Le congrès d’investiture du président du parti d’Amin- Amen, Omar Hamidou Tchiana, le samedi 29 août 2020, a été l’occasion saisie par le chef de file de l’opposition politique, Hama Amadou, de faire une rentrée politique tonitruante. Invité à prendre la parole, le président du Moden Fa Lumana Africa a pratiquement volé la vedette au désormais candidat investi d’Amin-Amen. Dans un discours fortement applaudi par des milliers de personnes massées dans une salle du palais du 29 juillet remplie et surchauffée, Hama Amadou a abordé toutes les questions de l’heure. Le processus électoral et les tendances affichées par une volonté inébranlable du Pnds d’imposer les règles de jeu à sa guise a particulièrement retenu l’attention de l’orateur du jour. « Le Pnds Tarayya, a-t-il dit, ne peut nous imposer son candidat comme président de la République », tout comme « il ne peut pas violer, au vu et au su de tout le monde, violer les lois de la République, violer le code électoral qu’il a lui-même conçu sans que personne ne dise quoi que ce soit, Mohamed Bazoum se balader à travers le Niger tout seul, distribuant des milliards ». Les couleurs sont lancées et l’opposition au régime actuel prendra sans doute sa forme dans les prochains jours.

L’appel de Hama Amadou aux Nigériens pour un combat sans merci contre le régime actuel

L’appel lancé par le chef de file de l’opposition à l’endroit des Nigériens de tous bords politiques, des organisations de la société civile ou des associations, vise à créer la synergie nationale pour faire face à la volonté du pouvoir en place d’imposer un processus électoral répondant à ses desideratas. Hama Amadou a surtout expliqué qu’il y a, au regard du mal que les Nigériens, dans leur ensemble, subissent, un impératif à se lever, tous ensemble, pour mettre un terme à la situation qui prévaut actuellement au Niger. Une situation qui risque d’empirer, les tendances affichées dans la conduite du processus électoral étant loin de rassurer.

Pour le moment, on n’en sait pas plus sur le mouvement qui vient de naître. Ni l’appellation qui lui sera donnée, ni ses objectifs, encore moins le directoire.

Cet appel de Hama Amadou a-t-il été entendu ? On peut le croire. Le lendemain de cette rentrée politique du chef de file de l’opposition que l’on doit à Amen-Amin et à son président qui lui ont offert l’espace et l’opportunité, un mouvement réunissant partis politiques et organisations de la société civile dans une nouvelle dynamique de lutte contre la mauvaise gouvernance au Niger. S’il est vrai que la gestation de ce mouvement ne s’est pas faite du jour au lendemain, il reste qu’elle a sans doute été boostée par l’adresse de Hama Amadou au congrès d’Amen-Amin. Pour le moment, on n’en sait pas plus sur le mouvement qui vient de naître. Ni l’appellation qui lui sera donnée, ni ses objectifs, encore moins le directoire.

Après le ca du Mali, il sera difficile, voire hasardeux de vouloir empêcher les Nigériens de manifester dans la rue leurs désaccords vis-à-vis de la malgouvernance et de la conduite du processus électoral actuel.

Le combat politique, à quelques trois mois des élections locales, va, donc, connaître un tournant décisif. La décision, unilatérale, du pouvoir en place de renoncer aux cartes d’électeurs biométriques et d’opter pour des cartes qu’ils disent sécurisées, est de nature à précipiter un conflit pressenti de longue date. Mohamed Bazoum est en campagne électorale, distribuant beaucoup d’argent que l’on estime à coups de milliards de francs CFA. Les chefs traditionnels sont particulièrement visés dans cette distribution systématique de sommes d’argent. Cet état de faits risque d’envenimer la situation, le mouvement naissant ne pouvant comprendre et accepter qu’on lui interdise de manifester. Ce qui a prévalu au Mali voisin est encore dans l’esprit des Nigériens et il sera difficile, voire hasardeux de vouloir les empêcher de manifester dans la rue leurs désaccords vis-à-vis de la malgouvernance et de la conduite du processus électoral actuel.

L’exclusion d’Ousmane Idi Ango et d’autres militants, prononcée après leur démission

Pendant ce temps, le Pnds Tarayya se déchire. En proie à des soubresauts internes qui ont poussé l’ancien directeur général de la Société nigérienne d’exportation de produits pétroliers (Sondidep), Ousmane Idi Ango, à la démission. Il n’est pas seul. Il a décidé de s’en aller en même temps que tous ses soutiens, notamment à Malbaza où il est tout de même considéré comme le plus grand mastodonte politique. Il serait parti pour le Pjp Doubara du général Djibo Salou, l’ancien chef de la junte militaire qui a fait tomber le Président Mamadou Tanja. Suite à ce départ fracassant d’Ousmane Idi Ango, le Comité exécutif du Pnds Taraya s’est réuni, hier, dimanche 30 août 2020 à l’effet d’examiner la situation ainsi créée. Et à l’issue de ladite réunion, des informations ont fait état de l’exclusion de l’intéressé, d’Amadou Djidout, le grand-frère du ministre délégué au Budget ainsi que de 18 autres camarades de Malbaza pour atteinte à la cohésion du parti. Après leur démission rendue publique.

Des centaines de militants quittent le Pnds Tarayya au profit d’autres partis politiques

L’affaire s’arrêtera-t-elle à ce stade ? Rien n’est moins sûr. Selon des sources crédibles, le cas Ousmane Idi Ango risque de faire boule de neige et entraîner d’autres leaders régionaux dans la même dynamique.

Outre le refus de se reconnaître à travers la candidature de Mohamed Bazoum, d’autres questions de positionnement pourraient faire imploser le Pnds Tarayya. En attendant, ces sont des centaines de militants qui, de Dogueraoua, Konni, Malbaza ou encore Gidan Ider, quittent le parti de Mohamed Bazoum au profit du Moden Fa Luman Africa de Hama Amadou, de Kishin Kassa d’Ibrahim Yacoubou ou encore du Pjp Doubara de Djibo Salou.

Doudou Amadou