Aujourd’hui 21 septembre 2020, les nations Unies celèrent leur 75ème anniversaire. A cette occasion les pays membres de cette importante organisation internationale commune organisent des activités commémoratives. Au Niger, les activités s’ouvrent avec ce message du Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, de l’Intégration Africaine et des Nigériens à l’Extérieur, M. Kalla Ankourao. Dans son message le Chef de la diplomatie nigérienne a rappelé le contexte international et national dans lequel ce 75ème anniversaire est intervenu. Il s’agit de la crise sanitaire liée à la pandémie de la COVID 19 et de la crise sécuritaire liée au terrorisme et au grand banditisme. Le Ministre des Affaires Etrangères a saisi cette occasion pour exprimer la position du Niger face à toutes ces situations. Il a appelé la communauté internationale à plus de solidarité en vers les pays les plus affectés par ces crises.

«Au moment où l’ONU souffle ses 75 bougies, nous vivons aujourd’hui un moment crucial et inédit depuis sa création, celui de la pandémie du COVID-19, qui depuis la fin de la seconde guerre mondiale reste et demeure le plus grave défi de notre époque. Plus qu'une crise sanitaire, cette pandémie est bien aussi une crise socioéconomique sans précédent, qui frappe sans distinction tous les pays du monde, avec des impacts sociaux, économiques et politiques dévastateurs, qui laisseront sans nul doute de profondes cicatrices qui tarderont à s’effacer », a-t-il déclaré.

Le Ministre a mentionné que pour surmonter ce cataclysme mondial, il faut réfléchir à un nouveau paradigme. « Rappelons-nous des solutions qu’il a fallu mettre en place pour reconstruire les pays dévastés  des suites de conflits, des catastrophes naturelles ou des pandémies. Les solutions qui ont été conçues et mises en œuvre pourraient nous inspirer utilement. Et, en l’occurrence, la pandémie de la covid-19 a brutalement rappelé à la communauté internationale la nécessité de  procéder à un  questionnement de l‘ordre économique mondial où les 10% les plus riches possèdent 80 à 90% du patrimoine mondial. Un contexte marqué par un tel  rapport ne peut être ni stable, ni en paix », a-t-il ajouté. 

L’Afrique, pour sa part, a souligné le Ministre des Affaires Etrangères, est résolument engagée dans des programmes ambitieux pour son développement afin de sortir ses populations de la pauvreté à travers la mise en œuvre des objectifs de développement durable et l’Agenda 2063 de l’Union Africaine. Face aux menaces d’ordre sécuritaire qui rajoutent à la précarité des populations qui compromet la paix et à la stabilité dans diverses régions du monde, M. Kalla Ankourao a rappelé que l’Afrique  subsaharienne souffre des conséquences dévastatrices de ces menaces, avec notamment le phénomène récurrent de la secte terroriste « Boko haram » auquel  font face les Etats du Bassin du Lac Tchad. Le Ministre n’a pas oublié les conséquences de l’instabilité en Libye qui ont occasionné, depuis 2011, l’émergence d’un autre front du terrorisme et du grand banditisme, au nord du Mali et dans les régions limitrophes du Burkina et du Niger, avec une tendance à l’extension du phénomène jusqu’aux pays côtiers et dans la corne de l’Afrique, où les Shebabs continuent à semer la terreur gratuite et à plonger la population dans la désolation et la précarité.

«La situation au Sahel est d’une portée globale et requiert par conséquent une réponse globale. Il est donc opportun qu’une attention plus accrue soit accordée à cette partie du monde par la communauté internationale, à travers un appui plus soutenu des politiques en faveur d’actions climatiques plus synergiques, mieux coordonnées, plus intégrées, plus cohérentes, et plus durables. Je reste convaincu que c’est l’approche la plus efficace qui permettra de promouvoir une meilleure résilience des pays sahéliens face aux défis climatiques, sécuritaires et de développement, auxquels ils sont confrontés. Chacun de ces défis mérite une attention particulière et une réponse collective, adaptée et soutenue. C’est dire qu’il est toujours possible d’inverser la tendance face à ces défis. Mais cela nécessite la conjugaison des efforts  et un accompagnement soutenu de tous », a plaidé le Ministre des Affaires Etrangères.

Il a souligné que, dans le cadre de la redynamisation des efforts multilatéraux, une attention particulière doit être accordée aux mesures de réformes engagées sans succès depuis déjà plusieurs années. En effet, depuis la création de l’ONU, la composition du Conseil de sécurité est restée la même à ce jour, alors que la structure de la communauté internationale a considérablement changé avec notamment des fonctions devenues multidisciplinaires. Il y a un sentiment partagé par l’écrasante majorité des pays membres des Nations Unies en faveur d’une réforme rapide du Conseil de sécurité qui reflèterait la réalité de la communauté internationale afin d’améliorer sa légitimité, son efficacité, sa représentativité et sa transparence. Par rapport à cette réforme, le Niger demeure attaché à la position commune africaine telle qu’exprimée à travers le consensus l’Ezulwini. « La réforme ne doit pas se limiter à la gouvernance politique mondiale. Elle doit aussi concerner la gouvernance économique et ses institutions notamment l’OMC, le FMI et la Banque Mondiale. Sans ces réformes il serait difficile de réaliser les ODD à l’horizon 2030 notamment l’ODD 1 relatif à l’éradication de la pauvreté. Il serait tout aussi difficile de répondre aux aspirations des peuples africains contenues dans l’agenda 2063 », a-t-il déclaré.

Il a fait remarquer que, dans notre monde en mutation, l’ONU reste l’outil inestimable entre les mains de l’humanité pour faire avancer le bien commun. Et il a demandé à tous de saisir cette opportunité pour tirer les leçons des 75 années passées, et renouveler les engagements au service des peuples afin que chacun puisse vivre dans la prospérité, la paix et la dignité.

 «  Le Niger en sa qualité de membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2020/2021, porte le message de paix et s’engage aux côtés des autres Etats membres du Conseil de Sécurité, à la promotion d’un monde en paix, au profit de la génération actuelle, et de celles à venir, telle est l’aspiration de notre pays. Aussi, le message d’un monde épris de paix, le Niger le porte de manière constante au sein des multiples organisations régionales, continentales et mondiales auxquelles nous appartenons, depuis l’accession de notre pays à la souveraineté internationale », a-t-il conclu.

 Ali Maman(onep)

21 septembre 2020

Source : http://www.lesahel.org/