Alliance PNDS-MNSD Seyni Oumarou : À quand le courage politique?

Seyni Oumarou et son parti, furent des opposants farouches au régime d’Issoufou Mahamadou et ils n’avaient manqué aucune occasion pour démonter, chiffre après chiffre, tout ce que le régime pouvait construire pour rendre compte de son bilan. Ulcérés par la gestion des socialistes, outrés par une gestion discriminatoire, scandaleuse et patrimoniale que le président du Baobab rabougri pouvait même qualifier de gestion satanique, le parti et son président ne manquaient alors aucune occasion pour mettre au pilori la gouvernance des socialistes. Puis subitement, le régime, pour ceux qui le critiquaient, devenait fréquentable, exempt désormais de reproches. Après des mots aussi durs, il était exclu, pour beaucoup d’observateurs, que le Mnsd, en tout cas le bout que tient Seyni Oumarou, succombe aux charmes de la Renaissance, pour décider à la surprise de tous et notamment d’un pan important du parti, de contracter un mariage avec Satan. Le virage à 100° avait son pesant d’or car dans la balance, même quand des ministres sont cooptés par-dessus de sa tête dans le parti pour siéger au prétendu gouvernement d’union. En effet, pour sa part de gâteau pour payer ses silences, il pouvait être propulsé à un poste non constitutionnel qui fait du patron du Mnsd, le haut représentant du président de la République qui scelle le mariage contractuel pour tout le reste du mandat. Mais en fait, dans la réalité, il n’est qu’un représentant qui ne représente pas. A défaut d’être ministre au regard du rang et du calibre du poisson pris, il fallait tailler à sa mesure, un poste politique sans enjeu, pour d’autres une coquille vide conçu pour contenter matériellement un chômeur politique, notamment en lui concédant un tel espace qui lui offre un petit luxe pour se délivrer d’une précarité qui tapait à des portes devenues vulnérables.

Seyni Oumarou, avec un pan du parti – dans la douleur peut-on s’en souvenir – fit le grand virage. Pour consoler une conscience – la sienne – qui gronde pour la vilénie, il ne manque pas d’alibi pour justifier la migration politique forcée : saisir une main tendue pour s’engager dans la construction du pays et donc, à entendre bien, au nom de l’intérêt supérieur de la nation. Il était difficile de comprendre le nouveau discours qui ne peut que traduire l’inconstance d’un homme politique sans visions et sans éthique et la politique alimentaire de la part d’hommes qui, habitués à un luxe facile ne peuvent plus supporter d’en être privés. Mais on veut la fidélité du pauvre de la part de leaders qui, eux-mêmes, sont inconstants, instables.

Investi candidat aux prochaines élections présidentielles, mais contesté par des franges importantes du parti qui peuvent même annoncer le retrait de leur confiance, le président du Mnsd semble ne pas s’être rassasié de son accrochage à la Renaissance qui a fini par le phagocyter. Pourtant, plus qu’un autre, c’est lui qui devrait partir le premier, non pas que pour casser une alliance, mais pour s’occuper de sa candidature surtout quand on sait en plus que par son poste de haute représentant, il n’a presque jamais rien eu à faire. Pour son honneur de politicien abandonné à un emploi-chômage, il devrait partir car dans le parti, il sait qu’il a beaucoup à faire. A un moment où le parti se déchire sur son choix d’alliance controversé et sur sa candidature que certains tentent de remettre en cause avec aujourd’hui des frondes venues de certaines sections, réconcilier le parti, ressouder les morceaux cassés du parti, pouvaient sans doute mieux l’occuper, utilement pour le parti et pour sa candidature et mieux l’aider à avoir la main sur un parti qui semble lui échapper. Aujourd’hui, il peut faire le bilan de sa collaboration avec la Renaissance et rassurer ses militants et l’ensemble du pays que l’expertise qu’il vantait avant de rentrer au gouvernement, aura sauvé la Renaissance de ses difficultés à gérer bien et le pays de l’enlisement. Bilan pour bilan, le Mnsd doit un bilan se son apport à la gouvernance de la Renaissance aux militants et à l’ensemble des Nigériens. Mais il est difficile d’être un meneur d’hommes.

La belle leçon de grandeur et de leadership d’Albadé Abouba…

Peut-être que sur la capacité à s’élever, Albadé Abouba avait des raisons de contester le leadership de Seyni Oumarou sur le Mnsd. Comment peut-il vivre passif, attendant le troisième tremblement de terre qui devrait réduire son parti – le Baobab – à sa portion congrue ? Alors qu’il sembler compter et tenir encore à d’autres mois de salaires supplémentaires en se garrotant à son poste fantôme, Albadé Abouba, sans aviser, et sans renoncer pour autant à une alliance qui le lie plus au président Issoufou qu’à son candidat – ce qui pourrait être le cas de Seyni – dépose sa démission et s’en va dans la conquête du pouvoir, en allant à l’extérieur nouer ou renforcer des amitiés, des soutiens qui pourraient lui être d’une utilité certaine dans sa campagne électorale prochaine. Comme quoi, ainsi qu’on peut le comprendre chez le président du MPR- .Jamhuriya, on ne finit jamais de manger et qu’il faut savoir, dans une vie, où se situent ses intérêts.

Il y a quelques années, dans Jeune Afrique, son adversaire – car ils sont tous candidats déclarés aujourd’hui – pouvait annoncer triomphalement qu’il ont «réussi à briser le Mnsd en deux», montrant par là même qu’il est au centre de la stabilisation des partis politiques, une stratégie peu porteuse pourtant pour un candidat peu en phase avec le peuple et qui pourrait croire que son sacre ne peut se réaliser que par le concassage des partis politiques, malheureusement sans se demander si une telle politique, dans la réalité pouvait lui profiter. Pourquoi donc Seyni Oumarou, peut-il continuer à trainer les pas, oubliant que pareil comportement ne peut que semer davantage le doute dans l’esprit de ses militants qui sont aujourd’hui déroutés, ne comprenant rien à ce qui arrive à ce qui fut «un grand baobab».

Il faut reconnaitre que tous les partis politiques de l’échiquier, et le Pnds surtout, sont malades mais à des degrés divers. Cependant la situation au sein du Mnsd pouvait être plus préoccupante qu’on le pense. Un comportement peu noble de son directoire aura beaucoup impacté le moral des militantes et militants, hier fiers d’euxmêmes, mais aujourd’hui obligés de mendier une place sur un banc encombré, affichant un profil bas quand d’autres partis qui se sont libérés, vivent aujourd’hui épanouis. L’on sait d’ailleurs que le président en est conscient et on peut pour cela comprendre pourquoi il redoute d’aller vers des militants qui peuvent avoir tourné le dos au parti et à son président, car les uns et les autres pourraient ne pas se reconnaitre à travers son comportement qui a ruiné et détruit le parti et sa belle image d’une époque. Ils sont en effet nombreux aujourd’hui à avoir fait un autre choix, partant scruter d’autres horizons quand le parti, par le comportement très passéiste du président, ne leur donne de choix que de fuir n’ignominie car ne voulant plus servir d’instruments aux mains de responsables qui, visiblement, ne pensent qu’à leur seul confort.

La sortie en fin de semaine dernière d’un groupe de femmes qui auraient adhéré au parti, le Mnsd, ne peut tromper sur la réalité et la profondeur des malaises qui traversent le parti. Cette mise en scène n’est certainement pas ce dont a besoin le parti dans le contexte crucial d’aujourd’hui. Il s’agit pour lui de savoir s’assumer en comprenant pour lui et pour le Niger les enjeux des prochaines élections dans le pays. Les militantes et militants du Mnsd-Nassara sont, depuis que le parti est engagé dans l’errance, dans la débandade, ne sachant plus jusqu’à quelle perdition les conduira l’inconduite politique de leurs dirigeants. Les femmes qui faisaient la déclaration voulaient soigner l’image de leur champion, en le présentant comme un homme de paix, comme un homme inoffensif duquel pourrait avoir besoin le Niger. C’est faux. D’une part parce que l’homme que l’on décrit comme un pieux incomparable, si tant est qu’il cet homme plein de piété, sans doute qu’il aurait choisi un autre métier que celui de la politique et ce après avoir échoué dans les affaires, et d’autre part qu’il aurait travaillé à apaiser un climat politique qui ne peut profiter à personne dans le pays. Tous les hommes sont des hommes de paix mais il y en a d’autres qui refusent qu’on leur marche sur les pieds car fiers d’eux-mêmes. Et cela c’est avoir le sens de la dignité et de l’honneur. Tant pis si un autre peut bien n’avoir rien à faire d’une probité, d’un honneur à préserver.

Mais alors, pourquoi peut-il continuer à rester alors même que l’on sait que, comme tous les autres alliés, il n’est pas un homme heureux dans ce mariage difficile ? Il y a quelques jours un confrère de la place rapportait que Seyni Oumarou se serait rendu chez le Chef de l’Etat, son allié, pour lui faire part de son dépit relativement à des demandes de son parti qui ne trouve pas suite auprès des autorités pour sortir des militants insoumis du parti du gouvernement ? Pourquoi rester quand on ne peut vous écouter et qu’on semble décider, visiblement, à vous détruire politiquement ?

Demain, dans le peuple, par un tel comportement, la voix Nassara sera étranglée, inaudible…

Il est clair que lorsque pour paraitre docile et gentil, le président du Mnsd continue à vivre dans cette attitude complaisante, son parti ne peut que couler. Déjà, dans la région où, pour son honneur de chef de parti, il pouvait avoir un certain réservoir, beaucoup de militants sont partis, choisissant d’autres partis politiques lorsque le leur ne semble plus agir sur les valeurs de dignité qui rendent à l’homme Nassara toute sa fierté. C’est cela sans doute le vrai problème : les hommes ont besoin de chefs à travers lesquels ils peuvent lire des valeurs qui les exaltent et les définissent. Un parti comme le Mnsd, ne saurait vivre d’aumône politique pour s’attacher à quelques positions arrangées pour le confort de certains de ses dirigeants décidés à le vendre pour survivre à une précarité qu’une perte du pouvoir leur aura causé.

C’est dire que cette insouciance est suicidaire pour le parti. Continuer à refuser d’écouter les voix discordantes qu’on peut entendre, exceptées certaines qui sont dans le même jeu qu’un Abdou Labo en d’autres temps et d’un Noma au Moden-Fa Lumana aujourd’hui mis à nu dans sa subversion, c’est refuser que la démocratie interne fonctionne dans le parti, au risque de légitimer les fractures qui s’y creusent pour n’en laisser qu’un corps amaigri du pari à Seyni Oumarou, flanqué de nostalgiques de la vieille époque du parti, le plus souvent en fin de course politique.

Cette attitude à rester pour manger jusqu’à la fin est incompréhensible. Le comportement attentiste du parti, lorsqu’il refuse la voie noble de la combativité, risque de se payer cash pour le Mnsd dans les urnes. Mais devenu l’appendice d’un autre, l’on peut comprendre que ce Mnsd-là n’a rien d’autre à proposer désormais aux Nigériens qu’une soumission, prix de sa survivance dans un espace politique où, pourtant, «ses amis» ne donnent aucun autre choix aux Nigériens que de se battre. Pour leur dignité.

A.I