{xtypo_quote} « Dans l’attente de la mise au point d’un vaccin, nous devons envisager des stratégies pour atténuer rapidement les effets dévastateurs sur nos économies, en particulier sur la vie des personnes vulnérables y compris en assouplissant les mesures de restriction et de confinement », déclare SEM. Issoufou Mahamadou{/xtypo_quote}

C’est aussi pour nos éminents experts, membres des task forces mises en place par le Président Cyril Ramaphosa, l’occasion de nous faire le point sur la mobilisation des ressources et sur la facilitation de l’approvisionnement du continent en produits de prévention et de traitement de la pandémie.

Excellences, Mesdames, Messieurs,

Permettez-moi de vous faire le point de l’évolution récente de la situation au niveau de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest(CEDEAO). Je voudrais rappeler  que dès le 23 avril  2020, les chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO ont tenu un sommet extraordinaire sur la pandémie pour faire le point de la situation épidémiologique dans la région, réaffirmer la solidarité régionale et continentale dans la lutte contre la pandémie, et convenir des principales stratégies pour la région en ce qui concerne la réponse à la pandémie.

Sous l’impulsion de Excellence Monsieur Muhammadu BUHARI, Président de la République Fédérale du Nigéria, Champion de la Lutte contre la COVID-19, désigné par la Conférence des Chefs d’Etat  et de Gouvernement de la CEDEAO pour  assurer une coordination de haut niveau, trois Comités Ministériels de coordination ont été mis en place à savoir (i) le comité Santé, (ii) le comité Finances, et (iii) le comité Transport et Commerce. Ces comités ont tenu une série de rencontres virtuelles et formulé des recommandations pour guider les décisions des chefs d’Etat et de Gouvernement.

Concernant la situation épidémiologique, à la date du lundi 17 août 2020, notre région a enregistré 148 831 cas confirmés de COVID-19  dont  27 316 cas actifs et malheureusement 2 231 décès, soit un taux de mortalité de 1,50 %. L’espace CEDEAO représente donc au niveau continental, 13,2 % du nombre total de cas confirmés, 10,4 % des cas actifs et  8,7 % du nombre total de décès.   Cinq pays : le Nigeria, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et la Guinée  représentent ensemble 87 % du nombre total de cas d’infection au COVID-19 diagnostiqués dans l’espace CEDEAO.  Cependant, la région connait une baisse continue du nombre de cas nouvellement confirmés, avec une diminution hebdomadaire régulière depuis les trois dernières semaines. Au Niger avec 1167 cas confirmés nous enregistrons 69 décès et 16 patients sous traitement au 19 Aout 2020. La situation dans l’espace CEDEAO est donc sous contrôle mais nous continuons à rester vigilants.

Permettez-moi de saluer la détermination des gouvernements et des populations des États membres de la CEDEAO à juguler cette pandémie grâce aux nombreuses stratégies et actions concertées, coordonnées, globales, déployées aux niveaux national et régional, en collaboration avec nos partenaires. En effet, chacun des Etats membres, a déployé des interventions clés en matière de santé publique qui ont consisté entre autres à la mise en place de comités de coordination ministériels multisectoriels de haut niveau, à  l’activation des centres d’opérations d’urgence, au renforcement des initiatives de communication sur les risques, à la mise en place de stratégie de dépistage, de traçage et de traitement, et à l’activation d’une capacité d’intervention rapide pré-planifiée aux fins de renforcer les capacités tant au niveau des ressources humaines que des infrastructures. Ces interventions sont réalisées avec la participation des gouvernements, du secteur privé, des volontaires, de la société civile et des organisations non gouvernementales, avec l’appui considérable des partenaires. Au niveau régional, la CEDEAO, à travers l’OOAS, ne ménage aucun effort  pour renforcer la réponse à la pandémie de COVID-19 :

  • en coordonnant la communication et la collaboration entre les États membres, et entre la région et les partenaires ;
  • en fournissant à chacun des États membres,  des équipements médicaux vitaux notamment des kits de tests de diagnostic ;
  • en adoptant des directives de santé publique ;
  • en décidant d’un financement ciblé pour les besoins spécifiques des pays ;

En mettant en place des formations approfondies pour renforcer les capacités humaines.

Bien que la pandémie semble se stabiliser dans l’ensemble de la région, il est très difficile de prévoir son évolution. Nous pourrions être amenés à vivre avec cette pandémie pendant un certain temps encore. En l’absence d’un vaccin, il ne nous reste qu’à observer, à court et à moyen termes, les mesures barrières, de confinement et des mesures non pharmaceutiques. L’Afrique doit constituer un front uni pour faire un plaidoyer en faveur d’un accès équitable aux vaccins lorsqu’ils seront disponibles.

Nous continuons à nous approvisionner localement en fournitures médicales telles que les masques et autres équipements de protection individuelle, les désinfectants et tous les médicaments fabriqués dans la région, afin d’atténuer l’impact des mesures de confinement et de restriction.

En ce qui concerne l’impact socioéconomique de la pandémie nous  avions pensé que le scénario le plus probable était  celui de la fin de la pandémie en juin 2020. Dans ce scenario, les conséquences économiques, quoique difficile pourraient se traduire par un ralentissement de la croissance de nos Etats. Au niveau de la CEDEAO, nos prévisions étaient que le taux de croissance initialement prévu à 3,3% serait ramené à 2%.

Avec la persistance de la pandémie ce scénario n’est plus d’actualité. Nos pays s’enfoncent progressivement dans la récession. L’économie de notre communauté connaitrait une contraction estimée à -2,1% pour l’année 2020.  Les conséquences pour nos Etats, déjà confrontés à d’autres défis tels que l’insécurité, sont dramatiques et portent notamment  sur la  baisse des recettes fiscales, un déficit budgétaire important, une détérioration des secteurs sociaux de base, un accroissement du chômage, bref une aggravation de la pauvreté.

Dans l’attente de la mise au point d’un vaccin, nous devons envisager des stratégies pour atténuer rapidement les effets dévastateurs sur nos économies, en particulier sur la vie des personnes vulnérables y compris en assouplissant  les mesures de restriction et de confinement. Nos États membres ont adopté des mesures économiques visant à prévenir la faillite généralisée des petites et moyennes entreprises.

Toutes les options sont étudiées, y compris les avantages fiscaux, les prêts sans intérêt et les filets sociaux pour soutenir nos économies.  Nos comités ministériels de coordination multisectorielle de lutte contre la pandémie de COVID-19 au sein de la CEDEAO ont convenu des directives et des protocoles en ce qui concerne la circulation des biens et des personnes lors de la réouverture de nos frontières. Il est important que nous accélérions la mise en œuvre des mesures pour parvenir à une relance progressive et coordonnée des activités économiques. C’est le lieu de me féliciter de la mobilisation de 28 millions de dollars sur les 37 millions de dollars prévus par le plan de riposte régional.

Suite aux démarches de la task force sur la mobilisation des ressources des réactions positives sont enregistrées de la part de nos partenaires. C’est ainsi que des annonces de financement ont été faites en faveur de nos pays à hauteur de 40 milliards de dollars dont 15,3 milliards déjà décaissés. L’Afrique doit chercher notamment à avoir une part plus importante dans la répartition de l’augmentation des droits de tirages spéciaux du FMI. Permettez-moi de féliciter les membres de la Task force pour les résultats obtenus.

Une autre conséquence de la COVID 19 est le retard enregistré dans la mise en œuvre du programme de la ZLECAf,  pour lequel nous avions prévu un démarrage des échanges en 2020. Grace à l’appui du Président Nana Akufo Addo qui a mis à la disposition de notre commission un bâtiment de grand standing et une dotation budgétaire initiale, le Secrétariat Exécutif de la ZELECAf est installé à Accra et est opérationnel, ce qui laisse espérer  une accélération des travaux de nos experts, de nos négociateurs et de nos Ministres en charge du commerce ainsi qu’un  démarrage effectif des échanges en 2021. En ma qualité de champion de la ZLECAf, je tiens à remercier le Président Nana Akufo Addo et à remercier le Gouvernement et le peuple ghanéens pour ce geste généreux témoignant de l’engagement du Ghana en faveur d’une intégration véritable du continent.

Pour conclure, permettez-moi de saisir cette occasion pour exprimer ma profonde et sincère gratitude à tous nos partenaires, et ils sont nombreux,  pour leurs appuis au niveau régional et au niveau de chacun des États membres. Cependant, qu’il me soit permis, au nom de toute la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, de remercier mon frère, Son Excellence le Président Muhammadu Buhari, le Champion de la CEDEAO pour la lutte contre la pandémie de COVID-19 pour ses conseils portant sur les efforts de réponse régionale, et pour l’important appui logistique offert à la CEDEAO et à l’OOAS.

Ce matin j’ai eu à présider une visio-conférence des Chefs d’Etat de la CEDEAO sur le coup d’Etat intervenu le 18 Aout 2020 au Mali, coup d’Etat qui va certainement compliquer la gestion de la COVID19 dans ce pays. La visio-conférence a pris des mesures fortes pour le retour à l’ordre constitutionnel. Je ne doute pas du soutien de l’UA dans la mise en œuvre de ces mesures.

Ensemble, nous vaincrons cette pandémie sur notre continent et reconstruirons nos économies pour un avenir meilleur.

Je vous remercie de votre aimable attention. »