« Dans mon intervention de tout à l’heure, j’avais commencé par dire que notre débat d’aujourd’hui est celui du procès d’un système de gouvernance dont si une des caractéristiques consiste dans la place éminente qu’y occupent les affaires comme facteurs de stratégie politique, l’autre aspect réside dans la façon singulière dont il a perverti le régime semi présidentiel consacré par notre Constitution. En effet, depuis que ce régime a été conçu peu de temps après le retour du Général de Gaule au pouvoir en France en 1958, jamais nulle part un Premier ministre ne sera resté au pouvoir autant d’années que l’actuel Premier ministre du Niger. S’il a pu en être ainsi, c’est au prix d’une perversion à laquelle notre pays a payé un tribut élevé. Car chez nous, le responsable du groupe parlementaire MNSD-Nassara vient de nous en faire la preuve, le Premier ministre semble avoir pris en bail sa fonction pour toute la durée du double mandat du président de la République. Du coup le régime est privé de tous les mécanismes par lesquels il aurait pu transpirer et souffler. Dans le contexte des difficultés propres à la gestion d’un pays, surtout pauvre comme le nôtre, la fonction de Premier ministre expose à des défis impossibles. Il s’en suit en règle générale une usure rapide commandant des changements périodiques. Ce sont ces changements de chef de gouvernement scandant le mandat présidentiel qui suscitent périodiquement l’espoir, donnent l’entrain et l’enthousiasme indispensables pour faire face aux défis. Ce sont ces changements réguliers qui donnent cours aux innovations, aux remises en cause des pratiques routinières ainsi qu’aux inepties qui les caractérisent. Chez nous, le Premier ministre a fait deux paris difficilement supportables : le pari de l’éternité et celui de la stagnation.En accédant à sa fonction en janvier 2000, son regard s’est déjà immédiatement rivé sur les élections présidentielles de 2009. Il fallait qu’il s’en donnât pour cela les moyens. Aussi, inventa-t-il les LAPS et les PSOP, et et avec eux naquit la génération Zakey. Les finances publiques furent mises sous coupe réglée et des hommes d’affaires enrichis outrageusement, et à la vitesse de l’éclair, poussèrent comme des champignons à l’image de leurs bâtiments à étages dans les quartiers de Niamey. Pendant ce temps, l’école totalement abandonnée, n’en finit pas de mourir, les années universitaires sont blanches presque une année sur deux. Cette année, les écoles n’ont guère totalisé plus de quatre mois de cours. Les jeunes sont voués au chômage, et à une détresse indicible. La pauvreté s’accentue de plus en plus. L’économie moribonde n’attire aucun investisseur étranger. Même les commerçants chinois, si entreprenants et si tenaces, qui ont littéralement envahi tous les autres pays africains, n’ont rien pu trouver à faire au Niger. L’horizon s’assombrit chaque jour un peu plus. Le malaise a envahi toute la société. C’est sur fond d’un tableau si obscur qu’est intervenue l’affaire dite MEBA. Un petit espoir avait pointé à l’horizon. Les citoyens ont pensé enfin qu’il y aura la justice. Mais, voilà que la justice a été contrariée et escamotée. Il en est résulté un sentiment de profonde frustration et d’injustice. Et pour ne rien arranger à nos affaires, voici que la rébellion a repris dans la zone de l’Aïr. Notre pays est comme revenu à la case départ. Ce que je dis là indique qu’à l’évidence notre pays fait face à des problèmes sérieux.

Les nigériens sont fatigués. Ils ont envie ne serait- ce qu’un peu d’espoir. Aussi, nous sommes-nous proposés de leur en donner en déposant la présente motion de censure. Le Premier ministre, usé jusqu’à la corde ( ?) doit partir. Qu’aurait-il voulu au juste faire de plus, pour enfin envisager de s’en aller ? De quel bilan se prévaut-il pour prétendre continuer à rester ? Non, il est temps que le Premier ministre s’en aille. Son pari de rester Premier ministre en prenant l’Etat et le pays en otage, et en subordonnant absolument tout à son agenda personnel en vue des échéances de l’année 2009, est irraisonnée. C’est surtout un pari dangereux. Il faut que le chef du gouvernement consacre du temps au pays, plutôt qu’au GRGN, aux meetings, aux liasses de billets déversées sur les tam-tams.

Il est temps donc de permettre au président de la République de nommer un chef de gouvernement au sein de la majorité qui l’a porté au pouvoir en 2004. Le PNDS n’entend constituer aucune nouvelle majorité.Le PNDS entretient de rapports de loyauté à toute épreuve avec le Président Tandja Mamadou. Tout le monde en est témoin, toutes nos déclarations sont là pour le confirmer. Il n’y a pas lieu par conséquent aujourd’hui de vouloir faire peur à qui que ce soit. Nous n’avons aucun projet. Nous sommes des citoyens, députés en l’occurrence, qui avons déposé une motion de censure. Et la Constitution donne le pouvoir au président de la République de nommer son Premier ministre au sein de sa majorité qui renferme beaucoup de compétences qui ne sauraient se réduire au destin d’une seule personne.

Voilà pourquoi je demande aux députés du groupe parlementaire PNDSTarayya et apparentés, PNAAl Oumma et PPN-RDA, de voter oui pour la motion de censure, afin que l’espoir renaisse dans notre pays ».

Laboukoye