Depuis l’annonce, par le président français, sans aucun égard aux dirigeants nigériens et au peuple détenteur de la souveraineté, du redéploiement de forces françaises au Niger, on se demandait comment cette question sous quelle forme-allait atterrir à la représentation nationale. Cette annonce de Macron a donné lieu à un rétropédalage au cours d’un point de presse du commandant de la force Barkhane à Ouagadougou. Le général Laurent Michon, accompagné de l’ambassadeur de France au Burkina Faso, dira, dans un premier temps, histoire d’amortir l’onde de choc née de la déclaration de son président, qu’il n’était plus question d’un redéploiement au Niger. Mais cela pourrait se faire avec l’accord des autorités militaires. Le chef de la diplomatie nigérienne participera au rattrapage. Il voulait probablement signifier l’existence de son président après le mépris affiché à son égard par le président Macron. Sa sortie aura ajouté la confusion à la confusion. Elle alertera surtout de la difficulté de trouver une voie facile, sans risque, pour mettre le vernis de la légalité sur la décision du président français. Le ministre Massaoudou Hassoumi n’a trouvé mieux, comme justification, que la différence entre la coopération militaire et les accords de défense. Il mettra le redéploiement au Niger de la force Barkhane et des forces spéciales européennes sur le chapitre de la coopération militaire qui ne nécessite pas l’avis du peuple et de ses représentants. Et que la consultation des députés sur cette affaire n’est pas une obligation. C’est simplement pour montrer sa bonne volonté que le président de la République demande cet avis. Il cherchait surtout le moyen de contourner les dispositions de la loi fondamentale. Particulièrement l’article 169 de la Constitution qui stipule : « les traités de défense et de paix, les traités et accords relatifs aux organisations internationales, ceux qui modifient les lois internes de l’Etat et ceux qui portent engagement financier de l’Etat, ne peuvent être ratifiés qu’à la suite d’une loi autorisant leur ratification. » Le régime de la Renaissance a trouvé, par un formidable tour de passe-passe, le moyen d’amener la représentation nationale à autoriser le déploiement et le redéploiement au Niger des forces étrangères qui le désirent. Une simple relecture, dira l’opposition politique, « de la Déclaration de Politique Générale » qui permet au gouvernement de « sceller des accords militaires de défense et de sécurité avec des puissances étrangères sans consultation du peuple. » Dans un document qui pourrait constituer une mouture du texte que le Premier ministre lira devant les députés, il est clairement dit que le texte modifiant et complétant la DPG indique de façon « non équivoque l’ouverture de notre pays à conclure des alliances avec les pays qui veulent s’engager avec nous pour lutter contre les groupes armés terroristes. »
En clair, la modification de la DPG suffit pour modifier la Constitution au lieu d’une consultation du peuple par référendum, pour des questions aussi graves qui engagent la souveraineté nationale, comme le précise l’opposition politique dans sa dernière déclaration. Dans la mouture attribuée au Premier ministre que cette modification a « besoin d’une forte approbation du peuple nigérien » comme l’exige la loi fondamentale. Seulement le texte précise que c’est « à travers ses représentants légitimes que sont les députés nationaux. »Le tour de passe- passe. Le texte prend l’immensité du pays pour cause d’appel aux forces étrangères. Pendant qu’on y est, et si on vendait une partie ? Dans le même texte, il y a un mépris du Niger et tous ceux qui croient à la souveraineté. Il y est explicitement dit : « il convient par ailleurs de souligner que ces mêmes partenaires soutiennent le Niger dans plusieurs autres domaines y compris dans la prise en charge des dépenses qualifiées de dépenses de souveraineté. » Ceux qui n’ont, dans cette affaire des forces étrangères, que le mot souveraineté dans bouches n’en ont aucune. Car incapables d’assurer la popote sans les occidentaux. C’est une assertion très grave. Un Premier ministre incapable de prendre en charge les dépenses de souveraineté ne mérite pas d’être chef de gouvernement. Il appelle à être censuré par les députés. S’ils sont des représentants du peuple. Ce tour de passe- passe est risqué. Non pas parce que le Premier ministre sera censuré, mais simplement parce que qu’une DPG ou sa modification même approuvée par l’Assemblée restera le fait d’un Premier ministre, un discours d’intentions. Une DPG à chaque Premier ministre. La Déclaration de Politique Générale n’a aucune valeur juridique et n’engage que le Premier ministre, même pas le régime. Mais pour le pouvoir de la renaissance, l’essentiel est d’autoriser les bases étrangères et se mettre plein les poches. Comme d’habitude. N’est-ce pas là l’unique objectif d’autant que par expérience les étrangers ne feront pas la guerre à notre place ?
Aliou