Le ralliement d’Ibrahim Yacoubou et de son parti au pouvoir est, dans la forme, achevée. Outre la décision des instances du parti, intervenue la semaine passée, les députés de Kishin Kassa ont lu, hier, une déclaration à l’hémicycle pour consacrer la mutation du parti qui est désormais un membre de la majorité à part entière. Cependant, dans le fond, les choses ne sont pas encore jouées. Ibrahim Yacoubou, selon des sources politiques dignes de foi, aura une place au gouvernement. Probablement le ministère de l’Hydraulique, rapporte-ton. C’est loin de tout ce qui a pu être distillé. Le Mpr Kishin Kassa, malgré ses six sièges à l’Assemblée nationale, aura ainsi, selon ces mêmes sources, un poste ministériel réservé à son président et d’autres postes de nomination qui ne sont pas, pour le moment, déterminés.
Les négociations se poursuivent, corsées par l’approche adoptée par Ibrahim Yacoubou. Il est entré par la porte du Mpr Jamhuriya d’Albadé Abouba et toujours, selon les mêmes sources politiques, Kishin Kassa n’est pas un acteur plein. C’est Albadé, le parrain, qui négocie avec le Pnds Tarayya dont certains ténors n’ont pas vu d’un bon oeil l’arrivée impromptue d’Ibrahim Yacoubou aux côtés du parti rose. Il y a de quoi. La formation du gouvernement interviendra probablement au cours de la semaine en cours. Les autres réglages induits par le nouveau positionnement politique du Mpn Kishin interviendront au fur et à mesure que des possibilités de nomination seront offertes. Il faut, pour ce faire, sacrifier certains militants et ce n’est pas toujours facile. Les postes convoités sont souvent détenus par des têtes intouchables et dans les rangs du Pnds, ce sont les familles dirigeantes qui ont cet apanage. Ceux qui sont dans la logique du père, de la mère et du fils à des postes de préférence dans la haute sphère de l’État ne se laisseront pas faire. Pas plus, d’ailleurs, que ceux qui estiment qu’ils ont peu de choses pour qu’on le leur enlève.
Chacun, rapporte une de nos sources, lutte pour sa chapelle et les points de vue convergents sont d’autant plus rares que Kishin Kassa, par l’intermédiation de Jamhuriya, veut préserver une certaine image. Déjà, des sections entières ont fait défection et cela s’annonce mal pour le parti. Les élections locales partielles et les élections législatives au sein de la diaspora sont désormais vues avec inquiétude par le parti d’Ibrahim Yacoubou. Au sein de la diaspora, notamment, la décision d’aller au pouvoir a coûté cher au parti qui a d’ores et déjà enregistré la démission collective des bureaux de France et de Belgique.
L’opposition de l’arrivée d’Ibrahim Yacoubou est diversement appréciée au Pnds. Parmi ceux qui sont contre, il y a notamment Foumakoye Gado, l’ancien ministre du Pétrole sous Issoufou Mahamadou. C’est de bonne guerre, l’intéressé n’ayant pas particulièrement une idée généreuse de l’homme à qui on leur demandait de faire un peu de place. En août 2015, lorsqu’il a été exclu du Pnds Tarayya pour absence de loyauté et indiscipline caractérisée, Ibrahim Yacoubou, à l’époque directeur de Cabinet adjoint du Président Issoufou, était sur le point de bousculer les dogmes établis chez les socialistes nigériens. Foumakoye Gado, le président régional du Pnds de Dosso, s’était senti en danger politique, tant l’actuel président de Kishin Kassa était décidé à le détrôner. Une première étape qui allait sans doute lui servir de tremplin pour atteindre les sommets visés. Il fut arrêté net, d’autres ténors ayant, par solidarité avec Foumakoye, compris que ce jeune requin ne s’arrêterait pas en si bon chemin si jamais on le laissait dévorer le vieux stratège du Pnds.
YAOU