Le vendredi dernier, ainsi qu’il l’annonçait comme pour légitimer une décision pourtant déjà prise loin du pays, en France, quand Emmanuel Macron, le président français pouvait, lors d’un point de presse conjointement tenu, annoncer que les autorités nigériennes ont donné leur accord pour recevoir les troupes françaises et européennes chassées du Mali, le gouvernement a engagé sa responsabilité en mettant en débat l’installation annoncée des bases militaires étrangères dans le pays. Le tollé soulevé par l’annonce avait poussé les autorités françaises et nigériennes à rétropédaler, les premières pour dire qu’il s’agit juste d’un changement de stratégie dans le dispositif avec en toile de fond une réduction des effectifs, ce qui ne dit rien pour les avertis de la chose, et pour les secondes, comme pour s’excuser, en prétendant que la décision reviendra au peuple auquel Bazoum disait vouloir soumettre le projet. Les Nigériens n’avaient pas cru car comment peut-on biaiser la procédure, en donnant son accord, puis pour dire que c’est au peuple qu’il revient de décider alors même que la démarche contraire aurait mieux crédibilisé la décision. On ne peut d’ailleurs pas croire quand, avant le président nigérien, c’est d’abord le président français qui, rassuré des soumissions de ses partenaires nigériens, pouvait annoncer, à la place du président nigérien que le Niger a accepté que les troupes occidentales s’installent au Niger.

Le vendredi dernier, enfin, le débat a eu lieu à l’Assemblée Nationale et le vote a autorisé l’installation, par la seule volonté d’une majorité fabriquée, des troupes militaires dans le pays. Mais, ceux qui, aveuglément, ont voté ce jour pour faire plaisir à Macron, à l’UE qui donne quelque argent pour séduire Niamey, à Issoufou et à Bazoum  Mohamed désormais cerné, ignorent tout du texte et donc du contenu de l’accord militaire. Comment des représentants responsables, peuvent-ils, quand tout le monde sur le continent se méfie de ces forces d’occupation, Niamey, avoir, sans aucune prudence, l’audace de donner carte blanche à un gouvernement forcément faible en face du partenaire français, à signer un accord dont le peuple ne connaitra jamais les clauses ? Alors que les Nigériens attendaient de la part de la représentation nationale, une certaine élévation pour une fois au moins, faire le choix de la souveraineté inviolable du pays et de la responsabilité historique pour ne pas aliéner notre dignité de peuple libre, l’on a vu, une « majorité » tomber dans les mêmes calculs partisans pour « vendre » le pays à l’impérialisme envahissant au Sahel.

Issoufou, pouvait-il être à la manoeuvre ?

Au regard des commerces politiques qui ont eu raison de l’engagement politique de Kiishin Kasa et de son leader à l’opposition, l’on ne peut pas ne pas voir une main invisible d’Issoufou Mahamadou très doué dans le lavage de cerveau pour arracher des hommes à leur conscience et les détourner de leurs convictions autant que de leurs combats. Du reste, l’homme dont il est question aujourd’hui est une vieille proie de ses intrigues. Si, l’altermondialiste a cédé, après plusieurs autres essais qui se sont pourtant soldés par des déboires et des déconvenues qu’il a mal digérées, l’on ne peut que s’étonner de la facilité à laquelle il ne résista pas à la tentation de migrer, de repartir à ses vieilles amours. Au pouvoir, Issoufou, tout socialiste qu’il est, n’a jamais joué qu’à plaire à l’impérialisme pour être le serviteur le plus engagé de la géopolitique internationale qui se sert de ses complexes pour dominer et marquer sa présence pourtant décriée. D’ailleurs, si l’initiative du vote venait du seul Bazoum, il va dire qu’ils seraient nombreux à ne pas se plier à une injonction venue d’un homme en barricade derrière le pouvoir qu’il quittait sans le quitter vraiment, se plaisant trop dans la peau détestée de « sous-préfet » de la France.

Que ne fut la honte que ressentaient les Nigériens, quand sur les médias Français, ils apprenaient vendredi dernier, comme pour les humilier à la face d’une Afrique qui commence à relever la tête, que le parlement nigérien a autorisé le redéploiement des forces Françaises et européenne dans le pays et, apprend-on, à la suite du vote d’une majorité écrasante. Pour autant, qui ne sait pas que la décision prise par une assemblée qui n’est qu’une chambre d’enregistrement, est loin de refléter la configuration politique du pays pour donner à la décision une légitimité irrécusable ? Les députés le savent. Issoufou le sait bien. Bazoum aussi. Mais Issoufou a cru qu’il est d’autant puissant qu’il peut continuer, même quand il ne tient plus les rênes du pouvoir, à violer la volonté des Nigériens pour imposer les siennes.

A travers ce vote, pour bien d’analystes, la preuve est désormais faite que ce n’est pas Bazoum Mohamed qui dirige. Combien de fois a-t-il fait entendre, et souvent en face d’Emmanuel Macron, que son pays n’a pas besoin de troupes étrangères parce que, pouvait-il lucidement reconnaitre, notre sécurité, est notre affaire, et il appartient à notre armée de l’assurer mais le faisant, les amis qui peuvent nous aider peuvent toujours le faire de bonne foi. Mais depuis que de l’eau a coulé sous les ponts, l’homme a fini par être récupéré pour jouer dans le camp de ceux qui lui firent le plaisir de devenir président du Niger, non sans avoir fait entorse aux lois de la liberté dans la compétition qui doivent régir le fonctionnement de son parti et du jeu électoral qu’il a alors braqué pour imposer son choix, son homme.

Est-ce une manière pour Issoufou Mahamadou, à travers l’homme qu’il plaçait là plus pour son propre agenda que pour celui de Bazoum et du Niger, de tester la solidité du système qu’il a mis en place avant de quitter le pouvoir pour faire entendre en même temps à la France pour laquelle il a été et il est le plus loyal des valets africains de la Françafrique, qu’il tient toujours le pays du bon bout pour ne pas faire désespérer « sa » France, surtout après ce qui se passe au Mali, pour lui faire comprendre que grâce à lui cet autre pays – le Niger – ne lui échappera pas.

Des débats intenses…

L’opposition, même en sous-nombre, a damé le pion à une majorité que le devoir de la soumission oblige à défendre l’indéfendable quand elle peut savoir qu’une large opinion dans le pays est contre la venue de soldats étrangers dans le pays. Sont-ils venus au pouvoir, ces socialistes, pour sous-traiter notre sécurité ? Peuvent-ils reconnaitre qu’ils ne peuvent pas assumer notre souveraineté et être capables d’assurer la sécurité du pays tout en venant au pouvoir ? Mais alors, pourquoi, le sachant ont-ils forcé à diriger le pays ? Aussi, quelle garantie peuvent-ils avoir chez leurs amis français, pour décider, les yeux fermés, d’offrir leur espace à des gens qui, faut-il l’admettre, ne viennent pas que pour le bien. Tant qu’ils seront là, le terrorisme va prospérer et tant qu’ils seront là, il y aura d’autres bavures à l’image de ce qui s’est passé à Téra et pour lequel, sans compatir, la France, par ses arrogances, pouvait avoir ce mépris pour nous et pour nos morts. Personne, ni le premier ministre visiblement anxieux quand il peut penser à la portée historique et tragiquement politique pour le pays et pour leur parti, ni même les députés-instruments dont on se sert par leur conscience violée, ne pouvaient avoir de réponses aux multiples questions pertinentes que posaient les députés de l’Opposition. Ils ne savent ni ce pourquoi ils ont voté, ni même ce que peut contenir le texte qui consacrera l’alliance militaire dans laquelle la partie nigérienne, on l’imagine, ne peut rien imposer de solide. Peuvent-ils dans ces accords au moins déterminer la durée de cette alliance ou même quelle forme devrait-elle revêtir ? Rien. C’est le flou. Et l’Opposition a de bonnes raisons de qu’inquiéter pour le pays.

Un spectacle désolant…

Pendant qu’une question aussi importante était en débat, dans les rangs de la majorité godillot, humiliant le régime, des députés, gueule ouverte, pouvaient dormir, ne sachant rien de l’objet du débat qui semble ne pas les préoccuper tant, peut-être rassurés qu’avec la majorité mécanique, ils n’ont pas de souci à se faire, pour se permettre cette sieste inconvenante. Où peut-on lire de la responsabilité chez de tels dormeurs impénitents, ne rêvant peut-être que d’une gratification à la suite de leur vote-soumission comme cela fut le cas, apprenait-on auprès d’un confrère, lors du vote du budget de l’année en cours.

Amertume…

Le vote honteux de la majorité, a indigné l’opinion nationale et africaine. Comment ne pas comprendre que les Nigériens, en apprenant la triste nouvelle, se sont sentis trahis pour paraitre les plus lâches d’Afrique. Aujourd’hui, Ouhoumoudou si fier de la confiance qu’il croit avoir eue de la part du peuple à travers ses députés, finira par comprendre que sa majorité est en déphasage avec le peuple qui, depuis ce soir, a commencé à traduire sa vive réprobation, condamnant le vote fait à l’assemblée nationale et dire toute sa détermination à s’y opposer, disant qu’il ne se sent nullement concerné par une telle décision qui ne tient nullement des intérêts du pays. Peut-être que cette majorité l’a ressenti en ne manifestant pas trop de liesse face au vote de la rectification de la Déclaration de Politique générale qui lui ouvre d’autres problèmes, si ce n’est d’autres fronts. Déjà, certaines structures nationales, la veille même, ont fait des déclarations à travers lesquelles elles attiraient l’attention du magistrat suprême et de la représentation nationale, à faire le bon choix, en refusant de donner quitus aux forces étrangères. Sur les médias, des citoyens, ont presque tous dit leur désapprobations et condamné avec fermeté, le choix de la majorité qui, au lieu du peuple, a écouté Macron et ses volontés hégémoniques. Aucun Nigérien sérieux ne pouvait acclamer la décision qui a été prise. Du reste la correspondante de TV5 l’a reconnu, disant que cela pourrait plus créer de nouveaux problèmes au régime et fragiliser Bazoum Mohamed que de l’aider, à remonter la pente dans un pays où couvent de profonds malaises qu’il ne réussit toujours pas à calmer. Et son opposition n’a pas dit son dernier mot…

Non, chers socialistes et vos affidés, les Nigériens méritent plus que cette image. Rêvons mieux pour nous-mêmes et pour notre pays !

Par Waz-Za