Troisième vérité, c’est le trafic de drogue qui finance le terrorisme et la France, tout comme nous, sait que des personnes notoirement impliquées dans le trafic de drogue sont, sinon protégées par Niamey, du moins tolérées. Les activités prospèrent à mesure que nous comptons nos morts. Niamey a facilité combien de libérations d’otages ? Allez demander à Mohamed Bazoum, aspirant à la magistrature suprême, quel est le lien dynamique entre les narcotrafiquants et les terroristes.

Quatrième vérité, y a-t-il un pays plus dangereux que celui dans lequel des individus peuvent détourner, en toute impunité, des fonds destinés à la défense du pays ?

Y a-t-il un pays plus dangereux pour les citoyens que dans celui où des individus peuvent, impunément, se livrer à la vente d’une école publique à un promoteur privé ? La sécurité, pour les citoyens d’un pays quelconque, c’est d’abord dans les rapports entre les gouvernants et la chose publique. Si, au Niger, des personnes peuvent se lever, un beau matin et décider de vendre, carrément de vendre une école publique à un privé étranger pour mieux faire prospérer ses affaires, elles peuvent tout autant vendre une portion du territoire. Y a-t-il un pays plus dangereux que celui dans lequel les gouvernants sont prêts à tout concéder ?

Le triste sort réservé à l’école Terminus II, cédée à une université privée suisse, est un acte de haute trahison et les Nigériens doivent comprendre qu’ils sont effectivement dans un pays dangereux. Si la France a colorié leur pays en rouge, c’est parce qu’il n’y a pas d’autres autorités que celles de la France pour décider du territoire nigérien. Les preuves foisonnent comme têtards dans un étang.

Au Gabon, au Burkina Faso, au Mali et je ne sais où encore, il y a eu des attaques terroristes en plein jour qui ont coûté la vie à des occidentaux, mais la France n’a pas jugé opportun de colorier totalement ces pays en rouge.

Lorsque Issoufou Mahamadou est arrivé au pouvoir, il a remis en cause les accords miniers signés avec Areva sous Tanja Mamadou, accepté le renvoi aux calendes grecques du projet Imouraren, la fermeture des sociétés Somaïr et Sonichar, installé des bases militaires étrangères sans même consulter l’Assemblée nationale, pourtant acquise à sa cause, etc. Il y a même, au nom d’une lutte commune contre le terrorisme, des officiers français qui siègent avec les autorités nigériennes, dans la salle du conseil des ministres, l’espace suprême de la souveraineté nationale.

L’attaque de Kouré et les mesures prises par la France sont également là pour expliquer aux Nigériens que ce sont plutôt les gouvernants actuels qui doivent focaliser leur colère, pas la France qui ne prend que ce qu’on veut bien lui donner. Jusqu’au samedi, en tout cas, ce sont des barbouzes français qui font les contrôles des véhicules à l’entrée de Kouré. Que dire de la prestation médiocre du ministre de l’Intérieur, Alkache Alhada ? Interrogé par France 24 sur le fait de voir son pays dépeint en rouge par la France, il n’a rien trouvé à dire qu’ils souhaiteraient que les autorités françaises revoient le cas du Niger d’autant que, dit-il, des pays qui sont dans des situations moins favorables n’’ont pas eu cette sanction sévère de la France. Il n’a ni contesté ni défendu le fait que le Niger ne peut accepter une telle chose de la part de la France. Il a souhaité que…

Lorsque Paris a été coloriée en rouge par les Etats Unis à travers Fox news, les autorités françaises ont immédiatement réagi, non pas pour souhaiter que les Etats Unis soient plus indulgents, mais pour contester et protester. La maire de Paris, Jeane Hidalgo, a même parlé de mensonge et précisé qu’au nom de l’honneur de Paris et des Parisiens, elle ne peut laisser passer qu’on abîme l’image de Paris, c’est pourquoi, par delà les excuses de Fox news, elle a décidé d’attaquer Fox news en justice. Telle est la posture de gouvernants responsables. Chez nous, on supplie presque la France d’être indulgente.

En un mot, la France n’est pas coupable. Les coupables, vous les avez chez vous, à côté de vous et vous savez parfaitement ce qui les fait courir. S’il y a faute dans la situation du Niger, ce sont eux qui en portent la responsabilité, pas les autorités françaises qui travaillent pour la France et non pour le Niger.

BONKANO