Les bourdes d'un candidat à la présidentielle bien singulier : Bazoum poignarde publiquement Issoufou Katambé et Brigi Rafini, et met en cause les stratégies militaires dans les hécatombes connues par les FDS

Dimanche 29 novembre 2020, au soir, Bazoum était l'invité des étudiants de l'université Abdou Moumouni de Niamey. Dans l'antre de la célèbre place AB, les choses ont plutôt mal tourné pour le président et candidat du Pnds Tarayya. Sans qu'on ait compris quelle mouche l'a piqué, Bazoum a cru devoir souligner aux étudiants qu'Issoufou Katambé, le ministre de la Défense nationale, n'aurait pas dit la vérité dans l'affaire des détournements des fonds de l'armée, autrement dit qu'il a menti à son auditoire du jour en parlent de ce scandale aux relents criminels. Et Bazoum a si martelé ses propos, en présentant Katambé sous les traits d'un homme en quête de populisme, trop grise pour s'apercevoir de ce qu'il dit, que personne n'a besoin de clarifications pour comprendre ce qu'il a dit. Une sortie désagréable visà- vis d'un collègue du gouvernement et camarde du même parti qui a valu à Bazoum une volée de bois verts au sein de l'opinion nationale.

En attaquant ainsi à Issoufou Katambé, Bazoum a donné l'air d'être en train de régler un vieux compte avec le ministre de la Défense.

En l'écoutant crucifier ainsi Katambé à la place AB sur une affaire non classée mais dépassée en termes de débat public, Bazoum a donné l'air d'être en train de régler un vieux compte avec le ministre de la Défense. Issoufou Katambé est tout de même le président régional du Pnds Tarayya de Tahoua, le fief historique de ce parti. Au plan politique, s'il y a quelqu'un que Bazoum doit cajoler et avoir nécessairement dans son camp en cette veille d'élections, c'est bien Katambé. Assez bien perçu depuis son audio qui a circulé sur les réseaux sociaux et dans lequel il laisse entendre le sort qu'il aurait, lui, réservé aux auteurs des détournements au ministère de la Défense, Katambé a été conforté dans ce qu'il a dit par le contenu, grave, du rapport d'enquête. Et ni les hommes d'affaires impliqués, ni les grands commis du ministère de la Défense cités dans le dossier, n'ont remis en cause le rapport d'audit. Un rapport d'audit qui a connu un début de suite judiciaire avec les auditions à la police judiciaire. C'est, donc une affaire dont personne ne conteste la véracité. À l'exception de Bazoum et…seulement aujourd'hui.

Bazoum était-il en état d'ébriété pour ne pas être conscient de ce qu'il était en train de proférer devant les étudiants ?

Pourquoi Bazoum est-il revenu sur ce dossier dans les propos qu'il a tenus ? Pourquoi s'est-il cru obligé de traiter le Pr Katambé de menteur alors qu'il pouvait aborder ce dossier sans prononcer un seul nom ? Pourquoi a-t-il poignardé Issoufou Katambé pour ensuite chercher à panser la plaie, béante et douloureuse, que cela a occasionnée ? Était-il en état d'ébriété pour ne pas être conscient de ce qu'il était en train de proférer ? Autant de questions que se pose l'opinion nationale. Une opinion nationale profondément choquée, une fois de plus, par le comportement de cet homme qui aspire à gouverner le Niger et sur lequel pèsent de graves soupçons de faux et usage de faux en ce qui concerne ses pièces d'état-civil. Ayant pris la mesure de sa bavure, le lendemain, en s'écoutant sans doute parler, Bazoum a compris qu'il a profondément blessé Issoufou Katambé et qu'il doit rapidement songer à panser la plaie. Est-il encore possible ? Dans sa tentative, selon Ibrahima Hamidou, journaliste et homme politique, Bazoum a déployé tous ses moyens de bord pour faire comprendre à Issoufou Katambé qu'il n'a jamais tenu les propos qu'on lui prête. Dans cette hasardeuse démarche, Bazoum a bénéficié de l'appui de certains acteurs politiques prêts à tout pour le sacre du président du Pnds à la tête de l'État. Des hommes qui ont certifié à Katambé que Bazoum n'a pas tenu les propos qui sont pourtant clairement audibles.

…il poignarde aussi Brigi Rafini et brocarde l'armée dont il met en cause les stratégies

Bazoum est une calamité politique, ne cessent de dire des observateurs attentifs de ses bourdes dont il est coutumier. " L'homme ne sait pas garder sa langue et il dit n'importe quoi lorsqu'il commence à parler ", dit-on ici et là. Bazoum leur donne amplement raison. Outre qu'il a traité Katambé de menteur qui n'oserait pas dire publiquement ce qu'il a dit en privé à propos du scandale des fonds de l'armée, Bazoum, note Ibrahima Hamidou, a également estimé que " l'hécatombe connue par les FDS est liée à obsolescence des stratégies militaires. Une défaillance technique de l'armée qui n'a rien à voir, ni avec le politique ni la gestion des ressources budgétaires mises à la disposition du ministère de la Défense ". Une autre bourde qui n'étonne pas de l'homme et qui n'épuise point la musique qu'il a faite à ses collègues devant les étudiants à la place AB. Car, Katambé n'a pas été sa seule victime du soir. Il y a eu également Brigi Rafini, traité de " roue de secours " qui n'a du sa nomination qu'à un motif de stabilisation du nord. A-t-il, là aussi, besoin de faire une telle révélation aux étudiants ?

Laboukoye