Des informations contradictoires circulent depuis peu sur la destination de l’ancien président du Niger, Issoufou Mahamadou. Lundi déjà, selon une information attribuée au journal ‘’Confidentiel la lettre quotidienne, on apprenait que le président Issoufou s’est « discrètement installé dans la capitale sénégalaise. » Il aurait, dira le journal, reçu dimanche dernier la visite du président Macky Sall qui est allé lui « témoigner la teranga sénégalaise. » Aussitôt après, un autre confidentiel, le Confidentiel Afrique de Ismaël Aidara, qui a ses entrées à Niamey, dément l’information. Toujours sur la toile, on voit l’ancien président à la Une d’un journal qui serait sénégalais.

Le Dakar Times titre : « l’ex président Issoufou s’installe à Dakar. » En attendant de démêler le vrai du faux, cette information amène des questions.

Pourquoi le prédécesseur du président Bazoum s’installerait- t-il à Dakar qui avait accueilli les présidents Hissène Habré et Toumani Touré ? Sa situation, en ce moment, n’a aucune commune mesure avec celles des anciens présidents tchadien et malien. Les deux ont été renversés. Habré a été accusé d’avoir assassiné des Tchadiens. Il a été reconnu coupable par une Cour africaine et condamné. Aucun reproche n’est fait à l’ancien président nigérien dans son pays. Il sert même d’exemple comme l’a si bien dit Dakar Times. Il a refusé de modifier la Constitution pour un troisième mandat et « sa gouvernance et ses efforts pour améliorer le développement économique de son pays, et son action pour la stabilité régionale » lui ont valu le prix de la Fondation Mo Ibrahim. Il n’a aussi rien à redouter de son successeur qui est son compagnon de longue date, son camarade de parti et fidèle ami. Nombre de ses parents, amis et camarades du parti occupent de postes clés dans le gouvernement et l’administration. Enfin, les anciens chefs d’Etat et présidents du Niger, même renversés par des coups d’Etat, n’ont pas l’habitude de s’exiler.

Si l’installation du président Issoufou à Dakar, avec une partie de sa famille, comme le précise Dakar Times, s’avère, les observateurs penchent sur trois hypothèses. Certains estiment qu’il se sentirait à l’étroit au Niger. La raison serait toute simple. Sa gouvernance a été jalonnée de fractures. D’autres pensent qu’une telle décision, si encore une fois elle est avérée, n’ a d’autres objectifs que de ne pas faire de l’ombre à son successeur et ami. Il s’efface pour permettre à son camarade d’asseoir son pouvoir. Les sollicitations pour des faveurs de ses anciens amis, camarades qui ne se retrouvent dans les décisions du nouveau président seraient l’une des raisons.

Il est utile de rappeler que le nouveau président a, dans une profession de foi, pris l’engagement d’être impitoyable dans sa lutte contre la corruption. Le président Issoufou ne souhaiterait pas être l’arbitre du match. Et dans cette lutte, il sera fort probable que des parents et proches de l’ancien président soient impliqués. Déjà l’affaire Ibou Karadjé donne le coup d’envoi. Le président Issoufou voudrait, en étant loin, éviter d’être éclaboussé. Cet exil ne sera pas forcément une retraite. Il aurait attendu que ses hommes à lui soient confirmés dans des secteurs clés. La sécurité, les renseignements. Il pourrait toujours être bien informé pour éviter toute mauvaise surprise.

Modibo