Au même moment où, fier de ce que son implication aura permis de réduire les flux migratoires, et pendant que l’on vendait le modèle nigérien en Allemagne à la rencontre du G20, on apprend que l’armée nigérienne sauvait quelques dizaines de migrants dans le vaste et incontrôlable désert nigérien. Pourtant , sans qu’on ne veuille l’entendre, le colloque international sur les dynamiques migratoires organisé en décembre par l’Université d’Agadez, avait averti par le panel de conférenciers de haut rang universitaire qui s’y étaient rendu, venus des quatre coin s du monde , qu’on ne pouvait pas, par la coercition, ainsi que veut l’imposer l’Europe, arrêter ni même réduire les flux migratoires qui ne son t que la conséquence de l’échec des politiques publiques en Afrique, mais aussi, un fait culturel séculaire du continent. On comprend pourquoi, bien d’Africains ne comprennent pas ce zèle du Niger, à se faire le premier client de l’Europe pour avoir accès à son fonds fiduciaire pour persécuter des africains à qui on interdit de se déplacer librement dans le continent, quand on sait qu’au Niger encore, il leur restait bien de frontières à traverser pour sortir de certains espace communautaires. Et que doivent devenir les Nigériens dans les autres pays africains ? Tien t-on vraiment compte de leurs intérêts ? Le Niger n’est pas et ne peut pas être la frontière de l’Europe. Et ainsi que cela avait été expliqué, à vouloir contrôler les labyrinthes connus de la migration clandestine, l’on ne combat pas le phénomène, tout au plus, l’on ne fait que fermer des voies, pour laisser, dans l’ingéniosité des passeurs, à faire ouvrir de nouvelles autres, quitte à prendre plus de risque. Le reportage de la VOA sur le dernier événement, a révélé le malaise que cette ingérence du Niger a provoqué. Pendant que Niamey plaisait aux puissants du monde, en Afrique, il déplaisait aux Africains qui ne peuvent comprendre, pourquoi, le Niger seul, devait signer pour pousser des aventuriers africains à prendre encore plus de risques. Faut-il finalement cette complicité, pour s’attirer la sympathie de ces Grands du monde, pour espérer en retour leur protection et leur bénédiction surtout quand on sait qu’on n’est pas élu dans des conditions régulières ? Et pour faire plaisir à Macron, à Angela Merkel et à l ’Europe, le Niger criminalisant la mobilité, fait arrêter certains de ses enfants vivant de ce secteur, sans leur trouver à exercer un autre métier. Combien sont-ils ces Nigériens qui sont en prison pour avoir hébergé, transporté ou aidé des migrants à avancer dans leur aventure ? Pour réussir à condamner des hommes, on a dû s’inventer, sous l’injonction de l’ Europe, de nouvelles lois qui criminalisent la migration. Pourtant, le Niger n’est la fin de la CEDEAO, encore moins de la CENSAD pour vouloir bloquer des migrants de ces espaces dès le Niger comme si le Niger fait déjà frontière avec l’Europe. Ces autres migrants sauvés dans le désert viennent rassurer l’Europe que quelles que soit les implications et les complicités du Niger, on ne pourra arrêter le phénomène tant qu’il y a aura des misères, de la mal-gouvernance, des persécutions politiques, et surtout tant que les politiques publiques ne mettront pas les préoccupations des jeunes au centre de leurs projets.
Et encore une fois, en Allemagne, où il séjourne depuis des jours aux côtés d u G20, l’on a écouté cet autre discours du président qui peignait un Niger imaginaire souvent avec des chiffres que rien ne permet de prendre au sérieux. Là-bas aussi, comme pour montrer que le Niger est un pays normal et une démocraties normale, on est allé dire que les libertés sont garanties, que l’école qui agonise aujourd’hui a près de 25% du budget national et donc que le Niger est un pays parfait. Sait-on qu’il y a là des experts qui ont les statistiques les plus pointus sur nos pays, pour maitriser souvent mieux que nous, les réalités qui sont les nôtres ? D’ailleurs, peut-on croire que cette école, en grève permanente, a vraiment tant de moyens pour fonctionner ?
On se rappelle qu’alors que des partenaires alertaient sur l’acuité de la famine dans le pays, le régime, célébrant les 3N, refusait d’y croire avant de revenir il y a quelques semaines, pour reconnaitre le fait pour finalement demander l’assistance des partenaires. Comme quoi à gouverner pour plaire à l’Extérieur, le régime de Niamey ne fait que creuser le fossé entre lui et son peuple, entre lui et toute l’Afrique. Ces partenariats qui aliènent notre souveraineté sont sans d oute à proscrire…
ISAK
18 juin 2017
Source : Le Nouveau Républicain