Mme Fourera Sotty Maiga, pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de Niger diaspora ? Mme Fourera Sotty Maiga : Je travaille dans les mines depuis plus de vingt ans. Actuellement, je suis la Responsable Environnement et Développement durable à la Compagnie Minière d’Akouta (COMINAK), le groupe ORANO MIMING au NIGER. Hors période professionnelle, en tant que Fondatrice et Présidente Nationale, je gère avec d’autres femmes du secteur extractif, l’Association des Femmes du Secteur des Industries Extractives du Niger (AFSIEN),. Je suis également la vice coordinatrice du réseau des Femmes des secteurs minier et pétrolier de la zone Ouest-africaine (Women In Mining Of West Africa (WIMOWA)).
Quel a été votre parcours académique ? Après un 1er cycle en traitement de minerais à l’École des Mines, de l’Industrie et de la Géologie (EMIG), couronné par un diplôme de Technicienne Supérieure, j’ai repris des études pour décrocher un double diplôme de 3e cycle à la Rochelle en France :
Un diplôme à l’École Supérieure de Commerce (Sup de Co) en Stratégie de Développement durable ;
et un autre à l’Institut d’Administration des Entreprises (IAE) de Poitiers en Management Durable.
Qu'est-ce qui vous a poussée vers le secteur minier ? Un pur hasard. C’était le 1er concours que j’avais passé et réussi après le BAC, qui m’a permis par la suite d’entrer à l’EMIG. Et Qui dit École des Mines, dit travail dans les mines ; surtout, avec un choix de filière en traitement de minerais, mon destin était déjà tout tracé.
Parlez-nous de vos expériences professionnelles nationales et internationales ? J’ai fait toute ma carrière dans les mines, d’abord à la Cominak à Arlit en occupant des postes de responsable d’équipe pour des essais labo, puis semi-industriel et industriel de valorisation de minerai à faible teneur par la méthode de lixiviation. Une fois les essais industriels lancés, j’ai changé de poste pour découvrir l’environnement, domaine en vogue avec l’avènement des normes d’ISO 14000 au sein de l’industrie minière.
Après mes études de 3e cycle en France, j’ai eu stage en détachement du Niger vers le siège d’Areva (actuellement ORANO) à la Défense (Paris). Il s’agissait pour moi de travailler avec les équipes de la direction de la Responsabilité Sociétale des Entreprises, pour implémenter ce nouveau concept au sein du groupe, et ce, afin que les préoccupations initiales ne concernent pas que la technique, mais le social et l’environnement vers une économie saine et durable.
Quels enseignements avez-vous tirés de votre expérience ? Personnellement, j’ai rencontré des personnes géniales qui m’ont aidée à m’adapter dans un milieu nouveau avec des cultures et manières de vivre totalement différentes. La confiance qu’elles m’ont portée, m’a sortie de ma zone de confort pour me surpasser dans le travail, et ce, afin de ne pas décevoir. Sur le plan professionnel, chacun a sa manière de travailler, selon son niveau et son profil. C’est une richesse énorme que j’ai capitalisée dans le travail en apprenant.
Quel rôle a joué le Niger dans votre parcours ? Mon expérience et mon expertise dans les mines au Niger, m’ont poussée à aller vers les associations et réseaux de femmes, et de là, j’ai reçu des nominations internationales dans le secteur. D’abord, en novembre 2020, j’ai été sélectionnée par Women In Mining UK parmi les 100 femmes les plus inspirantes, dont 5 en Afrique de l’Ouest et la toute 1ère au Niger. Ensuite, en août 2021, j’ai été sélectionnée par le Magazine Insights Success parmi le TOP 10 des femmes à suivre dans le secteur des mines et énergies mondiales.
Quelles valeurs vous ont guidée ? Je parlerai de la détermination, qui est selon moi, la clé de la réussite dans tout projet. Elle est conditionnée par l’ambition, qui pousse à se surpasser de jour en jour. J’aime les règles, les principes et les choses claires qui me permettent d’atteindre les objectifs visés. La loyauté est l’une des plus grandes valeurs qui me représentent. La preuve, cela fait vingt ans que je suis dans la même entreprise, travaillant avec le même engagement pour contribuer à son développement.
Que pensez-vous de l'avancée du secteur minier au Niger et dans la sous-région ? De beaux projets se profilent dans le secteur extractif pour le Niger : le pétrole, l’or… Cela permettra au Niger de rester au rang des pays avec un avenir radieux dans les secteurs minier et pétrolier.
Avez-vous des solutions, des projets ou des plans pour le développement du secteur minier au Niger ? Le secteur est vaste et a besoin de plusieurs compétences pour le développer. Je suis là pour contribuer et poser mes pierres au développement du secteur extractif au Niger dans des conditions dignes de gouvernance, de transparence et de retombées auprès de la population.
Quels conseils donnez-vous aux jeunes Nigériennes et Nigériens qui voient en vous un modèle ? Mon conseil sera de bien choisir et d’aimer son métier, et ce, par passion et conviction. C’est de cette manière qu’on devient un modèle, car quand on fait ce que l’on aime, on le fait bien.
Je vous laisse le mot de la fin. Merci à l’équipe de Nigerdiaspora, qui travaille pour mieux faire connaître des Nigériens et Nigériennes au Pays et dans le monde entier, et ce, en partageant leurs différentes expertises et expériences dans divers domaines.
Site web : www.afsien.org E-mail :Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Comment souhaitez-vous vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora ?
Je vous ai rencontré (Coordinateur de Nigerdiaspora) pour la première fois à l’aéroport de Bruxelles en 2012, quand je revenais d’Afghanistan et nous avons beaucoup échangé sur mon parcours. Vous m’aviez dit avoir peut-être trouvé un candidat pour votre rubrique « le Nigérien de la semaine ». Je n’étais pas enthousiaste à cette idée. Deux années après notre première rencontre, nous nous sommes croisés encore à Bruxelles, à la Gare de Midi autour d’une tasse de café, mais j’étais toujours réticent. Aujourd’hui, ma position a évolué, car j’estime que nos jeunes sœurs et frères ont besoin d’entendre des témoignages qui peuvent les aider à prendre des décisions sur leur plan de carrière. Je trouve en effet qu’il n’y a pas assez de cadres d’échanges entre professionnels et étudiants.
Je suis Monsieur Garba Illou Abdoul Kadri. Agé de 43 ans, je suis marié et père de 3 enfants. Nombreuses sont ces personnes qui m’appellent Kader. Je suis comptable de formation, mais je me suis réorienté vers la coordination de mission humanitaire. Je suis actuellement en fonction en République Démocratique du Congo, précisément dans la province du Tanganyika, dans la ville de Kalemie en tant que Chef de Bureau de l’ONG Américaine Catholic Relief Services.
Quel a été votre parcours académique ?
J’ai commencé l’école primaire dans mon village à Goudel, puis le collègue au CEG 14 Goudel situé à Kouara Kano, plus tard rebaptisé CES ZAM (Zam est un descendant de Tagour, l’ancêtre des zarmas de Dosso et de la vallée du fleuve Liboré, Goudel, Ndounga…). Après mon BEPC au complexe Fogasso de Maradi (Première promotion), j’ai été orienté au Lycée Issa Beri de Niamey dans la section comptabilité-informatique. Trois années après, je suis sorti avec le Diplôme d’Aptitude Professionnelle et nous étions systématiquement versés dans le monde du travail (août 2000). Je suis également titulaire d’un Master en Gestion financière obtenu en Belgique. En 2008, après un concours international organisé au Burkina Faso, j’ai obtenu une bourse d’études pour intégrer l’Institut Bioforce, Lyon en France. Cet institut est la référence en Europe dans le domaine de la formation des travailleurs humanitaires. Je suis de la promotion Bioforce 2008, sanctionné par un diplôme appelé Administrateur de la Solidarité Internationale (équivalant au Master). C’est sans doute cette formation qui a boosté ma carrière professionnelle.
Je ne vais pas donner l’impression à vos lectrices et lecteurs que mon parcours académique était brillant. Comme beaucoup de jeunes de ma génération, nous étions exposés aux grèves et années blanches au début des années 90, durant tout notre cursus au collège. Ces perturbations ont fortement joué sur ma concentration et mon engagement. Par conséquent, j’ai connu des contre-performances avec des redoublements. Les enseignements que j’en tire est que le plus important n’est pas l’échec, mais les leçons apprises. Comme vous avez pu le constater, mon parcours académique est plutôt modeste, à la différence de quelques universitaires émérites qui m’ont précédé sur cette plateforme comme Nigérien de la semaine.
Qu'est-ce qui vous a poussé vers l’humanitaire ?
Au début des années 2000, il n’y avait pas un gap important entre l’offre et la demande de travail, du moins pour les diplômés des écoles professionnelles. Les diplômés de ces écoles arrivaient à s’insérer sans grande difficulté dans la vie professionnelle. Je me rappelle que c’étaient les entreprises qui demandaient à notre école d’envoyer des stagiaires ; des stages qui souvent aboutissaient à des contrats de travail. J’ai été envoyé en stage au BALD (Bureau d’Animation et de Liaison pour le Développement), un projet lié à l’évêché de Niamey. C’est là que j’ai effectué mes premiers pas dans le domaine du social et du développement.
L’élément qui m’a frappé et poussé à diriger ma carrière vers l’humanitaire est le constat fait durant la crise alimentaire et nutritionnelle de 2005 au Niger. J’ai vu comment les humanitaires de l’ONG Médecins Sans Frontières bravaient les pistes entre Maradi et Dakoro (c’était une piste sablonneuse) pour aller soigner des centaines d’enfants malnutris. J’ai eu la chance de visiter leur centre de récupération des enfants (CRENI) de Dakoro. Je ne m’étais jamais rendu compte qu’il y avait une situation de détresse au Niger avant de visiter ce centre. J’ai vu des enfants avec des corps déformés par la malnutrition aigüe. C’était choquant et difficile de contenir les larmes. Les jeunes nigériens et les expatriés très engagés travaillaient avec dévouement pour sauver ces enfants. Ils portaient des T-shirts estampillés d’un logo MSF et leurs véhicules avec des grands drapeaux rouges. Les soins étaient gratuits.
J’ai été fasciné par le climat de travail multiculturel, leur rigueur et surtout leur jeunesse. C’était beau et c’était le déclic. Depuis lors, j’ai réorienté mon projet professionnel vers l’humanitaire d’urgence. Quatre années après, je me suis retrouvé au siège de Médecins Sans Frontières à Bruxelles pour signer mon contrat me déployant à Kisangani en République Démocratique du Congo pour appuyer les projets de prise en charge sanitaire et psychologique dans le nord du pays (Niangara et Faraje). Cette zone a été touchée par les exactions de la rébellion ougandaise des RLA (Lord's Resistance Army, du très sanguinaire Joseph Kony) en novembre 2009.
Parlez-nous de vos expériences professionnelles nationales et internationales. Quels enseignements en tirez-vous ?
Au Niger, après mon stage au projet BALD de Niamey, j’ai accumulé des expériences de stage dans les services financiers des ONG « Aide et Action » et le « Centre Médical et Sanitaire – Cermes » de Niamey (2001-2002). J’étais relativement jeune, mes collègues m’appelaient affectueusement « Petit Kader ». Ils m’ont énormément appris sur le métier de la comptabilité, la vie professionnelle et la responsabilité. Je suis toujours reconnaissant envers eux. C’étaient des périodes d’apprentissage qui m’ont beaucoup forgé personnellement et formé professionnellement. De 2003 à 2008, j’ai travaillé à Niamey comme responsable financier à Vétérinaires Sans Frontières, puis Islamic Relief.
Au niveau international, durant mes études à Lyon de 2008 à 2009 et dans le cadre de mon Master en humanitaire, j’ai œuvré dans le milieu social pour une association locale dans le quartier des Minguettes (commune de Vénissieux, France). J’ai également travaillé au siège d’Action Contre la Faim à Paris, où j’ai effectué l’essai du logiciel de comptabilité dénommé SAGA que l’ONG avait souhaité acheter. J’ai aussi travaillé à Lyon pour une firme privée dans la recherche de financement au profit du Fond Mondial pour la Nature (WWF). En novembre 2009, j’ai décidé de rompre mon contrat avec cette firme pour retourner vers ma vocation et mon projet professionnel : « l’humanitaire d’urgence ». J’ai donc quitté la France pour l’Afrique. Mon superviseur m’a dit : « Je n’ai jamais vu un jeune africain qui rompt son contrat en France pour retourner au bled ».
C’est alors que, j’ai intégré Médecins Sans Frontières pour une mission humanitaire en République Démocratique du Congo. Avec cette organisation, j’ai travaillé en portant plusieurs casquettes (Responsable Financier, Chef de Bureau, Coordinateur de projet…) en République Démocratique du Congo (Kisangani), Pakistan, Afghanistan, Mali, République Démocratique du Congo (Equateur), Guinée-Conakry. J’ai également travaillé au Liberia avec l’ONG WAHA International sur un financement de l’USAID dans le cadre de la lutte contre Ébola. C’était une expérience enrichissante, car je me suis retrouvé avec cinq compatriotes nigériens dont quatre sont de la même promotion de Issa-Beri (1997-2000). Nous avons bien représenté le Niger grâce à notre expérience, notre intégrité et notre engagement. Nous étions de plusieurs nationalités, notamment africaines, asiatiques et européennes, avec le leadership nigérien.
J’ai apporté mon expertise à UNICEF Niger (2011) et PAM Niger (2013) en tant que consultant indépendant dans l’amélioration de la qualité de leurs services des approvisionnements. En juin 2015, j’ai eu le désir de retourner me ressourcer au Niger, pour acquérir d’autres expériences, mais également partager le mien et pour garder le lien avec mon cher pays. J’ai donc intégré Catholics Relief Services comme Chef de Bureau à Maradi. J’ai eu l’opportunité d’aller au plus près de nos parents du village dans les départements de Mayahi (Maradi) et Matameye (Zinder). Cette expérience m’a revigoré et permis de comprendre les enjeux du développement dans notre pays. Le succès de notre projet a certainement facilité mon recrutement en République Démocratique du Congo, car notre organisation devrait commencer le même type de programme. C’est ainsi que j’ai été transféré en février 2017 pour la troisième reprise dans ce grand pays d’Afrique (République Démocratique du Congo) comme Directeur Adjoint du Programme pour les volets des opérations (finance, administration, ressources humaines, logistique et conformité). Depuis septembre 2020, j’ai été affecté comme Chef de Bureau de la province du Tanganyika, avec la même organisation.
Parallèlement à mes obligations professionnelles, je travaille dans le freelance (consultant indépendant). Je suis un passionné de Microsoft Excel. Depuis juillet 2011, j’ai créé le cabinet Field Consulting Niger. J’ai facilité 36 sessions de formation en Excel (niveau intermédiaire et avancé) en renforçant les capacités de plus de 350 professionnels humanitaires au Niger, au Burkina Faso et ailleurs (https://www.field-consult.com/). J’ai appuyé une dizaine d’organisations humanitaires dans le renforcement de leurs outils de gestion et dans la création des programmes sur Excel.
Parlez-nous des difficultés et éléments facilitateurs rencontrés en tant qu’acteur humanitaire.
Comme beaucoup d’humanitaires, la principale difficulté est l’éloignement, l’effet de ce qu’on appelle « le mal du pays ». Nous sommes souvent loin de nos pays, famille et amis. Ce facteur est très pesant sur les humanitaires et cela les pousse souvent à retourner prématurément dans leur pays d’origine. Les conditions de travail, les lieux d’affectation, les contextes ne sont pas souvent adaptés pour une affectation avec la famille, car nous changeons de pays assez souvent.
Il y a aussi le côté sécuritaire. Nous travaillons parfois dans des contextes des troubles politiques, conflits intercommunautaires, contextes de terrorisme, guerres ou catastrophes naturelles. En 2012 par exemple, en Afghanistan (Ville de Khost, frontière Afghanistan-Pakistan), nous avons été victimes de plusieurs incidents sécuritaires dont le plus grave était un attentat à la bombe contre notre hôpital. La bombe avait explosé à quelques mètres de mon bureau. Heureusement, les dégâts étaient légers, car c’était juste une « action d’avertissement ». Après cet énième incident, Médecins Sans Frontières a décidé de suspendre ses activités dans cette zone durant 9 mois. C’étaient des moments de stress difficiles.
Aussi, la complexité du contexte de travail, le peu de confort, les crépitements d’armes à feu, les négociations compliquées avec des groupes armés pour obtenir des couloirs de passage, les discussions difficiles avec des autorités civiles et militaires, les attaques des convois, les enlèvements, les meurtres, la confrontation à des situations misérables, la charge du travail sont des sources de stress parfois difficiles à surmonter. Il n’est pas rare de voir des humanitaires en burn-out (surmenage).
Il y a cependant des facteurs facilitateurs qui permettent d’avoir de l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie familiale, notamment avec les congés fréquents à des intervalles de temps courts qui s’appellent Repos et Récupérations (R&R). À cela s’ajoutent l’amour du travail et la satisfaction des personnes vulnérables qui bénéficient de nos actions. Nous recevons des témoignages positifs et nous sommes acteurs des changements et de l’amélioration des conditions de vie des personnes qui se retrouvent, dans certains cas, dans des situations de vulnérabilité extrême.
Quel rôle a joué le Niger dans votre parcours ?
Mon pays, le Niger m’a tout donné. J’ai étudié gratuitement à l’école publique et toutes les conditions étaient réunies (salles de classe ventilées, salles informatiques climatisées, bibliothèque, dispensaire, équipements de sport et des terrains de jeux, salles des machines et travaux pratiques, etc.). En plus, j’ai eu le privilège d’être bénéficiaire de la bourse d’État durant trois années. Cette bourse (20.000 Fcfa par mois, environ 40 USD) m’a beaucoup aidé durant ma période du lycée Issa-Beri, où nous avons bénéficié d’un enseignement de grande qualité. La rigueur était de taille et les professeurs venaient pour la majorité du milieu professionnel.
Lorsque je raconte à mes collègues de l’étranger que mes parents n’ont jamais payé mes frais de scolarité et que l’État du Niger me donnait même de l’argent de poche, les stylos, les cahiers, les livres…, ils trouvent cela étrange, car ces avantages n’existent pas partout. C’est donc un avantage que l’État doit maintenir pour les prochaines générations, malgré les difficultés du pays. C’est maintenant à mon tour de renvoyer l’ascenseur à mon pays, celui de respecter ses lois et règlements, d’être un citoyen responsable et civique, de m’acquitter de mes impôts et taxes, de m’engager dans le social localement à travers des actions de solidarité locale. À ce sujet, je suis membre actif de la diaspora des Nigériens des pays des grands lacs (Congo-Brazzaville, Congo-Kinshasa, Burundi, etc.), nous avons apporté notre appui lors des inondations d’août 2020. Je suis également Secrétaire Général de l’amical de la diaspora de Goudel. Nous avons beaucoup de projets communautaires.
Quelles valeurs vous ont guidé ?
La principale valeur est la ténacité, le fait de ne pas s’arrêter au premier obstacle, car des obstacles, j’en ai connus. Rien n’est facile. Rien n’est facile, il faut se battre continuellement pour la réalisation de son projet professionnel. Même au niveau international, la vie n’est pas rose. Il faut se frayer une place par le travail. Dans ce milieu, seule la compétence compte. La concurrence est rude et universelle avec la rencontre de tous les professionnels du monde entier. Les appels à candidatures sont internationaux. À titre illustratif, en Afghanistan, nous étions plus de 17 expatriés sur une base. J’étais le seul Africain. Je représentais non seulement le Niger, mais aussi l’Afrique. La majorité de mes collègues n’avaient jamais été aussi proches d’un africain. Ils me posaient beaucoup de questions sur l’Afrique et le Niger. Lors de nos moments de détente, je projetais sur écran géant des photos de notre beau désert, ainsi que le mode de vie nomade pour leur faire découvrir le Niger et ses merveilles.
J’ai beaucoup cultivé des valeurs universelles, telles que la tolérance religieuse et ethnique, la cohésion sociale, le vivre-ensemble pacifiquement, l’acceptation de l’autre quelles que soient nos différences. Le Niger en particulier et le monde en général ont besoin de ces valeurs de tolérance pour notre paix sociale, gage de notre prospérité. Chez moi par exemple, avec ma femme et mes enfants, nous parlons simultanément le Zarma et le Haoussa. Ceux qui viennent chez moi trouvent que c’est beau. Dans mon travail avec Catholic Relief Services, je collabore avec les prêtres et les évêques catholiques, malgré nos différences dans la confession religieuse et nous avons de très bonnes relations.
Que pensez-vous de la situation humanitaire au Niger et dans la sous-région ?
Elle est complexe. Le Niger est devenu l’un des terrains humanitaires majeurs à cause des multiples foyers de terroristes qui l’entourent. Dans les huit régions du pays, les organisations humanitaires nationales et internationales, les agences des nations unies font un travail remarquable à côté des services décentralisés de l’État. C’est le moment de remercier tous les confrères humanitaires qui travaillent parfois au Niger dans des contextes difficiles. Je voudrais aussi remercier les partenaires techniques et financiers, notamment l’Union Européenne et le peuple américain (USAID) pour leurs générosités. Le contexte du Sahel est compliqué, mais l’espoir est permis. L’union sacrée des pays africains est nécessaire pour arriver à bout de ces terroristes et des bandits de grand chemin.
Avez-vous des solutions, projets, plans pour le développement ou l’humanitaire au Niger ?
Le secteur de l’humanitaire au niveau national demande des moyens et de l’expertise. Je suis content de voir que des ONG nationales sont arrivées à des niveaux de professionnalisme à l’image de leurs consœurs européennes. C’est un bon signe pour la société civile nigérienne. À mon humble avis, en plus de la sécurité et de l’éducation, le secteur de l’agriculture doit être l’une des priorités nationales.
Au niveau local, les jeunes peuvent s’organiser pour apporter un changement dans leurs cités. À Goudel, par exemple, nous avons des associations qui sont très actives proposant des programmes adaptés à la situation actuelle du pays. Avec très peu ou pas de moyens financiers, elles arrivent à poser des actes de développement. En collaboration avec les associations Tchebero et Gine Koyan Hiyo, notre amical de la diaspora apporte un début de solution aux problèmes de la cité. Je citerai entre autres activités : sensibilisation des jeunes sur la citoyenneté responsable, sensibilisation des jeunes durant les périodes électorales pour des élections apaisées, sensibilisation des jeunes sur les dangers de la drogue, des actions de plaidoyer pour l’emploi des jeunes et la réduction du chômage, des actions de médiation et de bons offices en cas de conflit, la gestion pacifique des conflits, des journées de salubrité publique, des matinées sportives, des concours scolaires avec des prix de la diaspora pour motiver les jeunes à aller vers l’excellence, des cours de vacance et de soutien scolaire, des sessions d’orientation professionnelle pour les jeunes, des actions de sensibilisation citoyenne et bien d’autres.
Ces genres d’initiatives peuvent aider nos quartiers, nos villages et les villes pour que les jeunes prennent en charge leur propre développement et pour éviter leur instrumentalisation. L’État ne peut pas tout faire, car tout est prioritaire dans notre pays. Les jeunes qui sont au pays et leurs diasporas peuvent collaborer pour apporter des changements positifs dans la gestion de leurs cités. Ces genres d’initiatives sont un franc succès au Mali, où des hôpitaux et des écoles sont entièrement construits et équipés par la diaspora en partenariat avec les associations locales.
C’est aussi le lieu de faire un plaidoyer auprès des bonnes volontés pour le financement de notre projet-phare « La maison du scolaire ». C’est un projet ambitieux qui, à l’image d’un Centre Culturel Français, va être le lieu d’échanges, du donner et du recevoir pour des élèves de Goudel et environnants. Coût estimatif du projet : 250 millions de Fcfa. La mairie nous a déjà attribué le terrain, nous cherchons le financement pour la concrétisation du projet.
Enfin, pour répondre à votre question, ma proposition est que les jeunes prennent en charge le développement de leurs cités. C’est possible, car à Goudel, nous sommes sur une bonne lancée avec l’appui des collectivités, notamment la mairie de la commune 1 et l’hôtel de ville, un bel exemple de collaboration.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes nigériennes et nigériens qui voient en vous un modèle ?
Je ne me considère pas comme un modèle. Loin de là, je partage seulement mon expérience avec vous. Pour les jeunes qui sont intéressés à travailler dans l’humanitaire, je leur conseille de se former dans les écoles spécialisées en la matière. L’humanitaire est devenu un milieu exigeant et rigoureux. La concurrence est tellement rude qu’il devient de plus en plus difficile aux jeunes de trouver même un stage de fin d’études dans les ONG et organisations internationales. Pour chaque recrutement, les ONG reçoivent de centaines de candidatures. Pour donner un exemple, pour un poste d’assistant administratif et financier à Niamey, parfois plus de 200 CV sont reçus. Pour sortir du lot et être appelé pour le test pratique, il faudra se démarquer avec d’autres atouts supplémentaires. En plus de l’expérience et du diplôme exigés, la connaissance de la langue anglaise et la maîtrise des outils bureautiques sont des atouts. Aussi, je conseille mes jeunes sœurs et frères d’accepter de commencer au bas de l’échelle, si c’est cette opportunité qui s’est présentée (d’accepter de jouer les petits rôles). On peut commencer au niveau subalterne ; grâce aux efforts et aux résultats, on peut grimper en hiérarchie. J’ai déjà vu un magasinier devenir chef de projet quelques années plus tard, un chauffeur devenir logisticien au niveau régional, ou un enquêteur devenir Représentant Résident. Il y a beaucoup d’exemples de ce genre. Mais pour y arriver, il faut de l’intégrité, car elle est le maître-mot pour réussir sa carrière dans les organisations internationales et ONG internationales. Le concept de l’intégrité est arrivé à une plénitude qui traduit une tolérance zéro pour les cas de fraudes, de trafics, d’abus et sur les questions de protection des personnes vulnérables.
Les jeunes ont plusieurs opportunités d’apprentissage. De nos jours, la connaissance est à portée de main. Tout est disponible sur le smartphone. Auparavant, nous étions abonnés au Centre Culturel Franco-Nigérien pour accéder à la documentation. Aujourd’hui, l’essentiel de la connaissance mondiale est en ligne. On peut être tranquillement assis dans une fada et suivre un cours en ligne, participer à une conférence internationale gratuitement, s’améliorer dans sa discipline et apprendre. Je conseille à nos jeunes frères et sœurs de bien utiliser leur temps libre dans l’autoapprentissage. On peut apprendre avec son smartphone n’importe où, à n’importe quel moment. C’est une opportunité qu’il faut saisir.
Je vous laisse le mot de fin.
Je vous remercie de m’avoir donné l’opportunité de partager mon expérience avec vous. Vous êtes pionniers de l’information en ligne au Niger. Votre journal est une de nos sources principales d’information du pays, bien avant l’avènement des réseaux sociaux. Durant les processus électoraux de 2010 à 2011, vous avez été l’une de nos principales liaisons entre le Niger et la diaspora. Je vous souhaite plein succès.
Comment souhaitez-vous vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora?
Je suis Docteure Gazibo Kadidiatou, nigérienne, politologue de formation, enseignant-chercheur à l’Université de Tahoua, et cumulativement Directrice Générale des Droits de l’Homme, de la Protection Judiciaire Juvénile et de l’Action Sociale au Ministère de la Justice du Niger.
Quel a été votre parcours académique?
J’ai effectué toutes mes études de l’école primaire au Lycée à l’école publique du Niger. Après l’obtention de mon baccalauréat, j’ai bénéficié d’une bourse de coopération algérienne pour intégrer l’École Nationale d’Administration d’Alger où j’ai obtenu une maitrise en relations internationales, section diplomatie.
De retour au Niger et après avoir passé deux années de service civique national au Ministère des Affaires Étrangères, de la Coopération, de l’intégration Africaine, et des Nigériens à l’extérieur, j’ai fait le choix d’aller avec le soutien de ma famille, continuer mes études en France. Je me suis inscrite à l’Institut d’études politiques de Bordeaux. Une fois mon Diplôme d’Études Approfondies (DEA) en poche, je suis allée rejoindre mes sœurs à Paris où j’ai obtenu mon doctorat de science politique à la Sorbonne. Particulièrement intéressée par les études, j’ai toujours su que je voulais aller aussi loin que possible et j’ai construit mon parcours universitaire autour de cet objectif.
Qu’est-ce-qui vous a poussé vers ce secteur?
C’est mon oncle, le professeur Gazibo Mamoudou qui m’a « poussée » comme vous dites, vers ce choix de carrière. Sans perspective professionnelle immédiate après ma maitrise et les deux années de service civique national, j’ai eu l’opportunité d’aller continuer mes études à l’institut d’Études Politiques à Bordeaux en France, suite aux conseils avisés de mon oncle, qui avait lui-même obtenu son doctorat là-bas. De là est née ma passion pour la science politique.
Parlez-nous de vos expériences professionnelles nationales et internationales?
J’ai occupé plusieurs postes au Niger. D’abord j’ai été recrutée à l’Université Publique de Tahoua en qualité d’enseignant-chercheure permanente en Science politique où j’assure des enseignements en science politique et en relations internationales. J’interviens également à l’Université Abdou Moumouni de Niamey et dans quelques Universités privées de Niamey. Ensuite j’ai été cumulativement nommée Cheffe de Programme formation au Centre National d’Études stratégiques et de sécurité (CNESS). Mon cahier des charges comportait trois objectifs principaux : développer un plan de formation pour contribuer à faire la promotion des questions de défense et sécurité nationales auprès des nigériens; créer un bulletin et une revue du CNESS pour respectivement faire connaitre les activités menées par le CNESS sur les questions sécuritaires, de défense et de développement ; et enfin développer une expertise scientifique autours des questions stratégiques, sécuritaires et de défense nationale pour le Niger. Je suis actuellement la Directrice Générale des Droits de l’Homme, de la Protection Judiciaire Juvénile et de l’Action sociale (DGDH/PJJ/AS) au Ministère de la Justice, en plus de mon poste à l’université de Tahoua.
J’ai également travaillé en France en tant qu’éducatrice spécialisée dans un service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP). Il s’agissait, conformément à la politique de prévention du Plan de lutte anti-terroriste (PLAT), d’intégrer une équipe pluridisciplinaire afin de renforcer les services déconcentrés de l’administration pénitentiaire. En résumé, il s’agissait de participer à l’amélioration de l’identification des phénomènes de radicalisation et de la prise en charge des personnes en voie de radicalisation ou radicalisées placées sous main de la justice.
Quels enseignements avez-vous tirés de votre expérience?
Les différentes expériences m’ont fait comprendre d’une part que le monde universitaire est très différent du monde administratif. Les enjeux et les responsabilités étant différents, il y’a une forme de liberté et de responsabilité individuelles que l’on ne retrouve qu’à l’université. Mais la grande « découverte » pour moi c’est que partout il faut savoir s’adapter et composer avec ses collègues.
En France, où on a tendance à penser que « tout coule de source », il faut pourtant au quotidien savoir se battre (parfois contre le système mais beaucoup contre les collègues et la hiérarchie) pour avancer surtout quand on est considéré comme n’étant pas à sa place parce qu’on est d’origine étrangère.
De mes expériences au Niger, j’ai appris que rien n’est mécanique, qu’il faut s’armer de courage et de patience pour ne pas renoncer.
Quels difficultés et éléments facilitateurs avez-vous rencontrés en tant que « cadre nigérien en France? »
J’ai intégré le service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) à Paris mon doctorat en poche. Pour autant, des collègues et surtout ma hiérarchie ont fait tout leur possible pour tenter de remettre en question mes compétentes simplement parce qu’ils n’ont pas le même background. Malgré ma large expérience dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et la radicalisation, fruit des nombreuses formations que j’ai données, de plusieurs recherches et rencontres sur le sujet, il m’a été très difficile de m’imposer et de trouver ma place.
Je pourrais résumer les facteurs facilitateurs aux opportunités de travailler dans un cadre agréable et d’avoir une rémunération stimulante.
Quel rôle a joué le Niger dans votre parcours?
Comme je le disais tantôt, je suis le produit de l’école publique jusqu’au baccalauréat et de la coopération diplomatique du Niger jusqu’à la maitrise. Donc le Niger a été un moteur de mon parcours et je ne peux qu’en être fière et reconnaissante. C’est la raison pour laquelle j’ai toujours défendu la réhabilitation de l’école publique. Le Niger ne sera réellement un état de droit, fondé sur des principes d’égalité, de justice et de liberté qu’en assurant l’égal accès à l’éducation à tous les nigériens. L’état de droit ne saurait se satisfaire d’une éducation à deux vitesses : une de qualité dans le privé et à l’étranger pour les privilégiés et une à rabais dans le public pour la grande masse des nigériens.
Quelles valeurs vous ont guidé?
Rigueur, intégrité et abnégation.
Que pensez-vous de l’avancée de « votre secteur » au Niger et dans la sous-région?
Je travaille sur les questions de paix de sécurité et des droits de l’Homme; secteurs qui sont essentiels pour la stabilité et le développement d’un État. Vous n’êtes pas sans connaitre les défis sécuritaires auxquels le Niger et la sous-région font face. Ces défis mettent en péril les droits de l’Homme qui sont au fondement de la démocratie et de l’État de droit. Les populations essuient quotidiennement des attaquent terroristes avec leurs lots de morts, de destructions et de déplacements forcés. Elles font face aussi à des conflits communautaires et à la criminalité transfrontière. Malgré la mobilisation de moyens et de ressources colossaux, la situation sécuritaire au Niger et dans la sous-région reste préoccupante.
Avez-vous des solutions, des projets ou de plans pour le développement de « votre secteur » au Niger?
{xtypo_quote}« La sécurité est un droit fondamental et l'une des conditions de l'exercice des libertés individuelles et collectives. L'État a le devoir d'assurer la sécurité en veillant, sur l'ensemble du territoire de la République, à la défense des Institutions et des intérêts nationaux, au respect des lois, au maintien de la paix et de l'ordre public, à la protection des personnes et des biens ».{/xtypo_quote} Si je m’en tiens à l’enjeu des droits de l’homme, je dirais que qu’il faut penser à des solutions pluridimensionnelles. En premier lieu, le rôle de l’État est primordial dans la préservation de la paix et de la sécurité, la promotion et la protection des droits de l’Homme, la tranquillité et la quiétude sociale. Pour cela, les actions de l’État doivent reposer sur les principes fondamentaux qui préservent la paix sociale : la justice, l’égalité, l’éradication de la pauvreté. En second lieu, il faut accompagner les organisations de la société civile et les acteurs de proximité parfois peu médiatisés qui oeuvrent dans ce secteur. Enfin, il faut que tous les acteurs tirent le meilleur parti des instruments et moyens internationaux en s’assurent de bien les articuler à nos contextes sociaux et culturels.
Quels conseils donnez-vous aux jeunes nigériennes et Nigériens qui voient en vous un modèle?
J’ai l’habitude de dire à mes étudiants que c’est par le travail, la discipline et la persévérance qu’on peut réussir. Certes les conditions de travail et les opportunités sont plus difficiles aujourd’hui. Mais les jeunes doivent savoir qu’ils ont un rôle important à jouer pour l’avenir du Niger. Ils doivent se « battre » pour occuper la place qui est la leur dans la société. Abdiquer face aux difficultés ne doit jamais être une option.
Docteure Gazibo Kadidiatou - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Comment souhaitez-vous vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora Mme?
Pour beaucoup, j’ai longtemps été Rouki Sarkiss et aujourd’hui je suis Madame Abdoul Kader Rouki Sarkiss
Quel a été votre parcours académique?
Après mon baccalauréat scientifique (bac D) j’ai finalement opté pour le droit.
Je suis titulaire d’un diplôme en Droit obtenu à l’institut Universitaire des Hautes Etudes de Tunis(IHET) avec une spécialisation en droit public international ; et d’un master en droit, coopération et solidarité internationale de l’Université d’Evry Val d’Essonne à Paris.
Qu'est-ce qui vous a poussé vers des études de droit" ?
Pour la petite anecdote, sachez que ma toute première ambition était de devenir cardiologue car à mon sens il en manquait cruellement au Niger. C’est ce que j’ai toujours chanté à qui voulait bien l’entendre et surtout à mon père, lui qui est de la santé. Mais l’homme proposant et Dieu décidant, le destin en a décidé autrement, avec mon entrée au parlement. Dès que j’ai porté l’écharpe aux couleurs du Niger, mon rêve a pris une nouvelle dimension ; La science politique m’est apparue comme une porte d’entrée afin d’embrasser la diplomatie et cela m’a porté où je suis aujourd’hui. Mon parcours me rappelle souvent cette citation que j’aime beaucoup de Napoléon Bonaparte: « Plein d’audace, il ira loin si les circonstances le favorisent ».
Parlez-nous de vos expériences professionnelles nationales et internationales? J’ai intégré le monde « politique » très jeune. En effet, première vice-présidente du parlement des jeunes du Niger (PJN) de la deuxième législature, j’ai ensuite conduit la 3eme et la 4eme législature. Le parlement m’a vu grandir, c’était une famille auprès de qui j’ai beaucoup appris sur moi-même et comment travailler efficacement ensemble et ce malgré nos différences pour une cause commune. Également membre du parlement francophone des jeunes à l’échelon international ( PFJ). Je suis aussi observatrice et membre du réseau des jeunes filles leaders de l’espace CEDEAO, point Focal du Niger ; Mes expériences ne se limitent pas qu’au domaine politique mais aussi tout ce qui touche de près au renforcement des liens sociaux. Je suis ancienne secrétaire générale de l’association nigérienne des étudiants et stagiaires en Tunisie(ANEST). Je suis membre fondatrice de l’association des anciens députés juniors du Niger ( AAPJN),et membre de l’association des résidents nigériens en France ( ARNF). A ce jour, je suis la présidente et promotrice de l’ONG CIMOM/NIGER ( CITOYEN MODÈLE MAGAZINE).
Quels enseignements avez-vous tirés de votre expérience ? Tout d’abord qu’il faut toujours faire preuve d’optimisme! C’est souvent plus facile à dire qu’à faire mais c’est important de ne jamais perdre l’espoir Les épreuves ne manquent jamais, c’est notre attitude qui détermine l’issue la plupart du temps. J’ai aussi appris que pour avoir quelque chose, il faut avoir le courage d’aller chercher cette chose. Le chemin est parfois jonché d’épines mais le résultat au bout de l’effort est juste sublime. Il faut toujours croire en ses rêves, se donner les moyens de les réaliser et surtout saisir les opportunités qui s’offrent à nous, quand elles s’offrent à nous.
{xtypo_quote}"Le Niger est notre pays, notre patrie, notre héritage le plus cher." Madame Abdoul Kader Rouki Sarkiss {/xtypo_quote}
Quelles difficultés et éléments facilitateurs avez-vous rencontrés en tant que " Nigérienne vivant en France"? Comme tout enfant « arraché » à sa mère, j’ai ressenti la douleur de la séparation avec ma patrie. Il est vrai que je suis passée par, le Togo, la Tunisie avant d’arriver en France mais vivre loin n’est jamais facile. Surtout pour vivre dans une société aux mœurs différentes des autres. Il m’a fallu m’adapter à tout, du climat au mode de vie mais j’ai gardé dans mon cœur la chaleur de mon Niger tout au long de mon parcours et je n’ai jamais oublié qui j’étais ni d’où je venais encore moins où je voulais aller. J’ai fait partie de diverses associations qui m’ont permis d’aider à faire connaître la culture nigérienne en particulier et les valeurs africaines en général. J’ai également fait pas mal de rencontres qui m’ont aidée à grandir et découvrir des trésors cachés en moi. Je retiens de mon passage là-bas qu’il est toujours bon de sortir de sa zone de confort, car c’est en dehors de celle-ci que nous voyons vraiment de quoi nous sommes capables.
Quel rôle a joué le Niger dans votre parcours? Le rôle le plus important je dirai, rires! Comme je l’ai dit plus haut, tout est parti du port de l’écharpe aux couleurs nationales. Je suis un pur produit du Niger car nigérienne de père et de mère et le Niger m’a donné ma formation de base. J’ai toujours eu à cœur de m’engager dans la lutte pour le développement du Niger et je milite toujours afin que mon pays soit connu au-delà des frontières. C’est toujours une grande fierté pour moi de voir flotter ce drapeau. D’ailleurs comme je l’ai signalé plus haut, pendant mes études à l’étranger, j’ai activement participé aux journées culturelles organisées par les diasporas africaines.
Quelles valeurs vous ont guidé ? Je n’ai jamais rien oublié de toutes les belles valeurs à moi inculquées par mes parents. Il y en a tellement que je ne saurai lesquelles citer (rires). Donc si je dois quand même en choisir, je dirai qu’en toutes circonstances et en tous lieux, il ne faut pas oublier l’intégrité. Il est important que partout où l’on passe, personne n’ait à fustiger ceux qui nous ont élevés. Des valeurs comme la solidarité, l’entraide ne sont pas non plus à négliger dans ce monde menacé par l’individualisme; seul on ne va pas bien loin.
Que pensez-vous de l'avancée du système social, politique et économique au Niger et dans la sous-région? Je dirai que les choses avancent doucement mais sûrement. Les jeunes ont de plus en plus conscience de leur importance et du rôle majeur qu’ils ont à jouer dans la société. On voit de plus en plus de jeunes décider d’être des acteurs via la création d’entreprises diverses mais aussi leur implication dans la vie politique. Comme on dit souvent, les bonnes choses mettent de temps à arriver car ce qui arrive facilement s’en va tout aussi facilement. Les « bonnes choses » requièrent des efforts du dévouement et de la passion. L’art d’attendre renferme en réalité un secret: être un agent actif qui sait construire sa réalité pendant qu’il attend. Il faut y croire et ne pas baisser les bras, ce n’est pas parce que le processus est long qu’il faut abandonner; bien au contraire ! Un combat qui vise l’intérêt et l’épanouissement du plus grand nombre méritera toujours d’être mené.
Avez-vous des solutions, des projets ou plans pour le développement au Niger? J’ai quelques idées et des réflexions en cours, mais puis-je me hasarder à appeler cela des solutions ? Je ne sais pas. Rien n’est jamais vraiment figé et tout évolue au fur et à mesure. Une chose est sûre, c’est toujours mieux de se dire, comme le colibri, « je fais ma part ». Et si chacun à son niveau fait sa part, aussi insignifiante, ça donnera quelque chose de grandiose c’est sûr! Les différentes opérations menées par l’ONG CIMOM ainsi que la grande rencontre citoyenne sont un début, on espère avoir donné un coup d’accélérateur à la dynamique. Les efforts ne doivent pas être isolés, c’est tous ensemble que nous sommes forts.
Quels conseils donnez-vous aux jeunes Nigériennes et Nigériens qui voient en vous un modèle? Alors je dis à tous ces jeunes que si moi ainsi que tous ceux qui ont réalisé quelque chose avant moi on a pu le faire, c’est que c’est possible et eux aussi peuvent le faire. J’aime beaucoup cette citation attribuée à Mark Twain : « Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait. » Si on n’essaie pas on ne saura jamais si on aurait pu le faire ou non. Dans toutes nos entreprises, Il faut y croire assez pour tenir le cap et ne rien lâcher même quand tout semble perdu. Il faut sans cesse redoubler d’efforts car les défis sont énormes mais pas insurmontables. C’est souvent lorsqu’on est au pied du mur que l’on prend le temps de penser les choses autrement.
Je vous laisse le mot de la fin.
Je tiens à vous remercier de m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer. Le Niger est notre pays, notre patrie, notre héritage le plus cher. Lorsque l’on hérite d’une maison on n’attend pas que le voisin vienne la nettoyer vu que ce n’est pas lui qui va y vivre; de cette manière nous ne devons pas attendre que les changements que nous voulons voir viennent des autres. C’est à nous et à nous seuls, dignes fils et filles de ce pays de nous retrousser les manches afin d’œuvrer pour un avenir meilleur. Mme Abdoul Kader Rouki Sarkiss - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. Africainement et Nigériennement vôtre !!!
Comment souhaitez-vous vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora?
Je n’ai pas d’autre façon de me présenter qui soit contraire à ce que je suis, c'est-à-dire un citoyen nigérien profondément attaché à son pays, à ses valeurs ainsi qu’au bien-être de ses populations.
Quel a été votre parcours académique?
J’ai fait l’essentiel de mon parcours académique à Niamey, au Niger : l’école Diori, le CEG VI, le lycée Kassaï, puis l’IFTIC. Après quelques années de travail, d’abord dans le privé (le journal Le Démocrate), puis dans la Fonction publique en qualité d’attaché de presse au ministère de l’Education nationale où je suis resté pendant près de dix ans, je suis allé à Lomé, au Togo, pour faire une Maîtrise en communication avant de faire, à Dakar, au Sénégal, un Master en communication.
Qu'est-ce qui vous a poussé vers le journalisme ?
Très tôt, j’ai été attiré vers le journalisme, sur la base, je l’avoue, d’une idée plutôt naïve. Je caressais un rêve de jeunesse et pensais, ingénument, que le journalisme était la voie la plus indiquée pour le réaliser. C’était l’unique choix que j’ai fait en Terminale. J’ai ainsi fréquenté l’Institut de formation aux techniques de l’information et de la communication (IFTIC) et me suis retrouvé, après le service civique national que j’ai quand même effectué dans le secteur de l’éducation, comme journaliste stagiaire au journal « Le Démocrate », un hebdomadaire privé nigérien très apprécié à l’époque.
Parlez nous de vos expériences professionnelles nationales et internationales?
Je l’ai déjà quelque peu effleuré en parlant de mon parcours académique. Après mon service civique national que j’ai effectué dans le secteur de l’éducation, contrairement à bon nombre de mes collègues qui l’avaient fait dans les médias de la Place, j’ai travaillé au ministère de l’Education nationale en qualité d’attaché de presse pendant dix ans environ ; dix ans au cours desquels j’ai capitalisé une solide expérience auprès d’hommes et de femmes de rigueur. L’aboutissement de ce travail qui n’était pas une sinécure, eu égard à la multiplicité des acteurs en présence et à leurs spécificités, c’est la CONFEMEN (Conférence des ministres de l’Education des pays ayant le français en partage), à Dakar, au Sénégal, où j’étais resté, cinq ans durant, en qualité de conseiller en communication de l’institution. De retour au pays, j’ai été nommé, en septembre 2011, coordonnateur de la cellule de communication de l’Assemblée nationale avec rang de conseiller principal du président de l’institution, poste que j’ai gardé jusqu’en septembre 2013.
Quels enseignements avez-vous tirés de votre expérience ?
Les enseignements que je tire de cette belle expérience nationale et internationale sont essentiellement de trois ordres : d’abord, on ne finit jamais d’apprendre et pour continuer à apprendre, il faut s’armer d’humilité. Le deuxième enseignement, c’est que seul le travail paie, le travail de rigueur. Le troisième, c’est que les voies de Dieu sont impénétrables.
Quelles difficultés et quels éléments facilitateurs avez-vous rencontrés en tant que journaliste et écrivain ?
Vous posez, là, deux questions principales, voire plus. Je vais, donc, tenter d’y répondre par étapes. En termes de difficultés, je vous surprendrais peut-être en vous apprenant que j’en ai toujours rencontrées. Je considère que tout est difficulté avant d’être abordé. C’est pour dire que la vie, professionnelle surtout, est une succession de défis qui se renouvellent sans cesse. Il faut continuellement se battre pour les relever et les solutionner. Les facilités ? Je les ai sans doute eues dans les riches relations humaines et professionnelles que j’ai entretenues avec ceux et celles avec qui j’ai eu à commercer. C’est valable aussi bien pour le journaliste que pour l’écrivain, même si dans ce second registre, je ne revendique pas une grande expérience.
Quel rôle a joué le Niger dans votre parcours ?
Le Niger m’a tout donné. Et je pense que je n’ai pas encore fait suffisamment pour mon pays en retour. Mon vœu, c’est de pouvoir apporter ma part de contribution aux changements positifs qu’attendent nos compatriotes.
Quelles valeurs vous ont guidé ?
La rigueur dans le travail, la volonté de donner toujours satisfaction à ma hiérarchie, l’intégrité et la loyauté.
Que pensez-vous de l'avancée du journalisme au Niger et dans la sous-région?
Le journalisme a connu une évolution appréciable dans la sous-région, particulièrement au Niger où, en deux décennies, nous sommes passés d’une presse dirigée à une presse plurielle qui dispose d’une marge de manœuvre très enviable avec la dépénalisation du délit commis par voie de presse. Tout ne marche pas toujours comme sur des roulettes — ça ne l’est nulle part au monde — mais l’apprentissage continue et parfois, quoi qu’on dise, le métier prend des grades dans les contentieux qui opposent ceux qui l’exercent avec d’autres acteurs de la société (citoyens, personnes morales, etc.).
Avez-vous des solutions, des projets ou plans pour le développement du journaliste au Niger?
Assurément, mais permettez-moi de ne pas les exposer ici. Je n’en ai pas d’ailleurs que dans le secteur de la communication. Lorsqu’on vit avec ses concitoyens et qu’on partage leurs difficultés, leurs obsessions et leurs angoisses ; lorsqu’on connaît leurs préoccupations et leurs attentes, lorsqu’on se soucie un tant soit peu de contribuer aux changements positifs auxquels ils aspirent légitimement alors, on ne peut pas ne pas avoir des projets ou des plans pour sa communauté.
Vous avez récemment publié un livre important sur la mort du Président Ibrahim Maïnassara Baré, « Le régicide du 9 avril 1999 – Ombres et lumières ». Pourquoi Ombres et lumières ?
J’ai commencé ce projet dès le lendemain du 9 avril 1999. Sachant qu’il était difficile de délier les langues tout de suite, je m’étais d’abord attelé à réunir toutes informations écrites sur le sujet et à procéder à une sélection rigoureuse des aspects les plus importants. Au fur et à mesure, j’ai abordé certains acteurs qui ont accepté de parler à cœur ouvert et je les en remercie. Ombres et lumières parce que, malgré mes efforts, malgré l’éclairage important de ceux qui m’ont aidé à lever le voile sur certains aspects de cette tragédie, il reste encore beaucoup de zones d’ombre. Mais, qu’on s’entende bien : ce n’est pas dû au fait que je n’ai pas rencontré tous les acteurs, c’est purement chimérique. J’ai fait le choix de considérer plus importants les propos et les actes des acteurs dans le feu de l’action ou juste au lendemain. Si je leur tendais le micro aujourd’hui, ils tiendraient forcément un discours qui les arrangerait alors que le monde entier est témoin du rôle qu’ils ont joué dans la survenance de cette tragédie.
Quels conseils donnez-vous aux jeunes Nigériennes et Nigériens qui voient en vous un modèle? Je manquerais sans doute de modestie en me considérant comme un modèle. En quoi ? Je ne saurais le dire personnellement. Néanmoins, au regard du parcours que j’ai eu et qui est ponctué d’expériences multiples, aux niveaux national et international, je m’autorise à conseiller aux plus jeunes d’avoir le goût du travail, du travail bien fait. Seul le travail paie et le succès est au bout de l’effort. Je leur dirais d’aimer leur pays et de savoir que les changements positifs auxquels ils aspirent dépendent en priorité de notre acharnement au travail, de notre intégrité et de nos ambitions pour notre pays ; qu’ils sachent et gardent à l’esprit, en tous lieux et en toutes circonstances, que nous n’avons rien de plus cher que le Niger ; qu’il n’y a pas de petites responsabilités et que la première, pour les plus jeunes, c’est déjà de préserver leur santé physique et mentale, en s’éloignant de tout ce qui pourrait l’hypothéquer.
Je vous laisse le mot de la fin.
Ce mot, je le destine à nos gouvernants et à tous ceux qui ont la moindre ambition pour le Niger. Je voudrais leur dire que, certes, les mots préparent les esprits mais ils ne suffisent pas à apporter les changements attendus ou chantés, surtout lorsque les actes et les comportements prennent les discours à contre-pied. Pour booster le développement, dans tous les secteurs, il faut que les actes soient le reflet exact des discours. La pédagogie par l’exemple est notre unique salut. Soit, ceux qui gouvernent donnent l’exemple à suivre et on avance ; soit ils parlent plus qu’ils n’agissent et on continuera à tourner en rond, à reculer.
Modi Alzouma Moussa
Réalisée par Boubacar Guédé 05 avril 2015 Source : Nigerdiaspora.net
Comment souhaiteriez-vous vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora? Je tiens tout d’abord à vous remercier pour l’honneur que vous me faites de pouvoir m’exprimer à travers votre site internet. Je m’appelle Majid Maty Elhadji Moussa, je suis manager en transport logistique chez Areva à Paris. Je suis actif dans la vie associative, j’aime l’entreprenariat et la découverte d’autres cultures.
A travers sa rubrique «Le Nigérien de la semaine», Nigerdiaspora, vous fait découvrir dans ce nouveau numéro, une Nigérienne vivant en France, en la personne de Madame Rakia Moulaye, Docteur en Sciences-Biotechnologies et Santé-Environnement, Enseignante à l’Académie de Paris. Dans l’entretien qu’elle a bien voulu nous accorder, Mme Rakia Moulaye accepte volontiers de parler aux Internautes de Nigerdiaspora, de sa personne, son parcours académique, ses expériences de la vie, tant au plan national qu’international ; les difficultés auxquelles elle avait fait face dans sa vie professionnelle pour être là où elle est aujourd’hui, mais aussi de ses projets et visions pour son pays le Niger et pour sa jeunesse estudiantine. Lisez plutôt.
Bonjour Professeur Khalid Djado : Comment voudriez-vous, vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora ? Tout d’abord, permettez-moi de vous remercier pour tout ce que vous faites pour tenir les nigériens informés. Je me nomme Khalid Maina DJADO, scientifique de formation. Je suis marié père de deux garçons de 4 ans et un an. Je suis un ancien élève du lycée Mariama de Niamey où j'ai obtenu mon Bac C en 1998. Je suis titulaire d’une licence en Mathématiques appliquées obtenue à l'université Sidi Mohamed Ben Abdellah à Fès au Maroc, d’un master en mathématiques et informatique de l'Université de Bretagne Sud en France, d’un Ph.D. en informatique avec un cheminement en imagerie et média numérique obtenu à l'Université de Sherbrooke au Canada. Je possède près d’une quinzaine d'années d'expérience en enseignement universitaire et en consultation dans les centres de recherche et entreprises canadiennes.
Depuis, je me suis plus engagé dans le domaine de la recherche appliquée, avec comme centre d’intérêt le développement des technologies applicables dans le monde industriel par le biais de propriétés intellectuelles brevetées ou brevetables.
Parallèlement à mes activités personnelles, j’enseigne actuellement au département de mathématiques et informatique à la faculté des sciences à l'Université Abdou Moumouni et je suis également professeur associé au département d’informatique à la faculté des sciences de l'Université de Sherbrooke au Canada. Le reste de mon temps, je travaille comme consultant en recherche et développement sur divers projets.
Parlez-nous de votre fonction actuelle de professeur à l’Université de Sherbrooke Le titre de professeur associé est différent de celui de professeur régulier. En tant que professeur associé à l'Université de Sherbrooke, je suis libre dans mes faits et gestes. Mon travail consiste principalement à participer à l’encadrement des étudiants dans les cycles supérieurs. Cette spécificité me permet de demander et obtenir des subventions auprès d’organismes canadiens pour des projets de recherche scientifique y afférent.
Pouvez-vous nous parler de vos actions nationales et internationales ? Au plan national, je peux dire que je suis pleinement impliqué. J’ai toujours voulu servir le Niger et cela fait maintenant 5 ans que je suis assez souvent à Niamey. Je donne des cours en informatique à l'Université Abdou Moumouni et j’encadre aussi des projets de recherche d'étudiants au département de mathématique et informatique.
J’ai eu à l’occasion à partager le contenu d’un cours de l'université de Californie à Berkeley afin qu’ils puissent voir ce qui se fait ailleurs et pouvoir se comparer. Il me semble que les étudiants qui suivent mes cours au Niger, apprécient cette approche interactive qui les pousse à se mesurer aux étudiants nord-américains.
Tout n’est pas rose; car pour optimiser la qualité de mes prestations, il m’arrive de rentrer à Niamey avec tous les téléchargements nécessaires à mon cours, ce pour minimiser les aléas techniques liés à la qualité d’internet pas toujours garantie. Il n’est donc pas toujours aisé pour les enseignants et étudiants de bien mener leurs travaux de recherche nécessitant l’utilisation d’internet.
Au plan international, j’ai représenté l’Afrique dans l’association « ACM SIGGRAPH International Resources Committee » qui s’occupe de faire la promotion des technologies interactives à travers le monde de 2011 à 2015. J’ai eu beaucoup d'opportunités pour développer des relations avec des universités et enseignants sur les cinq continents. Ayant déjà fait mes études en Afrique, en Europe puis en Amérique, j’ai eu plusieurs occasions d’aller en Asie et une fois en Océanie pour des conférences dans le cadre de mes recherches. Je garde de bons souvenirs de la Nouvelle Zélande, de l’Afrique du sud, de Singapour, de la Chine, de la Californie, de la Louisiane, de l’État de Washington, du Massachusetts, etc…
Que pensez-vous de la situation inquiétante de l'éducation au Niger?
Il s’agit du problème le plus sérieux pour le Niger. Notre éducation va très mal et nous avons tous notre part de responsabilité, nos dirigeants encore plus! Le niveau est très bas. J’ai déjà eu un étudiant avec un bac scientifique à un de mes cours au Niger ne connaissant pas la signification de la parité d’un nombre! Avec le niveau actuel, il nous sera impossible de créer un bassin de cadres de qualités pouvant fonder des entreprises prospères pour créer de la richesse dans le pays. Il sera en plus difficile de rattraper notre retard par rapport aux pays développés. Cela peut paraître un rêve mais je suis de ceux qui croient qu’avec la foi, la volonté, la discipline et le travail il est tout à fait possible qu’on puisse un jour parler du Niger comme on parle maintenant de Singapour ou de la Corée du Sud. Ces deux pays dans les années 1960 étaient comparables du point de vue économique aux pays africains comme le Niger et aujourd’hui ils sont très développés. Leurs universités accueillent des étudiants de partout au monde qui viennent se former. Ils ont fait ce chemin en un demi-siècle. Mais pour arriver à cela nous devons repenser notre contrat social dans le domaine éducatif.
En laissant le système éducatif nigérien comme il est actuellement, nous condamnons l’avenir de notre pays car ce sont nos élèves et étudiants d’aujourd’hui qui prendront la relève dans tous les démembrements de la société nigérienne.
Actuellement, nous sommes tous d’accord que le Niger et beaucoup de pays africains sont très en retard par rapport aux pays développés comme le Canada. Si nous ne prenons pas garde ce retard va se creuser de façon considérable dans les années à venir. En effet, compte tenu du vieillissement de la population et pleins d’autres facteurs, tous les pays développés ont décidés d'investir des sommes colossales dans la recherche et le développement particulièrement en intelligence artificielle. Ceci aura pour conséquence de créer une nouvelle économie dans laquelle beaucoup d’emploi vont simplement disparaître. Par exemple avec les voitures autonomes d’ici deux décennies, des métiers de chauffeurs ou bien de taximan vont juste disparaître. Les technologies issues de l’intelligence artificielle remplaceront l’homme dans les tâches moins nobles. Les conditions de vie des populations dans les pays développés vont être encore plus agréables. L’exode des cerveaux des pays africains vers ces pays risque de s'accentuer. Nous aurons des gros défis, il me semble pour nous adapter à tous ces changements. Ce qui risque de se passer ce qu’il y aura un grand fossé entre population globalement oubliée dans les méandres de l'archaïsme, de l’ignorance et du sous développement avec une élite vivant dans un monde onirique et inaccessible avec pour conséquence une confrontation interminable entre gouvernants et gouvernés.
Selon moi, le plus grand défi que nous avons est de pouvoir ramener de l’ordre dans l'école publique républicaine et la rendre accessible à tous les nigériens. Si les autres pays sont arrivés à un niveau de développement c’est surtout et essentiellement parce que l’éducation pour tous à travers une école publique de qualité a été possible. Il n’y a pas d’autres voies ou choix que d’investir sincèrement dans l’éducation de base socle de l’émergence de toute nation, tout peuple, tout pays.
Il y’a des signes encourageants avec les récents examens pour évaluer le niveau des enseignants. Mais à mon avis le problème n’est pas que académique, il est plutôt d’ordre moral, sociétal; car comme vous le savez, notre humanité commence et se construit à la maison pour s’enrichir à l'École et se raffermir et bonifier avec les expériences vécues dans la rue, au cours de voyages, à la rencontre d’autres congénères. Cela passe par des choses simples, comme le respect de soi, de l’autre, de la propriété privée, l’observation de la propreté, l’appropriation de notre passé bref toutes les leçons à même de nous outiller avec le b-a-ba nécessaire nous permettant d’assumer pleinement notre identité, notre Humanité. Si j’ai beaucoup insisté sur ce niveau c’est parce que c’est la base qui permet de façonner le reste.
Au niveau universitaire, le premier problème est la capacité d'accueil des étudiants dans les facultés et instituts. Avec notre démographie, le nombre de bacheliers qui font des demandes d’admission augmentent chaque année. Les ressources matérielles et humaines nécessaires pour accueillir tous les étudiants ne cesseront de croître. Et malheureusement l’État nigérien ne dispose pas de moyens financiers permettant de suivre cette croissance.
Il serait donc urgent que nous repensions notre approche en innovant en l’occurrence par des outils pédagogiques accessibles à large spectre comme le télé enseignement, l’enseignement à distance, les cours en ligne d’une part et en améliorant la qualité de l’enseignement par un apport extérieur à savoir les enseignants nigériens de la diaspora pour peu que cette opportunité leur soit offerte. Les étudiants pourraient par exemple avoir toutes les supports de cours en début d'années, par la suite ils auront des plages horaires réservées pour discuter avec leurs enseignants et faire les travaux pratiques. Les examens pourront se faire sur convocation et plusieurs fois dans l'année. Les certifications internationales pourront permettre aux étudiants de créditer certains cours. Mon second point au niveau universitaire est de revoir les programmes d'éducation pour mieux répondre aux besoins du marché de l’emploi et même d’inclure des cours de création d’entreprise pour les étudiants finissants. L'idée des incubateurs est un bon début et doit être encouragée. A ce propos, je voudrais insister sur la nécessité pour les universités du Niger de s’ouvrir et faciliter l’intégration des enseignants nigériens de l’extérieur qui ont aussi leur partition à jouer en enrichissant le débat universitaire. Ne pas le faire serait incompréhensible et préjudiciable car eux aussi ont assurément leur contribution à apporter. Malgré notre bonne foi et notre bonne volonté nous rencontrons parfois des obstacles futiles pour nous décourager.
Que pensez-vous du développement informatique au Niger? Et quel constat faites-vous aujourd’hui en informatique au Niger? Avez-vous des solutions, des plans… Dans le domaine de l’informatique, je pense que le Niger comme beaucoup de pays d’Afrique subsaharienne ont encore du chemin à faire. Deux points retiennent mon attention.
Le premier point que je voudrais soulever est que les entreprises sont dans une logique d’importer des solutions qui parfois ne sont pas complètement adaptées à leurs besoins. Les quelques ingénieurs et techniciens qui travaillent dans ces entreprises font peu de développement de logiciel. Ils sont souvent affectés à des tâches d’analyse et de support technique.
Le second point est de nature plus sécuritaire puisqu’il porte sur des questions de sécurité nationale. On constate de plus en plus que certains pays d’Afrique font appel à des compagnies hors du continent pour la gestion des données biométriques de leurs citoyens. Soit pour la confection de passeport ou bien pour des élections. Selon moi, nous devons créer une expertise nationale ou africaine pour gérer tout ce qui touche aux données sensibles de nos concitoyens. Imaginez toutes les empreintes numériques de tous les citoyens d’un pays entre les mains d’une entreprise privée étrangère et que cela n'inquiète personne! Nous savons très bien qu’avec l’empreinte digitale, on peut débloquer certains téléphones et accéder à plus de données privées. De nos jours avec ce genre de données, on est capable de faire un vol d'identité beaucoup plus facilement. Il est même de coutume dans les pays développés que ces domaines soient réservés exclusivement aux structures régaliennes ou en partenariat avec des sociétés privées nationales mais rarement à des entreprises étrangères. Ceci est vrai pour toutes les données sensibles qui caractérisent l’ossature de la vie d’une nation.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes nigériens qui aimeraient se lancer dans des études universitaires en informatique ? L’informatique est une science universelle et d’avenir. Le marché de l’emploi est gigantesque et de plus en plus d’emplois sont à promouvoir maintenant et dans les années à venir à travers le monde. Je conseille aux jeunes qui sont intéressés par ce domaine d’exceller dans leurs études scientifiques mais surtout de ne pas se décourager. Ils ne doivent surtout pas négliger l’anglais car c’est dans cette langue que les langages de programmation de même que la documentation sont écrits. Je leur demande aussi d'être patients car l'expérience professionnelle s'acquiert avec le temps. Une fois qu’on arrive à passer à travers quelques projets d’envergures, la carrière devient plus facile et on peut choisir son lieu de travail de même que son entreprise. Par exemple, je reçois plusieurs offres d’emploi chaque année à travers le monde que je ne puisse accepter au vu de mes divers engagements.
Avez-vous des projets en informatique pour le Niger ? Oui j’ai quelques projets en informatique au Niger, avec des amis nous avons développé quelques logiciels que nous essayons de faire connaître. Nous sommes à nos débuts mais nous avons espoir d’arriver à faire accepter nos produits auprès des entreprises nigériennes.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Nigériens qui voient en vous un modèle? Le premier conseil que je puisse donner à nos jeunes compatriotes est de croire en eux même. Avec la foi, tout devient possible. Dans un second temps, j’encourage les jeunes à être disciplinés et déterminés dans leur travail.
Votre mot de fin. Je voudrais dire à nos compatriotes qui aimeraient servir le Niger de le faire sans hésitation. De ne point se décourager car il est de notre devoir que le Niger soit un pays développé et prospère. Professeur Khalid Djado Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
M. Abdoul-Aziz Kountché, Le Directeur Généal de la société Drone Africa Service
Bonjour M. Abdoul Aziz Kountché, Comment voudriez-vous, vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora ?
Bonjour, je m’appelle Abdoul Aziz Kountché et je suis une personne passionnée d’aéronautique et d’aéromodélisme. Titulaire d’une licence en pilote D’ULM et d’une License en Marketing et gestion commerciale, je suis également formateur en initiation à l’aéronautique, plus particulièrement sur le pilotage de drone et les systèmes d'information géographique (SIG). Je suis le fondateur et le Directeur Générale de Drone Africa Service (DAS)
Drone Africa Service est une entreprise spécialisée dans le travail aérien par drone (véhicule aérien non habité) . On effectue aussi du travail aerien par aéronef habité tels que les ULM. Notre cœur de métier reste l'usage pratique des drones civils dans le cadre du développement dans le sahel. Nous concevons et réalisons aussi des systèmes de drone en fonction de la demande du client.
Quelles sont les applications et usages des drones au Niger ?
Dr Hamidou Mamadou AbdouComment souhaitez-vous vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora? Je suis un nigérien du Monde, qui essaie de préserver la bonne réputation des nigériens partout où je passe. Ingénieur conseil, père de famille de cinq enfants, résident depuis 24 ans au Canada, je travaille dans une trentaine de pays.
Quel a été votre parcours académique? Bien que né à Niamey, je suis entré à l’école primaire à Konni. Au gré des affectations de mon père, homme en tenue, ma scolarité du primaire s’est poursuivie à Tahoua, Gaya, Dosso, et Keita. Par la suite, j’ai fréquenté les CEG à Tahoua, Niamey, Tillabéri, et le Lycée Amadou Kouran Daga de Zinder où j’ai obtenu un Bac C. Il faut rappeler qu’à cette époque, la culture de l’excellence était beaucoup plus visible, encouragée et récompensée. Ainsi, j’ai le plus souvent été premier de la classe et premier de toutes les classes A, B, C, D, etc..
Mon parcours universitaire m’a conduit en mathématique et physique (MP) à l’Université de Niamey pour la préparation aux grandes écoles où j’étais sorti avec une bourse française (FAC) et une bourse chinoise. Mon choix a été d’aller en Chine pour une formation de type nord-américain où j’ai obtenu un diplôme d’ingénieur civil spécialisé en infrastructures hydrauliques à l’Université Hohai de Nanjing. Constatant mes excellents résultats, des amis canadiens, qui étaient venus en Chine apprendre le chinois, m’avaient vivement recommandé de postuler à des bourses canadiennes malgré que mon université chinoise m’offrait une bourse pour continuer au programme de Master en ingénierie.
J’étais donc rentré au Niger pour effectuer mon service civique national dans le cadre duquel j’ai enseigné pendant une année les mathématiques et la physique au Nouveau Lycée national de Niamey. Durant cette année, j’ai déposé ma candidature pour le Programme canadien des bourses d’excellence de la Francophonie. J’ai été récipiendaire de cette bourse pour une durée de 3 ans pour un Master ès Sciences du Génie civil à l’École Polytechnique de Montréal. Vu l’excellence de mes résultats et de la portée de mon sujet de recherche, le Département de Génie civil a fait une recommandation spéciale au PCBF pour financer mes recherches et accomplir une thèse de doctorat d’état (Ph.D.). Le Programme a accepté et j’ai pu poursuivre mes recherches et soutenir ma thèse de doctorat avec mention Excellent. Le titre de la thèse est : Exploitation d’un réservoir à buts multiples en périodes de pénurie. L’exploitation du système hydrique projeté au barrage de Kandadji, système à fins multiples situé sur le fleuve Niger, a servi de plate-forme de validation du modèle mathématique que j’ai créé et d’exemple de sa mise en œuvre. À ma soutenance, en présence de Son Excellence Monsieur Aboubacar Abdou, alors Ambassadeur du Niger au Canada, j’ai dédié cette thèse au peuple nigérien avec la mention :{xtypo_quote}« Au Niger, mon pays; À tous mes compatriotes qui n’ont pas eu la chance d’atteindre ce niveau du savoir et qui m’ont donné les moyens de l’acquérir ».{/xtypo_quote}
Plus tard, les besoins dans ma carrière professionnelle en génie conseil, m’ont amené à entreprendre et compléter un diplôme de MBA (Master of Business Administration) Profil Exécutif International aux HEC (École des Hautes Études commerciales) de Montréal.
Qu'est-ce qui vous a poussé vers " le génie et l’administration des affaires"? Très tôt, je rêvais d’être ingénieur. Enfant, j’étais déjà fasciné par les chantiers de construction de routes, de bâtiments. Un jour, alors que j’étais au CP (deuxième année du primaire), je passais avec mon père devant un chantier de construction d’une route, je vis un monsieur portant un casque faire des gestes à des conducteurs d’engin. Quelques instants après, il monta dans une camionnette portant l’enseigne « tp ». J’ai compris que cet homme dirigeait en quelque sorte les travaux et j’ai demandé à mon père qui il était. Il me répondit : c’est un ingénieur! Et je criais à mon père : je veux devenir ingénieur! Il m’encouragea à étudier beaucoup.
Ainsi, cette image de bâtisseur m’avait très tôt traversé l’esprit. Je voulais bâtir des choses concrètes dont l’utilité n’est pas à démontrer. Au fil de ma scolarité, le rêve de devenir ingénieur s’était davantage ancré dans ma tête. Les conseillers d’orientation, devant mes excellents résultats, m’ont confirmé que j’étais dans la bonne direction. Les réalités de notre pays ont fait le reste. Je prenais de plus en plus conscience des besoins criants en infrastructures pour favoriser son développement et améliorer les conditions de vie de nos populations. Pour moi, l’ingénieur est un bâtisseur par sa contribution à la conception et à la réalisation des infrastructures de développement.
Par la suite, c’est le souci de développement professionnel qui m’a amené à intégrer l’administration des affaires dans ma carrière. À un moment, j’ai évalué le besoin de compléter mon profil technique par des compétences managériales et autres habiletés stratégiques dans un contexte de mondialisation des affaires. Cela m’a permis d’évoluer dans l’industrie du génie-conseil canadien en occupant des postes de responsabilités de plus en plus importantes jusqu’au niveau exécutif de sociétés multinationales.
Parlez nous de vos expériences professionnelles nationales et internationales? Mes activités d’ingénieur-conseil m’ont amené à diriger des équipes pluridisciplinaires d’experts dans plus de 140 projets d’infrastructures dans une trentaine de pays en Afrique, en Amérique centrale, en Europe, au Moyen-Orient et en Asie. Ces projets concernent des routes et autoroutes, des ponts et viaducs, des chemins de fer, des aéroports, des ports, des voies de navigation, des centrales hydroélectriques, des centrales thermiques, des lignes et postes haute tension, la distribution électrique, des stades, des hôpitaux, des universités, des laboratoires, des aménagements urbains, des industries minières, des aménagements hydroagricoles, des réseaux d’adduction d’eau potable, des réseaux d’assainissement, des réseaux de communication, etc..
Au Niger, sous ma direction, notre société CIMA International a réalisé des projets dans le domaine de la santé, l’agriculture, les routes et ponts, l’énergie, l’adduction d’eau, l’assainissement urbain, l’irrigation, l’environnement.
Tous les mandats des projets que j’ai dirigés ont été gagnés par compétition internationale contre des firmes américaines, européennes et asiatiques, suivant les règles de passation de marchés des pays et des procédures de bailleurs de fonds multilatéraux. En amont de tout ce processus, j’ai bâti un plan d’affaire et une stratégie de pénétration des marchés de plusieurs régions et pays où notre société entrait la première fois. Pour la plupart, nous avons connu du succès et assuré la croissance de nos affaires. Entre autres, nous avons su maintenir une présence constante auprès de nos clients afin de les accompagner en favorisant le renforcement de capacités. Aussi, nous créons localement des emplois de qualité en formant une main d’œuvre selon les standards d’excellence de notre société.
À un autre niveau, les défis stratégiques et opérationnels ont toujours été présents dans la réalisation de nos projets avec des environnements et conditions d’implantation différents. Les expériences d’un pays à l’autre, ou d’une région à l’autre sont très enrichissantes en termes de modèles de développement et de facteurs de succès.
Fort de ces expériences, je suis membre actif d’organismes de développement économique et des affaires dont le Conseil Canadien pour l’Afrique. Je suis récipiendaire de plusieurs prix canadiens dont le Prix d’Excellence de l’Entrepreneur faisant affaire avec l’Afrique.
Quels enseignements avez-vous tirés de votre expérience ? Dans le travail, il faut le plus possible faire ce qu’on aime, avec passion. Il est permis de rêver, mais il faut soi-même profondément y croire, et travailler fort pour réaliser son rêve. Si vous n’êtes pas convaincu, vous ne pouvez pas avoir la passion et la détermination nécessaire pour y parvenir. Le succès dans les affaires ne peut être pérennisé sans la qualité et l’innovation. Dans la vie, il faut essayer de toujours avoir une attitude positive et humble. Nous avons toujours à apprendre des autres.
Quelles difficultés et éléments facilitateurs avez-vous rencontrés en tant que cadre Nigérien au Canada? L’adaptation aux températures froides et à l’hiver québécois a été un défi. Au-delà, je n’ai pas connu de difficultés particulières au Canada. Mon insertion professionnelle a été naturelle pour avoir été formé et immergé directement dans des systèmes performants. Il faut savoir aller vers les gens et échanger avec eux. Il ne faut surtout pas s’isoler ou se replier sur soi. Une fois que vous avez un boulot, il faut rapidement développer la capacité à répondre aux exigences de performance du modèle canadien où le travail est toujours axé sur le résultat. Il est donc important, pour ce faire, de se concentrer très vite sur l’essentiel pour atteindre ses objectifs en y mettant les efforts nécessaires.
Quel rôle a joué le Niger dans votre parcours? Malgré ses maigres ressources, mon pays m’a pratiquement tout donné : l’éducation et le goût de la compétition. Je n’ai personnellement contracté aucune dette pour étudier depuis le primaire jusqu’à mes douze années d’études universitaires ayant conduit à l’obtention de mon doctorat d’état en génie, grâce des bourses d’excellence que j’ai reçues par un processus de sélection, donc de compétition. C’est pour cette raison que j’ai dédié ma thèse au peuple nigérien et que dans ma vie, je veille à assurer un retour d’ascenseur à mon pays.
Quelles valeurs vous ont guidé ? La solidarité et le partage : dans ma famille, j’ai été éduqué à aider et à partager avec les autres. Aujourd’hui, je me sens utile et épanoui à la hauteur de l’aide que j’apporte aux autres. Je crois toujours que dans ce que je possède ou que je gagne, il y a la part des autres et je me dois de n’être qu’un intermédiaire pour contribuer à leur épanouissement. L’intégration professionnelle reste un défi majeur pour les diplômés africains installés au Canada et j’ai pu faire preuve de solidarité dans ce sens en termes de placements en particulier pour les nigériens.
Que pensez-vous de l'avancée de l’administration des affaires au Niger et dans la sous-région? Malgré les efforts remarquables que je vois ici et là, nos pays (africains) ont encore du chemin à faire. L’avancée de l’administration des affaires reste intimement liée au développement du secteur privé, qui lui-même est une réponse à des besoins notamment l’émergence d’une classe moyenne capable de consommer. Ceci rejoint les efforts des pouvoirs publics à assurer l’éducation, l’alimentation, la santé et à mieux répartir la richesse (les infrastructures et autres services publics) pour atteindre les couches les plus nécessiteuses de la population. Ainsi, le secteur privé deviendra le créateur principal d’emplois et contribuera à aider les pouvoirs publics à générer davantage de richesse.
Le Niger à l’instar des pays de la sous-région doit poursuivre les efforts pour asseoir un environnement propice à la concurrence, la responsabilité et la transparence qui sont des éléments indispensables au développement des affaires.
Avez-vous des solutions, des projets ou plans pour le développement de votre secteur au Niger? Le secteur des infrastructures appelle beaucoup d’investissements financiers qui sont amortis sur plusieurs dizaines d’années. Pour le développer, les pouvoirs publics doivent, en plus de leurs propres efforts financiers, attirer des partenaires investisseurs. Nous devons préserver la stabilité de nos institutions, contribuer à la paix et à la sécurité dans notre pays, et garantir la protection des investissements étrangers.
La réalisation de ces infrastructures, si elle est bien planifiée et encadrée, est une excellente opportunité de créations d’emplois et de contribution à l’émergence du secteur privé. Les retombées peuvent être multipliées au-delà même du bénéfice direct tiré de ces infrastructures. Au-delà des membres individuels de la diaspora nigérienne, je souhaite que la contribution de celle-ci au développement de notre pays puisse s’inscrire dans un cadre formel et une approche globale. Autant la diaspora nigérienne que le gouvernement ont posé des initiatives dans ce sens; mais celles-ci méritent d’être poursuivies afin que la contribution de la diaspora au développement du pays soit optimale. Il y a lieu de souligner que plusieurs pays ont connu des progrès importants en termes de développement grâce à l’utilisation judicieuse de l’expertise de leur diaspora. Les membres de la diaspora sont souvent guidés par le patriotisme et la volonté de solidarité envers le Niger. Ce qui constitue une force motrice de développement qui peut faire la différence.
Quels conseils donnez-vous aux jeunes Nigériennes et Nigériens qui voient en vous un modèle? Si vous avez la chance d’acquérir le savoir, étudiez sérieusement. Le savoir n’est pas seulement pour chercher un emploi, mais pour vous sortir de l’ignorance et vous aider à améliorer votre vie quotidienne. Avoir un diplôme c’est comme avoir entre ses mains un bon outil, et l’art de bien savoir utiliser celui-ci donne accès généralement à des opportunités de travail. Et si vous avez la chance de travailler, d’avoir un emploi, mettez les efforts pour vous différencier des autres car cela finit par être payant à moyen ou long terme. Au-delà de votre personne, où que vous soyez, n’oubliez pas le Niger car c’est le nom qui demeurera éternellement le vôtre, et quoi de mieux si vous contribuez à son rayonnement!
Je vous laisse le mot de la fin. Je salue les efforts de Nigerdiaspora à servir de pont, pour favoriser les échanges entre les Nigériens. La diaspora fait partie des forces qui contribuent au développement de notre pays.
Je vous remercie de m’avoir donné la chance de partager ces quelques sujets de réflexion avec vos lecteurs. Dr Hamidou Mamadou Abdou, ing, Ph.D., M.B.A.Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Comment souhaitez-vous vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora ? Je suis nigérienne âgée de 55 ans, historienne de formation. Dans la réalité j’ai plus travaillé dans le développement, et cela pendant plus de deux décennies. Je suis mariée, mère de 3 enfants (2 garçons et une fille), grand-mère d’une petite fille âgée de 3 ans. Je suis tante de nombreux neveux et nièces.
Je réside à Niamey où j’ai fait mes études secondaires et passé toute ma carrière professionnelle. Mon village natal est Birni Gaouré , une localité située dans la vallée du « Dallol Bosso» connue sous l’appellation de Boboye. C’est une zone d’échanges, de brassage interculturel et ethnique. Je suis née dans une famille modeste. Aujourd’hui, je partage mon temps entre mes fonctions professionnelles, associatives, sociales et familiales et mes divers centres d’intérêts. Comme toutes les femmes nigériennes de ma catégorie et de mon âge, je joue aisément mes rôles pluriels et assume mes identités multiples, nigérienne, musulmane, je crois aux valeurs universelles de progrès, de paix et de tolérance.
A travers la présente interview, j’aimerais que l’on retienne de moi ce que je fais pour le développement et le rayonnement de la femme nigérienne à travers l’ONG Centre Reines Daura, l’ONG que je préside depuis quelques temps. C’est une responsabilité que je mène parallèlement à ma vie professionnelle. C’est pour moi une expérience exaltante et valorisante en matière d’engagement pour la défense des droits des femmes et de la promotion du leadership féminin.
En effet, j’ai toujours été attirée par la vie associative, je suis grégaire de nature. Le fait d’avoir grandi dans un milieu où le système des groupes d’âge était une pratique socialisante a certainement été déterminant. Quand j’étais plus jeune, je participais à la gestion des affaires scolaires et faisais partie du bureau de l’école, chargée du journal scolaire ou membre de la troupe culturelle. A l’âge adulte, après avoir pleinement pris conscience du rôle incontournable de la femme dans la société nigérienne, de ses contributions multiples/multiformes et du statut paradoxalement faible qui lui est associé, j’ai commencé à m’intéresser à tout ce qui de près ou de loin touche à sa condition. J’ai d’abord cherché à connaitre les fondements idéologiques et sociaux des inégalités/injustices dont elle est victime et les disparités dans sa participation à la vie publique. Par la suite, j’ai cherché à m’associer à la recherche des moyens pour améliorer cette condition féminine de vie à travers la réflexion, l’engagement et l’action.
C’est ainsi que je me suis retrouvée à militer au sein de plusieurs organisations de défense des droits des femmes localement et internationalement. Les plus significatives étant : le Maillon Africain pour la Paix et le Développement (MAPADEV), le Réseau des Femmes pour la Paix (REFEPA) et le réseau de solidarité international Women Living Under Muslim Laws (Femmes Sous Lois Musulmanes). C’est d’ailleurs ce réseau fondé et animé des intellectuelles féministes du Sud et du Nord dans les années 1990 et qui est sensible à la problématique droits des femmes vivant sous les lois dérivant de l’Islam qui a contribué à mon éveil militant. Cela m’a permis de comprendre que les lois dites Islamiques qui gouvernent la vie des femmes ne proviennent pas nécessairement toujours de l’Islam mais de construction faites sur la base de traditions et de coutumes. Face à une telle situation, les femmes ne restent pas les bras croisées. En effet à différentes époques et dans divers contextes elles agissent et réagissent aux pratiques oppressantes en devisant des stratégies de lutte pour contrecarrer des pratiques et idéologies en leur défaveur et à se mobiliser pour rejeter les postures qui tendent à faire d’elles des victimes. Cette perspective est aussi parfaitement illustrée dans la vie des femmes nigériennes. Il faut aller dans la trame des constructions sociales et dénouer le tissu des représentations pour retrouver les traces de cette dynamique, d’où l’importance de la recherche comme action prioritaire dans ce genre d’activisme.
Mon engagement dans ce mouvement m’a permis de mieux comprendre les motivations derrière les combats silencieux des femmes, les canaux et les formes qu’elles adoptent et privilégient face aux divers défis. J’ai appris à reconnaitre l’importance des actions individuelles et collectives mêmes des femmes qu’on l’imagine être les plus marginalisées. Ces actions isolées ou coordonnées sont toutes pertinentes à l’émancipation et l’autonomisation des femmes. J’ai participé à différentes actions/activités, coordonné des projets localement et ailleurs pour le compte des structures mentionnées. Ceci, notamment dans le domaine des droits économiques des femmes, la thématique des droits fonciers et de la citoyenneté en particulier. J’ai aussi mobilisé des financements et conduit des actions de plaidoyer.
En décembre 2010, avec des collègues nous avons créée l’ONG Centre Reines Daura des Ressources pour la promotion, le développement et le rayonnement de la femme nigérienne pour soutenir la promotion du leadership féminin au Niger. La mission de notre ONG est d’oeuvrer à l’épanouissement intellectuel, social, culturel et économique de la femme nigérienne et africaine par la production et la diffusion du savoir et des savoir-faire féminins. Cette structure se veut être une solution pour les femmes, elle ambitionne de les appuyer individuellement et collectivement en leur apportant les renforcements nécessaires et appropriés au contexte nigérien à sa société et à ses valeurs.
Mes activités professionnelles et associatives m’ont donné la possibilité de produire des écrits sur les questions sur les droits des femmes et le développement et d’intervenir dans de nombreux fora nationaux et internationaux, toujours dans l’optique de défendre une meilleure prise en compte des femmes dans les questions de développement national et international.
Quel a été votre parcours académique ?
Je suis titulaire d’un doctorat en Histoire obtenu à Temple University aux Etats-Unis. Ce diplôme était précédé par une maîtrise obtenue dans la même discipline de l’université de Niamey. J’ai fréquenté le lycée Kassai de Niamey ou j’ai passé mon bac, effectuées mes études secondaires au Collège Fatima de Zinder où j’ai obtenu mon BEPC. Sur le plan de la formation, j’ai été plutôt privilégiée. Je rends grâce à dieu d’avoir pu aller jusqu’au bout de mes ambitions sur ce plan et d’avoir bénéficié des possibilités/opportunités qu’offrent deux systèmes éducatifs/académiques. En effet, en plus de tout ce que j’ai eu comme fondation, ma formation aux Etats Unis, qui avait pu être possible grâce à une bourse de coopération pour le développement professionnel qui s’appelle Fulbright, a fécondé en moi des qualifications compétitives et m’a outillée avantageusement sur certains plans. Je me suis retrouvée dans la capacité de faire plusieurs choses à la fois et à pouvoir travailler sous pression et simultanément avec deux langues (le Français et l’Américain). J’ai développé des compétences parallèles qui m’ont permises d’être dans l’axe de certaines opportunités spécifiques qui expliquent mon parcours professionnel.
Dans le système américain l’enseignement de l’histoire est intégré aux sciences sociales et largement ouvert sur la multidisciplinarité et la maîtrise d’enseignements/apprentissages transversaux (études féministes, genre, développement international, économie politique, psychologie, sociologie et la maîtrise de l’outil informatique et le management). Ce sont des aptitudes qui ont certes facilité ma carrière dans des agences de coopération, mais j’aurai aussi bien pu être enseignant-chercheure à l’université. A mon avis, j’ai eu chance d’avoir eu un cursus qui a contribué à ouvrir mes yeux à la créativité intellectuelle et technique, à l’engagement pluriel et qui m’a prédisposée à être multifonctionnelle et alerte.
Qu'est-ce qui vous a poussé vers la création de l’ONG Centre Reines Daura"?
Ce qui m’a poussé vers la création de l’ONG Centre Reines Daura, c’est peut-être la déformation professionnelle de la science historique. Celle-ci m’a donnée la passion de la curiosité intellectuelle sans limite, de l’apprentissage et de la transmission en permanence. Elle a aussi développé mon charisme ainsi que cette vision qui incite à l’initiative, à la réalisation et au partage et au désir de voir un changement en toute chose. Je suis une étudiante perpétuelle, je cherche à m’ouvrir aux nouveautés pour comprendre le monde autour de moi, retrouver la place de la femme et évaluer son rôle, ceci est une quête en perpétuel mouvement en moi. C’est cette impétuosité et le désir de toujours inscrire des idées/action dans la durée qui m’a conduite à développer le concept Centre Reines Daura et à en contaminer mon entourage avec. Je me réjouis de savoir que quand il s’agit de femme, d’autres nigériennes et nigériens sont aussi prêts à porter leur altruisme plus haut, de concrétiser leur désir de s’investir et de brûler bénévolement de l’énergie et du civisme pour voir un changement survenir. Je m’en félicite et les remercie de tout cœur de cette confiance qu’ils m’ont accordée ainsi que de la collaboration qu’ils m’offrent.
Pouvez-vous nous donner un aperçu de vos expériences professionnelles nationales et internationales?
Jusqu’à il y a deux semaines, j’occupais le poste de poste de secrétaire permanente du Conseil National de Coordination Multisectorielle de Lutte contre le VIH/Sida, la Tuberculose et le Paludisme (CCM-Niger). C’est un bureau qui coordonne les activités de soutien à la mobilisation des financements auprès du fonds mondial de lutte contre le VIH/Sida, la tuberculose et le paludisme et au suivi des projets. Le Fonds mondial est lui-même une institution financière basée à Genève en Suisse qui appuie les pays dans la mobilisation des ressources destinées à la lutte contre ces 3 maladies pour contribuer à l’éradication de la pauvreté auprès des bénéficiaires. Je suis à ce poste depuis bientôt 8 ans, auparavant, j’ai occupé les fonctions de directrice des ressources documentaires et de l’information et celui de spécialiste culturelle au Centre Culturel Américain de Niamey. J’ai aussi enseigné l’histoire et la géographie dans des lycées d’enseignement général de Niamey et mené des consultations en free-lance sur des thématiques féminines.
A titre d’information, je viens d’être fraichement nommée Conseillère Principale du Premier Ministre en charge du département du développement industriel, de la promotion du secteur privé, du tourisme et de l’artisanat. Il est encore trop tôt pour parler d’expérience dans ce domaine.
Quels sont les enseignements que vous avez tirés de votre expérience ?
J’ai tiré quelques enseignements de ma propre expérience dans l’ONG Centre Reines Daura. D’abord, j’ai mené mes études universitaires étant mariée et élevant mes enfants, ayant l’expérience de mener de front études et gestion familiale, quelque part il a fallu mettre sur la balance deux composantes de ma vie, qui sont la famille et l’ambition personnelle. Pour réussir ce double combat, que toutes les femmes mènent et qui a l’air si évident, j’ai dû même faire des réaménagements, des compromis et même parfois accepter de tordre le cou à certaines idées reçues sur les effets de l’émancipation féminine. Le résultat n’est pas toujours évident mais il faut garder la tête froide et savoir continuer dans sa trajectoire pour pouvoir persuader les uns et les autres du bien-fondé de son choix et de sa rationalité en tant que femme, épouse, mère et soeur. L’enseignement que je tire c’est qu’il faut ne faut jamais se sous-estimer, mais faire preuve de persévérance, aller jusqu’au bout de ses ambitions et ne jamais s’arrêter en chemin au risque de d’aboutir à une œuvre inachevée.
J’ai aussi retenu que la vie associative est une excellente école professionnelle qui permet de se rendre utile, d’acquérir des compétences, d’exercer sa citoyenneté. C’est aussi une école qui permet de se remettre en question d’être confronté aux défis liés à l’articulation d’une vision et au souci d’atteindre les résultats. Avec un engagement fort on peut apporter le changement recherché. Je le vois l’innovation que nous sommes en train d’apporter dans le travail des ONG féminines, à travers le projet de parrainage des filles en scolarité mis en œuvre par notre ONG avec l’appui des partenaires. Dès les premiers résultats, on mesure l’impact à travers la joie sur les visages et le soulagement exprimé dans les témoignages des récipiendaires des bourses d’études et de leurs familles dénotent de ce fait.
L’enseignement à en tirer c’est toujours être utile à son pays, sa communauté, apporter la valeur ajoutée strictement dérivant d’une demande réelle et justifiée.
Quelles sont les difficultés et les éléments facilitateurs que vous avez rencontrés en tant que (présidente de l'ONG Reines Daura ?
Difficultés, la vie associative étant principalement focalisée sur les besoins des populations bénéficiaires et la prise en compte de leur intérêt général, il y a beaucoup d’énergie à investir dans ce secteur pour avoir des résultats et un impact.
En outre avec le contexte financier international est caractérisé par une morosité. Cela a un impact sur le fonctionnement des ONG surtout féminines. En effet, la bataille pour l’accès aux ressources financières oblige à plus de gouvernance managériale pour garantir les résultats durables. Notre ONG étant par essence à but non lucratif et oeuvrant dans un contexte nigérien ou le mécénat est très peu développé, le financement des activités inscrites sur notre plan d’action nous posent un problème. C’est l’occasion de remercier ici toutes les bonnes volontés qui ont cru en nous et nous ont apporté un soutien financier qui nous a permis de décoller.
Pour ce qui concerne les éléments facilitateurs, on peut en mentionner quelques-uns dont nous avons bénéficié. Pour ce qui est de mon parcours, je rends grâce à dieu pour toutes les facilités dont . Il y a une liste de personnes et une panoplie d’institution qui m’ont permis de gravir les différents échelons. A défaut de pourvoir dresser la liste et faire des remerciements individuels, je voudrais les gratifier d’un merci collectif. J’ai une reconnaissance éternelle à l’endroit de mes encadreurs/enseignants, ma famille, mes amies/ et connaissance et toute autre personne qui a contribué directement ou indirectement à mon essor.
Pour ce qui est de l’ONG, je voudrais spécifier que nos adhérents sont tous des nigériens (femmes et hommes) de l’intérieur ou de la diaspora. Tous sont engagés pour œuvrer à la promotion du leadership féminin au Niger. Cette configuration est un atout et un élément facilitateur. Elle nous permet de capitaliser sur une base élargie de compétences, opportunités et des ressources. Faire converger des nigériens qui vivent dans divers contextes vers un idéal commun de la femme nigérienne est une élément fédérateur et une chose merveilleuse. C’est le cas de vous, promoteur de cet espace Niger diaspora d’avoir accepté de vous joindre à nous et de nous faire connaitre des internautes. Voilà un élément facilitateur incomparable, nous sommes fières de vous et de vous avoir comme membre honore Centre Reines Daura.
Je voudrais aussi mentionner que notre ONG bénéficie énormément de la qualité de ses membres. Le fait que nombre d’entre eux occupent des positions de leadership, constitue un avantage, en effet certaines portes nous sont plus facilement ouvertes pour notre plaidoyer.
Enfin, l’esprit de solidarité qui existe, l’engagement des membres qui est perceptible, la structuration des plus jeunes que nous avons entreprise nous donne toutes les raisons d’espérer pour un futur fructueux et radieux pour l’ONG Centre Reines Daura.
Quel rôle a joué le Niger dans votre parcours de militante. ?
Tout, je suis nigérienne, j’ai étudié au Niger, je travaille au Niger, mon pays est tout pour moi et a tout fait pour moi jusqu’à preuve du contraire.
Quelles sont les valeurs qui vous ont guidé ?
Celles qui me guident personnellement sont ancrées dans mon éducation familiale/communautaire qui sont celles de la croyance en Dieu et à la destinée humaine de chacun, de la tolérance, de la culture de la paix et de la persévérance. Je crois aussi à l’excellence et à la solidarité.
A l’ONG nous partageons les valeurs suivantes de transparence, d’excellence, esprit d’équipe, solidarité, d’innovation, d’imputabilité/redevabilité ;
Nous exigeons la transparence dans le partage des idées, informations, prise de décisions, gestion des biens et ressources de l’ONG et transparence dans la participation à l’action citoyenne.
L’excellence : à travers la manière d’agir, de diriger, exercer le leadership, valoriser des pratiques, expériences, compétences, pour aboutir au perfectionnement de soi, et du travail collectif.
L’esprit d’équipe : dans l’implication pour mettre en commun et mutualiser les points de vue, les idées pour la gestion des ressources, des savoirs et savoirs faires en respect avec la liberté d’expression, la tolérance, la compréhension mutuelle le partenariat et l’identité.
La solidarité : se manifeste par l’altruisme et la dépendance réciproque des membres de l’ONG qui ont obligation de s’unir, se soutenir et de partager leurs connaissances et expériences entre eux et avec société en général, dans un esprit d’indivision, d’assistance et de coopération.
L’innovation se révèle à travers un degré mesurable de la capacité d’invention, de créativité, d’ingéniosité, d’anticipation pour la recherche, le développement des connaissances en vue d’aboutir au progrès, au changement positif pour l’amélioration de la condition féminine, à la rénovation et à la diffusion et pérennisation de bonnes pratiques.
Enfin, l’imputabilité, pour exercer notre esprit de responsabilité de contrôle, suivi, évaluation doit prévaloir au sein de l’ONG pour mettre en œuvre/exécuter des décisions selon les principes directeurs et exigences bien définies de bonne gouvernance, de transparence, participation et de responsabilisation.
Parlez-nous de l'ONG CENTRE REINES DAURA
A propos de l’ONG Centre Reines Daura, organisation féminine d’appui au changement social en général, et qui intervient spécifiquement dans le domaine de la promotion du leadership féminin.
C’est une structure dénommée ainsi en souvenir d’illustres femmes, fondatrices d’états dans notre propre espace nigérien (et africain) afin de démontrer de notre attachement à la mémoire et à l’excellence. Notre approche vise à accroître la responsabilisation des femmes nigériennes à perpétuer une pensée engagée et positive d’elles-mêmes et en toutes circonstances. L’ONG cultive l’espoir de permettre aux femmes de retrouver leur statut glorieux et de continuer à exercer leur influence considérable dans la construction identitaire de tous les nigériens. En se définissant comme un centre de ressources, c’est un espace physique et intellectuel que nous mettons à la disposition des organisations féminines et des femmes en tant qu’individus en leur offrant une gamme d’interventions permettant à leurs actions de s’inscrire dans l’impact et la durée. Pour la femme nigérienne, nous articulons un paradigme novateur susceptible d’opérer le changement profond recherché pour un développement réel et durable.
Pouvez-vous à partir de quelques exemples concrets, illustrer les retombées positives qu'ont apporté les décisions prises par ONG CENTRE REINES DAURA aux femmes nigériennes?
L’ONG est jeune structure focalisée sur son propre développement institutionnel. Dans le cadre du renforcement des capacités de nos membres, nous avons organisé de nombreux ateliers de formation en planification stratégique et gestion axée sur les résultats.
Nous avons mené aussi avec succès des actions de levée de fonds auprès de nos partenaires pour nous équiper (dont le ROFAF, Réseau des Organisations Féminines de l’Afrique de l’Ouest). Sur le plan international, nous avons participé à la réunion annuelle de l’Association des Etudes Africaines (ASA) de Novembre 2011 à Washington DC et à l’atelier féministe sur le leadership féminin organisé par WLUML dans le cadre du programme intitulé Women's Empowerment and Leadership Development for Democratisation (WELDD) à Dakar du 8 au 13 avril 2013.
Au Niger, nous avons été parties prenantes de la conférence internationale intitulée « Carrefours Sahariens : Vues du Sud, 7-10 juillet 2011, Hotel Ténéré où nous avons animé un panel sur Femmes, Connaissance et Pouvoir au Sahel.
Avec les femmes du quartier de Gamkallé nous avons conduit une opération de salubrité publique en partenariat avec le Club Airtel-Ladies à l’occasion de la journée internationale de la Femme Nigérienne 2012.
Depuis 2012 nous mettons en œuvre le projet Parrainage des filles en scolarité en partenariat avec AIRTEL-Niger. C’est un projet qui attribue des bourses d’études à 25 filles issues de milieux socioéconomiques défavorisés de la ville de Niamey ayant démontré une volonté de réussir dans les formations secondaire, supérieure ou professionnelle. En plus de la bourse à proprement parler, les récipiendaires bénéficient d’un soutien pédagogique et psycho social et d’un accompagnement en développement de capacités en leadership. C’est un projet novateur en matière de transparence et d’imputabilité et d’action citoyenne et communautaire dans l’attribution de bourses d’études pour le parrainage des filles en scolarité. Ce projet a été mis en œuvre avec le soutien financier d’un opérateur de téléphonie cellulaire qui sur la base de sa responsabilité sociétale appuie le processus de scolarisation de filles/femmes comme vecteur de promotion du leadership féminin au Niger. Il permet d’appuyer et mettre à l’échelle l’innovation en tirant parti du savoir local et de créer une plateforme pour le transfert des connaissances aux jeunes à travers différentes procédés de mutualisations.
Enfin, nous venons d’organiser le 28 septembre passé, une conférence intitulée : « Femmes nigériennes, savoir, pouvoir et leadership: reconnaissance du mérite et du leadership de Pr Ramatou Sidikou suite à sa titularisation par le CAMES
Avez-vous des solutions, des projets ou plans pour le développement et le rayonnement de la femme nigérienne?
En termes de solutions et projets, il me semble avoir parlé substantiellement avec l’exemple de Centre Reines Daura et de ses différents axes d’intervention et projets.
Je vous laisse le mot de la fin.
Pour le mot de la fin, je dirais à tous de tout faire pour cultiver la connaissance, que la compétence et des qualifications solides constituent les meilleurs alliés pour une réussite professionnelle. Leçon à retenir, nous devons cultiver la compétence et le savoir-faire, mettons les gens qu’il faut aux postes qu’il faut et cela indépendamment de leurs sexes, pour assurer les conditions d’une croissance optimale de nos économies et d’un développement durable de nos pays.
Comment souhaitez-vous vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora ? Mon nom est Mamadou Kiari Liman-Tinguiri, je vis et travaille à Ottawa au Canada. Je suis marié et père de trois enfants, tous adultes, volant désormais de leurs propres ailes. Je suis originaire de Gouré (Région de Zinder) et comme beaucoup de nigériens da ma génération, je suis passé par le Lycée National, j’ai donc vécu mon adolescence à l’internat à Niamey.
Quel a été votre parcours académique ?
Je suis économiste, spécialisé dans le développement international, comme on dit en Amérique du Nord. S’agissant de parchemins, j’ai un Doctorat en sciences économiques et l’Habilitation à Diriger des Recherches (HDR) de l’Université de Nancy 2 en France (actuellement Université de Lorraine). J’ai aussi publié quelques articles, car j’ai commencé ma vie professionnelle comme enseignant-chercheur, d’abord dans mon Alma mater, à la faculté de droit et sciences économiques, place Carnot à Nancy où j’étais assistant et chercheur au Laboratoire de statistiques appliquées à la recherche économique (LASARE). J’ai ensuite enseigné à la Faculté des Sciences Economiques et Juridiques (FSEJ) à l’Université de Niamey (aujourd’hui, Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de l’Université Abdou Moumouni Dioffo). Comme la plupart des économistes de cette époque, j’ai bifurqué de l’Université vers une carrière internationale. J’interviens de nouveau à l’Université, dans une position différente, une affiliation volontaire de « Senior Fellow » (Professionnel en Résidence) à l’Ecole de Développement International et Mondialisation (EDIM) de l’Université d’Ottawa, pour partager mon expérience avec les étudiants et les chercheurs.
Parlez-nous de vos expériences professionnelles nationales et internationales ?
On peut découper mon parcours professionnel en trois étapes. L’Académie, comme universitaire, où l’on travaille sur le fond des choses, les idées, les concepts et à transmettre aux générations suivantes. C’est un passage irremplaçable, pour un économiste, indispensable même disent certains, en tout cas très enrichissant, à la fois par la liberté de travailler sur des sujets de votre choix (on ne fait bien que ce que l’on aime vraiment faire) et par le contact avec les étudiants qui est une remise en question permanente. Les enseignants d’Université c’est un peu comme les acteurs de théâtre, c’est du spectacle vivant, vous avez votre texte, mais vous devez être capable et prêt à improviser, car une question inattendue peut frapper d’obsolescence ce que vous avez préparé ce jour-là. L’étape suivante fut pour moi, le Système des Nations Unies. D’abord comme économiste régional de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et du centre basé à Abidjan. Le travail est complètement différent, puisqu’il ne s’agit plus de recherches ni d’enseignement, mais d’utiliser les résultats de la recherche, pour élaborer des programmes visant à changer le sort des enfants et de plaidoyer pour convaincre les gouvernements de dépenser davantage et mieux en faveur des enfants. Les thématiques sont donc très variées, les questions à résoudre parfois imposées par l’actualité. Par exemple, comment sauvegarder le fonctionnement de services de santé lorsque, en 1994, la dévaluation du franc CFA divise par deux, en une nuit, la valeur des stocks de médicaments, tous importés, dans des pays qui ont peu ou pas d’espace fiscal ? J’ai ensuite travaillé en Afrique du Sud post apartheid, frappée de plein fouet par l’épidémie de SIDA, pour aider, entre autres programmes, à la survie des orphelins dont les parents ont été décimés par la maladie. L’un des avantages des Nations Unies, c’est que le travail vous expose aussi à des situations très variées. De Pretoria, j’ai été nommé à Alger puis à Damas, comme Représentant de l’UNICEF. Le mandat est le même, l’intérêt supérieur de l’enfant, mais le travail et les contextes économiques, sociaux et culturels sont très différents. On n’a pas plus les contraintes de ressources des PMA ouest africains, mais des problématiques nouvelles, liées plutôt à des valeurs. Nommé Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies (RC) par le Secrétaire Général Koffi Annan, je passe de Damas à Malabo, sans transition, « ni parachute ni parapluie », plaisantait un ami, plongeant dans une forme singulière de la malédiction des ressources, un cas de croissance sans développement.
Pour un économiste du développement, c’est presque une révélation ; Un PIB par tête très élevé est parfaitement compatible avec un sous-développement d’une évidence sans appel. La fonction de RC elle-même est essentiellement centrée sur le « dialogue de politiques » entre les agences de développement (et même les bilatéraux) et le pays hôte, en plus de donner de la cohérence au travail des agences onusiennes. II s’agit donc d’animer une sorte de négociation sur les thématiques de développement, pour réconcilier les réalités locales (dont les préférences du gouvernement) et les objectifs globaux de développement, soutenus par l’aide au développement. Le Secrétaire général Ban Ki Moon me nomme ensuite aux mêmes fonctions à Guyana, petite démocratie caribéenne d’Amérique du Sud, coincée entre le Brésil, le Venezuela et l’Atlantique. Georgetown, la capitale au-dessous du niveau de la mer est protégée par une digue « the sea wall », édifiée par les hollandais, premiers colonisateurs du pays, plus de 80% du territoire est recouvert par la forêt amazonienne et il peut pleuvoir plusieurs jours de suite, sans aucune interruption. Pour quelqu’un qui est né à Gouré, croyez-moi, c’est du dépaysement. Nouvelle problématique aussi, puisque le défi est celui de la cohésion sociale dans un pays où deux communautés des noirs et des indiens, (non pas des amérindiens, très minoritaires et qui vivent dans la forêt) coexistent, mais non sans difficultés. Les noirs, descendants des victimes de la traite transatlantique ont quitté les plantations pour la ville dès l’abolition de l’esclavage. II ont constitué de ce fait les premières élites post coloniales du pays. Les indiens, aujourd’hui les plus nombreux ont immigré du sous-continent indien, presque systématiquement liés par un contrat de « travailleurs endettés » pour prendre la relève de la main d’œuvre noire servile dans les plantations. Ces deux communautés doivent s’entendre aujourd’hui, pour faire fonctionner une démocratie d’environ un million de personnes. Troisième étape de mon parcours, toujours en cours, c’est le secteur privé. Après Guyana, je travaille quelques mois à New York au Siège de l’Unicef, avant de m’installer au Canada où je fonde un bureau d’étude de conseils en développement international, IEDAS Inc. (www.iedas.ca) qui m’occupe à plein temps jusqu’à présent. L’offre de mon bureau est d’aider nos clients, -Organisations internationales de développement, Agences bilatérales d’aide au développement, Banques régionales de financement du développement, ONG internationales etc.- à avancer vers leurs objectifs en leur proposant des stratégies qui sont les plus adaptées à leurs contextes. On y apprend surtout, à « vendre » un produit, à parler d’argent, à gérer des consultants (et non des fonctionnaires internationaux) et à travailler avec les anciens collègues de l’autre côté de la table. C’est toute une école, le secteur privé en Amérique du Nord.
Quels enseignements avez-vous tirés de votre expérience ?
Les mathématiciens montrent parfois qu’un problème admet une solution avant même de savoir calculer cette solution. En développement international, c’est un peu comme ça, on sait qu’une solution fonctionne dès lors qu’elle a fonctionné quelque part. On n’a pas le privilège des physiciens ou des biologistes qui peuvent tester en Laboratoire, même si, avec le prix Nobel d’Economie attribuée en 2019 à Esther Duflo et Abhijit Banerjee, les expérimentations contrôlées font désormais partie de la boite à outils des économistes. On sait que le développement économique est possible, puisque de nombreux pays l’ont réussi et même tout récemment. Voyez par exemple la Chine, qui était encore ravagée par des famines dans les années 1960. Une fois que l’on admet que le développement est faisable, les voies pour y parvenir ont presque toujours été « sui generis », c’est-à-dire singulières pour chacun des pays qui a réussi. Les économistes ont tiré, bien évidemment, beaucoup de leçons de ces réussites, dont ils ont observé et synthétisé quelques invariants mais également des échecs, dont ils ont appris ce qui ne marche pas. De sorte que l’on connait assez bien aujourd’hui les erreurs et les illusions à éviter sous peine d’échouer pour longtemps (Daron Acemoglu et James A. Robinson en ont proposé une synthèse édifiante dans un livre magnifique : Why Nations Fail : The origin of power, prosperity and poverty ). Le consensus actuel des économistes du développement est que ce sont, in fine, les institutions, (non pas au sens restrictif d’institutions politiques), et notamment les institutions économiques, qui constituent les conditions les plus nécessaires de la croissance économique. II s’agit de choses comme le droit de propriété, l’exécution des contrats, l’égalité de genre et l’égalité de tous devant la loi, une loi fiscale incitative et non extractive, les libertés fondamentales etc., qui créent l’environnement favorable à la croissance. La création plus rapide de richesse qui se produit et perdure aboutit alors à ce qu’on appelle développement. II s’agit, pour reprendre l’idée du concept fondateur du fameux Indice de Développement Humain du PNUD, (concept que l’on doit à l’économiste indien, lauréat du prix Nobel, Amartya Sen, l’indice lui-même ayant été construit, avec l'économiste pakistanais Mahbub ul Haq.), d’un élargissement des choix ouverts aux populations d’un pays, pour mener la vie qu’ils ont de bonnes raisons de vouloir vivre. Cette vie est de préférence longue, mais comme personne ne veut vivre longtemps pour souffrir longtemps des affres de la pauvreté, elle est désirable si les personnes peuvent la vivre en disposant d’un revenu qui leur ouvre l’accès à des conditions de santé, d’éducation dignes de cette vie à laquelle ils aspirent pour eux-mêmes et leurs familles.
En un mot, l’enseignement le plus important pour moi est d’avoir réalisé que chaque pays, en tant que communauté politique, doit frayer son chemin vers le développement par lui-même. II n’y a ni prêt à porter, et encore moins de mode qui vaille en la matière.
Quelles difficultés et éléments facilitateurs avez-vous rencontrés en tant que "cadre Nigérien aux Etats-Unis” ?
Travailler et même simplement vivre hors de son pays, ne va jamais sans difficultés. Vous pouvez quitter votre pays, mais lui ne vous quitte jamais puisqu’il vit en vous. En plus, si être « différent » est aujourd’hui présenté, sinon par tous au moins par le mainstream, comme une source de richesse pour le pays d’accueil, cela n’a ni été toujours le cas ni même aujourd’hui accepté par tous. Les difficultés sont donc celles de vivre une vie d’immigré, de minorité ethnique, culturelle ou religieuse et devoir faire avec pour réaliser le projet que l’on s’est fixé. Dans le cas du Nigérien, j’imagine que la première chose est de se faire connaitre, d’expliquer que l’on ne vient pas du Nigeria, qui est un pays frère mais différent (d’insister que ce n’est pas Niger State, vers le delta du Niger). Internet facilite aujourd’hui la chose, car vous pouvez « google » une carte sur votre téléphone et l’équivoque est levée. Une chose qui facilite, c’est peut-être que plus encore qu’au pays, on forme une vraie « communauté » entre nigériens là où on vit, puisque le seul fait d’être compatriote crée instinctivement un lien, on échange dans une langue nationale, on plaisante si d’aventure on se découvre le cousinage, on échange les contacts en se promettant de se revoir, ce que l’on fait parfois.
Quel rôle a joué le Niger dans votre parcours ?
Je suis d’une génération à laquelle l’Etat du Niger, à peine indépendant, a tout donné, puisque notre éducation du primaire à l’enseignement supérieur était non seulement financée, mais planifié, organisée et suivi jusqu’à la fin par l’Etat. J’ai mentionné l’internat du lycée national. C’était une véritable institution. Nous y étions très nombreux à bénéficier des conditions de vie supérieures à celles de nos parents et des conditions d’étude que ces derniers ne pourraient pas nous offrir à leurs frais. Tout ce que l’on nous demandait c’était de réussir au concours des bourses et de passer d’une classe à l’autre, sans redoubler plus que de raison. Le reste, tout le reste, l’Etat s’en occupait. Ce n’est évidemment plus possible aujourd’hui, compte tenu de notre démographie, mais pas seulement. Dès lors que vous avez une solide éducation, vous êtes bien armé pour affronter les défis de la vie professionnelle.
Que pensez-vous alors du développement économique et social au Niger et dans la sous-région ?
Je me limiterais au Niger, car je crois de moins en moins à la pertinence des approches régionales ou continentales, autrement que comme complémentaires à des situations nationales « en ordre de marche » pour le développement. J’essaie, à me façon, de contribuer au débat sur le développement de notre pays sur mon blog (www.iedas.ca). A mon avis, nos contraintes sont assez bien connues. II y a bien sûr l’urgence absolue que constitue la situation sécuritaire, qu’il faudra à tout prix maitriser, pour recréer les conditions de possibilité d’une croissance transformatrice de notre économie. L’insécurité créée par les groupes armés terroristes, non seulement impose des dépenses militaires qui évincent des dépenses sociales et économiques, mais contraint fortement les activités productives dans plusieurs régions. Une fois la situation sécuritaire sous contrôle, il y a, pour aller vite, deux ou trois grands chantiers et quelques contraintes à desserrer. Commençons par l’Etat. Notre Etat n’est pas seulement fragile, il a des capacités très faibles, et ne peut donc être un acteur efficace de développement. Contrairement à une opinion courante, ce n’est pas tant ou seulement une question de vertu ou de moralité de ceux qui dirigent, mais un problème systémique. Lorsque l’Etat a des capacités aussi faibles que le nôtre (capacité fiscale, capacité de l’administration publique à livrer et gérer les biens publics) et que de surcroit on a un régime politique démocratique (au sens où les dirigeants sont choisis par des élections au suffrage universel), il en découle deux choses, qui s’observent aussi chez nous.
L’Etat (les finances publiques) devient une source de rente que les politiciens repartissent par un système de patronage et de clientélisme à leurs militants/électeurs. Ce qui rend l’Etat encore moins capable de fournir les biens publics nécessaires à la croissance de l’économie. La chose est décrite, avec des exemples précis, de façon lumineuse par Francis Fukuyama, dans le Tome 2 son « le début de l’histoire ». L’Etat, au lieu d’être un acteur de développement, finit par devenir le problème. II faudra donc construire (ou reconstruire pour ceux qui pensent que nous en avions une) une administration publique efficace, impersonnelle, qui recrute et promet au mérite, qui est capable de produire les biens publics (routes, ponts, la sécurité, la justice, la santé publique) et de faire fonctionner les services publics (pensez à l’éducation, par exemple, dont tout le monde se plaint, élèves, étudiants, enseignants, parents d’élèves, et les rares potentiels employeurs). C’est un peu ce que l’on résume, en simplifiant, par le terme de gouvernance. II y a ensuite des contraintes, comme notre croissance démographique. Si l’on ne réduit pas de façon sérieuse le rythme de croissance de la population, nous risquons d’être piéger pendant longtemps dans un environnement de type malthusien, c’est-à-dire où la croissance est rarement suffisante pour compenser l’augmentation de la population et entraîner une hausse durable du revenu par tête. II faut ensuite s’attaquer à la question des institutions. Un exemple simple est celui de la propriété foncière. En nous satisfaisant de régime hybrides, que les anthropologues désignent par le terme neutre de dualisme juridique, on ne dispose pas d’un régime foncier clair et uniforme, sur tout le territoire national. Comment se demander alors s’il est ou non incitatif ?
Le dualisme juridique, c’est l’abdication de la primauté de la loi. Or, sans lois, c’est-à-dire sans un ensemble de règles fermes, claires et un système judiciaire qui en garantit la mise en œuvre de façon prédictible, il est difficile d’avoir des contrats fiables qui soient exécutés efficacement. Dans ces conditions, les marchés qui devraient assurer la meilleure allocation possible des ressources productives (à travers des contrats librement consentis entre opérateurs économiques bien informés), ne le font pas. Les analyses très exotiques sur la virtuosité du secteur informel ne sont donc qu’une sacralisation d’un état de fait contreproductif pour notre développement et notre bien-être. Pour être très spécifique, la pauvreté du plus grand nombre réduit notre capacité d’épargne. II nous faut donc attirer des capitaux étrangers pour financer des projets même économiquement rentables. Un système juridique fiable attire les investissements étrangers en réduisant le risque pays. On s’étonne parfois que les envois de fonds de la diaspora servent plus souvent de subsides à la consommation des familles plutôt que de financer des investissements. Quand vous vivez à des milliers de Km, il n’est pas facile de se fier à des processus informels pour fructifier votre épargne. Et même ceux qui vivent au pays, beaucoup de personnes talentueuses préfèrent la recherche de rentes à l’entreprise productrice, précisément en raison du déficit d’institutions incitatives. Notre économie est dominée par le secteur public plutôt que par les secteurs productifs. L’agriculture, qui occupe la majorité de la population a des rendements bien trop faibles et ne dégage que peu ou pas de surplus. Hors secteur informel, les principaux employeurs sont l’état et les ONG. Ce n’est ni l’usage le plus productif de notre capital humain, ni soutenable. Les sorties massives de la pauvreté observées dans le monde ces 30 dernières années, principalement en Asie, sont le résultat de la création massive d’emplois dans le secteur manufacturier. C’est la voie que suit aujourd’hui l’Ethiopie, par exemple. C’est clairement aussi une solution beaucoup plus viable au chômage des jeunes. C’est un peu ma perspective de la situation et des pistes de solution que je perçois. Chacun de nous a sans doute sa propre lecture de la situation et sa vision de l’avenir souhaitable, c’est pourquoi il est important de débattre de nos problèmes de développement, ce qui ne se fait plus, ou pas assez, autrement que de façon partisane, par invectives entre les partis politiques.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Nigériennes et Nigériens qui voient en vous un modèle ?
Le premier conseil c’est de se méfier des modèles, un exemple n’est déjà pas mal. Le second, c’est de leur rappeler le mot de Sénèque « il n'y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va ». II faut donc, autant que faire se peut, clarifier ses ambitions, déterminer ses objectifs et ensuite seulement se donner un chemin pour y parvenir. II faut aussi éviter les faux départs. L’éducation reste à mon avis, l’atout le plus sûr, pour tous ceux qui ne sont pas ou ne veulent pas être que des héritiers. Quant à la question des valeurs, j’insisterais sur le travail. Je n’ai jamais oublié une appréciation portée sur un de mes bulletins scolaires, par Mr Abaché Chaibou, professeur de mathématiques, censeur, puis proviseur du Lycée national, (et plus tard Ministre de l’enseignement supérieur) qui avait écrit, comme un rappel à l’ordre, devant une contreperformance dans une matière qui m’était d’habitude très accessible, que «la réussite est au bout de l’effort ».
Je vous laisse le mot de la fin.
Je vous remercie pour l’intérêt porté à ma modeste personne. J’espère surtout que ce que j’ai dit servira à quelques jeunes gens pour mieux définir ce qu’ils veulent pour eux-mêmes et pour notre pays.
Faites vous découvrir à nos internautes ? Bonjour à tous. Je suis Mme Sidikou Ramatou née Djermakoye Seyni, Enseignante Chercheure et Professeure Titulaire de Biologie, Physiologie et Biotechnologies végétales à la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université Abdou Moumouni de Niamey, au Niger.
Comment souhaitez-vous vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora ? Je me sens comme un ambassadeur sahélien dans le merveilleux espace multiculturel que constituent les sociétés québécoise et canadienne. Je suis aussi natif de Niamey et père de famille de trois jeunes enfants. Sur le plan professionnel, je suis un physicien de l’environnement{xtypo_quote}Ma principale motivation pour faire aboutir ce projet peut-être résumée par cette citation du président J.F. Kennedy "Vous devez vous demander ce que vous pouvez faire pour votre pays et non ce que votre pays peut faire pour vous". {/xtypo_quote}
Nigerdiaspora :Quel a été votre parcours académique? Anne-Rachel Inné : J'ai une maîtrise en Langues et Traduction de l'Université de Paris XII et un MBA en Finance et Economie Internationale. Pendant mon MBA j'ai fait un mineur en ‘marketing sur Internet' comme on disait à l'époque et un Honors course en business planning ou comment apprendre à faire des business plan qui soient crédibles. Nigerdiaspora : Quels sont les facteurs qui ont orienté votre carrière ? Anne-Rachel Inné : Disons que j'ai toujours été curieuse et j'adore faire ce qui me plaît. Donc les différents emplois que j'ai occupés ont la particularité d'être innovants, me laissent beaucoup de liberté en exercice et me font diriger des équipes qui apprennent autant que moi.
Nigerdiaspora : Pouvez-vous nous donner un aperçu de vos expériences professionnelles nationales et internationales? Anne-Rachel Inné : J'ai travaillé en tant que traductrice et interprète, à UTA à l'époque à l'aéroport et ensuite à l'agence de Niamey et suis ensuite repartie pour le MBA. J'ai ensuite travaillé comme consultante internationale en TIC et développement à l'International (PNUD, UNOPS, Francophonie, IICD, ICANN, etc.)
Nigerdiaspora : Quels sont les difficultés et les éléments facilitateurs que vous avez rencontrés en tant que fonctionnaire internationale ? Anne-Rachel Inné : S'il y a eu des difficultés, je n'en ai gardé que de bons souvenirs. Je suis pleine de ressources car je suis bosseuse et curieuse, je lis énormément et j'adore les défis. Quand vous faites du bon boulot, le bouche à oreille marche et aide pour la suite.
Nigerdiaspora : Quels sont les enseignements que vous avez tirés de votre expérience? Anne-Rachel Inné :Donner le meilleur de soi dans tout travail est la meilleure chose que vous puissiez faire pour vous-même et pour les autres.
Nigerdiaspora : Qu'est ce qui vous a poussée vers l'Informatique ou le monde de l'Internet ? Anne-Rachel Inné : J'ai participé, après le MBA et mon retour au Niger, à plusieurs équipes qui mettaient en place des noueux Internet nationaux dans différents pays africains et mon rôle consistaient à sensibiliser les équipes nationales sur l'importance d'inclure les jeunes et les femmes dans le projet mais aussi à intégrer véritablement les TICs dans tous les secteurs. J'ai ensuite dirigé des projets en TICs, santé, e-commerce, agriculture, etc. pour aboutir a l'ICANN : l'organisation chargée des ressources cruciales pour l'Internet
Nigerdiaspora : Quel rôle a joué le Niger dans votre parcours d'informaticienne ou de chargée des relations internationale à ICANN? Anne-Rachel Inné : Aucun. J'ai commencé à participer à l'ICANN en tant qu'expert sponsorisée par la Francophonie avec laquelle je travaillais en tant que consultante. Apres avoir participé aux travaux de la mise en place de l'ICANN et organisé des ateliers de sensibilisation dans des pays africains pour l'Organisation, le 2ème PDG m'a demandé de rejoindre l'équipe en tant qu'analyste de politiques.
Nigerdiaspora : Quelles sont les valeurs qui vous ont guidée ? Anne-Rachel Inné : Honnêteté, compétence et écoute des autres. Nigerdiaspora : Quels conseils donnez-vous aux jeunes Nigériennes et Nigériens qui voient en vous un modèle ? Anne-Rachel Inné : Le travail paye et être curieux aussi! Je ne suis pas ingénieur de réseaux mais la raison pour laquelle je suis dans l'équipe de direction de l'organisation est que j'arrive à expliquer les réseaux et leurs avantages et inconvénients à Madame et Monsieur tout le monde. Nigerdiaspora : Quels constats faites-vous aujourd'hui de la situation d'Internet au Niger, en Afrique et dans le monde ? Anne-Rachel Inné :L'Afrique a un taux de pénétration de 5,3 % d'internautes et le Niger est a 0.3% de pénétration. La région est très en retard à cause de problèmes de bande passante et de mauvaise réglementation, le Niger inclus. Nous avons aussi un gros déficit en matière de ressources humaines et tout cela n'aide simplement pas au développement de l'Internet en général en Afrique. Le nouveau milliard d'internautes qui viendra sur Internet sera sûrement asiatique. La Chine avec le .CN (l'équivalent du .NE pour le Niger) vient de dépasser l'Allemagne avec 12 millions de noms de domaines vendus en Chine. Le constat du Sommet Mondiale sur la Société de l ‘Information est là: les TICs peuvent aider au développement en général et nous devons faire en sorte d'intégrer et de favoriser leur développement.
Nigerdiaspora : Que pensez-vous d'Internet au Niger ? En quoi son accès est-il un atout pour la population en général, femmes, hommes, jeunes en particulier ? Anne-Rachel Inné : L'Internet a beaucoup de mal à démarrer pour les raisons citées précédemment. Mais pour avoir mis en place des projets dans la santé, dans l'éducation et l'agriculture pour ne citer que ceux-là au niveau international, je sais quel énorme potentiel l'Internet a et pourrait avoir pour tous au Niger.
Nigerdiaspora : Avez-vous des solutions, des projets ou plan pour une promotion de l'Internet au Niger ? Anne-Rachel Inné : Nous avons entamé avec les autorités locales, un processus pour la mise en place d'un ccTLD .ne fonctionnel et efficace. Aucun pays ne peut arriver à mettre en place tous les réseaux dont nous parlons, agriculture, tourisme, éducation, etc. sans une bonne dorsale nationale. Quand on parle d'Internet du futur, de NGN au niveau international, nous n'en sommes pas encore aux prémisses au Niger. Mais cela ne peut changer qu'avec de la volonté au niveau national. Je suis disponible autant que possible au plan national vu mes obligations professionnelles.
Nigerdiaspora : Je vous laisse le mot de la fin Anne-Rachel Inné : Merci de votre intérêt. AR
Anne-Rachel Inné, Manager Regional Relations, Africa ICANN
« Tout ce qu’elle touche devient du vernis », ainsi qualifiait un hebdomadaire nigérien, les mains de Madame Hama Ramatou, Directrice de l’école communautaire Décroly de Niamey. De passage en Belgique pour un stage à l’école Décroly de Bruxelles, Nigerdiaspora a rencontré pour vous cette éducatrice au parcours professionnel exceptionnel, en témoignent ses nombreuses distinctions. C’est un exemple vivant du modèle d’enseignant, un monument en chair et en os.
Installée en France depuis plus de vingt 25 ans, notre compatriote Amina Bello, après avoir suivi une formation en gastronomie à Paris, est aujourd’hui entrée dans la cour des grands en matière de gastronomie. En effet Amina est à la tête d’un restaurant de grand standing, dénommé ‘’African Lounge’’, situé dans le mythique Triangle d’or parisien, à quelques mètres des Champs Elysées et de la Tour Eiffel. Cette Ambassadrice de la gastronomie nigérienne s’est livrée à Nigerdispora.
Quel a été votre parcours académique ? J’ai fait mon école primaire (EPP Blockhauss 1) et une partie de mon collège (Groupe Scolaire Thanon Namanko – [6e-4e]) à Abidjan, en Côte d’Ivoire. En Zarma on nous appelle souvent TABOUSSI. Si je ne me trompe pas Feu Moussa Poussi avait dédié un morceau aux TABOUSSIs : «Taboussiizé!»
Mme Maïmou Wali Mme Maïmou Wali, pour commencer, voudriez-vous vous présenter aux lecteurs de Nigerdiaspora ? Je me nomme Mme WALI Maïmou, Promotrice du groupe de bénévoles Cercle.Dev chercheuse dans les domaines de conflits-radicalisation-extrémisme violent au Sahel.
Diplômée de l’Institut des Hautes Etudes Internationales en Développement de Genève, en Suisse, vous avez opté pour la spécialité « Politique et pratique des actions de développement ». Qu’est-ce qui vous a motivée dans le choix de cette spécialité ?
Passionnée des questions de développement, j’avais déjà complété un master2 en gestion des projets, ma spécialisation en « Politique et pratique des actions de développement » m’a permis d’acquérir plus de capacités et une vision plus globale des questions de développement.
Vous êtes l’initiatrice d’une association dénommée « Cercle.Dev ». Quels sont les objectifs poursuivis à travers la création de cette Association ? Après plus de 20 ans d’expériences dans le domaine de développement et un capital de pratiques de diverses approches, j’ai senti le besoin de me consacrer au partage et à la recherche action au niveau local. Pour moi, il fallait absolument baisser le regard pour exploiter le potentiel local et assoir une bonne base de développement en exploitant les compétences et ressources locales avec un focus sur la « Jeunesse » qui constitue un énorme potentiel.
« Cercle.Dev » est un groupe de bénévoles multidisciplinaires et multi générationnels qui a pour ambition d’accompagner et encadrer les jeunes pour leur promotion et leur autonomisation afin de les épargner des tentations d’enrôlement des groupes extrémismes violents et la migration clandestine. Notre espoir est que chaque jeune fille et garçon ait accès à l’emploi et participe en toute dignité au développement de sa communauté. Notre message de plaidoyer est l’intégration de la jeunesse, il faut faire de l’espace aux jeunes afin qu’ils participent de façon citoyenne au développement de leur communauté.
Quelles sont les principales actions que vous avez menées au Niger à travers votre association Cercle.Dev ? Depuis sa création en 2014, Cercle.Dev a initié plusieurs actions citoyennes, d’autonomisation des jeunes et de renforcement de la résilience et la cohésion sociale face à l’extrémisme violent au Sahel. Entre autres je peux citer : « Le projet jeunesse citoyenne » qui est une expérimentation d’une approche innovante basée sur l’appui accompagnement de 625 jeunes filles et garçons dans les domaines de la vie associative, insertion socioprofessionnelle, civisme et citoyenneté. « Le Symposium national pour la promotion et l’autonomisation de la jeunesse au Niger » : une plateforme de rencontre et de partage d’expériences entres les structures étatiques, les structures des jeunes, les organisations de développement qui œuvrent dans la promotion de la jeunesse élargi au secteur privé intervenant dans le domaine de l’entreprenariat des jeunes au Niger. « Le Programme Jeunes filles leaders modèles » une initiative de renforcement des capacités de leadership des jeunes filles pour leur participation citoyenne à la vie de leur cité. A travers la création et l’animation des « espaces sûrs » de dialogue et de mise en confiance des filles afin qu’elles puissent participer de façon efficace aux activités. « Projet de caravane de dialogue inclusif transfrontalier Burkina-Niger » pour renforcer la résilience communautaire face à l’extrémisme violent au Sahel. 10 communes sont concernées. Avec des outils innovants de facilitation de dialogue communautaire et civilo-militaire ainsi que la mobilisation de la jeunesse. « Le Forum transfrontalier Burkina-Niger de validation, mobilisation sociale et des ressources pour la mise en œuvre des plans d’actions communaux de renforcement de la résilience et la cohésion sociale ». « Campagnes de mobilisation sociale et de ressources pour soutenir les populations déplacées de Diffa victimes des violences » qui ont mobilisé plus de 49 000 jeunes sur les réseaux sociaux et 45 000 déplacés ont été soutenus. Une action citoyenne 100% nigérienne avec la mobilisation de la jeunesse au Niger et la diaspora. Cercle.Dev a initié des espaces virtuels de cotching et de formation des jeunes sur la non- violence et le leadership, ce sont les jeunes de toutes les régions du Niger, du Burkina et de la côte d’Ivoire qui font appel aux services des bénévoles de Cercle.Dev.
Cercle.Dev est associé aux réflexions de haut niveau dans le domaine de la prévention de la radicalisation et l’extrémisme violent au Niger, dans les espaces sous régionaux et à l’international.
Vous êtes également active dans les initiatives citoyennes et de prévention de l’extrémisme violent au Sahel. Qu’est-ce qui, à votre avis, explique ce phénomène de levée de l’extrémisme violent dans le monde, notamment dans l’espace sahélien ? La montée de l’extrémisme violent est la conséquence du désœuvrement de la jeunesse avec le dégrade ment du système de l’éducation et de la formation, le manque d’opportunité d’emploi et le sentiment de frustration des jeunes. A la recherche de revenu, les jeunes sont attirés et enrôlés par les groupes extrémistes qui recrutent sur la base des offres de gain facile.
Selon vous quelles sont les solutions envisageables pour endiguer, ou tout au moins prévenir, le fléau de l’extrémisme violent au Sahel ? Pour faire face à ce phénomène préoccupant, il faut aller au-delà de la solution militaire. Il faut une bonne implication des communautés locales. Il faut des programmes d’intégration et d’autonomisation des jeunes (une éducation adaptée à leur contexte, des programmes de formation en métier en lien avec les besoins de leurs communautés, des opportunités d’emploi pour les jeunes). Il faut instaurer un dialogue inclusif qui implique tous les acteurs y compris les jeunes qui sont les cibles de recrutement. Il faut également revaloriser les mécanismes de dialogue traditionnel et la formation des leaders religieux sur les principes de paix et non-violence en islam. Mme Maïmou Wali I Site web : cercledev.org E-mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Dans sa rubrique « Le Nigérien de la semaine », votre site Nigerdiaspora vous propose un entretien à bâtons rompus avec Jean Luc Marcellin, une éminence dans les domaines de la formation professionnelle et technique, des réseaux informatiques et de la formation en ligne. Avec lui, nous avons discuté de sujets variés couvrant son parcours académique, sa carrière professionnelle, ses expériences nationales et internationales, ainsi que ses projets et ambitions. Un entretien très instructif que nous vous proposons dans son intégralité.
Nigerdiaspora : Comment voudriez-vous vous présenter aux Internautes de Nigerdiaspora ? Jean-Luc Marcellin: J’appartiens de fait à la catégorie des Nigériens de la diaspora. Cela fait plus de 25 ans que j’ai quitté le Niger. Je suis marié depuis près de 30 ans avec Brigitte ma chère épouse, nous avons trois enfants et trois petits-enfants Dieu merci. Je suis né à Niamey où j’ai grandi jusqu’à l’âge de 18 ans. Après mon bac, je suis allé poursuivre mes études à Grenoble, puis au Canada où je m’étais engagé en génie électrique. Je suis retourné au Niger où j’ai créé la Société TOUTELEC en collaboration avec des partenaires. À la création de TOUTELEC, j’avais avec moi une équipe fantastique dont faisait partie Professeur Hamadou Saliah-Hassane, Bernard Agfagnibo et d’autres personnes qui sont toujours mes amis à ce jour. Cette expérience m’a permis de réaliser que, prioritairement du domaine technique, je n’étais pas vraiment fait pour le monde des affaires où je commençais à m’ennuyer. J’ai donc décidé de retourner au Canada où j’ai poursuivi des études en théologie, puis en science de l’éducation selon l’approche par compétences.
Nigerdiaspora : Pouvez nous parler de votre parcours académique ? JLM : Actuellement, dans mon parcours académique, je me spécialise en éducation et plus particulièrement dans le domaine de la formation professionnelle et technique. Comme je suis un perpétuel étudiant, je continue à suivre des cours à l’Université, à participer à des conférences et des colloques pour pouvoir me perfectionner dans ce domaine. Je me dis qu’il ne faut jamais cesser d’apprendre.
Nigerdiaspora : Pouvez-vous nous parler de vos expériences nationales et internationales ? JLM : Au niveau national, lorsque j’étais à TOUTELEC comme gérant, j’avais eu l’opportunité d'assurer un cours en électronique à l’AGRHYMET. Cette expérience m’avait beaucoup plu. Après 8 années à la direction de Toutelec, notre équipe avait développé plusieurs activités et réalisé de belles installations en réseaux informatiques, en électricité industrielle et commerciale, et nous étions parmi les premiers à représenter les grandes marques telles que IBM, EPSON Microsoft, etc.. J’aspirais à quelque chose de plus significatif que de faire des affaires. Je voulais que mon passage dans ce monde contribue à apporter aux personnes une valeur ajoutée. Cela m’a décidé à réorienter ma carrière. Arrivé au Québec, j’ai entrepris des études tout en travaillant comme enseignant au CÉGEP de Sherbrooke (l’équivalent des IUT en France). C’est à partir de là que j’ai commencé ma carrière de professeur, dans cet institut supérieur d’où j’ai été envoyé en Algérie pour enseigner la maintenance des équipements informatiques en 1999. Par la suite, j’ai été envoyé en Tunisie pour enseigner la conception, l’installation et la maintenance de réseau de communications câblé en fibre optique. À l’ Université de Sherbrooke (Québec, Canada), j’avais été recruté comme chargé de cours pour la formation des formateurs. À cette époque-là, on faisait le passage vers l’approche par compétences (APC). L’APC et une méthode d’élaboration de programme de formation professionnelle et technique basée sur la demande. On part des besoins du marché de travail pour déterminer quels sont les besoins du marché du travail en main-d’œuvre qualifiée. Ensuite, les programmes de formation sont élaborés en réponse aux exigences de compétences pour les métiers identifiés. Par exemple, pour élaborer un programme de formation pour un maçon, nous devons rencontrer des maçons, analyser leur travail, analyser les différents niveaux de qualification, établir les liens avec les autres emplois en construction, décrire méthodiquement leurs tâches et les opérations nécessaires pour la réalisation de chacune d’entre elles. Nous consultons toutes les parties prenantes du secteur. Et en fonction de ces observations, on détermine les compétences du métier. Une fois les compétences identifiées, nous élaborons un projet de formation qu’on présente aux entreprises et associations professionnelles qui valident ou amendent notre analyse de situation de travail et le projet de formation. Après validation, on formalise le programme de formation et les documents d’accompagnement, à savoir le guide pédagogique et le guide d’évaluation pour les professeurs, le guide d’organisation pour guider les écoles qui veulent offrir cette formation. Avec cette expérience acquise, j’ai pu participer à plusieurs projets à l’international où j’ai davantage développé mon expérience en ingénierie de formation professionnelle.
Nigerdiaspora : Quelle est l’importance de l’ingénierie de formation professionnelle ? JLM : Quand on parle d’ingénierie de formation professionnelle, on parle de tout le système de formation professionnelle et technique, pas simplement la délivrance de cours en classe. On analyse au départ les besoins du marché de travail en main-d’œuvre qualifiée, on identifie les emplois en pénurie de main d’œuvre, les emplois émergents, on examine l’offre de formation existante censée répondre à cette demande de main-d’œuvre qualifiée. On appelle ça une étude sectorielle ou étude préliminaire (pour les fonctions de travail spécifiques). Pour chaque profession on réalise une analyse de situation de travail. On passe ensuite à l’étape du projet de formation et du développement du programme de formation et des guides d’accompagnement. Puis vient l’étape d’implantation dans les centres de formation. La phase finale consiste à évaluer la performance des programmes, pour voir s’ils ont répondu aux besoins du marché du travail. Tout ce processus prend aussi en compte une série de préoccupations : l’égalité d’accès aux formations tant aux filles qu’aux garçons, le respect de l’environnement veillant à ce que les programmes de formation ne soient pas générateurs de pollution ou d’autres nuisances environnementales. Il veille aussi au développement ou renforcement de compétences transversales en termes de savoir-faire et savoir-être au niveau professionnel. Nous accordons aussi une attention particulière aux mesures préventives de santé et de sécurité pour les métiers souvent à risques. Ce cycle se répète en moyenne tous les 5 à 10 ans en fonction de l’évolution technologique des métiers.
Dans le cadre de mon parcours international, j’ai participé à la mise en œuvre de l’approche par compétence dans plusieurs pays. Pour le gouvernement du Maroc, dans le cadre du projet APC financé par le gouvernement du Canada, nous avons implanté plusieurs programmes pour l’OFPPT, le secrétariat d’État à la formation professionnelle. Après un bref retour au Canada, je suis intervenu dans un projet de formation de formateurs pour l’élaboration de cours en ligne dans le Maghreb. J’ai ensuite travaillé en Mongolie comme superviseur de plusieurs équipes de consultants en ingénierie de formation professionnelle et technique. J’ai participé à la réforme du système de formation professionnelle ce qui m’a permis d’assister à la création de l’agence de formation professionnelle qui dépendait du cabinet du premier ministre. Le bureau de l’UNESCO en Mongole m’a envoyé comme délégué à la troisième conférence internationale en formation professionnelle à Shanghai. Depuis 2012 je participe à la réforme de la formation professionnelle en Haïti en tant que chef de projet d’appui à l’implantation de l’approche par compétence au centre de formation professionnelle d’Haïti. Il s’agit de transformer ce centre en «vitrine de l’APC» afin qu’il serve de modèle pour les autres centres en Haïti.
La formation professionnelle de qualité coûte cher, quelle que soit l’approche. Pourquoi ça coûte cher ? Parce que former une personne compétente sur le marché du travail nécessite qu’elle ait pratiqué des activités d’apprentissage correspondant aux tâches qu’elle aura à réaliser dans son métier. On ne peut pas juste la former en théorie, avec un tableau et de la craie. Prenons un exemple. Pour former un maçon, il faut que l’apprenant confectionne des briques, monte des murs, creuse des fondations, pose le mortier, coule le béton, sache lire les plans, faire des mesures et des calculs. Tout cela demande de l’argent pour acheter la matière d’œuvre, l’outillage et l’équipement. Il faut assurer l’accompagnement de chaque étudiant et étudiante durant cette phase de la formation, pour lui faire comprendre les normes et les exigences liées à son emploi futur. La plupart des pays où j’ai travaillé sont démunis des ressources matérielles et financières nécessaires pour pouvoir financer une formation de qualité. Il faut donc trouver des moyens de réduire les coûts pour la rendre abordable et durable. Parce qu’il ne faut pas que tout l’investissement des partenaires techniques et financiers tombe à l’eau, une fois les experts partis à la fin de projet. Il faut être débrouillard pour trouver les moyens de pérenniser les résultats du projet en tenant compte du contexte culture; du pays, de sa réalité économique et sociologique. En effet, la relation ouvrier patron n’est pas la même au Canada qu’en Haïti, par exemple. Les attitudes et comportements ne sont pas les mêmes au Japon qu’en Haïti. Comprendre la dynamique sociale permet de garantir que les programmes que nous développons ne mettent pas les centres de formation en difficultés. La solution passe par un développement de partenariats étroits entre les entreprises du secteur privé et les centres de formation.
Nigerdiaspora: Quelles ont-été les difficultés et les éléments facilitateurs que vous avez rencontrés dans votre carrière professionnelle, au Canada, en Mongolie, en Haïti…? JLM : Pour moi, être originaire du Niger était un atout facilitateur. En effet, comparé à mes collègues, indépendamment de mon expérience, le fait que je sois un Africain d’origine à un poste de responsable d’équipe était pour les collègues des pays hôtes comme une fierté. Voici quelques situations anecdotiques que j’ai vécues au Maroc en Haïti et en Tunisie. La première fois, lorsque l’on nous a présentés au directeur du centre de formation en Tunisie, la secrétaire nous a introduits en disant « les Canadiens sont arrivés ! ». Quand le directeur m’a vu, sa première remarque fut : « tu dois être tunisien toi ! » Cela a facilité le contact et la communication. J’étais un peu plus proche d’eux. Au Maroc, c’était pareil. J’étais déjà dans la salle de réunion quand le Directeur arrive et dit « on attend l’expert canadien ». Il m’avait pris pour un marocain. En Haïti, c’est pareil, tout le monde me prend pour un haïtien parce que j’ai la couleur locale. Disons que mes origines africaines m’ont permis d’avoir une approche culturelle différente et une proximité avec la culture locale, ce qui facilite les choses quand on travaille dans l’implantation de méthodes de gouvernance et de gestion imposant des changements importants.
De plus, vous savez, je suis passionné dans mon métier, et je n’aime pas faire les choses à moitié. Je dis aussi la vérité aux gens, ce qui veut dire que j’essaie de ne pas faire croire des choses qui ne sont pas vraies. Mon but n’est pas de juste faire la mission, donner mon rapport et m’en aller. Je voudrais être assuré qu’après mon départ, j’ai vraiment servi les gens, et qu’ils se disent « effectivement il nous a laissé quelque chose avec lequel on peut travailler », ou bien « il nous a montré quelque chose de concret qui va nous servir ». Il faut qu’à mon départ, je laisse la place en ayant contribué à améliorer quelque chose.
Cette sincérité avec les gens a permis aussi de faciliter les choses. Mais il y a aussi des contraintes que l’on ne peut éviter. Dans un projet, il y a toujours un début et une fin et, entre les deux, des résultats à atteindre. Le temps est un facteur important et, le plus souvent, nous n’avons pas le temps qu’il faut pour pouvoir aller au rythme des gens. Le financement aussi étant limité, on ne peut pas non plus satisfaire tous les besoins de nos partenaires nationaux. J’ai adopté une approche de gestion de projet axée sur les résultats, et aussi une approche programme. Nous sommes toujours évalués par les partenaires. En Haïti par exemple, nous avons eu plus de 4 évaluations. Chaque année, des missions d’évaluation viennent vérifier ce qui a été fait, comment ça été fait, quels sont les résultats atteints par rapport aux indicateurs qui ont été fixés dans le plan du travail. Donc on doit agir pour atteindre les résultats du projet, faire en sorte que ces résultats soient durables afin d’avoir un impact positif sur le changement voulu, et que ces résultats constituent une valeur ajoutée.
Niagerdiaspora: Qu’est-ce qui vous a poussé vers l’ingénierie de formation professionnelle ? JLM : Ce qui m’a amené à prendre cette orientation, c’est le fait que, dans mon département où j’enseigne « les réseaux » et les systèmes informatiques, je me suis rendu compte que l’évolution de la technologie nécessitait de se recycler tous les 18 mois vu qu’au bout de deux ans, il faut remplacer votre ordinateur qui est dépassé. De même dans le domaine des réseaux, tout évolue très vite. Donc, il faut tout le temps se recycler, se mettre à jour. Et j’ai eu ce sentiment que tout ce que je faisais ne servait pas à grand-chose. Bien sûr, il y a toujours une base sur laquelle on construit, mais quand une matière devient désuète et que l’on a dépensé tant d’énergie à l’acquérir et à la maitriser, on se demande si finalement on a bien investi son temps. Puis dans le cadre du programme PERFORMA de l’Université de Sherbrooke j’ai formé des professeurs de plus de 8 CÉGEPS (Collège d’enseignement général et professionnel) au Québec sur l’enseignement de cours selon l’approche par compétences. Ces expériences ont alimenté le processus de réflexion qui m’a orienté vers l’ingénierie de formation professionnelle et technique.
Nigerdiaspora: Quel rôle le Niger a-t-il joué dans votre carrière, dans votre parcours d’ingénieur, de professeur ? JLM: Le Niger c’est le premier pays où j’ai fait mon expérience professionnelle. Après mes études à l’IUT de Grenoble, j’ai fait quelques stages professionnels en France. Je ne souhaitais pas rester en France. Avec le soutien de mes parents, je suis allé étudier au Canada à l’Université d’Ottawa en Génie électrique. Le jour où j’ai réussi mon dernier cours du cursus d’ingénieur, je suis rentré au Niger. J’avais pourtant eu des offres d’emploi. Il faut savoir qu’à l’époque, au Canada, on venait nous recruter avant même qu’on finisse l’université, j’avais une offre d’emploi dans une grande compagnie en électronique à Ottawa. Mais au Niger il y avait mes parents et la famille. Donc je suis revenu au Niger où j’ai créé une société avec des partenaires.
Nigerdiaspora : Vous pouvez nous parler un peu de votre projet en Haïti ? JLM : Le gouvernement du Canada en partenariat avec celui de la République d’Haïti a sélectionné un centre de formation professionnelle dans laquelle le Canada a investi de l’argent pour en faire un centre d’excellence en formation professionnelle. En tant que chef de projet, et avec mon équipe en partenariat avec des ressources nationales, nous assurons la formation technique et pédagogique des professeurs pour qu’ils puissent offrir à leur tour une formation de qualité. Nous réalisons aussi l’encadrement formatif de l’équipe de gestion de l’école et le renforcement des capacités. Nous avons aussi réalisé la réhabilitation des ateliers, la construction de nouveaux laboratoires, l’acquisition des équipements, etc.
En affaires, quel qu’en soit le domaine, on est au service de la clientèle. Dans les centres de formation, il s’agit des étudiants et étudiantes, des employés des entreprises privées qui viennent chercher la formation en entreprise pour des besoins spécifiques ou bien des travailleurs en formation continue ”apprentissage tout au long de la vie”. L’apprenant est prioritaire. Il est au centre du système. Dans l’approche par compétence, c’est lui ou elle qui est responsable de son apprentissage. Le centre de formation doit lui fournir l’environnement propice à son apprentissage. Le centre offre un produit, et ce produit doit être de qualité. Mais offrir un produit de qualité n’est pas suffisant si la gestion n’est pas saine, ça ne marche pas longtemps. Donc, il faut aussi avoir équipe de gestion performante qui agit avec rigueur, cohérence et dans la transparence. Et il faut aussi avoir un bon plan de communication stratégique interne et externe pour faire connaitre les produits. On a beau avoir de bons produits et une gestion saine, si le produit n’est pas connu, l’affaire ne marchera pas. Il faut donc toujours avoir ces composantes pour garantir les conditions gagnantes.
Le centre de formation ne doit pas être une entité à part. Il fait partie d’un écosystème et doit donc interagir avec la communauté, c'est-à-dire les parents d’élèves et les entreprises et les organismes gouvernementaux. C’est pourquoi nous mettons énormément l’accent sur le développement de partenariats avec les entreprises et également sur la responsabilité sociale de l’école qui doit être un milieu de vie dans lequel les étudiants et étudiantes acquièrent des compétences techniques, mais aussi sociales et professionnelles.
Pour revenir en Haïti, nous travaillons dans un centre de formation qui a plus de 40 ans d’existence, c’est le centre de formation professionnelle d’Haïti (CFPH) avec une capacité de plus de 1000 étudiantes et étudiants. Actuellement, le CFPH offre 4 programmes de formation professionnelle en formation initiale dans le domaine de l’électromécanique, la mécanique d’entretien industrielle, la télécommunication et les techniques des réseaux informatiques. Le centre offre aussi plusieurs programmes courts ou spécifiques.
Nigerdiaspora : Quels conseils donneriez-vous aux jeunes nigériens qui voient en vous un modèle ? JLM : Je dirais tout d’abord que si on veut vraiment réussir dans la vie, il faut avoir des valeurs fondamentales. Ces valeurs sont le résultat d’une bonne éducation. Voici donc ce que je conseillerais dans un premier temps, à tous ceux et toutes celles qui ont des enfants et qui veulent leur laisser un réel héritage comme nos parents nous ont laissés : leur donner une bonne éducation et leur apprendre le respect de l’être humain, de l’amour du prochain. Apprendre aussi à regarder au-delà de ses propres intérêts pour regarder l’intérêt du groupe et vouloir l’avancement des autres, parce que si on aide les autres à avancer, nous allons nous-mêmes avancer. Pour ces raisons, j’encourage tous les parents à être vraiment attentifs à la formation des qualités du caractère de l’enfant. Parce que la connaissance, ça peut s’acquérir à tout moment. Regardez à mon âge, je continue d’étudier. Maintenant, en plus avec Internet, tout le monde a accès à la connaissance. Il est cependant important de se conduire non seulement en consommateur aguerri, mais aussi en contributeur, parce qu’il ne s’agit pas seulement de prendre, il faut savoir donner, contribuer, ce qui n’est pas assez fréquent.
J’insiste sur les qualités de caractère de la personne. Cela a un impact énorme sur ce que l’enfant va devenir plus tard. S’il ou elle a développé la discipline, la maitrise de soi, la bonté, le partage, la diligence, l’attention, l’intégrité, le respect du prochain, le sens de la responsabilité, etc., cela fera de lui ou d’elle un bon citoyen qui pourra acquérir les compétences techniques et la connaissance sans problème. Ce qui me chagrine beaucoup aujourd’hui, c’est de constater que beaucoup de parents démissionnent face à l’éducation au sens vrai du terme de leurs enfants et négligent de leur inculquer les bonnes valeurs. Malheureusement avec la marchandisation de l’éducation les grands groupes de pression ont enlevé à l’école la transmission des valeurs citoyennes qu’on enseignait aux enfants, par exemple la morale, l’instruction civique. Comment voulez-vous aujourd’hui développer un bon citoyen s’il n’a pas reçu d’instruction civique ? Personnellement, si j’avais une recommandation à faire pour le pays, c’est qu’on redonne sa place à l’enseignement de la morale et de l’instruction civique, que l’on enseigne aux enfants dès leur plus jeune âge, qu’il faut d’abord servir, contribuer ajouter de la valeur aux autres pour soit même évoluer. L’instruction civique aide à développer ce sentiment d’appartenance à une nation et cette conscience sociale par rapport aux autres et le patriotisme.
Nigerdiaspora: Quel constat faites-vous aujourd’hui sur la formation professionnelle, avez-vous des solutions, des plans… ? JLM : Au Niger, bien que je ne sois pas présent au niveau professionnel depuis longtemps, j’essaie quand même de revenir régulièrement. Je suis très attaché à ce pays. Malgré tout, je reste soucieux de savoir ce que je peux faire au Niger. Actuellement, j’essaie d’agir par rapport à ceux qui sont intéressés à démarrer des centres de formation professionnelle. En toute sincérité, je le fais de bon cœur, mais mon temps étant limité, je ne peux pas répondre à toutes les demandes.
Cependant, il serait prétentieux de ma part de vouloir donner mon opinion sur la situation de la formation professionnelle et technique au Niger. Il y a beaucoup de travail qui se fait au niveau de la formation professionnelle. Les autorités gouvernementales en partenariat avec les partenaires techniques et financiers travaillent fort sur ce sujet.
Malheureusement, les moyens limités et la conjoncture économique représentent de grands défis. Les enjeux sont importants.
Pour le développement durable du système de formation professionnelle et technique au Niger, il faut que tous les acteurs s’impliquent, tant les opérateurs économiques que les opérateurs de formation. Ils doivent créer des liens étroits entre eux. Parce que, lorsque le marché du travail bénéficie d’une main-d’œuvre qualifiée, les entreprises sont plus compétitives, plus productives, plus rentables et plus fortes économiquement face à la compétition mondiale.
Pour que l’entreprise privée puisse avoir une main-d’œuvre qualifiée, il faut qu’elle soutienne les centres de formation. J’insiste beaucoup sur l’importance de créer ces liens étroits entre les diverses associations professionnelles, les diverses chambres de commerce, les diverses institutions gouvernementales et les opérateurs de formation. Parce que, en faisant ces liens, les opérateurs de formation (ceux qui offrent de la formation), seront plus conscients des besoins du marché du travail.
Au Niger, il existe déjà beaucoup de gens extrêmement qualifiés, qui peuvent répondre à ces besoins, mais pour qui on n’a simplement pas créé un cadre structurant pour leur permettre de valoriser leur savoir-faire. Il faut que le secteur privé et les centres de formation s’unissent pour travailler ensemble main dans la main parce que chacun a besoin de l’autre. Le gouvernement joue un rôle important en soutenant les écoles de formation professionnelle tant publiques que privées qui répondent vraiment aux besoins du marché du travail selon les spécificités des régions. Il faut aussi mentionner que le secteur informel contribue énormément au PIB du Niger. Les actions entreprises par les autorités et leur partenaire doivent être renforcées en vue d’améliorer les compétences des travailleurs, leurs capacités d’entrepreneurs, de développer la qualité de leurs produits et pouvoir aussi être compétitifs. Il est important de porter une attention particulière au secteur informel.
Nigerdiaspora: Et vous personnellement, vous n’avez pas de projet pour le Niger ? JLM : J’ai eu quelques projets que j’ai introduits au niveau du ministère de la formation professionnelle et technique. Je me rappelle de quelques projets en 2008. C’était de faire en sorte que tous les cadres du ministère comprennent les enjeux de la formation professionnelle et technique selon la perspective du système, ses composantes, les interactions des différentes composantes. Comment chaque composante peut servir l’autre. Il s’agissait de développer une vision systémique au niveau de chaque acteur pour faire en sorte que chacun sache ce que l’autre fait, quel résultat chaque composante peut attendre de l’autre et quel résultat donner à la suivante. Malheureusement, le financement n’a pu être obtenu, c’est un projet qui a été appuyé par le ministère, mais qui n’a pas pu être réalisé faute de moyens. Bien d’autres projets ont été proposés pour accompagner la table ronde qui a eu lieu sur la formation professionnelle au Niger en 2008. La Direction Afrique de Microsoft au Niger est même venue sur place pour rencontrer les officiels, en collaboration avec l’École polytechnique de Niamey comme cela a été fait dans plusieurs pays de la sous-région.
Nous avions aussi initié quelques petits projets dans le domaine du développement de programme de formation dans le secteur des mines, l’entretien des machines groupes, l’entretien mécanique, dans le traitement de l’eau, et sans oublier l’énergie solaire. Étant donné que le Niger a un taux d’ensoleillement phénoménal, le développement de formations dans ce domaine-là représenterait un énorme potentiel. Aujourd’hui si on regarde le coût d’installation en énergie solaire comparé au coût récurrent d’une installation traditionnelle, on constate que sur le long terme l’énergie solaire est économiquement plus rentable.
Ainsi, dans le cadre d’une étude que je viens de terminer pour le CFPH, on a comparé le coût actuel de l’énergie sur la base des factures des 3 dernières années et le coût potentiel en énergie solaire. Il a été prouvé qu’en installant un système solaire qui va couvrir tous les besoins de l’école au niveau de l’électricité, autant pour la climatisation que pour les équipements informatiques, les équipements mécaniques, en moins de 5 ans on aurait payé le système d’énergie solaire. Il a été calculé pour durer au minimum 15 ans sans à avoir à renouveler les équipements (la garantie par les manufacturiers étant de 15 ans) et 25 ans avec un faible coût de maintenance annuelle. Cela signifie que l’école dépenserait l’équivalent de 5 années de factures d’énergie pour installer le système solaire avec la compensation de près de 20 ans d’électricité gratuite. De plus, c’est une maintenance routinière, à coûts réduits par rapport à ceux de l’installation initiale. Quelques panneaux à placer, quelques batteries et c’est tout. Mathématiquement parlant, c’est plus économique d’aller vers l’énergie solaire que d’aller vers un système purement basé sur l’énergie fossile.
Nigerdiaspora: Votre mot de la fin ? JLM : Je suis vraiment content de voir l’œuvre qu’est Nigerdiaspora. Pour moi, c’est une leçon de vie parce que vous avez commencé petit et, depuis une dizaine d’années, malgré tous les obstacles, vous continuez à persévérer et à progresser. À cet égard, je tiens à vous féliciter. Vraiment, je suis fier du travail que vous faites. Vous avez beaucoup contribué à l’image du Niger à l’extérieur. Souvent quand je dis aux collègues que je viens du Niger, la première chose qu’ils vont faire, c’est de chercher sur Internet « Niger » et ils tombent sur Nigerdiaspora. Vraiment, c’est un site qui représente le Niger aujourd’hui tel qu’il est et qui contribue à donner une image positive au Niger et à l’étranger. J’encouragerais aussi les gens à apporter leurs contributions. C’est un travail d’équipe et je vous félicite vraiment pour ça ! « La vie c'est comme un match de football. On ne gagne qu'en équipe. »
Nigerdiaspora : Merci beaucoup Grand frère.
Jean Luc Marcellin. Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Bonjour, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Bonjour, je vous remercie de l’opportunité que vous me donnez de m’exprimer à travers Nigerdiaspora. J’ai hésité à accepter cette interview, mais je suis la première à déplorer le manque de visibilité et d’exposition des femmes africaines et nigériennes en particulier dans les medias. Pour y remédier, nous, femmes nigériennes devons également accepter de nous exposer un peu plus et de partager nos expériences. Et dernièrement en consultant votre site, je suis tombée sur le portrait de Jean-Luc Marcellin que je n’ai pas la chance de connaître par ailleurs, et je ne sais pas pourquoi, mais cette interview m’a encore plus touchée que celles que j’ai l’habitude de lire sur Nigerdiaspora et qui sont toujours très intéressantes. Donc si mon parcours peut retenir l’attention d’autres compatriotes comme moi-même j’ai été inspirée, je pense que cela vaut la peine profiter de vos colonnes pour parler de mon parcours. Je suis Mme N’Zi Fati Hassane. Je suis originaire de Filingué par mon père, Chikal plus précisément, même si ma famille paternelle s’est installée à Niamey, Zongo il y a quelques générations. Ma mère quant à elle est d’Abalak Tahoua, issue des Kel Aghlal. Je suis ingénieur statisticienne de formation, également titulaire d’un MBA. J’ai commencé ma carrière professionnelle en Europe au sein de l’un des acteurs majeur du conseil en stratégie et management et je suis actuellement au service de l’agence du NEPAD où j’ai été recrutée il y a bientôt trois ans en tant que Directrice de Cabinet du Secrétaire Exécutif. Je suis également en charge du Programme Compétences et Emploi des Jeunes. Je suis mariée depuis 16 ans et mère de 2 enfants.
Quel a été votre parcours académique ? Dans mon parcours j’ai eu une chance assez extraordinaire puisque mon père qui était fonctionnaire, a été affecté à l’Ambassade du Niger à Bruxelles à peu près au moment de ma naissance. La famille l’a donc rapidement rejoint et c’est ainsi que j’ai passé mes premières années en Belgique d’abord, au Canada, en France, avant de retourner au Niger à l’adolescence. Mes premières années de scolarité se sont donc déroulées à Ottawa, au Canada, et je pense que c’est l’une des expériences qui a grandement contribué à définir mon rapport au monde et à moi-même. J’y ai acquis une grande soif d’apprendre, et une solide confiance en mes capacités d’agir et d’influencer ma propre trajectoire. Ce sont certainement les outils qui ont par la suite permis mon parcours. Souvent j’aime glisser dans la conversation que j’ai fait le Lycée Kassai et le CEG Lazaret, ce qui est également vrai. Après mon bac C, j’ai intégré la faculté de Sciences Economiques et Juridiques de l’UAMD de Niamey, en sciences économiques. J’avoue que ce choix d’orientation était un choix par défaut, étant donné que pour différentes raisons, je me suis retrouvée sans autre option que l’Université de Niamey à la fin de mon lycée.
Je garde pourtant un très bon souvenir de ces années. Dans mon esprit, une fois à l’université, un étudiant devait aussi avoir un petit boulot pour se prendre en charge et acquérir de l’expérience professionnelle. C’est partant de cette idée que j’ai saisi l’opportunité de suivre un stage de formation à la radio Ténéré, qui a ensuite débouché sur un petit contrat et qui m’a permis de produire et réaliser des émissions sur des sujets culturels et de société. Ce n’était pas évident parce que ce n’était pas très courant à l’époque à la fin des années 90, et mes parents essuyaient souvent des remarques de l’entourage plus ou moins proche qui ne comprenait pas que l’on puisse à la fois étudier et avoir un petit job, surtout en tant que fille. Mais à force de dialogue et se basant sur le rapport de confiance que nous avions, j’ai pu tenir bon et profiter de cette expérience hors du commun, surtout que le journaliste Ibricheick m’a ensuite proposé de l’assister pour une émission à vocation politique. D’ une manière générale, la position de jeune reporter m’a permis de découvrir certains aspects du Niger que je connaissais finalement assez peu, et j’ai beaucoup appris durant cette période auprès de gens comme Souleymane Issa Maiga, Hadj Bachir, Harouna Idé, feu Mallam Yaro, feue Mariama Keita, Moustapha Mamane Sani, Boubacar Diallo et bien d’autres. En 2000, j’ai entendu parler complètement par hasard de l’ENSEA, une école de statistique très sélective située à Abidjan et qui recrute ses élèves sur concours dans toute l’Afrique francophone. J’ai passé le concours et j’ai été admise, et c’est ainsi que j’ai continué mes études en Côte d’Ivoire où je suis sortie en 2002 ingénieur des travaux statistiques. Au cours de ma dernière année d’études, j’ai passé un concours pour des écoles de commerce en France et j’ai été admise à toutes celles que j’ai présentées sauf la première dans les classements nationaux à l’époque, HEC. Comme je n’avais pas plus d’information, j’ai choisi celle qui suivait dans le classement, et qui était l’ESSEC et je pense que ça a été une grande chance pour moi de « rater HEC », car j’ai découvert par la suite que l’ESSEC était ce qui me convenait le mieux en termes d’état d’esprit. Tout ça pour dire que j’ai un bac C obtenu au Lycée Kassai de Niamey, un DEUG en économie de l’Université de Niamey, un diplôme d’ingénieur des travaux statistiques de l’ENSEA d’Abidjan et un MBA de l’ESSEC.
Quels sont les facteurs qui vous ont aidé dans votre parcours académique ? Quels sont vos role models ? Très jeune, j’ai eu une vision de mon futur, et tout au long de mon parcours, j’ai été capable d’évaluer les opportunités au regard de cette vision. Tous mes choix personnels et professionnels se sont faits et se font toujours par rapport à cette idée d’ensemble que j’ai de ce futur. Je pense sincèrement que c’est l’outil le plus puissant que l’on puisse acquérir en termes de développement personnel. De plus, en tant que femme africaine, le choix de mon conjoint a été plus que déterminant dans mon parcours académique et professionnel, d’autant plus que je l’ai rencontré assez jeune. Je n’insisterais jamais trop sur le fait qu’en tant que femme nigérienne, le support entier, franc et actif d’un époux est une condition indispensable au succès lorsque l’on veut mener de manière harmonieuse vie familiale et carrière professionnelle. En revanche, je me méfie beaucoup de la notion de « role model ». Je trouve que cela introduit une forme de conformisme. Et à partir du moment où l’on parle de conformisme, on disqualifie les besoins personnels, on menace la créativité individuelle et même collective. Je peux être marquée ou inspirée par une action, une parole, une attitude d’une personne, quelle qu’elle soit, à un moment donné, mais imaginer ma propre trajectoire me paraît beaucoup plus intéressant que d’essayer de me claquer sur une autre personne. Cela étant dit, je vis l’opportunité de travailler étroitement avec Dr Ibrahim Assane Mayaki comme une chance hors du commun, et sur le plan humain et professionnel j’apprends énormément à ses côtés.
Avec la Vice-Présidente de la CEDEAO, les partenaires du BIT, les bénéficiaires et la délégation du NEPAD au YES Forum organisé dans le cadre de la Global Entrepreneurship Week à Dakar, novembre 2018Quel a été votre parcours professionnel ? Comme mon parcours académique le démontre, j’ai toujours été attirée par les environnements compétitifs, qui sélectionnent les meilleurs et vous obligent à maintenir des standards de qualité élevés dans tout ce que vous faites. Après mes études de management, j’ai intégré Accenture, un cabinet de conseil américain. A l’époque la firme comptait environ 300.000 personnes à travers le monde et je pense qu’ils sont maintenant à plus de 400.000. J’ai l’habitude de dire que cette expérience m’a vraiment formée en tant que professionnelle. J’avais un rôle classique de consultante en management, qui consistait à participer à des missions de stratégie et d’organisation, auprès d’entreprises et d’organisations des secteurs privés et publics. Concrètement, les clients faisaient appel à nous lorsqu’il y avait une problématique organisationnelle ou stratégique critique à résoudre. Après une analyse et un diagnostic de la situation actuelle, l’équipe de consultants propose différentes options de solutions les plus adaptées et accompagne les dirigeants et les équipes dans la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation de la solution retenue. C’est un métier où il faut avoir une bonne culture générale en termes de business et de management, mais également se tenir constamment à jour de ce qui se fait dans les différentes industries. Il faut dire aussi que ce sont des prestations pour lesquelles les clients paient très cher, donc il faut démontrer tous les jours et pratiquement dès le premier jour que vous apportez de la valeur ajoutée. Il y a un niveau d’exigence dans tout ce qui est fait chaque jour par chaque membre de l’organisation, et qui est mis en avant dès les épreuves de recrutement. Ce n’est pas propre à Accenture, mais à tous les cabinets de conseil international, tels que les Big Four (PwC, Deloitte, KPMG, EY), et bien sûr les McKinsey, Bain et BCG, etc qui sont encore une autre catégorie et plus spécialisés sur la stratégie. Il y a un autre aspect qui m’a beaucoup plu dans cette expérience, c’est l’esprit de compagnonnage qui règne dans des grands groupes tels qu’Accenture. Vous être très vite mis en situation de gérer des équipes, et parmi vos objectifs vous devez les faire progresser. En même temps, vous bénéficiez évidemment de mentoring de la part de collègues plus expérimentés. C’est un système qui est évidemment au service de l’entreprise et des clients, mais il n’empêche que c’est un très bon moyen d’évoluer du point de vue personnel et managérial. Tout ça pour dire que pour un jeune diplômé ou une jeune diplômée, sortant d’une très bonne école ou université, et qui souhaite faire ses preuves, avoir une première expérience formatrice et rigoureuse, et se frotter à des brillants esprits venant du monde entier, le conseil dans ce genre de cabinets est une très bonne expérience.
Et pourtant vous avez quitté cette firme ? Oui, j’avais entendu beaucoup de choses concernant la difficulté à concilier ce genre de métier avec une vie de famille, et en commençant j’avais décidé de que je partirais après mon premier enfant. Paradoxalement, à l’époque où je suis rentrée de congé maternité, je pilotais une prestation de transformation dans un grand groupe bancaire français, et malgré la responsabilité et les déplacements que cela demandait, j’avais réussi à trouver un équilibre entre vie familiale et professionnelle. Je suis du coup restée beaucoup plus longtemps que prévu. Ce qui m’a emmenée à partir, un peu plus tard, c’est que lorsque vous entrez dans ces organisations, on vous demande dans l’ordre de : 1- délivrer des prestations, 2- faire évoluer vos équipes, et 3- contribuer à l’effort commercial. Plus vous avancez en expérience, plus cet ordre s’inverse et l’une de vos priorités devient de comprendre les besoins de vos clients et prospects et de proposer des missions qui y correspondent. Bien sûr, c’est tout à fait indispensable à la bonne marche des affaires, et c’est quelque chose que je faisais sans problème. Mais c’est quelque chose que je faisais aussi sans plaisir. Donc comme je n’avais pas envie de me développer dans ce sens, j’ai commencé à répondre aux appels des chasseurs de tête. C’est comme ça que je me suis retrouvée dans une entreprise du para public puis une entreprise cotée à la bourse, toujours à Paris, où j’ai eu à piloter des programmes de transformation. Je dois dire que pendant ces années, il y avait une réflexion qui était en cours dans notre couple. Cela faisait environ 10 ans que nous travaillions en Europe, et mon constat était que dans les milieux où nous évoluions, les compétences que nous avons développées existent en abondance, et les organisations étant matures, évoluant dans des marchés matures, tout ce que nous faisions servait finalement à les rendre plus performantes mais de manière finalement marginale. Quand nous discutions avec nos amis et connaissances qui travaillaient en Afrique, nous comprenions qu’ils faisaient face à des défis beaucoup plus stimulants, étant donné qu’il y a beaucoup de choses à construire. Ce que j’en retenais, c’est que sur le continent africain, il y avait beaucoup plus d’opportunités de mettre nos compétences à contribution pour avoir un réel impact. C’est dans ce contexte que j’ai appris que le Dr Mayaki, Secrétaire Exécutif de l’Agence du NEPAD cherchait à recruter une personne pour gérer son cabinet. A la lecture de l’annonce publiée sur le site internet du NEPAD, il m’a semblé que mon parcours m’avait permis de développer les compétences et les connaissances nécessaires pour ce poste. C’est un poste technique, et non une nomination politique, donc il y a un processus de recrutement classique avec pré-sélection, entretien écrit, entretien oral devant un panel. A l’époque, ce processus durait assez longtemps donc j’ai eu le temps de me préparer comme pour un concours, avec l’appui moral et matériel et mon époux, le soutien de mes mentors et du coach qui me suivait à l’époque. Les plus jeunes sont surpris lorsque je dis que je suis arrivée à mes entretiens avec en tête une très bonne connaissance du fonctionnement institutionnel du NEPAD, une synthèse personnelle de tous les rapports annuels d’activités, et surtout que j’avais lu et écouté toutes les interviews du Dr Mayaki disponibles dans le domaine public. Pour moi c’est le minimum de préparation exigée pour un poste qu’on souhaite décrocher, et c’est un exercice indispensable qui m’a permis de faire de manière précise le rapprochement entre les défis du poste et du NEPAD d’une part, et mes connaissances et compétences d’autre part.
En compagnie du Ministre de l'Emploi du Malawi, à l'occasion du lancement du projet continental "Formation Professionnelle Agricole pour les Femmes", Octobre 2018 Comment s’est passée la transition du secteur privé à la diplomatie ? Ce sont en effet des environnements très différents, et il faut aussi rappeler que je revenais travailler en Afrique après avoir exercé mon métier très majoritairement en Europe. Donc les codes, les leviers d’actions, les enjeux étaient très différents. En revanche, le niveau d’exigence, l’engagement, la nécessité de construire l’adhésion des parties prenants autours d’idées fortes et novatrices, ce qui constitue finalement le moteur de mon éthique de travail était le même. Ce qui m’a aussi facilité la tâche, c’est que bien qu’étant la première femme à ce poste, certains de mes prédécesseurs étaient aussi plutôt jeunes donc je pense que cela a aussi joué dans ma prise de fonction, vis-à-vis de mes interlocuteurs. C’est une position intéressante parce que telle que je la vois, il s’agit de jouer l’interface entre le dirigeant et « le reste du monde ». En clair, il faut s’assurer que tous les sujets concernant l’organisation, les parties prenantes, les partenaires… qui méritent son attention lui parviennent, mais analysés et synthétisés de manière à lui permettre de prendre les meilleures décisions possibles. D’un autre côté, il faut lui éviter d’être submergé par des questions qui n’ont pas de pertinence à son niveau donc essayer de les résoudre ou de les faire résoudre par d’autres selon le niveau d’autorité. Donc c’est passionnant, mais c’est une mission au service de la mission du dirigeant. Il n’y a pas de périmètre significatif rattaché à ce genre de poste, et le cahier des charges peut très grossièrement se résumer à « faciliter le travail du dirigeant ». C’est aussi pour cette raison que lorsque l’Agence du NEPAD m’a proposé de prendre en charge l’un des quatre programmes, le résultat de ma réflexion a été d’accepter. Il faut savoir que toutes les activités menées par le NEPAD sont organisées autour de quatre programmes, qui permettent de mettre en œuvre des initiatives qui répondent aux ambitions de l’Agenda 2063 :
Industrialisation, Sciences, Technologie et Innovation ;
Gouvernance des Ressources Naturelles et Sécurité Alimentaire ;
Intégration Régionale, Infrastructure et Commerce et
Compétences et Emploi des Jeunes dont je m’occupe.
En compagnie du Secrétaire d'Etat Sud Africain à la Formation Professionnelle, du représentant de l'UA, accueillis par le Ministre Tunisien de l'Emploi et de la Formation Professionnelle, Tunis, Avril 2018Diriger ce programme m’a permis de prendre en main les volets concernant la réflexion stratégique, la consultation, d’abord en interne mais aussi avec les partenaires technique et financiers, la planification de la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation. C’est aussi une occasion pour moi de travailler plus étroitement avec les gouvernements des Etats membres de l’UA, de concevoir avec eux une réponse pertinente aux enjeux qu’ils rencontrent, et par la même occasion, en apprendre sur les différentes approches en termes d’action gouvernementale. Nous vivons une époque passionnante de la vie du continent africain et je suis heureuse d’en être témoin et d’aider le NEPAD à y apporter sa modeste pierre.
Cela fait écho à vos activités associatives. Oui, tout à fait ! J’ai toujours été intéressée par les questions de formation, d’éducation, surtout vu sous le prisme de l’égalité des chances. Lorsque j’étais chez Accenture, j’étais la référente d’un programme appelé « Pourquoi Pas Moi ? », initié par l’ESSEC, et qui vise à permettre aux jeunes lycéens issus des quartiers français défavorisés, d’avoir un meilleur accès aux Grandes Ecoles, à travers des sessions de développement personnel, des sorties culturelles, des sessions de sensibilisation et d’orientation. Les entreprises telles qu’Accenture acceptent également d’organiser des rencontres entre leurs cadres et les lycéens, pour qu’ils puissent comprendre le métier et se faire une meilleure idée de ce qu’ils pourront faire plus tard. On en revient à la question de vision. Donc, chez Accenture, j’étais la référente de ce programme, et en transposant l’expérience au Niger, j’ai voulu toucher un maximum de jeunes. Avec quelques Nigériens et Nigériennes, nous avons créé Ose-Niger (Organisation pour le Soutien à l’Education) qui vise à sensibiliser les jeunes lycéens, lycéennes, étudiants et étudiantes, sur la construction d’un projet de formation, les opportunités de formation et de financement. Nous organisons des rencontres entre jeunes et cadres issus des formations dont nous faisons la promotion et nous documentons toutes nos informations sur un site internet (www.ose-niger.org) En plus de l’équipe nigérienne, nous travaillons avec un grand nombre de volontaires en ligne des Nations-Unies. Malheureusement, depuis l’obtention de notre récépissé, nous n’avons pas réussi à obtenir notre agrément, qui nous aiderait à mener des activités de grande envergure, notamment envers la jeunesse de l’intérieur du pays. Donc si vous le permettez, je profite de l’occasion pour lancer un appel aux autorités compétences pour qu’une attention soit portée à ce dossier.
On voit que vous êtes plutôt active sur les réseaux sociaux. Est-ce que ce n’est pas incompatible avec votre statut de diplomate ? Non, pas du tout, j’ai envie de dire même « au contraire ! ». Les instances de gouvernance du NEPAD nous rappellent régulièrement le besoin de mieux communiquer sur nos activités. Il y a bien entendu beaucoup d’efforts qui sont faits au niveau de l’Agence du NEPAD, mais je considère que chaque personne qui y travaille est un ambassadeur potentiel. Donc notre entourage, nos réseaux doivent être informés de nos activités. C’est la raison pour laquelle je publie régulièrement des informations sur les activités de mon programme et de ceux de mes collègues. Il m’arrive également d’exprimer des opinions assez fortes sur des concepts qui me paraissent importants quant à la trajectoire de développement du continent. En tant que diplomate de l’Union Africaine nous avons des textes adoptés par les Chefs d’Etat et de Gouvernement qui préservent les personnels de toute discrimination basée sur les opinions. Donc la liberté de conscience et la liberté d’expression sont des valeurs cardinales au sein de l’organisation. Il y a bien entendu des choses qui sont interdites, comme se présenter à des élections sans avoir démissionné de son poste de fonctionnaire de l’UA, ou exprimer des idées qui soient contraires aux valeurs ou aux positions de l’Union Africaine. Et comme d’une part je n’ai aucune intention de me lancer en politique et d’autre part, mes idées et convictions sont en phase avec celles de l’UA, je m’exprime dans un cadre très confortable. Ce qui peut surprendre un œil non averti, c’est peut-être qu’on assiste à l’émergence d’une nouvelle vague de diplomates de l’UA, avec des individus venant de secteurs divers, plus connectées, plus habituées à partager de manière plus large leurs activités et leurs opinions. Même nos dirigeants ont appris à s’exprimer de manière beaucoup plus régulière, et c’est pour moi une bonne chose, car cela donne du corps à notre image, cela permet de rappeler que derrière les politiques publiques dont nous faisons la promotion, derrière les programmes et les projets que nous mettons en œuvre, il y a avant tout des femmes et des hommes qui sont portés par un idéal, idéal qui peut s’exprimer de plusieurs manières mais qui revient toujours à celui de faire émerger l’Afrique que nous voulons.
En compagnie du Ministre de l'Emploi du Malawi et du représentant de la Coopération Allemande, à l'occasion du lancement du projet continental "Formation Professionnelle Agricole pour les Femmes", Octobre 2018 Pour le mot de la fin, lorsque vous faites la rétrospective de votre parcours, quel rôle a joué le Niger selon vous ? J’aimerais pouvoir répondre de manière aussi tranchée que mes prédécesseurs dans cette rubrique. Ce que je peux dire, c’est qu’enfants, nous avons reçu une éducation nigérienne, et ce malgré le fait que nous avons grandi entre la Belgique, le Canada et la France. C’est l’occasion de rendre un hommage à notre défunt père et à notre mère, parce qu’étant dans leur situation d’expatriation aujourd’hui, je réalise le défi que cela représente. Cette éducation nigérienne a bien entendu fortement influencé mon rapport au monde et mon parcours. A un autre niveau, le constat que je peux faire, c’est que compte tenu des ambitions que j’avais pour moi-même, et de ma volonté de faire bouger les lignes, la majorité des obstacles que j’ai rencontrés étaient liés au fait d’être une femme nigérienne. D’un autre côté une grande partie des opportunités, des rencontres, de l’aide dont j’ai bénéficié, auraient été difficilement possibles ailleurs que dans notre contexte socio-culturel. Il y a chez les Nigériennes et les Nigériens une facilité à établir les contacts, à se soutenir mutuellement sur la base de centre d’intérêts communs, finalement à se comporter comme une seule et même grande famille et c’est un trait de culture que nous pouvons utiliser à bon escient. Donc je m’interroge plutôt sur la manière dont je peux servir mon continent, comment cette expérience de femme noire, africaine, nigérienne, ma culture et le parcours personnel que j’ai eu, peut contribuer à apporter une autre perspective et à façonner des solutions aux défis que rencontrent les Etats membres de l’UA. C’est un sujet qui me semble concret et qui aujourd’hui cristallise beaucoup plus mon attention et mon énergie. Je m’arrête là et vous remercie encore une fois de votre intérêt et de votre patience. J’espère que vos lecteurs et surtout vos lectrices auront trouvé un intérêt dans nos échanges. Je souhaite longue vie à cette rubrique et je me réjouis d’avance de lire d’autres portraits de Nigériennes et Nigériens de la semaine sur Nigerdiaspora.
Il a été désigné ‘’ Nigérien de la Semaine’’ de Nigerdiaspora il y’a plusieurs années, depuis il connaît une évolution fulgurante dans sa carrière professionnelle et sociale.
Depuis sa nomination, M. Adamou MOUSSA SALEY a donné un souffle nouveau à cette école avec son professionnalisme et persévérance sans réserve.
Avec la complicité de ses équipes et les produits brillants de cette école, ils ont remporté plusieurs trophées.
1er prix du concours de la commission des données personnelles au Sénégal
1er prix du concours Huawei Technologies , ce qui vaut plusieurs bourses et voyages d’étudiants de ses étudiants en chine,
1er prix du concours ‘’great speaker’’ dans troix specialités,
L’ESMT vient de remporter le trophée de ‘’corporate award ‘’ de l’entreprise innovante de l’année 2019 au Sénégal , prix attribué suite à un vote en ligne.
Son background fait de lui un profil recherché en Afrique, en Europe pour participer et modérer des débats intellectuels dans les thématiques à haute portée comme la cybersécurité, l’économie numérique et les smart cities , sa dernière intervention date de novembre 2019 aux assises de la transformation digitale à Paris sur le thème des villes intelligentes.
Son objectif principal est de faire de cette institution régionale une référence mondiale dans la construction d’un capital humain riche et diversifié dans les domaines techniques d’actualité et d’avenir.
{xtypo_quote}Le Niger dispose de talents qui pourront apporter une plus-value dans leurs secteurs d’activité.{/xtypo_quote}
Toujours disponible, il est le parrain de la journée culturelle des étudiants Nigériens au Sénégal en 2019, journée de rassemblement et de communion de la diaspora Nigérienne au pays de la Teranga.
Pouvez-vous vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora ? Je m’appelle Moussa Ibrahim Abdou. Je suis né à Niamey il y a 44 ans de cela .Je suis marié et père de deux enfants de 4 et 8 ans. Depuis bientôt 10 ans j’assume la responsabilité de l’aménagement urbain de la commune de Saint-Genis-Pouilly. Elle est située dans le Pays de Gex qui se trouve dans le département (français) de l’Ain. La Commune est l’un des pôles urbains de l’agglomération du Pays de Gex qui est une agglomération de 27 communes regroupant environ 100 000 habitants. La commune se situe également aux portes de Genève dont elle est l’un des centres d’agglomération dans le cadre de ce qu’on appelle le « Grand Genève », qui est une entité territoriale transfrontalière de 500 000 habitants, regroupant des communes françaises et suisses situées de part et d’autre de la frontière. Nous nous trouvons à 15 mn de l’aéroport de Genève et à 25 mn de la gare et du centre-ville de Genève. Par conséquent cette situation confronte la commune aux enjeux inhérents aux territoires frontaliers. La mobilité étant principalement l’un de ces enjeux. En effet, chaque 500 000 passages- véhicules sont effectués chaque jour entre les deux pays. C’est pourquoi, en partenariat, français et suisses travaillent pour permettre le prolongement du tramway jusqu’à Saint-Genis-Pouilly. Aujourd’hui il n’est qu’à 300 m de la commune et 1.2 km de notre centre-ville. Or chaque jour, environ 50 000 passages de véhicules traversent la frontière. Par ailleurs la commune accueille sur son territoire une partie des installations du centre européen de la recherche nucléaire (CERN).
Que devrions-nous savoir sur votre parcours ? J’ai passé toute ma scolarité à Niamey. Pour le primaire à l’école Canada, le collège au CEG2 et le lycée au Mariama. Ensuite, après le bac, ayant bénéficié d’une bourse d’études, je suis allé en Algérie où j’ai effectué des études d’architecture. Par la suite j’ai intégré l’école supérieure d’architecture et paysage de Bordeaux et ce, dans le cadre d’une formation conjointement organisée avec l’université Bordeaux 3 (Michel de Montaigne) en vue de l’obtention d’un master en stratégie et maitrise d’ouvrage de projets d’urbanisme. J’ai complété ces deux formations par l’obtention d’un Exécutive master en management des politiques publiques à Sciences Po Paris. Auparavant j’étais respectivement responsable du service urbanisme- développement économique et environnement de la commune de Champs-Sur-Marne située en Ile de France, plus précisément en Marne la vallée. C’était mon premier poste. Ensuite je suis allé travailler à la communauté d’agglomération du Grand Besançon c’est-à-dire une structure intercommunale regroupant 59 communes de la région Franche-Comté en tant que responsable de l’aménagement de zones d’activités commerciales et économiques au sein de la direction économie et aménagement de l’espace. Et depuis pratiquement 10 ans je suis à mon poste actuel où je pilote le développement urbain de la commune de Saint-Genis-Pouilly. Mais à vrai dire, ce qui m’a le plus marqué ce n’est pas tant ce parcours somme toute classique que mon engagement syndical et associatif. En effet, comme beaucoup de mes camarades de l’époque j’ai été aspiré par le mouvement syndical nigérien qui présageait des changements politiques à venir. Dans ce mouvement, l’USN (Union des Scolaires Nigériens) était le fer de lance avec sa force de mobilisation et portée par une forme d’insouciance, et comme cela est le cas, à cet âge, la naïve conviction de mener un combat pour un monde meilleur. Ainsi durant toute ma scolarité du collège (1988 – 1994) j’ai participé aux différents bureaux du CEG 2 de Niamey jusqu’en devenir le secrétaire général en 1994. La raison de mon engagement s’expliquait par deux raisons principales : D’une part il fallait s’occuper ! Pour rappel sur cette période nous avons connu deux années blanches (1990 et 1993) et du coup le temps était long et permettait à ceux qui le souhaitaient de s’adonner à ce qui rythmait durant cette période la vie des scolaires nigériens : le syndicalisme. D’autre part, à l’époque craignant le basculement du mouvement estudiantin vers une dérive qui risquait de nous éloigner fortement des bancs de l’école, je voulais être acteur au lieu de subir des décisions qui risquaient de nous couter cher. Malheureusement cela a été le cas au vu du nombre d’années blanches que nous avions connu. Mais bien entendu les gouvernements respectifs de cette époque, par la force des choses étaient pleinement responsables de ce qui s’est passé. Mais aujourd’hui une certaine honnêteté impose à reconnaitre une responsabilité partagée dans ce chaos. Et l’USN avait aussi sa part. Mais il y a lieu de rappeler que, contrairement aux politiques, les scolaires inconscients ou manipulés, souvent les deux, avaient eux des circonstances atténuantes. Pour la plupart, l’enjeu des évènements les dépassait. Le souvenir marquant que je garde de cette période est un état déliquescent, des libertés nouvelles acquises, certes porteuses d’espoirs, mais qui présageaient un avenir incertain. Tous les échelons et secteurs institutionnels de l’Etat ont souffert et encore à ce jour nous payons le prix. Je pense à l’école nigérienne qui, depuis ne s’est pas relevée. Mais je dirais qu’il n’y pas de regrets à avoir car une nouvelle ère s’ouvrait pour le pays avec tous les risques et les incertitudes qui accompagnent les changements ! Mais durant cette période je garde en souvenir les débats houleux mais démocratiques qu’on avait lors de nos réunions de la section lycéenne et collégienne (regroupant l’ensemble des collèges et lycées de la capitale) dans l’enceinte du lycée Kassaï. Je me rappelle de certains de nos grands frères dont j’ai en mémoire les noms car ils m’ont chacun impressionné tantôt par leurs convictions sincères dans le combat mené ou leur engagement syndical ou encore leurs qualités orales : Bakari Sow, Anouar Diallo, Yacouba Diallo, Djama , Afizou etc…. Ensuite au lycée Mariama, je me suis mis en retrait du mouvement syndical pour des raisons personnelles. En effet l’année précédente, j’ai été marqué par un accident de voiture (dans laquelle je me trouvais aussi) et qui a couté la vie en septembre 1994 à mes deux meilleurs amis et camarades de l’époque Harouna Tinni et Ousseini Halidou (que leurs âmes reposent en paix). Néanmoins je faisais partie de la commission politique du bureau et on essayait à chaque fois de conjuguer militantisme syndical et scolarité. En effet pour moi le syndicalisme, à ce niveau en tout cas, ne devrait pas être une activité en soi mais plutôt un moyen de faire émerger les revendications des scolaires pour garantir et améliorer leurs conditions de vie. Par conséquent pour moi en aucun cas nos manifestations ne devaient prendre le pas sur notre scolarité. Ainsi le temps des grèves doit être limité pour garantir le déroulement académique normal d’une année scolaire. C’est ainsi que furent passées les années du lycée dans une ambiance syndicale et politique marquée par les balbutiements d’un processus démocratique encore à ses débuts et des des tensions politiques qui ont entrainé le coup d’état du général Baré. Ensuite je poursuivis mes études en Algérie (Alger d’abord et Tizi-Ouzou ensuite). Là encore le virus du syndicalisme ne m’a pas lâché ! Après avoir fait partie ma première année estudiantine de la commission politique de l’union des scolaires nigériens en Algérie, l’année suivante je devenais délégué de la cité universitaire Bouraoui Amar avant d’être élu secrétaire général adjoint de l’union des scolaires nigériens en Algérie (USNA) et avec mon ami Mamouda Bachar en tant que secrétaire général. La période était particulièrement difficile. Les étudiants quoique boursiers ne recevaient pas leurs bourses. Même les diplomates ne percevaient pas leurs salaires et étaient constamment menacés d’expulsion de leurs logements par leurs bailleurs. Et l’ambassade elle-même n’était pas épargnée. Quant à nous autres étudiants nous étions environ 800 nigériens boursiers en Algérie. Et pour avoir la bourse c’était constamment un bras de fer avec l’Etat du Niger. Nous occupions constamment l’ambassade pour réclamer nos bourses. Chaque été, avec la fermeture des résidences étudiantes et les restaurants universitaires c’était le branle du combat. Et beaucoup d’ambassades africaines étaient occupées par les étudiants de ces pays en Algérie , afin d’ amener l’Etat algérien à mettre la pression sur nos gouvernements respectifs, nous nous entendions pour occuper au même moment nos ambassades. Je dirais que cette stratégie a fonctionné car afin de régler le problème, au moins à son niveau, le gouvernement algérien a décidé au début des années 2000, si mes souvenirs sont bons, de mettre à la disposition des étudiants étrangers une résidence estudiantine d’accueil estival pour tous ceux qui restaient durant leurs vacances universitaires. Enfin, à Bordeaux, pendant 3 années j’ai été secrétaire général de l’Association des Nigériens de Bordeaux. C’est une association créée par nos ainés qui ont vécu, étudié ou vivent encore dans cette ville ( Abdourahmane Ridouane, Mamadou Gazibo, Abderrahmane Issa etc.) Comme toutes les associations de ce type, il s’agissait d’abord, dans un cadre organisé de permettre entre les nigériens une entraide. Ensuite vis-à-vis des autres communautés et du pays d’accueil, de véhiculer une image positive du Niger à travers des manifestations promouvant le Niger. Avec l’association des nigériens de Toulouse nous organisions des manifestations communes, d’abord pour se connaitre et ensuite pour valoriser notre pays. Ce qui préfigurait déjà de ce qui allait devenir le CONIF (Conseil des Nigériens de France). Aujourd’hui, même si malheureusement je n’ai pas le temps de m’impliquer dans leurs activités, je les suis et les trouve très intéressantes car des initiatives et des actions sont entreprises pour permettre à la diaspora nigérienne de France de jouer un rôle moteur dans la vie de notre pays.
Parlez-nous de votre fonction actuelle de Directeur du pôle développement urbain et politique Ma fonction actuelle se décompose en deux missions principales :
le développement urbain qui se décline principalement en trois volets : le réglementaire, l’opérationnel et le financier.
et la politique de la ville : qui est un dispositif mis en place au niveau national et piloté au niveau local par la commune. Il s’agit concrètement de mettre en place une politique publique spéciale pour améliorer la vie des habitants des quartiers défavorisés. Le critère de d’identification d’un quartier défavorisé est le revenu : à savoir des ménages gagnant annuellement moins de 60 % du revenu médian de l’aire urbaine.
Sur la commune de Saint-Genis-Pouilly nous avons un quartier de ce type où résident 1700 habitants. Concernant le développement urbain et son volet règlementaire : la mission du pole consiste en la définition du cadre règlementaire de l’urbanisme. Cela se traduit à travers ce qu’on appelle le plan local d’urbanisme (anciennement plan d’occupation des sols) qui, en résumé est constitué d’un ensemble de documents qui encadrent la planification et l’aménagement du territoire d’une commune et/ou de plusieurs communes regroupées au sein d’une intercommunalité. L’urbanisme étant un champ pluridisciplinaire et transversal, c’est donc à travers ce document que plusieurs thématiques sont règlementairement encadrées : le logement, la mobilité, l’environnement, le commerce et l’activité économique, les équipements publics, l’agriculture, les déchets, l’assainissement etc… Un zonage établit des vocations par secteur, soit de façon exclusive, dominante ou mixte. Par exemple un secteur peut exclusivement être à vocation agricole alors qu’un autre l’est à dominante économique et un autre peut recevoir les deux. Par contre les secteurs agricoles et naturels sont totalement préservés. Cette organisation permet, d’une grande échelle qui est la ville à la plus petite qui est la parcelle, d’encadrer et d’organiser les différents usages sociaux et fonctionnels en vue de préserver le cadre de vie d’une façon générale. L’élaboration du document, sous la houlette de la collectivité est strictement encadrée par le droit de l’urbanisme et celui de l’environnement. Plusieurs institutions (société civile, l’Etat et ses démembrements : chambre de l’agriculture, office national des forêts, la police de l’eau, les chambres consulaires (CCI) etc…) qu’on appelle personnes publiques, sont associées à la démarche et émettent des avis, soit sous forme de recommandations soit de manière prescriptive. Tout au long de cette élaboration une concertation du public est ouverte afin de permettre aux citoyens d’émettre également un avis sur les orientations du document. Ensuite le document est arrêté mais avant son approbation définitive, une enquête publique est organisée sous l’égide d’un commissaire enquêteur désigné par le tribunal administratif. Voilà en résumé les grandes lignes ponctuant l’élaboration du Plan local d’urbanisme communal ou intercommunal. Sur ce volet, même si la notion de puissance publique s’exerce et s’impose à la fin, mon expérience m’a démontré qu’il est judicieux pour les pouvoirs publics de co-construire un document consensuel avec l’ensemble des acteurs concernés : institutionnels, associatifs et citoyens. En effet non seulement cela permet la prise en compte de l’ensemble des avis et d’avoir un document au plus près de la réalité en tenant compte des attentes pour pouvoir élaborer un document correspondant aux enjeux du territoire. Ensuite ce document dont les orientations sont partagées par tous les acteurs, permet d’éviter lors de son application les contentieux qui peuvent découler d’un document imposé. Et pour nous c’est un gain de temps et d’argent.
Une fois, approuvé, ce sera donc sur la base de ce document règlementaire que l’ensemble des autorisations d’urbanisme (permis de construire – permis d’aménager- déclaration de travaux) sera instruit. Il faudra préciser que lors de leurs instructions, ces autorisations d’urbanisme sont transmises à différents concessionnaires de réseaux divers : société d’électricité, régie de l’eau, syndicats gestionnaires de l’assainissement et déchets etc. Ainsi ils émettent aussi un avis qui peut être conforme selon les cas. Cette démarche obligatoire permet à chacun d’entre eux de suivre l’évolution du territoire pour pouvoir anticiper les besoins à venir et dimensionner leurs réseaux et leurs moyens au vu de cette évolution. Concernant le volet fiscal et financier : Même en Europe beaucoup de gens ignorent que le droit de l’urbanisme comporte un aspect fiscal et financier afin de permettre à toutes les institutions impactées au vu de leurs compétences exercées de bénéficier des recettes nécessaires aux investissements et à l’entretien nécessités par les nouvelles constructions. Le fait générateur des taxes est l’obtention d’un permis de construire. En effet, en France le législateur a ainsi défini, à travers un cadre fiscal et financier précis l’ensemble des taxes et participations financières dues par les bénéficiaires des autorisations de construire. Ainsi chacun en ce qui concerne sa compétence perçoit des taxes à chaque fois qu’une autorisation de construire est délivrée. Que ce soit les collectivités, les sociétés en charge de l’électricité, l’assainissement, les déchets etc. Comme vous en doutez ces différentes taxes et participations financières permettent à tous de faire face aux investissements nécessités par l’augmentation de leurs réseaux, à l’entretien qui s’en suit. En ce qui concerne ces taxes les montants sont variables selon la taille et l’ampleur des opérations : cela va de 3000 euros environ ( 2 000 000 de FCFA) par exemple pour une maison individuelle de 150 m² à près de 20 millions d’euros (un peu plus de 13 milliards de FCFA) pour un programme de 500 logements. La détermination de ces montants et ce, conformément au droit en la matière est sous la responsabilité du pole. Cet aspect de ma mission est primordial car étant une commune qui depuis plus de 20 ans progresse sur le plan démographique continuellement de l’ordre de 5 %, il est impératif d’anticiper les besoins en services et les équipements publics. Pour ce faire nous avons identifié et mobilisé l’arsenal des dispositifs permettant aux communes de trouver les financements via les opérations privées et nous n’avons pas hésité à les utiliser. Ce qui nous permet aujourd’hui d’avoir sur notre budget un taux d’investissement de l’ordre de 45 % alors que la moyenne en française est 7 %. Et je précise que notre commune n’a aucun endettement et un taux inférieur à la moyenne de l’aire urbaine. Ce qui est exceptionnel en France. Concernant le volet opérationnel le pole intervient à différents niveaux : D’abord au niveau de la planification et la programmation stratégiques des projets : qu’ils soient publics ou privés. Je dois dire qu’à ce niveau de la règlementation à l’opérationnalisation, ce qui qui guide notre démarche est l’économie urbaine. En effet, de façon stratégique et réglementée nous essayons de faire en sorte que notre commune soit la plus attractive pour les promoteurs immobiliers, ceux qui cherchent un logement ou pour les acteurs économiques en recherche de lieux d’implantation. Et pour cela nous créons les conditions requises. Sans rentrer dans détails ennuyeux pour vos lecteurs, nous réalisons des équipements publics qui valorisent le territoire communal et cela incite les promoteurs à venir car ils sont surs de vendre leurs logements sur une commune qui répond aux attentes de leurs clientèles. Ainsi par exemple sur les 10 dernières années ont été réalisés : plus de 3000 logements, 3 écoles primaires, un lycée international, une maison de santé accueillant plus de 40 professionnels de santé, des parcs publics, un gymnase etc. Sont en cours de construction environ 1000 logements dont près de 500 seront livrés en 2020. Une piscine communale est en chantier et sera livrée début 2020.Le chantier d’un centre culturel et de conférences de plus de 1000 places va démarrer aussi en 2020. Un centre commercial de 70 000 m² a été autorisé et le démarrage du chantier est prévu en 2021. D’ici 2030 sont programmés plus de 1000 logements, plusieurs autres équipements publics sont déjà programmés. Et nos zones d’activités économiques et commerciales se développement soit par la réhabilitation des activités qui s’y trouvent ou l’implantation de nouvelles. Par exemple se sont récemment installées sur le Technoparc de notre commune des activités d’enseignement de la Swiss UMEF qui se trouve aussi au Niger. Tout le volet foncier ainsi que les contentieux qui peuvent découler de ces différents programmes sont aussi gérés par le pole. Ainsi c développement est bon pour nous car il garantit à la commune des recettes fiscales et financières. Des emplois locaux sont créés et l’économie locale tourne. Aujourd’hui, vous verrez que la concurrence économique va au-delà des pays, elle se fait aussi au niveau des villes car en Occident et cela arrive dans les pays du tiers-monde, l’économie se tertiarise et les richesses sont de plus en plus en ville. D’où les investissements qu’elles doivent faire pour se rendre attractives. Au niveau de la mise en œuvre, le pole intervient tout au long du processus : du foncier aux marchés publics et études urbaines en passant par les contentieux. Voilà de façon synthétique et je dirais ramassée la mission du pole développement urbain de la commune. S’agissant de la mission de politique de la ville : Il s’agit surtout d’un dispositif contractuel signé par plusieurs partenaires en faveur de quartiers dits prioritaires. En France on appelle quartier prioritaire celui où, comparativement à l’aire urbaine du secteur habitent au moins 1000 personnes dont les revenus annuels sont inférieurs à 60 % du revenu médian de référence. En clair il s’agit, au bénéfice exclusif du quartier, de mettre en place une politique spécifique pour réduire les inégalités sociales et territoriales. En effet, la politique de la ville vise à réduire les écarts de développement entre les quartiers défavorisés et leurs unités urbaines et à améliorer les conditions de vie de leurs habitants dans une perspective de restauration de l’égalité entre les territoires. A Saint-Genis-Pouilly, se trouve un quartier prioritaire où résident 1700 habitants et mon rôle est de piloter la mise en œuvre de ce contrat de ville qui s’étale sur une certaine durée et repose sur trois piliers fondamentaux qui sont la cohésion sociale, le cadre de vie et le renouvellement urbain, le développement de l’activité économique et l’emploi. A partir d’un diagnostic territorial qui permet de comprendre et connaitre les besoins le contrat de ville identifie des orientations thématiques stratégiques qui par la suite se déclinent en actions concrètes. Et chaque année, suite à des appels à projets, en vue de la mise en œuvre de ces actions, chaque partenaire au vu de sa compétence apporte les financements et l’accompagnement nécessaire. Ce qui est à noter c’est la participation des habitants au processus par leur présence au sein des organes de gouvernance. En effet le conseil citoyen propre au quartier existe, et ce conseil est composé des habitants et des acteurs du quartier. Partenaires à part entière au regard de leur qualité d’experts d’usage, ils font donc partie du comité technique et du comité de pilotage. Concrètement depuis bientôt 5 ans, par ce cadre exceptionnel nous avons engagé des investissements conséquents au bénéfice du quartier. Que ce soit sur la réussite éducative, la lutte contre la fracture numérique, la santé, la culture, le sport, l’emploi ou encore l’amélioration du cadre de vie. Par exemple sur la réussite éducative on a mis en place le dispositif de l’accompagnement scolaire des enfants du quartier par des aides aux devoirs et des études surveillées. Dans le cadre de la lutte contre la fracture numérique des ateliers d’initiation à l’informatique, de codage sont organisés au bénéfice des enfants de 8 à 12 ans. Sur la question de l’emploi, et en lien avec Pole emploi qui est un partenaire sur cette thématique du contrat de ville, un accent est mis sur la formation et l’insertion professionnelle. Ainsi les demandeurs d’emploi du quartier ou les travailleurs qui le désirent en vue d’une réorientation professionnelle bénéficient de formations adéquates pour améliorer leur profil et correspondre aux attentes des employeurs. Sur le plan de la santé un accompagnement est mis en place pour faire connaitre leurs droits aux habitants et faciliter l’accès aux soins. Le cadre de vie du quartier a aussi été amélioré par des travaux de rénovation qui ont été réalisés dans les bâtiments afin de lutter –notamment- contre la précarité énergétique. Par ailleurs des parcs et des jeux y ont aussi été aménagés. Vous l’aurez compris qu’à une petite échelle il s’agit d’une politique publique de lutte contre la pauvreté et de réduction des inégalités sociales et territoriales. C’est ce qui se passe au Niger mais à l’échelle de tout un pays.
Pouvez-vous nous parler de vos actions nationales et internationales ? Je ne peux pas dire que j’ai des actions internationales si ce n’est mes participations et contributions à des ateliers organisés par la convention de Ramsar, qui est une convention internationale regroupant plus de 160 pays en vue de la préservation des zones humides dans le monde. Son siège est en Suisse. Cette convention procède au classement en « Sites Ramsar » de territoires à protéger au vu de leurs sensibilités environnementales et des écosystèmes qui s’y trouvent. Les nigériens ne le savent pas mais le seul africain à avoir dirigé cette convention et ce pendant deux mandats est nigérien. Il s’appelle Tiega ANADA. Ma collaboration avec cette convention, sous la conduite de Paul OUEDRAOGO en charge de la région Afrique a consisté, en partenariat avec l’UICN et ONU Habitat, à identifier et définir les outils et mécanismes permettant de concilier l’urbanisation et la préservation des zones humides en Afrique. En effet, au regard de l’urbanisation galopante du continent africain, il est impératif de faire coïncider politique publique liée à l’eau et celle de l’urbanisme afin s’inscrire dans une logique et une perspective de développement durable des territoires. En occident c’est relativement facile car ces zones sont protégées par des instruments juridiques et l’urbanisation y est strictement interdite tandis que dans les pays africains, la vigilance est de mise et ceux qui doivent les protéger sont démunis face à une urbanisation galopante, le manque d’instruments juridiques et souvent des autorités politiques passives. A Niamey le cas de la ceinture est un exemple illustratif. Je ne sais pas si on peut appeler ça activités internationales mais ici je fais partie de la « Rencontre Franco-Suisse des urbanistes ». Il s’agit d’un cadre d’échanges organisé chaque année et qui réunit des citoyens, des universitaires, des professionnels de l’urbanisme et des élus de la France et de la Suisse pour porter et partager ensemble des regards croisés sur des thématiques d’aménagement du territoire. Au Niger, malheureusement, à mon regret je n’ai pas encore eu l’occasion de participer à une action même si je suis très attentif à ce qui s’y passe.
Justement que pensez-vous du développement urbain de ses dernières années au Niger ? Vaste et complexe sujet ! Les réponses ne sont pas simples. Mais avant d’aborder spécifiquement le cas du Niger permettez-moi d’aborder ce sujet à une plus grande échelle car cela permettra de comprendre les enjeux, les défis qui sont les nôtres et la complexité des solutions à trouver. D’une façon générale, il est important de rappeler que l’on assiste à l’urbanisation croissante de la planète. Et cela dans un contexte mondial où les relations citoyennes sont ouvertes et où la globalisation s’impose aux territoires urbains. En 2008, pour la première fois de l’histoire humaine, la part de la population mondiale demeurant dans des agglomérations urbaines a dépassé celle de la population vivant dans les zones rurales. Plus de 3.3 milliards de personnes habitent en ville et selon les prévisions de l’Organisation des Nations Unies (ONU) le taux d’urbanisation mondial va s’accroitre considérablement au cours des prochaines décennies, pour atteindre près 60 % en 2030 et 70 % en 2050 ; les centres urbains anciens et nouveaux vont absorber l’essentiel de la croissance démographique à venir. Mais ce bouleversement affectera surtout les régions pauvres et émergentes. En effet, les pays développés étant déjà fortement urbanisés leur croissance reste relativement limitée en passant de 74% de nos jours à 85% en 2050. En ce qui concerne l’Afrique, en l’espace de vingt ans, la population urbaine du continent a été multipliée par deux ; Près d’un demi-milliard en 2015, selon les Nations unies, et elle devrait encore presque doubler au cours des vingt prochaines années, pour frôler le milliard d’habitants. L’Afrique deviendra alors à majorité urbaine. Le Niger n’échappe pas à ce phénomène et cette urbanisation croissante a généré, et je dirais même, aggravé de nouveaux problèmes en termes d’emploi, de logements, d’infrastructures, d’équipements publics ainsi que services urbains. Or d’après une étude des nations unies la population du Niger devrait atteindre 79 millions en 2050 et 209 millions en 2100.En sachant qu’ 2018 la population urbaine nigérienne est de 17 % et que de 1960 à 2018, elle a connu une augmentation de 184 %, il faudra sans surprise s’attendre à ce qu’elle constitue de croitre dans les années à venir. Au vu des prévisions démographiques si on ne fait rien les nigériens seront majoritairement des citadins en 2050. Je ne suis pas en train de digresser mais ce que j’aimerai souligner, et aussi paradoxal que cela puisse paraitre, pour contrôler le développement urbain il faudra impérativement développer le secteur rural pour créer une véritable économie rurale pourvoyeuse d’emploi et génératrice de richesses. Mais dans tous les cas, la priorité de notre pays de maitriser sa croissance démographique car, que ce soit en milieu ou urbain il me parait difficile de créer une croissance économique à la hauteur de la croissance démographique actuelle.
Mais revenons au développement urbain ! Pour moi, au Niger, le développement urbain et le secteur rural doivent sont les deux faces du socle de notre politique d’aménagement du territoire car les deux ne s’opposent mais, bien au contraire sont totalement complémentaires. En effet, pour maitriser le développement urbain il faut protéger les zones agricoles et naturelles et procéder à la mise en place d’une politique économique en faveur de la ruralité pour éviter l’exode des ruraux vers la ville. En effet cet exode rural va générer le besoin de logements et de services urbains et cela v provoquer ‘explosion nos villes au-delà de leurs limites naturelles. Et sachant que nous n’avons pas les moyens de procéder aux investissements urbains pour satisfaire ces besoins générés par cette croissance, irrémédiablement la pauvreté urbaine va s’accentuer. Or déjà on se rend compte qu’en termes économiques les centres urbains commencent à prendre le pas sur le rural. Ainsi on aura des ruraux et des citadins pauvres car la pauvreté rurale se déplace en ville sans que elles-mêmes ne soient prêtes ou du moins se préparent à affronter ce défi immense. Et malheureusement cette situation est traduite par certaines données ! En effet au Niger, bien que l’agriculture constitue la principale activité de l’ économie en faisant travailler plus de 80 % % de la population active, la structure du PIB reste dominée par le secteur tertiaire dont la contribution à l’économie est à hauteur de près de 50 % contre près de 40 % pour le secteur primaire. Le milieu urbain au sein duquel se trouve localisé le secteur tertiaire participe quant à lui à hauteur d’environ 60 % à la formation du PIB et concentre en son sein la grande majorité, des activités du secteur informel, soit 70 %. Le secteur informel urbain absorbe plus de 85 % de nouveaux venus sur le marché de l’emploi. Or l’évolution sans cesse croissante du secteur informel dans l’économie urbaine est en partie liée au processus d’urbanisation qui s’amplifie et qui engendre la concentration des hommes et des activités au sein des principaux centres urbains du Niger. Ainsi voyez-vous, pour juguler ce phénomène, il faudrait, à travers une véritable politique publique en faveur des zones rurales maitriser l’exode des ruraux vers la ville en sachant que nos centres urbains n’ont rien à offrir, sinon u mirage. Néanmoins quoiqu’il en soit et au regard de la croissance démographique, dans tous les cas, l’urbanisation croitra. Et afin d’éviter une véritable bidonvilisation de nos villes il est impératif que nos pouvoirs publics prennent conscience que les investissements à réaliser dans les villes sont devenus prioritaires et inévitables. Selon ONU Habitat, chaque année les besoins d’investissements à réaliser dans les villes africaines s’élèvent à 25 milliards de dollars. L’enjeu pour les pouvoirs publics nigériens est de prendre du défi et d’apporter des réponses. Ainsi par exemple la campagne de déguerpissement menée par les pouvoirs municipaux à l’encontre des activités dites « informelles » reste pour moi surprenante. En effet même si « ce n’est pas beau à voir » aux yeux de certains, ces commerces de rues constituent le véritable poumon économique et de cadre d’échanges commerciaux de la ville de Niamey. En effet la meilleure réponse aurait été, plutôt que de les chasser, de trouver avec eux des solutions pour des emplacements aménagés et localisés au vu de la réalité de la géographie des échanges commerciaux. Maintenant pour apporter des réponses concrètes à votre question et dans le prolongement de mon propos précédent, à mon avis il faut :
d’abord mettre en place et/ou renforcer un cadre institutionnel pour mieux encadrer le développement urbain : en effet on le sait tous que nos collectivités n’ont pas les compétences humaines et ne bénéficient pas d’outils règlementaires pour cela.
ensuite être réaliste et pragmatique sur la gouvernance locale et la gestion urbaine. L’administration territoriale nigérienne repose sur le double principe de la décentralisation, de la déconcentration et de la libre administration des collectivités territoriales.
Or cette organisation territoriale –calquée- sur un modèle étranger n’est pas forcément adaptée à nos réalités. En effet chaque pays étant différent par sa propre histoire politique et territoriale, sa gouvernance doit en tenir compte. Il me semble qu’on a fait preuve de précipitation pour mettre en place ce modèle de gouvernance alors qu’on n’était pas prêt. En effet le principe de la libre administration suppose le principe d’autonomie financière et de compétence. Or si les compétences sont transférées, soit ce n’est pas le cas des moyens financiers où dans tous les cas ils ont insuffisants et soit le cadre réglementaire de référence est absent, soit il n’est pas appliqué. Et si vous ajoutez à tout cela des élus mal préparés pour assumer leurs charges, non conscients de leurs responsabilités qui en plus n’ont pas des services compétents, il ne faut pas que l’échec nous surprenne. Par ailleurs l’urbanisme requiert une volonté politique ferme pour pouvoir mettre en œuvre des projets qui, même s’ils sont revêtus d’un intérêt indéniable s’opposent à des intérêts privés et suscitent des réactions négatives au vu des changements qu’ils entrainent. C’est pourquoi, il me semble difficile pour les collectivités territoriales nigériennes d’assumer objectivement leurs responsabilités en matière de développement urbain. D’ailleurs la réalité du terrain nous démontre très clairement ce fait.
Que pensez-vous du projet Niamey Nyala ? Le projet Niamey Nyala est assurément une bonne initiative et il était temps qu’une ambition urbaine soit affichée et mise en œuvre pour la ville de Niamey. Le chantier est trop vaste il faut le reconnaître. Les investissements déjà réalisés étaient nécessaires et attendus par les populations de Niamey. Mais beaucoup reste encore à faire. Tous les secteurs urbains sont prioritaires et on besoin d’investissements massifs : assainissement, gestion des déchets, transports, infrastructures routières etc. A mon avis le projet de Niamey Nyala doit avoir comme socle le logement. Pourquoi ? D’abord parce que chaque année pour répondre aux besoins de la ville de Niamey il faudrait en construire plusieurs milliers. D’autre part, comme on le dit chez nous, si tu n’as pas de toit tout le monde le sait alors que si tu n’as rien à manger, tu peux donner le change. Le logement préserve la dignité humaine. Ensuite, par des opérations d’envergure de production de logement, sous la maitrise des pouvoirs publics on arrive à contrôler l’aménagement urbain et par gérer et organiser tout ce qui s’ensuit : liaisons routières, localisations d’équipements publics etc. Et pour y arriver il faudra renforcer les structures de production de logements et de terrains à bâtir et apporter des solutions aux carences au niveau du financement. Il faudra que l’Etat, en lien avec les banques, mette en place des mécanismes pour faciliter un meilleur accès aux crédits pour les populations. Au Niger aujourd’hui le taux planché des banques est de 10 %. Ce qui signifie que les banques elles – mêmes en prêtant de l’argent ne commencent à gagner de l’argent qu’en accordant un crédit au-delà de ce taux plancher de 10 %. Ce qui rapproche dans nos pays le banquier de l’usurier. Et on est d’accord qu’à ce taux il est impossible d’emprunter sur une longue durée. Et c’est ubuesque car dans toute économie, le crédit responsable la mamelle de l’activité économique et commerciale. Sur un plan strictement opérationnel afin d’inverser la tendance urbaine actuelle la situation il est impératif de déterminer ou d’appliquer une stratégie de planification pour stopper l’étalement urbain. En effet avant de s’étaler, consommer l’espace naturel et agricole, la ville doit se reconstruire sur elle-même. Créer de nouveaux quartiers éloignés des centres-urbaines génère des conséquences désastreuses et qui peuvent être irrémédiables :
la consommation des terres agricoles alors qu’il faut les protéger
l’expansion de la ville et le besoin généré des services urbains alors même que les moyens pour cela sont manquants
un éloignement des populations vers les centres urbains et administratifs ; Une mobilité générée et le besoin sans cesse de routes qui se conjuguent au manque de transports en commun efficace.
Et au lieu de s’étaler il faudrait plutôt s’attaquer à la rénovation ainsi qu’au réinvestissement des anciens quartiers de la ville, qui non seulement ne présentent aucun intérêt patrimonial mais se trouvent dans état délabré. Le réinvestissement de nos centres villes conjugué à une réflexion approfondie quant à la localisation des activités et une offre de transports en commun efficace auront plusieurs avantages : permettre l’accès à des logements confortables, améliorer les quartiers anciens, limiter l’étalement urbain et faciliter les déplacements en ramenant les populations au plus près des centres villes et administratifs. Aujourd’hui cet éloignement des centres a entrainé des déplacements pendulaires : le matin au même moment les populations migrent vers les mêmes lieux (domicile-travail) en empruntant les mêmes voies et en fin de de journée, font le chemin inverse (travail-domicile). Cette situation qui occasionne au quotidien plusieurs désagréments aux habitants de Niamey : temps perdu, coût élevés de transports avec pour conséquence d’aggraver la précarité des plus faibles, générer de la pollution etc.
Avez-vous des solutions, des plans pour le développement urbain et politique au Niger ? En sachant que même dans les pays développés où la gouvernance, les instruments et mécanismes juridiques financiers et opérationnels sont strictement encadrés et fonctionnent normalement, la construction de la ville est très difficile. Alors au Niger bien sûr que c’est extrêmement compliqué car notre pays fait face à plusieurs défis et ce dans tous les domaines tout aussi prioritaires les uns que les autres. Mais la particularité de l’urbanisme, c’est son échelle d’intervention. Son importance réside dans le fait que cette discipline englobe pratiquement tout. Pour moi, l’urbaniste est pour la ville, ce qu’un médecin est pour le corps humain. Dans ce sens je me permets de faire référence au corps humain. En effet en urbanisme, quand on parle des différentes composantes de la ville, on parle de tissu urbain. Le tissu urbain est une métaphore qui fait référence au tissage que l'on retrouve dans le textile ou à la biologie. Et comme le corps humain, la ville un ensemble constitué de différents organes eux-mêmes composés de cellules (parcelles). Le cœur est le centre. Les veines sont les routes qui irriguent la ville. Par comparaison, vous verrez que chaque organe a un rôle précis et chaque organe est dépendant de l’autre. Quand l’un est malade l’autre risque à terme de l’être aussi. Et pour pouvoir rester en forme et en bonne santé il faudrait s’imposer à un moment donné un régime strict. C’est ce que les médecins appellent un corps sain dans un esprit sain. Manger sainement et pouvoir se soigner. Ainsi pour que l’ensemble reste sain il faut, au niveau du tout regarder de près les organes et les cellules. Mais parce qu’il y a toujours un MAIS, il faut les moyens. Ainsi pour le développement urbain et sa maitrise il y a le besoin de nouveaux instruments règlementaires, techniques et juridiques. Il faudra aussi adapter et organiser la gouvernance politique du développement urbain et je pense que l’Etat doit directement avoir cette compétence au regard de la difficulté des collectivités territoriale à faire aux défis. Et pour surmonter les obstacles la puissance publique qui doit, à un moment donné s’imposer pour faire avancer les choses. Enfin il y a nécessité de trouver les outils du financement du développement urbain. Pendant des décennies les pouvoirs publics ont laissé des propriétaires fonciers procéder à la création de lotissements qui tout en répondant aux besoins de la population qui abandonnée à son sort devait se débrouiller pour se loger. Ce qui a entrainé la situation que nous avons aujourd’hui. Mais ce que je trouve ahurissant c’est qu’on ait laissé des gens s’enrichir sans pourtant leur imposer une fiscalité contributive qui aurait pu permettre aux collectivités de pouvoir financer les services urbains provoqués par ces nouveaux lotissements. Je pense aussi qu’en réunissant une multiplié d’acteurs (société civile -élus – architectes – urbanistes – sociologues – paysagistes – agronomes – environnementalistes etc..) nous pourrons inventer le cadre et le schéma propre à nos besoins pour l’émergence d’une cité et de formes urbaines adaptées à nos réalités. C’est rassurant de voir la prise de conscience la société civile qui tout en s’impliquant activement dans la gestion de la cité demande légitimement des comptes aux autorités. Les politiques devraient saisir la balle au bond et en concertation avec tous les acteurs concernés ou définir de de nouvelles règles de gouvernance et de nouveaux instruments juridiques et opérationnels pour la gestion de la ville. Récemment je regardais le témoignage des acteurs de la SAMARIYA sur tout ce qui a été réalisé, par les habitants et pour eux-mêmes à travers cette structure et avec peu de moyens. Je reste convaincu que les meilleurs experts demeurent les citoyens parce que mieux quiconque ils connaissent les réalités et ont souvent les réponses.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes nigériens qui aimeraient se lancer dans des études en urbanisme ? Je les encourage fortement à se lancer d’autant plus que c’est une formation de second et troisième cycle qui est ouverte à de nombreuses disciplines. C’est pourquoi vous trouvez des architectes-urbanistes, des sociologues-urbanistes, des géographes- urbanistes etc. Les regards croisés permettent de trouver ensemble des solutions idoines. Aujourd’hui le Niger a besoin de spécialistes de la ville au regard de l’évolution de notre pays vers la citadinité qui est de plus en plus forte. Aussi ce seront les urbanistes qui permettront de protéger les espaces agricoles et naturels.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Nigériens qui voient en vous un modèle ? Personnellement je ne me considère pas comme un modèle. Mais je leur dirai de croire en leurs rêves, que les seules limites sont celles à l’intérieur desquelles on s’enferme soi-même.
Votre mot de fin. Je vous remercie profondément de m’avoir donné l’occasion de donner un avis sur un sujet très complexe. Mon propos, qui a été construit uniquement sur ma perception et mes impressions du développement urbain nigérien n’est pas forcément un diagnostic objectif. Il n’est qu’une modeste contribution sur un sujet très complexe et difficile pour les acteurs qui s’en occupent. Et je sais de quoi je parle. En effet comme un médecin à l’égard d’un patient, l’avis d’un urbaniste sur un lieu doit s’appuyer sur un diagnostic territorial basé sur des études précises. C’est seulement par ce biais qu’on peut identifier les maux dont souffre une ville et trouver les bons remèdes adaptés. Mais comme un médecin avec son malade, même si le remède est trouvé et qu’un régime strict est prescrit, pour qu’il soit guéri, il revient au malade d’appliquer rigoureusement ce régime. Aussi j’espère que les pouvoirs publics nigériens sauront trouver les maux et apporter les remèdes. Mais pour que ce processus de soin fonctionne il faudrait que les pouvoirs publics et les citoyens les appliquent. En effet le citoyen, pour ne pas dire le citadin demeure l’acteur principal de sa cité.
Docteur Amina Saidou : que devrait savoir les internautes de Niger diaspora en ce qui concerne votre parcours?
Je voudrais d’abord vous remercier pour cette occasion que vous m’offrez. Je suis nigérienne issue d’une famille de classe sociale moyenne. Deuxième enfant d’une famille de 10, je suis aussi mère de 3 beaux enfants. Je dois dire que l’éducation est de rigueur dans ma famille grâce à un père, paix à son âme, professeur d’anglais de formation et à ma mère sage-femme aujourd’hui à la retraite. Il faut dire aussi que, dès le bas-âge, je n’avais aucune possibilité de plaisanter avec l’école. Ainsi, au fil du temps, j’ai fait de ce dévouement pour les études, à la fois une conscience morale et professionnelle.
J’ai passé mon cursus scolaire de l’élémentaire au secondaire dans les villes du Niger : Dakoro, Zinder, Niamey, Tillabéry et Tahoua d’où je suis sortie enseignante de l’Ecole Normale Kaocen en 1990. J’ai commencé ma carrière d’enseignante du primaire à 18 ans. Voulant faire de mon père une figure emblématique, j’ai suivi ses traces.
A l’issue des concours BSC 1, BSC2 & CAP, je suis passée d’institutrice adjointe à institutrice en 1995.
Au primaire, j’ai enseigné de 1990 à 2003. En 2003, je suis retournée à l’Université de Niamey poursuivre mes études en Maîtrise d’anglais. De 2007 à 2009, j’étais professeur d’anglais au CEG Gaweye. C’est ainsi qu’en janvier 2009, j’ai bénéficié de la bourse américaine Fulbright pour poursuivre mes études aux Etats Unis. Malgré les tentatives de dissuasion de part et d’autre, compte tenu de mon statut de femme et mère, je suis restée déterminée dans ma quête du savoir.
Ainsi, j’étais en Caroline du Sud et en Pennsylvanie pour le programme intensif d’anglais et une seconde Licence en TESOL (Enseignement de l’anglais comme langue seconde).
Pouvez-vous vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora ? Que devrions-nous savoir sur votre parcours ?
D’origine et de nationalité nigérienne, je suis né au sein d’une famille aussi modeste que laborieuse. Mon parcours scolaire commence et s’étend essentiellement à Niamey. Il s’échelonne en effet, entre plusieurs lieux de savoirs de cette ville atypique du Niger.
D’ abord l'école Terminus II, ensuite le CEG 7, après le CEG1 de Tillabery, puis le CEG 6, et enfin le Lycée Issa Korombé. C’est dire, qu’avant d'aller poursuivre mes études d'Ingénieur en Algérie, Niamey a été mon socle d’apprentissage.
Cela dit, quand l’Algérie m’a accueilli, j’ambitionnais y faire à la base, des études en hydraulique. Par contre, stratégiquement, sur le formulaire d'orientation, j’avais marqué l’informatique comme premier choix. J’avais conscience du risque pris, mais je m’étais dit, qu’en raison de mes notes et de ma moyenne, l’on finirait par me classer dans la filière que je désirais fondamentalement : l'hydraulique. Evidemment, il ne s’agissait que d’une espérance plutôt incertaine, fondée notamment sur mes résultats d’après l'école préparatoire et les conseils de mes prédécesseurs en la matière. Mais finalement, contre toute attente, j'ai été retenu dans la filière Informatique. Comme quoi, nul ne peut échapper à son destin.
Photo avec les équipes du Bic à la journée des Banques au Sénégal
La Nigérienne de la semaine : Mme N’Zi Fati Hassane, cadre à l’Agence du NEPADBonjour, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Bonjour, je vous remercie de l’opportunité que vous me donnez de m’exprimer à travers Nigerdiaspora. J’ai hésité à accepter cette interview, mais je suis la première à déplorer le manque de visibilité et d’exposition des femmes africaines et nigériennes en particulier dans les medias. Pour y remédier, nous, femmes nigériennes devons également accepter de nous exposer un peu plus et de partager nos expériences. Et dernièrement en consultant votre site, je suis tombée sur le portrait de Jean-Luc Marcellin que je n’ai pas la chance de connaître par ailleurs, et je ne sais pas pourquoi, mais cette interview m’a encore plus touchée que celles que j’ai l’habitude de lire sur Nigerdiaspora et qui sont toujours très intéressantes. Donc si mon parcours peut retenir l’attention d’autres compatriotes comme moi-même j’ai été inspirée, je pense que cela vaut la peine profiter de vos colonnes pour parler de mon parcours. Je suis Mme N’Zi Fati Hassane. Je suis originaire de Filingué par mon père, Chikal plus précisément, même si ma famille paternelle s’est installée à Niamey, Zongo il y a quelques générations. Ma mère quant à elle est d’Abalak Tahoua, issue des Kel Aghlal. Je suis ingénieur statisticienne de formation, également titulaire d’un MBA. J’ai commencé ma carrière professionnelle en Europe au sein de l’un des acteurs majeur du conseil en stratégie et management et je suis actuellement au service de l’agence du NEPAD où j’ai été recrutée il y a bientôt trois ans en tant que Directrice de Cabinet du Secrétaire Exécutif. Je suis également en charge du Programme Compétences et Emploi des Jeunes. Je suis mariée depuis 16 ans et mère de 2 enfants.
Quel a été votre parcours académique ? Dans mon parcours j’ai eu une chance assez extraordinaire puisque mon père qui était fonctionnaire, a été affecté à l’Ambassade du Niger à Bruxelles à peu près au moment de ma naissance. La famille l’a donc rapidement rejoint et c’est ainsi que j’ai passé mes premières années en Belgique d’abord, au Canada, en France, avant de retourner au Niger à l’adolescence. Mes premières années de scolarité se sont donc déroulées à Ottawa, au Canada, et je pense que c’est l’une des expériences qui a grandement contribué à définir mon rapport au monde et à moi-même. J’y ai acquis une grande soif d’apprendre, et une solide confiance en mes capacités d’agir et d’influencer ma propre trajectoire. Ce sont certainement les outils qui ont par la suite permis mon parcours. Souvent j’aime glisser dans la conversation que j’ai fait le Lycée Kassai et le CEG Lazaret, ce qui est également vrai. Après mon bac C, j’ai intégré la faculté de Sciences Economiques et Juridiques de l’UAMD de Niamey, en sciences économiques. J’avoue que ce choix d’orientation était un choix par défaut, étant donné que pour différentes raisons, je me suis retrouvée sans autre option que l’Université de Niamey à la fin de mon lycée.
Comment voudriez-vous vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora ? Tout d’abord, je tiens à vous remercier pour l’excellent travail que vous faites en nous informant quotidiennement sur ce qui se passe dans notre pays et aussi en lui donnant une grande visibilité dans le monde. Ceci dit, je suis Ismaël Oumarou Issaka, étudiant nigérien en fin de cycle de Médecine à Cuba. Je suis également Coordinateur National de l'Union des Étudiants Africains (UEA-CUBA) à Cuba. J’ai une grande admiration pour certaines figures historiques d’Afrique et d’Amérique Latine comme Thomas Sankara, le père de la Révolution burkinabé, la célèbre reine Saraounia Mangou qui a lutté contre la pénétration coloniale française au Niger, le Général Seyni Kountché, le commandant Chavez au Venezuela et le leader de la gauche latino-américaine Lula Ignacio Da Silva. Je m’intéresse beaucoup à tout ce qui promeut et véhicule le panafricanisme, le vivre ensemble, l'entrepreneuriat et l'inclusion économique des jeunes au sein des communautés ou institutions étatiques.
L'UEA a pour principale mission de réunir, coordonner et représenter les étudiants africains. C’est aussi un espace privilégié de développement d’une série d'activités culturelles, scientifiques et sociales pour la promotion du continent, du panafricanisme à travers nos différentes communautés. Nous sommes en quelque sorte les ambassadeurs de nos pays dans cette partie du monde. C’est aussi un lieu de réflexion, de débats, de solidarité et d'échanges, notamment autour des questions comme la cause Palestinienne, l'épineux problème du Sahara Occidental (RASD), la pauvreté, l'emploi des femmes et des jeunes etc. Tout cela, pour permettre une formation intégrale des étudiants de toute filière, afin de préparer les élites de demain à mieux appréhender l'agenda 2063 de l'union Africaine et les objectifs du développement durable horizon 2030. Divers sujets relatifs notamment à l'intégration et à l’unité de l'Afrique, aux changements climatiques, aux conflits armés, aux violences basées sur le genre ou en politique, aux nouvelles technologies, à la mondialisation et à l'immigration sont aussi au centre de nos préoccupations.
Parlez-nous de la diaspora africaine et nigérienne de Cuba On compte plus de 8000 étudiants africains à Cuba. Ils sont issus de plus de 40 pays dont la grande partie vient de l'Afrique du Sud, de la République du Congo, de l'Angola, du Tchad ainsi que de la Namibie. Les étudiants nigériens sont au nombre de 21. Il y’a eu plus par le passé sur l'île. Il faut dire que nos compatriotes entretiennent d'excellentes relations avec les autres communautés africaines, caribéenne, de l'Amérique latine, de l'Asie, du Proche Orient ou de l'Amérique du Nord. Ils participent activement dans les différents espaces et imprime partout notre sens de l’hospitalité, de la solidarité, notre élégance et notre tolérance envers l’autre.
Mme Maïmou Wali Mme Maïmou Wali, pour commencer, voudriez-vous vous présenter aux lecteurs de Nigerdiaspora ? Je me nomme Mme WALI Maïmou, Promotrice du groupe de bénévoles Cercle.Dev chercheuse dans les domaines de conflits-radicalisation-extrémisme violent au Sahel.
Diplômée de l’Institut des Hautes Etudes Internationales en Développement de Genève, en Suisse, vous avez opté pour la spécialité « Politique et pratique des actions de développement ». Qu’est-ce qui vous a motivée dans le choix de cette spécialité ?
Passionnée des questions de développement, j’avais déjà complété un master2 en gestion des projets, ma spécialisation en « Politique et pratique des actions de développement » m’a permis d’acquérir plus de capacités et une vision plus globale des questions de développement.
Vous êtes l’initiatrice d’une association dénommée « Cercle.Dev ». Quels sont les objectifs poursuivis à travers la création de cette Association ? Après plus de 20 ans d’expériences dans le domaine de développement et un capital de pratiques de diverses approches, j’ai senti le besoin de me consacrer au partage et à la recherche action au niveau local. Pour moi, il fallait absolument baisser le regard pour exploiter le potentiel local et assoir une bonne base de développement en exploitant les compétences et ressources locales avec un focus sur la « Jeunesse » qui constitue un énorme potentiel.
Bonjour M. Albert Chaibou Comment voudriez-vous, vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora ?
Je suis journaliste nigérien mais aussi un communicateur spécialisé en Communication sociale pour le changement de comportement. Marié, père de trois enfants, Je vis à Niamey où je suis chargé de communication dans un programme sur le Droit à l’alimentation piloté par Alternative Espaces Citoyens avec le soutien de SOS Faim et Swiss Aid.
Parlez-nous de votre carrière de journaliste.
Ce sont les aboiements d’un « chien philosophe » qui m’ont conduit au journalisme. (Rires) Vers fin 1992, lorsque Moustapha Diop avait lancé le Paon Africain, le premier satirique nigérien, il y avait une rubrique dans le journal intitulé « Sity le chien philosophe ». Et comme j’étais un grand lecteur des journaux satiriques comme le Canard enchaîné français j’étais devenu du coup un abonné du Paon Africain où j’envoyais des courriers pour répondre aux propos du « chien philosophe ». Ma plume satirique et pleine d’humour va intéresser le Directeur de Publication du journal qui fera appel à moi pour étoffer son équipe de rédacteurs (c’est ce que Moustapha Diop me dira plus tard). Ce sera alors le déclic d’une longue et fructueuse collaboration et mon entrée avec fracas dans le monde du journalisme dont je rêvais tant. Après 25ans de carrière, je peux me réjouir de ce métier qui m’a fait découvrir le monde et une diversité des peuples, qui m’a permis d’avoir un carnet d’adresses assez fourni et surtout de me former et de me spécialiser dans le journalisme d’investigation, le journalisme sensible aux conflits et sur les questions migratoires qui sont d’une brûlante actualité. A mon tour, je forme aujourd’hui de jeunes journalistes. Il y’a quelques jours encore j’étais à Diffa où sévit Boko Haram, pour former des animateurs des radios communautaires sur le traitement de l’info en période de conflit, la conception d’émissions radiophoniques, l’écriture radio, leur rappeler les règles d’éthique et de déontologie du métier de journaliste etc.
Pouvez-vous nous parler de vos actions nationales et internationales ?
Au niveau national, j’ai exercé mon métier de journaliste en collectant, traitant et diffusant l’information. J’ai eu la chance de parcourir le Niger dans tous les sens. De Téra aux confins du désert du Ténéré, j’ai été au contact des réalités de ce pays. J’ai fait des reportages, participé à la réalisation de films documentaires etc. Pour un journaliste, c’est une belle expérience. Je n’aime pas le journalisme de bureau, j’aime être sur le terrain, être libre, dire sans déformer ce que je vois !
Sur un tout autre plan, j’ai eu à coordonner un projet de deux ans financé par l’Union Européenne portant sur la « promotion de l’éthique et le contrôle citoyen des médias au Niger »
J’ai représenté aussi avec mon ami et confrère Boubacar Diallo, la presse indépendante au Conseil consultatif, l’organe législatif de la transition politique que le Niger a connu en 2011.
Autres actions, c’est sans doute au sein des réseaux de journalistes et au sein de la Maison de la Presse où nous avions défendu la liberté de la presse et contribué à la formation des journalistes.
Au niveau international, mon action s’inscrit dans le cadre des organisations de médias ou des organisations de défense des droits humains auxquelles j’appartiens ou celles qui m’ont demandé mes services en tant qu’expert. Je crois que ce n’est la peine de citer toutes ces actions ici.
Ismaël Diallo à l’état civil, Ismo One de son nom d’artiste est un artiste nigérien vivant actuellement aux Etats Unis. Il est cité au Niger parmi les meilleurs musiciens du moment. Après milles et un sacrifice musicalement parlant pour ceux qui n’ont pas connu son véritable début, a pu au fil du temps conquérir le cœur des mélomanes nigériens. De tempérament calme et gentil, il surprend et impressionne déjà le monde de la musique moderne nigérienne car chantant en français, anglais, peul, haoussa et zerma dans un rythme typiquement africain. Une culture qui lui tient à cœur et qu’il veut à tout prix à travers ses sons à ce qu’on ressente ses origines dans sa musique. Ses opus traitent de plusieurs thèmes, mais avec un seul centre de convergence, l’amour, la paix des cœurs, des esprits et du vivre ensemble. Ismaël Diallo alias Ismo One nous parle de sa passion pour la musique, son concert réussi du 5 mai dernier au Palais du 29 juillet de Niamey et de ses tournées musicales.
Bonjour Ismo One : Comment voudriez-vous, vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora ?
Je me nomme Ismael Diallo aka Ismo One, aka Number One. Je suis un artiste rappeur, chanteur auteur compositeur Nigérien résident aux États Unis
Que représente la musique pour vous ? La musique c’est ma vie, une partie de moi, c’est ma passion, elle m’aide à me sentir bien, et me vide de tout stress. J’adore mon public nigérien, je me sens bien aimé et bien suivi, et mes sons sont bien accueillis. La musique, c’est ma voix, ma conviction, c’est de la pure passion, une mélodie. Depuis mes premiers singles, je ne passe plus inaperçu ». Mes débuts ont été certes difficiles en musique, et pour faire de cela une carrière j’ai beaucoup appris des grands chanteurs qui ont des voix remarquables, l’art est partout, on l’invente et on l’adapte à sa culture.
En musique, quelles sont vos thématiques de prédilection ? J’essaie d’être un artiste responsable et pour cette raison je ne dois pas chanter pour chanter uniquement. Je ne suis pas du genre à utiliser la musique pour heurter les gens. J’essaie de temporiser les séquences. Je déplore le fait que les gens foulent au pied certaines valeurs sociales, car de par mes constats, il manque dans ce bas monde l’amour, la paix et la joie. J’utilise cette musique pour véhiculer des messages, conscientiser les populations notamment les jeunes pour qu’ils laissent certains comportements qui ne sont pas conformes dans notre société. Mes sons, mes fans les aiment, et je les remercie pour cela, je ne chante que pour eux et je suis fier de l’amour qu’il me porte. Pour en juger je vous invite à faire un tour sur ma page YouTube et lisez les commentaires de mes fans. J’écoute d’abord l’instrumental et au fur et à mesure j’entonne les mélodies qui vont avec, souvent évocatrices tristes, romantiques, les joies, les peines font partie de notre quotidien. Tout un mélange de sons avec des rythmes variés issus de notre terroir. Ma musique est bien suivie en milieu urbain comme rural car chacun se sent concerné Nous sommes des artistes et nous devons vendre l’image de notre pays, j’invite mes frères artistes à donner de l’importance à la culture nigérienne, à la langue du terroir.
Quelles motivations vous ont poussée à vous lancer dans la musique? J’ai toujours rêvé d’être quelqu’un de spécial! J’étais entouré par des grands branchés qui écoutaient toutes les genres de musique, et tout était parti de la. La musique est un rêve que je nourrissais depuis ma tendre enfance, précisément à l’âge de treize (13) ans. En réalité, la musique fait partie de mon environnement familial. J’ai grandi avec des grands frères qui accordent beaucoup d’importance à la musique notamment la musique américaine, congolaise et malienne qui faisaient la pluie et le beau temps en ce temps-là.
Et comment avez vous eu l'idée de migrer vers les Etats-Unis? Cette question revient toujours lors de mes interviews, voyager est un pur plaisir, et étant nomade c’est ma vie comme ça, découvrir le monde si possible. Je suis peulh et un nomade ça voyage beaucoup.... Avant même d’être aux états j’ai vécu dans quelques pays africains notamment en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso et en Algérie. En Europe, j’ai séjourné en France, Espagne et en Suisse. Et enfin pour vivre et construire ma vie j’ai choisi les Etats-Unis, parce qu’ici nous sommes bien acceptés.
Quel regard portez-vous sur la nouvelle génération d’artistes nigériens ? Je la trouve inspirée et pleine d’énergie. Ils sont vraiment talentueux! Mais j’aimerais leur dire que le talent ne suffit plus pour avoir du succès. Les maisons de disques et les producteurs ne cherchent pas cela uniquement, il faut plus pour les convaincre. Je les invite plus à mettre l’accent sur la culture nigérienne en essayant de se démarquer. Toute mon inspiration se trouve dans tout ce qui se passe chez moi et autour de moi, dans le monde, mes chansons me ressemblent car elles évoquent ma culture, ma personnalité, mon identité et tout ce qui me touche spécifiquement. Pour être un artiste au complet on a besoin de trois choses à mon avis : la première c’est le talent, la 2ème c’est le travail bien fait, et la 3ème ce sont les moyens financiers.
Vous avez organisé tout récemment à Niamey, qui a connu une participation massive des jeunes. Quel effet cela a suscité en vous? Oui effectivement j’avais organisé un concert au palais des Sports en collaboration avec la boîte de communication NMM (Number One Music Management) Je dirais que c’est l’un de mes meilleurs concerts! Ça fait tellement plaisir de savoir que je ne fais pas la musique pour rien, ma carrière a beaucoup pris plus de l’ampleur, et aujourd’hui je suis un jeune qui par sa musique fait rêver toute une génération. Je remercie Dieu et mes parents pour leurs bénédictions.
Avez-vous rencontré des difficultés à vos débuts ? Comme tout début est difficile, mes débuts l’ont été mais sans compter avec la passion qui m’animait, elle était plus grande et a fini par prendre le dessus. Je parcourais des kilomètres à pied pour aller au studio et au concert. J’avais voulu abandonner un moment, mais il a fallu l’intervention d’un cousin qui m’a fortifié « Ismo One tu es un artiste, mets en valeur ton talent, ta voix perce et elle peut être acceptée dans tout le pays, fonce seulement. Je t’en prie n’abandonne pas ta passion en si bon chemin » et depuis j’ai toujours été constant dans la musique bien que ma vie n’est seulement pas de la musique....
Un projet à la conquête de la musique sur le continent ? En Afrique Dieu merci j’ai tissé beaucoup de relations comme je ne l’avais jamais imaginé, j’ai des représentants partout : en Cote d'Ivoire, au Cameroun, au Mali, au Burkina et en Guinée ... je suis régulièrement en contact avec des hommes de culture qui croient en moi et qui font ma promotion... Et sans oublier mon pays d’accueil, les USA où je suis avec des managers, des artistes avec qui on échange beaucoup et plein des projets sont en préparation pour une grande tournée africaine.
Vous êtes attaché à la culture nigérienne, particulièrement à la culture peulhe, vous utilisez la langue fulfulde pour passer des messages. Qu’est-ce qui explique cela? Il y’a un proverbe africain qui dit « un homme sans culture et comme un zèbre sans rayures » Ma culture, c’est mon identité, c’est ma force, c’est mon histoire ! Le Niger est un pays très riche en culture mais malheureusement c’est le seul pays en Afrique qui n’arrive pas à « partager » sa culture avec le reste du monde. La culture peuhle est unique, même ceux qui ne sont pas peulhs vivent de cette culture à travers l’art. Je parle et la maitrise très bien, Dieu merci, donc pourquoi ne pas ne pas l’utiliser pour toucher un grand nombre de fans surtout que c ‘est une langue parlée dans plusieurs pays africains. Et ma force, si je peux le dire c’est qu’il y’a très peu d’artistes rappeurs qui utilisent cette langue en Afrique. Un artiste doit être ouvert d’esprit, il doit chercher, fouiller partout, pour ça je voue un respect à l’artiste Yacouba Denke Denké du groupe Mamar kassay qui fait l’effort de chanter dans plusieurs langues du Niger. Un artiste ne doit pas être limité c’est mon point de vue. Aujourd’hui je chante en Haoussa, zarma, peulh, français et l’anglais et c’est un grand plus.
Avez-vous des projets ? Tout artiste a des projets bien sûr, oui j’en ai moi aussi des projets mais qui restent un secret à ne pas dévoiler pour le moment… Ismaël Diallo alias Ismo one
Docteur Mounkaila Garba KANANABonjour Docteur Mounkaila Garba KANANA : Comment voudriez-vous, vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora ? Je suis Docteur Mounkaila Garba KANANA de nationalité nigérienne, Chirurgien-Ophtalmologiste travaillant en expatriation, j’ai une solide expérience en gestion et planification des services de santé et en santé publique : assistance technique, maître de stage, chef service, coordonnateur de projets.
Parlez-nous de vos compétences médicales et managériales.
Après mon Diplôme d’État de Docteur en Médecine Générale obtenu à l’Université Abdou Moumouni de Niamey en 2000 puis à Katholieke Universiteit Leuven (KUL), Royaume de Belgique où je suis sorti en 2005 en qualité de médecin spécialiste en ophtalmologie.
Je dispose aussi d’un certificat international en Gestion et Planification des Services de Santé de l’Université Libre de Bruxelles (ULB), Royaume de Belgique en 2003 ; d’un certificat en Santé Publique de la Banque Mondiale, Washington 2009.
M. Abdoul-Aziz Kountché, Le Directeur Généal de la société Drone Africa Service
Bonjour M. Abdoul Aziz Kountché, Comment voudriez-vous, vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora ?
Bonjour, je m’appelle Abdoul Aziz Kountché et je suis une personne passionnée d’aéronautique et d’aéromodélisme. Titulaire d’une licence en pilote D’ULM et d’une License en Marketing et gestion commerciale, je suis également formateur en initiation à l’aéronautique, plus particulièrement sur le pilotage de drone et les systèmes d'information géographique (SIG). Je suis le fondateur et le Directeur Générale de Drone Africa Service (DAS)
Drone Africa Service est une entreprise spécialisée dans le travail aérien par drone (véhicule aérien non habité) . On effectue aussi du travail aerien par aéronef habité tels que les ULM. Notre cœur de métier reste l'usage pratique des drones civils dans le cadre du développement dans le sahel. Nous concevons et réalisons aussi des systèmes de drone en fonction de la demande du client.
Quelles sont les applications et usages des drones au Niger ?
Le Nigérien de la semaine : Professeur Khalid DjadoBonjour Professeur Khalid Djado : Comment voudriez-vous, vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora ? Tout d’abord, permettez-moi de vous remercier pour tout ce que vous faites pour tenir les nigériens informés. Je me nomme Khalid Maina DJADO, scientifique de formation. Je suis marié père de deux garçons de 4 ans et un an. Je suis un ancien élève du lycée Mariama de Niamey où j'ai obtenu mon Bac C en 1998. Je suis titulaire d’une licence en Mathématiques appliquées obtenue à l'université Sidi Mohamed Ben Abdellah à Fès au Maroc, d’un master en mathématiques et informatique de l'Université de Bretagne Sud en France, d’un Ph.D. en informatique avec un cheminement en imagerie et média numérique obtenu à l'Université de Sherbrooke au Canada. Je possède près d’une quinzaine d'années d'expérience en enseignement universitaire et en consultation dans les centres de recherche et entreprises canadiennes.
Depuis, je me suis plus engagé dans le domaine de la recherche appliquée, avec comme centre d’intérêt le développement des technologies applicables dans le monde industriel par le biais de propriétés intellectuelles brevetées ou brevetables.
Parallèlement à mes activités personnelles, j’enseigne actuellement au département de mathématiques et informatique à la faculté des sciences à l'Université Abdou Moumouni et je suis également professeur associé au département d’informatique à la faculté des sciences de l'Université de Sherbrooke au Canada. Le reste de mon temps, je travaille comme consultant en recherche et développement sur divers projets.
Parlez-nous de votre fonction actuelle de professeur à l’Université de Sherbrooke Le titre de professeur associé est différent de celui de professeur régulier. En tant que professeur associé à l'Université de Sherbrooke, je suis libre dans mes faits et gestes. Mon travail consiste principalement à participer à l’encadrement des étudiants dans les cycles supérieurs. Cette spécificité me permet de demander et obtenir des subventions auprès d’organismes canadiens pour des projets de recherche scientifique y afférent.
Nous allons commencer par vous demander de vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora. Je m’appelle Agali MAINASSARA TOMBOLOGI, né le 11 juin 1968 à Tillabéry. Mon père a servi la République du Niger comme Garde Républicain jusqu’à son décès le jeudi 18 novembre 1981 à Kollo. Je réside en France depuis Juin 2005.
Votre parcours académique, professionnel ! J’ai fait mes études primaires et secondaires à Niamey et Kollo. Après l’obtention de mon BEPC en 1986-1987, j’ai été victime de non orientation à cause d’une mauvaise note de discipline attribuée par un professeur d’éducation physique dont je tairai le nom.
Après une année sabbatique obligatoire, j’ai fait la capacité en droit en 1987-1988 avant de subir à nouveau la période sombre des années blanches juste après le décès de feu Général Seyni KOUNTCHE. Pour éviter de perdre beaucoup d’années désormais dans ce qui devient mon parcours atypique, j’ai décidé de faire une formation professionnelle afin de pouvoir subvenir très vite aux besoins cruciaux de ma famille sans ressources depuis que la mort a fait de moi à 12 ans orphelin de père en 1981. J’ai obtenu un diplôme d’opérateur de saisie et comptabilité informatique au centre de formation de CENETI à Lomé-Togo en 1989-1990. C’est par cette petite porte que je fais mes premiers pas d’abord à la SONIDEP, UGAN. J’ai par la suite eu l’opportunité de faire une licence en théologie et d’avoir une vie de prédicateur de l’évangile avant de revenir dans le monde des entreprises en 1997 en qualité de gestionnaire de stock puis gestionnaire comptable à la superette de Shell-Mali béro qui était alors en gestion directe par la compagnie SHELL .
Pour commencer, voudriez-vous vous présenter aux Internautes de Nigerdiaspora?
Je m'appelle Kadidiatou Moussa Soussou, je suis analyste technique en qualité logiciels, et je réside à Montréal, au Canada, depuis 2014.
Pouvez-vous nous édifier, un tant soit peu sur votre parcours académique?
J’ai fait mes études primaires et secondaires à Zinder, Kollo et Niamey. Après l’obtention de mon baccalauréat D au lycée Mariama de Niamey, en 1998, j’ai entamé mes études supérieures à l'université Arabe des Sciences en Tunisie où je suis sortie avec une maîtrise en informatique de gestion en 2002. Après quelques années d’expériences au Niger, j'ai décidé de reprendre les études pour booster ma carrière professionnelle. C’est ainsi que j'ai été admise à l'université de Rennes 1 en France où j'ai obtenu le Master 2 en informatique décisionnelle en 2013.
Et aujourd’hui, quelles sont vos expériences aussi bien au niveau national qu’international ? Au niveau national, après l'obtention de ma maîtrise en informatique en Tunisie, j’étais rentré au Niger où j'ai effectué deux années de service civique national au Ministère de la Fonction Publique. Par la suite, j'ai travaillé durant cinq ans dans une entreprise à vocation commerciale à Niamey. Je ne me sentais pas épanouie dans ce travail. Alors, ne voyant pas des opportunités d'évolution venir, j'avais décidé de prendre mon destin en main en pariant sur les nouvelles technologies à l'étranger.
Au niveau international, en France j'ai eu la possibilité de travailler et d’effectuer également des stages aussi bien dans des PME que dans des grosses firmes en informatique parmi lesquelles Docapost DPS, Claranet, Sopra Steria, etc.
Par la suite, tel un pigeon voyageur, j'ai décidé de m'installer au Canada où j'ai immédiatement trouvé un emploi dans mon domaine de formation..J'ai eu aussi l’opportunité de capitaliser des expériences très enrichissantes dans des sociétés de services en informatique (Sogema, Nexio, Fujitsu). Il faut dire que c'est un réel plaisir pour moi de travailler sur des logiciels utilisés en Amérique, en Europe mais également en Afrique (Nigeria, Sénégal, Mali etc.)
Bonjour Monsieur Noma Hamadou, vous êtes un des plus anciens ressortissants nigériens résidant à Bruxelles. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Je m’appelle Noma Hamadou. Issu d’une famille originaire de Sokorbé, je suis né à Niamey. Une ville dans laquelle j’ai également grandi, avant de quitter le pays, pour m’installer ici à Bruxelles, il y a 21 ans.
Vous avez été le premier Président des ressortissants nigériens vivant en Belgique, comment était donc la communauté nigérienne à votre arrivée ? Lorsque j’étais arrivé en 1996, la communauté nigérienne se composait essentiellement, à ma connaissance, d’étudiants et des employés de l’Ambassade du Niger en Belgique. Nous ne n’étions que quelques dizaines au total. Mais aujourd’hui, on estime à plus de 8000 le nombre de Nigériens résidant en Belgique.
Faisant partie des premiers membres de cette communauté, vous avez particulièrement accueilli beaucoup de Nigériens ! Tout à fait. J’ai accueilli et même hébergé beaucoup de Nigériens. J’étais comme un « mai samari » ou « sarkin zongo » à l’époque, à force de partager ma demeure avec les compatriotes, qui ne pouvaient aller nulle part à leur arrivée, car ne connaissant personne. Certains ne l’ont d’ailleurs pas oublié. Ils ont gardé le contact et demeurent très reconnaissants.
Installée en France depuis plus de vingt 25 ans, notre compatriote Amina Bello, après avoir suivi une formation en gastronomie à Paris, est aujourd’hui entrée dans la cour des grands en matière de gastronomie. En effet Amina est à la tête d’un restaurant de grand standing, dénommé ‘’African Lounge’’, situé dans le mythique Triangle d’or parisien, à quelques mètres des Champs Elysées et de la Tour Eiffel. Cette Ambassadrice de la gastronomie nigérienne s’est livrée à Nigerdispora.