Le Président Bazoum Mohamed serait actuellement entre le marteau et l’enclume. L’argent est de plus en plus difficile à trouver et malgré les restrictions et les mesures de rigueur qu’il a imposées dans les dépenses publiques, notamment au niveau du Trésor public, l’État est de plus en plus confronté à des situations embarrassantes. Les promesses qu’il a faites au peuple nigérien, le 2 avril 2021, sont en train de tourner au cauchemar. Les investissements promis dans le secteur de l’éducation en vue de redresser ce secteur social de base malmené durant les 10 ans de son prédécesseur ne sont pas près de voir le jour. Pour cause, le gouvernement, par souci de ne pas étaler son échec, continue de miser sur le paiement régulier des salaires et autres charges qui ont l’avantage d’entretenir une impression de réussites, laissant en rade les secteurs sociaux de base qui périclitent. Les images désolantes de salles de cours en paillottes jusqu’à l’université, notamment dans la région natale du Président Bazoum, sont incontestablement la preuve de l’échec des 10 ans d’Issoufou Mahamadou. Un héritage lourd à porter que Bazoum Mohamed, au nom d’une solidarité clanique, a décidé d’assumer et de traîner tels des boulets.

Ayant été investi le 2 avril, Bazoum Mohamed, selon des sources crédibles, a trouvé une situation budgétaire déjà critique. La lutte contre la corruption qu’il a pompeusement annoncée devait lui permettre d’arrondir les angles, en renflouant les caisses de l’État de ce qui y a été soutiré. Ce ne sont pas les dossiers de malversations financières qui manquent. Mais, le tout nouveau président n’avait pas vraisemblablement mesuré ses forces et ses marges de manoeuvre avant d’annoncer le combat qu’il comptait livrer. Manifestement, il se frottait à plus fort que lui. À peine s’est-il aventuré sur ce terrain qu’il s’est vu opposer des obstacles de toutes sortes. Des obstacles intelligents, mais aussi des contestations et des empêchements ouvertement assumés. Très vite, le président s’est résolu à reconnaître en lui-même que c’est un combat perdu à l’avance et qu’il faut abandonner à temps. Le Pour les Nigériens, le Président Bazoum a abdiqué. Ils ont tiré un trait sur la question dès la première épreuve. L’affaire Ibou Karadjé a été un coup dur pour le Président Bazoum qui a dû avaler sa fierté en se pliant devant l’épilogue concocté par les bonnets roses cités dans le dossier.

Le Président Bazoum, a, donc, connu un échec retentissant dans sa lutte contre la corruption. Autant dire qu’il a étalé son impuissance face à ce dossier auquel les Nigériens ne sont pas les seuls sensibles. Les partenaires du Niger en attendaient aussi quelque chose, certains d’entre eux ayant vu leurs aides et concours détournés à des fins personnelles. La déception est totale. Selon toute vraisemblance, le Président Bazoum a fait le choix, douloureux pour le Niger, de chercher à séduire et à convaincre les partenaires, à contracter de nouveaux prêts, quitte à crever le plafond de la dette publique et à hypothéquer davantage les investissements dans les secteurs sociaux de base déjà mal en point. Ce qui a été détourné est considéré comme pertes et profits.

Les difficultés financières auxquelles l’État est confronté vont, si la logique de la gouvernance qui a cours depuis 11 ans, perdure, s’accentuer. Les partenaires du Niger, qui ne semblent pas offusqués par la corruption, presque endémique, vont continuer à soutenir et à alimenter cette corruption en injectant des fonds supplémentaires dans l’économie nationale, sans se préoccuper de leur sort ou vont-ils finalement changer de fusil d’épaule ? Selon des informations recueillies auprès de sources proches du ministère des Finances, le gouvernement a de plus en plus de mal à faire suivre les partenaires. Bazoum Mohamed, qui n’arrive ni à récupérer l’argent de l’État volé ni à convaincre les partenaires extérieurs, se retrouve finalement entre le marteau et l’enclume.

Doudou Amadou