Après 10 ans d'injustice, de corruption, de trafics de drogue, de passe- droits, de violations des lois, de détournements des deniers et biens publics, d'insécurité tous azimuts, Issoufou Mahamadou passe le témoin à Bazoum Mohamed, à l'issue d'élections tropicalisées remportées grâce à des braquages et bourrages d'urnes, de pré-remplissage de procès-verbaux, etc. Un épilogue conforme aux moeurs du régime qui, depuis une décennie, a détruit ou mis en mal tous les équilibres qu'il a trouvés : l'économie, la cohésion sociale et l'unité nationale, la sécurité, les secteurs sociaux de base, la justice, etc.
Les Nigériens n'ayant pas réussi à se défaire de ces gouvernants qui ont trahi leurs serments et les attentes légitimes du peuple au nom duquel ils prétendent agir, votre journal, Le Courrier, a décidé, cette semaine, de consacrer ses colonnes au procès de ce régime satanique, selon le mot cher à Seïni Oumarou, le président du Mnsd Nassara.
Une triste décennie qui a ruiné le Niger par la félonie des uns, la lâcheté des autres, sinon la cupidité et la vénalité de ceux qui, mine de rien, ont tourné leurs vestes au son craquant des liasses de billets de banque. Voici, pour vous et pour la mémoire collective, ce que fut la décennie Issoufou et qui va nécessairement s'aggraver avec Bazoum Mohamed puisqu'il s'agit de " consolider et avancer ".
Issoufou Mahamadou s'en va, Bazoum Mohamed arrive
Pour " consolider et avancer " ou " assurer la continuité pour un Niger meilleur ", dit-on. Bien entendu, les Nigériens considèrent que ces slogans ne sont pas conçus pour eux, mais pour d'autres qui n'ont ni les mêmes préoccupations, ni les mêmes projets pour leur pays. Pour une raison toute simple : en 10 ans de gouvernance issoufienne, ils ont vu leur pays économiquement ruiné et socialement au bord de l'implosion. Ce n'est pas le pire. Le pire, c'est l'insécurité grandissante, avec des parties entières du territoire national qui sont en train d'être vidées de ses hommes par des attaques visiblement planifiées, dirigées et exécutées de sang-froid. Le jugement des Nigériens contre le régime actuel est très sévère et la sentence, sans appel pour ses animateurs. Il n'y a pas un si grand hasard en cela. Derrière la propagande médiatique menée au travers de médias internationaux tels que Rfi, France 24 et Jeune Afrique, il y a une réalité douloureuse que l'octroi du prix Mo Ibrahim ne saurait camoufler. Dans le pays, c'est la désolation. On s'interroge sur le sort, certainement plus dramatique, qui attend le Niger, avec Bazoum Mohamed dont les pièces d'état-civil ont été jugées frauduleuses. Seïni Oumarou, son actuel allié politique, a notamment contesté la légalité et la légitimité de sa candidature, attaquant, par deux fois, le maintien de son dossier devant la Cour constitutionnelle. Un vain combat ! La Cour elle-même a reconnu et écrit dans un de ses arrêts avoir curieusement retrouvé dans le dossier 2016 de Bazoum Mohamed un autre certificat de nationalité qui n'a rien à voir avec celui qu'il a présenté pour l'élection présidentielle de 2021. Malgré tout, la même cour validera sa candidature et Seïni Oumarou, le plus indécrottable des contestataires de cette candidature, a surpris les Nigériens en soutenant tout de même Bazoum Mohamed. Un retournement de veste à la hauteur de l'aveu de la Cour constitutionnelle sur l'existence de deux certificats de nationalité au nom de Bazoum Mohamed.
Certains citoyens, militants du Pnds Tarayya, parti au pouvoir, s'adonnent à des activités illicites, violent les lois, détournent des milliards, mettent en péril la sécurité des Nigériens et la défense du territoire national, tiennent des discours ethno-régionalistes, font dans le trafic de drogue, etc. Dans une totale impunité.
Sur le plan de la justice, la rupture d'égalité des citoyens devant la loi est manifeste, criarde et révoltante. Certains citoyens, militants du Pnds Tarayya, parti au pouvoir, s'adonnent à des activités illicites, violent les lois, détournent des milliards, mettent en péril la sécurité des Nigériens et la défense du territoire national, tiennent des discours ethno-régionalistes, font dans le trafic de drogue, etc. Dans une totale impunité, si ce n'est d'ailleurs, avec en prime, une promotion dans l'administration ou de nouvelles occasions de violer les lois. D'autres, adversaires politiques, journalistes et acteurs de la société civile contestataires sont en permanence dans le collimateur d'une catégorie de juges de service prêts à tout pour gravir les échelons ou disposer d'une enveloppe. Il y en a qui, selon des sources judiciaires, ne cachent même pas leur appartenance au parti au pouvoir et leur volonté de servir ses desseins. Le scandale des fonds de l'armée détournés au ministère de la Défense nationale est symptomatique de cette rupture d'égalité des Nigériens devant la loi. Aucune des personnes mises en cause n'a été véritablement inquiété. Quelques interpellations de fortune, juste pour amuser la galerie d'une presse qui a cru, un moment, que pour une fois, le régime s'est décidé à nettoyer les écuries d'Augias. Hélas ! Dans une violation des procédures comme les tenants du pouvoir actuel savent le faire lorsqu'il s'agit des leurs, Ouhoumoudou Mahamadou, le tout nouveau Premier ministre, a été commis par Issoufou Mahamadou aux fins d'examiner les voies et moyens en vue de minimiser au maximum les montants mis en cause. La gymnastique a été faite par Ouhoumoudou et les fournisseurs incriminés ont été priés de rembourser des sommes assurément dérisoires. De justice pour l'Etat grugé, il n'y en aura pas. Quant aux acteurs véritables de ces détournements commis avec la complicité des commerçants du régime, ils se coulent douce, certains avec des fortunes énormes investies dans l'immobilier.
Depuis 10 ans, seuls Issoufou Mahamadou et une poignée de fidèles lieutenants sont en mesure de dire ce que le pétrole a généré comme ressources.
Sur le plan de l'économie, le Niger n'a sans doute jamais connu une telle prédation de ses ressources que durant le règne d'Issoufou Mahamadou. Les scandales financiers dans lesquels l'Etat a perdu des milliards ne se comptent plus. À la Société de raffinerie du pétrole de Zinder (Soraz), à la Centrale d'achat d'intrants et de matériels agricoles (Caima), dans l'achat de l'avion présidentiel, avec la société Africard, etc., les caisses de l'Etat n'ont jamais été autant vandalisées que sous Issoufou. Même les aides alimentaires, à l'image du don de riz pakistanais destiné aux populations éprouvées de Diffa ou encore la défense de l'intégrité territoriale comme cela a été le cas avec le scandale du ministère de la Défense nationale ne sont pas épargnées. Quant aux fonds générés par l'exploitation du pétrole, depuis 10 ans, seuls Issoufou Mahamadou et une poignée de fidèles lieutenants sont en mesure de dire ce que le pétrole a généré comme ressources. Des ressources autour desquelles l'opacité totale a été entretenue et qui n'ont pas permis au Niger de se doter d'armements adéquats ou de relever les défis de l'eau, de l'école et de la santé. Trois secteurs délaissés et dont le sort, peu préoccupant pour les gouvernants actuels, inquiète au plus haut point les Nigériens. Les experts financiers évaluent les fonds détournés sous Issoufou à des centaines de milliards de francs CFA.
Les soldats tombent régulièrement dans des embuscades meurtrières ou essuyant des attaques qu'une surveillance aérienne aurait pu éviter ou conjurer
Concernant la sécurité, le règne d'Issoufou Mahamadou a été jalonné de morts, de larmes et de désolation. D'abord à Diffa, avec Boko Haram qu'il a tout fait pour provoquer et braquer sur le Niger, puis au nord-Tillabéry où, selon toute vraisemblance le but des forces obscures qui s'attaquent au Niger est de chasser les populations de leurs terres, en passant par le nord-Tahoua, il n'y a que des morts. On détourne des milliards à des fins personnelles, dans l'impunité totale alors que le régime n'a pas fourni le moindre effort en vue d'acquérir des moyens militaires à la hauteur des enjeux et des défis. Les soldats tombent régulièrement dans des embuscades meurtrières ou essuient des attaques qu'une surveillance aérienne aurait pu éviter ou conjurer. Au contraire, pour enrichir davantage ses réseaux financiers, le régime a fermé les yeux sur la fourniture d'armes et de munitions défectueuses.
Dans le nord-Tillabéry, notamment, les attaques sont désormais orientées vers les populations civiles, massacrées et terrorisées tandis que leurs maisons sont incendiées et leurs troupeaux, tranquillement emportées vers des zones de liberté pour les assaillants. Avec Bazoum Mohamed qui crie à la continuité de ce qui s'est passé au cours de la décennie achevée le 2 avril dernier, il faut craindre le pire pour le Niger, en particulier dans ses zones du nord-Tillabéry et du nord-Tahoua. " Consolider pour avancer ", dit Bazoum Mohamed. C'est assurément un message pour d'autres que les Nigériens.
Laboukoye