Le Président de la République, SE. Issoufou Mahamadou a assisté, hier matin dans la cour du palais présidentiel, à la cérémonie officielle de levée du corps de l’ancienne présidente de la Cour Constitutionnelle, Mme Khadîdja Abdoulaye Diori né Ly. Étaient présents à cette cérémonie les présidents des Institutions de la République, plusieurs membres du gouvernement, les responsables des hautes juridictions, les représentants du corps diplomatique, les membres de la famille de la défunte ainsi que plusieurs invités. Dans l’oraison funèbre qu’il a lu à cette occasion, le président de la Cour des Comptes Pr. Narey Oumarou a rendu hommage à la femme émérite, travailleuse acharnée et intègre qu’était Mme Khadîdja Abdoulaye Diori.
Pr. Narey Oumarou a salué la femme généreuse et pleine de compassion qu’était la défunte. «Ta famille, tes amis, tes anciens collègues, ceux qui t’ont connue et appréciée dans ta vie familiale et professionnelle, tout le monde est là, toutes ces personnes t’appellent affectueusement Kadja ; nous sommes tous là pour te dire adieu et te rendre un dernier hommage». Pour le président de la Cour des Comptes, la défunte Mme Khadîdja Abdoulaye Diori né Ly, laisse derrière elle deux registres importants : le premier, relatif à sa vie familiale et à ses relations sociales et le second portant sur sa vie professionnelle.
Mme Khadîdja Abdoulaye Diori est née, le 5 mars 1952 à Niamey. Après avoir effectué des études primaires entre 1959 et 1965 à l’école mission catholique de Niamey, elle y obtient son certificat d’études primaires élémentaires avant d’accéder au lycée national de Niamey en 1965. Cependant, après l’affectation de son papa comme sous-préfet de Zinder ; elle fréquente le CEG de Zinder avant de revenir à Niamey pour poursuivre ces études au collège Mariama où elle passe avec succès le BEPC. Son humanisme, son grand cœur et son altruisme l’ont orientée vers le domaine de la santé. C’est ainsi qu’elle intègre en 1970, l’école nationale de santé publique de Niamey où elle en sort en 1973 avec le diplôme d’état de sage-femme. Ainsi, pendant 7 ans, Mme Khadîdja Abdoulaye Diori, assiste des milliers de femmes ayant mis au monde plusieurs enfants.
Toutefois, désireuse de continuer ces études supérieures, elle s’inscrit en 1980 au cours du soir. Et cela malgré, une vie professionnelle intense et l’éducation de ces enfants, afin de passer l’examen du baccalauréat comme candidate libre. Elle obtient brillamment son diplôme en 1980. Ce qui, l’amène à intégrer la première promotion de la faculté des sciences économiques et juridiques de l’Université de Niamey aujourd’hui dénommé ‘’Université Abdou Moumouni’’, où elle obtient la licence en 1984, puis la maitrise S-science juridique, option droit public en 1985. Très attachée à l’approfondissement de ses connaissances en droit public, elle décroche en 1990, un diplôme d’études supérieur spécialisée (DESS) en droit de la santé à la prestigieuse Université de sceaux à Paris. 4 ans après, elle se spécialise dans le domaine du travail gouvernemental et parlementaire à l’UAP de Paris, ce qui d’ailleurs l’a inspirée dans le choix de thème de sa thèse de doctorat en droit public. Celle-ci l’a conduite en 2005 à obtenir le titre de docteur en droit public avec la mention très honorable et les félicitations du jury à l’université Jean Monnaie de Paris.
Très proche des préoccupations des ses concitoyens, Mme Khadîdja Abdoulaye Ly s’est toujours surpassée pour leur bien-être. Généreuse, elle a toujours apporté son aide sans compter le luxe et le confort qui n’ont jamais été une préoccupation pour sa personne.
Et sur le plan professionnel ses collègues attestent qu’en s’en allant, elle leur laisse le souvenir d’une personne généreuse pour qui le sens du partage est un réflexe. «Tu faisais beaucoup avec si peu. Comment oublier cette personne appréciée, fidèle et généreuse qui faisait siens les problèmes et préoccupations de ces collègues jusqu’à leur résolution. Tu as su rester digne, ce qui t’a valu le respect de tous. Tu étais juste, un chef attentionné ayant le souci de mettre ses collègues et tous les autres agents dans les meilleures conditions de travail», a soutenu M. Narey Oumarou.
En effet a-t-il poursuivi, «pour certains d’entre nous d’ici et d’ailleurs, tu étais une simple connaissance, une amie, une collègue pour d’autres une parente, une sœur belle-sœur, mais tu as toujours été fidèle à ton poste, positive, optimiste devant l’éternel, toujours tournée vers les autres à l’écoute, c’est vraiment Kadja mai Moutané. Pour preuve, lors des audiences que tu présidais ton souci était que chacun exprimât son point de vue en l’appuyant par des arguments bien solides pour trouver solution à chaque question juridique posée. Bien entendu lorsque sept membres de la cour ayant des qualifications juridiques différentes étaient en débat, il te revenait en tant que président de séance la lourde tâche de faire la synthèse, tâche ardue mais que tu accomplissais avec brio car ton soucis premier était de placer l’intérêt du pays au-dessus de tout».
«Lors de ce débat ; il arrivait parfois que tu sois mise en minorité mais tu l’acceptais sans difficulté et de gaité de cœur avec cette formule qui t’est propre : «je ne suis pas convaincue mais je m’incline», rappelle le président de la Cour des Comptes. Une sage attitude que Mme Ly a observée au sein de la Cour constitutionnelle de 2006 à 2019. Mme Mme Khadîdja Abdoulaye Diori était de 2006 à 2009, conseiller à la Cour constitutionnelle, désignée par les associations de défense des droits de l’homme et de la démocratie ; de 2010 à 2013 conseiller au sein du Conseil constitutionnel de transition, désignée à nouveau par les associations ; 2013 à 2019, personnalité désignée par le Président de la République, élue présidente de la cour constitutionnelle par ses pairs.
Durant toutes ces années de services consacrés exclusivement à l’exercice de ses fonctions, de conseiller d’abord, puis de président, Mme Khadîdja Abdoulaye Diori s’est dévouée. Travailleuse acharnée, rigoureuse, voire perfectionniste, elle a sans doute laissé à tous ses collègues qui ont eu la chance et le bonheur de la côtoyer le souvenir d’une dame intègre et droite toujours perfectionniste. «Tu laisses certes un vide immense derrière toi, mais ta mémoire sera toujours gravée dans nos cœurs», a déclaré Pr Narey Oumarou.
Rahila Tagou(onep)
16 décembre 2020
Source : http://www.lesahel.org/