Enfin, les Nigériens commencent à mieux comprendre la raison de la volonté tenace du régime en place de maintenir le fichier électoral hors de toute vérification de l'opposition. L'analyse catégorielle des électeurs enrôlés laisse entrevoir des chiffres inacceptables. Ainsi, relève-t-on 19 108 magistrats alors qu'ils sont moins de 600 inscrits au barreau, les stagiaires compris ; 565 notaires alors qu'ils ne sont que 53 sur le tableau national ; 439 huissiers de justice alors qu'ils ne sont que 122 ; 10 034 médecins alors qu'ils sont moins de 1000, toutes catégories confondues. Ce n'est tout.
Le fichier fait état de fonctionnaires de l'État, au nombre de 28 544, soustraction faite des enseignants, au nombre de 89 195, des agents des eaux et forêts, au nombre de 809, des médecins bien entendu. Des doublons non suffisamment enrobés pour les dissimuler. Il est également fait mention des membres des professions libérales nombre de 22 209 et ce n'est point le total des huissiers (439), des avocats (554), des notaires ((565), des pharmaciens (985), des architectes (3 363) dont le cumul fait 5 906 et qui n'a rien à voir avec les 22 209 sus indiqués. Ce n'est qu'un aperçu des monstruosités détectées par les yeux novices.
Ce qui est étalé et qui fait tant parler n'est que la tête immergée de l'iceberg. Lorsqu'on examine l'analyse catégorielle portant sur les pièces justificatives avec lesquelles les électeurs se sont fait enrôler, on remarque que 2 326 604 électeurs inscrits au fichier électoral l'ont été par témoignage. Une tranche nettement plus importante que celle des électeurs ayant des actes d'état-civil. Au total, ils sont 1 944 777 à avoir présenté un acte de naissance et seulement 284 959, des jugements supplétifs. Ce qui discrédite la Ceni à propos des audiences foraines. Par delà le discrédit de la Ceni, le nombre d'électeurs enrôlés par témoignage met de l'eau aux accusations de l'opposition politique qui a dénoncé cette pratique comme étant le boulevard ayant permis l'enrôlement de nombreux réfugiés sur les listes électorales. Ce qui doit être, en principe, l'exception, a donc été transformé en règle et cela n'est pas de bon augure pour des élections crédibles.
Laboukoye