Pour cinq mois qui lui restent à la tête de l’État, Issoufou Mahamadou n’arrête pas d’interloquer. Entre inaugurations, poses de premières pierres et projets en perspective, le chef de l’État sortant s’est fait attribué une coquette somme de près de 171 milliards de francs CFA de budget annuel. Comparé aux enveloppes attribuées au ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, avec 56 milliards, des Enseignements professionnels et techniques, 31,3 milliards ou encore des Enseignements secondaires, 71,4 milliards, Issoufou Mahamadou fait mieux qu’en 2020 où la présidence de la République s’est taillée 139,5 milliards de francs CFA. Entre les deux années, on note une augmentation nette de plus de 30 milliards de fracs CFA. Des sommes astronomiques qu’il manipule comme il veut, car n’étant pas responsable devant l’Assemble nationale. Des sommes qui font jaser, les Nigériens ne comprenant pas cette boulimie.
Il ne lui reste que cinq mois à la tête de l’État.
Rien que le budget de fonctionnement de la Présidence et de ses services annexes dépasse celui de l’Enseignement Primaire, arrêté à 157 milliards de francs CFA. Tout comme celui de la Défense nationale (112 milliards), chantée comme étant la priorité absolue qui consomme, prétend- on, 15% à 20% du budget national. Outre le démenti cinglant que le régime apporte à ses propres déclarations et discours sur ces deux secteurs-clés qui seraient ses priorités, les Nigériens se demandent où peut aller le président de la République sortant avec autant de milliards comme budget. Il ne lui reste que cinq mois à la tête de l’État. Cet état de fait a amené des esprits plaisantins à procéder à un calcul de dépenses mensuelles. Un peu plus de 34 milliards par mois pour qu’aucune trace du moindre milliard ne reste au lendemain du 2 avril 2021, date de l’investiture du prochain président de la République.
Si ce calcul de dépenses est fait pour se moquer d’un président sous le magistère duquel tout est détourné à des fins d’enrichissement illicite, y compris les fonds de l’armement, c’est pour présumer que l’État ne retrouvera pas, effectivement, trace de ces milliards d’ici au 2 avril 2021
Bien entendu, ce calcul est une blague. Dans la réalité, l’État est une continuité et le successeur d’Issoufou Mahamadou aura à gérer ce montant ou plutôt , pour ne pas tomber dans les mêmes travers que le régime actuel, à les retourner au bénéfice des départements ministériels auxquels ils ont été usurpés en rattachant les programmes et projets y afférents à la présidence de la République. Mais? Si ce calcul de dépenses est fait pour se moquer d’un président sous le magistère duquel tout est détourné à des fins d’enrichissement illicite, y compris les fonds de l’armement, c’est pour présumer que l’État ne retrouvera pas, effectivement, trace de ces milliards d’ici au 2 avril 2021; Un procès d’intention? C’est certain, mais il est soutenu par les moeurs du régime.
La crainte, c’est que ce budget jamais égalé intervient à un moment où Issoufou Mahamadou multiplie les poses de premières pierres et annonces de projets futurs
Par delà ce procès d’intention vis-àvis d’Issoufou Mahamadou, la crainte des Nigériens est ailleurs. La crainte, c’est que ce budget jamais égalé intervient à un moment où Issoufou Mahamadou multiplie les poses de premières pierres et annonces de projets futurs. De quoi susciter des interrogations dignes d’intérêt. Et si, ouvertement, la mention n’a pas encore été faite publiquement, dans les débats de salon et de fada, il est beaucoup question d’un clair-obscur qui ne dit pas son nom. En attendant d’en savoir pus et d’être édifié définitivement, Mohamed Bazoum, lui, poursuit sa campagne électorale en toute sérénité.
YAOU