuvre des actions de développement économique, éducatif, social et culturel d’intérêt communal et régional. Elles concourent avec l’Etat à l’administration et à l’aménagement du territoire, au développement économique, social et culturel ainsi qu’à la protection de l’environnement, à la mise en valeur des ressources naturelles et à l’amélioration du cadre de vie’’. Toutefois, ‘‘les collectivités territoriales exercent leurs compétences sous le contrôle de l’Etat, dans le respect des lois et règlements en vigueur ». En outre, elles « exercent leurs compétences dans le respect des sujétions imposées pour les besoins de la défense nationale’’. A cet égard, ‘‘l’Etat dispose, en tant que de besoin, des services des communes et régions, de leurs groupements et de leurs établissements publics’’. Par ailleurs, dans l’exercice de ces missions, ‘‘les actes pris par les autorités des collectivités territoriales sont susceptibles de recours pour excès de pouvoir devant le juge administratif’’ d’une part et ‘‘sont susceptibles d’engager la responsabilité de la collectivité’’, d’autre part. L’article 104 du CGCT, consacré aux compétences générales de la région collectivité territoriale, dispose que «le Conseil régional règle par ses délibérations les affaires de la région, dans le respect des compétences des autres collectivités territoriales. A cet effet, il prend les mesures nécessaires pour promouvoir le développement économique, social, éducatif, sanitaire, scientifique, culturel et sportif de la région. Il peut, en outre, faire des propositions et émettre des avis sur toutes les questions d’intérêt régional relevant de la compétence de l’Etat ou de toute autre personne morale de droit public».
Parlez-nous du transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux régions collectivités territoriales. Est-ce que tout se passe bien ?
En effet, c’est le Décret N°2016-075 /PRN/ MISP/D/ACR/ MEP/A/PLN/EC /MH/A/ MESU/DD/ MSP/ ME/F/ MEP/T/ MFP/RA, du 26 Janvier 2016, qui a précisé le transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux régions collectivités territoriales dans les domaines de l’Education, de la Santé, de l’Hydraulique et de l’Environnement. Disons-le directement, même si l’Etat fait des gros efforts pour nous accompagner, nous faisons face à de nombreuses contraintes liées au fonctionnement des Conseils Régionaux.
Quelles sont ces contraintes pour le Conseil régional d’Agadez ?
Pour celui d’Agadez, ces contraintes sont, entre autres: l’insuffisance des ressources humaines, matérielles, logistiques et financières ; les insuffisances liées au transfert de compétences et des ressources ; l’irrégularité dans le versement de la dotation globale de fonctionnement et d’équipement à la région collectivité territoriale ; le faible niveau de mobilisation des ressources internes et externes par le Conseil Régional ; la faible rétrocession par l’Etat de certains impôts et taxes dus au Conseil Régional ; l’accaparement de la maitrise d’ouvrage du développement régional et local par les représentants de l’Etat et leurs démembrements tant au niveau national que régional et local ; la non prise en compte voire l’exclusion du Conseil Régional des procédures de signature des protocoles de mise en exécution (PME) des programmes et projets, des Organisations Non Gouvernementales (ONG) et Associations de Développement (AD) est un sérieux handicap pour nous; l’irrégularité de la tenue des sessions et des réunions des commissions spécialisées du Conseil Régional; l’inexistence d’un dispositif adéquat de suivi et d’évaluation du plan et programmes du Conseil régional ; faible mise en œuvre du plan de communication du Conseil Régional ; les difficultés dans la coordination des interventions des partenaires techniques et financiers; l’insuffisance dans la maitrise par le personnel et les élus du Conseil régional, des compétences et missions à eux dévolues ; insuffisance dans la définition du cahier des charges du personnel ; insuffisance dans la gestion du matériel et de la logistique; insuffisance des ressources pour les divers cadres thématiques de concertation ; faible écoute à tous les niveaux des recommandations émises par le Conseil Régional ; faible consultation du Conseil Régional par les représentants de l’Etat sur les questions touchant à la vie de la région conformément à la loi ; insuffisance du partenariat avec les Communes, les Sociétés d’Etat publiques, parapubliques et privées ; l’absence de certains outils de planification et d’Aménagement du Territoire tels que le Schéma régional d’Aménagement du Territoire (SRAT) et le Schéma d’Aménagement Foncier (SAF).
La région d’Agadez est réputée être une région minière. Quel est l’apport de ce secteur au développement ?
La région d’Agadez renferme d’énormes potentialités minières et géologiques, dont la mise en valeur rationnelle pourrait constituer un atout important pour le développement durable du Niger en général et de la région en particulier. Les ressources minières sont légion dans la région comme l’uranium, l’or, le charbon minéral, le tungstène, le pétrole, l’étain, le cuivre, le sel, le natron, les pierres et métaux précieux et semi précieux notamment l’émeraude, la tourmaline, le grenat, l’agate, le béryl, la topaze, le vanadium, le wolfram ou wolframite, le zirconium, la barytine, l’améthyste, le colombo-tantalite, le tantale, le marbre, le quartz, etc. La production de l’uranium et du charbon est très forte, plaçant ainsi la région comme un des poumons industriels du Niger. Mais il faut citer comme difficultés liées à ce secteur la non maitrise par l’Etat et les collectivités territoriales du potentiel existant ; la méconnaissance du code minier par les populations; l’absence de transparence dans l’extraction, l’exploitation et l’exploration des sites miniers ; la non-implication des Collectivités dans la délivrance et la gestion des permis miniers ; le non-respect des lois et règlements par l’Etat et ses partenaires du sous-secteur minier ; la faible capacité de la population et des collectivités territoriales à exploiter de façon rationnelle les potentialités existantes ; la faible organisation des artisans miniers ; l’absence d’un laboratoire d’analyse ; l’absence d’un marché structuré national et sous régional ; la réduction des espaces pastoraux due à l’octroi de permis miniers ; la violation des espaces de réserves naturelles par les exploitations minières. Mais malgré tout, nous voulons relever les défis de créer les conditions de la promotion d’un développement économique et social inclusif à l’échelle de la région ; d’avoir une institution décentralisée fonctionnelle et performante; et de créer les conditions d’une meilleure application des dispositions de la décentralisation et de la déconcentration par tous les acteurs. Les enjeux ici sont pour nous la promotion d’un développement régional inclusif et équilibré pour la satisfaction des besoins de la population de la région mais aussi l’implication et l’alignement des partenaires dans la mise en œuvre du Plan de Développement Régional PDR.
Quelles sont alors pour vous les pistes de solutions pour gagner le pari du développement ?
Pour gagner ce pari du développement comme vous le dites, il faut que soient respectés les principes de redevabilité, de reddition des comptes, la promotion de la transparence et l’équité; renforcer les capacités du personnel et des élus du Conseil régional sur ses compétences et ses missions ; élaborer et mettre en œuvre une stratégie régionale de mobilisation des ressources ; élaborer un manuel de procédure de gestion administrative et financière ; élaborer et mettre en œuvre une stratégie de communication. A notre humble avis, il faut doter l’institution en ressources humaines, matérielles, logistiques suffisantes; assurer un plaidoyer auprès des Ministères Techniques pour l’effectivité du transfert de compétences et des ressources; de respecter les échéances dans le versement de la dotation globale de fonctionnement et d’équipement à la région collectivité territoriale; assurer un plaidoyer auprès des Ministères Techniques pour l’effectivité de la maitrise d’ouvrage du développement régional et local par le Conseil Régional. Il faut aussi réviser les dispositions de l’arrêté relatif à la signature des protocoles de mise en exécution (PME) des programmes et projets, des Organisations Non Gouvernementales (ONG) et Associations de Développement (AD) pour prendre en compte le Conseil régional dans sa compétence territoriale. Pour être en phase avec les textes, faire en sorte que se tiennent régulièrement les sessions et les réunions des commissions spécialisées du Conseil Régional; élaborer et présenter annuellement la situation socioéconomique de la région aux populations. Il nous faut voir comment concevoir et mettre en œuvre un dispositif adéquat de suivi et d’évaluation des plans et programmes de la région; définir de façon claire le cahier de charges pour chaque poste de responsabilité du Conseil Régional, conformément au statut du personnel des Collectivités Territoriales ; de créer un mécanisme adéquat de gestion du matériel et de la logistique du Conseil Régional; appuyer les divers cadres thématiques de concertation en ressources humaines, matérielles et financières suffisantes. Développer le partenariat avec les Communes, les Sociétés d’Etat publiques, parapubliques et privées. Et voir comment doter la région d’outils de Planification et d’Aménagement du Territoire tels que le Schéma Régional d’Aménagement du Territoire (SRAT) et le Schéma d’Aménagement Foncier (SAF). Voilà à mon avis quelques pistes de solutions pour parler véritablement de développement sur le plan régional.
Rien de grand ne peut se construire sans sécurité dit-on, qu’en est-il de la région d’Agadez ?
S’agissant de la paix et de la sécurité, elles constituent des préalables nécessaires à toute action de développement, à quelque échelle territoriale que ce soit. L’insécurité et l’absence de paix sont en effet des facteurs limitant toute action de développement.
Dans la région d’Agadez, des efforts remarquables et forts louables ont été fournis, aussi bien par l’Etat, les partenaires, que par les autorités régionales, départementales et locales, en vue de consolider la paix et de renforcer la stabilité sur toute l’étendue du territoire régional. Ces efforts ont été surtout renforcés du fait de la décentralisation qui a permis une responsabilisation des populations à travers la gestion par des élus locaux des entités décentralisées. Toutes les mesures ainsi prises doivent être poursuivies pour renforcer davantage le climat de quiétude sociale dans la région, malgré un environnement sahélo-saharien fortement perturbé.
D’aucuns indexent la migration comme un facteur d’insécurité ! Qu’en pensez-vous ?
Non, peut-être, juste relever que la migration mixte demeure une préoccupation importante dans le schéma de développement de la région. Elle concourt à la création des déséquilibres en matière de gestion et de planification tant des populations que des infrastructures et de l’accès aux services sociaux de base. Si elle a constitué ailleurs une source de progrès, dans le contexte d’Agadez elle génère plus de conséquences qu’elle n’offre d’opportunités. En effet, malgré les appuis de la coopération internationale, notamment de l’Union Européenne et les mesures règlementaires prises par l’Etat, la gestion des conséquences de la migration mixte reste une préoccupation majeure en dépit du caractère résilient de la région. S’agissant du phénomène migratoire, la région d’Agadez est devenue un corridor pour les candidats à la migration, ressortissants des régions ouest africaines et du centre désirant rejoindre l’Europe. A cette migration internationale de transit s’ajoutent diverses formes de migrations dont les plus importantes sont la migration circulaire, la migration interne, la transhumance, les réfugiés et les demandeurs d’asile. Ceci pose des défis et enjeux à la fois aux administrations en charge de la gestion des flux migratoires et aux populations locales. Ces dernières en particulier sont appelées à partager les infrastructures de base avec les migrants, ce qui occasionne des pressions énormes sur les services et infrastructures dont le rythme de dégradation est accéléré avant le terme raisonnablement prévu. C’est pourquoi, ces mouvements migratoires doivent être largement maîtrisés et bien contrôlés. D’où sa justification dans la formulation de cet axe. Aussi, la question de la consolidation de la paix et la création des meilleures conditions de sécurité sont des défis majeurs dont la région fait face et qui constituent les conditions sine qua none pour l’amorce de tout développement. Compte tenu du contexte géopolitique actuel et des menaces sur la stabilité dans le sahel, la prise en compte de cette préoccupation en lien avec la gouvernance comme premier axe stratégique est justifiée.
Propos recueillis par Mahamadou Diallo(onep)
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- Catégorie : Interview
Monsieur Garba, vous êtes fonctionnaire nigérien expatrié en Mauritanie. Depuis votre arrivée à Nouakchott vous consacrez votre temps libre à la communauté nigérienne en Mauritanie. Qu’est-ce qui a motivé cet activisme ?
Quand je suis venu en 2014, j'ai trouvé une communauté nigérienne dans laquelle, on peut dire, vivent deux sous-groupes. D'un côté les commerçants ultra- majoritaires et de l’autre les fonctionnaires qui étaient une dizaine. Au sein de cette communauté des fonctionnaires il y avait un certain M. Maï, un grand rassembleur qui travaille à l'UNICEF. Ce monsieur a consacré lui aussi une partie de son temps au profit de cette communauté dans sa globalité. Après une année il a quitté. Il n’y avait aucun problème de cohabitation entre les deux sous-groupes. Mais ils ne se fréquentaient pas régulièrement. Donc pendant son séjour, M. Maï a fait de son mieux pour créer les conditions de retrouvailles et de rapprochement des nigériens en Mauritanie en général et à Nouakchott en particulier.
Ainsi, après son départ, j’ai pris le relais. En réalité j’ai été touché, personnellement, ce qui m’a poussé à m'impliquer dans la consolidation et la promotion des acquis laissés par monsieur Maï. C’est ainsi que je me suis engagé aux côtés de la communauté des commerçants pour les rapprocher des fonctionnaires et vice versa. Donc avec l’appui des autres commerçants et fonctionnaires nous nous sommes battus pour établir un lien entre les deux. En réalité les commerçants ont appris les problèmes que certaines communautés rencontrent notamment, entre les deux sous-groupes. Donc c’est cette situation qui a inquiété les commerçants nigériens de s’éloigner des fonctionnaires. Nous nous sommes investis pour créer la confiance entre les commerçants et les fonctionnaires. Donc nous avons travaillé pour montrer à tous la nécessité de rester ensemble parce qu’à l’extérieur nous sommes une famille. Dans cette démarche nous avions bénéficié du concours du Consul honoraire.
Aujourd’hui comment se porte cette communauté ? Est-ce qu'il y'a une Association formelle qui vous réunit?
Par rapport à l’Association, les expatriés n'ont pas une organisation formelle à Nouakchott. Par contre il y'a un bureau de l'association des Nigériens qui résident à Mauritanie. Je suis le seul fonctionnaire expatrié qui siège dans ce bureau en tant que Secrétaire Général. Ma principale mission consiste à renforcer le rapprochement entre les deux sous-groupes. Aujourd’hui, ça se passe vraiment très bien. On n’a jamais eu de problèmes entre Nigériens. Certes il ne manque pas des petites incompréhensions qui se règlent facilement entre nous. Donc par la grâce d’Allah tous se passe bien.
Monsieur Garba est-ce que vous avez une estimation du nombre des Nigériens résidant en Mauritanie ou à Nouakchott ?
En 2017 dans la perspective de la participation aux élections qui se dessinaient pour 2020-2021, on avait estimé les Nigériens résident en Mauritanie à peu près 2700 personnes réparties dans toutes les régions du pays.
Quels sont les principales activités exercées par les Nigériens en Mauritanie ?
Les Activités dépendent des localités de résidence des personnes. Les principales activités dont personnellement je suis au courant sont de toutes sortes. A Nouakchott par exemple, la capitale politique, il y'a toute sorte d'activités. Particulièrement on trouve beaucoup de frères dans la boucherie, dans laquelle les Nigériens excellent. C’est vraiment très apprécié ici à Nouakchott. Beaucoup de Nigériens ont réussi à s’installer dans plusieurs quartiers. Partout où vous entendez parler de méchoui haousa, les gens apprécient non seulement la qualité de la viande mais aussi l'hygiène.
L’hygiène et la propreté sont l’un des aspects que les Mauritaniens apprécient chez les Nigériens dans leur lieu du commerce. Donc c'est la première activité que je peux dire. L’autre activité, c’est la vente des bijoux et articles précieux, mais aussi les herbes les plantes médicinales. Il y'a aussi ceux qui font du commerce général sans oublier les vendeurs des pièces détachées. D’autre part, il y’a des zones fréquentées par les Nigériens dans leurs aventures pour chercher de l'or. A l'intérieur du pays, il y a ceux qui vendent des habits et généralement les Nigériens s’accommodent à l'activité principale de leur région hôte.
Alors comment se passe la cohabitation avec la population du pays hôte ?
Les Mauritaniens et la communauté nigérienne cohabitent dans l’harmonie totale. Tout se passe à 99℅ dans de très bonnes conditions. Avant tout le Niger est un pays ultra musulman et la Mauritanie est une République Islamique. Cela facilite beaucoup la cohabitation. Aujourd’hui je peux vous l’affirmer, à notre connaissance il n’y a aucun Nigérien en prison ou en garde à vue en terre mauritanienne. Vous pouvez faire le tour des différents commissariats ou des différentes prisons de ce pays vous ne trouverez aucun Nigérien. Ça c'est un point que même les autorités mauritaniennes apprécient et le disent à nos autorités à chaque fois qu’elles sont en mission en Mauritanie ou au Niger. Les quelques fois qu'on apprend qu’un Nigérien est au commissariat, je peux aussi vous le dire, c’est un problème d’incompréhension et ça finit toujours par se régler. Même par mal chance si un Nigérien se trouve dans les mains d’une autorité, rassurez-vous que ce n’est pas lié à un délit. La communauté Nigérienne est l’une des plus disciplinées et respectueuses en Mauritanie. Nous vivons en parfaite cohésion avec le peuple mauritanien qui est un peuple frère.
Avez-vous des difficultés particulières que vous souhaitez faire connaitre ?
Les problèmes que les Nigériens rencontrent généralement sont liés aux papiers, notamment la carte de séjour. C’est pourquoi, nous plaidons pour la création d’une ambassade ici ou d’un consulat de plein pouvoir. C’est cette fameuse carte de séjour qui pose beaucoup plus de problème.
Je vais ouvrir une parenthèse parce que de nos jours tous nos pays sont des pays de passage pour la migration. Connaissant les risques liés à la traversée de l'océan de manière illégale, l’association des Nigériens qui résident en Mauritanie a depuis 2016 et ce malgré ses moyens limités (cotisations entre nous), mené une sensibilisation de proximité et a réussi à dissuader des candidats à la traversée de l’océan. On a réussi à les retenir, à les installer et à les intégrer. Aujourd’hui beaucoup d’entre eux ont trouvé un métier. L’Association a loué un appartement avec trois chambres pour que tous les nouveaux venus puissent être hébergés pendant deux à quatre semaines. Nous profitons de ce moment pour les sensibiliser et les assister aussi à intégrer leurs frères Nigériens.
Dans d’autres pays des Nigériens s'adonnent par exemple à la mendicité ; est-ce qu'en Mauritanie on trouve des nigériens dans ce genre d'activité ?
Certes dans toute population, il ne manque pas de personnes nécessiteuses ou vulnérables du fait de plusieurs conditions. Mais je peux dire Alhamdoulillah pour le cas de la Mauritanie. Ici à Nouakchott où on trouve le plus grand nombre de Nigériens, il n'y a aucun mendiant nigérien. Malgré la situation de vulnérabilité et de précarité pour d’autres, les gens s'organisent à l'interne pour s’entraider autant qu’ils le peuvent. Mieux, à cause de la Covid19, nous expatriés avec quelques commerçants avons l'habitude à chaque veille de ramadan de faire des cotisations pour cibler les Nigériens les plus vulnérables à qui nous apportons des aides.
Avez-vous un message particulier ou un appel ?
Je vais commencer par le niveau inférieur pour nous qui sommes ici. C’est un appel à l’union des forces et à la solidarité. Nous qui sommes déjà là, il faut qu'on sache que nous sommes dans un pays étranger et nul n'est censé ignorer la loi. On doit tous œuvrer au respect la loi du pays hôte. A l'endroit des expatriés, c’est de continuer à comprendre davantage nos frères qui sont généralement illettrés pour les aider à respecter la loi du pays d’accueil. A l'endroit de l'État c’est de trouver les moyens pour simplifier la tâche aux Nigériens par rapport à l'obtention de la carte de séjour. Ça sera un grand soulagement pour la population nigérienne résidant en Mauritanie. Et je ne finirai pas sans souhaiter vraiment la paix pour tous les pays en difficultés particulièrement le Niger.
Propos recueillis par Ali Maman(onep), envoyé spécial
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M. Le Directeur général, la Caisse Autonome des Retraites du Niger (CARENI) a été créée il y a quelques années au Niger. Quelles sont les missions assignées à cette structure à sa création ?
Merci beaucoup de nous avoir donné l’opportunité d’apporter des éléments de clarification par rapport à la Caisse Autonome des Retraites du Niger (CARENI) qui a pour mission essentiellement de concéder et liquider les pensions conformément aux dispositions du code général de la fonction publique. Cette retraite, c’est celle qui est attribuée aux fonctionnaires de l’Etat concernés par ce code général de la fonction publique. Les institutions à statut autonome tel que l’environnement, les universités, les institutions de recherche notamment l’ENA, l’INRAN, les FDS et les magistrats sont aussi gérés au niveau de la CARENI.
Pour bénéficier d’une pension au Niger, il faut nécessairement déposer un dossier à la CARENI ? Quels sont M. Le Directeur général, les éléments qui constituent ce dossier ?
Les éléments constitutifs d’un dossier de pension pour un retraité sont les actes d’état civil, les pièces de ses ayants droit, l’arrêté d’admission à la retraite, le dernier avancement, l’indice, les certificats de scolarité de ses enfants avec leurs extraits de naissance. En plus de cela, il y a d’autres pièces complémentaires que le retraité doit fournir pour pouvoir compléter intégralement le dossier.
Le dossier ainsi constitué et déposé à la CARENI, donne-t-il droit automatiquement à la pension ?
Une fois qu’on a les pièces d’état civil et les pièces administratives précitées notamment la première prise de service, l’acte de mise à la retraite, l’indice, donc une fois que le dossier est administrativement constitué et déposé, il est recevable. Mais cela ne veut pas dire qu’il est au complet parce que nous allons vérifier deux situations.
Au fait, M. le Directeur général, qui est habilité à déposer le dossier à la Careni, le fonctionnaire ou la structure administrative dont il est issu ?
Normalement, il revient aux responsables administratifs de déposer les dossiers. Mais au regard de la situation que nous sommes en train de constater, nous avons accepté les dossiers déposés par les agents eux-mêmes. C’est plus rapide. Là où il y a un pré traitement, des dossiers réellement, c’est au niveau des FDS. Là, les dossiers sont d’abord pré traités au niveau de ces institutions et transmis à la Careni ce qui facilite le traitement. Dans les ministères, normalement il revient aux responsables des ressources humaines de traiter les dossiers et de les transmettre. Mais je pense qu’il y’a eu un moment du retard et la Careni a accepté de prendre les dossiers auprès des individus. Donc, les agents déposent eux-mêmes leurs dossiers.
Mais à quel moment précisément les fonctionnaires doivent déposer leurs dossiers à la Careni ? Pendant les 3 mois de congé libéral ou après ?
Non, ils déposent les dossiers quand ils sont à la retraite.
Plus précisément, quand est ce que le fonctionnaire est à la retraite ?
Il est à la retraite quand il a l’acte qui le met à la retraite. Il peut constituer tout son dossier pendant sa période de congé libéral et il attend la décision. Pendant cette période, il peut aussi prendre les états financiers au niveau de la solde. S’il a les états financiers 3 mois, il a un dossier complet qui n’attend que l’attestation de mise à la retraite. Une fois qu’il met cette attestation-là, il a un dossier complet administrativement. Nous, on vérifie cela. Avant, les gens déposaient les dossiers pendant le congé libéral sans ces documents et dans leur analyse, ils disent qu’ils ont déposé leur dossier voilà 6 mois ou 7 mois et le dossier n’est pas traité. Pour mettre fin à ça, nous avons décidé de prendre les dossiers seulement une fois qu’ils sont au complet. Comme ça, nous avons une date normale qui couvre par rapport au dépôt du dossier. Surtout que quand le fonctionnaire dépose son dossier pendant la période de congé libéral, il lui manque deux documents. En plus, il a un salaire pendant cette période donc il ne peut avoir son dernier bulletin, ni la situation financière complète qui réponde aux normes. Donc, il y a deux éléments qui manquent et qui ne permettent pas un traitement judicieux du dossier. L’attestation de la solde nous dira s’il a un trop perçu ou pas c’est-à-dire s’il a bénéficié d’un ou de plusieurs salaires pendant sa période de retraite. Dans ce cas, il faut qu’il rembourse l’Etat et qu’il nous apporte la quittance de reversement au trésor pour que nous traitions le dossier. Ou que la careni écrive à sa banque et là, on est tenu par la réponse de la banque pour traiter le dossier. En donnant à la banque le numéro matricule, le numéro de son compte et demander à la banque de retourner l’argent au compte du trésor. Autrement, on peut traiter le dossier mais on va faire le calcul pour prélever directement les ressources qu’il a déjà consommées afin de rembourser l’Etat s’il le permet, ça c’est le premier cas. Le deuxième cas c’est celui des agents en détachement. Ceux-là, il nous faut disposer de leur situation FNR précisément le payement, le versement, la régularité dans le paiement FNR. On doit vérifier qu’il y a les 6% de l’agent et les 14% de la contribution patronale et c’est au trésor que ça se verse. Ce sont les institutions bénéficiant des détachements qui doivent normalement verser au nom de leurs agents pour la plupart des cas au niveau de l’institution nationale. Mais pour le cas des institutions internationales, c’est aux agents eux-mêmes (parce que très souvent c’est dans leurs salaires) de procéder au versement au trésor public à la fois leur côte part de 6% et les 14% de la cotisation patronale. Et c’est le plus gros problème qu’on a. Les agents en détachement ne suivent pas leurs carrières. Nous avons eu des cas où des responsables d’institutions sont à la retraite, mais jamais leur cotisation FNR n’a été versée. Et, ça devient un trou dans la carrière de la personne. C’est pourquoi, je lance un appel à tous les agents en position de détachement d’être regardant par rapport au payement de leur cotisation FNR. C’est très important parce que ça les piège en fin de carrière, c’est très important.
Le délai de traitement d’un dossier est de 72 heures à la Careni. Oui, si un dossier est réellement complet, c’est 72 heures le délai, mais s’il n’est pas au complet comment on peut le traiter ? Un dossier qui vient sans actes d’avancement et la personne te dira moi je suis de la classe exceptionnelle d’accord mais où est le papier qui le prouve. Normalement, le ministère ou l’institution où il a travaillé doit avoir archivé cela. En tous cas, depuis que nous sommes là ça fait 2 ans de cela, le délai de traitement d’un dossier complet est de 72 heures pas plus.
Qu’en est-il M. le Directeur général des reversions des pensions après décès ?
Il y a deux situations qui peuvent se poser à la careni en ce qui concerne les fonctionnaires décédés.
D’abord, un agent de l’administration qui est décédé et qui n’a pas 15 ans de fonction, la famille de ce concitoyen a droit à un capital décès. Le capital décès n’est pas une pension, le capital est une contribution sociale de l’Etat à la famille de l’agent décédé. c’est vraiment une aide sociale de l’Etat et la Careni bien qu’ayant concédé et liquidé cela en fait c’est une dette faite à l’Etat qui est sensé rembourser la Careni pour ce qui est du capitale décès. Toujours ce concitoyen qui n’a pas 15 ans, ne peut pas bénéficier de la pension. Sa famille peut bénéficier du remboursement de sa cotisation de 6%. Et il faut que ce dossier soit constitué avec les actes du mari décédé ou de la femme décédée. Outre ces pièces administratives, il faut le conseil de famille, le procès-verbal et un mandataire désigné dans le procès-verbal.
Pour une personne qui a plus de 15 ans ou qui a 15 ans ou plus, on fait deux dossiers à ce niveau. Pour une famille dont le mari ou la femme est décédé et qu’ elle a 15 ans ou plus, ils font donc deux dossiers, un dossier qui sera destiné au capital décès et un dossier qui sera destiné à la pension que nous appelons de réversion. C’est la pension du défunt qui est reversée à ses ayants causes et je pense que c’est proportionnellement 50% pour les veuves. A ce niveau, il faut préciser qu’il y a deux possibilités : pour le mari et la personne déjà à la retraite qui décède, il n y a pas de capital décès, il n’y’a que la réversion de la pension à la famille donc le seul bénéficiaire du capital décès sont les ayants cause des fonctionnaires en activité et les procédures sont les mêmes pour les pensions, qu’elle soit nouvelle pension ou pension de réversion, c’est la même procédure.
Compte tenu des difficultés dans le traitement des dossiers, est ce que la Careni travaille avec les différentes administrations du pays pour trouver une solution ?
Nous avons fait une tournée au niveau de l’ensemble des ministères et institutions de la place. L’équipe de la Careni a rencontré les responsables administratifs des ressources humaines au niveau de l’ensemble des ministères et institutions avec pour objectif de les sensibiliser sur la problématique de la gestion de la retraite, et les difficultés auxquelles on fait face dans le cadre du traitement des dossiers. Il est ressorti de ces rencontres, des difficultés par rapport à la gestion de la carrière. Nous souhaitons organiser un atelier juste après le mois de ramadan sous le haut patronage du ministre de la fonction publique pour partager, échanger avec l’ensemble des exposants des ressources humaines pour qu’ensemble, nous puissions trouver un chemin nous permettant d’être diligent dans le traitement des questions des retraités.
M. Le Directeur Général, à un certain moment, on parlait de la mensualisation des pensions au Niger, ou est-ce que vous en êtes ?
La mensualisation est une volonté marquée des autorités actuelles. Cela veut dire que la volonté politique y est. Ce que nous cherchons, c’est la volonté des agents, des acteurs en charge de la mise en œuvre de la volonté politique. Je voudrais dire par là qu’il y a le décret portant régime des retraites au Niger qui est en instance mais qui n’a pas été encore adopté. C’est ce décret qui permettra à la CARENI de s’approprier l’ensemble du processus. Je disais tantôt à la retraite, beaucoup de nigériens ne voient que la pension. La retraite est d’abord administrative, la pension, c’est l’acte de payement mais c’est l’acte qui matérialise parce que c’est les ressources. Actuellement, la CARENI ne paie pas la pension, c’est le trésor qui paie la pension ce n’est pas encore rétrocédé à la CARENI. La mensualisation a besoin de deux choses : le premier, c’est le toilettage du fichier des acteurs ayant fait valoir leur droit à la retraite et nous sommes là-dessus avec la direction générale du trésor public. Nous sommes en train de faire ce travail, je pense qu’on a fait Tillabéry, Dosso et certainement la semaine prochaine, l’équipe se rendra à Tahoua et Agadez. C’est ça la première étape : toiletter et se fixer sur exactement le nombre des pensionnés et la nature de la pension pour connaitre avec exactitude le montant qui est dédié aux pensions. La seconde étape qui peut être faite concomitamment est la bancarisation. C’est très difficile de faire le payement de la pension mensuellement par le bielletage, c’est très compliqué. Ça va demander la mobilisation d’une logistique importante. A cela, je pense que la bancarisation des montants significatifs deviendra une obligation. Quand ces deux étapes vont être franchies, la mensualisation sera plus fluide. Mais même sans la bancarisation, quand le fichier sera suffisamment toiletté, on trouvera un mécanisme véritable pour que ça soit mensuelle.
En attendant, je voudrais dire aux fonctionnaires que la Careni c’est leur devenir, c’est vraiment le devenir des fonctionnaires. Je pense aussi qu’il faut sortir du carcan de la pension. La retraite est administrative. Il faut aussi que tout fonctionnaire soit l’animateur au sein de son service pour la CARENI, c’est à dire attirer l’attention des responsables des ressources humaines sur le suivi administratif de la carrière des uns et des autres. Le Niger est un pays vaste, il faut que chacun s’y mette, sinon, ça va être difficile. En plus, l’Etat assure à travers la CARENI, la prise en charge médicale à 90% de tous les agents à la retraite dans les services publiques de santé. Les personnes à la retraite peuvent venir prendre chez nous leurs prises en charge médicale. A Niamey, c’est au niveau de Harobanda et dans nos services qui sont à l’ex-Copro à Maradi, nous avons un service qui garantit cela tout comme à Tahoua. Bientôt ça va être le tour de Zinder et Dosso. Et, nous sommes en train de voir avec le trésor, comment nous allons gérer la situation, là où nous ne sommes pas encore présents pour que les retraités puissent bénéficier de cette prise en charge. Nous voudrions que les agents, les fonctionnaires soient véritablement motivés pour accompagner la CARENI. La CARENI n’est pas une structure de plus, elle est une structure administrative qui doit faire son travail avec la bonne compréhension des uns et des autres.
Réalisée par Fatouma Idé(onep)
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Située dans le département de Tchirozerine, au nord-est de la ville d’Agadez, la commune rurale de Tabelot est une zone de productions maraichères, à laquelle s’ajoute l’orpaillage. Selon l’Institut national de la statistique, la commune rurale de Tabelot a une population de 50.071 habitants avec une superficie de 47.122,59 km2. La culture de l’oignon est l’une des principales activités des populations. Cette production est estimée, en 2021, à environ 11 mille tonnes d’oignon, pour une valeur estimée à plus de 3 milliards et demie de FCFA. D’autres spéculations y sont aussi produites. Par ailleurs, l’orpaillage, qui a fait son apparition, il y a trois ans, contribue beaucoup aux recettes communales de cette localité. Sous la conduite du Maire Adam Efangal, le Conseil municipal de Tabelot a, au cours des trois dernières années, investi sur fonds propres la somme de 793.454.710 FCFA au profit de plusieurs secteurs sociaux de base. Le maire Adam Efangal évoque, dans l’entretien qui suit, les potentialités, les défis et les perspectives de la commune de Tabelot.
M. le Maire, pouvez- vous nous parler des potentialités et des ressources dont dispose la commune de Tabalot pour répondre aux besoins des populations ?
En général, nos communes ont des ressources assez limitées. Ces ressources se résument à des taxes sur les marchés, quelques rétrocessions de certaines taxes au niveau du gouvernement et la taxe municipale. C'est ainsi que dès le départ nous avons misé sur la taxation de la production marchande sur les produits agricoles, car la commune a une capacité de grande production agricole. Nous voulons sensibiliser la population pour que cette taxe soit mobilisée et nous avons encouragé la création d'un certain nombre de marchés. Ici à Tabelot nous en avons deux, celui de Tabelot chef-lieu et celui d'Aberdek, il y a un troisième à Mouajoud, qui commence timidement. Nous prélevons des taxes au niveau de ces différents marchés. Ces trois dernières années avec le développement de l'orpaillage, nous avons décidé, au niveau du conseil de taxer ces activités pour mobiliser encore plus de ressources. Cependant, l'incivisme fiscal se fait sentir au niveau de la taxe municipale, où les gens, après plusieurs années de rébellion, dans cette zone sont réfractaires au paiement de cette taxe. D'ailleurs dans plusieurs communes d'Agadez, le taux de recouvrement de la taxe municipale ne dépasse guère les 20¨%. Pour d'autres communes ce taux insignifiant n'est même pas atteint. Par contre, la taxe sur la production marchande et celle de l'orpaillage ont des taux de recouvrement assez appréciables. Si on met le tout ensemble, le taux de réalisation du budget, en termes de recettes n'est pas satisfaisant. Car on enregistre entre 30 et 40% et cela est insuffisant pour nous et il reste beaucoup à faire en termes de sensibilisation. Nous y travaillons et nous érigeons nos hameaux en villages administratifs, pour responsabiliser les chefs de ces villages par rapport à la mobilisation de la taxe municipale. A la fin de l'année, nous allons voir quels en sont les résultats. Mais déjà avec le travail que nous avons commencé, nous remarquons qu'il y a un changement, il y a un engouement, nous avons l'espoir qu'avec le travail de sensibilisation que nous menons, ce taux de recouvrement de la taxe municipale, qui vacille de 20 à 30%, montera jusqu'à 70%. Nous sommes convaincus qu'il faut beaucoup de travail de sensibilisation pour atteindre ce taux. Car sans ressources internes, on ne peut ni lever les ressources externes encore moins faire le développement. Or la population attend beaucoup de la part des responsables plusieurs services dans les domaines de la santé, de l'hydraulique, de l'éducation et dans beaucoup d'autres secteurs.
Qu'en est-il justement des secteurs sociaux de base comme l'éducation, la santé dans votre commune ?
Ce secteur, il faut le dire, rencontre beaucoup de difficultés, notamment dans la qualité de l'offre de cette éducation. Ici nous n'avons pas suffisamment d'enseignants dans toutes les écoles, ces enseignants ne sont pas de qualité, comme dans tout le Niger. Au niveau de la commune, nous consacrons une part importante de notre budget pour appuyer l'école. Nous réalisons des infrastructures, nous dotons les classes de matériels éducatifs comme les tables-bancs, nous aidons les structures de l'éducation, comme le CAPED, à se réunir. Par la force des choses, nous aidons même les collèges d'enseignement général, pour seulement permettre aux enfants de poursuivre normalement leur cycle scolaire, à travers l'internat et en assurant aussi leur alimentation. Car sans cela, le taux de déperdition scolaire risque d'être important, les enfants provenant des différents villages risquent d'abandonner l'école s'ils n'ont pas là où se loger et se nourrir. Nous prenons aussi en charge les locations des élèves qui arrivent à atteindre le lycée ou l'université à Niamey. Les enfants des pauvres s'ils sont dans les grandes villes, sans soutien, ils abandonnent les études. Nous sommes obligés d'apporter ces soutiens, même si cela ne relève pas des communes. Car sans cela, tous les efforts consentis à la base seront vains. Par rapport à l'éducation des jeunes filles, certains parents sont hésitants et réfractaires à envoyer leurs filles à l'école, ils préfèrent les garder à la maison pour les travaux ménagers et pour ensuite les donner en mariage. Là aussi nous les sensibilisons pour qu'ils laissent ces enfants aller à l'école comme leurs frères garçons. Car sans éducation et sans formation, on ne peut pas assurer un développement de qualité à nos populations. D'ailleurs, nous saluons et félicitons le Président de la République, SEM Mohamed Bazoum pour avoir mis un point d'honneur et décider de promouvoir l'éducation de la jeune fille nigérienne. Concernant la santé, je reconnais que là aussi les besoins sont nombreux en personnel et en infrastructures. Là aussi, nous avons apporté notre appui, en construisant des cases de santé, en recrutant des jeunes de la commune, pour les envoyer dans des écoles de santé pour être formées et aptes à gérer ces cases de santé. Au niveau de la commune de Tabelot, nous avons 5 CSI et plus d'une dizaine de cases de santé, dont la majeure partie a été construite avec nos propres moyens ou souvent avec l'appui de nos partenaires. Les CSI ont été construites par l'Etat mais à tous les niveaux, nous essayons d'apporter appui à travers la mise en place des agents auxiliaires, des ambulanciers, des achats des produits ainsi que la formation des agents de santé. Durant les 6 dernières années, sur fonds propres de la commune, nous avons formé une dizaine d'agents et engagé huit autres pour servir dans les cases de santé.
Votre commune connait aussi, depuis quelques années l'afflux des orpailleurs. Quels sont les avantages que la commune de Tabelot tire des activités d’orpaillage et quelles sont les difficultés qui résultent de ces activités ?
En effet, depuis ces trois dernières années, un afflux massif d'orpailleurs a été constaté, en provenance de l'intérieur comme de l'extérieur du Niger. Certes, il y a des aspects positifs concernant ces sites d'orpaillage mais il y a aussi des aspects négatifs. Par rapport aux points positifs, comme je l'ai dit ci-haut, les recettes de notre commune ont sensiblement augmenté suite à ces activités d'orpaillage, dont certaines sont taxées. Cependant, la gestion de tous ces migrants et la cohabitation avec les autochtones nous posent beaucoup de travail. Car, là encore il faut beaucoup sensibiliser. D'abord, sur les sites d'orpaillage il faut mettre des comités, il faut aussi sensibiliser par rapport à la gestion de l'environnement, surtout que nous sommes dans une zone presque désertique. Les orpailleurs coupent, à tout bout de champ, les rares arbres qui sont là, ce qui constitue un vrai problème pour nous. Il y a aussi l'aspect socio-culturel, où les gens viennent avec leurs pratiques. Il y a aussi la prostitution qui s'y développe, la consommation des stupéfiants, ce qui donne des mauvais exemples aux enfants et à la communauté. Les tentatives d'imitation de ces pratiques découragent les enfants à aller à l'école, car ils pensent que c'est là où la vie est plus facile et gagner facilement de l'argent. Il faut donc veiller à l'harmonie entre les différents acteurs qui interviennent, ce qui n'est pas du tout facile. Cet afflux pose aussi le problème de la gestion des infrastructures, les produits sanitaires, etc, qui ne sont pas suffisantes pour accueillir tout ce beau monde. C'est pour cela que je dis que la commune à elle seule ne peut pas y faire face. Des organisations comme l'OIM, nous aident dans ce sens, en prenant en compte nos besoins et ceux des populations. L'Etat doit faire des efforts pour nous accompagner à travers la réalisation des infrastructures et autres investissements pour encadrer tout ce beau monde.
Par rapport aux redevances minières, votre commune en bénéficie-t-elle ?
Comme vous le savez, la région d'Agadez est une zone minière. Les arriérés de ces redevances se chiffrent à plus d'une dizaine de milliards FCFA. C'est dire que l'Etat n'est pas à jour par rapport au paiement de ces redevances minières. Certes, les sociétés sont en règle mais l'Etat ne l'est pas. Je pense qu'il va falloir trouver un mécanisme mieux adapté pour que ces redevances minières de 15% reviennent aux collectivités, en temps réel et cela surtout pour les communes qui n'ont pas un grand potentiel fiscal, comme les communes rurales comme Tabelot. Notre commune possède 60% de la production des produits maraîchers de la région d'Agadez. L'oignon est de loin la production la plus importante à Tabelot, il y est produit deux à trois fois par an. Les gens préfèrent attendre quand les prix sont intéressants et quand les marchés extérieurs (Côte d'Ivoire, Ghana, Bénin), sont accessibles et aussi quand les régions du sud (Tahoua et Maradi) n'ont pas encore récolté, pour écouler leurs productions d'oignon. C'est donc une stratégie que nos producteurs adoptent pour éviter la mévente. A Tabelot, nous produisons d'autres spéculations comme l'ail, la pomme de terre, la coriandre, les agrumes, qui sont produits en quantité minime.
Quels sont les sujets qui vous tiennent à cœur, en tant que maire de Tabelot ?
En tant que maire de la commune de Tabelot, je constate que les populations ont beaucoup de problèmes et d'attentes qui n'ont pas eu de réponses et cela dans divers secteurs. Je pense que pour que la commune puisse faire face à ces différents problèmes, il lui faut des ressources propres. De façon générale, la mobilisation des ressources propres, dans nos communes, nécessitent beaucoup, beaucoup de travail, d'engagement, de mobilisation et surtout de sensibilisation. Aussi, il faut surtout beaucoup travailler sur l'agriculture, sur l'élevage et exploiter l'opportunité à travers l'orpaillage. A ce niveau, l'Etat doit accompagner, encore plus, les collectivités, car, je pense que les efforts de l'Etat ne sont pas suffisants. Je pense aussi que le développement doit partir de la base au sommet pas l'inverse. La majorité de la population de Tabelot a un âge compris entre 15 à 45 ans, c'est dire que cette population est jeune, donc une main d'œuvre disponible, qui ne demande qu'à être utilisée. Car si ces jeunes n'ont pas d'occupation, cela constitue une vraie menace pour la commune et même pour le pays entier. Il va falloir occuper toute cette jeuneusse d'ici comme d'ailleurs à travers l'agriculture et l'élevage, grâce à la maîtrise de l'eau. C'est quand ces deux secteurs sont promus et développés que les Nigériens peuvent effectivement nourrir les Nigériens, que les jeunes auront du travail et qu'ils ne tombent pas dans certaines mauvaises pratiques et que les communes et le pays se développeront. Un autre sujet qui me tient à cœur est l'enclavement de notre commune lié à l'état ou même l'inexistence des routes. Tabelot est une zone montagneuse, les crues dues aux pluies dégradent annuellement les rares routes qui existent. Je lance un appel pour qu'on nous aide à bitumer, à goudronner nos routes et surtout celle qui quitte Agadez pour aller à Dabaga, jusqu'à Tabelot. Car, c'est une importante zone de production et d'échanges, où dans l'année, on peut enregistrer 50 jusqu'à 100 camions qui font des va et vient pour transporter les productions maraîchères. Je lance ce cri d'alarme à l'Etat nigérien pour que cette importante route soit réhabilitée pour accélérer le développement de notre zone.
Par Mahamadou Diallo(onep)
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Monsieur le Ministre, vous êtes expert des questions énergétiques et pétrolières. Que vous inspire la présente crise russo-ukrainienne sur le marché des énergies ?
Comme donc le savez, le jeudi 24 février 2022, l’armée russe a engagé une "opération militaire" en Ukraine pour des raisons de géopolitiques régionale et internationale. Dès l’entame de cette invasion, les Etats-Unis et l'Union Européenne décident, dans la précipitation de riposter vite et fort en lançant plusieurs salves de sanctions contre la Russie (divers embargos économiques, y compris sur les ressources énergétiques). Aussitôt, les prix du pétrole ont dans les échanges intra-journaliers, crevés le plafond des 100 dollars US (US$) pour afficher 100,54 US$ pour le baril du brut américain "West Texas Intermediate" – WTI coté à New-York, et 105,75 US$ pour le Brent de la mer du Nord coté à Londres. Le 07 mars dernier, ces deux bruts de référence ont aisément atteint les 130,50 US$ pour le WTI et 137,00 US$ pour le Brent, menaçant de franchir la barre des 147,50 US$ le baril ; le maximum historique atteint le 11 juillet 2008 au plus fort de la crise des subprimes.
Le charbon et le gaz naturel, ressources dont la Russie est le premier producteur/exportateur mondial, ont également vus leurs prix exploser dans les instants qui ont suivi cette invasion de l’armée russe. Bien que cette crise russo-ukrainienne ne soit pas la seule raison de cette récente flambée des cours des matières premières et produits énergétiques ; elle joue néanmoins et continuera très certainement à jouer un rôle fondamentalement accélérateur dans la détermination des prix de l’énergie (gaz, pétrole, charbon,…).
Pour l’instant, rien ne peut arrêter la folle ascension des cours des ressources énergétiques (gaz, pétrole, charbon et même l’électricité), sachant que le refus des pays occidentaux d'acheter du pétrole russe va aboutir à des conséquences catastrophiques pour le marché mondial et en particulier les consommateurs européens. Les cours du pétrole vont très certainement se stabiliser pour une longue période autour (et plus sûrement au-dessus) des 100 US$ le baril, parce qu’outre les conséquences de la crise russo-ukrainienne, ils sont dopés par des perturbations de l'offre, de vives tensions géopolitiques (Les tensions géopolitiques en Libye, Nigeria, Angola, Venezuela, Iran… font craindre une possible baisse de l’approvisionnement en hydrocarbures) et une remontée de la demande, malgré la persistance du Covid-19. Dans la même dynamique que le pétrole brut, les prix du gaz ont aussi flambé sur le marché international. Dès le lendemain de l’invasion de l’armée russe, le marché de référence du gaz naturel en Europe, le TTF (Title Transfer Facility) néerlandais partait à la hausse, à 129,00 euros (€) le mégawattheure (MWh, c’est-à-dire 1000 KWh) pour après battre son record historique en cotant à 194,00 €.
Le 08 mars dernier à la Bourse Gazière d’Amsterdam, le gaz a bondi à 255,00 € le MWh, pour après culminer à 345,00 €. En novembre 2021, le MWh de gaz y était encore coté autour de 50 € ! Je voudrai au passage, préciser que le Mégawattheure (MWh), le Mètre Cube (m3), le British Thermal Unit (BTU) et le Gigajoules (GJ) sont des unités de mesure du gaz naturel que vous pouvez rencontrer très souvent sur les marchés de l’énergie ou sur les factures de gaz domestique dans certains pays. Un GJ de gaz naturel équivaut approximativement à 0,948 BTU et produit la même quantité d'énergie que 27 litres de mazout, 26 litres d'essence ou 277 KWh d'électricité.
Alors, quelle place pour l’Afrique dans ce nouvel ordre économique mondial ?
Tous les ingrédients d’une crise internationale, la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale, sont réunis. Les menaces d’élargissement de l’Union Européenne et de l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie était l’arbre qui cachait la forêt ; cette forêt, en l’occurrence, étant l’affrontement depuis la chute du mur de Berlin et l’éclatement de l’Union Soviétique, entre Washington et Moscou pour l’hégémonie mondiale à partir du contrôle du marché mondial de l’énergie et des matières premières stratégiques. Dans cette situation de bouleversements géopolitiques provoqués par cette crise, les dirigeants africains ne doivent pas rester dans une logique de subordination les obligeant à choisir un camp plutôt qu’un autre. Ils doivent faire émerger une véritable et courageuse politique étrangère africaine, responsable, souveraine, débarrassée de tout diktat et contrôle de quelques puissances étrangères qu’elles soient.
En matière de sécurité et de défense, nous devrons compter sur nos propres forces (nationales, régionales ou continentale) parce que dans un monde qui certainement sera totalement déréglé, sous-traiter sa sécurité avec une puissance étrangère serait une erreur stratégique fatale. En choisissant de ne pas choisir de camp, les pays africains, loin de prendre position dans cette crise (nous n’avons d’ailleurs absolument rien à voir avec un conflit intra européen), doivent préserver une politique étrangère dépolarisée, interagissant sur des pôles de puissance qui nous sont utiles. Cependant, cette crise avec son risque d’enlisement, peut constituer une excellente opportunité pour les pays africains de développer des stratégies minière, pétrolière et gazière communes, robustes et rentables, permettant de répondre aux besoins économiques et énergétiques du continent et de tout autre partenaire intéressé par nos ressources énergétiques et extractives.
Face aux risques de ruptures d'approvisionnement en hydrocarbures, les pays européens cherchent, dans l'urgence, à réduire leur dépendance vis-à-vis de la Russie et se mettent actuellement en quête de nouveaux fournisseurs. Nous devons certes mettre tout en œuvre pour bénéficier du marché extérieur, mais d’abord et surtout du marché intérieur africain. En effet, l’Afrique entière pèse pour plus de 13% des exportations pétrolières mondiales, mais à contrario ne consomme en produits pétroliers qu’à peine 4% de la part mondiale. Les pays d’Afrique restent encore très tributaires de leurs exportations de pétrole brut, tant en termes de devises que de recettes et paradoxalement, une part importante des besoins de l’Afrique en produits raffinés, est importée majoritairement d’Asie et d’Europe. Pour mettre un terme à ce paradoxe et tirer profit de cet environnement favorable, nous sommes appelés à créer et sécuriser des marchés physiques pétroliers (régionaux et continental) notamment les flux entre les zones de production et les zones d’approvisionnement et de consommation.
Quelle pourrait être la conséquence de cette crise énergétique mondiale pour le cas précis du Niger, également pays producteur de ressources énergétiques comme l’uranium et le pétrole ?
Par rapport à la stratégie à adopter face à cette situation de pénurie d’hydrocarbures en Europe, il y a lieu de rappeler justement l’accord pour la construction d’un gazoduc trans-saharien (TSGP ou NIGAL) d’une longueur de 4128 km, d’une capacité annuelle de 30 milliards m3 et qui partira de Warri au Nigeria et rejoindre l’Algérie en passant par le Niger signé à Niamey, le 18 février 2022 entre les ministres algérien, nigérian et nigérien en charge des hydrocarbures en marge de la 3ème conférence de la CEDEAO sur les mines et le pétrole (ECOMOF). Ce gazoduc permettra aussi l'alimentation sur son passage des régions du Nord, du Nord-est et du Centre du Nigeria ainsi que le Niger, le Burkina Faso et le Mali. Les retombées pour le Niger sont inestimables : ce gazoduc devrait stimuler l'exploration du gaz naturel au Niger, créer des emplois, développer une industrie énergétique (centrale électrique, gaz domestique,…), développer une industrie pétrochimique, de production d’engrais,…
Il faut dire que, bien que le Niger ‘’coincé‘’ géographiquement et géologiquement entre l’Algérie, la Libye, le Tchad et le Nigéria (tous gros producteurs d’hydrocarbures), il est certain, que tôt ou tard, notre pays connaitra par la grâce de Dieu, le même miracle pétrolier que ses voisins sus-mentionnés. En effet, le Niger dispose d’un potentiel pétrolier lié à deux grands bassins sédimentaires qui couvrent 90% du territoire national et de grosses et très agréables surprises, particulièrement dans le bassin des Ullimenden à cheval entre la partie Ouest du Niger, l’Est du Mali et le Sud algérien ne sont pas à exclure. Tout ceci confère à notre pays, le statut d’une future puissance pétrolière…. inch’Allah et aussi de devenir une plaque tournante pour les hydrocarbures, la pétrochimie et les produits associés en Afrique de l’Ouest.
Les projets de gazoduc transsaharien et du pipeline export Niger-Bénin (qui a bien besoin d’une réévaluation pour une meilleure rentabilité) ne font que renforcer cette tendance. Les infrastructures énergétiques prévues stimuleront la croissance du Niger et le positionneront comme un carrefour énergétique entre l’Afrique subsaharienne riche en ressources extractives et énergétiques et les marchés européens en panne de ressources. Ce sont là de très bonnes opportunités d’investissements dans le secteur extractif et énergétique à la recherche de rendements attractifs dans un Niger qui constituera une des zones les plus prometteuses d’Afrique.
Assurément, avec des réserves de gaz naturel récupérables estimées à 24 milliards m3 et des probables découvertes, le gazoduc permettra au Niger d’évacuer l’excédent de sa production future vers les marchés européens.
Comment entrevoyez-vous l’évolution de la situation, à la lecture des sanctions économiques prises à l’encontre de la Russie ?
Citant le révolutionnaire russe, Leon Trotski qui disait que ‘’la guerre, c’est la locomotive de l’histoire‘’, Jocelyn Chan Low, historien et ‘’Associate Professor‘’ à l’Université de l’Ile Maurice, assure que la guerre actuelle est révélatrice du nouvel ordre mondial qui se dessine. Depuis l’arrivée de Poutine au Kremlin, les russes se sont discrètement et minutieusement préparés, élaborés toutes sortes de stratégies et selon des analystes, l’objectif du Kremlin étant non seulement de reconquérir les anciens territoires soviétiques (internes comme externes perdus), mais au-delà faire voler en éclats l’alliance de l’OTAN.
Sur le plan militaire, il est indéniable que la Russie de Poutine a laissé les occidentaux s’endormir depuis la chute du Mur de Berlin pour très sérieusement se doter d’indéniables capacités militaires et militaro-industrielles, d’armements ultra sophistiqués en très grande quantité et procédé à des recrutements massifs dans l’armée. Aucun pays ou regroupement, pas même les Etats-Unis et l’OTAN ne peuvent en ce moment-ci tenir tête à l’abondant et ultra moderne arsenal militaro nucléaire de la Russie.
Sur le plan énergétique, Moscou n’est pas en reste, et de façon préventive, Vladimir Poutine a pris soin d’accroître la vulnérabilité de l’Europe de l’Ouest en matière énergétique avant même de franchir les frontières ukrainiennes. Il a fait de l’énergie une arme redoutable et a pour se faire, il a élaboré avec son équipe de stratèges du Kremlin des dispositifs extrêmement stratégiques difficilement démontables. Avec les seuls gazoducs Turk-Stream et North-Stream 1, Moscou dispose d’une arme redoutable pour aisément faire plier directement l’Allemagne, l’Ukraine et la Turquie et indirectement le reste de l’Europe ; le Président turc Recep Tayyip Erdogan étant d’ailleurs prêt à accompagner Vladimir Poutine dans cette aventure. Depuis le début de cette crise, les 2/3 des exportations du pétrole russe (qui va en Europe) via la Mer Noire et la Mer Baltique ont commencé à déserter le marché. Aujourd’hui, ce sont donc 3 à 4 millions de barils par jour de pétrole russe qui sont bloqués et au fur et à mesure que le conflit perdure, ce seraient les pipelines en provenance des gisements de pétrole de Russie qui seront bloqués.
A l’heure actuelle, aucun pays du monde ne peut compenser le déficit en pétrole brut sur le marché international, et selon certains analystes, il faut s’attendre à voir le baril frôler les 150, voire 200 US$ d’ici la fin du conflit. Et si cette situation arrivait, les Etats-Unis n’auront d’autres choix que d’arrêter systématiquement l’exportation de leurs hydrocarbures (pétrole brut, gaz et produits pétroliers). Avec une telle hypothèse, le monde n’aura plus accès aux pétroles russes et américains et la répercussion sur tous les secteurs inévitables.
Sur le plan financier et des relations financières internationales, les experts prétendent qu’actuellement, les réserves financières du Kremlin peuvent tenir au moins deux (2) ans d’embargo occidental. Aux dernières nouvelles, la part du Yuan dans les réserves de change russes est désormais cinq (5) fois supérieure à la moyenne internationale.
Depuis la crise des subprimes de 2008 (l’année où la FED s’est mise à faire tourner la planche à billets), Moscou a accumulé suffisamment d’or qui lui a permis de liquider quelques 100 milliards de US$ de dettes en 2018. Par ailleurs, tout laisse penser que le dollar américain va perdre inévitablement et très prochainement son rôle de référence pour les transactions et les règlements internationaux. La Chine exige déjà le règlement de ses factures extérieures en Yuan (monnaie chinoise). De nombreux autres pays rejoignent cette fronde monétaire et démantèlent discrètement leur arrimage au dollar ; c’est le cas de l’Iran, de la Biélorussie, de la Corée du Sud, du Bangladesh, du Pakistan, des Philippines, de l’Indonésie, du Vietnam, du Venezuela, de la Turquie qui ont déjà sauté le pas.
Autre signe qui ne trompe pas, l’Arabie Saoudite vient d’inviter le président Xi Jinping à visiter le Royaume, et Ryad (principal allié de Washington) serait prête à accepter toute monnaie (le Yuan) autre que le dollar pour le paiement de son pétrole. La déconnexion des banques russes du système de transfert et messagerie SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) à partir du 12 mars dernier décrite comme ‘’l’un des outils les plus puissants dont disposent les autorités occidentales pour punir la Russie‘’, a été une mesure des plus ridicules ; l’impact économique de cette seule mesure a été un fiasco. Il est clair et évident que la Russie d’une part les Etats-Unis, et l’Union Européenne d’autre part, se vouent une haine implacable et Vladimir Poutine est plus que déterminé à se venger et laver définitivement l’humiliation subie par l’Union Soviétique et ses alliés de l’Europe de l’Est depuis la chute du mur de Berlin.
Par Ali Mamane(onep)
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Un accident vasculaire cérébral (AVC) est la conséquence de l’interruption de la circulation sanguine vers le cerveau. Il se produit soit lorsqu’un vaisseau sanguin est obstrué (AVC ischémique), soit par déchirure d’un vaisseau sanguin provoquant une hémorragie (AVC hémorragique). Environ 60 % des AVC sont ischémiques en Afrique subsaharienne.
Selon Dr Zakaria Mamadou, médecin neurologue à l’Hôpital Général de Référence de Niamey, la sévérité́́ d’un AVC est variable, allant des accidents ischémiques transitoires (AIT) qui régressent en quelques minutes à quelques heures sans laisser de séquelles à des AVC conduisant au décès.
Pour améliorer la prise en charge des AVC au Niger, Dr Zakaria Mamadou a annoncé la création d’une filière de prise en charge autour d’une unité de soins intensifs neurovasculaire à l’Hôpital Général de Référence de Niamey.
Docteur, quelle est la prévalence des AVC ?
Il s’agit du premier motif d’hospitalisation en neurologie. Un AVC se produit toutes les 5 secondes dans le monde. L’OMS parle de pandémie et projette une augmentation de l’incidence des AVC passant de 16 millions en 2005 à 23 millions en 2030. Les AVC sont graves car c’est la première cause de handicap moteur de l’adulte jeune et deuxième cause de démence dans le monde, et aussi deuxième cause de mortalité́ selon l’OMS. La conséquence d’un AVC est que les cellules du cerveau ne reçoivent plus l’oxygène et les nutriments dont elles ont besoin pour fonctionner normalement. Certaines sont endommagées et d’autres meurent.
Quels sont les facteurs de risques de la survenue d’un AVC ?
Les facteurs de risques permettent d’identifier les patients à risques de développer un AVC. Ils sont divisés en facteurs non modifiables et modifiables. Parmi les facteurs non modifiables, l’on peut retenir l’âge. En effet, après 55 ans, le risque d’AVC double chaque décennie. L’antécédent familial d’AVC constitue un facteur de risque d’accident vasculaire cérébral. L’appartenance à la race noire est aussi un facteur. L’incidence d’un AVC est deux fois plus élevée chez les individus d’origine africaine et hispanique que chez les caucasiens. Le sexe masculin est également un autre facteur de risque.
S’agissant des facteurs modifiables, le facteur de risque le plus puissant est l’hypertension artérielle. Il faut noter que l’augmentation de la pression artérielle (PA) systolique de 20 mmHg ou de la PA diastolique de 10 mmHg est associée à un doublement du risque d’AVC. L’hypercholestérolémie, c’est-à-dire l’élévation du mauvais cholestérol appelé LDL, est associée à une augmentation du risque des AVC ischémiques.
Le diabète de type 2 multiplie le risque d’AVC allant de 1.8 à 6.0 fois. Le tabac multiplie 2 fois le risque de survenue d’AVC. L’alcool, la drogue, l’obésité, la ménopause et le traitement hormonal substitutif sont des facteurs de risques d’AVC. Aussi, le manque d’activité physique est un facteur de la survenue d’AVC.
À ces facteurs s’ajoutent d’autres appelés facteurs précipitants. Ce sont des facteurs qui précipitent la survenue d’AVC chez des patients avec ou non des facteurs de risques.
La prise aiguë d’alcool, l’accès de colère-stress, les évènements de vie sévère, la pollution atmosphérique, la variation importante de la température extérieure, l’arrêt de l’aspirine chez un patient avec un antécédent d’AVC sous aspirine.
Quels sont les signes d’alerte d’un AVC ?
D’abord, il faut savoir que l’apparition des symptômes est brutale sans prodrome en général. Devant l’installation brutale des signes suivants, il faut penser à un AVC et conduire rapidement le patient dans un hôpital, car chaque minute qui passe compte car il s’agit de la mort de deux millions des neurones d’où le slogan ‘’time is brain’’.
Les signes suivants doivent alerter. Il s’agit de la paralysie ou trouble de la sensibilité d’une moitié du visage, paralysie du corps, faiblesse ou trouble sensitif, le plus souvent d’un côté du corps. Trouble de la parole, c’est à dire difficulté à parler ou à comprendre ce qui est dit. Trouble de la vue. Perte de la vision (d’un œil ou d’un côté) ou vision double. Des vertiges, maux de tête soudains et/ou vertiges violents avec déséquilibre.
Comment se fait la prise en charge d’un AVC ?
En cas d’accident vasculaire cérébral ischémique, le traitement réalisé en milieu hospitalier consiste à dissoudre le caillot qui bouche l’artère cérébrale en perfusant un médicament par intraveineuse, la thrombolyse. En l’absence de contre-indications, la thrombolyse doit être réalisée dans les 4h 30 suivant l’apparition des premiers symptômes. Elle permet de rétablir la circulation du sang et l’apport en oxygène au cerveau, et donc de limiter la lésion cérébrale et ses séquelles. Plus ce traitement est mis en place rapidement, moins les séquelles de l’accident vasculaire ischémique seront importantes.
Depuis 2015, un second traitement est possible lorsque l’obstruction concerne une grosse artère. Il s’agit de la thrombectomie. C’est un acte réalisé́ dans un bloc de neuroradiologie interventionnelle qui consiste à extraire le caillot de façon mécanique avec un dispositif médical spécifique, par voie endovasculaire. La thrombectomie peut être pratiquée dans un délai plus étendu que celui de la thrombolyse dans les 6 à 24 heures suivant le début des symptômes avec une efficacité́ certaine. En cas d’AVC hémorragique, la prise en charge est basée surtout sur la baisse intensive des chiffres tensionnels dans l’heure qui suit l’hospitalisation et d’autres soins plus spécifiques selon les cas.
Quelles sont les causes des AVC ?
Les causes sont multiples ; il faut surtout retenir les causes selon le type d’AVC. Connaitre la cause de l’AVC permettra de mieux adapter le traitement pour prévenir les récidives. Nous avons les causes d’origines cardiaques- arythmie cardiaque type fibrillation atriale, certaines insuffisances cardiaques tels que les cardiomyopathies dilatées, atteintes des valves cardiaques, valvulopathies mitrales, les tumeurs cardiaques, sans oublier une malformation congénitale cardiaque appelée foramen ovale perméable (FOP). Il y’ a aussi les causes artérielles-dissection des artères à destinées encéphalique, le rétrécissement des artères par le mauvais cholestérol appelé sténose athéromateuse…et les causes sanguines -élévation du taux de l’hémoglobine ou des plaquettes, la drépanocytose.
Les AVC hémorragiques dans 80% des cas sont liés à une complication chronique de l’hypertension artérielle appelée maladie des petites artères. Nous pouvons rapidement citer les causes vasculaires comme les malformations artério-veineuses et thromboses veineuses cérébrales.
Que penser des croyances selon lesquelles l’AVC est d’origine mystique ?
À ce sujet, j’aimerai dire qu’il s’agit d’une maladie neurologique et qu’elle n’a rien de mystique.
Quels sont les moyens de prévention contre la survenue d’un AVC ?
Une proportion importante des accidents vasculaires cérébraux pourrait être évitée grâce au contrôle des cinq principaux facteurs de risque modifiables : l’hypertension artérielle, le tabagisme, le diabète, la sédentarité́ et une alimentation défavorable à la santé.
Si dans la majorité́ des cas, les patients souffrant de diabète ou d’un problème cardiaque sont suivis par un médecin, la moitié des hypertendus ignore qu’ils le sont alors même que l’hypertension est le principal facteur de risque d’AVC. Donc il est nécessaire de faire un contrôle strict de l’HTA, du diabète, d’avoir une alimentation saine, et de faire une activité physique régulière.
En perspectives, quoi faire pour améliorer la prise en charge des AVC au Niger ?
Pour améliorer la prise en charge des AVC au Niger, c’est d’abord la sensibilisation de la population sur les mesures préventives et aussi faire connaître les signes d’alerte et quoi faire devant ces signes. C’est pour ça que nous portons un projet pilote de création d’une filière de prise en charge des AVC autour d’une unité de soins intensifs neurovasculaire. Il s’agit d’une unité spécialisée dans la prise en charge des AVC avec des médecins neurologues et des paramédicaux bien formés. Ce projet pilote va être réalisé à l’Hôpital Général de Référence de Niamey.
Réalisé par Oumar Issoufou(onep)
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La forte pression démographique qui s’exerce sur les principales villes du Niger et le renforcement du pouvoir d’achat de la classe moyenne, a poussé les habitants des centres urbains à investir de plus en plus dans l’acquisition de biens immobiliers pour procurer un toit à leurs familles. Malheureusement, cette course effrénée, surtout dans la capitale Niamey, a permis le développement, quelques fois illégal, de plusieurs quartiers avant même l’obtention de l’ensemble des documents qui permettent de déclasser un terrain vague et de l’affecter à l’habitation. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, le Directeur de l'urbanisme au ministère de l'urbanisme et du logement, M. Balla Illotchi Mahaman Salissou, revient sur l’utilisation abusive de ces espaces non constructibles et sur la restructuration des quartiers spontanés. Il se prononce également en faveur du classement de certaines zones de Niamey comme « zones inondables et non-constructibles ».
M. le Directeur, comment se fait la restructuration des quartiers spontanés, particulièrement ceux qui se trouvent dans des zones à risque tels que les flancs raides de collines et les zones de stagnation d’eau ?
L’objectif principal de la restructuration est l’amélioration des conditions de vie des populations du site à restructurer en particulier et celle de la population entière de la ville concernée. Généralement, le quartier, le village urbain où la situation de base a des conséquences sur les équipements et infrastructures existantes de la ville du fait de la pression exercée sur ceux-ci par cette partie de la ville où ils sont quasi inexistants.
La restructuration consiste dans un quartier dit précaire, sous équipé, spontané ou dans un village englouti par un centre urbain, un village administratif quelconque en milieu urbain ou rural, à l’ouverture des voies d’une part
pour le besoins de la circulation et de desserte des habitations en eau potable, en électricité, en ouvrages d’assainissement et d’autre part pour la création des équipements sociaux de base ou socio-collectifs tels que les écoles, les centres de santé, les terrains des sports et de loisirs, les places publiques et cultuelles.
Cependant, la restructuration peut être entreprise dans des quartiers lotis habités ou non, où le lotisseur n’as pas respecté les normes urbanistiques en l’occurrence l’harmonie et la hiérarchie des voies, les terrains pour les équipements et infrastructures socio-collectifs, ou dont le lotissement n’a pas respecté les dispositions d’un document de planification urbaine en vigueur.
Les zones à risque tels que le flanc raide des collines et les zones inondables sont classées zones non habitables et non constructibles. C’est dire qu’il n’y a pas de restructuration sur une zone considérée non habitable. La seule opération possible c’est de déplacer cette population et la réinstaller sur un site approprié.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans la restructuration de ces genres de quartiers ?
Entre autres difficultés que nous rencontrons dans ces genres d’opérations, on peut noter l’identification des sites de recasement et son acceptation par les impactés, les frais exorbitants pour l’acquisition des sites de recasement, les transactions foncières après le rapport du commissaire enquêteur, la poursuite de mise en valeur des terrains par les impactés, l’indemnisation juste et préalable des impactés, les coûts liés à l’aménagement du site de recasement et l’insertion socioéconomique de cette nouvelle population dans son nouveau environnement.
Quels sont vos conseils à l’endroit des propriétaires coutumiers qui morcellent et vendent illégalement ces types de terrains et aussi des clients qui achètent ces terrains relativement abordables pour y habiter ?
Le conseil que je peux donner aux propriétaires coutumiers est de les rassurer que le droit coutumier au Niger est reconnu et confirmé en 1960 et 1961. Cependant, ce droit se limite là ou commence le droit de l’urbanisme. C’est dire que la reconnaissance de droit, ne donne pas droit à l’aménagement ou au morcellement des propriétés foncières aux fins d’habitations. Dans une ville, l’occupation des sols ou la destination des sols est réglementée par des outils de planification urbaine, aujourd’hui, institué par la loi 2017 -20 du 12 avril 2017 fixant les principes fondamentaux de l’urbanisme et de l’aménagement urbain.
C’est dire que la transaction sur une propriété foncière dans ces zones n’est pas interdite mais c’est la destination des sols qui est règlementée. Est-ce que votre terrain est situé de par l’outil de planification urbaine dans une zone d’habitat, de commerce, d’industrie, d’artisanat, d’agriculture urbaine ou dans une zone inondable, interdite de construction, non habitable.
Pour vous acquéreur, renseignez-vous sur la destination du sol de la propriété que vous vouliez acquérir. Par exemple, vous n’aurez pas d’acte de cession moins encore de permis de construire pour habitat dans une zone classée inondable, non constructible. Achetez vos parcelles sur des sites régulièrement lotis, après avoir vous-même visiter le terrain.
Peut-on dire, Monsieur le directeur de l’urbanisme, qu’il est temps de déclarer certains quartiers de Niamey « zones inondables » ?
Ma préoccupation c’est surtout les inondations dans la ville de Niamey. Il vous souviendra que quand le 8 septembre 2020, le niveau du fleuve a atteint 695 centimètres, plusieurs digues ont cédé et de vastes parties des quartiers de la rive droite ont été inondées. En dehors de Niamey, d'autres communes le long du fleuve Niger ont été inondées et gravement touchées. Les derniers chiffres de la période indiquaient 329 958 personnes touchées, 65 personnes mortes, plus de 31 960 maisons endommagées ou détruites, 5 768 hectares de terres agricoles inondés. C’est dire qu’il est temps de déclarer certaines zones de la région de Niamey inondables, non constructibles, non habitables et les affecter aux activités de production agro-pastorale et aux activités sportives.
A mon avis, la population devrait faire sienne cette préoccupation tant pour son caractère préventif mais également pour transformer ce défi en opportunité de développement, source de création d’emploi et de promotion des petites et moyennes entreprises.
Par Souleymane Yahaya (Onep)
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Une mission de la Direction Générale du Patrimoine de l’Etat au Ministère des Finances composée de M. Zakari Tidjani et M. Ali Amadou ont animé une formation du 10 au 11 Mars 2022 sur la tenue de la Comptabilité des Matières d’une part et la maitrise de la procédure du recensement administratif des domaines bâtis et non bâtis de l’Etat et de ses démembrements d’autre part à Diffa. La formation a regroupé les directeurs régionaux et les chargés de la gestion des biens des directions régionales, départementales et communales. En marge de la formation, le chef de la mission M. Zakari Tidjani a expliqué les objectifs de ladite formation.
Quel est l’objectif de votre mission dans la Région?
L’objectif de la formation est d’outiller les responsables régionaux et leurs chargés de gestion des biens pour une réelle tenue régulière de la Comptabilité Matière et aussi maitriser toutes les étapes de la procédure du recensement administratif des domaines bâtis et non bâtis (Bâtiments administratifs).
Comment avez vous trouvé l’état d’esprit des participants ?
Nous avons trouvé des cadres régionaux qui ont favorablement accueilli la formation sur la procédure de gestion des biens de l’Etat. Ces cadres ont apprécié la démarche pédagogique de la formation. Ils ont contribué efficacement pour l’amélioration de la qualité des outils. A travers les échanges, nous avons constaté l’engouement des participants à s’approprier ces outils pour rendre leur gestion très fluide. Aussi, nous avons écouté avec intérêt les préoccupations des uns et des autres pour pallier les difficultés rencontrées souvent dans la gestion des biens. Et sur ce point nous avons suggéré l’examen des textes en vigueur régissant les différents domaines de gestion des biens de l’Etat.
Avez-vous un message particulier à l’issue de la mission que vous venez de conduire ?
Je voudrais remercier l’ONEP pour cette opportunité qui m’est offerte de m’appesantir sur l’objectif de notre mission dans la région du Manga. Aussi, je voudrais remercier très sincèrement les autorités régionales pour leur forte implication dans l’organisation de la formation et remercier les responsables régionaux pour leur disponibilité constante. Enfin, je lance un pressant appel à tous les acteurs de s’impliquer pleinement pour la réussite de cette opération de recensement.
Propos recueillis par Mato Adamou ONEP Diffa
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Professeur pour parler des villes, on constate que Niamey, la capitale du Nigerconnait une urbanisation accélerée ces dernières années. Quel commentaire vous inspire cette situation ?
Une des problématiques des villes africaines, surtout des villes capitales, c’est la rapidité de leur croissance démographique et spatiale. A titre illustratif, en 1960 Niamey ne comptait que 30.000 habitants et couvrait une superficie de 860 ha. Aujourd’hui, c’est-à-dire 62 ans plus tard, elle compte, selon les statistiques de l’INS, plus de 1.300.000 habitants, voire davantage selon d’autres sources. Aujourd’hui son espace urbain s’étend sur 30.000 ha. Elle a donc dépassé la surface attribuée à la ville qui est de 237 km2. Autrement dit en 62 ans, la population a été multipliée par 43 et l’espace urbain par 35. C’est un rythme trop rapide pour doter notre ville capitale de l'ensemble des infrastructures collectives nécessaires à la vie quotidienne des Niaméens.
Et qu’est-ce qui explique cette croissance fulgurante ?
Plusieurs facteurs expliquent cette croissance démographique. Il ya dans un premier temps l’exode rural qui est un flux continue de jeunes qui quittent leurs villages pour venir s’installer en ville. A ce flux s’ajoute un deuxième facteur qui est aujourd’hui le plus important. Il s’agit de la croissance démographique naturelle qui est aussi élevée à Niamey qu’à l’intérieur du pays. Elle est de l’ordre de 3,9% par an. Le troisième facteur, c’est que dans son extension, Niamey annexe les villages périphériques. Ce sont ces trois facteurs surtout qui contribuent à augmenter la population et la surface. Notons aussi que l’étalement urbain est aussi dû au mode de construction qui est horizontal, c’est-à-dire qu’on a surtout des maisons à rez-de-chaussée qui consomment beaucoup d’espace. La densité de population est de ce fait est très faible. Ce qui entraine un étalement urbain et une occupation de l’espace qui n’est souvent pas très rationnelle. Voilà en résumé ce qui explique l’étalement de la ville de Niamey.
Professeur pouvez-vous revenir sur les critères ou les conditions qu’il faut réunir pour qualifier une entité de ville ?
Les critères pour définir une ville, c’est d’abord une agglomération des personnes. Selon l’INS, peut être qualifiée de ville toute agglomération d’au moins 2000 habitants. A ce critère de population, on en ajoute d’autres critères tels que les fonctions, la morphologie, etc. Pour l’ONU la ville doit compter au moins 10.000 habitants. Ce seuil n’est pas respecté à l’échelle des pays. La définition de la ville dépend aussi des domaines de formation, par exemple pour les sociologues c’est un lieu de maximisation des relations, pour les géographes c’est la locomotive dans l’aménagement d’un espace, pour les économistes, c’est un marché. Donc les critères sont définis selon les domaines de formation.
S’il y’a une problématique qui préoccupe les citoyens de nos jours, notamment à Niamey, c’est cette question de viabilité de la ville en général et des quartiers en particulier. Selon vous qu’est-ce qu’il faut pour rendre ses quartiers plus viables ?
Au début je disais il y’a la rapidité de la croissance démographique et spatiale. Par exemple, une ville comme Niamey double sa population tous les 15 ans, c’est un rythme qui est trop rapide. Cela veut dire que tous les 15 ans, il y‘a un nouveau Niamey qui se construit tout autour de l’ancien Niamey. Autrement dit, si on veut garder le même taux de scolarité, il faut créer le même nombre d’infrastructures qu’il y’a dans l’ancien Niamey tous les 15 ans. S’il ya aujourd’hui 100 écoles primaires dans la ville, dans les 15 ans à venir il faut en créer 100 autres dans le nouveau Niamey, sans penser à améliorer le taux de scolarisation. Parce que si on veut améliorer ce taux au lieu de 100 on doit construire 150 ou 200. C’est la même réflexion à faire pour la santé, pour l’approvisionnement en eau potable, en électricité, pour les routes. Cette projection n’aborde pas la réhabilitation de l’existant qui a aussi un coût.
Quel sera selon vous l’impact d’un tel investissement ?
Le rôle de la municipalité, c’est d’offrir à sa population un bon cadre vie nécessaire à son épanouissement. Ce cadre de vie doit être agréable donc viabilisé. C’est un droit du citoyen d’avoir de bonnes routes, des collecteurs d’eau fluviale, des centres sanitaires de proximité, des écoles et des centres de formation de proximité et de qualité. Ces infrastructures de proximité vont diminuer la mobilité et donc la congestion du centre-ville. Parce que ce qui se passe ici, toute la ville, le matin, se dirige vers le centre-ville, ce qui crée des embouteillages qui ont un coût pour les ménages et pour la ville. Ces embouteillages engendrent aussi de la pollution, des accidents, etc. La ville de Niamey doit nécessairement effectuer des investissements démographiques (écoles, santé, logement, marchés, routes, etc.) pour offrir à sa population un meilleur cadre de vie surtout à la population résidant dans ses périphéries.
Professeur, revenons aussi à cette actualité qui est la récurrence des inondations dans la ville de Niamey. Qu’est-ce qu’il faut selon vous pour améliorer cette situation ?
La première chose, c’est de respecter le fonctionnement des sous bassins. Par exemple quand vous prenez «Gountiyéna» qui draine une quantité importante d’eaux pluviales vers le fleuve, dans les années 1960 jusqu’à fin 1980, il y’avait des jardins dont l’avantage était de fournir des fruits et légumes mais également de la fraîcheur et de pomper des eaux de sous-sol et avec lesquelles on arrosait les arbres fruitiers. Par la suite les autorités municipales ont empêché le jardinage à cause des maladies hydriques qu’on peut contracter en consommant les légumes produit dans ce talweg. Après avoir interdit cette activité, la vallée du «Gountiyéna» fut morcelée. Aujourd’hui la nappe ne désemplie plus. Ceux qui ont construit dans le lit sont inondée chaque année pendant plusieurs mois. Sur la rive droite la population a construit sur les voies de l’eau. Elle a donc pris le risque de provoquer ce qui est beaucoup plus forte qu’elle car elle (l’eau) reprendra tôt ou tard son dû.
Professeur est-ce que vous-êtes associé dans toutes ces réflexions qui visent l’amélioration du cadre urbain ?
Nous à l’Université, nous menons nos réflexions sur les préoccupations des populations pour produire de la connaissance à travers nos articles scientifiques qui sont disponibles à l’Université mais également sur internet. Mais la ville nous associe rarement à ses réflexions. Mes collègues de l’IRSH ont une fois, officiellement, bénéficié d’une étude sur la toponomie de la ville. Mais de manière générale les autorités de la ville font appel à des cabinets d’études pour leurs réflexions. Nos réflexions ne sont malheureusement pas concertées. C’est dommage car nous avons des Enseignants-chercheurs et des étudiants qui, dans le cadre de leur mémoire de licence, de master et de doctorat, peuvent contribuer à la connaissance des enjeux urbains au Niger. Pour l’instant nos réflexions sont guidées parce que nous voyons, nous constatons. Les résultats de ces réflexions sont disponibles à l’Université Abdou Moumouni. La ville peut les exploiter.
Enfin, quelles sont selon vous les perspectives pour la ville de Niamey ?
Je crois que Niamey est une belle ville. Il faut réfléchir ensemble pour savoir quel est le modèle de ville que nous voulons pour le futur. Parce que penser qu’on va faire de Niamey Paris est une utopie car elle n’aura pas d’âme. On a besoin de réfléchir ensemble avec les populations pour définir ce que nous voulons comme ville. Pour la mobilité par exemple j’ai l’impression qu’on a choisi la facilité en optant sur le tout automobile et moto. Or le tout automobile nécessite beaucoup d’espaces en termes de voix de circulation et de parking. Est-ce qu’il n’est pas mieux d’essayer le transport en commun et en profiter pour mieux organiser le transport collectif traditionnel actuel, afin que beaucoup plus de personnes puissent se déplacer sans beaucoup de difficultés, dans de meilleures conditions et à un coût beaucoup plus abordable ?
Propos recueillis par Ali Maman(onep)
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«Pour passer du manque d’énergie à la solution, il faudrait que notre pays unisse les efforts publics-privés»
Notre pays a accueilli la semaine du 16 février la 3ème édition du forum des mines et du pétrole de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (ECOMOF 2022) à laquelle vous avez pris part en tant qu’acteur de la société civile nigérienne. Pouvez-vous nous parler de ce forum ?
J’ai effectivement pris part à l’ECOMOF 2022, non seulement comme conférencier, mais en tant que participant et visiteur des stands. Toutes les conditions ont été réunies pour faire de cette 3ème édition, une véritable réussite. C’est ce travail qui, à mes yeux, a permis au forum, placé sous le thème : « Intégrer les industries minières et pétrolières dans le développement des chaînes de valeur régionales », de gagner son pari. Comme vous l’avez constatez, les travaux ont débuté le mercredi 16 février 2022 au Centre international Mahatma Gandhi. Satisfaction et confiance, car le forum a pris la forme d'un grand marché international. Ces résultats encourageants couronnent les efforts déployés par la Ministre en charge des mines, Mme Ousseini Hadizatou Yacouba, le Ministre du Pétrole, de l’énergie et des énergies renouvelables, M. Mahamane Sani Mahamadou et le Commissaire en charge des mines de la CEDEAO, M. Douka Sidikou. C’est l’une des plus belles rencontres que la CEDEAO n’ait jamais organisée, et ce n’est pas que mon avis. Ce forum fait suite à la 2ème édition organisée à Abidjan et reste l'une des plus grandes rencontres des miniers en Afrique de l'Ouest. Cette rencontre a vu la participation de 60 exposants, 115 conférenciers, des délégations de 25 pays, 28 sponsors, 600 délégués et 900 visiteurs. Il y a eu des débats dans les coulisses et une veille marketing permanente. Je dirai que la rencontre de Niamey est originale, plus conviviale que les précédentes. De nombreuses animations ont rythmé les trois jours des travaux. D’importants sujets d’intérêt majeur pour les sous-secteurs minier et pétrolier ont été abordés par des experts et officiels gouvernementaux, mais aussi par des professionnels de l’industrie minière et pétrolière venant du monde entier. Ce Forum a surtout servi de cadre de collaboration et de dialogue pour soutenir les efforts de mise en place d’une architecture régionale dans le secteur géo-extractif. L’honneur m’a été fait d’animer la session 9A sur le thème : « Comment répondre à la demande énergétique croissante ? ». J’ai beaucoup aimé cette initiative puisque les débats sont venus renforcer notre espace commun, attestant que notre sous région a de l’avenir dans les secteurs stratégiques. Cet événement aura aussi permis aux investisseurs de rencontrer les délégations de plusieurs pays africains et occidentaux. Une initiative très appréciée par le public nigérien qui a répondu présent à tous les rendez-vous. Les expositions ont également régalé le public par leur qualité et leur originalité. Du coup, cette 3ème édition a remporté un franc succès et a attiré un large public très passionné par les industries extractives. Les Nigériens de tous bords garderont longtemps en mémoire ce forum, une vitrine pour notre riche patrimoine minier, pétrolier et gazier. La réussite était à tous les niveaux. C’est pourquoi, je ne peux que faire un bilan plus que positif de l’ECOMOF 2022 par rapport à l'organisation, mais aussi à l'ambiance du travail. En effet, malgré la très lourde charge de travail, une ambiance conviviale a régné tout au long des travaux. La sécurité était également très importante, en raison de la pandémie et des attaques terroristes sur les trois frontières. Toutes les entrées sont vérifiées. Cette organisation minutieuse a permis de pouvoir gérer efficacement les conférences. Je saisis cette occasion pour féliciter M. le Ministre Mohamed Saidil Moctar, Directeur Général de l’Agence Nationale de l’Economie des Conférences (ANEC), car l’avenir s’annonce plus que jamais radieux dans notre capitale Niamey.
Au regard des objectifs assignés à ce forum, on peut dire que son agenda est très chargé ?
Bien sûr, c’est un agenda très chargé parce qu’il se focalise sur le potentiel des chaînes d’approvisionnement régionales, la perspective d’harmoniser les éléments essentiels des cadres de politique fiscale du secteur géo-extractif dans la région, appréhender la problématique des investissements dans les industries extractives, examiner les questions de conformité et de gestion environnementale, les politiques de contenu local et les stratégies en matière des sciences et de l’innovation. C’est dire qu’il n’y a rien de plus gratifiant que d’aller jusqu’au bout des rêves des Etats africains. Les participants se sont longuement penchés sur des thématiques telles que : la transformation des produits extraits, la prise en compte du genre pour une gouvernance inclusive du secteur extractif, la sensibilité des questions énergétiques, la responsabilité sociétale des entreprises et le développement durable. A l’agenda de l’ECOMOF 2022, figure aussi l’examen du potentiel géologique de certains Etats membres, etc…
Quel profit doit tirer un pays organisateur comme le nôtre, producteur d’uranium, d’or, de charbon et de pétrole?
D’une manière générale, il est définitivement admis que notre pays dispose d'abondantes ressources primaires énergétiques : uranium, charbon fossile, pétrole, gaz naturel, soleil, bassins hydrauliques, vents, sans compter la biomasse, les déchets urbains et les résidus des cultures. Il a un potentiel énorme et peu exploité. Cela lui donne la possibilité de passer aux systèmes énergétiques inclusifs, décentralisés et moins polluants sans se restreindre des combustibles fossiles et des systèmes énergétiques centralisés et néfastes pour l’environnement. De ce fait, ce forum permettra au Niger, à l’instar de certains pays de la CEDEAO, de valoriser son secteur extractif pour créer de nouvelles industries extractives en prélude à son développement économique et social. Pour mémoire, depuis son accession à l'indépendance en 1960, les capacités de production et de valorisation des ressources minières et énergétiques du Niger sont restées limitées, faute d'avoir défini une politique clairvoyante et volontariste qui permettrait d’accéder à une véritable autonomie énergétique. Les conséquences néfastes de cette situation sont le fait que la population nigérienne consomme le moins d’énergie au monde, 80% de la population vit sans électricité, un habitant sur quatre a accès à l’électricité, 5% seulement des zones rurales avec moins de 5% d’habitants sont reliés au réseau électrique… Toutes ces insuffisances pousseront le Niger à prendre véritablement son destin en mains, conscient des enjeux globaux.
Et comment le Niger pourra-t-il accéder à un véritable développement minier et énergétique?
C’est une question difficile au moment où il est question d’examiner l’étude tarifaire 2023-2027 de la concession Nigelec avec tous les risques d’augmentation des tarifs de l’électricité. A l’heure où je vous parle pour disposer de meilleures chances d’accès à un véritable développement minier et énergétique, notre pays doit se poser une question simple qui comporte deux fenêtres : Comment initier des choix de nouveaux partenaires à un coût accessible à tous ? Comment entreprendre des actions qui vont permettre de palier les handicaps auxquels le sous-sol nigérien est actuellement confronté ? La réponse à cette question se trouve dans la volonté affirmée de nos autorités qui consiste à entreprendre la diversification des investissements intelligents et conséquents ; à accroître des projets miniers et l’offre énergétique dans le secteur rural dans l’espoir qu’une plus grande consommation d’énergie puisse impulser l’amélioration des conditions de vie et de travail des populations ; à investir dans l’exploration et la modernisation des unités de productions énergétiques existantes ; à réfléchir sur l’indispensable question d’économie d’énergie, à l’intégration des sources d’énergies renouvelables ; à créer des unités modernes de production qui reposent sur la consommation d’énergie solaire et éolienne ; et à démontrer à nos interlocuteurs que le Niger est désormais attentif vis-à-vis de tous ses partenaires qui resteraient transparents et coopératifs.
En effet, toutes ces options doivent permettre à notre pays de faire attention au gaspillage des ressources, de viser la qualité, de sauvegarder l’environnement et de protéger les intérêts nationaux.
Dans ce cadre, quelles sont les opportunités qui peuvent s’offrir au Niger pour résorber le récurrent problème d’énergie?
Pour passer du manque d’énergie à la solution, il faudrait que notre pays unisse les efforts publics-privés. En pareille circonstance, je pourrais dire que les hauts dirigeants et les chefs d’entreprises énergétiques doivent converger ensemble dans l’objectif d’intérioriser l'idée que notre force et notre salut résident dans la construction et la consolidation d'une solidarité nationale bâtie sur la confiance mutuelle et la mise en commun des outils de développement. Dans ce pays, le problème énergétique se ressent au niveau de la population rurale où seulement 2% de celle-ci ont accès à l’électricité. Pour beaucoup d’experts à très court terme, voire très urgemment, il faut fournir à tous de l’électricité à un prix accessible. Pour cela, il faut que le gouvernement choisisse de s’ouvrir à la diversité dans la manière de produire et de distribuer de l’électricité. Partant de cette conviction et considérant le potentiel énergétique dont dispose notre pays, il y a lieu dès à présent de mettre en place des systèmes technologiques d’exploitation énergétique qui constituent une alternative pérenne à savoir les mini-réseaux, les stations d’énergies renouvelables solaires ou éoliennes, les centrales au fuel, charbon ou au gaz qui peuvent produire de l’électricité en permanence. La situation est favorable à l’accès à l’électricité à tous comme les Nations Unies ont mis en place en 2012 un ambitieux programme d’accès universel à l’électricité à l’horizon 2030 (Sustainable Energy for All ou SEforAll). Pour saisir cette opportunité, le Niger doit prendre des dispositions en vue de parer aux dysfonctionnements et contraintes tant politiques et structurelles, qu’humaines et psychologiques. Toujours est-il que l’accès à l'énergie passe également par la maîtrise de la production qui nécessite la formation de cadres scientifiques et technologiques de hauts niveaux. Il est inconcevable que nos universités et grandes écoles ne forment pas assez d'ingénieurs dans le domaine après 60 ans d'indépendance. Il faut retenir que la voie du développement durable passe par la prise en compte de l’électricité urbaine et villageoise indispensable pour l’industrialisation, l’irrigation, l’éclairage et les techniques de productions agricoles capables de promouvoir la résolution des problèmes alimentaires. Concernant les anciennes installations électriques, la modernisation doit se poursuivre. En résumé, nous pouvons dire que les opportunités dont dispose notre pays pour résoudre le problème énergétique sont l’existence des organisations économiques sous régionale comme la CEDEAO, l’UEMOA, la disponibilité des Nations Unies et des banques à soutenir nos Etats, la permanence des ressources énergétiques, la capacité des sociétés à former des cadres dans le domaine énergétique, et nos bonnes relations de coopération bilatérale avec certains pays comme le Nigéria, la Chine, la France, la Turquie, les Etats-Unis d’Amérique, l’Inde, le Japon, etc…
En d’autres termes, comment répondre à la demande énergétique croissante au Niger?
A mon humble avis, les défis à relever sont nombreux. Ce n’est malheureusement pas aussi simple pour un pays pauvre. Aujourd’hui, la consommation d’électricité a explosé dans les villes. Le secteur industriel fait face à des difficultés d’approvisionnement récurrentes et à des problèmes de stabilité du réseau. Pour garantir la sécurité d’approvisionnement de notre pays à moyen et à long termes, il faut un réseau stable, suffisamment d’énergie et une coopération avec les pays membres de la CEDEAO, notamment le Nigéria. En ce sens, pour répondre à la demande énergétique croissante, les contraintes techniques de stabilité du réseau électrique imposent de disposer d'une réserve de puissance énergétique rapidement mobilisable en vue de pallier la défaillance éventuelle des unités de production. Dans ce cadre, notre pays doit tendre vers la diversification des
productions énergétiques, ce qui contribuera à sécuriser les approvisionnements et la dépendance exclusive des populations rurales au bois de chauffe. Concrètement, dans la situation actuelle, pour être en mesure de satisfaire les besoins énergétiques de nos populations, l’Etat doit obligatoirement mutualiser ses efforts avec les entreprises nationales et internationales, afin de s’engager ensemble dans la construction d’une centrale nucléaire commune et encourager les privés à construire des centrales thermiques à charbon et à gaz dans chaque région. Jusqu’à présent, plus de 80% de nos populations rurales dorment dans le noir et 70% de notre production électrique provient de l’Etat Fédéral du Nigeria. Vous convenez avec moi, que cette situation met notre pays et notre peuple dans une situation inconfortable et nous interpelle tous ! À l’heure actuelle, presque rien ne fonctionne sans électricité. Société, communication, transports, soins médicaux, industrie et commerce : aucun domaine ou presque ne peut s’en passer ! La disponibilité de l’énergie en qualité et en quantité suffisante, et à moindre coût apparaît donc comme l’une des conditions sine qua non pour notre développement économique et social. Pour cela, il va falloir construire rapidement le barrage de Kandadji, car l’hydroélectricité demeure une donnée à prendre en compte dans le développement industriel, malgré des dommages écologiques et humains élevés qu’elle peut engendrer. Aussi, l’explosion démographique, l’essor des classes moyennes, la croissance économique et le développement de la mobilité sont des facteurs pouvant encore générer une augmentation de la demande énergétique. Par conséquent, la maîtrise de cette situation passe par une amélioration des performances des entreprises publiques existantes, une pratique d'une bonne gouvernance, une refondation de l'école, une volonté politique inébranlable, une vraie indépendance économique, une existence d’un cadre sous régional et régional de coopération et, enfin une politique réelle de souveraineté monétaire.
Par Oumarou Moussa(Onep)
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« Notre objectif est de contribuer à lutter contre la mendicité à cause d’un handicap physique, surtout chez les jeunes. Et nous avons trouvé que le sport est le meilleur ambassadeur pour lutter contre ce phénomène »
M. le président, tout récemment la ville de Niamey a accueilli les 5èmes jeux Africains des para-taekwondo. Cette occasion a permis à beaucoup de personnes de découvrir votre structure. Pouvez-vous nous présenter davantage cette fédération.
La Fédération Nigérien de Sport des Personnes Handicapées Physiques est une organisation comme toutes les autres structures qui a sa reconnaissance juridique délivrée par les autorités compétentes. Elle a été créée le 12 août 2020. Notre Fédération a pour mission de vulgariser, de promouvoir et de protéger le sport chez les personnes handicapées physiques au Niger. Dans cette dynamique, nous réalisons plusieurs activités. Nous avons même eu la chance de participer à des compétitions internationales comme le jeux para olympique, le championnat du monde para taekwondo, ça c’est au plan international. Au plan national, en collaboration avec les fédérations sportives, nous organisons régulièrement des activités de développement des différentes disciplines sportives et de détection des talents dans toutes les disciplines sportives.
Quelle appréciation faites-vous de la participation des personnes handicapées dans les activités sportives ?
Je pense que c’est très positif. Par exemple aujourd’hui aux derniers jeux para-badminton on est classé 3ème sur dix pays. Au plan National et ici au niveau national on a réussi à organiser le championnat national sportif qui a regroupé 105 athlètes à Niamey, dans toutes les disciplines, comme l'athlétisme, la course du tricycle communément appeler le hand-bay, des démonstrations de tennis de table, basket-ball sur fauteuil roulant et volleyball. Vraiment ces paquets d'activités ont amené beaucoup de changements parce que ça a poussé les personnes handicapées physique d'adherer aux sports, de croire en elles- mêmes et de savoir qu’elles aussi peuvent pratiquer le sport. Les handicapés physiques ont ainsi pris conscience que, malgré leurs états physiques, ils peuvent faire de sport et à travers cela amener leur contribution pour un développement du pays.
Quel changement avez-vous constaté chez les handicapés qui pratiquent le sport ?
Vraiment la pratique du sport, je ne vous cache rien, vise à amener beaucoup de personnes handicapées à devenir des athlètes et à abandonner la mendicité. Par exemple, en prélude aux para-taekwondo qui se sont déroulés à Niamey, nous avons enregistré au moins deux ou trois jeunes qui ont laissé la mendicité. Nous avons aussi d’autres disciplines sportives qui ont enrôlé des jeunes handicapés laissant ainsi la mendicité. C’est le cas du hand-bay (la course de vélo). Dans cette discipline le Niger devait même effectuer un déplacement sur Dakar. Mais à cause de l’insécurité au niveau des frontières ce déplacement a été annulé. Nous avons aujourd’hui des athlètes handicapés qui font la promotion du sport auprès des jeunes handicapés et à l’endroit des parents dont les enfants portent un handicap physique. Donc notre objectif comme je l’ai dit en début de cet entretien, c’est de contribuer à lutter contre la mendicité par des personnes à cause d’un handicap physique, surtout chez les jeunes. Et nous avons trouvé que le sport est le meilleur ambassadeur pour lutter contre ce phénomène.
Quelles sont les principales attentes de la fédération nigérienne de Sport des Personnes Handicapées Physiques ?
Vraiment les attentes de la fédération sont énormes. La première attente c'est pour une qualification aux jeux para olympiques. Parce que dans le domaine du sport handicapé, le Niger participe sur invitation. Donc pour les prochains jeux nous voulons arracher une qualification pour le Niger. C’est possible si nous arrivons à avoir le soutien de l’Etat et des autres partenaires.
L'Etat doit créer les conditions pour que les personnes handicapées physiques puissent pratiquer le sport comme il le faut. Cela doit commencer par la construction d’infrastructures adaptées aux personnes handicapées et les doter de matériels aussi adaptés, comme les fauteuils roulants pour le basketball, les béquilles réglementaires, les vélos pour le hand-baye, les chaises pour lance poids. Donc il nous faut vraiment du matériel adapté pour qu’on puisse pratiquer le sport comme il le faut.
Est-ce que vous faites des démarches pour aboutir à l’attente de vos objectifs ? Avez-vous des partenaires qui vous accompagnent ?
Nous sommes en train de faire les démarches à tous les niveaux, auprès de l’Etat et auprès des partenaires notamment, les ONG qui interviennent dans l’inclusion. C'est avec ces démarches qu’on a pu obtenir un terrain polyvalent sur lequel on peut jouer le basket sur fauteuil roulant, le volley-ball, une salle de gymnastique. Ce n’est pas suffisant nous voulons avoir aussi un terrain pour le football handicapé équipé et dans d’autres disciplines.
Parmi nos partenaires potentiels il y’a la C.I.C.R qui tout le temps est à nos côtés en nous accompagnant, financièrement et matériellement, dans toutes nos activités. C’est cette organisation même qui nous a doté de fauteuils roulants, de ballons de basketball, la construction du terrain polyvalent.
Quelle appréciation faites-vous de votre participation aux jeux para-taekwondo Africains de Niamey ?
Au dernier para taekwondo, nos athlètes ont bien répondu à nos attentes. Et, permettez-moi d’adresser mes remerciements à la fédération nigérienne de taekwondo et son staff technique qui a pris toutes les dispositions pour l’encadrement des jeunes. Les enfants on reçu un excellent encadrement et en espace de 6 mois ils ont été formés et outillés ce qui nous a permis d’enregistrer ce résultat.
Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous-êtes confrontés ?
Les difficultés qu'on rencontre c'est principalement le manque de matériel adapté aux pratiques des sports pour personnes handicapées. Le sport handicapé est peu connu par la population nigérienne donc si on arrive à avoir du matériel, on peut vraiment montrer que les personnes handicapées peuvent pratiquer et réussir dans le sport.
Avez-vous un appel ou un message à transmettre ?
L'appel que j'ai à lancer c'est à l'endroit de la population et de l'État. Nous attendons vraiment un soutien fort pour aider les personnes handicapées notamment, les jeunes à abandonner la mendicité. Il faut que tous les acteurs du développement en général et ceux qui interviennent dans l’inclusion, soutiennent les personnes handicapées. Avec un peu de soutien les personnes handicapées seront capables de faire la différence.
A travers le soutien dans ce sens les personnes handicapées peuvent amener leur contribution pour le développement de notre pays en matière de sport. C’est l’occasion pour eux de faire comprendre que le handicape n'est pas une fatalité. Nous rencontrons d’autres difficultés au niveau des personnes handicapées elles mêmes. Il y'a encore des personnes handicapées qui ne comprennent pas. Il revient alors à la Fédération de mener un grand travail dans ce sens. Donc mon cri de cœur c’est à l’endroit des parents qui souvent cachent leurs enfants. Je pense que, il est grand temps pour que nous comprenions que le monde a changé.
Par Ali Maman et Indatou Harouna (stagiaire)
ONEP
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Couvrant une superficie de 360 km2 pour une population de 63.875 habitants selon le recensement général de la population et de l’habitat de 2012, la commune urbaine de Gaya est située dans l’extrême sud de la région de Dosso. Elle est limitée au sud-ouest par la République du Bénin en l’occurrence la commune de Malanville, au sud-est par la commune rurale de Tounouga, au nord par les communes rurales de Bengou, Bana et Yélou et à l’ouest par la commune rurale de Tanda. Gaya est une ville qui fait peau neuve depuis l’arrivée de la nouvelle équipe du conseil municipal dirigé par le maire Elhadj Mounkaïla Boureima élu le 25 mai 2021.
Monsieur le maire, le 8 décembre 2021 vous avez tenu votre session budgétaire. Quel bilan pouvez-vous faire à l’issue de cette session ?
Le 8 décembre 2021, nous avons tenu notre session budgétaire au titre de l’année 2022. Il s’était agi pour nous, de nous pencher sur deux points à savoir le bilan de l’exécution du budget 2021 et les prévisions budgétaires au titre de l’année 2022.
Par rapport au bilan du budget 2021, nous pourrons retenir qu’il n’y a aucun problème dans le recouvrement des taxes fiscales. A titre d’exemple, le recouvrement au titre de l’année 2021 s’élève à 192.464.428 francs dont 58.229.747 francs du 1er juin 2021 au 30 novembre 2021 qui concerne notre gestion. Ces recettes ont permis beaucoup de réalisations parmi lesquelles on peut citer le paiement régulier des salaires. Il faut rappeler qu’à notre arrivée à la tête de la commune, nous avions hérité de six mois d’arriérés de salaires. Nous avons pris l’engagement de ne plus faire d’arriérés de salaires et d’assurer la régularité de salaires pour la remise au travail des agents.
Ainsi, à la date du 8 décembre, jour de l’ouverture de notre session budgétaire qui coïncide avec notre septième mois à la tête de la mairie, nous avons payé 7 mois de salaires et la masse salariale mensuelle s’élève à 4.601.675 francs soit 32.211.725 francs qui ont été payés au titre de salaires. Toujours dans le domaine des réalisations, nous avons pu négocier le rétablissement de la fourniture d’eau et d’électricité qui étaient suspendues. C’est ainsi qu’avec la NIGELEC, nous avons obtenu le retour de l’électricité sur la base d’un échéancier mensuel de l’ordre de 500.000 francs.
Nous avons initié dans la même lancée des opérations de grandes envergures de salubrité, d’évacuation des ordures ménagères, de déchets solides et plastiques. C’est le lieu pour nous de remercier très sincèrement les partenaires qui nous ont appuyés dans l’évacuation de ces ordures ménagères principalement la commune de Kamba au Nigéria et les grandes sociétés de la place à l’image de SOGBA, MOREY, SATOM qui nous ont appuyés en engins dans cette opération de salubrité de la ville de Gaya. Pour celui qui connaissait Gaya, il serait aujourd’hui frappé par la propreté qui règne au niveau des deux morgues dont les devantures étaient auparavant jonchées d’immondices.
D’autres actions ont également vu le jour au nombre desquelles la réparation de notre benne et tracteur qui étaient sur cale. Une extension du réseau d’eau jusqu’au cimetière a été faite pour assurer l’accès à l’eau aux populations. La commission foncière communale a, de son côté, bénéficié de la réparation d’un véhicule pour assurer le déplacement de ses membres dans le cadre du règlement des litiges champêtres. Par rapport aux taxes des marchés, une organisation a été mise sur pied dans la collecte. Cela a permis de multiplier par cinq le recouvrement qui était de l’ordre de 300.000 francs grâce à l’appui de la Police et de la Garde nationale auxquels je tiens à exprimer mes remerciements. Le curage des caniveaux avec l’aide inestimable de la FADA KOKARI, la réalisation du mur de clôture du marché central de Gaya figurent également en bonne place des réalisations de la mairie.
Quelles sont les actions que vous comptez réaliser en 2022 ?
Nous avons fait des prévisions au titre de l’année 2022. Les investissements se résument à une extension du réseau d’eau et d‘électricité, des travaux de lotissement, la réalisation des ouvrages de franchissement, la construction de cuvettes, le réaménagement du parking de gros porteurs pour faire face au problème de parking anarchique qui cause beaucoup de dégâts dans la ville. Les actions porteront aussi sur l’achat de poubelles mobiles qui seront placées le long des grandes artères de la ville, le tout pour un coût de 398.598.000 francs.
La commune de Gaya a également prévu dans son budget 2022 la construction d’une case de passage pour les personnalités, la réalisation de magasins pour le stockage de matériels vétustes. A cela s’ajoute la réfection de la mairie pour une somme de 31.776.716 francs. Le village de Wadata bénéficiera de branchement d’eau et la réhabilitation du point d’eau de Koira-Tondi, des ouvrages hydrauliques qui coûteront 9.418.345 francs.
Dans le domaine de l’éducation, il s’agit pour la commune urbaine de sécuriser les établissements scolaires qui ne sont pas clôturés. Il s’agira aussi de construire des classes dans certaines écoles et de réparer des tables-bancs pour une enveloppe de 29.875.000 francs. Sur le plan sanitaire, la commune urbaine de Gaya va appuyer l’hôpital de district et les centres de santé intégrée pour une enveloppe de 3.449.000 francs.
Cette année, la commune a décidé d’effectuer un recensement administratif: les chiffres actuels ne reflètent plus la réalité car cela fait dix ans qu’il n’y a pas eu de recensement administratif. La formation des élus locaux figure aussi en bonne place dans le programme 2022 de la mairie. D’autre part, la commune envisage l’achat d’un véhicule pour une somme de 11 millions de francs.
Sur le plan de l’environnement, les fiches d’opération ont prévu la lutte contre les feux de brousse. Dans le domaine de l’élevage, la santé animale a été prise en compte. Ainsi le budget titre 1 s’élève à une enveloppe de 304.623.642 francs. Le budget d’investissement au titre 2 lui s’élève à une somme de 535.329.503 francs. C’est donc un total de 839.942.845 francs qui représente le budget de la commune urbaine de Gaya pour l’année 2022.
M. le maire, la sécurité dit-on n’a pas de prix. Comment parvenez-vous à assurer la sécurité des populations ?
Dans le domaine sécuritaire, la mairie apporte ses modestes moyens en appuyant les forces de défense et de sécurité pour faire face à l’insécurité résiduelle. Par rapport à l’insécurité dans la région, nous saisissons cette opportunité pour remercier les autorités de la 7ème République au premier rang desquelles le Président de la République Mohamed Bazoum et le Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou pour les efforts inlassables qu’elles déploient pour faire face à la situation.
M. le maire, quel appel avez-vous à lancer à l’endroit des populations de la Commune de Gaya ?
Je saisis l’opportunité que vous m’offrez pour demander aux chefs coutumiers et aux populations d’apporter leur contribution dans la dénonciation des cas suspects car sans la sécurité, aucun développement n’est possible. J’invite les populations à conjuguer leurs efforts pour la construction de leur commune car personne ne peut le faire à leur place.
Mahamane Amadou ANP-ONEP/Dosso
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‘’ Les efforts déployés et les moyens consentis ont permis de hisser l’ARMP au rang des organes de régulation des marchés publics de référence dans la sous-région’’
Monsieur le Secrétaire Exécutif, presentez nous l’Agence de Régulation des Marchés Publics (ARMP), son rôle et ses missions ?
Je vous remercie de l’opportunité que vous m’offrez pour vous parler de l’Agence de Régulation des Marchés Publics (ARMP) et aussi pour l’intérêt que vous accordez aux questions liées à la gestion de la commande publique.
L’ARMP est une autorité administrative indépendante, rattachée au Cabinet du Premier Ministre, dotée de deux organes que sont le Conseil National de Régulation (CNR) et le Secrétariat Exécutif (SE).
En ce qui concerne le Conseil National de Régulation, il est l'instance d'orientation et de décision de l'Agence. C’est un organe tripartite et paritaire comprenant des membres représentant l'administration publique (4 représentants), le secteur privé (4 représentants) et la société civile (4 représentants). Le Conseil comprend en son sein le Comité de Règlement des Différends et le Comité Ad' hoc d'arbitrage des litiges.
S’agissant du Secrétariat Exécutif, il est chargé de l’organisation, de l’animation, de la gestion des ressources humaines, matérielles et financières de l’Agence. Il est composé de quatre (4) Directions Techniques et huit (8) Secrétariats Régionaux.
Ceci dit, l’ARMP a pour principale mission d’assurer la régulation, le suivi et l'évaluation des marchés publics et des délégations de service public. A ce titre, elle est chargée de proposer des réformes de la réglementation en matière de marchés publics et des délégations de service public, d'assurer le traitement des plaintes des soumissionnaires et de conduire des audits.
Aussi, elle assure la formation des intervenants du système sur la réglementation et les procédures applicables aux marchés publics et aux délégations de service public ; elle prononce les exclusions temporaires de participation à la commande publique et contribue à l'information des intervenants.
Récemment, votre institution a procédé au lancement de son programme de formation au titre de l’année 2022. Quelles en sont les activités phares ?
Effectivement, l’ARMP a procédé au lancement officiel de ses activités de formation au titre de l’année 2022, le 02 février dernier à Dosso, sur la thématique de la gestion de la chaîne des dépenses budgétaires. Les magistrats du pôle judiciaire spécialisé en matière économique et financière ont constitué le groupe cible.
Il est important de rappeler que la formation est l’un des piliers principaux de notre mission et une grande part du budget lui est consacrée. Chaque année, nous organisons des sessions de formation au profit des acteurs intervenant dans le processus de passation et d’exécution des marchés publics. Cette année tout comme les années antérieures, nous allons poursuivre et intensifier les formations afin de renforcer les compétences des acteurs du système. Une place de choix sera réservée au secteur privé et à la société civile compte tenu du rôle important qu’ils jouent dans la bonne marche du système de la commande publique.
Hormis les activités courantes de formation et d’information, d’audit annuel des marchés publics, de traitement des litiges, l’ARMP a inscrit une activité phare dans son plan d’actions 2022, la conduite de l’évaluation du système national des marchés publics, sous le leadership du gouvernement.
Le non-respect des règles en matière de dépense publique et les cas de non-conformité à la règlementation sont-ils des problèmes auxquels vous êtes confrontés dans le cadre de la régulation des marchés publics ?
Evidemment, comme tous les organes de régulation, l’ARMP n’est pas épargnée des difficultés liées au manquement à la règlementation en la matière. La réglementation des marchés publics étant une dynamique, il est plausible de constater des défaillances nées souvent de la méconnaissance des textes.
Les cas de non-conformité sont relevés régulièrement à l’occasion des recours, des enquêtes, des conciliations ou des missions d’audit annuel commandé en vue d’apprécier le niveau du respect de la réglementation en matière de marchés publics au Niger.
Et à chaque fois, des mesures correctives sont prises à travers les décisions du Comité de Règlement des Différends, les rapports d’enquête et les suivis des recommandations des audits.
Le renforcement des capacités que j’évoquais tantôt permet de prévenir ces insuffisances et d’influer positivement sur la performance du système. Pour cela, l’ARMP initie également des sessions de formation sur des thématiques spécifiques au profit des acteurs du système des marchés publics.
Il est admis en effet, qu’une bonne formation des acteurs contribuerait significativement à pallier les imperfections constatées.
Il y a lieu de rappeler ici que l’ARMP veille au respect des principes de la commande publique à savoir l’économie et l'efficacité du processus d’acquisition ; le libre accès à la commande publique ; l'égalité de traitement des candidats ; la reconnaissance mutuelle ; la transparence des procédures à travers la rationalité, la modernité et la traçabilité. Ces principes ont pour objectif de rendre efficace le système national des marchés publics.
Chaque structure introduit régulièrement des réformes pour la bonne marche de ses activités. Au niveau de l’ARMP, quelles sont les innovations emblématiques ?
S’agissant des réformes, il est important de signaler que l’ARMP produit constamment des textes innovants afin de répondre aux exigences du moment. On peut citer, à titre illustratif, l’élaboration des guides et brochures et des documents types afin de faciliter à tous les acteurs, l’appropriation des dispositions règlementaires sur les marchés publics. Il est à relever aussi l’adoption récente du texte portant canevas des caractéristiques et spécifications techniques pour la passation des marchés de fourniture de matériels roulants et un autre texte relatif au matériel informatique.
Dans ce même cadre, il convient de mentionner également l’adoption de l’arrêté fixant les modalités de recours à l'accord-cadre dans les marchés publics et les délégations de service public ; celui portant archivage des documents relatifs à la passation et l’exécution des marchés publics et des délégations de service public et un autre portant approbation du Manuel de procédures adapté aux marchés des Etablissements Publics, Sociétés d'Etat, Sociétés d'Economie mixte et Sociétés à participation financière publique majoritaire.
Aussi, pour faciliter l’accès de l’usager au service public que délivre l’ARMP, des antennes ont été créées dans toutes les régions. Les bâtiments devant abriter les sièges de ces antennes sont totalement achevés et inaugurés pour certains et bien avancés en construction pour d’autres. Afin d’accroître davantage la proximité avec les acteurs régionaux, des actions sont en cours pour permettre la réalisation de certaines activités de l’Agence par visioconférence. Ce sont là quelques innovations majeures.
Grâce à l’appui constant du Gouvernement, force est de reconnaitre que la réglementation sur les marchés publics au Niger est conforme aux standards internationaux. C’est dire que les efforts déployés et les moyens consentis ont permis de hisser l’ARMP au rang des organes de régulation des marchés publics de référence dans la sous-région.
C’est assurément une fierté pour notre pays et cela nous donne, à juste titre, des raisons d’espérer quant au renforcement de la performance de notre système de la commande publique.
Quelle place occupe la communication dans vos activités ?
La communication est aujourd’hui un outil incontournable pour toute gestion de type moderne et l’ARMP ne l’a pas occulté. Ainsi, nous disposons de plusieurs canaux de communication appropriés à la nature de nos activités notamment d’un site web, d’une revue spécialisée des marchés publics qui paraît chaque semaine et très bientôt un numéro vert sera opérationnel donnant ainsi la possibilité de faire une dénonciation anonyme pour toutes les violations constatées dans le déroulement de la passation des marchés publics.
Notons que dans le cadre des campagnes de communication, un sketch publicitaire sur les recours dans le domaine des marchés publics a été réalisé et diffusé à travers plusieurs médias à large diffusion.
S’agissant de la visibilité de nos activités, il faut noter que l’ARMP dispose d’une stratégie de communication assortie d’un plan d’actions. Nous disposons également d’une charte graphique.
La grande innovation, c’est la dotation prochaine des secrétariats régionaux de l’ARMP en kit de visioconférence afin de permettre aux parties prenantes de participer directement aux sessions consacrées au traitement des litiges en marchés publics, à partir de leurs régions respectives. A travers ce dispositif de télétravail, c’est véritablement une nouvelle ère qui s’ouvre dans la relation de proximité entre l’ARMP et l’ensemble des acteurs de la commande publique.
Par Seyni Seydou Zakaria(onep)
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- Catégorie : Interview
Ville cosmopolite et chef-lieu de la région, la commune urbaine d’Agadez est située dans le département de Tchirozérine. Elle a une superficie de presque 900 km 2 et une population estimée à 160.000 habitants en 2020 selon le recensement général de la population et de l’habitat de 2012. La commune d’Agadez abrite presque le tiers de la population de la région et la proportion des jeunes (40 %) est assez forte avec un âge compris entre 15 et 39 ans. Elle compte 62 quartiers et villages administratifs avec une densité moyenne de 333,33 habitants au km². Véritable carrefour caravanier, de commerce et d’échanges culturels, la ville d’Agadez a connu son essor avec l’installation du Sultanat Touareg de l’Aïr au début du 15 ème siècle, alors que sa sécurité était assurée par les guerriers fournis par les confédérations du pacte Sandal. Ce processus étant encouragé par le Sultan et par les possibilités offertes par son essor économique. La ville recevait, de plus en plus, de caravanes. Le commerce transsaharien devenait très avantageux pour ses différents acteurs. Aujourd’hui, Agadez reste encore un carrefour malgré les multiples défis du moment. Dans cet entretien le président du Conseil municipal et maire d’Agadez, M. Abdourahmane Aboubacar Touraoua nous parle des potentialités de cette ville ‘’Porte du désert’’, ainsi que des défis auxquels Agadez est confrontée, la gestion du budget communal et les perspectives.
Monsieur le maire, pouvez-vous nous dire les potentialités que cette ville historique d’Agadez regorge ?
Je dois d’abord dire en plus du rôle historique du passage, de transit et de destination des nombreuses caravanes, Agadez a été et demeure une ville de commerce, d’échanges culturels, de tourisme dont l’hospitalité, les potentialités et l’historicité ont fait sa renommée sur le plan national, régional et international. Le centre historique de la ville d’Agadez communément appelé ‘‘vieille ville’’ est composé de onze anciens quartiers, qui sont Katanga, Obitara, Amdit, Hougberi, Founamé, Amarewat, Akanfaya, Oumourdan Magas, Oumourdan Nafala, Agargarin Saka et Oungoual Bayi. Leur fondation remonte au 11ème siècle. Ainsi, le 22 juin, la 37ème session du comité du patrimoine mondial de l’UNESCO, qui s’est tenue à Phonom Penh, au royaume du Cambodge, a inscrit ce centre historique d'Agadez sur la prestigieuse liste du patrimoine mondial. C'est la première fois que ce label est conféré à un site culturel nigérien. Seuls deux sites naturels du pays avaient jusque-là rejoint la prestigieuse liste, peut-on rappeler. Appelée, la porte du désert ou carrefour du commerce caravanier, la vieille ville d'Agadez abrite des sites qui remontent aux XVe et XVIe siècles. Sa grande mosquée coiffée d’un imposant minaret de 27 mètres entièrement bâti en terre crue, constitue l'un des phares du tourisme au Niger. Agadez est aussi une des plus anciennes cités du Niger dont l'origine remonte au début du XVe siècle. Elle a été une plaque tournante du commerce transsaharien et un centre de rayonnement de l'Islam au Soudan central.
La ville riche de monuments historiques, a été construite selon un schéma architectural unique.
Agadez, c’est aussi un passage pour les migrants en partance vers le Magrheb et l’Europe?
En effet, aujourd’hui, la ville d’Agadez constitue un carrefour central des flux migratoires. L’agglomération accueille annuellement plusieurs milliers de migrants nationaux et sous régionaux, ce qui amène la proportion de la population induite à porter au double la population réelle obligeant la commune à dépasser largement les programmations annuelles. Le flux migratoire conjugué à la croissance démographique naturelle de la population urbaine ne cesse de provoquer une urbanisation rapide de la ville et à une détérioration du cadre de vie des populations. Réellement, la ville compte plus de 300.000 habitants avec le flux migratoire et un taux d’accroissement naturel de 3,6%.
La Commune regorge d’importantes potentialités jusqu’ici non exploitées et qui peuvent révolutionner la vie des populations. Nous pouvons citer entre autres : l’agropastoralisme avec les productions maraîchères, l’arboriculture fruitière et l’élevage; la position géostratégique permettant la création de port sec ou des grands corridors d’échange entre les produits nationaux de l’Algérie, de la Libye, du Nigéria, de la Côte d’Ivoire, du Ghana…, l’artisanat, la culture et le secteur touristique avec des visites permanentes pour le tourisme intérieur et une saison de 3 mois pour le tourisme extérieur ; la fête de Bianou qui fait de la ville une destination mondiale ; la vieille ville classée patrimoine mondial de l’UNESCO offrant une grande opportunité touristique ; les opportunités de création des PME et PMI sur les potentiels minier, artisanal, culturel et agropastoral, ainsi que l’existence d’importantes infrastructures économiques (banques, hôtels, campings, marchés, aéroport, gares routières…) sociales (centres sanitaires, éducatifs, sportifs, culturels, artistiques…) et sécuritaires.
Quels sont, à présent, les défis auxquels cette ville historique fait-elle face ?
Les défis de la commune d’Agadez sont aujourd’hui nombreux et énormes. Cependant, je vais vous en citer quelques-uns. Tout d’abord, il y a la question de la bonne gouvernance administrative, financière et domaniale de la commune ; la mobilisation des fonds nécessaires à la mise en œuvre du Plan de gestion des déchets; le manque de planification réaliste, la nécessité d’un renforcement de capacitations des réseaux de desserte en eau et en électricité. A cela s’ajoutent, le besoin de création des centres économiques avec des PME et PMI, pour circonscrire les problèmes de la pauvreté et de l’emploi; la nécessité d’accompagner significativement les besoins d’importants appuis aux secteurs sociaux de base, à savoir l’éducation, la santé, l’hydraulique et l’environnement.
Sur la question migratoire, il faut reconnaître que, ce phénomène a toujours constitué l’activité principale sur le plan économique depuis que le tourisme a cessé, surtout au niveau de la jeunesse. La migration a toujours été considérée comme une activité licite à Agadez. Donc avec la loi, il fallait créer des mesures compensatrices pour tous ces acteurs qui ont toujours vécu de la migration, c’est-à-dire qu’il faut un plan de reconversion de ces acteurs pour lutter contre la migration. C’est pour cette raison qu’on a tiré la sonnette d’alarme afin que des mesures urgentes et conséquentes puissent être trouvées très rapidement. Car, sans accompagnement économique local, l'activité des passeurs ne pourra pas être enrayée. Néanmoins des pistes pour relever ces multiples défis existent. Nous suggérons la révision du Plan de développent communal (PDC) et de l’adapter aux orientations du Conseil municipal ; la révision du Plan d’Investissement Annuel (PIA); l’organisation d’une table ronde des partenaires et investisseurs. Nous proposons aussi l’organisation des missions de prospection; l’invitation et la réception des missions des partenaires et la redynamisation du circuit de la diplomatie.
Dans le cadre de la lutte contre la migration clandestine, le Niger a bénéficié de plusieurs appuis des partenaires. Quel est l’impact de ces appuis sur la commune?
Objectivement, nous voyons des Organisations Internationales dans le domaine de la migration et ses effets connexes. Nous avions eu des foras et autres rencontres des acteurs de la migration, mais la commune d’Agadez ne fait que continuer à endosser les coups du flux migratoire qui a fait doubler sa population. Nous avons des projets qui attendent avec l’OIM. Ainsi, la commune d’Agadez a ficelé plusieurs projets de développement, nous attendons encore les partenaires notamment l’OIM et l’UNHCR. Le Conseil municipal de la commune urbaine d’Agadez a tenu les 13, 14, 15 et 16 décembre 2021, dans la salle de réunion de la mairie d’Agadez a adopté les budgets et le PIA exercice 2022. Ainsi le budget général est d’un milliard quatre cent soixante-quatorze millions cent mille francs (1.474.100.000) FCFA; le budget d’investissement est deux milliards deux cent soixante-quinze millions huit cent quatre mille cinq cent quarante francs (2.275.804.540) FCFA et un Plan d’Investissement Annuel (PIA) de dix–huit milliards trois cent quarante-deux millions trois cent trente-huit mille francs (18.342.338.000) FCFA. Notre Conseil Municipal a 23 grandes orientations qui sont en cours de mise en œuvre ou en traduction en stratégies. Nous attendons vivement l’accompagnement de l’Etat, des populations, des investisseurs et des partenaires au développement pour un développement harmonieux de la commune d’Agadez.
Interview réalisée par Mahamadou Diallo (Envoyé Spécial ONEP)
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