Le président Mohamed Bazoum a assisté, vendredi 9 juillet dernier, à un sommet du G5 Sahel par visioconférence aux côtés de son homologue français Macron, à l’Elysée, le palais présidentiel français. Il est le seul président â être invité à Paris pour échanger en compagnie du président Macron à distance avec les 4 autres chefs d’Etat du G5 Sahel confrontés au fléau du terrorisme, sur la restructuration de la force française Barkhane. Comme on le sait, suite à la brouille momentanée entre Bamako et Paris en mai dernier, brouille née du coup d’Etat perpétré par le Colonel Goïta contre la transition en cours au Mali, Macron a annoncé un retrait progressif de Barkhane au Sahel, qui doit se parachever au plus tard en janvier 2023. Dans la même foulée, il a aussi annoncé fin des opérations conjointes de terrain entre l’armée malienne (Famas) et sa force militaire. Toutes ces mesures ont été prononcées dans la précipitation parce que la junte militaire dirigée par Goïta, qui a dégagé les autorités civiles de la transition malienne, a refusé d’obtempérer aux injonctions de Macron, exigeant le rétablissement illico-presto de ces dernières dans leurs fonctions.
Peu de temps après, Macron est étrangement revenu sur l’arrêt des opérations conjointes, qui ont repris depuis un certain temps. En revanche, le retrait de Barkhane du Sahel reste maintenu. C’est la force Takouba, une maigre coalition militaire afro-européenne, qui la remplacera. C’est cette force qui sera renforcée, selon le président Macron, pour se substituer à Barkhane. C’est dans ce contexte particulier que Bazoum a fait ce déplacement de Paris pour échanger, aux côtés de son homologue Macron à distance, avec ses pairs du Sahel des nouvelles orientations de l’intervention militaire française contre le terrorisme dans la région. On est en droit de se poser des questions par rapport à la convocation de ce sommet et au choix de Bazoum par Macron. Qu’est-ce qui pourrait justifier ce choix ?
La récompense du bon élève
Depuis son accession à la magistrature suprême, c’est la toute première fois que Bazoum prend part à un sommet des chefs d’Etat du pays du G5 Sahel. Un sommet convoqué, dit-on, par lesdits chefs d’Etat. Soit ! Mais à la lumière du principal sujet qui a été au centre des échanges, on est tenté de croire qu’il s’agit d’une réunion convoquée par Macron. Ce n’est pas lui l’invité du sommet comme l’a laissé entendre RFI, mais c’est plutôt les présidents du G5 Sahel qui sont les invités. N’est-ce pas Macron qui invité Bazoum ? Pourquoi lui et pas les autres ? A l’école, ce sont les bons élèves, les élèves disciplinés, qui sont récompensés avec des cadeaux à la fin de l’année. Les trois pays du Sahel les plus durement affectés par le fléau terroriste sont, comme le monde le sait, le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Dans tous ces trois pays, les populations contestent ouvertement la présence de la force française sur leurs sols. Devant le sentiment que sa présence n’a fondamentalement pas changé à la donne, qui s’aggrave d’ailleurs au fil du temps. Si au Niger, la contestation de la présence de la force s’exprime uniquement dans des déclarations, au Burkina et au Mali, elle se fait aussi dans les rues, à travers des manifestations D’où d’ailleurs l’exaspération de Macron qui a demandé un temps aux présidents de la région de ‘’clarifier leur position’’ par rapport à la situation. Lesquelles manifestations de rue sont systématiquement interdites, en violation de la loi, par le régime de la renaissance. C’est peut-être pour cette raison que Macron a préféré inviter Bazoum seul, sans les autres. Histoire de signifier aux autres chefs d’Etat qu’ils doivent aussi faire comme le Niger, se donner également les moyens d’empêcher toute contestation de rue vis-à-vis de la présence de la force française au Sahel. Un bon élève mérite d’être encouragé.
Tawèye.