La semaine dernière, les différents fronts de l’opposition politique nigérienne ont créé une nouvelle structure dénommée «Coalition pour l’Alternance 20-21». Comme son nom l’indique, cette structure a pour objectif de se battre pour créer les conditions d’une alternance au Niger, à l’occasion des prochaines élections présidentielles. Ayant visiblement tiré les erreurs de la Coalition de l’opposition pour l’alternance (COPA) créée à la veille des élections de 2016, les responsables de la CAP 20-21 ont indiqué qu’ils prendront toutes les mesures pour que le «hold-up» de 2016, qui a permis au Président sortant Issoufou Mahamadou de rempiler pour un second mandat, ne puisse pas se reproduire en 2020 et 2021. Mahamane Ousmane, Hama Amadou, Amadou Boubacar Cissé, Mariama Bayard Gamatié, Amadou Ali Djibo dit Max et Ibrahim Yacouba ont donné des garanties à leurs militants et aux nigériens qu’ils empêcheront toute forme de fraude lors des prochaines élections. C’est sans doute dans ce cadre que bien que contestant la crédibilité de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), l’opposition a décidé de faire partie de son comité chargé d’auditer le fichier électoral. Ainsi, deux représentants de cette opposition ont été désignés au sein de ce comité auquel participent aussi des représentants de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et des Partenaires techniques et financiers (PTF).
Selon de nombreux analystes, à travers la création de la CAP 20-21 et sa participation à l’audit du fichier électoral, l’opposition politique est bien décidée à participer aux élections et à créer les conditions pour que ces élections ne soient pas comme celles de 2016. On se souvient qu’en 2016, même quand son candidat a été qualifié pour le second tour, en l’occurrence Hama Amadou, la COPA n’a pas été en mesure de se battre pour imposer des élections transparentes. Déjà maintenu en prison et constant sans doute que les règles du jeu ont été totalement dévoyées pour faire gagner son challenger et Président sortant Issoufou Mahamadou, Hama Amadou a tout simplement demandé à ses partisans de ne pas voter pour le second tour. Et tout le monde a vu la faible participation enregistrée lors de ce second tour. Il aurait peut-être fallu un peu de d’engagement au niveau de l’opposition pour créer les conditions d’un bon second tour que Hama Amadou pouvait remporter du fond de sa prison de Filingué. Mais à l’époque c’était le président du Mouvement national pour la société de développement (MNSD-NASSARA) Seïni Oumarou qui pilotait la coalition de l’opposition. Et c’était sans surprise que lui et son parti ont rejoint avec armes et bagages le Président Issoufou Mahamadou quelques mois seulement après sa réélection pourtant contestée par l’opposition.
Aujourd’hui, avec la détermination affichée par les forces réunies au sein de la CAP 20-21, beaucoup d’observateurs pensent que le candidat du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDSTARAYYA) Bazoum Mohamed doit se faire énormément des soucis sur ses chances de succéder à Issoufou Mahamadou à la tête du Niger. Non seulement il lui sera impossible de réaliser un «coup K.O» que même Issoufou Mahamadou n’a pas pu réaliser avec un PNDS-TARAYYA soudé et l’appui d’une cinquantaine d’autres partis politiques, mais il a aussi très peu de chance de gagner un second tour face à un candidat de l’opposition. L’arrivée, samedi dernier, de Mahamane Ousmane à Zinder a fini de convaincre que le monde que Bazoum Mohamed rassemble lors de sa «tournée de proximité» ne lui est pas totalement acquis. Avec les défections qui sont enregistrées ici et là au sein des structures du PNDS-TARAYYA, les analystes craignent que l’électorat de Bazoum Mohamed ne se rétrécisse considérablement avant le premier tour de la présidentielle du 27 décembre prochain.
I.B