La saison des pluies pour un pays en grande ma jorité paysanne est une période de l’année attendue avec impatience par les populations car c’est le moment pour eux, le seul pratiquement pendant lequel – et qui ne dépasse guère trois mois – elles peuvent travailler et gagner à la sueur de leur front les moyens de leur subsistance. Mais depuis quelques années, du fait de l’avancée du désert, les campagnes agricoles sont devenues des jeux de hasard avec des productions devenues incertaines, si ce n’est par le caractère aléatoires des pluies, c’est par le fait des inondations et autres attaques d’ennemis de cultures qui détruisent les champs et les espoirs. Les pluies donnent des espoirs, mais elles ravagent aussi des espoirs. Suscités souvent par une montaison prometteuse des cultures, les saisons finissent malheureusement souvent dans le cauchemar. Qui peut savoir ce que vivent ces nombreux paysans qui ont vu leurs rizières englouties par les eaux, leurs champs dévastées par les eaux envahissantes ? Qui pourra aider ? En tout cas pas ce gouvernement au milieu de mille feux. Cette année les services nationaux de la météorologie avaient prévenu de l’importance de la quantité de pluie qui allait s’abattre sur le pays, annonçant même des inondations. Les moins cartésiens ne pouvaient croire et ne s’en étaient inquiétés autre mesure. Les pouvoirs publics eux-mêmes à qui, en premier lieu, ces informations sont destinées et par des structures qui relèvent de son autorité, ne purent, quand on voit les tragédies que vivent les populations, prendre les mesures préventives qui préservent les populations et les installations publiques aujourd’hui menacées si elles ne sont carrément détruites.
Les pluies promises – pardon prédites – sont donc venues et elles ont brusqué les populations qui découvrent à quel point elles sont vulnérables et exposées à de réels dangers. Zinder, Agadez, Tillabéri et Niamey ont sans doute été les régions du pays les plus touchées avec des habitats, voire des quartiers et des villages entiers détruits, noyés dans les eaux furieuses de ces dernières pluies folles. Le fleuve a tout de suite débordé et bousculant digues et autres obstacles sommaires, il s’est frayé un chemin, charriant ses eaux rouges vers la ville qu’elles étranglent vite, traquant des quartiers et des populations prises au piège, et réveillées comme d’un cauchemar pour découvrir les dégâts : une seule alternative s’offre à elles, courir pour sortir de là, et se sauver la peau.
La surprenante ampleur de l’envahissement des eaux…
L’eau a débordé du fleuve pour atteindre des espaces où des anciens disent n’avoir jamais vu autant d’eau au point de faire de certains quartiers des îles, des presqu’îles. Et depuis, les quartiers, là où partaient les voitures et les motos, sont devenus impraticables et les hommes, pour se déplacer, ne serait-ce que pour aller chercher quelques biens abandonnés dans des maisons inondées, ne peuvent avoir de moyens pour se déplacer que la pirogue ouvrant la voie à la surenchère de la part de piroguiers non compatissants, qui peuvent se servir du malheur des autres pour s’en mettre pleine les poches. Nous sommes dans cette société où les hommes n’ont plus de coeur, ne pensant qu’au matériel, à l’argent. Les deux ponts de Niamey ont été étranglés par la furie du fleuve au point où, les autorités avaient été amenées à fermer le premier vieux et «fatigué» pont à la circulation. Les murs du centre Agrhymet et celui du terrain de sport de l’université ont été complètement submergés, avalant la voie qui le longe, venant du pont pour aller au rond-point Haro banda. Les images que l’on a vues de certains quartiers de la capitale sont tout simplement dramatiques pour rendre compte de la situation préoccupante que vivent certaines populations des quartiers et ils sont des milliers qui n’ont aujourd’hui ni abri, ni moyen de subsistance. On a alors vu des particuliers et les populations se tenir mutuelle assistance dans l’épreuve.
Démission du gouvernement…
Pendant des jours, l’on n’a vu que des populations abandonnées à elles-mêmes, se débrouillant comme elles peuvent, avec souvent, quelques bonnes volontés d’autres quartiers qui courent à leur secours. Les Nigériens en étaient d’autant écoeurés qu’ils ne peuvent comprendre que cette situation ne soit pas suffisante à renoncer à la tenue du dernier sommet de la CEDEAO qui ne peut être une urgence pour le pays quand c’est la vie de milliers de citoyens qui est en jeu. Sur les réseaux sociaux, les critiques fusent de partout et partout l’on ne peut entendre que des colères et des incompréhensions, de l’indignation face à un pouvoir qui s’en fout de tout et de tous. Ayant eu écho des critiques acerbes, l’on a vu certains officiels sortir de leur tour d’ivoire, de leur enfermement et de leur indifférence plus pour soigner leur image que pour prendre à bras le corps une situation qui devient préoccupante, gravement humanitaire et humiliante pour la dignité humaine. Le président pouvait sortir pour aller à la rive droite et à Saga mais loin des sinistrés, puis sur les réseaux sociaux, l’on peut voir des images de son enfant, DIRCABA, marcher dans les eaux certainement pour une opération de charme politique, puis le premier ministre, le président de l’Assemblée Nationale et le candidat désigné du parti présidentiel qui s’offrent les mêmes promenades. On a même vu le ministre de la santé sur certains sites de relogement des sinistrés. Mais au lieu d’aller avec du concret auprès de ces hommes, femmes et enfants désorientés, et qui ne savent plus à que saint se vouer, on ne le voir que pour marcher dans un magasin pour montrer que le pays dispose d’un stock de médicament qui peut lui permettre de faire des interventions.
Encore des discours…
Au lieu d’actes concrets qui témoignent de la solidarité du gouvernement face à des populations en détresse, l’on a encore assisté à des discours où tout est évoqué dans un futur qu’on ne saurait déterminer. On apprend par exemple qu’on «va mettre en place un comité» et les Nigériens se demandent pourquoi faire quand on sait que le gouvernement a même un ministère chargé de la gestion des catastrophiques. Faut-il donc encore former une équipe qui va capter les aides des partenaires quand l’Etat n’en a plus les moyens, pour en détourner à sa guise ainsi qu’on en a l’expertise au Guriland ? Personne ne comprend que face à l’urgence, il faille mettre en place un comité et continuer à faire attendre, abandonnant le champ aux humanitaires et autres partenaires nationaux et étrangers qui vont – heureusement – qui avec tentes, qui avec vivres, qui avec médicaments, qui avec moustiquaires, etc. D’ailleurs, il se trouve que cette histoire de comité n’a jamais rassuré les Nigériens. L’Etat a des structures dont le rôle est justement d’intervenir dans de tels cas pour témoigner de la compassion des pouvoirs publics mais aussi de leur solidarité dans l’épreuve traversée. Et pendant qu’on parle, les populations sont dans les eaux, souvent dans la rue depuis plus d’une semaine que les eaux les ont chassées de leurs habitations inondées. Quel coeur n’a pas tremblé d’entendre ces sinistrés de Liboré dire que depuis plus de six jours, ils n’ont vu aucune autorité auprès d’eux pour leur remonter le moral si elles ne peuvent pas leur apporter assistance pour survivre à la traque des eaux. Même le ministre de la santé que l’on a vu et qui est quand même souvent plus pragmatique, ne peut partir que dans un magasin de l’ONPPC pour montrer le stock de médicaments dont dispose l’Etat, faisant un appel auprès de régionaux de la santé qui n’ont pas encore vu les médicaments qu’ils sont censés bien gérés. Ceux qui souffrent depuis des jours parce qu’ils dorment à la belle étoile, dans la fraîcheur des nuits de saison, et exposés aux moustiques redoutables, n’ont pas besoin de cela. Ils veulent des actes concrets, ils veulent voir ces médicaments acheminés vers les sites qui en ont besoin. Il n’était pas du tout important de faire cette exhibition. Ceux qui sont dans la détresse attendent des actes concrets, non des discours, non d’entendre seulement la disponibilité de médicaments qu’on ne leur envoie pas. Mais de ceux qui partaient, le président de l’Assemblée Nationale pouvait être le plus pragmatique, lui qui pouvait partir avec une modique somme qui a étonné les Nigériens face à un aussi grand drame. Le geste fait au nom de l’Institution est sans doute noble mais comme dirait un autre, «c’est bon mais ce n’est pas arrivé». Ou encore, «Peux mieux faire» comme l’écrirait un enseignant sur une copie d’un élève dont il connait la capacité.
Pour corriger la mauvaise image qu’a donnée son opération de com. quand ils mobilisaient certains de ces membres à aller sur les sites des sinistrés, le gouvernement, annonce la mobilisation d’un milliard pour venir en appui aux populations, sachant bien qu’au regard de l’ampleur des dégâts, une telle somme ne peut rien représenter surtout quand des hommes et des familles, derrière eux, ont laissé des maisons qui, même si elles ne sont pas encore tombées, ne peuvent jamais être récupérées. Une telle somme dérisoire pour un Etat, peutelle répondre aux attentes des sinistrés d’Agadez, de Zinder, de Tillabéri, de Niamey et surtout avec ces paysans qui ont tout perdu et qui ne peuvent rien récupérer dans leurs champs inondés ? Ailleurs, on a entendu, comment, au Sénégal, promptement, des gouvernements, comme dans le cas de la pandémie du coronavirus, avaient dit mettre à la disposition des sinistrés quelques 10 milliards. Quand, pourrions-nous compter sur nous-mêmes ? Et quand tant de malédiction nous frappe, comment ne pas croire que la Renaissance a la poisse et manque de stratégie pour nous en préserver ? Gouverner, c’est prévenir. Et ici on continue à dire qu’il faut mettre en place un comité !
Finalement, cette autre situation est venue nous montrer que les Nigériens auront tort de compter sur un gouvernement incapable qui a montré ses limites car face à tout, il manque de tout, y compris de ce qui peut permettre de faire face à l’urgence. Les Nigériens et tous les observateurs ont compris que ce gouvernement qui gère depuis plus de neuf ans un pays en faillite, n’a rien qui puisse lui permettre de faire face à l’urgence. Et il l’a compris car tout de suite, le premier ministre presque gêné s’était retrouvé devant des partenaires et «amis» du Niger qu’il réunissait pour leur demander «sadaka» pour faire face à la situation consécutive aux inondations mais sans dire que le gouvernement n’a rien pour y faire face. Sauf que ces partenaires les connaissent et connaissent leur fort pour ne pas croire à cette affaire de comité à mettre en place. Ils savent depuis des temps qu’ils doivent agir directement, en se servant des ONG internationale, auprès des populations qui sont dans le besoin.
Ce sont toutes ces questions qui interpellent aujourd’hui les Nigériens pour comprendre de quelle importance sont pour eux les prochaines élections qu’ils ne peuvent jamais accepter qu’on les détourne et ce afin de savoir faire le bon choix pour le pays.
Lorsque leur champion en dix ans a poussé le pays dans le déchirement que l’on sait, dans l’injustice et la mauvaise gouvernance économique, il est clair que le pire est à craindre avec son petit lieutenant qui brille pour lui succéder. Ce pays n’a jamais été aussi incertain que sous ce socialisme prédateur.
Les Nigériens doivent ouvrir les yeux. Le pire est à craindre.
A.I