Après la proclamation des résultats globaux définitifs : Le Niger dans une crise postélectorale sans issue

La crise postélectorale est désormais ouverte depuis que, nuitamment, la Cour constitutionnelle a proclamé les résultats globaux définitifs en faveur de Bazoum Mohamed. Mahamane Ousmane, qui a déposé un dossier de recours sérieux à base de pièces à conviction, a martelé son rejet de ces résultats électoraux n’ont rien à voir, a-t-il relevé, avec ce qui est sorti des urnes. Dans une conférence de presse d’une rare virulence lorsqu’on connaît le personnage, Mahamane Ousmane a invité les Nigériens à engager le combat pour la restauration de la vérité des urnes et demandé en conséquence aux chancelleries étrangères et aux forces de défense et de sécurité de se ranger du côté du peuple nigérien. Une invite qui aura probablement des répercussions sur la situation sociopolitique du pays, les militants des partis membres de l’opposition ayant montré une grande impatience à entendre ce mot d’ordre. Eh bien, Mahamane Ousmane a lâché les mots attendus par une jeunesse fébrile et prête à en découdre avec le pouvoir. Déjà, avec les premières manifestations de colère qui ont suivi la proclamation des résultats globaux provisoires par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), le Niger et particulièrement Niamey, la capitale, a été fortement ébranlée. Des saccages, des incendies et autres manifestations violentes ont scandé la vie dans la capitale nigérienne durant trois ou quatre jours.

Des députés qui ont entonné le même discours que Mahamane Ousmane

Hier, à la rentrée parlementaire de la troisième législature de la 7e République, les députés membres des partis d’opposition qui ont boycotté la cérémonie d’installation, ont marqué d’une pierre noire les premiers pas de ladite législature. Dans un discours encore plus virulent et direct que celui de Mahamane Ousmane, ils ont martelé leur rejet des résultats électoraux. « Mahamane Ousmane reste et demeure celui que nous croyons fermement avoir été élu », ont-ils YAOU soutenu. Cet écho, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, donne une idée précise de la dégradation de la situation. Selon toute vraisemblance, le bras de fer se traduira par de nouvelles manifestations violentes. La rue sera le théâtre de la nouvelle confrontation politique, ouvrant ainsi une ère d’instabilité dont personne ne peut soupçonner l’issue.

Les jours à venir risquent d’être très tendus à Niamey

Entre autres, la Ceni et la Cour constitutionnelle figurent parmi les institutions qui sont dans la ligne de mire des Nigériens. Ces deux institutions sont ouvertement accusées de parti pris et de magouille. Pour rappel, la Cour constitutionnelle n’a visiblement pas pris en compte les motifs d’annulation de nombreux résultats de bureaux de vote mis en cause par Mahamane Ousmane. De l’avis de son conseil, il y a plus de 3000 bureaux de vote litigieux. Des bureaux de vote sur lesquels des preuves concrètes existent qu’il s’agit de faux PV, concoctés dans des bureaux ou sous des arbres, parfois par un, deux ou trois individus pour toute une circonscription.

L’opposition, qui a confirmé son rejet des résultats proclamés par la Cour constitutionnelle, fourbit ses armes. Pour le moment, Niamey vit dans un calme précaire. Tout semble si calme que l’on redoute le pire, du jour au lendemain. A en croire les discours des jeunes, entendus devant la résidence de Mahamane Ousmane, les jours à venir risquent d’être particulièrement tendus à Niamey.