Le terrorisme au Sahel, a permis souvent de reconsidérer, du moins de revisiter la relation France-Afrique, posée désormais sur de grosses et inquiètes interrogations légitimes. Alors que dans certains pays de l’espace, notamment au Niger, au Mali, et au Tchad, des rébellions avaient été entretenues pour déstabiliser ces pays, et que par la force des armées nationales alors gérées avec plus de responsabilité pour vaincre sur le mal l’on y est arrivé à bout, aujourd’hui, c’est une autre menace qui a été portée sur ces terres, presque importée et entretenue par quelques forces occultes qui doivent certainement avoir un agenda caché pour notre espace convoité pour ses potentialités. Comment ne pas le croire quand, avec toute l’armada mobilisée, avec tous les hommes engagés, le problème, après dix ans, reste entier, insoluble ? Peut-on croire que la France, l’Allemagne, l’Italie, la Belgique avec leur Union Européenne auxquelles prêtent main forte les Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme, ils puissent être incapables, avec tant de moyens, de mettre fin à la violence terroriste surtout quand, menaçant les populations, la horde de bandits ne vient qu’à motos alors que les forces en présence disent avoir des hélicos, des avions de guerres, des tankers, des armes sophistiquées, et même des drones, y compris, ainsi que pouvait le dire l’ancien ministre de l’intérieur du temps de la Gestapo, des « drones avec pilote».,
Le résultat de tant de coalitions sur le terrain ne fut pas fameux et au fil des années, l’on a vu le Sahel s’étioler comme peau de chagrin, le terrorisme gagnant chaque jour de l’espace, avec des revers qui étonnent quand on sait tout le respect qu’en d’autres temps, dans des combats similaires, nos soldats pouvaient mériter, se défendant et assurant notre sécurité commune et l’intégrité de notre territoire que rien et personne ne pouvaient violer. Les populations vécurent l’horreur de la guerre, avec souvent le sentiment de l’abandon de la part d’un gouvernement qui semble montrer ses limites, incapable d’assurer l’autorité de l’Etat depuis des années mise à mal. Comment croire à cet Etat et à un gouvernement qui ne peuvent permettre d’assurer la sécurité, pour laisser les hommes libres dans leurs mobilités, avec aujourd’hui des axes et des zones devenus dangereux, des marchés fermés, des écoles et des centres de santé qui ne peuvent plus fonctionner du fait de l’insécurité ? Où, ce dont la Renaissance peut se flatter en face des Nigériens, quand prenant les commandes du pays en 2011, c’est un pays qui va bien qu’on lui mit entre les mains ? On a tué nos soldats souvent mal armés, on a tué des chefs de village, on a tué des populations civiles, on a détruit des écoles, on a arraché à des enfants leur espoir que l’école pouvait donner, on a endeuillé des familles, « produit » des veuves et des orphelins. Le tableau de ces dix dernières années au Sahel est tragique, et l’espoir ne vient toujours pas.
Dans ce chaos pour lequel l’on ne peut voir aucun espoir se profiler à l’horizon, d’autres peuples, excédés par les contreperformances de « puissances » qui venaient nous sauver, et surtout déçus des complicités qu’elles pourraient avoir et qu’ils soupçonnent au nom d’indices probants, ont, de manière responsable, jeté un regard critique sur dix années de coopération militaire infructueuse pour comprendre enfin, qu’il revient à chaque peuple, avec ses moyens, fièrement, d’assurer sa propre sécurité et ce d’autant que la sécurité est le bien précieux qu’aucun peuple sérieux ne saurait sous-traiter avec un autre, fut-il le plus puissant de la terre. Et depuis, les langues ont commencé à se délier : la France surtout et sa présence militaire au Sahel sont partout boudées, souvent jusqu’à des cercles d’officiels, au point où, peut-on s’en souvenir, la France excédé par le procès qui lui est fait, convoque les présidents du Sahel à venir « clarifier » leur position par rapport à la présence militaire française au Sahel. Et ils s’exécutèrent comme des sous-préfets de la France ; chacun prenant à ses frais l’avion pour aller répondre au « Boss Blanc ».
Ils obtempérèrent à l’injonction macronienne, oublieux de la fierté qu’ils doivent porter au nom des peuples et de leur souveraineté inviolable. Ils signèrent presque agenouillés, le maintien des troupes étrangères, mais sans que, plusieurs années après, l’on ne voit venir, le changement escompté, la paix espérée depuis de longues années. Le Mali qui avait le plus souffert des exactions, presque révolté, mais visiblement après avoir minutieusement pensé sa libération, finit par se brouiller avec la France qu’il accable de duplicité dans son partenariat militaire avec le Mali, car plus active à l’ombre avec les malfaiteurs qu’elle prétend combattre avec les forces militaires locales. Les relations se sont d’autant dégradées que le Mali fut contraint d’expulser l’ambassadeur de France à Bamako. Le Mali, courageusement, fit le choix de prendre en main son destin et il travailla, déjouant tous les complots ourdis contre ce que les autorités françaises appellent injurieusement la Junte, assumant leur choix. En fait, on l’aura compris, les Maliens s’étaient bien préparés à leur chose, prenant les devants pour éviter tous les pièges tendus notamment toute la batterie de mesures coercitives envisagées par la France qui, maladroitement, se sert de la fameuse CEDEAO, pour sanctionner un pays qui est sur le point de lui échapper pour le plus grand bonheur du peuple vaillant du Mali. Et de manière intelligente, il noua de nouvelles amitiés et de nouvelles relations de partenariats économiques et politique qui peuvent même l’aider à se passer tant de la France que « sa » CEDEAO. Alors que la France, après le tapage qu’elle peut faire pour soulever ses partenaires européens et de la CEDEAO contre le Mali, constatant son échec dans un tel défaitisme, fit le constat amer de son échec à pouvoir détourner le Mali de ses choix et de ses nouvelles amitiés, craignant sans doute la contagion dans un espace que d’autres puissance lui disputent avec plus de respect pour l’autre, Goïta et son équipe, avancent tranquillement, assurés de faire le bon choix pour leur pays et pour leur peuple, plus que jamais soudé derrière eux.
Peut-on logiquement forcer quelqu’un à accepter une aide dont il dit qu’il ne veut pas ? Pourquoi donc cette France ne peut pas laisser le Mali et les Maliens tranquille quand ils disent ne plus vouloir de son sauvetage ? Il y a quelque chose qu’on ne peut pas comprendre dans cette attitude de la France qui fait croire que sa vocation serait de nous aider et qu’aucun autre peuple, voulant plus sincèrement de notre amitié, et dans le respect de ce que nous sommes, ne puisse le faire avec autant de volonté que de talent. Nous ne pouvons pas être les enfants que la France continue de voir en Afrique.
L’exemple malien, ainsi que le redoute la France, semble faire école avec un peuple bukinabé qui, depuis des semaines, crie aussi sa volonté de changer de partenaire dans la guerre, appelant lui aussi à une alliance assumée avec la Russie présentée par la France et ses suppôts comme la pire alliance qu’un pays puisse avoir. Sans doute charmés par les résultats probants engrangés par l’armée malienne qui pacifie son territoire de jour en jour, les Maliens sont convaincus de ce que la Russie reste un choix autant de raison que d’efficacité qu’on ne pourrait rejeter dans le contexte qui est celui du sahel. Il a fallu de quelques semaines pour que des villages et des contrées soient récupérés, et que de nombreuses cellules terroristes soient neutralisées. Et là même, pour discréditer l’action de l’armée malienne appuyée par ses partenaires russes, dénigrant toujours, la France parle effrontément de crimes de guerre, d’atteinte aux droits de l’homme, toute chose qu’elle ne pouvait pas dire quand ce sont des soldats et des civils qui sont massacrés. Et aujourd’hui, plus que de compter sur la Russie, l’on peut voir venir au Mali d’autres pays qui n’ont que faire des sanctions de la CEDEAO, offrant du matériel militaire de pointe et de dernière génération, aidant ainsi à faire monter en puissance les FAMA de plus en plus maîtres du terrain.
Cette situation, si nous l’avons ici brossée, c’est qu’au Niger, pour le prochain débat autour du redéploiement des forces françaises chassées du Mali, chaque Nigérien et chaque député surtout, doivent mesurer toute leur responsabilité, face à l’histoire. Tous ont un rendez-vous avec l’Histoire qu’ils ne doivent ni rater ni trahir. Peuvent-ils d’ailleurs accepter d’autoriser la réinstallation de troupes décriées sans écouter le peuple-électeur ? Chacun, face à sa conscience – et il y en a – doit, avec courage, savoir faire le bon choix pour le pays pour demander, comme le fait le Mali, que l’Etat, sache donner les moyens à nos soldats auxquels il fait faire confiance, pour faire face au défi sécuritaire. Et les Nigériens suivront avec d’autant plus d’intérêt qu’ils sauront écouter chaque Nigérien, chaque député au cours des prochains débats pour lesquels, chacun sera comptable, demain, devant sa conscience, devant le peuple, devant le peuple, devant Dieu aussi. D’ailleurs, si l’on ne peut pas croire à son armée, à soi-même, pourquoi avoir aspirer à gouverner ? Encore une fois, qui pouvait dire à un peuple qu’il compte sur un autre pour lui assurer sa sécurité et croire que ce peuple puisse croire en lui et l’élire ?
La gravité du sujet commande que toutes les structures nationales, société civile, centrales syndicales, syndicats, USN, organisations et association, chefferie et confréries, citoyens lambda, doivent se prononcer car pour un sujet aussi important et grave à la fois, la voix de députés godillots ne saurait légitimer une décision aussi cruciale pour la nation. Le pays n’est pas à vendre et il faut croire qu’après plus de soixante ans d’indépendance, nous puissions être capables de nous prendre en charge, s’assumer notre souveraineté. C’est donc d’une affaire sérieuse qu’il s’agit. Comment peut-on croire que ce que les Français n’ont pas réussi en huit années au Mali, ils le pourront chez nous ? Déjà, pendant qu’ils sont là, à moins que cela ne cache un certain agenda, l’on peut voir la région de Tahoua et de Tillabéri surtout, sombrer dans la violence. A quelques centaines de kilomètres, souvent moins, de Niamey où sont stationnés ses drones et ses avions, ses hommes et tous les moyens, alors qu’on informe du mouvement de groupes suspects, l’armée française est incapable d’agir avec la même réactivité comme elle en a donné la preuve quand, à Téra, l’avancée de ses soldats devrait être contrariée par des manifestants sans armes. Faut-il dès lors croire que ses soldats sont là plus pour autre chose que pour nous protéger ainsi que cela est dit officiellement pour trouver énormes les 53 soldats français tombés au sahel, quand, dans le même conflit, de nombreux Nigériens, Maliens, Bukinabé, civils et militaires, sont aussi tombés à la suite des balles assassines et barbares des prétendus terroristes.
L’heure est grave et le peuple regarde son assemblée. Pour l’Histoire, chaque parole sera scrutée, pesée, questionnées. Et de ce que deviendra le Niger, dans un an, ou plus, chacun, devant le peuple trahi qui finira par prendre ses responsabilités, répondra. Les milliards que l’Allemagne vient « verser » sur le régime et toute la bienveillance dont Paris et l’Union Européenne font montre à l’égard d’un Niger auquel ils font les yeux doux, ne doivent pas faire perdre aux députés leur lucidité.
Le pays est à la croisée des chemins. Le Niger est le trésor, le seul, que nous ne devrons pas perdre !