Bazoum Mohamed a décidément du pain sur la planche. Son prédécesseur ne lui a pas particulièrement facilité la tâche. Impliqué et/ou cité dans maintes affaires scabreuses, l’ancien président de la République risque fort de payer cher ses légèretés lorsqu’il était à la tête de l’Etat. Bazoum Mohamed, l’actuel locataire du Palais présidentiel, ne sait plus comment faire avec ce fardeau encombrant. S’il tient sa promesse, faite lors de son investiture, puis renouvelée à l’occasion de sa rencontre avec les organisations de la société civile, Bazoum Mohamed ne peut mener à bien sa lutte contre la corruption et les infractions assimilées avec un esprit de sélectivité.

Les Nigériens, qui attendent de voir s’il est sérieux dans ce dessein, sont impatients d’être fixés. Et pour eux, l’affaire du terrain de la SNTN (Société nationale des transports nigériens), acheté par Issoufou Mahamadou alors qu’il était aux affaires, est un test grandeur nature face auquel Bazoum joue son destin. Sous le coup de l’article 52 de la constitution (« durant son mandat, le président de la République ne peut, ni par lui-même, ni par autrui, rien acheter ou prendre en bail qui appartienne au domaine de l’Etat ou de ses démembrements »), l’ancien chef de l’Etat, dit-on, se fait du souci, Bazoum Mohamed étant un homme bourré de fierté pour se dédire.

On n’a pas encore fini d’épiloguer sur l’achat du terrain de la SNTN que des sources crédibles indiquent le dossier du pétrole va incessamment refaire surface. Pendant 10 ans, Issoufou Mahamadou a régné en maître absolu sur le pétrole en y maintenant Foumakoye Gado, un homme de main fidèle à toutes épreuves. Selon les mêmes sources, Sani Issoufou dit Abba, actuel ministre du Pétrole et des Energies renouvelables, n’est là que par l’intransigeance de Bazoum Mohamed qui aurait catégoriquement refusé de maintenir le bon Pierre. Et à défaut de faire fléchir Bazoum, Issoufou a imposé son fils. Mais, c’est sans compter que, désormais, rien n’empêche au nouveau président de la République d’avoir la main sur le dossier et d’en définir de nouvelles orientations.

Selon les mêmes sources, depuis 2011, le pétrole est devenu le sujet le plus obscur de la gestion des ressources publiques nigériennes. Or, si l’on en croit des proches de Bazoum Mohamed, celui- ci veut voir plus clair dans ce dossier en y faisant faire l’audit général. Les 1000 milliards d’Eximbank de Chine se sont, on se rappelle, évaporés sans que les Nigériens aient connaissance de l’usage fait de ce prêt. Géré dans un cercle hermétiquement fermé, le pétrole reste toujours, malgré son départ, l’affaire d’Issoufou Mahamadou qui entend bien veiller à ce que les petits secrets malodorants demeurent les secrets du clan. Après Foumakoye, Abba est là.

Laboukoye