Allons droit au but. S’il y a un corps qui a failli sous la 7e République et dont les faits ont généré les problèmes politiques actuels, c’est bien la justice. Le laisser-aller visà- vis d’une catégorie de citoyens, voire la complicité de certains juges avec des voyous de la République, la rupture d’égalité des citoyens devant la loi, clairement assumée, sont, entre autres, les grandes plaies puantes de la 7e République. Toute la chienlit politicosociale actuelle est la conséquence d’une justice sans âme qui a servi de tremplin pour construire le faux, le défendre et l’imposer, y compris en jetant en prison tous ceux qui, par leurs idées et leurs positions, sont perçus comme des obstacles. C’est une évidence qui crève les yeux. Mais il est tout aussi évident que si des juges se sont crus autorisés à violer leur serment, à poser des actes de nature à troubler l’ordre public, à diviser le Niger en citoyens justiciables qu’on jette en prison pour un rien, et en Nigériens autorisés à commettre tous les délits et crimes sans être inquiétés…c’est précisément parce que l’impunité a prévalu à chaque fois que l’occasion est donnée de faire rendre gorge aux auteurs, co-auteurs et complices d’actes répréhensibles.

C’est cette impunité qui a donné des ailes à tous ceux que l’on voit, aujourd’hui, faire étalage d’arrogance et de mépris pour les Nigériens après avoir commis les délits et/ou crimes les plus atroces.Trafiquants, vendeurs et dealers de drogue, délinquants financiers de grosse pointure, complices d’actes de terrorisme, traîtres à la nation, etc., se pavanent ainsi, dans une absolue impunité tandis que journalistes, adversaires politiques, acteurs de la société civile, sont régulièrement embastillés. Les uns, de véritables petits Hitler, peuvent s’attaquer à des communautés entières, publient et assument des discours à connotation ethnique, dans l’absurde indulgence du Parquet tandis que d’autres sont convoqués à la police judiciaire pour un OUI ou pour un NON.

Une grave rupture d’égalité qui va se perpétuer dans le temps, au-delà de l’ère Issoufou si des mesures draconiennes ne sont pas prises, demain, à l’encontre de ceux qui, aujourd’hui, ont cru pouvoir violer les lois, détourner l’argent et faire dans le commerce de la drogue, se rendant ainsi complices du financement du terrorisme transfrontalier.

C’est cette impunité qui a fait naître tant de monstres au Niger. De monstres qui n’hésitent pas à mettre en péril l’unité nationale, à détourner à leurs profits des ressources colossales de l’Etat et qui ne s’en privent pas, même lorsque celles-ci sont dédiées à la défense nationale. En temps de guerre ? Ils s’en fichent éperdument. Ce ne sont pas eux qui meurent. Ce ne sont pas, non plus, leurs rejetons qui meurent. L’exécution sommaire de 58 compatriotes, à Banibangou, a confirmé que, lorsque le criminel jouit de l’impunité, consentie et garantie par ceux qui doivent sévir contre lui pour le bien général, il va nécessairement poursuivre ses méfaits.

Malgré cette exécution sommaire, faite sur une base ethnique, Issoufou Mahamadou n’a pas senti la nécessité de s’adresser à la nation pour relever la gravité de ce fait criminel et de rassurer les Nigériens en promettant de châtier les auteurs de ces actes crapuleux. Il s’est contenté, comme il en l’habitude, de publier un post sur les réseaux sociaux pour condamner cet assassinat et présenter ses condoléances aux familles des victimes. Autant en emporte le vent ! Pourtant, le même Issoufou Mahamadou n’a pas hésité à honorer de sa présence physique des évènements de même nature lorsqu’il s’agit de personnes politiquement proches. Le langage est clair.

L’injustice, donc, va continuer tant que la justice n’est pas assurée. Il est impératif, pour que le Niger ne croule pas davantage, que la justice soit rectifiée. Et pour qu’elle soit rectifiée, il faut nécessairement que les crimes et délits connus pour avoir causé des torts à l’Etat et au peuple nigérien puissent trouver un dénouement judiciaire. Il faut, en un mot comme en mille, que les scandales qui ont saigné l’Etat et ruiné le Niger, aussi bien sur le plan financier que sécuritaire, soient jugés et que les coupables soient châtiés avec fermeté. Pour que ça serve, il faut bien que la leçon soit retenue.

Avec Bazoum Mohamed, ne vous attendez pas à un recul des maux vécus au cours de ces 10 années d’Issoufou Mahamadou. Au contraire, tout ce qui est connu risque de connaître une recrudescence. Il l’a bien dit ; « ce sera la continuité ». Les Nigériens sont-ils prêts à accepter la continuité d’une gouvernance aux antipodes des intérêts du Niger ? La réponse à cette question coule de source. Si les crimes et délits dont se sont rendus coupables les gouvernants actuels doivent rester impunis et se perpétuer, alors, il n’y a pas plus rien à espérer de l’avenir. Il est derrière nous, y compris pour les jeunes générations.

BONKANO