Les marchés publics truqués sont une spécialité du régime tarrayiste. La combine dans l’utilisation des deniers publics se poursuit comme l’atteste cette commande sur fond de PV de réception préfabriqué au ministère de l’Élevage.

‘’Vice de procédure’’

C’est un scandale de plus qui vient alimenter le long fleuve des marchés publics truqués sous la Renaissance.

Les mauvaises habitudes dans l’utilisation des fonds publics inaugurées en 2011 sous Issoufou Mahamadou se poursuivent.

Bazoum Mohamed assure la continuité des pratiques corruptives héritées de son prédécesseur et mentor.

En novembre 2021, le Projet Intégré de Modernisation de l’Élevage et de l’Agriculture (PIMELAN), par le biais du ministère de l’Élevage, a émis le besoin de 7 millions de doses de vaccins contre la Péri- Pneumonie contagieuse des bovidés, 22 millions de doses de vaccins contre la Peste des petits ruminants et 29 millions de doses de diluant. Pour ce faire, l’appel d’offre international n°002/VACCINS PPRPPCB/ PIMELAN/2021 a été lancé.

Tout naturellement, plusieurs fournisseurs ont soumissionné dont les principaux sont :

MCI-Santé Animale du Maroc (1.572.800 $ US), Jovac Bio-Industries (1.158.900.000 FCFA), C A M A V E T S a r l (1.218.000.000 FCFA) et M é d i c a l I t e m (1.388.493.000 FCFA). Le 27 janvier 2022, le ministère de l’Élevage a annulé ledit marché pour ‘’vice de procédure’’. Voilà les faits.

Un PV de réception préfabriqué

De toute évidence, l’argument du ‘’vice de procédure’’ invoqué par le ministère de l’Élevage afin de faire annuler l’appel d’offre cité plus haut n’est qu’un artifice, une tromperie pour écarter certains soumissionnaires. Pour preuve, le 14 février 2022, le marché a été attribué à CAMAVET Sarl sans mise en concurrence. En d’autres termes, Jovac Bio-Industries, Médical Item et MCI-Santé Animale ont été purement et simplement exclues de l’appel d’offre. Il est évident que certains responsables du ministère de l’Élevage et du PIMELAN ont fait du faux comme l’atteste le procèsverbal de réception en date du 08 mars 2022. Sur ce document, il est clairement écrit que les commandes ont été livrées dans leur intégralité (53 millions de doses -vaccins et diluant-). Seulement, à l’analyse des imprimés du fret douanier de l’aéroport Diori Hamani de Niamey, il est aisé de constater que le procèsverbal de réception en question est un faux, il est en total déphasage avec la réalité. Sur la base des documents douaniers, l’on se rend compte que les quantités commandées n’ont pas touché le sol nigérien dans leur intégralité au moment où le fameux PV a été produit.

Toujours sur la foi des sources douanières, l’on découvre que CAMAVET continue de réceptionner des vaccins plusieurs semaines (au mois d’avril) après le vrai-faux PV de réception. Pour tenter d’endormir l’opinion nationale, le Coordonnateur national du PIMELAN, Ali Moha, a animé une conférence de presse le 30 avril 2022. Sauf qu’au moment même de cette sortie médiatique, plusieurs sources ont fait état de l’arrivée d’une cargaison de vaccins pour le compte de CAMAVET. Il ne fait aucun doute que le PV de réception a été antidaté. Il y a un faux manifeste dans cette affaire. Il faudra plus qu’une conférence de presse pour dissiper les zones d’ombre de ce dossier.

Vivement la lumière

On se rappelle de la célérité avec laquelle un ministre en fonction a été incarcéré (19 avril 2022) pour détournement présumé de deniers publics. Le président de la République a fait de la lutte contre la corruption l’une des priorités phares de son quinquennat. Autant dire que Bazoum Mohamed a du pain sur la planche. Le scandale des vaccins de la CAMAVET mérite toute l’attention du magistrat suprême.

Il y a faux et usage de faux voire même un pillage de fonds publics. « À ce jour, aucune plainte n’a été enregistrée formellement ni au ministère de l’Élevage ni au Projet qui a financé l’acquisition des vaccins », a dit le Coordonnateur national du PIMELAN dans sa conférence de presse. Cette remarque ne veut nullement dire que la procédure a été respectée de bout en bout. Vivement une Inspection Générale d’État pour faire toute la lumière sur cette affaire. Il n’est pas de trop de souligner ici que l’actuel ministre de l’Élevage, Tidjani Idrissa Abdoulkadri, a été cité dans le scandale du Fonds commun du secteur de l’éducation (FCSE) du temps où il occupait le portefeuille de l’Enseignement professionnel et technique.

Le Niger a été sommé par les partenaires financiers (notamment l’Union Européenne) de rembourser l’argent volatilisé(quelque 1,5 milliard FCFA). C’est juste un rappel.

Alpha