L’annonce officie de la composition du premier gouvernement du 3 eme quinquennat de la VIIeme République, a suscité des commentaires et d’interrogations au sein de l’opinion.

La diminution évidente du nombre total de portefeuilles ministériels attribués, a, par exemple, été saluée par beaucoup d’observateurs.  Ce qui est tout à fait légitime. L’équipe récemment formée constituant près de la moitié de la soixantaine observée précédemment.

Cette équipe de 33 membres demeure , tout de même, élevée, par rapport à la dimension des équipes qui ont été composées pendant la période antérieure à la VII République.

En effet, comme je l’avais souligné dans un article portant sur les remaniements ministériels de la période démocratique, le nombre élevé de ministres atteint sous la III eme République n’était que de 27 , contre 26 sous la IV République, 31 sous la Veme République.  Et le record de l’équipe gouvernementale la plus restreinte est toujours détenu par le gouvernement Hama Amadou du 25 février 1995 avec ses 16 membres, suivi de l’équipe  de 17 ministres du gouvernement Boukary Adji, du 1er février 1996.

Par conséquent, des efforts peuvent encore être déployés, en vue de réduire la taille du gouvernement. Ce qui permettrait de diminuer considérablement les dépenses de fonctionnement de l’Etat, qui est de plus en plus composé de populations en proie à une paupérisation sans précédent.

Le Président récemment investi, a également des efforts à fournir, dans le but de rendre la composition de l’équipe gouvernementale conforme au discours qu’il a prononcé lors de la cérémonie de son sacre.

Car le choix du Premier Ministre, suscite déjà des interrogations, sur l’authenticité de l’engagement pris en faveur de la lutte contre l’impunité. Pour rappel, le Premier Ministre récemment nommé, avait été évincé du gouvernement le 2 avril 2012, à cause d’une affaire qui représentait une violation de l’article 52 de la constitution, avant d’être promu Ministre Chef de Cabinet du Président de la République, le 4 juin 2015. Une ascension, qui constituait en soi une évidente apologie de l’impunité.  

Par ailleurs, l’examen des détenteurs de certains portefeuilles, permet aussi d’avancer que les aspects positifs du discours du Président investi, ayant trait à la dépolitisation de l’administration et la promotion de la compétence, ont aussi connu leurs premières secousses, pour ne pas dire leurs premiers assauts.

Pourrait-on expliquer, par exemple, la nomination du Ministre du Plan par le prisme de la compétence ? Qu’en est-il de celle du Ministre du pétrole ? Et le portefeuille de La Défense,  est-il réellement entre les mains d’une personnalité ayant des connaissances requises en la matière, et en particulier dans le contexte de la crise sécuritaire que traverse le pays ?

D’autre part, les observateurs de très longue date du jeu politique nigérien et surtout des différents courants existant au sein des grands partis politiques, ne manqueront pas de relever que le PNDS a certes conservé tous les ministères régaliens. Mais les personnes placées à leurs têtes ne font pas véritablement partie des proches du Président investi.

Cela laisse  présager que les plus farouches réticences à la mise en œuvre de l’élan volontariste énoncé dans le discours du Président investi,  risqueraient fort probablement de ne provenir que des différentes factions du PNDS.  Ceux qui n’ont pas toujours partagé ses méthodes et points de vue d’une manière générale, et particulièrement les militants qui entendent préserver des privilèges acquis sur la base de leurs liens de parenté, d’alliance, de camaraderie ou  de courtisanerie avec l’ancien chef de l’Etat.

Combien de temps va t-il rester l’exécutant et l’instrument de la volonté de l’ancien chef de l’Etat et de ses fidèles, à qui il doit son investiture ? Mais surtout, combien de temps le Niger restera t-il aussi bien l’otage que la propriété d’une oligarchie, ouvertement et fermement  soutenue par des puissances extérieures ? À chacun sa réponse. À chacun sa conscience !

 Par Docteur Elisabeth Shérif