Au Niger, les eaux souterraines sont également vitales pour l’eau de boisson, l’élevage, l’agriculture, l’exploitation minière, etc. L’exploration, la protection et l’utilisation durable des eaux souterraines, mais aussi la connaissance de leurs limites, sont essentielles pour (sur)vivre et s'adapter au changement climatique et répondre aux besoins d'une population croissante. Invisibles à l’œil nu, on pourrait oublier que cette ressource « cachée » fournit une grande partie de l’eau que nous utilisons et demeure indispensable pour le bon fonctionnement des écosystèmes.  En effet, comme le précise le Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau 2022, « grâce aux volumes considérables d’eaux souterraines qu’ils renferment, les aquifères peuvent servir de relais en cas de pénurie d’eau, permettant aux populations de survivre même sous les climats les plus secs. En fonction de leur profondeur et de leurs caractéristiques géologiques, les aquifères sont relativement bien protégés contre les accidents de pollution en surface. Cependant, une fois que les eaux souterraines ont été contaminées, il peut être extrêmement difficile et coûteux de remédier au problème. »

Pourtant nos eaux souterraines restent encore mal connues, malgré les programmes hydrauliques d’envergure entrepris dans le pays pour la réalisation de nouveaux points d’eau modernes (forages, postes d’eau autonome, Mini AEP, etc.). C’est tout l’enjeu de la Journée mondiale de l’Eau célébrée ce 22 mars 2022 : « Rendre l’invisible, visible. » Disposer de plus de données sur les eaux souterraines, c’est se donner les moyens de mieux gérer ces précieuses ressources pour qu’elles soient toujours disponibles et de qualité pour les générations futures.

C’est pourquoi, l’Activité TerresEauVie, du programme « Résilience » de l’Agence Américaine pour le Développement International (USAID) au Niger, a mené des études sur le potentiel hydraulique souterrain dans 18 communes au Niger, dont 15 dans la région de Zinder et 3 dans la région de Maradi. 

MIEUX CIBLER LES INVESTISSEMENTS ET GERER DURABLEMENT LES EAUX SOUTERRAINES

TerresEauVie a entrepris ces études, avec le cabinet d’étude américain UHL & Associate en collaboration avec les Universités de Maradi et de Zinder, dans le but d’assurer la disponibilité des données fiables et actualisées sur les qualités et les quantités des eaux souterraines dans ces communes. L’étude a également produit une cartographie des points d’eau qui prélèvent déjà des eaux souterraines.

Grâce à ces recherches, chaque commune connait les zones les plus favorables à l’exploitation des eaux souterraines mais aussi les risques liés à sa pérennité et à la pollution. C’est un élément essentiel pour permettre une prise de décision et une planification éclairée dans le cadre d’un véritable Programme de Gestion des Ressources en Eau souterraine (PGRE) pour une gestion durable du potentiel hydrique disponible des communes concernées, fondés sur des données scientifiques et factuelles et non sur des suppositions empiriques ou des approximations.

Hamissou Garba, agent du Service Municipal de l’Eau et de l’Assainissement à Guidan Roumdji, se réjouit : « Cette étude est, pour nous, un point de repère. Elle met en évidence les besoins et enjeux locaux du secteur. Elle nous permet d’adopter une vision précise et pragmatique en termes de modalités d’intervention sur la mobilisation et la gestion des eaux souterraines. Notre service municipal eau et assainissement (SMEA) est la cheville ouvrière de la commune sur les questions de l’eau et doit absolument connaitre la situation de sa zone d’influence en matière de ressources en eaux. C’est pourquoi nous nous sommes particulièrement impliqués pour faciliter le bon déroulement de l’étude (informations sur les localités à visiter, guide terrain, interface d’avec les communautés en expliquant les objectifs de la mission.). Cette étude a permis à notre collectivité de disposer d’un document d’orientation solide, pour atteindre les objectifs de développement durable dans le domaine de l’eau. Par exemple, nous avons déjà entrepris des actions de désinfection au niveau d’ouvrages contaminés à la bactérie e-coli et nous suivons avec attention la qualité de l’eau sur les sites à taux de fluor élevé. »

Au-delà du niveau communal, TerresEauVie a garanti une bonne appropriation des résultats grâce à des restitutions régionales à Maradi et Zinder en 2021.  A cette occasion, les interventions nourries des participants ont montré que ces informations se révèlent capitales pour réaliser les forages aux meilleurs endroits et détecter les contaminations. Désormais, tous ces résultats peuvent être utilisés par les communes, les organes de gestion intégrée des ressources en eau, les services techniques de l’Etat, les Universités (Maradi et Zinder), les partenaires résilience de l’USAID au Niger, mais aussi tous les autres acteurs du développement et de l’humanitaire, sans oublier les prestataires privés des secteurs hydrauliques, agricoles et industriels, etc.

 DES DONNEES PRECISES ET DES CARTES A LA DISPOSITION DE TOUS LES ACTEURS DU NIVEAU LOCAL AU NIVEAU NATIONAL 

Monsieur Amadou Garba, Responsable du Laboratoire de la Direction Régionale de l’Hydraulique et de l’Assainissement de Maradi a participé à l’étude en réalisant les analyses physico-chimiques et bactériologiques. Il affirme avoir déjà utilisé les résultats de l’étude au niveau régional : « Les données collectées sur la qualité de l’eau des ouvrages existants nous permettent de donner une appréciation globale de la qualité de l’eau. Surtout, étant donné que le département de Guidan Roumdji rencontre une teneur élevée en fluorure par endroit, nous sommes maintenant en mesure de conseiller aux partenaires qui veulent faire des nouvelles réalisations de faire attention pour qu’ils ciblent bien les sites sans toucher cet élément indésirable. Nous sommes convaincus que ces études permettront aux partenaires, acteurs, et utilisateurs de connaitre la qualité de l’eau des différents bassins de l’étude mais aussi de mieux connaitre et maitriser les sous bassins, les couches hydrogéologiques rencontrées, et de garantir la productivité des futurs ouvrages à réaliser. »

Au niveau national, Monsieur Sanoussi Rabe, Directeur Général des Ressources en Eau du Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement, émet le constat suivant : « Cette étude a contribué à améliorer d’une part la connaissance des ressources en eau dans les zones d’intervention du projet et d’autre part d’évaluer le potentiel hydrique à l’échelle de commune pour une gestion durable des ressources en eau dans la région. Elles ont aussi permis de renforcer le potentiel humain à travers l'implication des étudiants des universités de chaque région. Nous avons commencé à utiliser les

résultats de cette étude, notamment la caractérisation des ressources en eau et le bilan hydrique, dans l’élaboration des plans de développement communal (PDC) et les plans locaux de l’eau et de l’assainissement (PLEA). Les résultats des études ont comblé les lacunes en matière de connaissance sur ces paramètres hydrodynamiques, dans la mise en œuvre de la démarche d’amélioration de la disponibilité des ressources en eau (IWAVE) développée par l’AIEA, notamment les taux de recharges dans le calcul du bilan hydrique et les coupes géologiques pour la conceptualisation des modèles numériques de gestion des eaux souterraines dans les régions. »

Monsieur Patrick Cantin, Chef de Projet de l’Activité TerresEauVie, met résolument ces études en perspective : « Cette Journée Mondiale de l’Eau est pour nous l’occasion de rappeler que ces études sur les eaux souterraines peuvent servir à tous les acteurs, ainsi que les plans de gestion des ressources en eau qui les accompagnent. Nous souhaitons aussi vivement qu’elles donnent envie à d’autres structures ou partenaires techniques et financiers de mener ce type d’études ou une partie de ce type d’études, que ce soit dans notre zone d’intervention ou au-delà, pour pouvoir fournir encore plus de données pour le Niger. Au final, c’est bien l’amélioration de la sécurité de l’eau, à moyen et long terme, qui est en jeu. » 

Le sous-dépistage et la notification insuffisante des cas

 Des grands défis dans la lutte contre la tuberculose

Une des anciennes   maladies infectieuses au monde, la tuberculose (TB) demeure aujourd’hui encore préoccupante du fait  du nombre élevé de cas et de  décès. C’est donc à raison que la communauté internationale a célébré, hier, 24 mars, l’édition 2022 de la journée internationale de lutte contre la tuberculose sous le thème : ‘’ Investir pour mettre fin à la tuberculose. Sauver des vies’’. Selon les spécialistes de la santé,  la tuberculose  « est aussi une maladie chronique, non immunisante qui sévit en mode endémique dans plusieurs pays et touche plus les hommes ». L’Asie du Sud-est et du Pacifique occidental enregistrent d’après certaines sources 56 % des cas et l'Afrique  25%.  La tuberculose tue en silence plus que la pandémie de la  COVID 19 qui, depuis le début  2020,  a provoqué des milliers de morts  à travers le monde. C’est ce qui ressort d’une rencontre virtuelle organisée par  le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (Remapsen) en République Démocratique du Congo. La RDC   est  en effet l'un des 10 pays qui supportent plus de 80% de la charge  mondiale de la tuberculose (2ème rang en Afrique et le 9ème dans le monde). La TB est dans ce pays, le premier facteur de mortalité chez les Personnes Vivant avec le VIH  (35% de décès Global report 2018).  Dr Nicole Anshambi Muzutie, coordonnateur provincial Lèpre et tuberculose de Kinshasa et Dr Papy Ndjibu Tshishikani, point focal tuberculose de EGPAF (Elizabeth Glaser Pediatric AIDS Foundation du même pays ont animé ce panel sur la prévention et la prise en charge de la tuberculose en période de la covid 19 en RDC.

Le premier panéliste, Dr Nicole Anshambi a expliqué que «La TB est une maladie infectieuse bactérienne causée par le complexe Mycobacterium tuberculosis (bacille de Koch ou BK). Elle se transmet d’une personne à 1 autre. Lorsqu’une personne atteinte de TB pulmonaire tousse, éternue ou rit, elle expulse dans l’air des minuscules particules contenant les BK (transmission directe) ».

Parlant de la covid 19, « elle  se transmet selon le coordonnateur provincial Lèpre et tuberculose de Kinshasa soit par contact direct avec une muqueuse (transmission directe), soit par contact avec une surface infectée par les muqueuses nasales, buccales ou conjonctivales (transmission indirecte) ». Dr Nicole a révélé des ressemblances  entre la tuberculose et la covid 19 par leur voie de transmission, leurs symptômes (la toux, la fièvre et la difficulté à respirer) et leur lieu de localisation principalement les poumons. Toutefois, la TB et la COVID 19 ont  aussi des différences selon Dr Nicole qui a  fait clairement ressortir que « l’émergence de la pandémie de la COVID 19 à Kinshasa à impacter négativement les performances du programme de lutte contre la tuberculose en 2020.  Elle a énuméré toutes les actions entreprises par son pays pour lutter contre la tuberculose pendant la période de la covid 19.  Dr Nicole estime que « la pérennisation des activités visant le maintien et  la continuité de la prise en charge de la TB  pourra  améliorer les performances de la lutte contre la tuberculose ».

Le second panéliste, Dr Papy Ndjibu Tshishikani, point focal tuberculose de EGPAF, a axé sa présentation sur la tuberculose pédiatrique en période de covid 19. Parlant de l’investigation des contacts par an, il a indiqué que la moyenne mensuelle par site est passée de 0,8 à 13,2 soit 1550% de taux d’accroissement.  Quant à la proportion des cas ayant terminé avec succès le traitement, elle est passé de 87% à 93% soit un taux d’accroissement de 7%.

Dr Papy Ndjibu s’est beaucoup appesanti sur l’expérience du projet CaP-TB (Catalyzing Pediatric Tuberculosis) dont l’objectif est de contribuer à la réduction de la morbidité et de la mortalité dues à la tuberculose pédiatrique ; améliorer la détection, le traitement et la prévention des cas de tuberculose pédiatrique ; produire des nouvelles évidences et des données coût-efficacité sur un nouveau modèle de soins pour la TB pédiatrique. Pour l’atteinte de ces objectifs, le projet a mené plusieurs actions dont notamment la réactivation et l’appui au fonctionnement du groupe de travail TB pédiatrique ; le renforcement des capacités des prestataires des CSDT sélectionnés en TB pédiatrique. Il a aussi travaillé pour l’amélioration de la disponibilité de l'énergie électrique pour les machines Xpert par l’installation des Kits solaires dans certains sites ; le renforcement des capacités des acteurs communautaires sur l’investigation des contacts, le transport d’échantillons et l’appui à l’adhérence au traitement ; l’introduction de la bithérapie 3RH dans la prise en charge de la TB Latente (les enfants contacts de moins de 5 ans). Convaincu du rôle important des médias dans la lutte contre la tuberculose, des activités  ont été mises en œuvre dont  la formation des professionnels des médias sur la tuberculose en général et la tuberculose pédiatrique et le plaidoyer en particulier. Aussi, il a été organisé des sessions de plaidoyer auprès des députés nationaux et responsables des départements sanitaires des hôpitaux des entreprises publiques(ANEP) et privées (FEC) ainsi que des confessions religieuses. Ce qui a permis la signature d’un certain nombre d’actes d’engagement notamment en faveur de l’augmentation du budget et de l’effectivité de la couverture santé universelle ainsi que la sensibilisation des populations pat les médias. En somme, la lutte contre la tuberculose en période de Covid 19 demeure une préoccupation partout en Afrique.

Par Fatouma Idé(onep)