La situation des migrants et  des refugiés notamment des femmes et des enfants est une préoccupation du Niger. Le conseil des ministres tenu le lundi 28 septembre 2020 a adopté un  Projet de décret portant adoption du document de Politique Nationale de la Migration  pour la période 2020-2035 et son Plan d’Actions quinquennal. L’objectif général de cette politique est «de contribuer durablement à l’amélioration des conditions de vie des migrants et communautés hôtes ». Cette initiative est à saluer  au regard de l’ampleur de la migration et de l’afflux massif des réfugiés fuyant l’insécurité dans leurs pays ainsi que les retours et les rapatriements des nigériens de plusieurs pays. A Niamey, la migration interne qui s’apparente à un exode, a si  pris de l’ampleur que l’on a comme l’impression que des villages entiers ont été vidés de leurs habitants. Dans les rues, les grandes artères et les feux de signalisation  de la capitale, une partie de ces migrants des femmes et surtout des enfants passent la journée à tendre la main. Sous le couvert de la religion, beaucoup font  aujourd’hui de la mendicité un métier qui leur apporte un revenu.

Ali, un petit garçon d’environ sept ans œuvre dans ce sens avec sa mère et une de ses sœurs. Personne parmi eux ne souffre d’un handicap. Ali n’a jamais mis les pieds dans une école. A la question de savoir pourquoi, il ne va pas à l’école, il murmure «je n’ai pas  trouvé d’école». En proposant de l’amener dans une école, il dit « à l’année prochaine», puis s’éclipse.

D’autres enfants surtout les filles ont choisi de gagner leur pain à la sueur de leur front, malgré leur âge et les tâches à accomplir. C’est le cas de Hadiza, une  élève  de douze ans qui a quitté son village natal pour Niamey. Son objectif : travailler et gagner un peu d’argent pour envoyer à sa mère restée au village et payer ses fournitures scolaires. Hadiza  vient en effet d’être admise au Certificat de Fin d’Etudes du Premier Degré (CFEPD), et se dit fière  de faire le travail domestique, malgré la complexité des tâches. « Chez ma tutrice, nous sommes onze filles d’à peu près le même village ; Mais je suis la plus âgée et d’ailleurs les autres ne fréquentent pas l’école ».  Toutes travaillent  comme domestique. Niamey enregistre en effet chaque année, une pénurie de  femmes de ménage pendant les grandes vacances.  Hadiza  et ses camarades profitent de cette situation  pour trouver facilement du travail pour lequel elles sont généralement payé à  dix mille (10.000FCFA)  le  mois et dit ne rencontrer aucun problème. Sont-elles à la hauteur des tâches à accomplir. Ce qui est sûr, c’est que de plus en plus les voix se lèvent pour dénoncer le travail des enfants au Niger.  Ainsi, dans le cadre de la commémoration de la 6ème édition de la Journée Nationale de Mobilisation contre la traite des personnes au Niger, célébrée le 28 septembre de chaque année, le Ministre en charge de la justice  a relevé « l’insuffisance de cadre juridique et institutionnel de lutte contre la mendicité et le travail forcé des enfants ». S’agissant de la traite internationale, M.  Morou Amadou a indiqué que « les victimes sont transportées clandestinement vers les pays du Nord via le Sahara affrontant toute sorte de danger et subissant des multiples exactions de la part des passeurs. « Elles sont souvent contraintes de fournir divers services dans des restaurants ou bars, dans l’agriculture ou à effectuer des travaux domestiques pénibles et mal rémunérés ou encore à commettre diverses infractions comme, le trafic de drogue, le vol ou la mendicité etc. », a révélé M. Morou Amadou. Il estime que  le cas des enfants reste préoccupant aussi bien pour la traite au niveau national qu’international ». 

En plus de tous ces facteurs, la prise en charge sanitaire des migrants est également une autre préoccupation surtout pendant cette période de Covid 19. C’est d’ailleurs sur ce sujet important que  des journalistes ouest africains  ont avec  débattu lors d’un webinaire le 24 septembre 2020. Les présentations sur le thème ont été faites par Alexandra LaMarche, Avocat principal pour l’Afrique de l’Ouest et du centre, Refugee’s International et  W. Cecil Thiombiano, juriste, analyste des politiques de population et santé.

Au Niger, le Gouvernement «a entrepris de définir une politique nationale de migration fondée sur des valeurs de solidarité, d’accueil et du respect des droits des migrants » indique le conseil des ministres. Pour mettre en œuvre cette politique, le  plan d’actions conçu vise trois axes stratégiques qui sont : l’Exploitation des potentialités liées à la migration ; la Protection et assistance aux migrants, aux réfugiés et aux populations d’accueil  et  la Gestion des flux de la migration.

  Fatouma Idé

30 septembre 2020

Source : http://www.lesahel.org/