Une finesse politique.

Au lieu de laisser ou pousser ses partisans du FRDDR à une confrontation avec la force publique et dont nul ne peut prédire les conséquences sur le pays, le chef de file de l’opposition nigérienne a préféré jouer en stratège. Ce qui contrarie sérieusement les plans du régime qui se voit obligé de garder ses muscles qu’il voulaient détendre pour décapiter ce qu’il en reste de son Opposition. Maintenant, Hama Amadou ne lui donne d’autres choix que d’affronter – cette fois sans le soutien de la force publique – les monstrueux défis qui l’attendent. Nul besoin d’être expert en quoi que ce soit pour savoir que des troubles politiques auraient permis à la Renaissance de gérer ou du moins de mettre en veilleuse beaucoup qui l’assaillent. En cas d’affrontements entre populations et force de l’ordre, toutes les revendications des syndicats, notamment, ceux des enseignants, des médecins spécialistes, des agents des régies financières et tutti quanti seront vite oubliées. La seule préoccupation de l’heure serait de ramener la sérénité. Autre avantage que le régime pourrait en tirer, c’est de pouvoir resserrer ses propres rangs. C’est un secret de polichinelle, le parti au pouvoir PNDS-Tarayya est au bord de l’éclatement tandis que la majorité présidentielle peine à cacher ses divergences. Les suspicions dans les entrailles de la Mouvance présidentielles sont criardes. Des troubles provoquées par l’opposition auraient permis de taire toutes ces divergences et faire front commun pour défendre le régime contre son principal « ennemi ». Mais en agissant comme il l’a fait, c’est comme si le FRDDR dit : « ne les aidons pas à régler leurs problèmes, laissons-les y faire face jusqu’à épuiser toute leur énergie ».

Et de problèmes, Dieu sait que la Renaissance en a. ils ne font que s’empirer, d’ailleurs. L’argent liquide manque de plus en plus ; la confiance des partenaires se perd progressivement au point où même obtenir une dette ou des obligations du Trésor est devenu compliqué ; la patience des partenaires sociaux pointe vers ses limites et, par-dessus tout, la cohésion s’effrite au jour le jour au sein de la coalition au pouvoir et du parti présidentiel. Autant dire, un cocktail instable capable de se passer de la brindille d’allumette. Désormais donc, la Renaissance ne peut que compter sur son propre génie pour résoudre ses problèmes, l’opposition ayant décidé de ne point l’en aider.

1er juin 2017
Source : L'Eclosion