Selon toute vraisemblance, Bazoum Mohamed est condamné au supplice de Sisyphe. Ne pouvant se débarrasser des personnalités qui traînent des casseroles, il clame pourtant sa volonté de réussir à relever le défi de la lutte contre la corruption et les infractions assimilées. Son challenge semble des plus complexes. Comment réussir à combattre la corruption avec, dans son équipe gouvernementale, des personnalités formellement impliquées ou citées dans des dossiers à gros scandales financiers ? C’est la question que les Nigériens, qui voudraient bien croire en Bazoum, se posent. Un préalable à la fois justifié et indispensable pour comprendre l’équation à laquelle l’intéressé fait face. C’est un véritable noeud cornélien pour le Président Bazoum. Va-t-il entreprendre une croisière contre les auteurs, co-auteurs et complices des actes de corruption et de détournement de deniers publics ? Il est certain qu’il ne peut convaincre de sa volonté de bien faire en maintenant des personnes indélicates dans son équipe gouvernementale ? Il en est pleinement conscient et cherche, selon des sources crédibles, les points d’appui solides pour se défaire de ceux qui ont fait de l’Etat leur vache laitière intarissable.

Durant les 10 années d’Issoufou Mahamadou, Bazoum ne s’est opposé à quoi que ce soit. Au contraire…

Bazoum Mohamed, malgré tout, consolide l’espoir des Nigériens pour un changement radical dans la gouvernance qui a prévalu durant les 10 années d’Issoufou Mahamadou. Une gouvernance faite de wassosso, de dilapidations et de gaspillages que ses commanditaires, auteurs et complices ont la ferme intention de poursuivre sous Bazoum Mohamed. Il faut dire qu’ils ont laissé des chantiers bien mûris et non encore exécutés.

Seulement, la poursuite de ces actes apparaît aux yeux de Bazoum et de ses proches, nourris d’ambitions de comme une sorte de malveillance et de sabotage. Quoi de plus juste lorsqu’on sait que, même en décalage par rapport aux façons de faire d’Issoufou, Bazoum est resté dans son coin, faisant même le zèle de s’afficher comme le plus ardent défenseur de son prédécesseur. Une posture qui a peut-être laissé croire qu’il laisserait faire.

La composition de l’attelage gouvernemental laisse les Nigériens dubitatifs

Bazoum Mohamed a affiché pas mal d’indices probants qui soutiennent sa volonté farouche de redresser l’Etat et de redonner confiance aux Nigériens dans la gouvernance.L’embastillement d’Ibou Karadjé, tout comme le refus de cautionner des factures farfelues liées à l’escorte de la garde présidentielle lors des déplace- bonne - gouvernance , ments du président, son rejet du faramineux montant du contrat de construction du Pipeline Niger-Bénin et bien d’autres actes de portée indiscutable, sont autant de faits qui le placent en porteà- faux total d’avec les pratiques chères à Issoufou Mahamadou. Cependant, si l’on ne peut lui dénier ce mérite d’oser changer ces pratiques, il reste que la composition de l’attelage gouvernemental laisse les Nigériens dubitatifs.

Dans l’actuel gouvernement d'Ouhoumoudou Mahamadou, il n’y a pas moins de six à huit membres qui sont concernés par des dossiers à scandales. Un compagnonnage encombrant et sûrement préjudiciable à l’émergence du sentiment de confiance et d’espoir que Bazoum essaie de faire germer chez ses compatriotes.

Des indélicats qui dorment sur les milliards du Niger, il y en a partout.

La problématique est toutefois corsée pour Bazoum. Les têtes concernées par les scandales en question ne sont pas si légères que ça pour pouvoir s’en défaire comme on le ferait de feuilles mortes. La bataille sera rude et il n’est pas évident que Bazoum en sorte gagnant. Si ses chances sont énormes puisqu’il dispose du pouvoir d’Etat et qu’il ne tient qu’à lui de décider de ce qu’il veut, pour luimême et pour le Niger, nombre de Nigériens doutent néanmoins de sa capacité à oser s’attaquer aux délinquants. Or, des indélicats qui dorment sur les milliards du Niger, il n’y en a pas que dans le gouvernement. Tapis dans d’autres institutions, ils sont nombreux qui ont des comptes à rendre à propos de la gestion des ressources publiques. Corruption, trafic d’influence, conflits d’intérêt, usurpation de ressources…, les délits commis sous Issoufou sont si nombreux et porteurs de préjudices énormes que Bazoum n’a aucune chance de réussir sans s’y attaquer. Le Président Bazoum est, donc, condamné à faire un choix difficile mais clair : corroborer tout le contraire de ce qu’il dit être son cheval de bataille, la lutte contre la corruption ou sévir en conformant l’acte à la parole.

Les Nigériens restent malgré tout circonspects par rapport à la suite.

Les Nigériens sont sceptiques, mais ne se refusent pas à croire que l’homme est capable d’aller la direction des attentes populaires. Il montrer un tout autre visage qui fait dire qu’il est conscient de son statut de président de tous les Nigériens. Conscient, mais aussi décidé à jouer sa partition, conformément à la Constitution et dans les seuls intérêts de l’Etat et de ses démembrements. Les actes qu’il pose ou dont on le crédite sont assez méritoires pour ne pas y croire. Pourtant, la connaissance des pratiques du régime qui l’a enfanté ne motivent pas les Nigériens à avoir un enthousiasme débordant. Ils se réjouissent, donc, des premières tendances, gardent l’espoir de lendemains meilleurs que sous Issoufou, mais restent circonspects quant à la suite.

YAOU