Comment souhaitez-vous vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora?  

Je me présente au nom de Mahamane Moutari ABDOU BAOUA, je suis étudiant doctorant, chercheur et éditeur des sites internet.

Quel a été votre parcours académique ?  

J'ai passé mes études primaires et secondaires dans la ville de Maradi. J'ai eu mon Brevet d'Etude Professionnel (BEP) en 2007 et mon Bac Professionnel en 2008) en Informatique de Gestion (I.G) au Lycée D'Enseignement Professionnel Issa Béri de Niamey. J'ai obtenu ma licenceen Sciences Economiques à l’Université Akdeniz d’Antalya / Turquie en 2014. En 2016, j'ai complété mon master en économie à l'Université Selçuk de Konya / Turquie.  Je suis actuellement Etudiant doctorant en Economie (en année de thèse) dans la même université.


Qu'est-ce qui vous a poussé vers les études en économie et informatique ?

Depuis mes études secondaires, j’avais l’ambition de faire ma carrière dans le monde universitaire en tant qu’enseignant-chercheur. Car j’ai découvert l’importance de l’enseignement supérieur dans l’épanouissement des secteurs économiques d’un pays. En effet,après mon BAC en Informatique de Gestion, j’ai voulu continuer dans le département Maths-Informatique, mais le Bac Pro ne m’en permettant pas, je me suis orienté vers le département de l’économie à l’UAM. L’obtention de la Bourse Turque m’a permis d’avoir ma licence et le master en Economie tout en avançant vers cette ambition de devenir enseignant-chercheur. Mais, j’ai aussi continué à renforcer mes connaissances en Informatique, notamment dans le domaine de gestion de base des données, conception webet graphique.Etant donné que la connaissance informatique est indispensable dans tous les secteurs d’activité, j’ai décidé de combiner les deux (Informatique et Economie). Donc je suis Economiste-Informaticien de formation dont l’ambition est d’utiliser les technologies informatiques pour mener des recherches et accumuler des connaissances dans le domaine scientifique, notamment en économie, dans le but de les transmettre aux générations futures.

Parlez-nous de vos expériences professionnelles nationales et internationales.

Mes expériences professionnelles commencent depuis 2006 avec des stages au sein des sociétés comme Nouvelle Imprimerie du Niger Maradi (2006) en tant qu’informaticien ; l’usine COMINAK (2007)en tant que comptable et à la Direction Régionale de la Formation Professionnelle de Niamey (2008) en tant qu’informaticien. L’expérience professionnelle qui a le plus marqué ma vie est le stage d’un mois que j’ai passé à la COMINAK. Car il m’a permis de découvrir la réalité administrative et économique de mon pays. Une fois en Turquie en 2010, j’ai eu des expériences syndicales dans l’Union des Etudiants Nigériens en Turquie (2010-2013), Union des Etudiants Africains à Antalya (AFROTALYA) – 2011-2013. Jusque-là, je donne de l’importance à la vie associative et au bénévolat. En 2014, j’ai été retenu pour le programme de recherche scientifique du Conseil de la Recherche Scientifique et Technologique de Turquie (Tübitak) qui m’a permis de faire des publications scientifiques sur le Niger et les régions Africaines. Depuis 2016,j’occupe le poste de Directeur Régional des Exportations (Afrique) dans la société Turque Motus Company Inc.Je suis aussi Consultant TIC au sein de l’Ambassade du Niger en Turquie depuis 2014, où je fournis des conseils et assistances informatiques. Je suis un Freelancer sur le web où je fournis mes services tels que la conception web et graphique, la traduction et le « Business Consulting ».

Quels enseignements avez-vous tirés de votre expérience professionnelle ?  

Toutes ces expériences m’ont appris combien de fois c’est important d’avoir une ambition, car celle-ci guide la personne vers le chemin qui lui convient le mieux. Elles m’ont aussi permis de voir la vie de l’être Humain comme étant un processus d’apprentissage continuel, de réflexion, d’essai et d’exécution. On ne finit jamais d’apprendre dans la vie, l’apprentissage et la connaissance permettent à l’Homme de s’améliorer au fur et à mesure. Dans la vie, l’homme n’a pas de choix que d’être optimiste et de continuer à suivre ses ambitions malgré les obstacles. L’homme ne doit pas se limiter lui-même, il doit toujours penser à être meilleur et à donner le meilleur. Il faut aussi avoir l’esprit critique dans la recherche de la connaissance, sinon vous risquerez d’accumuler des connaissances erronées. Mais, il faut aussi être ouvert aux critiques pour éviter certaines erreurs expérimentales dans la vie.

Quelles difficultés et éléments facilitateurs avez-vous rencontrés en tant que "cadre Nigérien"en Turquie ?

Au début de mes études en Turquie, j’ai rencontré des difficultés liées à la langue et à la culture. Mais après avoir réglé le problème lié à la langue, j’ai pu surmonter aussi celui lié à la culture. En ce qui concerne les éléments facilitateurs, elles sont constituées par la rencontre avec des personnes exceptionnelles qui m’ont permis de découvrir le monde d’affaire turc. Et ceci a été possible grâce au fait que j’ai bien maitrisé la langue turque. Ce que j’ai appris au Niger aussi m’a facilité certaines choses ici en Turquie,tel que la bonne maitrise des mathématiques, l’Anglais et l’informatique.

Quel rôle a joué le Niger dans votre parcours?  

Le Niger est le moteur principal de ma réussite et je pense que, grâce à mon pays, je vais réussir à accomplir beaucoup des choses Incha-Allah. Grâce au système éducatif nigérien qui fournit l’enseignement primaire et secondaire gratuitement, j’ai pu atteindre le niveau supérieur actuel. Depuis la terminale jusqu’à aujourd’hui, j’ai étudié en tant que boursier de l’Etat. Apres mon succès au BAC Professionnel série « Informatique de gestion », j’ai réussi le prix d’excellence de la part de l’Etat nigérien. Ce prix m’a permis d’accéder à beaucoup de programmes de bourse dont celui de la bourse turque. Je peux affirmer sans crainte que si demain je réussi à accomplir quelque chose d’exceptionnel, ça sera grâce à mon pays.

Quelles valeurs vous ont guidé ?  

La première valeur qui m’a guidé c’est l’amour de la PATRIE. Cependant, l’essence de cette valeur c’est la confiance en soi et l’optimisme. En général, les nigériens ont une valeur qui les distingue des autres à l’extérieur, c’est « l’éducation familiale ». Au Niger, nos parents font tout pour s’assurer que nous soyons bien éduqués. Et, j’ai eu la chance d’être bien éduqué par mes parents et ceci m’a guidé dans mon parcours scolaire et professionnel.

Que pensez-vous de l'avancée de " votre secteur" au Niger et dans la sous-région?  

En ce qui concerne le domaine universitaire et celui de recherche, le Niger n’a pas une place au niveau international. Cette situation est la même pour la sous-région. En effet, les enseignants-chercheurs ne s’orientent pas à la vraie question pour développer le secteur de l’enseignement supérieur et de recherche. La carrière d’un académicien ne se limite pas seulement à enseigner une matière donnée, mais de mener des recherches dans un domaine donné, de les publier dans une revue de haute qualité et de l’enseigner aux générations futures. Nos chercheurs se focalisent le plus souvent beaucoup plus sur le titre que sur l’objectif de la recherche. Et, c’est pour ça que nos enseignants-chercheurs ne figurent pas parmi les chercheurs scientifiquesau niveau international. Les enseignants dans les universités ne sont pas ouverts aux nouvelles technologies, ils préfèrent utiliser les anciennes méthodologies que d’approfondir et de mettre à jours leurs connaissances.

En ce qui concerne les nouvelles technologies d’information et de communication (NTIC), elles ne sont pas bien comprises au Niger. Selon la plupart des nigériens, apprendre les NTICs veut dire apprendre Microsoft Offices et Windows, bref apprendre à saisir sur l’ordinateur. Or, les NTICs font références aux techniques de l'informatique, de l'audiovisuel, des multimédias, d'Internet et des télécommunications.Ce vide est causé par le fait que le département de l’informatique n’est pas suffisamment présent dans le milieu universitaire.Il est important de multiplier le nombre d’informaticiens qui maitrisent les outils informatiques dans notre pays. Je constate qu’il y a des entreprises qui fournissent les solutions Web au Niger et les entrepreneurs de ce secteur sont à encourager.

Avez-vous des solutions, des projets ou plans pour le développement de "votre secteur" au Niger?  

En tant qu’économiste de formation, je suis convaincu que le développement d’un pays comme le Niger est lié au secteur agricole et, dans ce sens, j’ai des projets de création d’entreprises de production et de transformation agricole. Ces projets concernent la préparation des plans d’affaire qui vont servir à convaincre les détenteurs des capitaux au Niger d’investir dans ce secteur jusqu’ici traditionnel.

La solution aux problèmes du secteur de l’enseignement supérieur au Niger consiste à la mise en place et/ou la mise en exécution d’un Conseil National de l’Enseignement Supérieur. Ce conseil supervisera et régulera toutes les activités des universités publiques et privées. Ce conseil doit mesurer et confirmer les performances des enseignants-chercheurs en matière des recherches scientifiques.

Quels conseils donnez-vous aux jeunes Nigériennes et Nigériens qui voient en vous un modèle?  

Dans la vie, il faut avoir une passion, il faut s’attacher à quelque chose de très important. Et je pense qu’il n’ya pas une chose plus importante que « La Patrie ». La jeunesse Nigérienne ne sera consciente que lorsqu’elle aura l’amour de la patrie. Vous ne pouvez pas aimer votre pays si vous ne le connaissez pas et vous ne pouvez pas faire quelque chose pour votre pays si vous ne l’aimez pas. Prononcer publiquement que vous êtes patriote ne veut pas dire que vous aimez votre pays, mais plutôt si vous représentez votre pays avec fierté et dignité et si vous respectez ses loi et règlements : là vous êtes un vrai patriote.

La jeunesse nigérienne, qui représente plus de 65% de la population du Niger, passe son temps à faire des débats qui tournent autour des critiques et des problèmes du pays. La plupart des jeunes veulent occuper une place dans la fonction publique ou bien occuper un poste clé, au lieu de prendre un risque et créer une entreprise pour faire parti des créateurs de la valeur ajoutée qui contribuera au PIB de notre pays. J’appelle les jeunes à être leaders dans toutes leurs actions et d’arrêter de faire des critiques de gauche à droite. Vous n’avez pas besoin de faire de la politique pour être un leader d’une action de développement. Un leader c’est la personne qui agit à chaque fois que c’est nécessaire. Soyez leader en faisant quelque chose et non pas en devenant quelqu’un ; car l’homme meurt mais ses actions restent.

Je vous laisse le mot de la fin.

Merci beaucoup pour cette occasion que vous m’avez accordée. Les nigériens sont connus pour leur esprit de paix, quiétude et tolérance sociale. Il vous suffit de regarder autour de vous pour voir l’importance d’avoir un pays stable et en paix. J’aimerai finir en disant ceci. « Le vrai patriote, c’est celui qui fait le mieux son travail.»

Mahamane Moutari ABDOU BAOUA

Réalisée par Boubacar Guédé