Amères vérités : Bazoum ne peut pas et ne doit pas prendre part à l’élection présidentielle

L’affaire Bazoum est suffisamment grave ne pas continuer à en parler. Par deux fois, alors qu’il est pratiquement K.O, il a été sauvé par le gong. Échappera- t-il au troisième round qui s’annonce ? Il est déjà groggy mais tient encore debout grâce aux coups de serviette mouillée inexplicables qu’il a reçus de l’arbitre. Les Nigériens, eux, sont impatients de voir ce boxeur irrégulier tomber dans les pommes. Affaibli mais buté, le bonhomme refuse de s’écrouler, encore moins d’abandonner le combat. Un combat qu’il est d’autant plus déterminé à poursuivre qu’il sait compter sur l’ignorance des uns et la corruption des autres. L’ignorance des uns car nombre de Nigériens soutiennent la candidature de Bazoum parce qu’ils n’appréhendent pas les enjeux de la question. Ils ne comprennent pas que Bazoum ne peut pas et ne doit pas prendre part à l’élection présidentielle parce que :

La Constitution, en son article 47, a précisé les critères auxquels il faut impérativement satisfaire pour prétendre à la magistrature suprême. Des juristes émérites ont suffisamment éclairé le débat public sur les contours et les conséquences des dispositions de l’article 47. À titre de rappel, voici un extrait de l’éclairage de Me Bachir Amadou.

« Pour le constituant nigérien, le candidat à l’élection présidentielle, contrairement aux autres élections, doit être de nationalité nigérienne d’origine. Cette condition se justifie par le fait que la fonction présidentielle est la plus haute fonction de l’État et par les prérogatives qu’elle consacre. Le Président de la République est le chef de l’État, il est le chef de l’Exécutif, chef suprême des armées et magistrat suprême.

La « nationalité d’origine » n’est pas le fruit d’une formule évasive, elliptique ou banale, énoncée au passage, et que l’on pourrait en conséquence considérer comme une clause de style secondaire et à tout dire négligeable. On retrouve souvent la formule, dans les mêmes termes dans presque toutes les Constitutions. Le difficile débat auquel donne lieu sa compréhension actuellement, traduisent bien, au contraire, la volonté de garantir le rapport de confiance qui doit exister entre le futur Président de la République et le peuple, en faisant de la nationalité d’origine un des gages de la confiance et un des attributs de la loyauté du futur Président envers le peuple et sa fidélité à la Nation ».

Pour conclure, …Bachir indique que : « La nationalité nigérienne à titre de nationalité d’origine est définie comme une nationalité par attribution en raison, soit de la naissance au Niger d’un parent biologique qui y est lui-même né ; soit de la filiation au profit de l’enfant né dans les relations du mariage ou non et dont il est établi qu’au moins l’un des deux parents biologiques est nigérien ».

Là se trouve la vérité et nulle part. Bazoum n’est pas victime d’une cabale éthique comme il a voulu le croire. Il est récusé parce qu’il ne peut justifier d’aucune des deux possibilités susvisées. Le cas de Bazoum est d’ailleurs pire pour envisager sa candidature à la magistrature suprême. Car, non seulement, il ne peut prouver qu’il est né au Niger, mais il est également incapable de démontrer qu’un, au moins, de ses deux, est nigérienne.

Bazoum, assurément, ne répond pas aux critères définis par la loi fondamentale nigérienne. Il le sait et tous les Nigériens en sont désormais convaincus. Depuis les deux arrêts consécutifs de la Cour constitutionnelle, ils ont acquis les preuves que Bazoum doit impérativement quitter la ligne de départ des candidats à l’élection présidentielle. Sa présence est perçue, et à raison, comme une incongruité malsaine au climat politique et social. Son maintien dans cette course au fauteuil présidentiel sera un grave trouble à l’ordre public. Or, il est inadmissible de faire valoir l’intérêt d’un individu et/ou d’un clan sur ceux du peuple tout entier au nom duquel la justice est rendue, selon la Constitution. Il est inadmissible de mettre la quiétude et la paix sociale en danger pour servir un homme et/ou un clan.

Le Niger a besoin de paix et de justice. C’est pourquoi Bazoum doit impérativement être déchu de ses prétentions. Des prétentions non justifiées et indiscutablement porteuses de périls pour le Niger. Dura lex, sed lex, autrement dit, la loi est dure, mais c’est la loi. La loi est également impersonnelle et ce n’est pas parce qu’il s’appelle Bazoum que la loi ne doit pas être appliquée. Bazoum est un boxeur qui cogne en dessous de la ceinture. Il doit non seulement être disqualifié pour ça, mais doit éventuellement répondre des actes de faux et usage de faux si la Cour constitutionnelle suit, enfin, les plaignants.

Est-il inutile, dans cette vérité que les Nigériens cherchent à établir, à prouver, de relever qu’il y a eu des témoins contre Bazoum et que les pièces d’étatcivil produites par ce dernier sont toutes sujettes à caution? Est-il inutile de souligner qu’il a été incapable de justifier comment peut-il être né nigérien et n’avoir cherché à obtenir un acte de naissance et un certificat de nationalité qu’à la fin de ses études supérieures?

Est-il inutile de préciser qu’on ne demande à Bazoum de faire une dissertation philosophique ais plutôt de prouver qu’il est bien Nigérien de père et/ou de mère? Pour la charge, Mohamed est en vérité le prénom de son frère aîné et Hadiza, celui de sa bellesoeur. Le certificat de nationalité qu’il nie être le sien a bel et bien été retrouvé dans son dossier des élections législatives de 2016. Cela suffit amplement pour preuve que Bazoum a tout dit, sauf la vérité. Le comble, c’est que le numéro 99/85 qu’il prétend être le sien correspond au certificat de nationalité d’un certain Boukar Mallam Boukar. Le contenu, ainsi que la date de délivrance, tout comme la juridiction, n’ont pas de toute façon changé. Et si c’est juste le certificat de nationalité 140/85 qui a été dupliqué en prenant le soin d’y changer le numéro d’identification.

BONKANO