Pour rappel, depuis la tenue du sommet de La Valette en novembre 2015, le Niger et l'Union Européenne se sont engagés dans une coopération précise dans le cadre de la lutte contre le trafic illicite des migrants et tous les maux que génère ce trafic via le désert et la méditerranée à savoir les accidents et les pertes qui se soldent par des centaines de pertes en vies humaines. Selon le ministre de la Justice, Garde des Seaux, la migration est un phénomène complexe multidimensionnel touchant à des degrés divers les Etats avec des implications sociopolitiques, sécuritaires mais aussi humanitaires qui mérite de larges concertations entre l’Etat et ses partenaires. « Il n’y a pas très longtemps, le Niger a abrité la conférence ministérielle des Etats membres de l’espace sahélo-saharien sur la migration irrégulière et les enjeux sécuritaires qui visait à partager l’évolution des connaissances et des pratiques afin de mieux appréhender les causes profondes de la migration et évaluer la pertinence des réponses», a déclaré M. Marou Amadou avant de réaffirmer la détermination du gouvernement du Niger à accompagner ce cadre de partage et d’échanges entre acteurs de la migration pour avoir de meilleurs résultats. Il a par ailleurs informé l’assistance que, récemment, le ministre d’Etat, ministre en charge de l’intérieur était à Kawar où, il a constaté de visu les conditions de vie des populations suite à la fermeture du site aurifère du Djado et l’application de la loi N° 2015-036 du 26 mai 2015 sur le trafic illicite de migrants. A cet effet a-t-il dit, un plan de reconversion des acteurs de la migration a été adopté le 18 mai 2017 à Agadez. «Le gouvernement attend de vos travaux que la communication soit améliorée et qu’il ait une synergie d’action accrue entre les acteurs. Il est également attendu de vos travaux un meilleur cadrage des interventions du fonds fiduciaire de l’Union Européenne au Niger », a-t-il déclaré avant de féliciter et encourager les responsables de la délégation l’Union Européenne pour leur accompagnement.

Quant à SE Raul Mateus Paula, ambassadeur de l’Union Européenne au Niger, il a saisi l’occasion pour renouveler, au nom de la Haute Représentante, Mme Federica Mogherini, ainsi qu'au nom des Etats Membres de l’Union Européenne, toute leur appréciation de l'engagement des autorités nigériennes dans la lutte contre la migration irrégulière. « Cet engagement est visible, les données statistiques montrent clairement une baisse significative des transits par la région d'Agadez, grâce à la mise en œuvre rapide du plan d'action élaboré par le Ministère en charge de l'Intérieur du Niger et l'approbation de la Stratégie de Lutte contre la Migration Irrégulière en décembre 2016 après un processus très participatif et inclusif », a-t-il indiqué.

Il a noté que la représentation est à l'écoute des communautés et de leurs représentants dans la région d'Agadez, conscients des attentes générées par les programmes de développement financés sous le Fonds Fiduciaire d'Urgence. « Nous avons accentué nos efforts pour que la mise en œuvre de ces programmes soit accélérée. Je suis confiant quant à la matérialisation rapide des premiers résultats visibles sur le terrain. En supplément des aides bilatérales apportées par nos Etats-Membres, l’Union Européenne a aujourd'hui engagé environ 100 Milliards de francs CFA dans le cadre du Fonds Fiduciaire d'Urgence, illustrant ainsi notre conscience commune des enjeux et des défis, tant économiques que sécuritaires, auxquels le pays doit faire face », a souligné SE Raul Mateus Paula.

Pour autant, dit-il, et au-delà de ces résultats force est de constater qu'il reste encore beaucoup à faire, comme en témoignent les images dramatiques de ces personnes sauvées de justesse en Méditerranée. « Il nous faut réfléchir et travailler ensemble pour identifier les nouvelles routes et les nouveaux modes opératoires de trafiquants sans scrupules qui n'hésitent pas à abandonner leurs passagers en plein désert, garantir l'appropriation locale des mesures prises et faciliter le retour volontaire des migrants rentrant de Libye, où ils ont vécu des traitements inhumains », a-t-il martelé.

L’ambassadeur de l’Union Européenne au Niger a en outre souligné que, la gestion des flux migratoires et leurs conséquences actuelles, exige encore plus de vigilance et d'efforts conjugués afin de mieux appréhender les axes d'intervention à court, moyen et long termes. En effet, pour être efficaces, celles-ci doivent être durables et porteurs d'espoir pour les jeunes, les femmes et les hommes que la pauvreté et le désespoir poussent à prendre des risques aux conséquences tragiques. « Pour notre part, l'Union européenne et ses Etats membres continueront à soutenir la création d'alternatives économiques, les retours volontaires et la réintégration des migrants dans leurs communautés d'origine. L'organisation tient à poursuivre son action avec vous, sur la base de nos discussions que je souhaite transparentes, ouvertes, mais surtout constructives. Cette seconde réunion, du Cadre de Concertation Migration, nous offre un espace idéal pour continuer à coordonner nos efforts et à progresser davantage », a-t-il conclu.

Seini Seydou Zakaria(onep)

05 juin 2017
Source : http://lesahel.org/