Le Président Bazoum Mohamed était en visite de travail en Turquie au cours de la semaine du 9 au 13 mars 2022. Une visite de travail orientée pour l’essentiel vers la sécurité et la défense, le chef suprême des armées ayant décidé de conduire luimême la mission de terrain afin de s’assurer que de la pacotille ne soit à nouveau livrée aux Forces armées nigériennes. Au terme de cette mission couronnée par un entretien entre le Président Bazoum et son homologue turc, Recep Tayip Erdogan, Niamey vient de matérialiser l’option de commander des armements et autres matériels militaires sophistiqués auprès de la Turquie. Une annonce faite par Bazoum Mohamed il y a quelques mois. Avec la société TUSAS, notamment, une société spécialisée dans la fabrication d’avions et d’hélicoptères de guerre, Niamey a d’ores et déjà fait commande d’avions de guerre qui, dit-on, seront livrés dans les mois à venir. Il en est de même avec NUROL, une autre spécialisée en véhicules blindés armés avec laquelle Bazoum Mohamed a signé un contrat d’acquisition. Il a d’ailleurs assisté, apprend-on, à une démonstration sur l’efficacité de ces types de blindés. Last but not the least, le Président Bazoum a également visité le complexe industriel de ROKETSAN, dont la spécialité est la fabrication de missiles et de rockets intelligents et avec laquelle le Niger a aussi passé commande il y a déjà quelques mois, indique-t-on de sources proches des milieux présidentiels. Bref, des blindés de type Ejder Yalcin 4X4, des drones TB2 de reconnaissance, des avions et hélicoptères de guerre, le tableau est presque complet pour une nouvelle dynamique d’équipement des Forces armées nigériennes.Outre qu’elle tranche avec les pratiques mafieuses qui ont eu cours sous Issoufou Mahamadou en rétablissant les bonnes vieilles méthodes de coopération d’État à État dans le cadre de l’armement, la démarche présidentielle présente un mérite certain. Elle consacre le choix pour la qualité et la modernité dans un domaine où il faut sans cesse avancer en acquérant des armes à la pointe de la technologie. Confronté à une guerre asymétrique qui exige de disposer de moyens de guerre sophistiqués, le Niger, sous Bazoum Mohamed, vient d’amorcer un tournant décisif. Seulement, le chef de l’État a encore beaucoup à faire. Il lui reste à reconstruire la confiance entre lui et l’armée, entamée par des actes lourds qui ont du mal à laisser place à une autre dynamique. S’il y a dans ce registre de fâcheux propos imputés à Bazoum Mohamed et qui ne facilitent pas les choses, il y a surtout cette histoire interminable de tentatives de coups d’Etat qui n’est plus crédible.

En 11 ans de gouvernance, le régime a fait part de quatre tentatives de coups d’État. De nombreux militaires, tous rangs confondus, ont été arrêtés et jetés en prison, sans toutefois convaincre l’opinion nationale sur la véracité des faits. Au contraire, les Nigériens en ont toujours douté, tant et si bien que le régime est soupçonné de recourir à un simple stratagème pour “éliminer” des personnes, militaires et civiles, jugées gênantes.

Avec cette nouvelle dynamique d’armement des Forces armées nigériennes, le Président Bazoum n’a pas mieux à faire que de raffermir ses liens avec son armée. Il doit s’y atteler, y compris en anticipant sur les grenouillages éventuels qui pourraient le maintenir dans une logique sans lendemain.

YAOU