Face aux incertitudes qui planent sur les consignes de vote des principaux partis dont les candidats ont été recalés au premier tour de la présidentielle, les partisans du candidat du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-TARAYYA) font feu de tout bois pour convaincre les partis concernés à se rallier à leur candidat. C’est ainsi qu’ils agitent en permanence la menace d’une cohabitation au cas où le candidat Mahamane Ousmane venait à être élu président de la République. Les Guristes se basent sur deux faits pour convaincre les non-avertis que leur candidat a pris une longueur d’avance sur son concurrent et que le deuxième tour ne sera qu’une simple formalité. Le premier fait est qu’avec ses 39,33% du premier tour, Bazoum Mohamed n’aura besoin que de 11% pour se faire élire. C’est comme si les 39,33% du premier tour sont conservés quelque part et que le candidat du parti au pouvoir va seulement à la recherche des 11% ? Ce qui est totalement inexact.
Comme le dira l’autre, les compteurs sont remis à zéro. C’est comme si Bazoum Mohamed et Mahamane Ousmane ont chacun 0% et que seul celui qui parviendra à convaincre plus de 50% de Nigériens accédera au fauteuil présidentiel. Rien n’indique que les 39,33% des Nigériens qui ont voté pour le candidat Bazoum Mohamed vont encore voter pour lui face à Mahamane Ousmane, au point de penser que si des partis dont les candidats ont recueilli plus de 11% au premier tour, appellent à voter pour lui, il sera d’office élu. Le 21 février, c’est un choix entre deux hommes que les Nigériens vont opérer, en fonction de l’image qu’ils ont de l’un et de l’autre. Et rien n’indique que les consignes de vote données par les partis politiques vont être scrupuleusement respectées. En plus, avec la détermination de l’opposition à empêcher la répétition des monstrueuses fraudes qui ont caractérisé le premier tour, les jeux vont certainement être plus compliqués que ne le pensent les partisans de Bazoum Mohamed. Le deuxième sur lequel ces derniers se basent pour considérer qu’ils seront vainqueurs à tout prix est qu’ils disposent déjà d’une majorité à l’Assemblée nationale et qu’au cas même où Mahamane Ousmane est élu président de la République, ce sont eux qui vont gérer l’Assemblée nationale et la primature. Mais ils oublient que le PNDS-TARAYYA ne dispose que de 80 députés sur les 166 élus aux législatives du 27 décembre dernier et que c’est avec certains de ses alliés qu’il peut disposer de la majorité.
Or, si jamais le PNDS-TARAYYA perd le second tour de la présidentielle, tous les partis qui gravitent autour de lui vont l’abandonner, y compris celui de Kassoum Moctar qui se présente aujourd’hui comme l’homme à tout faire de Bazoum Mohamed. Il n’est même pas exclu que certains des 80 députés du PNDS-TARAYYA ne fassent dissidence pour rejoindre la mouvance présidentielle, surtout qu’il y a beaucoup qui sont impliqués dans des affaires scabreuses et qui chercheront à se mettre à l’abri des poursuites judiciaires. Si Mahamane Ousmane est élu président de la République au soir du 21 février 2021, il n’aura même pas besoin de dissoudre l’Assemblée nationale pour disposer d’une majorité à l’Assemblée nationale. Et au cas où cela est nécessaire, il pourra dissoudre cette Assemblée dès sa prise de fonction. Contrairement à ce qu’a dit Bazoum Mohamed dans une interview à la chaine de télévision Africa 24, la semaine dernière, la Constitution n’a jamais dit que l’Assemblée ne peut pas être dissoute moins d’un an après son installation.
C’est après une première dissolution qu’une deuxième ne peut pas intervenir dans les 24 mois qui suivent les nouvelles élections législatives. Contrairement aussi à ce qu’a raconté le conseiller du même Bazoum Mohamed, M. Oumar Moussa sur les réseaux sociaux, la Constitution n’a jamais dit que le président de la République doit avoir le feu vert du président de l’Assemblée nationale et du premier ministre pour dissoudre l’Assemblée. Elle lui fait juste obligation de les consulter. Il y a toute une machine de manipulation de consciences que les Guristes ont mise en marche ces derniers temps dans le but de montrer que si leur candidat n’est pas élu président de la République, le Niger va retomber dans l’instabilité politique. Il n’est absolument rien. La Constitution a tour règle.
Hamidou Bello