Ce mercredi 14 juillet 2021, Ibrahim Amadou a été entendu à la Police Judiciaire sur l’affaire qui alimente l’actualité ces derniers temps, et dont les nigériens attendent impatiemment l’aboutissement. C’est un test grandeur nature pour les nouvelles autorités du pays, car le dossier est explosif. En effet, c’est un rapport accablant contre plusieurs personnalités du régime actuel qui seraient à un certain niveau impliqués dans ce scandale financier. Les limiers de l’inspecteur général d’Etat Zoulkaleini ont mené une enquête de professionnel. L’enquête a concerné toute la chaine de dépenses de l’Etat et aurait mis en cause de hautes personnalités de l’Etat, des agents du ministère des finances et du Trésor national. Contrairement à ce qui avait été distillé au sein de l’opinion, selon une source proche du dossier, Ibrahim Amadou n’aurait pas imité une signature, moins encore falsifié un document pour sortir l’argent du trésor public. Il a été un agent du service de transports de la Présidence de la République qui aurait été utilisé comme simple coursier dans l’affaire. Pour ne pas dire, un planton averti à qui des lettres d’autorisation de paiement (LAP) sans fond de dossier ont été données pour faire le sale travail. Avec ces LAP, une fois servi au trésor, ses employeurs lui donneraient chaque fois des instructions dans le sens du partage du butin. Avec tous ceux à qui ces employeurs lui auraient demandé de remettre de l’argent, Ibou Karadjé aurait pris le soin d’exiger une décharge. Selon notre source, une pile de décharges aurait été remise aux enquêteurs.

Cette pratique s’est déroulée durant trois ans et a gravement saigné le trésor public. Durant ces années de mise à sac de deniers publics, Ibou Karadjé s’était toujours montré naïf vis-à-vis de ses employeurs. Et lui aussi n’a pas manqué de se servir.

Aujourd’hui, toutes les preuves et autres décharges auraient été mises à la disposition des inspecteurs d’Etat. C’est donc un lourd dossier qui a été remis au ministre de la justice. Un dossier avec des implications insoupçonnées. Malheureusement, on espérait le feu à la forge, il se retrouve chez le tisserand. Sans doute, des interpellations vont suivre dans les jours à venir. Car, le ministre de la justice, homme de droit apprécié par toute la communauté universitaire pour sa droiture, son intégrité et son amour pour une justice bien rendue, ne pliera pas à d’éventuelles pressions.

A.S