Mais plus que ces moments festifs, c’est le temps des discours politiques qui se sont succédé qui a été le point culminant de la célébration. Le premier à intervenir, Oumarou Dogari assurant l’intérim de Soumana Sanda, Coordonnateur de Niamey, avait choisi d’être bref pour ne s’en tenir qu’à souhaiter la bienvenue aux militants du FRDDR à cette activité qui est d’une portée symbolique évidente quand on sait le contexte de crispation politique dans lequel vit le pays quand tous les Nigériens, comme pris dans une nasse invisible, se complaisent dans un silence complice, passifs et masochistes à accepter le sort malheureux qui est le leur aujourd’hui.
Puis l’honneur a été fait au FRDDR dont le Président, M.Amadou Djibo dit Max, devait prendre la parole pour s’adresser aux militants du Moden Fa Lumana mais également à l’ensemble des militants de l’opposition, pour ne pas dire à tous les Nigériens dont la conscience est interpellée face à la dérive actuelle et au chaos irréparable vers lequel conduit une Renaissance à bout de souffle. Il rendra d’abord hommage au parti au cheval ailé dont il rappelle la grande épopée, faisant remarquer qu’il n’y a plus que ce parti vers lequel les Nigériens se tournent, voyant en lui le dernier espoir quand le socialisme a montré ses limites et a déçu. C’est donc pourquoi, le parti de Hama Amadou doit travailler à consolider sa cohésion pour ne pas décevoir, cette espérance nouvelle qu’il porte pour le Niger. C’est sans ambages qu’il a rappelé l’impérieuse nécessité à savoir gérer avec tact la communication sur les réseaux sociaux. Il a donc attiré l’attention des uns et des autres à éviter ces propos qui peuvent porter un coup à la cohésion d’un parti plein d’avenir. Il a fini, dans la profondeur de son message, par rassurer, tout en souhaitant joyeux anniversaire aux militantes et militants du Moden Fa Lumana, du soutien des partis membres du FRDDR dans les épreuves et dans la lutte qu’ils mènent ensemble pour sauver un pays des griffes d’un socialisme prédateur. C’est un tonnerre d’applaudissements qui a salué les paroles empreintes de sagesse, de mesure, d’un homme dont la magnanimité unanimement reconnue reste une valeur peu partagée finalement par la classe politique nigérienne plus portée sur le profit, sur de viles considérations alimentaires, clientélistes. L’échec du socialisme a reconfiguré les schémas politiques et conduit vers une bipolarisation qui place l’opposition incarnée par le Moden Fa Lumana et ses alliés dans le FRDDR dans une position d’alternance qui peut sauver un pays au fond du gouffre.
Ce fut ensuite au tour du président par intérim, M. Noma, de prendre la parole pour évoquer les péripéties du parcours du parti et dresser un tableau sans complaisance de la situation générale du pays, un pays qui va mal. Il rappelle d’abord les circonstances dans lesquelles est né le Moden Fa Lumana. Le parti est né, rappelons-le, dans la douleur, dans l’épreuve vécue stoïquement, endurée dans le sentiment de l’injustice, dans la haine et la jalousie morbide. Harcelés, persécutés, arrêtés, humiliés, emprisonnés, victimes d’exclusion, face à toutes les tares de notre société, le Moden Fa a résisté, refusant de céder à la stigmatisation, à la blessure qu’elle subit tous les jours, par la méchanceté d’hommes de Gauche qui ne pouvaient pas voir de frontière entre ″adversaire″ et ″ennemi″. Quand dans une société, il n’y a plus qu’un homme qui dérange sans que cela ne soit sous-tendu par des raisons défendables, moralement tolérables, alors elle ne peut que vivre de tels malaises, de telles déchirures, de telles blessures dont la suture, même lorsque la plaie n’explose pas, pourrait être délicate au point qu’une main même habile ne puisse réussir que difficilement la chirurgie. On comprend d’ailleurs que dans le pourrissement actuel, des investisseurs, n’aient pas l’audace dans un tel pays qui pourrait, dans la gestion belliqueuse de ses princes, basculer dans un chaos irréparable, d’investir des capitaux dans un environnement instable, non apaisé, fait de bousculements, de harcèlements. Peut-être aussi, faut-il y voir, les raisons pour lesquelles depuis quelques jours, des voix venant de la périphérie du pouvoir, appellent à l’apaisement, à la réconciliation des acteurs politiques pour aider les Nigériens à se retrouver pour reconstruire un pays tombé trop bas quand il devait perdre sa cohésion légendaire bâtie brique après brique par les prédécesseurs, lorsqu’il devait perdre par les perversités de socialistes cupides les valeurs de probité, de dignité, de rigueur, de tolérance, de grandeur qui l’ont toujours distingué et par lesquelles, l’homme Nigérien, partout dans le monde, était respecté. C’était le patrimoine qui fondait notre orgueil, hélas aujourd’hui mis à mal. Face à ces déchirures et ces pourrissements, Les Nigériens et les démocrates peuvent regretter que l’Amérique et la France, à travers leurs représentations au Niger, passifs, s’ils ne sont d’ailleurs complices, n’aient jamais essayé de désamorcer la crise, de tenter des actions pouvant apaiser pour éviter le pire à l’abri duquel, finalement, les sagesses d’une opposition et surtout de son leader, Hama Amadou, devaient mettre le Niger en avant pour lui éviter des turbulences aux issues incertaines. C’est pour dire que né dans les situations les plus difficiles, Le Moden Fa Lumana, poursuivra son aventure dans la douleur, quand d’autres et notamment les socialistes ne peuvent s’accommoder de son ascension en multipliant les brimades contre ses responsables diabolisés, presque reniés dans la nation.
Après ce rappel du parcours atypique du parti de Hama Amadou, le président par intérim s’est réjoui que les militantes et les militants aient pu tenir dans l’adversité la plus inique qui soit dans une démocratie pour saluer leur engagement inébranlable, leurs audaces, leur don de soi. Puis, il rappellera les conditions dans lesquelles se sont passées les dernières élections générales qui avaient été une mascarade qui a renforcé davantage les divisions au sein de la classe politique nigérienne et qui a honni et humilié notre démocratie. Les trucages, les vols, les bourrages, les falsifications que la classe politique avait d’ailleurs unanimement décriés, n’ont pas empêché que le parti se hisse au deuxième rang de l’échiquier national tout en donnant une vision surdimensionnée de la taille surréaliste du parti présidentiel qui ne pouvait pour aucune raison objective avoir une telle ascension quand partout dans le pays on se plaint si ce n’est pour assoir le « coup K.O » qu’il avait voulu réaliser en usant de faux. Pour l’Opposition il n’y avait pas eu d’élections quand, le pouvoir s’est refusé tout consensus ainsi que cela avait toujours été fait dans le pays, et pire, pour gagner une élection, il avait fallu pour le président candidat sortant et son système mis en place d’emprisonner l’adversaire qu’il craint le plus et dont il peut avoir peur d’avoir un face-à-face avec lui pour permettre aux Nigériens d’apprécier en toute indépendance, les projets que chacun porte le pays. Les conditions opaques de ces élections qui ont jeté un grand doute sur la réélection du camarade président, ne pouvaient lui donner des fiertés à se pavaner dans le monde, car mal élu, il n’avait aucun idéal à vendre dans le monde sinon peut-être que de parler de terrorisme, et de migration. Cette plaie béante de notre démocratie qui a bénéficié de l’indulgence et de la complicité de puissances extérieures qui se sont abstenues de dénoncer la mal, restera ouverte tout le temps que l’on restera à jouer à l’hypocrisie pour faire croire que l’on vit dans un pays normal quand les malaises ne font que se renforcer.
L’autre point de mire du discours du président par intérim, a consisté à rendre hommage aux différentes forces du parti. Les femmes Lumana, les phénix, les jeunes et la vaillante diaspora qui ont toujours été de tous les combats avec un rare engagement. Ces hommes et ces femmes qui n’ont jamais rien demandé, rien exigé, qui n’ont jamais monnayé leur soutien, prêts à répondre à tout instant à l’appel du parti, forment l’étendard, la force incorruptible d’un parti qui est né dans la lutte et dans l’inconfort politique. Le président par intérim ne pouvait que saluer leur fidélité aux idéaux du parti, à la personnalité qu’incarne Hama Amadou. On a beau aimer « isoler » Hama Amadou comme l’avait du reste promis l’ancien ministre de l’Intérieur, aujourd’hui au cœur d’un scandale immense, on a beau aimer éteindre la flamme Lumana brillant de ses mille feux, le parti poursuit sa montée fulgurante, tenant allumée, toujours ravivée, la mythique flamme d’un parti dont la force réside dans l’effort et le sacrifice que ses militants consentent librement, volontairement, convaincus que ce qui les motive est le NIGER, convaincus que Hama est l’homme des situations difficiles.
Mais, il rappelle que le combat n’est pas fini, que le temps n’est pas à baisser les bras quand les incertitudes se renforcent et que l’horizon pour le pays semble hélas bouché. Il n’y a donc plus de répit dans la lutte politique que les Nigériens mènent depuis des années. Au contraire. Plus que jamais, les militants du parti en particulier, et de l’Opposition en général, doivent être debout pour défendre la démocratie menacée. Il s’agit donc d’un combat noble face aux dérives et à aux crises multidimensionnelles qui interpellent tous les Nigériens par delà les tendances politiques dont ils peuvent se réclamer car il est avant tout question de la survie du pays, de la santé de sa démocratie, pour se remobiliser afin de sauver un pays au bord de la faillite.
C’est le message du président du Parti, Hama Amadou, adressé aux militantes et aux militants de son parti à l’occasion de cet anniversaire, qui annonce l’espérance qui se dresse au bout de ce long combat. Pour finir ce message en effet, il rassure pour ne pas désespérer, rendant hommage à tous les Nigériens, que « Le meilleur est devant nous ».
DJANGO
20 mai 2017
Source : L'Actualité