En 2016, pour justifier sa fa meuse victoire à la hussarde, téléchargée à plus de 92%, et ce pendant que des partis politiques importants de l’échiquier avaient décidé de boycotter le scrutin présidentiel du second tour, Issoufou n’avait eu recours qu’à l’enregistrement pointé de partis politiques sans envergure, pour justifier un score à la soviétique. Pourtant, le jour du vote, le pays pouvait rester silencieux dramatiquement, et des bureaux de vote gravement désertés, laissant des agents de la CENI sans activité, dormant souvent dans le silence des bureaux boudés. Les médias sociaux avaient d’ailleurs partagé les images de ces bureaux de vote déserts, avec des agents qui dorment, tranquille, pour fabriquer soient des résultats, non sans récompense. Beaucoup de ceux qui avaient fait ce sale boulot ont fini par le regretter et par l’avouer, écoeurés. Ce fut, ce 20 mars 2016 qui coïncidait curieusement avec la journée internationale de la Francophonie, l’un des jours les plus tristes pour le pays et pour sa démocratie. Alors que les Nigériens étaient restés terrés chez eux, une CENI pouvait, elle, voir un taux de participation qui frôle les 60%. Et ce sont aux mêmes hommes, aux acteurs qui ont laissé aux Nigériens un tel mauvais souvenir de ce qu’ils pouvaient être pour la démocratie même lorsqu’ils pouvaient avoir fait la promesse de ne pas accepter des élections tropicalisées et qu’ils les aient par la suite voulues et imposées, qu’on veut qu’on fasse confiance, aujourd’hui, où, tant pour la CENI que pour la Cour Constitutionnelle, ils ont imposés leurs hommes liges et leurs règles du jeu.
L’héritier politique d’Issoufou Mahamadou, son supposé dauphin Bazoum, sans doute formé à son école, se sert des mêmes techniques, des mêmes théorèmes apprises à sa chaire politique pour tenter de sauver sa candidature en proie à un naufrage certain. Depuis que le parti est fracturé à la suite de sa candidature imposée, et qu’à la suite, beaucoup de militants, et non des moindres, se sont éloignés de son aventure, ou pour scruter d’autres horizons, ou pour choisir l’indifférence et la passivité, depuis que l’alliance au pouvoir s’est éclatée avec aujourd’hui de réelles ambitions présidentielles affichées sans doute parce que tous seraient mus par un réel besoin d’alternance, et depuis que pour jauger de ce qu’il faut électoralement parlant dans le peu ple en allant dans une campagne précoce déguisé sous le fallacieux prétexte d’une visite de proximité qui pouvait lui faire voir son impopularité, le reliquat du Pnds-Tarayya et son président-candidat, avaient pensé à une autre stratégie, celle du «Maître-bienfaiteur», pour espérer donner de la fougue à ses soutiens, pour croire que son aventure serait politiquement envisageable. C’est en fin de semaine dernière, que quelques esprits illuminés, ont mis en oeuvre la trouvaille, en appelant quelques quarante partis politiques à la signature folklorique d’une alliance électorale, sans doute aussi, une alliance de gestion du pouvoir, parce que le groupuscule rassemblé, pouvait par ses fantaisies rêver d’un coup K.O., celui-là même que le «père spirituel», n’avait pas été capable de réaliser, lui qui pouvait se prévaloir de pont, d’échangeurs, et d’hôtels bâtis pour la cité et surtout de plus de partis qui venaient à sa rescousse pour le soutenir en vers et contre tous en 2016.
Le candidat du pouvoir, cherche sa force dans les arithmétiques, avec le nombre inutile de partis politiques satellites, inconnus, presque inexistants dans le peuple, si ce n’est sur les registres du ministère de l’Intérieur qui leur aurait facilité une reconnaissance officielle, qui sont venus le soutenir, avec pour chacun dans les mains gourmandes et cupides peut-on le soupçonner – côté en bourse oblige – le magot pour aller battre campagne auprès d’un électorat qui ne les connait pas pour être capables de soulever pour le compte d’un candidat en mal de popularité, des montagnes impossibles dans un électorat qui joue l’alternance irrévocable. Les orpailleurs politiques, invités à la messe avaient une occasion en or à ne pas rater quand même ils savent qu’ils ne peuvent rien changer dans le destin politique d’un homme, si ce n’est de profiter peut-être de ses largesses politiques conjoncturelles calculées que lui dictent un contexte difficile pour son aventure qu’il veut forcer pour croire que le Nigérien est si traitre qu’avec seulement de l’argent, on pouvait l’emballer et le trimballer dans une aventure qui se jouent contre ses intérêts et au profit d’un clan de prédateurs désormais connus et localisés sur l’échiquier. Non, les Nigériens ont de la dignité, de l’honneur et ils sont fiers d’eux-mêmes,
pour comprendre aujourd’hui, après le calvaire que le socialisme leur a fait vivre pendant dix ans, qu’ils ont mieux à faire, qu’ils ont un autre choix à faire. Ils ne croient plus qu’à une alternance. Douloureusement assis sur ses blessures, le Niger rêve mieux, espère et aspire profondément à un vrai changement. Il n’est donc que normal que la parole du candidat qui chante la continuation, la continuité, la perpétuation du chaos, ne puisse être audible dans un peuple anxieux et dépité par un socialisme de contrebande.
Ces partis maigres ; squelettiques comme des chèvres d’avril, ne peuvent donc pas renforcer une candidature affaiblie, amaigrie elle aussi, par les déchirements internes par lesquels elle est arrivée à s’imposer sans taire pour autant les contradictions internes dans le parti. Quelques 44 partis microscopiques dont les Nigériens ne connaissent même pas les noms souvent, a fortiori les leaders qui les conduisent, ne sont que de la poudre aux yeux et dont la messe, ce samedi, montre le désarroi d’un candidat qui chercher difficilement ses marques. Bazoum luimême et toute sa machine savent qu’ils se mentent, conscients de ce que ces partis ne représentent rien pour nourrir un quelconque espoir de victoire. Ils savent qu’on ne peut pas compter sur de tels partis invisibles pour croire qu’on peut remporter une élection dans le pays même lorsqu’on peut croire qu’on a la plus grosse fortune pour battre campagne et corrompre les consciences qu’on a souvent à dessein laissées végéter dans la misère crasse depuis dix ans. Ça fera peut-être grand bruit comme tous les tonneaux vides en sont capables – et là même pas si certain – mais ça ne changera rien.
Lorsque le Moden-Fa/ Lumana- Africa, le RDR Tchanji, Amen-Amin, Kishin Kassa, Jamhuriya et le MNSD-Nassara se battent pour d’autres candidats souvent plus posés, il est clair qu’avec sa petite moisson de 44 partis virtuels, farfelus, Bazoum, ne peut rien espérer, et surtout pas un K.O. dont rêvent ses obligés pour nourrir ses illusions de victoire incertaine, improbable, raisonnablement.
La longue et laborieuse liste des signataires égrainée du Palais des Congrès est comme sortie du néant : les Nigériens n’ont pas eu l’impression d’entendre les noms de partis politiques du pays et se demandent où est-ce que Bazoum est allé chercher ça pour l’impossible sacre qui le fait agiter depuis des mois que le président sortant lui fit la faveur de sa candidature à la candidature. La force que le Pnds a refusée de lui donner, les autres partis politiques ne peuvent pas la lui donner surtout quand ils ne sont même pas représentatifs de l’échiquier, tombés dans un anonymat qui les rend insondables.
La preuve est qu’ils sont partis s’engouffrer entre quatre murs ce samedi de la démonstration de force qui fut tragique par l’échec de la démonstration que l’on pouvait attendre de 44 partis, quand pour les 45 partis rassemblés, y compris le Pnds alors, les Nigériens auraient aimé qu’ils remplissent comme un autre, un stade de la capitale. C’est dire que Bazoum Mohamed, le Philosophe, ne peut pas compter sur ces minuscules partis pour croire qu’il peut triompher dans les prochaines élections. On aura compris que ce nombre, en aval, ne sert qu’à justifier demain une fraude, un hold-up que les Nigériens ne sont plus prêts à accepter.
Aujourd’hui seulement, peut-il regretter le mépris qu’il a toujours eu pour les autres, notamment tous les autres partis en vue de l’échiquier, pour ne se contenter que d’un poidsplume, Kassoum Moctar, pour lequel il est une idole incomparable qu’il couvre de tous les éloges superflus. Bazoum Mohamed, n’a eu que du mépris pour ceux qui ne sont pas de son parti et il l’a redit la dernière quand il devrait réagir à la suite de la validation de sa candidature problématique. L’heure est venue pour lui de payer son manque de sociabilité. Dans nos sociétés, le mépris pour les hommes se paie cash : aujourd’hui les partis et les hommes l’attendent du pied ferme.
Comme quoi, ces quarante-quatre partis ne peuvent pas faire l’affaire. Depuis quelques jours, les Nigériens, y compris du Pnds gagnés par le pessimisme, ont compris que tout s’est foiré autour du candidat du pouvoir et surtout que le Niger ne saurait rêver le meilleur avec lui. Cependant des partis politiques sans envergure et opportunistes qui fructifient leurs affaires en profitant d’un contexte favorable même à des alliances de façade, ne peuvent s’en priver pour grappiller autour d’un candidat qui fait étalage de sa dernière fortune obscure.
Bazoum a sans doute mieux à faire que de compter sur de tels soutiens dérisoires.
Le peuple a fait un choix, il est incorruptibles…
AI