Les certificats de nationalité en numéros doubles de Bazoum Les organisations de la société civile qui ont déposé auprès du procureur de la République du Tribunal de Grande instance hors classe de Niamey, hier matin, une demande pour l'ouverture d'une enquête pour détournement de biens publics à propos des fonds de l'armée, comptent également, dans les tout prochains jours, déposé une plainte pour faux et usage de faux contre Bazoum à propos de ses pièces d'état-civil. De fait, il est relevé dans les deux arrêts de la Cour que Bazoum a manifestement menti à la Cour. Voici l'objet de ce mensonge grossier.

Par arrêt n°06 du 19 novembre 2020, la cour a déclaré la requête en date du 12 novembre 2020 lui demandant de constater l'inéligibilité du candidat Bazoum pour défaut de conformité de sa nationalité, non fondée au motif que l'intéressé a plutôt produit un certificat de nationalité n°99/SD en date du 11 juillet 1985 et non le certificat n° 140/85 de la même date, contesté par les requérants. Et Bazoum de se répandre sur les médias, notamment la BBC, pour prétendre que le certificat de nationalité n°104/85 du 11 juillet 1985 contesté par les requérants Omar Hamidou Tchiana et Alpha Abdoulkadri, est un faux fabriqué par les soins de Hama Amadou pour le discréditer. Profitant du fait que ce dernier était en déplacement à l'étranger, Bazoum ajoute que le chef de file de l'opposition était en réalité en fuite car se sachant menacé d'arrestation pour ce faux.

Quant à Me Illo Issoufou, avocat à la Cour et conseil du sieur Bazoum, il a indiqué devant la Cour que s'agissant du certificat de nationalité n° 140/85 qui serait produit dans son dossier de candidature de 2016, il reste toujours dans l'ignorance de ce numéro et qu'en tout cas, il n'en a pas souvenance.

Pourtant, la Cour constitutionnelle a investigué dans ses propres archives et a retrouvé dans le dossier de Bazoum au titre des élections législatives de 2016, le certificat de nationalité n° 104/85 que l'intéressé nie être le sien. Problème pour Bazoum, ce certificat de nationalité n° 104/85 a curieusement le même contenu que le certificat de nationalité n°99/SD versé, cette année, dans son dossier pour la présidentielle. Il ressort ainsi, et cela a été clairement établi par la Cour, qu'il y a deux copies de certificat de nationalité au nom de Bazoum, avec deux numéros différents, mais établis la même date (11 juillet 1985), émis par la même juridiction (section du tribunal de Diffa) et ayant le même contenu. Le premier est bel et bien le n° 140/85 retrouvé dans son propre dossier des élections de 2016 et celui qu'il a produit, cette année, sous le n° 99/ SD. La Cour note également que Bazoum a versé une photocopie légalisée de l'original dudit certificat, mais sur laquelle, il n'apparaît aucun numéro d'identification. Bazoum a-t-il trompé la Cour ? A-t-on déjà vu un acte d'état-civil sans numéro ou encore un certificat de nationalité en numéros doubles ?

À la lecture de l'arrêt n°10 du 8 décembre 2020 de la Cour constitutionnelle, on se rend compte que Bazoum est loin d'avoir fini avec la justice, tant il y a des zones d'ombre à éclaircir, tant dans son identité véritable que dans l'authenticité de ses pièces d'état-civil. L'existence d'un même certificat de nationalité à numéros doubles au nom du même individu est en soi un motif valable pour une autre action en justice.

A.S