Des élections présidentielles au Niger n'ont jamais été autant exportées que les présentes. Comme quoi avec le PNDS il faut s'attendre à tout. L'extérieur s'invite au scrutin présidentiel et cela de manière ouverte, avec des partis pris inadmissibles, comme ceux de certains médias internationaux. Beaucoup d'encre a déjà coulé sur l'intrusion intempestive de la France, de manière presque officielle, avec les récentes déclarations de son ministre des affaires étrangères, et aussi des pays comme le Qatar et l'Arabie Saoudite. Sans parler du passage d'un grand allié de Mahamadou Issoufou, Mangal, venu démarcher ouvertement des leaders politiques pour soutenir la candidature contestée de Mohamed Bazoum. Comme si cela ne suffit pas, l'on apprend par une dépêche d'Algérie Part, en date du 7 janvier 2021, que notre voisin du nord, l'Algérie, s'inviterait également dans le scrutin présidentiel nigérien, au profit du candidat du pouvoir, à travers le Général-Major Mohamed- Bouzit alias Youcef, chef de la Direction de la documentation et de la sécurité extérieure (DDSE). Ainsi, selon la dépêche, le patron du renseignement algérien espère redorer son blason à travers cette intrusion, après avoir connu plusieurs échecs en matière de renseignement. Un coup fourré que plusieurs hauts responsables algériens désapprouveraient d'ailleurs, et ce ouvertement. Il s'agit pour lui d'influencer les élections au Niger en proposant un " deal au candidat Bazoum ". " Mohamed Bazoum a été contacté au cours du mois de décembre 2020 par des émissaires du patron du renseignement algérien. Le général Youcef pensait formuler une offre alléchante au politique nigérien dans sa conquête du pouvoir : un financement de deux millions en contrepartie d'un futur alignement diplomatique sur les positions de l'Algérie dans le dossier du Sahara Occidental et de la Lybie ", lit-on entre les lignes.
En termes clairs, il a été demandé au candidat Bazoum, s'il est élu, la reconnaissance du Sahara Occidental que l'Algérie soutient contre le Maroc, et même les Etats- Unis qui reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental depuis 1975. Selon toujours la dépêche, Bazoum aurait accepté la main tendue en termes de soutien financier qui aurait été acheminé dans un avion militaire algérien le 25 décembre 2020. Mais il aurait refusé certaines conditions (lesquelles ?), selon la même source. Aussi bien en Algérie qu'au Niger, cette ingérence fait grincer des dents. Et pour cause. Par ce deal, le Niger risque d'être pris en sandwich, car par le biais du Sahara occidental, notre pays entre dans le tourbillon d'une guéguerre diplomatique entre le Maroc et l'Algérie. Le Maroc revendique sa souveraineté sur ce territoire, et l'Algérie soutien le Sahara occidental. Il est intéressant de souligner que le Niger a toujours observé une équidistance relativement à ce conflit de souveraineté. Ce qui lui a permis de rester en bons termes avec le Maroc et l'Algérie. Il est convenable d'entretenir de très bonnes relations avec les pays voisins, et tous les autres Etats du monde. En respectant leur souveraineté tout en faisant respecter la souveraineté de notre pays. Il est inadmissible que des puissances étrangères tentent d'influencer si ouvertement, sans s'en cacher, nos élections. Ailleurs, le candidat qui s'acoquine avec l'extérieur en période électorale, tombe immédiatement sous le coup d'intelligence avec une puissance étrangère. Au Niger également la loi prévoit de telles dispositions. Car celui qui finance votre campagne vous dicte ses conditions. Plus grave encore si ce financement provient de l'extérieur, car c'est la souveraineté du pays qui sera aliénée.
Bisso