La tradition orale a longtemps été le mode exclusif de transmission des connaissances dans nos pays. L’écrit n’est entré dans les mœurs qu’avec la colonisation. C’est probablement pourquoi, dans nos pays, on s’offre des libertés avec les documents administratifs. Et cela pose rarement des problèmes. Les rares cas de sanctions sont dus à la malchance et pire encore au fait d’être l’autre côté. Combien de nigériens ont, en cours de scolarité, changé d’identité ? Combien sont-ils, dont aucun parent ne sait ni lire ni écrire, à se retrouver avec des documents truffés de mentions inadéquates ou tout simplement fausses ? Des procédures de rectifications existent pourtant. Si beaucoup de nigériens ignorent ces procédures, d’autres les connaissent et les utilisent à bon escient et même à très bon escient. C’est à cela que fera penser une note de février 2020, de la direction des ressources humaines de la Direction Générale des Douanes, à l’attention du ministre des Finances. Un cadre des douanes, nommé en qualité de surveillant des douanes en 1986 et depuis inspecteur général, a introduit une requête de rectification. Sur l’arrêté de nomination, il est né vers 1958 alors même, selon la note, que les pièces jointes à son dossier de nomination de 1986 indiquent qu’il est né courant 1965. La procédure semble parfaitement normale. Le temps, trente quatre ans, mis pour demander la rectification semble, par contre, trop long pour ne pas éveiller quelques soupçons. Avec son grade, l’intéressé doit faire valoir ses droits à la retraite à 63 ou tout au plus à 65 ans. S’il est né vers 1958, son service s’achèvera en 2021. Avec cette rectification, il aura encore sept devant lui. Tout le problème est là. Mais on dit bien mieux vaut tard que jamais.
Affaire à suivre