Selon l’article 91 de la loi électorale en vigueur, « avant l’ouverture de la campagne, tous actes de propagande électorale déguisée, toutes manifestations ou déclarations publiques de soutien à un candidat ou à un parti politique ou coalition de partis politiques, faits directement ou indirectement par toute personne, association ou groupement de personnes, quels qu’en soient la nature ou le caractère, sont interdit. ». Malgré la fermeté de cette disposition du code électoral dont il est par ailleurs le maître d’ouvrage, Mohamed Bazoum, le président et candidat officiel du Pnds à la prochaine élection présidentielle n’a pas hésité à entreprendre un périple électoral. Un périple électoral qui l’a conduit à Tillabéry, à Dosso, à Tahoua, à Maradi et au terme duquel, dit-il, il compte faire toutes les communes du Niger. « Et on verra bien celui qui m’en empêchera », a-til déclaré en substance. La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) dont le président, Issaka Souna, s’est évertué, récemment, à rassurer sur la crédibilité du processus électoral, est pris sur le fait. Incapable de prononcer la moindre protestation, à plus forte raison opposer la loi à Mohamed Bazoum dont on le dit très proche par ailleurs, Issaka Souna sait, selon des sources proches des milieux de la Ceni, qu’il brasse de toute évidence de l’air, sans la moindre possibilité de convaincre. Quant au Conseil supérieur de la communication (Csc), il fait le mort, sans aucune intention d’assumer ses responsabilités légales. Suivant la loi électorale, ce sont le ministère de l’Intérieur et le Csc qui sont chargés de l’application, stricte, précise la loi électorale, de cette interdiction. Face à un Mohamed Bazoum qu’on laisse faire, en violation flagrante de loi électorale, plus personne ne se sentira en devoir de se plier à la loi.
« Pour les élections régionales et municipales qui doivent se tenir le 13 décembre 2020, la campagne électorale est ouverte dix (10) jours avant le jour du scrutin et close l’avant-veille à minuit », liton à l’article 90. Il est par ailleurs précisé que « toute propagande électorale en dehors de la période ainsi fixée est interdite ». Mohamed Bazoum est donc en porte-à-faux avec la loi électorale dont il est le chantre. Dès lors, le discours de la Ceni quant à la crédibilité du processus électoral est fortement mis en doute. Les faveurs manifestes dont jouit Mohamed Bazoum dans la transgression de la loi électorale sont autant de points d’appui pour le CCR-Karial Mutunci Kassa et le CAP/2020-2021 qui viennent de voir le jour dans le cadre de la lutte pour la restauration de la démocratie et des valeurs de la République. Le premier cadre, hétéroclite, regroupe des partis politiques, des syndicalistes, des associations et des personnalités indépendantes tandis que le second fédère strictement les fronts de l’opposition pour une alliance électorale et une gouvernance axée sur un programme commun, apprend-on. Face à un Mohamed Bazoum qu’on laisse faire, en violation flagrante de loi électorale, plus personne ne se sentira en devoir de se plier à la loi. Le candidat Bazoum ouvre ainsi la voie à l’anarchie, source de déstabilisation certaine. Il suffit que les adversaires politiques, qui ne sont pas de moindre calibre, répondent du tic au tac pour que la situation soit ingérable. Malgré tout, le Csc et le ministère de l’Intérieur à la tête duquel trône un très proche du Président Issoufou Mahamadou, se gardent de la claquer. Peur d’être limogé ou complicité avérée ? Les Nigériens, eux, les observent et ne manquent pas de considérer leur mutisme comme une collusion avec le candidat Bazoum.
L’autisme dont fait montre Mohamed Bazoum dans la transgression de la loi électorale n’est pas de bon augure
Face à l’autisme dont fait montre Mohamed Bazoum qui refuse de se soumettre à la loi, les acteurs engagés dans la lutte pour la restauration de la démocratie auront un bel alibi pour s’affranchir de la loi et agir comme bon leur semble. S’il est évident que le candidat du Pnds n’offre pas une belle image d’aspirant à la magistrature suprême en piétinant déjà les lois de la République, il est tout aussi évident que ses actes et ses discours risquent fort d’enflammer un climat sociopolitique déjà tendu.
Laboukoye