Image d'illustration

Le Niger va mal. Partout les signes qu’on peut voir ne peuvent qu’inquiéter et pousser à se préoccuper d’une possible explosion. L’espace politique est traversé depuis des années par une crise politique qui atteint aujourd’hui son paroxysme avec des acteurs politiques devenus irréconciliables car chacun campe sur sa position, tournant le dos à un dialogue devenu impossible. Les prochaines élections qui divisent profondément la classe politique, ne présagent rien de bon pour le pays. Les deux camps sont à couteau-tiré et il n’est pas évident, au regard des ruses d’un pouvoir qui veut dribbler tout le monde, que d’autres forces rejoignent la lutte pour la sauvegarde des libertés chèrement acquises par le peuple, au prix souvent du sang. Comment comprendre que le PNDS qui avait été à l’avant-garde de toutes les luttes politiques, de tous les combats menés par les forces vives de la nation pour asseoir un Etat de droit ? Comment donc un tel parti, qui pourrait être fier de son passé de lutte, puisse être aujourd’hui, le parti qui, arrivé au pouvoir, remette en cause bien d’acquis et brutalise les lois de la République ? Dans l’accalmie apparente, couvent de grands malaises, se fermentent des colères dont la détonation pourrait réveiller alors qu’il sera tard un pays qui lui payera ses imprudences et ses insouciances. Déjà, à la suite d’une pré-campagne, le ciel politique est très chargé, traversé de part en part par des éclairs qui le déchirent.

C’est pendant que la situation politique se désagrège que sur le front social, la lutte se durcit et le gouvernement l’a d’autant compris qu’il s’évertue à contrarier la fronde sociale, s’appuyant sur la pandémie de la covid 19 pour s’éviter ces colères qui montent dans le ciel et dont le mobile est cette attitude complaisante du régime à refuser à faire droit dans cette affaire des détournements au niveau du ministère de la Défense, avec toutes les conséquences que l’on sait, refusant ou retardant la suite judiciaire attendue par tout un peuple. Avec les plaintes déposées en France, et celle qui sont sur la table du procureur qu’on ne saurait ad vitam aeternam étouffer, et la détermination des Nigériens à refuser que ceux qui ont fauté dans cette affaire restent impunis, il est clair qu’il y a de l’électricité dans l’air, quand d’autres pour des injures peuvent indéfiniment rester en prison. Il est inadmissibles que des bandits à col blanc se sucrent sur le dos du peuple, spoliant son armée en guerre, refusant, parce que protégés, de rendre compte. Peut-on donc accepter au regard de ces actes répréhensibles posés qu’on veut taire que le peuple continue à observer passif, et cautionner ce faisant que les voleurs aient plus de droits dans la République ? Comme d’autres peuples braves, les Nigériens veulent se battre pour asseoir une vraie justice dans le pays, refuser l’impunité, une république des privilégiés.

Tout a une fin et on peut sentir une fin venir. La Renaissance la voit-elle venir aussi pour s’abriter derrière la covid 19, pour échapper aux colères qui grondent dans le peuple ? On sent le peuple se préparer car ces derniers temps, sur les réseaux sociaux, l’on ne peut entendre qu’un ras-le-bol généralisé et il faut dire que le gouvernement ne peut pas continuer à dire qu’il n’entend rien. L’on sait que pour se maintenir, dans la conscience de la fragilité de son pouvoir usurpé, de l’illégitimité de son pouvoir, la Renaissance n’a eu de cesse de diviser les Nigériens, souvent de les opposer.

Les partis politiques à la suite de ce que l’on a appelé le concassage, la société civile et les syndicats ont été divisés, fragilisant la démocratie et la cohésion nationale. Aujourd’hui, le Niger, par une telle gouvernance insouciante, est un pays malade, malade de sa cohésion qui a volé en éclats par les agissements d’un socialisme enfantin qui a cru que « diviser pour mieux régner » pouvait durablement maintenir son pouvoir, aujourd’hui, chancelant. L’on sait souvent que le pouvoir s’est immiscé dans les choix de la chefferie traditionnelle, au point de semer dans les villages et les cantons les mêmes malaises. Depuis des jours, c’est l’USN qui passe au laboratoire du Guirisme pour être disséquée, imbibée de la couleur rose afin d’assujettir le syndicat étudiant et l’inféoder à l’autorité du parti socialiste qui a ouvert depuis dix ans une bourse où sont côtés en banque les consciences humaines, achetées à qui mieuxmieux pour asseoir la suprématie socialiste.

Le dernier congrès de l’USN en a révélé toute la puanteur d’une telle politique de l’ingérence intolérable du politique dans la vie des syndicats, dans la vie interne d’autres structures autonomes. Mais de quel enjeu pouvait être l’USN, pour que, aveuglément, le système joue à la dompter, à la contrôler ? Cela n’a d’ailleurs pas commencé aujourd’hui car depuis toujours, le PNDS ne s’est pas contenté que d’être un parti politique et mener seul ses combats. Presque toujours, il s’est arrangé à trouver des pions investis d’une mission politique, manipulés dans le syndicat dont le rôle est de compliquer la gestion à ceux qui gouvernent en leur posant des doléances sur lesquelles ils restent intransigeants. Qui ne se rappelle pas les luttes de la CDTN qui avait animé la scène syndicale, au-devant tout ? Mais ce syndicat si guerrier n’a plus de voix depuis que les amis sont au pouvoir, avec d’ailleurs un secrétaire général qui, après la mission réussie, pouvait renoncer à son mandat syndical, pour une nomination-récompense à la présidence. Il n’est pas seul car beaucoup d’autres syndicalistes, aujourd’hui connus, ont tous eu leur part de gâteau dans le partage, depuis que les socialistes sont arrivés au pouvoir, nommés ici et là, pour leur payer leur mercenariat.

Le milieu estudiantin, a aussi été aussi investi par le PNDS, trouvant là également des éléments pouvant agir à son compte ou pour déranger des pouvoirs en place contre lesquels se bat le parti ou pour contenir des structures scolaires syndicales afin de les amener à collaborer en renonçant à la lutte syndicale même quand élèves et étudiants devraient faire face à mille et un défis. Récemment, l’on a vu un secrétaire général, juste après un mandat, regagner aussitôt les structures du PNDS, notamment celle de la jeunesse Tarayya. Depuis l’USN, a perdu de son âme, de sa crédibilité car depuis quelques années, elle est annexée par le parti au pouvoir qui cherché à installer ses hommes de main, étouffant un outil de combat qui aura servi de par le passé, à donner aux luttes sociales et politiques, l’énergie de la jeunesse qui la compose, et au Niger toute la brillance de sa combativité. On comprend d’ailleurs pourquoi, depuis quelques temps, le régime du PNDS se battant à empêcher toutes alliances entre syndicats, société civile et partis politiques alors même qu’il s’en est servi pour arriver au pouvoir, joue à faire croire aujourd’hui qu’il s’agit là d’alliances contre nature. De qui se moque-t-on quand on peut se rappeler que le PNDS a commercé avec toutes les structures organisées pour animer ses luttes politiques, tentant souvent d’associer la grande muette qu’il pouvait appeler « à ne pas obéir à un ordre manifestement illégal ». Pourtant, on peut la voir, à entendre certaines structures estudiantines, l’immixtion du pouvoir dans les affaires de leur syndicat. Le dernier congrès qui s’est tenu à Bermo, par les brutalités qui l’ont émaillé, traduit l’état des malaises et l’ampleur des ingérences et les divisions provoquées par le régime dans la vie des syndicats et notamment de l’USN qu’il semble vouloir maintenir à n’importe quel prix dans son giron. Mais on sait l’enjeu qui n’est autre que de la sortir des luttes sociales et politiques lorsque ceux qui la dirigent pouvaient être ses hommes liges. C’est triste. Triste et grave pour une USN qui a donné à ce pays certaines fiertés, une image noble de ses combats qui n’ont eu de référence que le Niger, le seul pour lequel elle se battait. Lorsque des valises noires circulent aux congrès de l’USN, on comprend que c’est pour biaiser les choix, imposer des hommes qui ne sont pas en phase avec les bases, mais poussés à des missions qui trahissent les luttes de l’USN et les attentes de ses nombreuses bases.

A ces dernières assises, on aura compris qu’il y a deux blocs, un, prostitué qui joue à mettre la structure sous les bottes du régime auquel il s’est soumis politiquement, l’autre fidèle aux idéaux qui ont jusqu’ici fondé ses luttes et sa rhétorique syndicale, qui tente de libérer l’USN de sa prise en otage de la part d’un pouvoir qui ne compte que sur la division. Tout le monde peut comprendre que cette aile conservatrice, si jalouse de la survivance de l’USN ne puisse pas plaire et qu’elle soit la cible d’un lynchage médiatique de la part du pouvoir qui voudrait la présenter comme une horde de gangs, de syndicalistes – lorsqu’on les considère comme tel – qui n’agirait plus par l’intelligence et le débat d’idées mais par les muscles et la violence des armes, fussent-elles blanches.

Arrêter ces manipulations dangereuses…

L’on a vu circuler sur les réseaux sociaux, des forces de l’ordre, dans une scène qui ne les honore pas et ne rend pas à l’institution qu’ils incarnent toute sa noblesse et sa grandeur. Peut-on ne pas voir le parti pris, en voulant présenter un camp comme la pire peste qui aura travaillé à obstruer la tenue du congrès ? Comment ceux qui ont lutté, poussant l’USN qui s’est taillé un Tazartché pour agir dans l’illégalité, à tenir ces assises, peuventils ne pas vouloir de cette rencontre ? Qui ne sait pas que si le Secrétaire Sortant, avec son équipe, était sûr de son mandat fait de connivences suicidaires pour l’organisation, n’allait ni faire la rallonge dans laquelle il a été bousculé, contraint à tenir les assises, mais surtout qu’il allait élégamment tenir le congrès pour défendre son action, son bilan au-devant de la structure, pour espérer être reconduit. A la veille d’élections, c’est une maladresse que d’exhiber ce qu’on a vu à la télévision, comme étant les armes blanches desquelles se seraient servi ceux que l’on tente de présenter à l’opinion comme étant les fauteurs de trouble à Bermo. Pire, comment des forces de l’ordre, peuvent-elles pousser le zèle à déshabiller des jeunes pour diffuser leurs images dans le monde ? Pareil acte qui est une atteinte grave à leur intégrité physique et à leur dignité d’êtres humains inviolables, est inadmissible dans un Etat de droit. Pour quel intérêt et pour le plaisir de qui, peuvent-elles poser un tel acte inhumain qui n’a de but que d’humilier des Nigériens dont la pensée et les positions dérangent ? Comme quoi, ce pays, lorsque les forces de l’ordre peuvent s’éloigner de leur rôle de neutralité et de maintien de l’ordre, pour martyriser d’autres citoyens qui sont dans un conflit dans lequel elles ne peuvent pour aucune raison prendre position pour juger que c’est un camp contre un autre qui ne serait pas bien, doit aujourd’hui préoccuper les Nigériens et les amis du Niger. Ces images ont choqué et tous les démocrates doivent dénoncer pareil acte et demander réparation. Les Nigériens veulent des forces républicaines.

On peut croire que ces forces ont compris qu’elles ont outrepassé le champ de leur action car, à la suite d’une AG de l’UENUM qui a suivi avec professionnalisme les événements qui se déroulaient à Bermo, a informé sa base que ses militants arrêtés avaient tous été libérés, ce qui est un désaveu cinglant pour ces éléments qui exhibait leur butin, heureux de se plastronner en face de ces jeunes au torse nu. Si tant est que ces accusations sont vraies, peut-on croire qu’ils puissent les libérer ? Ces jeunes sont des étudiants et donc des hommes qui sont capables de se défendre intellectuellement. On peut d’ailleurs croire que le garde que l’on voit dans la vidéo, a pris le risque d’indexer le secrétaire général de l’UENUM qu’il pouvait nommer sans précaution, sachant qu’il a pris un gros morceau, un syndicalisme mature qui a mis de l’intelligence et une grande culture pour faire mener son combat syndical. L’homme sait se défendre car, on veut bien croire qu’au Niger, malgré tout, l’on est en démocratie. Il n’est pas du genre brutal et n’a jamais rien fait sans consulter ce qu’on appelle sur le campus, « la grande base ».

L’atmosphère est déjà très chargée, gravement étincelante. Il ne faut pas y rajouter. Ceux qui peuvent par leur zèle et leurs maladresses pousser à la radicalité doivent savoir qu’ils ne rendent pas service au régime, a fortiori au régime et à eux-mêmes. Attentions aux dérapages.

Mais où les sages du pays ?

Il faut vite mettre en branle les mécanismes internes du pays pour juguler la crise. Les sages du pays sont interpellés, à rendre possible au sein des acteurs politiques le dialogue. S’ils ne s’y mettront pas, ils auront manqué à leurs responsabilités d’acteurs avertis qui doivent mettre leur expérience et leur sagesse au service d’un pays auquel ils doivent tout. Il faut craindre que l’intolérance des uns et le jusqu’au-boutisme des autres ne perdent ce pays.

A.I