Dans le cadre de son émission phare, l’Entretien, la télévision Niger 24 a rencontré le vendredi neuf avril dernier Oumarou Hamidou Tchiana, président du parti Alliance des Mouvements pour l’Emergence du Niger. Pour cet entretien qui devait traiter de la première année de gouvernance de Bazoum Mohamed, la télévision Niger 24 était accompagnée par la télévision Anfani et les journaux le Canard en furie et le Monde d’aujourd’hui. Nous livrons à nos lecteur une première parti de l’interview. La seconde partie paraîtra dans le Monde d’aujourd’hui. Dans ce morceau choisi, Ladan parle non pas de premier anniversaire de Bazoum au pouvoir mais de premier anniversaire du hold-up électoral. Il parle aussi de sa vision pour les trois secteurs : l’éducation, l’agriculture et la sécurité.
Mohamed Bazoum vient de fêter ses douze premiers mois à la tête du pays. Globalement qu’est ce que vous gardez de cette présidence ?
Il faut plutôt parler du premier anniversaire du hold-up électoral du PNDS- Tarayya qui a instrumentalisé les institutions de l’Etat pour usurper le pouvoir au profit de Mohamed Bazoum. Ils ont abîmé notre démocratie. Toutes les institutions sont sous coupe réglée, les libertés publiques sont bafouées : figurez que depuis 2018, il n’y a eu aucune manifestation, la police est transformée en Gestapo pour épier, arrêter les opposants, les militaires, les acteurs de la société civile. Notre école est à genou : dans les paillotes, les enfants sont assis à même le sol sur des jute, les enseignants n’ont pas de craie et les conseillers pédagogiques sont sans moyen de déplacement. L’hôpital est à bout de souffle et tient debout que grâce à l’altruisme de agents de santé. Le plus grave réside dans l’incapacité du régime à juguler l’insécurité. Qui menace même l’existence de la nation. En un an, Mohamed Bazoum a consolidé la mal gouvernance et la corruption et a avancé dans l’insécurité et l’injustice
Monsieur le président, le fiasco dont vous parlez n’a-t-il pas, quelque part, pour cause l’opposition qui continue à pourrir la présidence de Bazoum avec ce dossier à la Cour de justice de la CEDEAO qui est comme une épée de Damoclès ?
O n dit que nul chemin n’est aussi mauvais que celui qui conduit au gibet. Nous avons fait le choix légaliste d’utiliser les institutions sous régionales parce que les nationales ont échoué. Mais cela a une limite. On ne peut pas laisser le peuple dans l’expectative. A un moment, il va falloir que nous prenions nos responsabilités. Le deadline étant fixé au 31 mai, le jour où la CEDEAO va se prononcer. Ce jour là ou on s’organise pour libérer le peuple ou on se soumet
Qu’allez vous faire au soir du verdict ? Qu’il soit en votre faveur ou non.
Quelque soit la décision, nous devons prendre nos responsabilités. Nous l’avons dit urbi et orbi, Mohamed Bazoum et son parti ont usurpé le pouvoir. A l’annonce du verdict, il y a deux possibilités : on se dédit ou on passe à l’action. Pour nous, au AMEN AMEEN, il n’est pas question de reconnaître un président dont nous avons les preuves qu’il a usurpé le pouvoir.
Quand vous dites à AMEN AMEEN, les autres partis de l’opposition ne vont-ils pas suivre ?
Je suis le président de AMEN AMEEN, je ne peux qu’engager mon parti. Chacun s’engagera selon les décisions prises par les appareils politiques de chaque parti.
Vous doutez de vos amis ?
Non, il n’y a aucun doute. Nous sommes ensembles mais moi, je ne peux qu’engager mon parti. Je ne peux pas me prononcer pour un autre parti.
Le président Bazoum a fait de l’éducation un axe majeur de sa politique. Vous êtes député, vous votez les lois et principalement la loi budgétaire. En tenant compte des inscriptions pour ce secteur, est ce qu’il est possible de pourvoir aux salaires, aux infrastructures, à la formation, aux équipements et aux fournitures ?
Le budget pour l’éducation s’élève cette année à un peu plus de 260 milliards. Pour répondre à votre question, franchement non. Dans notre vision, il faut un plan Marshall pour les trois domaines clés : l’éducation, l’agriculture et la sécurité. Ils sont importants pour notre pays. Nous devons trouver des financements sur le marché international. Entre trois ou cinq mille milliards. Des enfants ne peuvent pas raisonnablement apprendre quand ils sont quatre à cinq sur une table ou carrément assis au sol. Nous devons investir dans les infrastructures, dans la formation, les équipements et les fournitures. Nous devons former nos enfants et les occuper. Quatre vingt pour de notre population vit de l’agriculture. Si nous devons lutter contre les famines à répétition, les phénomènes de la mendicité, nous devons investir beaucoup d’argent et de savoir pour moderniser et mécaniser notre agriculture. Si nous formons nos enfants, nous occupons nos populations, nous aurons résolu pour une part importante le problème sécuritaire. Nos enfants et nos compatriotes ne se retrouveront pas dans les bras des terroristes.
Modibo